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L'Ethiopie remplit-elle les conditions pour siéger au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU ?

dimanche 18 novembre 2012 à 00:38

L’Éthiopie fait partie des quatre pays africains qui ont été élus membres du Conseil des droits de l’Homme de l'Organisation des Nations Unies le 12 novembre 2012. Les autres pays qui ont été élus, pour un mandat de trois ans, sont l'Argentine, le Brésil, la Côte d'Ivoire, l'Espagne, l'Estonie, le Gabon, l'Allemagne, l'Irlande, le Japon, le Kazakhstan, le Kenya, le Monténégro, le Pakistan, la République de Corée, la Sierra Leone, les Émirats arabes unis, les États-Unis et le Venezuela.

Toutefois, l'élection de l'Éthiopie au Conseil des droits de l’Homme n'a pas été bien accueillie par de nombreux Éthiopiens. Traitant de cette élection, le satiriste éthiopien Abe Tokichaw écrit en amharique [amh] :

Le blogueur et journaliste éthiopien Eskinder Nega a été condamné à 18 ans de prison avec 23 autres militants le 13 Juillet 2012. Photo FreeEskinderNega.com

ኢትዮጵያ የተባበሩት መንግስታት ሰብአዊ መብት ኮሚሽን አባል ሀገር ሆና ተመረጠች።
የትኛዋ ኢትዮጵያ!? የትኛው ሰብአዊ መብት!? የትኛው የተባበሩት መንግስታት የሰብአዊ መብት ኮሚሽን!?

እኔ የምለው ኢትዮጵያዊው የዩልኝታ ባህላችን ያለው ህብረተሰቡ ዘንድ ብቻ መሆኑ በጣም አሳሳቢ ችግር አይመስላችሁም? እንዴ መንግስት እኮ ይሉኝታ ቢኖረው ኖሮ “ተመድ የሰባዊ መብት ኮሚሽን አባል አድርጌ መርጨሀለሁ!” ሲለው… “አረ በህግ አምላክ እኔ አልሆናችሁም ሀገር ተሳስታችሁ ነው! ወይ ደግሞ ባታውቁኝ ነው የመረጣችሁኝ…!” ማለት ነበረበት። ነገር ግን መንግስቴ “ምን ይሉኝ” ያልፈጠረበት ነውና አሜን ብ
ሎ መቀበሉ ሲገርመን፤ ጭራሽ በአደባባይ “እንዲህ ነን እኛ ሰብአዊ መብት ጠባቂዎች” ተብሎ ተነገረን!

L’Éthiopie a été élue membre du Conseil des droits de l’Homme de l'Organisation des Nations Unies. Attendez, attendez ! Quelle Éthiopie ? Quels droits humains ? Quel Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies ?

N'est-ce pas inquiétant de constater que le sentiment de défaite éthiopienne n'est pas partagée par notre gouvernement ? Si notre gouvernement avait le sens d'échec de l’Éthiopie, il aurait rejeté [le siège] quand le pays a été élu en tant que membre du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies ! Il aurait admis que le le pays ne remplissait pas les conditions pour être membre du Conseil des droits de l’Homme, mais notre gouvernement n'a jamais réalisé la mesure de son échec et a accepté l'adhésion au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies avec plaisir ! On est même allé jusqu'à déclarer que le gouvernement éthiopien avait un bon bilan en matière de droits !

Zerihun Tesfaye, un journaliste exilé et blogueur, a décrit le dilemme de l'élection de l’Éthiopie dans une longue note en amharique [lien indisponible actuellement] sur Facebook :

እስቲ ልነሳና ልበል አልቸም አልቸም
እሷ የኔን ነገር ትተዋለች መቼም” የሠፈራችን አዝማሪ።

አንዲህ ነገር ዓለሙን የተዉ ግለሰቦች፣ ዓለም አቀፍ ተቋማት እና መንግሥታት ሲያጋጥሙ አዝማሪውን ተቀብሎ ማንጎራጎሩ ሳይቀል አይቀርም። ስለኢትዮጵያ መንግሥት ሰብዓዊ መብት ረገጣ አንዳንዴ እኛን ባለጉዳዮቹን በሚያስደንቅ ኹኔታ የዓለም ዓቀፉ ማኅበረሰብ ሲያቀነቅን “ወይ ጉድ ለካንስ እነዚህ ሰዎች የልብ አውቃ ኖረዋል” ብለን ተስፋ እናደርጋለን። አንድ ቀን የለውጡ አካል ሆነው የነጻነታችንን እንቀዳጃለን ብለንም ልባችን በሐሴት ትሞላለች። እናም የጋዜጠኝነት ሙያችንም የረዳንን ያህል “የማቃጠር ሥራ” እንሠራለን። አልፎ አልፎም “መንግሥት በቃሊቲ 50 ንጹሃን ዜጎችን አጎረ” ብለን ስናውጅ፤ “አይ መረጃችሁ አልተሟላም እኛ የደረሰን 120 ሰዎች ነው” ብለው ከነስም ዝርዝራቸው ሲያሳዩን እንደመምና አሁንም ተስፋ እናደርጋለን-ከኛው ከጭቁኖቹ ጋር ናቸው ብለን።
ሌሎች የማይጠቀሱ ጉዳዮች ተደራርበው ትላንት የተባበሩት መንግሥታት የሰብዓዊ መብቶች ካውንስል ይህቺን በሰብዓዊ መብት አያያዝ “የማትጠረጠር” አገር አባል አድርጎ ሲመርጥ ግን የሠፈሬን አዝማሪ ማስታወስ ግድ አለኝ። በእውነት እነዚህ የመብት ተሟጋቾች እና ተቋማት ተስፋ ሊያስቆርጡን እየሞከሩ ነው? ወይስ በየትኛውም መስፈርት አገርን ለማስተዳደር ብቃቱ የሌለው ቦዘኔ መንግሥት ምን አልባት አባል ሲሆን የጠባይ ለውጥ ያመጣ ይኾን ብለው? አሁን አሁን “እየተፎጋግርን” ያለን ያህል ተሰማኝ።
ክፋቱ አሁንም የእነሱን ድጋፍ የምንፈልግ መሆናችን፤ “የለማኝ ስልቻ ቢንከባለል ከለማኝ ደጅ” እንዲሉ።

Laissez moi chanter, je ne peux pas, je ne peux pas car elle a oublié ma cause ! dit un chanteur local.

