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Cuba : Nombreuses arrestations pour la Journée internationale des droits humains

dimanche 22 décembre 2013 à 15:40

[Liens en espagnol sauf mention contraire] Lors de la Journée des droits humains de cette année, des dizaines, voire des centaines de personnes – y compris des rockers punks, des intellectuels, des dissidents et quelques touristes argentins – ont été arrêtées à Cuba.
Plusieurs personnes ont été arrêtées et retenues en garde à vue devant le domicile de Antonio Rodiles, assiégé pour avoir l'organisé le forum intellectuel indépendant Estado de SATS, à forte présence sur le Web. Rodiles a tenu une petite conférence de deux jours sur les droits de l'homme à son domicile de La Havane, qui est devenu une plaque tournante de l'activité militante et policière les 10 et 11 décembre.
Les utilisateurs de Twitter ont signalé que dans toute La Havane, des militants de l'opposition qui essayaient de prendre part aux événements de la Journée des droits de l'homme ont été arrêtés et placés en détention par des agents de sécurité de l'État. Des informations contradictoires ont rendu difficile la connaissance précise du nombre de personnes arrêtées. Selon des informations fournies par des amis de Rodiles, des agents de sécurité de l'Etat ont encerclé sa maison la veille du début de l'événement, arrêtant les personnes qui s'y rendaient.

Nous saluons le congrès du parti.” Une manifestation pro-gouvernementale en 2011 à la Havane. Photo de Reno Massola, marqué pour réutilisation.

Le lendemain matin, les organisateurs ont fait face à un nouvel obstacle : les adolescents. Un groupe d'élèves du secondaire est arrivé devant la maison de Rodiles et y est resté toute la journée, se livrant à différents jeux, chantant et récitant des slogans politiques.
L'artiste et blogueuse de l'opposition Lia Villares décrit une scène absurde de blogueurs, militants, amis et familles réunis à l'intérieur de la maison de Rodiles essayant de se concentrer sur leurs conversations, tandis que les élèves chantaient bruyamment et scandaient des slogans patriotiques à l'extérieur. Villares soupçonne que les élèves y ont été envoyés par la Sécurité d'Etat, dans une tentative délibérée de perturber l'événement. Elle a tweeté :

Ils ont fait venir un groupe d'élèves du secondaire devant la maison, manipulation typique, la SE [sécurité de l'Etat] ne montre pas son visage, elle utilise des mineurs à leur place.

Quelques heures plus tard, elle a continué :

#DDHHCuba2013 les élèves du secondaire récitent de la poésie et jouent des sketchs sur les droits des enfants, en criant “fidel” et chantent en choeur

En sortant de la maison, plusieurs participants ont été arrêtés, y compris Rodiles. Boris Larramendi, un musicien cubain basé en Espagne qui a joué lors de l'événement, raconte sur Diario de Cuba :

Llevaban rato allá afuera, pensábamos que no iban a hacer nada (las autoridades) delante de todos esos niños, pero de pronto miro y veo que hay una molotera, que les están dando golpes y que los están arrastrando.

Ils sont restés à l'extérieur pour un peu de temps et nous avons pensé qu'ils n'allaient pas faire quoi que ce soit devant tous ces enfants, mais lorsque j'ai regardé, j'ai vu qu'il y avait tout un tas de gens, qu'ils frappaient et traînaient.

Parmi les autres personnes arrêtées il y a les blogueurs Calixto Martinez, Walfrido López et le cinéaste Kizzy Macias. De nombreuses sources ont signalé l'arrestation du musicien punk rock engagé Gorki Aguila, qui a été arrêté et emprisonné à plusieurs reprises ces dernières années. D'autres arrestations ont eu lieu à travers la ville, mais il est difficile de suivre et de vérifier les informations. Le quotidien Miami Herald [anglais] estime que plus de 150 arrestations ont eu lieu au total, et signalé le 12 Décembre que la police avait libéré tous ceux qui étaient en garde à vue le 10 et le 11 décembre.
Les arrestations ne se sont pas limitées aux Cubains – deux touristes argentins, militants actifs de Propuesta Republicana (de droite) [fr] qui avaient entendu parler de l'événement en ligne, ont été arrêtés peu de temps après leur arrivée. Un groupe d'étudiants des États-Unis, parcourant le monde grâce au programme de tourisme universitaire Semestre en mer [fr] qui avaient réussi à trouver leur chemin pour assister à l'événement, ont été épargnés de détention.
Yohandry Fontana, une mystérieuse figure en ligne, considérée par beaucoup comme la voix numérique de sécurité d'Etat, a tweeté que Rodiles a été arrêté “pour s'en être pris à des enfants” dans la rue.

