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Censuré à Madagascar, le groupe de rock contestataire The Dizzy Brains flambe en Europe

mardi 24 mai 2016 à 17:08
Capture d’écran de l’émission du Petit Journal sur CANAL+ le 14/04/2016 avec les rockeurs malgaches The Dizzy Brains.

Capture d’écran de l’émission du Petit Journal sur CANAL+ le 14/04/2016 avec les rockeurs malgaches The Dizzy Brains.

The Dizzy Brains est un groupe de 4 jeunes malgaches fougueux qui n’en finit plus de gagner en notoriété avec un style bien à eux dans un registre – punk / garage rock. Le groupe est composé des frères Andrianarisoa au chant et à la basse, Poun à la guitare et Mirana à la batterie.
Connu pour leur dynamisme sur scène, The Dizzy Brains ont marqué le grand public français lors de leur apparition dans l’émission télévisé du Petit Journal le 14 Avril dernier. Eddy avait alors fait parler sur les réseaux sociaux en challengeant le nouveau premier ministre malgache en direct en lançant un retentissant : « Fais ton boulot mec ! ». Cette réaction spontanée et impertinente colle bien avec l’identité musicale du groupe, iconoclaste et engagé. Extraits vidéo :

dizzy concert

Pour mieux faire connaissance avec ce groupe qui décoiffe, voici 3 faits marquants de leur courte mais déjà remarquable carrière:

Génèse du groupe (2011):

Le groupe a été fondé en 2011 par Eddy et Mahefa Andrianarisoa, avec Eddy au chant et Mahefa à la basse. Leur penchant pour le rock vient de leur père, un aficionados du groupe Punk/Rock anglais The Kinks dans les années 70 (aussi formé par deux frères) .
Le premier album « Môla Kely » sort en Décembre 2013 et s’attaque à la difficulté de la vie à Antananarivo, entre la pauvreté endémique et la corruption galopante. L’un des morceaux phares, Vangy, exprime leur colère face à ce quotidien pénible, avec toujours un brin de provocation:

A quoi bon se fatiguer pour un boulot pénible, tu ne vaux pas plus que 3000 Ariary, ce n’est même pas le prix d’une prostituée.

Eddy raconte pourquoi le rock contestataire semblait la voie logique pour décrire la situation à Madagascar:

Faire du rock à Madagascar, ce n’est pas une carrière, ça ressemblerait même plutôt à un combat permanent. D’abord, dans la rue, tu te fais constamment racketter par les flics pour aller d’un point A à un point B. Ensuite, si tu veux jouer, tu n’as pas le choix. Il faut passer par l’underground et tenir bon. Tu dois te produire dans les petits bars de nuit, les cabarets assez glauques.

Censuré à Madagascar (2014)

Les textes revendicateurs et provocateurs ne font pas que des amis aux groupes. Eddy explique les difficultés rencontrées au pays :

On ne passe jamais à la radio ni dans les salles de concerts, parce que les gérants auraient trop peur d’avoir des problèmes après notre passage. On arrive quand même à se produire dans les bars. On se fait surtout connaître via les réseaux sociaux.

Mahefa ajoute:

Si tu tombes sur un programmateur de soirées cool, on te file l’équivalent de 100 euros pour tout le groupe. Mais le plus souvent, tu tombes sur un patron bourré. Lui va te laisser jouer dans un premier temps. À un moment il va quand même venir te dégager de la scène à coups de pied au cul si ce qu’il entend de ta musique ne lui plaît pas. On a connu ce genre de situations un peu borderline tout le temps. On est restés parmi les mendiants, d’accord, mais ça ne nous a pas empêchés de persévérer. Alors maintenant, quoi qu’il nous arrive, on a la peau dure.

Succès à l’étranger : le Festival des Trans Musicales à Rennes (2015) et Le Petit Journal (2016)

Le style des Dizzy Brains avait tout pour intriguer le directeur du festival des Trans Musicales à Rennes, Jean-Louis Brossard :

Ces gamins, donc, ils font du rock. Ils vont me mettre le feu, j’en suis persuadé. Parce que le rock, enfin ce qu’il véhicule de révolte contre quelque chose, ça a sans doute un peu perdu de son sens dans nos pays occidentaux. Alors que chez eux, à Madagascar, ce qu’ils chantent à un sens. Ça vient vraiment de la rue !