Je trouve facile de rejoindre ce chansonnier local et de chanter avec lui quand il s'agit des organisations internationales et des gouvernements qui bouchent leurs oreilles à notre cause ! Mais, paradoxalement, les organisations internationales ont parfois une meilleure compréhension que les Éthiopiens eux-mêmes,  des horribles atteintes aux droits humains en Éthiopie et nous nous sentons mieux puisque nous considérons que la communauté internationale reconnait nos grands efforts. Il nous arrive même quelques fois de penser que la communauté internationale fait partie de la révolution à laquelle nous aspirons en Éthiopie et cela remplit nos cœurs de joie ! Ainsi, par le journalisme, nous avons signalé un grand nombre de cas de violations des droits humains en Éthiopie. Par exemple, quand nous avons signalé que 50 Éthiopiens innocents étaient détenus dans une célèbre prison appelée “Kality”, quelques-uns des membres de la communauté internationale nous ont corrigés en fournissant plus de précisions sur le nombre (120) de prisonniers innocents, y compris leurs noms ! Alors, nous avons pensé que ces gens nous soutenaient et nous avons espéré que les meilleures choses devaient encore à venir!

Mais quand j'ai appris la nouvelle de l'élection de l'Éthiopie au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies hier soir, la chanson de notre chansonnier local m'est revenu à la mémoire ! Ces organisations intergouvernementales des droits humains essayent-elles de détruire notre optimisme ? Ou pensent-elles qu'un gouvernement avec un mauvais bilan en matière de gouvernance ferait mieux s'il devenait membre du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies ? Aujourd'hui, je sens que tout le monde est devenu politiquement correct envers tout le monde ! Mais le pire est que nous avons encore besoin de leur aide !

Et un autre internaute concerné, Yohanes Molla, a écrit [amh]:

እማር በሰር ጫሪም፣ ጒቸ ገግት ቧሪም፡፡” የጉራግኛ ተረትና ምሳሌ (ወማካ) ነው፡፡ ወደ አማርኛ ሲመጣ “አህያ ላይ ስጋ ጭነው፣ ጅብን ሸኝ አሉት፡፡” ማለት ነው፡፡ እንግዲህ ይህ ሲሆን ውጤቱ ግልፅ ነው፡፡ ጅቡ አህያዋ ላይ የተጫነውን ስጋ ሁሉ ይበላዋል፡፡ ምናልባት አህያዋንም ጠግቦ ካቆያት ነው እንጂ እርሷንም በጊዜ ይበላታል፡፡

ትናንት ማምሻውን በእንቅልፍ ልቤ አንብቤው…. ‘ህልም ነው!… ቅዠት ነው!’ እያልኩ ተኝቼ፣ ዛሬ ስነቃ እውን ሆኖ የደገመኝና እስካሁን ድረስ በአህምሮዬ ላይ ተተክሎ ቀኔን ያጠቆረብኝና፣ እያቃጨለብኝ ያለውን ኢትዮጵያ የተመድ የሰብዓዊ መብት ካውንስል አባል የመሆን ወሬ ጉዳይ ከዚህ ተረትና ምሳሌ የተሸለ ምን ይገልፀው ይሆን?!

Il y a un proverbe local qui dit : un fou fait transporter de la viande rouge par un âne en compagnie d'une hyène ! Ainsi, l'hyène va manger la viande rouge et se jettera plus tard sur l'âne !

La nuit dernière, j'ai lu la nouvelle de l'élection de l'Éthiopie au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies alors que je somnolais, et j'ai cru avoir fait un cauchemar. Cependant, quand je me suis réveillé ce matin, je ne pouvais pas échapper à cette histoire ! Elle me revient sans cesse, rendant ma journée horrible ! Donc, ce qui pourrait le mieux décrire l'élection de l'Éthiopie au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies ne pouvait être autre que le proverbe que j'ai cité ci-dessus !

Jawar Mohammed a écrit [lien interrompu] une analyse détaillée de la façon dont l'Ethiopie a obtenu le siège au sein du Conseil. Mais Daniel Berehane est en désaccord avec ceux qui critiquent l'adhésion de l'Ethiopie au Conseil :

Je ne vois aucune anomalie au fait que l’Éthiopie ait été élue au Conseil des droits de l'Homme.

L’Éthiopie et le Conseil ont tous les deux de bonnes constitutions.

Ils ont tous deux des moyens (politiques, financiers, etc) et des limites dans la réalisation de leur objectifs.

Égalité parfaite.

Les groupes de défense des droits humains qualifient l’Éthiopie comme l'un des pays qui commettent les plus graves violations des droits de l'homme en Afrique, avec un grand nombre de dissidents, activistes et journalistes qui croupissent en prison.

Espagne : Préoccupations face à la brutalité de la police anti-émeutes

dimanche 18 novembre 2012 à 00:02

Ce billet fait partie de notre dossier spécial sur la crise en Europe.

[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en espagnol.]