Je confirme que Antonio Rodiles a été arrêté pour avoir agressé et insulté des enfants qui jouaient dans la rue, dans le cadre de leur journée récréative

Bien que les amis de Rodiles aient enregistré des images de l'événement avec une caméra, la vidéo a été montée de façon trop orientée pour que l'authenticité de la séquence filmée à l'origine soit vérifiable.
Iroel Sanchez, un blogueur pro-gouvernemental au franc-parler, a écrit un long billet dénonçant les militants et les médias étrangers qui dépeignent le cirque à l'extérieur de la maison de Rodiles comme une injustice. Il décrit les organisateurs du forum comme “ceux qui demandent un durcissement du blocus, qui se présentent comme des terroristes et reçoivent des outils technologiques et de l'argent pour rapporter des mensonges sur Cuba “. Dans la même veine, Yohandry Fontana a tweeté plus tard :

Antonio Rodiles es un pagado por la Fundación Cubano Americana (terroristas) para provocar violencia en #Cuba #DDHHCuba

— Yohandry Fontana (@Yohandry8787) December 11, 2013

Antonio Rodiles est payé par la Fondation nationale cubaine (des terroristes) pour provoquer la violence à #Cuba # DDHHCuba

Rodiles est depuis un certain temps la cible des services de sécurité et il a été arrêté dans le passé. Il y a des preuves que Rodiles communique et partage des informations avec les organismes gouvernementaux des États-Unis qui parrainent les programmes de “développement de la démocratie” à Cuba, une activité controversée qui est interdite par le gouvernement cubain. L'allégation de Fontana qu'il est lié à la Fondation nationale cubano-américaine, basée à Miami, qui soutient et conseille, de longue date, les législateurs fédéraux conservateurs en Floride du Sud, n'est pas une affirmation sans fondement. Mais le type d'efforts et de plaidoyer de Rodiles ainsi que le ton des débats intellectuels qu'il soulève ne sont pas entièrement compatibles avec ceux de la vieille garde de la communauté en exil de Miami. Les messages de Rodiles sont souvent ancrés dans la doctrine internationale des droits de l'homme – ce sont la liberté d'expression et l'accès à l'information qui caractérisent son style.
Alors que beaucoup de personnes parmi les plus éminents défenseurs des droits humains de l'île sont maintenant connus pour recevoir le soutien du gouvernement des États-Unis, il y en a qui veulent véritablement un changement, mais ne souhaitent pas s'associer à des intérêts étrangers pour cela. C'est cette petite minorité qui peut s'avérer plus intéressante dans l'avenir politique proche de Cuba.

Le “Bon Tsar” Poutine gracie Khodorkovski

dimanche 22 décembre 2013 à 13:45
Journalists jockey for Putin's attention during a 4 hour press conference. Photo Kremlin.ru.

Des journalistes cherchent à attirer l'attention de Poutine pendant une conférence de presse de quatre heures. Kremlin.ru.

Au cours des années, les conférences de presse du Président Poutine ont acquis auprès des drogués russes de la politique une réputation détestable d'extrême longueur. Sa dernière en date, celle de fin d'année du 19 décembre 2013 a totalisé la durée respectable de quatre heures et cinq minutes. Poutine a répondu à des questions sur Edward Snowden (qu'il a appelé un “homme étrange”), les relations internationales (il a qualifié l'Iran de “partenaire prioritaire”) et le rapport que devraient avoir les Russes avec leur passé (Staline, a-t-il expliqué, n'était pas pire comme “dictateur sanguinaire” qu'Oliver Cromwell, qui a beaucoup de statues au Royaume Uni). Comme il est aussi d'usage à ce genre de rencontre, Poutine a prêté l'oreille à une litanie interminable de requêtes et de plaintes de  journalistes de la presse régionale sur l'infrastructure, la corruption et le chômage, qu'il a selon l'usage promis d'améliorer. 

A un moment, Poutine a été interrogé par Diana Khatchatrian de Novaïa Gazeta [russe] sur la réalité d'une rumeur de “troisième procès Ioukos.” Une nouvelle affaire judiciaire impliquant les dirigeants de la défunte compagnie pétrolière était dite dans les tuyaux, moyen de maintenir derrière les barreaux l'ancien patron Mikhaïl Khodorkovski, naguère homme le plus riche de Russie et rival politique de Vladimir Poutine. Khodorkovski, dont la condamnation a déjà été prolongée une fois, est en prison depuis 2003 et sa libération est prévue en 2014. Poutine s'est montré évasif, remarquant [russe] que si personnellement il ne croyait pas à un tel procès, la décision relevait en fin de compte du bureau du procureur.

