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Arabie Saoudite : Un journaliste et professeur arrêté pour son soutien aux femmes qui conduisent

samedi 2 novembre 2013 à 21:09
Tariq Al Mubarak - a Saudi writer in jail for supporting women in his country to drive. Photo credit: Eman Al Najfan @Saudiwoman

Tariq Al Mubarak, le journaliste saoudien emprisonné pour avoir soutenu le droit des femmes à conduire dans son pays. Crédit photo : Eman Al Najfan @Saudiwoman

Le journaliste et professeur de lycée saoudien Tariq Al Mubarak a été arrêté : il avait donné son soutien à la campagne pour autoriser les femmes à conduire dans ce royaume absolutiste.

La journée du 26 octobre avait été choisie pour braver l'interdiction, en invitant les femmes à prendre le volant.

Des informations indiquent que des barrages de police ont été établis sur les routes à travers le pays pour vérifier que tous les conducteurs étaient des hommes. On a longtemps attribué l'interdiction de conduire pour les femmes aux particularités sociales et au traditionalisme de l'Arabie Saoudite. Depuis le 26 octobre et l'interpellation des femmes qui ont voulu conduire, la part des autorités dans cette prohibition est devenue plus visible.

Reporters sans Frontières a demandé la remise en liberté immédiate et sans condition d'Al Mubarak, qui est retenu depuis le 27 octobre au Département d'enquêtes criminelles, apparemment à cause d'articles qu'il a écrits critiquant l'interdiction dans son pays de la conduite automobile aux femmes.

Sur Twitter, le mot-dièse #أطلقوا_طارق_المبارك [arabe], ‘Libérez Tariq Al Mubarak', recueille les soutiens.

La blogueuse saoudienne Tamador Al Yami demande aux lecteurs de signer la pétition en ligne qui demande sa remise en liberté :

Un journaliste et professeur arrêté pour son soutien aux #femmesauvolant 

Elle précise [arabe] :

Il n'a enfreint aucune loi. Il n'a pas manifesté devant la cour du gouverneur ni demandé de faveur personnelle. Il n'a fait qu'exprimer son opinion sur une question de société. Ce qui [lui] arrive est incompréhensible.

Ebtisam écrit :

Libérez Tariq Al Mubarak parce qu'il a défendu nos droits et a été arrêté pour cela. A notre tour de revendiquer pour lui

Waleed AlMajed remarque :

Libérez Tariq Al Mubarak arrêté pour une question que le gouvernement a dite sociale et non politique

Question de Madeha Al Ajroush :

Emprisonner Tariq, est-ce à dire qu'on ne peut pas adhérer à une façon de penser progressiste

Abo 3asam conclut :

Les prisons de ce pays sont comme des poumons : elles emprisonnent l'Oxygène pur et rejettent le Gaz Carbonique toxique

L'Arabie Saoudite occupe la 163e place sur 170 sur l'index de la liberté de la presse de RSF.

Réinventer la Lusophonie et décoloniser l'esprit

samedi 2 novembre 2013 à 19:35

Le quatrième congrès international Lusophonie, études culturelles, période coloniale et post coloniale (lien en portugais et en anglais) pour lequel des contributions peuvent être présentées jusqu'au 15 novembre 2013, propose des débats sur les sujets suivants :

Démytifier, dé-hiérarchiser, établir une politique de différences, permettre la multiplicité des voix pour permettre de constituer tant de projets de modernité/rationalité au sein de la post-modernité, mobiliser, repolitiser, imaginer d'autres modèles politiques, sociaux ou économiques, voici la tâche, évidemment utopique, qui nous apparaît indispensable pour ré-imaginer la Lusophonie.

 (…)

Une réflexion post-coloniale dans le contexte lusophone ne peut pas éviter l'exercice de la critique vis-à-vis des anciennes dichotomies périphérie/centre, cosmopolitisme/ruralité, civilisé/sauvage, noir/blanc, nord/sud, dans un contexte culturel de mondialisation transformé par les nouveaux et révolutionnaires moyens de communication qui ont également mondialisé la marginalité. 

