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Mexique : se souvenir des sans-abris

mardi 4 novembre 2014 à 12:13
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Photographie du profil de El Caracol sur Facebook

Au Mexique, le Jour des Morts vient d'avoir lieu. Comme chaque année, il marque le début du jeu de billes #ChirasPelasCalacasFlacas, une initiative de l'association El Caracol (l'escargot) qui veut réduire les risques pouvant causer la mort des sans-abris.

Les sans-abris de Mexico sont discriminés, on peut l'observer dans le refus de leur fournir des soins, comme le cas de Susana que raconte Luis Enrique Hernández : elle est décédée de complications lors de son accouchement “parce que le personnel de l'Hôpital des femmes et de l'Hôpital Gregorio Salas ont refusé de la prendre en charge. Elle est décédée à quatre heures du matin devant l'hôpital.”

Pour parler des risques de décès et de la façon de les éviter, les organisateurs de Chiras Pelas Calacas Flacas rendent visite à des groupes de sans-abris de Mexico. Ils gardent aussi trace des décès dont les gens pourraient se souvenir et en écrivent les nécrologies pour les afficher dans les églises. Cette campagne a reçu une mention honorable au Prix de l'UNICEF 2009 pour son innovation et sa créativité dans l'utilisation des traditions mexicaines pour défendre le droit de vivre.

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Jeu de billes. Photographie du profil de El Caracol sur Facebook.

L'association invite tous les citoyens mexicains à se joindre la campagne. Elle permet de télécharger le formulaire de nécrologie sur http://bit.ly/1qYge7J. Imprimée, on peut y ajouter des noms qui figurent sur le site et la porter dans une église, puis poster une photo avec le mot-clic #GritaMuerteCero (Criez zéro décès).

‘Nous voulons vivre': des milliers de Syriens souffrent de la faim et de la soif à Yarmouk assiégée

lundi 3 novembre 2014 à 22:02
Kafranbel stands in solidarity with Yarmouk, with a banner that reads: Yarmouk's stomachs are filled with dignity, you bastards. Source: The We Want to Live campaign's Facebook page

Kafranbel est solidaire de Yarmouk. Sur la pancarte il est écrit: “A Yarmouk on se nourrit de dignité, salauds.” Source: page Facebook de la campagne ‘We Want to Live’

Ce post a initialement été publié sur SyriaUntold.

Avec l'aggravation quotidienne de la tragédie syrienne, l'attention internationale se focalise de plus en plus sur les affrontements géopolitiques et militaires. Les autres problèmes restent ignorés malgré leur importance. On peut citer le problème du siège du camp palestinien de Yarmouk qui dure depuis plus d'un an. La dernière conséquence du siège de Yarmouk c'est la soif, dont souffrent les habitants depuis plusieurs semaines.  We Want to Live: Thirst Under Siege (Nous voulons vivre : la soif pendant le siège) tel est le nom donné à une campagne populaire lancée pour attirer l'attention sur ce problème crucial.

Le camp de Yarmouk, implanté dans la capitale syrienne de Damas, abritait autrefois 160.000 Palestiniens et Syriens. Aujourd'hui, seuls 18.000 réfugiés vivent encore dans le camp assiégé.

La campagne a été lancée par de jeunes Syriens et Syro-Palestiniens de l'intérieur et de l'extérieur du camp. Elle a pour objectif d'attirer l'attention sur les représailles employées par le régime contre Yarmouk. “Ses habitants sont poussés à mourir de faim, de soif et de maladie”, dit l'un des organisateurs de la campagne à Syria Untold. “L'état de siège est en cours depuis longtemps, mais la situation a empiré depuis que le régime a coupé l'approvisionnement en eau.”

Yarmouk est partiellement en état de siège depuis le 17 décembre 2012, et totalement assiégé depuis le 17 juillet 2013. Au moins 170 personnes sont mortes de faim, et plus de 20.000 subissent encore l'état de siège. La ville a dû aussi supporter des attaques répétées, des raids aériens et des bombardements à l'arme lourde sur des bâtiments civils, des écoles, des hôpitaux et des mosquées.

Pour faire face aux coupures d'eau, la plupart des habitants de Yarmouk doivent aller puiser l'eau dans des puits et traverser tout le camp pour la rapporter chez eux. L'eau n'est pas potable et ceux qui la boivent tombent malade.