Le groupe se met le public breton dans la poche en entrant sur scène avec un drapeau breton. Extraits du concert :

dizzy transmusicales

The Dizzy Brains ont aussi fait vibrer les spectateurs du Printemps de Bourges quelques mois plus tard. Et bien sûr, l’apothéose avec l’émission sur Le Petit Journal. Avec l’insouciance de ceux qui n’ont rien à perdre, le groupe chante avec brio à une heure de grande écoute et bluffe le présentateur Yann Barthès par leur franc-parler.

Le groupe continue sa tournée en Europe et les jeunes musiciens espèrent pouvoir continuer à sensibiliser le monde sur la situation à Madagascar.

Les ‘Mères de Soldats’ russes créent une application mobile pour les droits des jeunes appelés

lundi 23 mai 2016 à 23:13
Russian army draftees. Courtesy image from mil.ru.

Jeunes appelés russes. Photo publiée avec l'aimable autorisation de mil.ru.

Des militantes des droits de la personne ont créé une application mobile à l'intention des jeunes appelés russes pour leur donner des informations utiles sur les problèmes les plus pressants du service militaire, et leur permettre de défendre leurs droits en toute autonomie.

Prizyvnik [Appelés] Online a été créé par Les Mères de Soldats de Saint-Pétersbourg, une association fondée par les mères de jeunes gens faisant leur service militaire pour contrer les mauvais traitements et violations de droits subis de façon habituelle par les appelés dans l'armée russe.

L'appli permet aux appelés, qu'ils aient l'intention d'accomplir le service militaire ou qu'ils sollicitent une exemption, d'avoir un accès rapide à une assistance juridique et aux exemples des violations les plus courantes des droits des appelés. En cas d'abus, les utilisateurs peuvent trouver des modèles de déclarations et plaintes, les coordonnées des autorités hiérarchiques compétentes, ainsi que le numéro de téléphone d'une assistance d'urgence pour leurs droits. Les appelés peuvent aussi grâce à l'appli contacter les avocats de l'organisation elle-ême, par un formulaire spécial.

Un autre élément important de l'application Appelés Online est le “bouton d'urgence”—une fonction particulière qui permet à un utilisateur d'envoyer discrètement un sms urgent à sa famille dans le cas où il serait détenu illégalement et enrôlé de force dans l'armée.

L'appli est actuellement disponible pour les appareils sous Android sur Google Play.

Les Mères de Soldats de Saint-Pétersbourg se sont créées en 1991 pour sensibiliser aux abus dans l'armée et apporter une assistance juridique aux appelés russes et à leurs familles. En août 2014, l'ONG a été étiquetée “agent de l'étranger” aux termes d'une loi de 2012 qui requiert les associations russes d'admettre cette désignation si elles reçoivent des financements extérieurs et exercent une activité indirectement politique. L'organisation a affirmé avoir cessé de recevoir des fonds d'origine étrangère des mois avant que l'étiquette lui soit appliquée. En octobre 2015, le ministère de la Justice russe a retiré les Mères de Soldats de Saint-Pétersbourg de la liste des “agents de l'étranger”.

Nouveau : Partenariat de Global Voices avec Groundviews au Sri Lanka

samedi 21 mai 2016 à 20:27
Screenshot from Groundviews website.

Capture d'écran du site de Groundviews.

Global Voices et Groundviews ont lancé une nouvelle collaboration qui va combiner l'intérêt de Global Voices pour les médias citoyens avec l'expertise de Groundviews et apportera une couverture originale et approfondie du Sri Lanka à nos lecteurs.

Rédigé par Sanjana Hattotuwa et Raisa Wickrematunge, Groundviews est un site de journalisme citoyen primé et surtout, le premier de son espèce au Sri Lanka.