Ce congrès aura lieu du 28 au 30 avril 2014 à Aveiro au Portugal. 

Un documentaire sur le quotidien de Vénézuéliens expatriés

samedi 2 novembre 2013 à 12:09

Desde Afuera (Vu du dehors) est un documentaire qui suit la vie [en espagnol] à l'étranger de cinq Vénézuéliens qui ont enregistré pendant plus d'une année leurs faits et gestes quotidiens sur leurs téléphones ou des caméras légères. 

Les réalisateurs Johann Pérez Viera et Pedro Camacho ont regroupé ces vidéos et des entretiens sur Skype avec les cinq personnes concernées pour créer “un portrait collectif visant à explorer la distance, l'identité et la vie quotidienne d'un immigré vénézuélien”.

Ce documentaire est disponible en ligne (avec sous-titres en anglais) jusqu'au 15 novembre 2013.

“Je suis Dominicain comme vous” : La République Dominicaine rend apatrides des milliers de Haïtiens d'origine

vendredi 1 novembre 2013 à 17:32
Protesters against the Constitutional Court of the Dominican Republic’s decision to strip thousands of citizens of their nationality. Taken from the reconoci.do Facebook page.

Manifestants contre la décision du Tribunal Constitutionnel d'öter leur nationalité à des milliers de personnes. Source : page Facebook de l'organisation reconoci.do.

[Tous les liens renvoient vers des pages en espagnol, sauf mention contraire]

¿Por qué en el Caribe siempre hay que huir hacia la libertad, o mejor, hacia un espacio que se dibuja en la imaginación como el de la libertad? La respuesta es obvia: las sociedades caribeñas son de las más represivas del mundo.

Antonio Benítez RojoLa isla que se repite: El Caribe y la perspectiva posmoderna

Pourquoi dans la Caraïbe les gens doivent-ils toujours fuir vers la liberté, ou plutôt, vers un espace qui se peint dans l'imagination comme la liberté ? La réponse est évidente : les sociétés caribéennes sont parmi les plus répressives au monde.

Antonio Benítez RojoLa isla que se repite: El Caribe y la perspectiva posmoderna [L'île qui se respecte : la Caraïbe et l'esprit post-moderne]

Après la décision du Tribunal Constitutionnel de la République Dominicaine de dépouiller de leur nationalité tous ceux qui sont nés dans le pays d'immigrants en situation irrégulière, la vérité de ces mots est révélée dans toute sa crudité.

Les répercussions de cette décision sans appel du Tribunal Constitutionnel vont affecter plusieurs générations de Dominicains d'origine haïtienne, dont les familles sont venues gagner leur vie en République Dominicaine. La majorité n'est même jamais allée en Haïti, n'y a aucune famille. Malgré cela, du jour au lendemain des milliers de personnes sont devenues apatrides.

On ignore le nombre exact le nombre de personnes concernées par cette décision. Selon les éléments du Bureau National des Statistiques (Oficina Nacional de Estadísticas), il y a en République Dominicaine 244.151 personnes nées de parents “étrangers” – dont 86 % d'origine haïtienne.

L'organisation reconoci.do s'est donné pour tâche de collecter les témoignages de Dominicains dont la situation juridique a basculé du fait de la politique de dénationalisation du gouvernement dominicain. Ci-dessous, la jeune écrivaine Deisy Toussaint [fr], récompensée de nombreux prix littéraires nationaux, raconte comment elle n'a pas été autorisée à obtenir un passeport pour représenter son pays à des événements culturels internationaux :

La campagne de reconoci.do est aussi présente sur Twitter (@reconoci_do), où elle dialogue activement avec ses abonnés. Sur Twitter a aussi été créé le mot-dièse #EsoNoSeHaceRD [Ça ne se fait pas, RD].

@Evenelr: Cent ans d'injustice ne font pas le droit… #EsoNoSeHaceRD

Le jugement du TC nous le rappelle : le racisme et la xénophobie sont la honte de l'humanité.

Imaginez qu'un groupe de personnes pleines de préjugés décide qui est dominicain/e. Comment vous sentez-vous ?