One of the We Want to Live campaign' designs. Source: the campaign's Facebook page

L'un des visuels de la campagne ‘We Want to Live'. Source: page Facebook de la campagne

La campagne We Want to Live (Nous voulons vivre) fait preuve d'une grande créativité ciblée sur Yarmouk, des brochures et affiches qui parlent de la tragédie de la faim et de la soif, et aussi des pièces de théâtres jouées dans le camp. Avec pour objet de provoquer la solidarité avec la population assiégée, les activistes utilisent internet pour partager des images et des messages en provenance de Yarmouk et inciter tout le monde à partager et diffuser la campagne. Des centaines d'internautes se sont photographiés par solidarité avec le camp et ont partagé leurs photos sur Facebook et Twitter, sous les hashtags #LetUsBe et #thirst_under_siege.

“Nous ne voulons que ce que nous méritons : vivre dans la dignité”, est l'une des affiches brandies par les habitants de Yarmouk. La ville de Kafranbel, connue pour ses slogans pleins d'humour, a réagi en partageant le message suivant, qui vise clairement le régime:

A Yarmouk on se nourrit de dignité, salauds.

Ce post a initialement été publié sur SyriaUntold.

La Zambie fête ses 50 ans : les Zambiens s'interrogent sur leur pays

lundi 3 novembre 2014 à 15:39

Fête nationale de la Zambie l'année dernière à Lusaka. 24 octobre 2013, photo par Owen Miyanza. Demotix.

La Zambie a célébré son jubilé d'or le 24 octobre. Les célébrations de cette année ont vu, pour la première fois en 50 ans d'indépendance, l'absence du chef de l'état en exercice lors des festivités. Le président Michael Sata (depuis décédé) était à l'étranger pour ce que son entourage a appelé un “contrôle médical.”

Les Zambiens du monde entier ont célébré la fête avec de la nourriture, le déploiement des couleurs nationales et tout ce dont ils pouvaient disposer, mais ils ont aussi soulevé quelques observations sérieuses autour du passé et de l'avenir du pays.

Le logo officiel du jubilé d'or de la Zambie.

Le logo officiel du jubilé d'or de la Zambie.

Le critiques les plus sérieuses sont venues de l'opposition: M. Hakainde Hichilema, le chef du United Party for National Development (UPND) [Parti unifié pour le développement national], a invité la population à s'habiller de noir pour les commémorations et à ne pas célébrer l'évènement : 

Est-ce que les combattants de la liberté envisageaient ce que ce pays aurait été après 50 ans ? Est-ce ce qu'il est aujourd'hui ? Depuis que le PF est arrivé au pouvoir sur un programme de mensonges et de tromperies, le pays a subi la répression, des violations des droits fondamentaux de l'homme, la négation des libertés, la partialité des médias publics, la brutalité de la police, de la violence politique à des niveaux sans précédent. Je n'aurais jamais pensé de vivre après 1991 et voir un pays où il y a tant de violence politique.

Certains utilisateurs zambiens des médias sociaux ne sont pas d'accord avec M. Hichilema, qui a passé la journée à réconforter les déçus et distribuer des sacs de farine de maïs et de l'huile de cuisine. C'est M. Canicius Banda, l'un des deux vice-présidents de l'UPND, qui a attiré le plus l'attention à propos du jubilé d'or de la Zambie par une question publiée sur Facebook. M. Banda a invité les citoyens à réfléchir un peu plus à propos de la fête, à savoir si à l'anniversaire de l'indépendance on célébrait un simple écoulement du temps, ou les réalisations du pays depuis cette chaude nuit d'été d'il y a 50 ans, lorsque la Rhodésie du nord est devenue la République de Zambie. Il a écrit [lien non disponible actuellement]:

A L'OCCASION DU JUBILÉ D'OR de la ZAMBIE [nous devons nous réjouir de l'écoulement du temps et non des réalisations/ des programmes des partis]: M. Vernon Mwaanga, un de des combattants de la liberté de la Zambie et un des dirigeants politiques, remarque dans son livre, “The Long Sunset”, que: “… les colonialistes sont partis il y a plus de 40 ans et comme dans le cas de nombreux pays africains, nous ne pouvons plus les blâmer pour nos malheurs. L'esclavage fait partie de notre douloureux passé. Maintenant, nous devons transformer nos pays et avancer vers la modernité, corriger nos erreurs du passé, mais aller de l'avant tout le temps … . ” Le vice-président Guy Scott, cinquante ans après l'indépendance, il y a seulement une semaine, commentant le budget national 2015 disait : «Nos priorités en tant que nation sont mal définies. Au lieu de lutter contre le chômage, nous nous concentrons sur l'inflation à un seul chiffre ; pendant ce temps des Zambiens survivent dans les marécages de Lukanga en mangeant des scorpions. Ce n'est pas juste.”