Depuis le début de la crise qui touche actuellement l’Europe, les manifestations de protestation se sont multipliées dans les pays méditerranéens  les plus touchés. En Espagne, les protestations de grande ampleur ont commencé [fr] le 15 mai 2011, avec le mouvement 15M, dit des Indignés. La manifestation de ce jour-là s’était terminée par l’expulsion musclée des manifestants restés sur la place de la Puerta del Sol de Madrid. La violence dont avait fait preuve les forces de police avait donné lieu à une deuxième concentration massive qui s’était ensuite transformé en campement. Le mouvement, qui durera quelques mois, s’était étendu à la majorité des villes espagnoles et beaucoup d’autres villes européennes [fr].

Mercredi dernier, à l’occasion de la grève générale convoquée à travers l’Europe, des manifestations étaient organisées dans toutes les villes d’Espagne. Elles ont été accompagnées de violences policières, devenues hélas habituelles. À Tarragone, où le maintien de l’ordre public est à la charge des mossos d’esquadra (la police de la région autonome de Catalogne), un enfant de 13 ans a été blessé à la tête et a dû être emmené à l’hôpital car sa blessure nécessitait des points de suture. Dans la vidéo, visionnée un grand nombre de fois, nous pouvons voir comment un policier frappe l’enfant, puis comment deux autres donnent des coups de matraque à une jeune fille, également mineure, témoin de la scène, qui les prend verbalement à parti devant une telle brutalité.

 

Les parents de l’enfant et la jeune fille ont déposé plainte contre les policiers responsables de cette attaque. À Barcelone, une femme atteinte par une balle de caoutchouc, risque de perdre l’usage d’un œil. À Madrid, les violences ont été nombreuses.

 

Barcelona, mujer herida que podría perder un ojo. Foto de la página de Facebook «AntenapezTV»

À Barcelone, une femme blessée pourrait perdre un œil. Photo publiée sur la page Facebook « AntenapezTV ».

Madrid: Una mujer cae por las escaleras del metro tras ser empujada por un policía. Foto del la página de Facebook «15M: Marcha Bruselas»

À Madrid, une femme tombe dans les escaliers, après avoir été poussée par un policier. Photo publiée sur la page Facebook «1 5M: Marcha Bruselas ».

Madrid: Los antidisturbios rodean a un joven caído en el suelo. Foto de la página de Facebook «AntenapezTV»

À Madrid, des policiers anti-émeutes attaquent un jeune au sol. Photo publiée sur la page Facebook « AntenapezTV ».

Madrid: Un policía patea a una joven mientras dos manifestantes intentan salvarla. Foto de la página de Facebook «AntenapezTV»

À Madrid, un policier donne un coup de pied à une jeune fille, que deux personnes tentent de relever. Photo publiée sur la page  « AntenapezTV ».

Dans cette vidéo, nous pouvons voir l’inquiétant manque de contrôle d’un policier qui agresse une manifestante apparemment sans raison.

 Ce type de débordements a donné lieu à de nombreux commentaires sur le net. Par exemple, Jordi Lucena Pallas écrit sur la page Facebook appelant à la démission de Felip Puig [ministre de l’Intérieur catalan] :

Ces agents, quand ils étaient petits, ils voulaient devenir policier pour protéger les gentils et attraper les méchants ? Leur famille doit être très fière d’eux… Nous devrions penser à revoir les examens psycho-techniques qu’ils doivent passer pour être engagés et ceux qui sont déjà employés devraient être réévalués parce que s’ils ne portaient pas d’uniforme, selon certaines images, nous dirions qu’ils sont violents et nous les livrerions aux forces anti-émeutes…

Autre commentaire de José Carlos Pérez Silva sur la page « No hay pan para tanto chorizo » :

S’ils ne sont pas professionnels et ne savent pas l’être, qu’ils aillent vendre leur cul sur les Ramblas. F de p.

Les Espagnols sont toujours plus préoccupés par la violence croissante exercée par les forces censées les protéger. La police, l’une des institutions les plus craintes et stigmatisées durant la dictature, a eu besoin de nombreuses années pour gagner la confiance et la sympathie de la population. Une image, ayant demandé de nombreux efforts, qui s’effrite à cause du comportements de certains agents lors des manifestations au cours des dernières années.

Selon l’opinion générale, durant ces années, la police a engagé trop de personnes n’étant pas à la hauteur de l’emploi, notamment en termes de professionnalisme et de self-control, et ne répondant pas aux critères exigés pour faire partie des forces de sécurité d’un État démocratique.

Comme le commente El Rey Bufón sur la page Facebook « Ser policía, vergüenza me daría » [« J’aurais honte d’être policier »]

Le gouvernement et l’oligarchie qu’il sert ont si peu de scrupules… Ils ont seulement peur… Et plus la peur est grande, plus la répression est importante…

Le fait que les policiers, tant nationaux que rattachés aux régions autonomes, masquent de manière systématique leur numéro de plaque, que la loi leur oblige pourtant à arborer visiblement, que de nombreux photographes, y compris parmi les professionnels accrédités, soient victimes d’agressions et que le responsable des forces de police ait dit il y a quelques semaines qu’il envisageait d’interdire que les policiers puissent être filmés, nourrissent l’impression que la police souhaite que ses membres soient anonymes pour rester impunis.

Les manifestants dénoncent la présence de policiers infiltrés dans les rassemblements, un fait admis par le secrétaire général du syndicat de la police dans une interview avec le journal Público. Le problème étant que beaucoup de témoignages s’accordent à dire que parfois ces infiltrés provoquent les confrontations avec les forces anti-émeutes pour donner à leurs collègues une raison de charger contre les manifestants.

Amnesty International a dénoncé à plusieurs reprises cette situation. L’organisation a lancé une récolte de signature pour demander au ministre de l’Intérieur qu’il prenne les mesures nécessaires contre la brutalité policière et qu’en cas de violences il soit garantit que les procédures disciplinaires adéquates soient suivies.

Pour beaucoup, l’attitude des forces de polices inquiète car elle rappelle la dictature de Franco. Les citoyens ont peur que la population cesse de soutenir la profession et que celle-ci perde la confiance acquise au prix de nombreux efforts.