La communauté internationale s'est alarmée de ce jugement. Chiara Liguori, enquêtrice pour Amnesty International dans la Caraïbe, a écrit :

Esta última decisión destroza totalmente las vidas de los ciudadanos dominicanos de origen haitiano, especialmente si son obligados a salir del país por el Plan Nacional de Regularización.

Es totalmente injusto decir que personas que han vivido como dominicanos durante décadas ya no pertenecen al país ni tienen ningún derecho en él.

Cette récente décision détruit totalement la vie des citoyens dominicains d'origine haïtienne, surtout s'ils sont forcés par le Plan National de Régularisation à quitter le pays.

C'est une injustice totale de dire que les personnes qui ont vécu Dominicains pendant des décennies n'appartiennent plus au pays et n'y ont aucun droit.

L’UNICEF (Le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance) a réagi par un communiqué de presse, affirmant avoir, bien avant la décision du Tribunal Constitutionnel, exprimé sa préoccupation quant au grand nombre d'enfants qui seraient dépouillés de toute protection légale :

En 2008, en las observaciones finales para la República Dominicana, el Comité de los Derechos del Niño señaló que el derecho constitucional de adquirir una nacionalidad por jus solis se negaba frecuentemente a niños que carecían de certificados oficiales de nacimiento o que habían nacido de padres sin residencia oficial en la República Dominicana. El Comité expresó su grave preocupación por el amplio número de niños apátridas que generaba esta política.

En 2008, dans les observations finales pour la République Dominicaine, le Comité des Droits de l'Enfant signalait que le droit constutionnel à acquérir une nationalité par le jus solis [droit du sol] était fréquemment nié aux enfants dépourvus de certificats officiels de naissance ou nés de parents sans résidence officielle en République Dominicaine. Le Comité exprimait sa grave préoccupation pour le grand nombre d'enfants apatrides généré par cette politique.

En janvier dernier, le blog La neurona impasible a publié une réflexion sur Haïti qui trouve aujourd'hui toute sa pertinence :

Realmente somos todos Haiti ? Cuando hace tres años tembló la tierra y arrasó un ya de por sí desolado país, la comunidad internacional enseguida salío al paso con promesas de ayudas materiales y económicas. Que muchas de ellas se quedaron en eso, en promesas, al fin y al cabo publicidad para sus causas particulares y sus ansiado y ególatras baños de masas.

[...]

La comunidad internacional no ha hecho seguramente todo lo que podía, aunque los ciudadanos han hecho el grueso.

Quizás vaya siendo hora de redimirse y enmendar todos los errores del pasado.

Vraiment nous sommes tous Haïti ? Quand la terre a tremblé il y a trois ans et a arasé un pays déjà ravagé, la communauté internationale a fait des promesses d'aides matérielles et économiques. Et pour beaucoup ce n'est resté que cela, des promesses, à la fin des fins de la publicité pour leurs causes particulières et leurs ambitions et leurs bains de foule égocentriques.

[...]

La communauté n'a, certainement, pas fait tout ce qu'elle pouvait, et ce sont les individus qui ont réalisé le plus gros.

L'heure est peut-être venue de se racheter et de réparer toutes les erreurs du passé.

L'auteur et chanteuse Rita Indiana Hernández a ajouté sa voix au choeur d'indignation dans le journal El País :

La maldición que ahora se cierne sobre los haitianos es producto de artilugios más potentes, siniestros y escurridizos que los que se hacen acompañar del tambor. Esta magia, como otros colegas han señalado, es la que se ampara en la ley para justificar un racismo despiadado. Ya la temían las víctimas del holocausto esclavista, quienes durante generaciones le vieron la cara a esa maldad que la avaricia habilita en los hombres. Entre las muchas tradiciones heredadas por la sincrética sociedad dominicana, esta magia sobrevive de manera especial. Tras casi un siglo de trabajos forzados y maltratos de todo tipo, queremos arrebatarle el derecho a la nacionalidad a los hijos que los haitianos tienen en la República Dominicana.