 M. Alexander Chikwanda, ministre des Finances, il y a quelques semaines, déclarait que: “Nous avons raté le progrès dans ce pays en raison de l'échec du leadership.” M. Chikwanda voit juste dans son diagnostic. Au moment où nous entamons une nouvelle période de 50 ans, nous avons besoin d'une nouvelle race de dirigeants jeunes, patriotiques, nationalistes, bien préparés et intelligents, craignant Dieu. C'est là notre prière. Seigneur écoute-nous ! Et nous sommes sûrs qu'IL va répondre à notre prière. Ces temps difficiles, ces temps de la duperie doivent absolument finir !

M. Michael Chishala, dans une contribution sur le site d'informations en ligne Zambie Watchdog, a écrit:

Après 50 ans d'autonomie, il est honteux que nos statistiques économiques soient semblables à celles de pays déchirés par la guerre, dont certains sont en train de réussir mieux que nous dans de nombreux domaines. Chaque gouvernement zambien a attribué à autrui le gâchis que nous avons causé. Ils sont élus pour apporter des changements, mais ils n'y parviennent pas, alors que nous, citoyens, ne faisons pas assez pression sur eux. Il est temps que nous, de la nouvelle génération, apportions le changement.

M. Chishala a ensuite suggéré quelques pistes à la Zambie :

Je crois qu'il doit y avoir un changement dans les idées et les attitudes. Les Zambiens devraient d'abord se rendre compte qu'ils devraient prendre leur vote au sérieux et ne pas être le paillasson des hommes politiques beaux-parleurs. Ils devraient adopter une attitude critique et analyser soigneusement les programmes des candidats potentiels … de la société civile, de l'Eglise, des partis politiques et nous devons tous exiger une réduction drastique des pouvoirs de l'exécutif, sans doute le plus grand problème.

Dans une lettre pastorale commune à l'occasion de la fête, les trois églises “mères” en Zambie – la Conférence épiscopale, le Conseil chrétien et l'Alliance évangélique - ont souligné la nécessité de réduire de la pauvreté comme une priorité absolue:

Le défi reste cependant encore pour la Zambie de mettre en place de meilleures politiques de redistribution de sorte qu'à la majorité pauvre et plus vulnérable de notre société ne soit pas laissé que le rôle de simple spectateur dans les activités économiques. En d'autres termes, le boom économique du pays n'a de sens que s'il permet de réduire considérablement la pauvreté pour les Zambiens et assure une participation active de la majorité des citoyens. Malheureusement, ce que nous voyons se réaliser est l'écart sans cesse grandissant entre les riches et les pauvres et la marginalisation des zones rurales en termes de développement des infrastructures et des activités économiques.

Zambie : pourquoi ont-ils menti jusqu'au bout sur la santé du président Sata ?

lundi 3 novembre 2014 à 15:10

Cour suprême de Zambie se réserve présidentielle au pouvoir en cas de pétition, le 17 Février 2009, photo par Harrison Tuntu. Lusaka, Zambie. Demotix.

Laissés dans l'ignorance sur la maladie de leur président, les Zambiens étaient plus en colère que choqués d'apprendre que le cinquième président de la République, Michael Sata, affectueusement surnommé King Cobra, était décédé à Londres le 28 octobre.

Le gouvernement a récemment reconnu que le président était malade mais il a attendu jusqu'au 20 octobre, quatre jours avant le 50e anniversaire de l'indépendance de la Zambie, quand M. Sata a du être évacué en Grande-Bretagne pour un traitement médical d'urgence. C'est à ce moment que la présidence a déclaré laconiquement :

Son Excellence, M. Michael Chilufya Sata, Président de la République de Zambie, est parti  la nuit dernière pour une visite médicale à l'étranger [...] La Première Dame, Christine Kaseba, certains membres de la famille et son attaché de presse ont accompagné le chef de l'Etat.

Ce n'était pas le premier voyage du président à l'étranger pour rencontrer des médecins étrangers, mais c'était la première fois que les autorités admettaient officiellement que le Président Sata avait besoin de traitements médicaux. Dans le passé, son administration niait les rumeurs répandues par des membres du gouvernement à propos de sa santé chancelante, soutenant que M. Sata allait très bien et qu'il était occupé au travail. Cette année, le gouvernement avait déclaré aux journalistes que M. Sata avait passé un séjour de travail en Israël, bien plus tard, les médias israéliens ont rapporté qu'il était là pour recevoir un traitement médical.