Los «grises» del 76 VS. los antidisturbios del siglo XXI. Foto de la página de Facebook «AntenapezTV»

Les policiers à l’époque de la dictature et les agents anti-émeutes du 21e siècle. Photo publiée sur la page Facebook « AntenapezTV »

Ce billet fait partie de notre dossier spécial sur la crise en Europe.

Netizen Report : Chroniques de la cyber-police dans le monde

samedi 17 novembre 2012 à 18:32

Image de l'utilisateur de Flickr freefotouk (CC BY-NC 2.0)

Ce rapport a été élaboré, écrit et édité par Weiping Li, Chan Myae Khine, Hisham Almiraat, Renata Avila, Alex Laverty, Sarah Myers et Rebecca MacKinnon.

Traduction Abdoulaye Bah et Thalia Rahme

Ces dernières semaines, les internautes ont vu de multiples tentatives de la part de gouvernements démocratiques d'étendre le pouvoir de surveillance dans le cyberespace dans le but de combattre et de prévenir la criminalité. Aux Pays-Bas, le gouvernement a poussé le Parlement à adopter une loi visant à faciliter la surveillance exercée par la police au-delà des frontières internationales. Reprochant à l'outil Tor de rendre plus difficile le suivi des pédophiles et autres criminels ou à déterminer la géolocalisation effective des ordinateurs, le Ministère néerlandais de la justice et de la sécurité a donc proposé aux autorités de police d'installer des programmes malveillants, de rechercher à distance des ordinateurs dans des pays étrangers et de supprimer “illégaux” des fichiers sur les ordinateurs personnels en dehors des Pays-Bas sans d'abord demander l'assistance juridique des gouvernements concernés. Voir les articles de Electronic Frontier Foundation et Slate pour une analyse plus détaillée.

Une autre proposition controversée qui accorde plus de pouvoir de surveillance policière en ligne au Canada retourne à l'honneur après que la police canadienne a exhorté le gouvernement fédéral à adopter aussi la loi Protecting Children from Internet Predators Act, connue comme le projet de loi C-30. Les groupes de défense de la liberté sur Internet, dont l'Electronic Frontier Foundation (EFF), ont vivement critiqué ce projet de loi pour le fait qu'il permette la surveillance sans mandat d'activités en ligne et oblige les fournisseurs de services Internet à installer des filtres d'écoute. Actuellement, le projet de loi est encore à la Chambre.

Surveillance

Un autre appel à davantage de surveillance provient de l'Organisation des Nations Unies. Dans un rapport intitulé “L'utilisation de l'Internet à des fins terroristes” (“The Use of the Internet for Terrorist Purposes”), l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a appelé à davantage de capacités de surveillance sur Internet pour poursuivre les terroristes, y compris la restriction des réseaux ouverts Wi-Fi et la recherche des données de localisation des utilisateurs. Apparemment, il n'y a pas de coordination entre l'ONUDC et le Rapporteur spécial de l'ONU sur la liberté d'expression.

Censure

Les fournisseurs de services Internet au Royaume-Uni ont refusé de bloquer les sites de partage de fichiers en dépit des demandes énergiques de la part de la British Phonographic Industry (BPI) [Association interprofessionnelle de l'industrie britannique du disque], dont les plans ont été critiqués par le Parti pirate du Royaume-Uni et Open Rights Group comme “frustrants” et “extrêmes”.

Bien que Twitter ait supprimé les tweets antisémites en France avec le hashtag #UnBonJuif en réponse à des menaces de poursuites judiciaires de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), celle-ci mettrait la pression sur Twitter pour révéler les noms des personnes utilisant le hashtag. Le Citizen Media Law Center procède à une analyse de cette affaire ici. C'est le deuxième cas en un mois impliquant un contenu antisémite. Comme nous l'indiquions dans notre édition du 19 octobre, l'entreprise Twitter a bloqué des tweets d'un compte néo-nazi en Allemagne le mois dernier en utilisant une fonction révélée récemment qui permet de filtrer un contenu dans des pays où il est illégal tout en le gardant accessible dans d'autres parties du monde où il est légal.

Un groupe de défense au Pakistan, Bolo Bhi, avertissait que le gouvernement relançait des plans de filtrage et de blocage d'URL, ce qui non seulement viole les droits numériques de citoyens, mais ralentit la vitesse d'Internet.

Le quotidien The New York Times a été bloqué en Chine tant dans la version anglaise que chinoise après avoir publié un article révélant la richesse de la famille du Premier ministre Wen Jiabao. Ce blocage devrait avoir de sérieuses répercussions sur les revenus du journal à cause de l'interruption soudaine d'annonces publicitaires destinées à des millions de lecteurs. Les billets mentionnant l'article ainsi que toute question liée ont aussi été aussi bloqués sur le site populaire chinois de micro-blogging Sina Weibo.

Brutalités

La militante philippine anti-mines Esperlita “Perling” Garcia a été accusée de diffamation et arrêtée pour un billet sur Facebook accusant le maire de Gonzaga, Carlito Pentecostes Jr., de harceler les personnes voulant participer à un projet de démonstration contre l'industrie minière. L'affaire Garcia a également suscité un débat quant à savoir si l'accusation tombait sous la récemment suspendue Loi sur la prévention de la cybercriminalité [note : nous avons déjà parlé de cette loi controversée ici]. Maintenant, les partisans de Garcia ont mis en place une page Facebook intitulée “Cyber-perling” pour défendre la cause de la militante.