Le site a été lancé en novembre 2006 et a publié des articles fascinants sous forme de textes, d'audio et de vidéos en anglais, cingalais et tamoul. Ses articles prenants et provocateurs sur la gouvernance, les droits de l'homme, les arts, la littérature et la consolidation de la paix repoussent les frontières des médias traditionnels, obligeant les lecteurs sri lankais à sortir de leur zone de confort.

Groundviews a remporté des prix internationaux pour son journalisme, dont le prestigieux Manthan Award South Asia 2009. Dans son rapport annuel de 2013 sur les médias mondiaux, Freedom House a observé :

Web-based media and blogs have taken on a growing role in the overall media environment, with outlets such as Groundviews and Vikalpa providing news and a range of commentary, even on sensitive stories and events that are barely covered by the mainstream media.

Les médias en ligne et les blogs ont pris un rôle grandissant dans l'écosystème des médias, avec des organes tels que Groundviews et Vikalpa, qui apportent des informations et un éventail de commentaires, y compris sur des sujets sensibles et des évènements à peine couverts par les principaux médias.

Sur Twitter, Groundviews anime trois listes sur le Sri Lanka : les blogueurs de premier plan, les sources journalistiques et les médias, ainsi que les comptes Twitter officiels des politiciens et du gouvernement. Groundviews est aussi accessible sur Facebook.

‘Enfants du Pays’, un projet artistique à la mémoire des victimes de la répression au Burundi

vendredi 20 mai 2016 à 20:12
One of the artworks shared of the project's Facebook page.

Une des oeuvres partagés sur la page Facebook du projet.

Enfants du pays est le projet d'un collectif de Burundais qui vise à documenter et partager les histoires individuelles de personnes tuées pendant la crise actuelle, pour garder “vivante” leur mémoire.

En avril 2015, les manifestations contre la candidature du président sortant à un nouveau mandat s'étaient heurtées à une répression dégénérant en violence politisée dont l’escalade avait dégénéré en rébellions armées, arrestations massives, exode de population et assassinats.

De nombreux Burundais, de toutes allégeances politiques, ont été pris dans la confrontation. Mais il arrive que la mise en perspective des événements en un tableau d'ensemble oublie quelque peu les histoires individuelles de deuil et de lutte.

Le site des Enfants du pays liste quelques-unes des victimes, avec les témoignages émus de leurs familles et amis. Il évoque par exemple Charlotte Umugwaneza, une militante anti-corruption et adhérente du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie, trouvée tuée par balles en octobre 2015 après son arrestation par des agents du Service National de Renseignements. Elle laisse un mari et des enfants.

Ou encore Jean Népomucène Komezamahoro, un adolescent abattu par des policiers après s'être trouvé en plein milieu du premier jour des manifestations. Il laisse une famille abasourdie par le chagrin.

L'insécurité rend ardue la collecte de l'information, et les animateurs des Enfants du pays ont quitté le Burundi après la mise en oeuvre du projet l'an dernier, à cause des menaces de violences.

Leur site web définit ainsi leur but :

Cette plateforme a ainsi pour but de raconter l’histoire de ces « enfants du pays » qui s’étaient exprimés pour le respect de la Constitution de la République du Burundi et des Accords d’Arusha, tués pour avoir dit « Non au 3ème mandat ». Elle a pour but de raconter leurs rêves, leurs défis, et dénoncer leur mort injuste et prématurée. Nous nous engageons à raconter leur histoire afin de donner un visage à la lutte, reconnaître leur contribution à la nation et leur rendre hommage.

Le site de journalisme participatif Les Observateurs, hébergé par la chaîne d'information France 24, s'est entretenu avec les auteurs du projet, qui ont expliqué leur décision à la mi-2015 d'agir pour dire leur colère devant la dérive des violences dans leur pays (citation extraite de la version en anglais de l'entretien) :

Il y a eu tant de sang versé que beaucoup de gens ici pensent que la non-violence est vaine. Mais nous restons déterminés. Même si ce projet est épuisant, c'est très de motivant de voir l'importance que cela a pour les familles. La plupart sont tellement heureuses que quelqu'un s'intéresse à leurs êtres chers.