La curieuse manière de gérer les relations publiques du gouvernement zambien ne sont pas passées inaperçues dans les médias sociaux. Sur Facebook, BM Jermaine Sikombe a reproduit la vague déclaration de la présidence annonçant le décès de Sata. M. Sikome se moque de sa formulation, invitant l'administration à assumer ses responsabilités d'avoir laissé l'opinion non informée de manière responsable:  

COMME VOUS LE SAVEZ, S. E. M.. MICHAEL CHILUFIYA SATA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE ZAMBIE RECEVAIT DES TRAITEMENTS MÉDICAUX À LONDRES, AU ROYAUME-UNI

IL A QUITTÉ LA ZAMBIE AVEC LA PREMIÈRE DAME ET D'AUTRES MEMBRES PROCHES DE SA FAMILLE LE 20 OCTOBRE 2014;

CEPENDANT, C'EST AVEC LE COEUR LOURD QUE NOUS NOUS ADRESSONS À VOUS AUJOURD'HUI, POUR INFORMER LA NATION QUE NOTRE BIEN-AIMÉ PRÉSIDENT ET LEADER MICHAEL CHILUYA SATA EST DÉCÉDÉ

M. Sikomb écrit :

Et puis quelqu'un sans aucune émotion et d'une manière confuse, commence à lire la déclaration…”Comme vous le savez, Son Excellence M.. Michael Chilufya Sata, … .. “.

Que savions-nous et qui nous a dit qu'il était à Londres ? Pouvons-nous arrêter désormais cette comédie ??

Sur sa page Facebook, M. Emmanuel Mwamba, l'ancien porte-parole du deuxième président de la Zambie, feu Frederick Chiluba, a écrit:

Lorsque les Zambiens ont découvert les images tristes d'un président fragile et clairement souffrant en avril 2014, qui ont  immédiatement suscité des sentiments d'inquiétude et d'anxiété, les responsables gouvernementaux ont minimisé leurs préoccupations.

Le ministre des Affaires étrangères M. Harry Kalaba a régulièrement fait des déclarations ridicules à Radio Phoenix telles que “les dirigeants de l'opposition qui mettent en cause la santé du président Sata sont malveillants”. ”Sata survivra aux ennemis qui lui souhaitent la mort”, “le président Sata jouit de la meilleure santé “.

Ce qui a suscité la préoccupation, c'est la manière dont le Président Sata a été trimballé en Afrique du Sud, en Inde, au Royaume-Uni et en Israël, secrètement et silencieusement.

Récemment, le pays a retenu son souffle quand le Président Sata a ouvert la quatrième session du Parlement le 19 septembre 2014. Il avait l'air sérieusement malade.

M. Sata avait disparu de la scène publique [fr] en juin dernier, après avoir rencontré une délégation de hauts fonctionnaires chinois. Il est brièvement réapparu à l'ouverture officielle de la session parlementaire 2014-2015, où il n'a pas lu le discours préparé. Il s'est ensuite rendu à New York pour comparaître devant l'Assemblée générale des Nations Unies, mais il a raté l'heure qui lui était allouée pour prononcer son discours.

Les déclarations publiques de responsables zambiens sur la santé de Levy Mwanawasa, troisième président du pays, qui est mort en exercice d'un AVC en 2008 étaient également trompeuses.  Mwanawasa était dans un lit d'hôpital quand son vice-président, Lupando Mwape, déclarait aux médias que le président faisait son jogging à Londres.

En juin 2008, le Président Mwanawasa s'est effondré lors d'une réunion de l'Union africaine en Egypte. Il a été transporté en France, où il est mort quelques semaines plus tard [fr].

La joie maligne russe devant les déboires spatiaux des USA

lundi 3 novembre 2014 à 10:32
Images edited by Kevin Rothrock.

Montage d'images par Kevin Rothrock.

Le nuage du lancement manqué, mardi, de la fusée-cargo en Virginie n'était pas encore dissipé, qu'en Russie nombre d'organes de médias, de blogueurs nationalistes et de simples internautes rayonnaient déjà de fierté nationale. Les Américains avaient foiré, qui plus est dans le domaine des fusées, où la fierté patriotique des Russes est particulièrement élevée.

Lesdits médias ont déterré des preuves que les composants de la fusée Antarès ne sont pas russes, même si le lanceur comporte bien un moteur NK-33 de conception russe, modifié par des ingénieurs américains et ukrainiens. [La chaîne TV russe d'informations internationales en anglais] RT se fait descendre en flammes en ligne depuis que les utilisateurs des médias sociaux ont relevé que la fusée Antarès y était décrite comme une “fusée russo-américane” en 2013, après plusieurs lancements réussis, mais s'est soudain transformée en lanceur “américano-ukrainien” après son explosion.