Vie privée

La société Microsoft a changé sa politique de confidentialité — qu'elle appelle “contrat de service” — relative à la collecte d'informations sur les utilisateurs de ses produits Web tels que le courriel et la recherche. Les informations sur l'utilisateur d'un service peuvent maintenant être utilisées pour améliorer d'autres services. La société avait précédemment déclaré qu'elle n'allait pas utiliser ces informations à des fins de publicité ciblée, mais la nouvelle politique ne dit pas explicitement qu'elle ne le fera pas. Microsoft fait actuellement l'objet d'une enquête de la part des services responsables de la confidentialité de l'UE.

Le Sénat de la législature de l'État américain du New Jersey a voté un projet de loi qui interdit aux employeurs de demander l'accès aux comptes de médias sociaux des employés et permet aux employés d'intenter des poursuites pour violations. Avant de devenir loi, le projet de loi doit maintenant être adopté par l'Assemblée du New Jersey.

Le Parlement de Singapour a adopté une loi sur la protection des données personnelles permettant aux citoyens d'ajouter leurs numéros de téléphone mobile pour une option “Do Not Call”. Les télévendeurs n'en respectant pas les terme pourraient être condamnés à une amende de 10 000 dollars de Singapour (US $ 8 188).

Selon Gary Kovacs, directeur de la Fondation Mozilla, Firefox ne recueillerait pas les données de ses utilisateurs. Le projet open source a développé deux applications qui montrent aux utilisateurs comment ils sont suivis par des outils tiers et leur permet de configurer les paramètres de sorte qu'ils ne soient pas suivis par ces parties.

Politique nationale

Les médias chinois ont signalé [chinois] que le gouvernement chinois suspendra tout changement majeur aux opérations d'internet telles que la mise à jour des services lors du 8ème Congrès du Parti Communiste Chinois prévu en novembre. En outre, le Bureau national pour l'information sur Internet a demandé [chinois] aux bureaux gouvernementaux locaux pour le contrôle d'Internet de censurer strictement toutes rumeurs ou informations jugées contestables et ce depuis le 7 novembre jusqu'à la fin de l'évènement et ce afin de garantir la “sécurité nationale”.

Une remarque, formulée par le vice-président bolivien Álvaro García Linera précisant qu'il suit tous ceux qui insultent le président du pays dans les médias sociaux, a suscité une grande inquiétude parmi les internautes boliviens.

En Thaïlande, les internautes se sont également dits inquiets quant au Règlement des Télécommunications Internationales (“International Telecommunication Regulations”, ITR), un traité récemment élaboré et suggéré par l'Union Internationale des Télécommunications (“International Telecommunications Union”, ITU). Ces réglementations contraindraient les usagers d'internet à payer une somme donnée en fonction de leur usage de données de même qu'elles révéleraient leur identité et l'historique du navigateur.

Droit d'auteur

Dans une plainte, déposée par le groupe anti-piratage BREIN Foundation, un tribunal néerlandais a jugé la société d'hébergement XS Networks responsable du site de partage SumoTorrent que celle-ci hébergeait. Selon BREIN, XS Networks (fermée en février) aurait refusé de divulguer des information sur le propriétaire de SumoTorrent en dépit des maintes demandes du groupe anti-piratage, ce qui aurait déclenché la poursuite. 

Souverains du cyberespace

Google a été attaqué par le gouvernement sud-coréen pour avoir modifié le nom d'un ensemble d'îles sur son service cartographique Google Maps. Les îles sont le centre d'une dispute territoriale avec le Japon; elles sont contrôlées par la Corée du Sud mais revendiquées par les deux pays. Elles sont nommées Dokdo en Corée et Takeshima au Japon. Le service cartographique de Google en coréen emploie le nom Dokdo alors que le service japonais — celui de Takeshima. Google a récemment mis à jour sa version en langue anglaise remplaçant le nom de Dokdo par Liancourt Rocks. Un porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères sud-coréen dit que Google a informé son ambassade aux États-Unis du changement de nom le 18 octobre, ajoutant que ce ”changement est inacceptable” pour son pays.

Une récente entrée controversée [chinois] sur la version chinoise de Wikipédia a ravivé les craintes que les groupes en ligne pro-Pékin connus comme le “50 Cent Party” ou le “Online Navy” utilisent ladite plate-forme pour des objectifs de propagande, diffamant des militants pro-démocratie à Hong Kong et en Chine continentale. Inmediahk.net [chinois], un projet de média citoyen basé à Hong Kong, explore à quel point ces attaques menacent la crédibilité de cette plate-forme basée sur les connaissances et publie un entretien de deux cadres de Wikipédia, Yuyu et Albert.

La gouvernance d'Internet

Le gouvernement indien est revenu sur sa suggestion de former une agence onusienne pour gouverner l'internet et ce après une grande opposition de la part de la société civile indienne.

Une nouvelle étude commandée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur le trafic sur Internet conclut que la majorité des échanges de données ont lieu sans un contrat écrit ou accord formel. L'auteure Stacey Higginbotham commente les résultats comparant l'Internet à une institution communiste idéale qui, contrairement à l'Union Soviétique, fonctionne bien.

Cybersecurité

L'organisation suédoise à but non-lucratif Civil Rights Defenders a installé un nouveau système CAPTCHA sur son site. Le CAPTCHA est un programme permettant d'identifier les visiteurs du site pour savoir s'il s'agit d'internautes réels ou alors de robots spammeurs. Au lieu des questions traditionnelles demandant aux visiteurs de taper des lettres ou des nombres brouillés, le système donne des informations se rapportant aux droits civils et demande aux usagers de placer “une émotion convenable”.

Le site de marque-pages social Diigo, dont le nom de domaine est enregistré dans le service d'achats et de gestions de domaines de Yahoo!, a été piraté pendant deux jours. Des attaquants inconnus se sont faits passer pour le propriétaire de Diigo et ont demandé à Yahoo! de transférer le domaine et ont ensuite tenté d'extorquer de l'argent à Diigo. L'affaire a été par la suite réglée et le site est revenu à la normale. Wade Ren, co-fondateur de Diigo, s'exprime sur l'attaque sur le site d'informations Techcrunch.