La malédiction suspendue maintenant sur les Haïtiens est le produit de mécanismes plus puissants, sinistres et glissants que ceux qui sont accompagnés de roulements de tambour. Cette magie, comme l'ont signalé d'autres, se retranche derrière la loi pour justifier un racisme impitoyable. Déjà les victimes de l'holocauste esclavagiste vivaient dans sa peur, eux qui pendant des générations ont vu en face la méchanceté que l'avarice installe dans l'homme. Parmi les nombreuses traditions héritées par la syncrétique société dominicaine, cette magie survit de manière spéciale. Après quasi un siècle de travail forcé et de mauvais traitements de toute sorte, nous voulons arracher le droit à la nationalité aux enfants nés de Haïtiens en République Dominicaine.

Narciso Isa Conde, sur le blog Lo Cierto Sin Censura, débusque les motivations racistes de la décision du Tribunal Constitutionnel :

Mis abuelos paternos eran árabes libaneses, vinieron con pasaportes turcos truqueados y se registraron con nombres no originales, al punto que el abuelo Antonio Isa no era ni Isa ni Antonio.

Si nos atenemos a la esencia de esa cruel sentencia, mi papá, Tony y yo, sus hijos y los míos, descendemos de “ilegales” y, entonces, deberían despojarnos de nuestra nacionalidad y documentos dominicanos.

Pero sucede que somos “blanquitos” y no provenimos de la inmigración haitiana.

Es claro que más allá de la población dominicana haitianodescendiente, muchos dominicanos y dominicanas de hoy estamos en condiciones parecidas, procedemos de troncos familiares traídos o venidos de fuera. Nuestros habitantes originarios, llamados “indios”, fueron exterminados por invasores blancos.

Entonces, es fácil percatarse del carácter racista, neonazi, de esa sentencia, en un país donde el racismo y la xenofobia dominantes se expresan fundamentalmente contra la emigración negra de origen haitiano y contra su descendencia; al extremo de imponerle la declaración como “indios/as” en el registro de identidad a los/as dominicanos/as color café o café con leche claro u oscuro.

Mes grand-parents paternels étaient des Arabes libanais, ils sont venus avec de faux passeports turcs et se sont enregistrés sous des noms si altérés par rapport à l'original que grand'père Antonio Isa n'était ni Isi ni Antonio.

Si nous nous en tenons à la lettre de ce cruel jugement, mon père Tony et moi, ses fils et les miens, descendons d’ “illégaux” et devrions donc aussi être dépouillés de notre nationalité et de nos papiers dominicains.

Mais il se trouve que nous sommes des “blanquitos” et ne provenons pas de l'immigration haïtienne.

Il est clair qu'au-delà de la population dominicaine d'ascendance haïtienne, beaucoup de Dominicains et Dominicaines d'aujourd'hui sommes de conditions similaires ; nous procédons de généalogies familiales venues ou amenées d'ailleurs. Nos habitants d'origine, appelés “indios”, ont été exterminés par les envahisseurs blancs.

Il est donc aisé de s'aviser du caractère raciste, néo-nazi de ce jugement, dans un pays où le racisme et la xénophobie dominants s'expriment fondamentalement contre l'émigration noire d'origine haïtienne et sa descendance ; jusqu'à telle extrémité que d'imposer la déclaration “indio/india” dans les registres d'identité aux Dominicain(e)s à peau café ou café au lait clair ou sombre.

Précédent article sur ce sujet à lire ici [fr].

Les mosaïques soviétiques du Kazakhstan : “Fantômes d'une époque révolue”

vendredi 1 novembre 2013 à 16:51

Dans un article intitulé “Les murs pleurent”, un blogueur s'intéresse à la disparition des mosaïques artistiques de l'époque soviétique au Kazakhstan qui avaient orné jadis des habitations et des établissements industriels à travers le pays : 

Beaucoup de ces travaux artistiques sont morts en même temps que les immeubles qu'ils ornaient. Certains sont détruits. On peut, cependant, encore voir de nombreuses mosaïques dans un très bon état. Elles ressemblent à des fantômes d'une époque révolue, nous remémorant que le pays, dont nous faisions partie jadis, n'existe plus.

L'article contient des images de plusieurs belles mosaïques de l'ère soviétique.