Un utilisateur de Twitter écrit :

Quelles ordures hypocrites ceux qui travaillent à RT. La fusée est lancée avec succès : elle est russe. Elle explose en vol : elle est ukrainienne. [Titre à gauche : “Lancement de la fusée russo-américaine Antarès à la Station spatiale internationale réussi”. Titre à droite : “Le lanceur spatial américano-ukrainien Antarès a explosé sur le pas de tir dans l'Etat de Virginie.”]

D'une certaine manière, le lancement avorté de la fusée américaine a rallumé la fierté soviétique pour le programme spatial russe. Même si c'était sans doute prévu de longue date, la Russie a dévoilé le logo de sa Coupe du Monde 2018 à bord de la Station spatiale internationale, quelques jours après l'explosion de la fusée Antarès.

Sur Twitter, Dmitri Rogojine a rapproché l'échec d'Anttarès aux Etats-Unis du lancement réussi de Soyouz-2 en Russie quelques jours après. Mettant l'explosion d'Antarès sur le compte d'une relation empoisonnée entre Kiev et Washington, Rogojine plaisante :

Les USA envoient à l'Ukraine des barres défectueuses pour ses centrales nucléaires, et en retour ils reçoivent des moteurs défectueux pour leurs fusée. Quelle amitié !
[Légende de l'image : "Comment ils envoient les cargaisons à la station spatiale internationale…U.S.A. / Ukraine (Antarès) … Russie (Soyouz-2.1a)".]

Le populaire blogueur pro-Kremlin Anton Korobkov-Zemlyansky a lui aussi saisi l'occasion de moquer les Etats-Unis après le lancement manqué de la fusée, qu'il compare au naufrage du Koursk en 2000, quand Vladimir Poutine a répondu “il a coulé” à la question du célèbre présentateur américain Larry King sur ce qui était arrivé au sous-marin.

“Qu'est-ce qui est arrivé à votre fusée, Barack ?”
“Elle est tombée”.

Un autre utilisateur a attribué l'explosion aux “climatisateurs ukrainiens”, allusion aux affirmations douteuses du gouvernement ukrainien en juin qu’un climatisateur défectueux avait attiré un missile thermoguidé tiré par les séparatistes. (L'explosion avait fait huit morts.)

Ça n'est pas aussi simple !
[Légende de l'image : "Les climatiseurs ukrainiens à la conquête de l'espace !"]

Sans égards pour la tragédie humaine, de nombreux internautes ont rapproché l'explosion d'Antarès avec l'avion abattu en vol de la Malaysian Airlines. La grande majorité des Russes accusent de la catastrophe l'armée ukrainienne (et non les séparatistes pro-Russes de l'Ukraine orientale), et beaucoup d'internautes russes considèrent l'idée d'une implication russe comme une mascarade. L'usager de Twitter Alexeï Bouchouev, par exemple, a plaisanté que l'Occident n'allait pas tarder à accuser l'armement russe de l'échec d'Antarès :

Des photos sont apparues sur le site des services de sécurité ukrainiens d'un système de missile BUK faisant mouvement du lieu de chute de la fusée Antarès vers la frontière russe.

Des blogueurs se sont amusés à mélanger ces ingrédients :

DERNIERE HEURE ! Selon Kiev, l'Antarès américain a été abattu par les séparatistes avec un système de missile BUK , on considère aussi une version avec un climatiseur.

La Russie a récemment déménagé en Crimée son programme d'entraînement d'astronautes étrangers. Le vice-premier ministre russe a suggéré que les USA envoient leurs astronautes dans la station spatiale inernationale par “trampoline” au lieu d'utiliser les fusées russes. Après les accusations gratuires sur l'accident d'Antarès et une rumeur de propositions de contre-sanctions russes supplémentaires qui limiteraient la coopération internationale pour la station spatiale internationale, les perspectives de collaboration entre USA et Russie dans l'espace s'amenuisent rapidement.

Dans la Russie d'après-Crimée, le moindre incident semble susceptible d'exciter la ferveur patriotique. Qu'il s'agisse des événements de Ferguson de la décapitation d'un journaliste américain, les internautes russes commentent avec empressement—et parfois avec un malin plaisir—chaque mauvaise nouvelle en provenance des Etats-Unis. L'héritage de la guerre froide fait du voyage dans l'espace une mèche de choix à allumer.