Donner des noms et des visages aux victimes de la crise du Burundi

Le projet veut aussi travailler avec la diaspora burundaise et monter des expositions artistiques dans des villes à travers le monde, pour sensibiliser au coût humain de la crise, avec des oeuvres en rapport avec les victimes et le vécu de l'insécurité, pour ce faire ils ont lancé un financement participatif. Ils ont récemment montré une telle exposition à New York, et en ont partagé des images sur leur page Facebook.

PC Mbonimpa à @ChinatownSoup pour le vernissage de l'exposition artistique de @EnfantsDuPays. Venez nous voir jusqu'au 1er mai !

La peinture du tweet ci-dessus montre Pierre-Claver Mbonimpa, un militant de premier plan des droits humains, victime d'une tentative d'assassinat en 2015, et soigné en Belgique. Il a aussi perdu des membres de sa famille dans des agressions.

Pendant cette crise, la presse indépendante a été lourdement entravée, mais tout du long des journalistes, militants des droits et simples citoyens ont utilisé de façon novatrice les médias pour rendre compte et documenter les événements, que ce soit la radio ou les récits depuis l'exil sur les médias sociaux clandestins.

De même, Enfants du pays se sert des médias pour créer une connexion largement accessible avec le souvenir de ceux qui ont été tués par la violente crise politique, et avec le choc de la perte pour ceux qui restent. De quoi contribuer à nuancer les récits de confrontation grâce à des visages humains. Leur action a reçu d'enthousiastes messages de soutien en ligne. Comme l'écrit sur Twitter @kagapina :

Merci #EnfantsDuPays de faire en sorte que le Burundi et les Burundais ne meurent pas “deux fois”.

17 ex-ministres dénoncent le harcèlement sexuel qu'elles ont subi par des hommes politiques en France

jeudi 19 mai 2016 à 19:10
Capture d'écran de la vidéo de sensibilisation à l'harcèlement par l'association égalité en droit

Capture d'écran de la vidéo de sensibilisation à l'harcèlement par l'association égalité en droit

Déambuler dans les allées du pouvoir est parfois aussi oppressant que de se faire siffler dans la rue le soir lorsqu'on est femme. Des tentatives de viols, des violences sexistes, du harcèlement sexuel et de la discrimination au travail, c'est ce que les élues subissent au quotidien en France, jusqu'au sein des institutions républicaines.  Jusqu'à récemment,  le silence était de mise par peur de la stigmatisation ou à cause d'autres contraintes, politiques, sociales et familiales mais la peur commence à changer de camp. En effet, 17 femmes, anciennes ministres de toute tendance politique, ont décidé qu'elles n'allaient plus se taire. Sous le slogan “Nous ne nous tairons plus”, elles dénoncent le triste quotidien de la vie des femmes, même au sein du pouvoir. Vidéo qui résume leur action:

Tout est parti des révélations sur un comportement attribué à M. Denis Baupin, député élu sur la liste Europe-Ecologie-Les Verts avant de démissionner à la mi-avril. Au total 8 femmes de ce parti ont dénoncé sur France Inter et sur le site Mediapart des gestes déplacés qu'il aurait eus à leur égard et pouvant être qualifiés de harcèlement sexuel.

M. Denis Baupin nie les faits mais a tout de même posé sa démission de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale. Dans une affaire de viol ou de harcèlement sexuel, il est souvent difficile de produire des preuves parce que c'est souvent la parole de la victime contre celle de son bourreau. Toutefois, aujourd'hui, le partage d'expérience sur les réseaux sociaux et les nouvelles technologies permettent d'étayer et corroborer les témoignages des victimes. C'est notamment le cas pour Mme Elen Debost, adjointe au maire du Mans, qui aurait reçu une centaine de SMS et Mme Isabelle Attard, députée du Calvados qui en aurait reçu aussi des dizaines de message de M Baupin avant de quitter le parti.