Des cybercriminels ont ciblé des smartphones à bas coûts dépourvus de dispositifs de sécurité notamment ceux opérant sur des plate-formes mobiles Android et imposent des coûts de développement modiques.

Le militantisme des internautes

Un documentaire sur la liberté d'internet intitulé ”freenet?” comprend un court-métrage proposant des interviews avec des blogueurs, des militants et des académiciens intitulé “Les internautes contre la censure en ligne” et abordant des questions relatives aux libertés numériques. Il a été filmé lors du Sommet de Global Voices en 2012 à Nairobi (Kenya) et lors du sommet du projet Mapping Digital Media à Istanbul en Turquie, la même année.

Développements positifs

En Islande, un référendum demandant aux citoyens de se prononcer sur leur soutien à un nouveau projet de constitution basé sur des suggestions et des opinions soulevées sur Facebook et sur Twitter, a obtenu 2/3 des votes positifs. Les députés islandais se sont engagés à concrétiser le référendum, qui est pourtant un résultat non-contraignant. La nouvelle constitution devrait être finalisée avant le printemps 2013.

Faisant écho à l'Open Contracting Initiative, la Banque Mondiale révèlera ses contrats financiers et ce afin d'être en conformité avec ses initiatives anti-corruption de son agenda sur le développement ouvert. Bien qu'impossible de publier l'intégralité des contrats en raison de la confidentialité commerciale, tous les documents relatifs tels l'affectation des approvisionnements ou la mise en œuvre des projets seront accessibles.

Le New York Metropolitan Museum of Art a lancé un nouveau portail proposant gratuitement en ligne des versions intégrales de plus de 600 ouvrages d'art datant de 1964 jusqu'en 2012. Le contenu du portail peut être trouvé depuis Google Books ou encore le catalogue même du musée.

Publications et études

Recevoir le Netizen Report par courriel

Pour les évènements à venir concernant l'avenir des droits des citoyens à l'ère numérique, voir le calendrier des événements Global Voices.

Netizen Report, édition Moyen-Orient : La censure du porno

samedi 17 novembre 2012 à 18:31

L'ensemble du Netizen report de ce mois est le résultat des recherches, des contributions et de l'éditing de Rayna St, Nermeen Edrees et Hisham Almiraat.

La traduction en français a été réalisée par Marie André, Emmanuelle Leroy, Thalia Rahme, Laurence Noël. Les liens sont en anglais sauf mention contraire.

La bande-annonce du film “L'innocence des musulmans” publiée sur YouTube avait provoqué une importante vague de protestations dans les pays de la région voici quelque temps. Différentes mesures ont été mises en place par les gouvernements du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord pour renforcer le contrôle des contenus qui circulent sur internet. Outre une campagne d'arrestations d'internautes accusés de blasphème, certains gouvernements de la région ont décidé d'étendre le champ de leur censure en ligne aux sites jugés “pornographiques”.

L’Arabie Saoudite, qui censure déjà de tels sites web, souhaite bloquer des noms de domaine contenant des mots tels que 'sexe', ‘gay' ou ‘porno'.

En Palestine, comme nous l'avions mentionné dans un précédent numéro du Netizen Report [français], le gouvernement du Hamas dans la Bande de Gaza a pris des mesures pour interdire l'accès aux sites porno. La crainte que le Hamas puisse étendre cette interdiction à des sites politiques augmente.

The region’s officials have made banning websites deemed “pornographic” their new hobby horse. Image by Ronai on Flickr (CC-BY 2.0), adapted by the MENA NR team

Les responsables des gouvernements au Moyen-Orient ont fait de l'interdiction des sites ‘pornographiques' leur nouveau cheval de bataille. Photo de Ronai sur Flickr (CC-BY 2.0), modifiée par l'équipe du Netizen Report

L' “allergie au porno” ne semble pas diminuer. Le site Your Middle East (”Votre Moyen-Orient”) rappelle les tentatives des responsables égyptiens pour mettre un terme à l' “appétit des internautes pour les sites de sexe”. En Égypte, de tels sites sont interdits par la loi mais ne sont pas bloqués. Selon Google Trends, en 2011, le pays se situait en 5ème position mondiale pour des recherches portant sur des mots comme “sexe”.

Le Dr. Salamouny, un avocat égyptien, fait tout son possible pour appliquer une réglementation plus coercitive : il a initié une procédure judiciaire demandant la fermeture complète des sites pornographiques en Égypte. Ce n'est pas la première fois qu'il intervient. Le Dr. Salamouny a déjà déployé toute son énergie pour réglementer “la publicité vulgaire, qui utilise un langage obscène et des références sexuellement suggestives”.

Le 7 novembre, le Procureur de la République égyptien a annoncé que les sites porno seraient bloqués. Effectivement, un tribunal avait autorisé des mesures techniques pour bloquer les contenus de sites jugés “pornographiques” en 2009. Nombreux ont émis des réserves, mettant en avant le fait que toute condamnation du contenu d'un site internet donné était la porte ouverte à la censure généralisée. L'Autorité de régulation des télécommunications égyptienne a toutefois publié un communiqué beaucoup plus nuancé qui met à mal l'action du Parquet en faveur de la censure.

Censure

En Iran, un nouveau front de la censure du Net semble s'être ouvert. Il y a environ un mois, le “Comité de filtrage” (mieux connu sous le nom l'armée spéciale des censeurs en ligne de la République Islamique), a ouvert un protocole qui rend inaccessible dans le pays tout matériel audiovisuel hébergé sur un serveur situé en dehors de l'Iran.