Dans un message publié le 9 mai 2016 publié sur YouScribe, qui a enregistré 34 478 lectures et qui a été repris et commenté par de nombreux autres sites, Mme Elen Debost explique les raisons qui l'ont poussée, d'abord à se taire, ensuite à dénoncer publiquement l'humiliation qu'elle avait subie de la part de M. Baupin, pour aussi épargner ce calvaire à d'autres femmes. Elle explique que la position d'élu de M. Baupin lui confère des pouvoirs qui augmenteraient sa capacité de nuisance:

Le 11 mars dernier je découvrais une photo où 8 députés masculins, paradaient, barbouillés de rouge à lèvre en soit disant soutien, à la journée internationale des droits des femmes. Parmi ces 8 hommes, figurait le député Denis Baupin, prise de nausée j'ai vomi. 
Pourquoi cette nausée? 
Automne 2011, un peu en amont des désignations internes des candidat-es aux législatives sur les circonscriptions “réservées”, Monsieur Baupin m'appelle pour me demander de le soutenir lors du vote interne de notre motion pour la désignation des candidat-es. J'accepte, flattée… S'en ai suivi plusieurs mois de harcèlement sexuel, par SMS. Des messages à caractères sexuels, des avances, des propos obscènes. 
L'image de cet homme barbouillé de rouge à lèvre est comme un crachat, une provocation à toutes ses victimes, un “regardez bien comme je vous emmerde”. Cette image provoque la nausée, elle démontre le sentiment d'impunité et de toute puissance qui est le sien.
Dans aucun parti politique les femmes ne sont à l'abri de tels harcèlements. En effet, Mme Roselyne Bachelot, ancienne ministre dans des gouvernements de droite sous la Présidence de M. Jacques Chirac,  révèle dans une interview à l’ Événement du Jeudi que “le sexisme est sans doute la chose la mieux partagée entre les partis politiques”.
Ce n'est pas Mme Aurore Bergé qui va la démentir. En effet cette élue  des Yvelines sur la liste Les Républicains a publié un message sur sa page Facebook, à peine quelques heures après les révélations attribuées à M. Denis Baupin, révélant une expérience vécue lors d'une réunion, sous le titre Scène de la vie politique ordinaire:

Je suis accueillie par un “quand je te vois, j'ai envie de te faire une Baupin.” J'ai passé la journée à lire les témoignages de celles qui ont osé parler. A les relayer. Et à espérer que cela participe à changer les comportements.

Et je me trouve navrante dans mon incapacité à réagir.

Un autre élu enchaîne avec un “quand on voit Aurore, on a le bâton de Berger”. C'est gras, c'est vulgaire, c'est grossier. C'est pathétique. Il a l'âge d'être mon père (ils en ont un peu tous l'âge)…

Mais quand ça t'arrive, tu ne sais pas comment réagir. Tu es sidérée. Bloquée. Tu lui fous une claque ? Tout le monde te regarderait. Tu ne ris pas ? Tu n'es décidément pas faite pour la politique. Et puis, c'est drôle, non ? C'est un bon mot après tout. Tu te regardes.

Sur la page facebook de Rue89, il y a eu de nombreuses interventions contradictoires, comme dans plusieurs autres sites. Un des intervenants, Gregory Gégé, témoignant que le harcèlement peut aussi être contre les hommes, écrit:

Je suis un homme et on me prends aussi pour un coincé de service …. Par les femmes de la boîte

Je ne supporte pas qu'on traite un gars “d'avion de chasse ” ou qu'on vienne me dire que ce serait cool qu'on arrive tous en kilt …. Sans culotte bien entendu ….

Résultat : je ne parle plus aux femmes mis à part au niveau professionnel…

 Ce qui a provoqué la réaction de Stéphanie Bodo, qui semble outrée:

Gregory Gégé, auriez vous un probleme avec les femmes?… entre passer pour le “coincé de service” et se faire peloter par un vieux libidineux dans un metro ou dans un ascenceur, il y a un monde, non?