Des manifestations contre la vidéo jugée anti-Islam, initialement diffusée sur YouTube en juillet 2012, se sont poursuivies en octobre dernier quand 10 000 musulmans ont manifesté devant les bureaux londoniens de Google pour demander que la vidéo soit retirée du site. Un porte-parole de YouTube, filiale de Google, a reconnu que le sujet était sensible mais a déclaré que la vidéo “était conforme [à leurs] directives et procédures et qu'elle resterait sur YouTube”.

Au vu des violentes manifestations qui ont suivi la mise en ligne de cette vidéo sur YouTube, l'Arabie Saoudite souhaite la création d'un nouvel organisme international pour censurer Internet. Dans un rapport au Forum International sur les Politiques de Télécommunications (World Telecommunications Policy Forum), organe des Nations Unies qui supervise les débats internationaux à venir sur la gouvernance d'internet, le Royaume dit vouloir “s'intéresser à la ‘liberté d'expression' qui manifestement trouble l'ordre public”.

L'activisme des internautes

Au cours des 19 mois de révolution syrienne, Internet a prouvé être un champ de bataille très utile aux opposants au régime. Skype tout particulièrement est en train de devenir un “centre d'opérations”, la colonne vertébrale des communications, pour les insurgés qui s'en servent pour planifier, partager des informations en interne et faire connaître leurs points de vue.

En Égypte, une plate-forme collaborative en ligne, dostoormasr.com (Constitution Égyptienne) [arabe] a été lancée. Elle utilise une interface Facebook et espère “faire participer tous les acteurs de la société égyptienne à la rédaction d'une nouvelle constitution”, en leur demandant de voter sur différents articles.

Brutalités

Le Ministre de l'Intérieur du Bahreïn a annoncé sur son site web que quatre personnes ont été arrêtées en raison de leur “mauvaise utilisation des médias sociaux”. L'une d'elles a été accusé d'avoir “insulté le Roi” et a été condamnée à six mois de prison le 1er novembre.

Le média tunisien indépendant Nawaat continue de subir des attaques informatiques : quelques messages sur Twitter ont annoncé que Nawaat.org a été la cible d'attaques par déni de service (DDoS) le 21 octobre. Le message sur la page Facebook du blog Boukornine attribue cette cyberagression à une fuite qui devait y être publiée et écrit qu' “on revient aux basses méthodes de la cyber-police de Ben Ali”.

Le caricaturiste syrien Akram Rslan a été détenu après avoir publié un dessin représentant le président syrien Bachar El-Assad assiégé.

Le célèbre pianiste turc Fazil Say a été arrêté pour blasphème après avoir posté des messages sur Twitter qui auraient soi-disant “insulté les valeurs religieuses”.

Des voix toujours menacées

Onze blogueurs ont comparu devant le tribunal de Muscat (Oman) le 24 octobre pour faire appel de la décision d'un an d'emprisonnement qu'ils ont reçue en août de cette année. Ils sont accusés d'avoir “insulté le Sultan”. Tous les blogueurs sont en liberté sous caution. Certains des accusés affirment avoir été emprisonnés après que leurs comptes Facebook ont été “piratés et détournés”.

Amnesty International a appelé les autorités égyptiennes à libérer Alber Saber Ayad, un jeune activiste ayant participé au soulèvement populaire de 2011 qui a renversé l'ancien régime égyptien. Alber Saber est accusé de “diffamation de la religion” et encourt jusqu'à six ans de prison, pour avoir soi-disant posté des vidéos blasphématoires sur Internet. Son procès controversé a repris le 16 octobre, mais a été reporté à novembre sans que la condamnation soit prononcée. Beshoy Kamil Kamel, un enseignant copte, a quant à lui été condamné à six ans de prison pour avoir soi-disant posté des contenus blasphématoires sur Facebook.

Cathy Casserly de Creative Commons rappelle que Bassel Khartabil, activiste et collaborateur de Creative Commons, est toujours détenu.

Human Rights Watch appelle à la libération immédiate du citoyen américano-saoudien Mohammad Salama, détenu pour avoir publié des tweets critiquant le Coran.

Vie privée

Les ressortissants des pays du Conseil de Coopération du Golfe pourront bientôt, avec leur seule carte d'identité, profiter de mesures permettant de réduire les files d'attentes aux points d'entrée et de sortie des pays membres, grâce à l'utilisation de bornes électroniques. Mais le doute subsiste sur la façon dont les données seront collectées par ce système et sur la gestion de ces informations.

Cybersécurité

Ahmed Mansour est un ingénieur en électronique de 42 ans des Émirats Arabes Unis et militant pour les droits civiques dans son pays. Son ordinateur a été piraté par un logiciel espion très sophistiqué commandé par le gouvernement et capable d'enregistrer chaque frappe sur le clavier et d'actionner la webcam à distance. C'est la dernière en date d'une série d'attaques similaires ayant pour cible des activistes dans toute la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.

En octobre 2012, Google a envoyé des dizaines de milliers de messages d'alerte aux utilisateurs de Gmail, les avertissant du nombre croissant d'attaques envers les services de messagerie électronique orchestrées par des gouvernements. Plus particulièrement, les représentants de Google ont affirmé que ces attaques sont issues du Moyen-Orient.

Les souverains du cyberespace

La Fondation Wikimédia et la Compagnie des télécoms saoudienne (STC) ont conclu un accord afin de proposer “un accès gratuit à Wikipédia sur leur téléphone portable aux clients de STC en Arabie Saoudite, à Bahreïn et au Koweït”.

Gouvernance d'Internet 

Dans le but d’établir une plate-forme commune pour discuter et débattre de sujets et de questions relatives aux usages d’internet, la Société koweïtienne d’information et de technologie (“Kuwait Information Technology Society”) a accueilli du 9 au 11 octobre 2012 le premier Forum arabe sur la gouvernance d'Internet.

Politiques nationales

Les craintes que le gouvernement syrien ne coupe totalement l'accès à Internet s’accentuent. Les observateurs craignent que le régime, qui a réalisé l’importance de l’utilisation d’internet, puisse priver l’opposition d’une “corde de sécurité” vitale.

Le gouvernement tunisien a annoncé son intention de mettre en application deux lois relatives à la réforme des médias : l’une d'elles (Loi 115) a été adoptée par le gouvernement provisoire en novembre 2011 et porte sur la liberté de la presse ; l’autre (Loi 116) est relative à la création d’une autorité indépendante de l’audiovisuel.

Le blogueur irakien Bahar a publié [arabe] une longue étude à propos de la loi sur la cybercriminalité dans son pays. Il se demande si le but de cette loi n’est pas, plutôt que de prévenir la criminalité en ligne, un moyen de museler l’opposition. Comme nous l'avions déjà signalé [français], ce projet de loi représente une grave menace pour la liberté d’expression en ligne.

Droits d'auteur

Le blog IPKat, spécialiste des questions de la propriété intellectuelle, examine l'affaire “Garcia contre Nakoula, Google et YouTube”. Plus précisément, ce procès pose la question de savoir “si un acteur est aussi un auteur ?”. Nakoula est l’auteur de la tristement célèbre bande-annonce “L'innocence des musulmans” qui a généré des actes de violence dans de nombreux pays de la région et a constitué une justification à la censure.

De bonnes nouvelles

Arab Journalism Awards, les Prix 2012 du journalisme arabe accepte désormais les soumissions.

Le caricaturiste syrien Ali Ferzat, maintenant rétabli, a décidé de relancer son ancien magazine satirique Al-Domari depuis Le Caire.

Des internautes marocains ont créé un groupe Facebook Open Government Morocco. Il s'agit d'une page accessible en arabe, français et anglais et dédiée à l’ouverture et au partage des données publiques produites par le gouvernement. Ils ont tenu leur première réunion virtuelle en langue française afin de discuter de l’organisation du groupe.

Les autorités palestiniennes se sont, elles aussi, engagées pour plus de transparence. Le site français OWNI a publié un entretien avec Safa Nasser Eldin, la Ministre des télécommunications de l'Autorité palestinienne.

Le collectif égyptien Mosireen a récolté lors de sa campagne de collecte de fonds collaborative la somme de 40 415 dollars US (les activistes s'étaient fixé pour objectif 40 000 dollars US).

Lectures conseillées

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Guatemala : Un blog informe sur les conséquences du tremblement de terre à Huitán

samedi 17 novembre 2012 à 14:30

Les communautés rurales du Guatemala ont été très affectées par le violent tremblement de terre de magnitude 7,4 qui a frappé la côte Pacifique du pays, le 7 novembre 2012.

Le blog de la Bibliothèque communautaire “Mi Nuevo Mundo” (Mon nouveau monde) - lequel fait partie du projet Xela Civic Libraries parrainé par Rising Voices - de la commune de Huitán dans le département de Quetzaltenango - a partagé des photos et des reportages de l'impact qu'a eu ce tremblement de terre sur les familles qui vivent dans cette zone rurale du Guatemala.

Dans un billet de blog publié le 10 novembre, le bibliothécaire de la communauté, Roman Díaz Castañón, a rapporté que plusieurs maisons s'étaient effondrées et que plusieurs familles s'étaient conséquemment retrouvées sans domicile dans une zone du nom de Huitancito à Huitán :

Les familles sont atterrées par cette catastrophe. Elles se trouvent dans une situation d'extrême pauvreté et connaissent une situation préoccupante. Aucune aide des institutions telle que des vivres, des denrées alimentaires ne leur est parvenue. Nous avons besoin de votre aide.

Family from Huitancito, Huitán

Famille de Huitancito à Huitán. Photo de la Bibliothèque communautaire “Mi Nuevo Mundo”.

House destroyed in Huitancito, Huitán

Maison détruite à Huitancito dans la commune de Huitán. Photo du blog de la Bibliothèque communautaire “Mi Nuevo Mundo”.

Rubble after the earthquake in Huitancito, Huitán

Décombres suite au tremblement de terre à Huitancito dans la commune de Huitán. Photo du blog de la Bibliothèque communautaire “Mi Nuevo Mundo”.

Deux jours après, Roman a rapporté que le dimanche 11 novembre, la Fondation Riecken Guatemala et la bibliothèque de la communauté avaient accordé leur aide à 10 familles touchées par le tremblement de terre à Huitancito, dans la commune de Huitán. Le blog signalait que la communauté avait encore besoin d'aide. Il lui fallait, entre autres choses, des denrées alimentaires, des ustensiles de cuisine, des couvertures et aussi reconstruire les maisons. Par ailleurs, Roman a ajouté que 100 familles avaient été affectées par le tremblement de terre et que 20 d'entre elles avaient perdu leur maison.

Residents of Huitancito, Huitán receive aid from Riecken Guatemala and community library Mi Nuevo Mundo

Des habitants de Huitancito dans la commune de Huitán reçoivent de l'aide de la Fondation Riecken Guatemala et de la Bibliothèque communautaire “Mi Nuevo Mundo”.  Photo de la Bibliothèque communautaire “Mi Nuevo Mundo”.

Plus tôt ce même jour, une courte entrée de blog faisait savoir que l'aide du gouvernement était arrivée le 12 novembre.

Le blog tiendra ses lecteurs informés, entre autres faits, de la distribution de vivres.

Government arrives with food for families affected by earthquake in Huitán

Le gouvernement arrive avec des vivres pour les familles touchées par le tremblement de terre à Huitán. Photo du blog de la Bibliothèque communautaire “Mi Nuevo Mundo”.

Le Guatemala a connu plusieurs répliques depuis le 7 novembre, dont un tremblement de terre  de magnitude 6,5. Le chiffre national officiel des victimes s'élève à 42 personnes.