Une autre lectrice, Nathalie Schmitt, rappelle que les femmes ne sont pas les seules victimes de harcèlement sexuel:

Effectivement je ne nie pas contrairement à pas mal de féministes que l'inverse existe aussi. J'ai assisté à des attitudes professionnelles dérangeantes de la part de certaines femmes. Je me souviens avoir eu une discussion avec un collègue masculin en lui disant de faire attention. Le harcèlement sexuel et moral n'a pas de sexe… De même qu'il ne faut pas nier qu'il existe bien des hommes battus et des femmes violeuses ou incestueuses. Merci Gregory Gégé pour votre commentaire.

Emilie Jedrzejczak pointe le doigt sur le sentiment d'impunité qui pourrait justifier le comportement condamnable de certains hommes politiques à l'égard des femmes:

Tant que les politiques se sentiront au dessus de tout le monde et des lois, à tous les niveaux, le pays n'avancera pas d'un millimètre… A quand des gens normaux pour nous gouverner ?! Qui ont de l'expérience, qui ont du transpirer pour gagner leur vie ! A part nous faire vomir ils servent à quoi ?

L'omertà qui couvre les agissements des politiques est confirmée par le comportement de Mme Emmanuelle Cosse, Ministre du logement, conjointe de M Baupin, qui a été à la tête du parti Europe Ecologie-Les Verts, de novembre 2013 à février 2016, lorsque son mari humiliait des collègues, selon le blog decryptnewsonline.com, selon un témoin direct:

“Quand il y a eu des allusions à ça, assez récemment lors d'un conseil fédéral, à la surprise générale, la personne qui est montée à la tribune pour demander qu'on arrête de discuter de ça, c'est sa compagne, c'est Emma Cosse qui a dit : ‘stop, j'ai interdit qu'on poursuive ce débat. On réglera ça ailleurs et dans d'autres conditions'”
Lamourere Odile pense aux femmes qui n'ont pas la chance d'être au centre de l'attention des medias qui souffrent chaque jour de harcèlement ou d'autres comportements déplacés de la part de leur patron:

Ca commence à bien faire…..pensons aux femmes au smic qui n'ont pas le pouvoir de réagir… et pour qui dénoncer équivaut a être sur la paille.. Les femmes qui montent au créneau actuellement ont les moyens de se défendre…Signé: une féministe 1ère génération !

 Avant M. Baupin, d'autres hommes politiques membres du gouvernement français avaient eu des comportements déplacés. Daniel Schneidermann écrit dans un billet publié sur le site arretsurimages.net:

Un an plus tard, parait le livre de deux journalistes, Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri. Dans leur version, Sapin (désormais nommé) aurait “fait claquer l'élastique de la culotte” de la journaliste incriminée. Avec ce claquement de l'élastique, l'affaire prend une autre dimension. Mais voilà que l'élastique est contesté, par les mêmes journalistes du collectif “Bas les pattes”, selon lesquelles Sapin, en réalité, aurait touché “le bas du dos” de la journaliste. “Il n'y avait ni culotte, ni string, ni élastique”précisent les journalistes du collectif. “Le bas du dos” étant l'euphémisme habituellement employé pour désigner les fesses, le mystère s'accroit.

La décence aurait voulu que ces hommes du pouvoir aient un profil bas, mais sans doute poussés par le sentiment d'impunité, ils essaient d'imposer l'omertà à ceux qui veulent dénoncer les accusations mues à leur encontre:

Que s'est-il passé dans l'esprit d'un élu de la nation pour qu'il s'attaque directement à un principe démocratique fondateur de notre République : la liberté de la presse ? Par deux fois, Denis Baupin, via son avocat, a tenté de faire l'omerta sur une enquête menée à son encontre pour des faits de harcèlements et d'agressions sexuelles.

Mais il y a des femmes qui se sentent humiliées par la dénonciation d'actes immoraux. Voici un commentaire sur Twitter de l'élue Christine Boutin  que signale :

 Cela prendra du temps pour arriver à éliminer ces comportements déplacés des hommes du pouvoir, mais au moins en dénonçant les auteurs d'actes déplacés, les victimes pourraient voir leurs bourreaux affrontés les rigueurs de la loi. Dans le cas de M. Denis Baupin, le parquet a ouvert une enquête.