Mikhail Khodorkovsky - Russia's most famous prisoner. Photo CC2.0 Wikicommons

Mikhaîl Khodorkovski, le prisonnier le plus célèbre de Russie. Photo CC2.0 Wikimedia Commons.

Bizarrement, Poutine n'a pas saisi cette occasion d'annoncer ce qui serait le plus gros scoop de la journée : son affirmation que Khodorkovski lui avait écrit personnellement pour demander sa grâce et que Poutine allait la signer. Au lieu de quoi, Poutine a attendu la fin de la conférence de presse et en a parlé incidemment à un groupe de journalistes. La nouvelle que Khodorkovski aurait admis sa culpabilité (il a toujours soutenu qu'il était innocent et que sa détention était à motivation politique) et serait aussitôt relâché a plongé l'internet russe dans des abîmes de spéculations.

Poutine explique aux journalistes que Khodorkovski a signé une lettre de demande de grâce et qu'il se dipose à la lui accorder.

Plus étrange encore peut-être que le style cavalier de l'annonce, les avocats de Khodorkovski eux-mêmes ont été pris de court. La journaliste russo-américaine Julia Ioffe a tweeté qu'elle était assise à côté de l'avocat de Khodorkovski Vadim Kliouvgant, au moment de l'annonce :

J'étais à côté de Kliouvgant quand il a reçu cette nouvelle sur son client. Sa surprise était aussi grande que la mienne.

Mais après les déclarations publiques des avocats indiquant qu'ils n'avaient eu connaissance d'aucune demande de grâce, le communiqué suivant [russe] est apparu sur la page Fzcebook officielle de Khodorkovski :

До встречи Михаила Ходорковского с его адвокатами все ранее данные ими комментарии, касающиеся прошения о помиловании, недействительны.

Jusqu'à la rencontre de Mikhaïl Khodorkovski avec ses avocats, toutes leurs déclarations antérieures concernant son recours en grâce sont nulles et non avenues.

L'oligarque russe et ex-candidat à la présidentielle Mikhaïl Prokhorov, qui a fait du lobbying pendant quelque temps pour la remise en liberté de Khodorkovski, s'est naturellement réjoui [russe] :

La principale nouvelle, c'est la grâce de Khodorkovski. Est arrivé ce qui aurait dû arriver depuis des années. Je me réjouis pour Mikhaïl et sa famille.

Sergueï Jelezniak [russe], un député à la Douma du parti au pouvoir Russie Unie, a aussitôt vanté la clémence de Poutine, en annonçant dans un billet d'autosatisfact(ion sur Facebook [russe] :

Готовность Президента удовлетворить прошение о помиловании, также, как и широкая амнистия к 20-летию Конституции России, [...] подтверждение того, что Россия все больше становится цивилизованным, правовым и социальным государством.

La disposition du Président à satisfaire le recours en grâce, de même que la large amnistie pour le 20ème anniversaire de la Constitution, [...] est la confirmation que la Russie devient de plus en plus un Etat civilisé, respectant le droit et social.

Pour sa part, Vadim Soukhodolski [russe], membre du parti d'opposition PARNAS, a vu [russe] dans la mesure, comme dans beaucoup d'autres amnisties, un pur geste de communication :

La grâce de Khodorkovski, comme les amnisties pour les militants de Greenpeace et quelques prisonniers de Bolotnaïa n'est rien d'autre qu'une simulation de Poutine pour l'Occident avant les Jeux Olympiques de Sotchi.

L'écrivain et philosophe Sergueï Korolev [russe], qui vit à Moscou, partage ce cynisme [russe] sur les motivations de Poutine :

La grâce de Khodorkovski est peut-être liée à la compréhension que sa mère pourrait décéder pendant que son fils est en prison. Ce qui serait désastreux pour l'image de Poutine.

D'autres se sont plus intéressés aux motifs de Khodorkovski pour demander sa grâce qu'à ceux de Poutine pour l'accorder. Le journaliste et musicien de Touva Valeri Otstavnikh a tweeté [russe] :

Question complètement stupide. Si MBKh [Khodorkovski] a vraiment demandé la grâce de VVP [Poutine], pourquoi a-t-il attendu 10 ans ?

La libération de Khodorkovski n'a pas fait plaisir à tout le monde. Même si le soutien de l'opinion à sa remise en liberté a augmenté [russe] pendant sa longue incarcération, certains voient toujours en lui un membre de la classe honnie des oligarches qui a plongé le pays dans le chaos pendant les années 1990. Un utilisateur, qui tweete sous le nom de Human Zoo [russe], n'a à l'évidence pas été emballé [russe] par la nouvelle de sa libération imminente :

Je pense que Khodorkovski et ses semblables devraient pourrir dans les mines d'uranium en compagnie de Poutine.

Pas de liberté religieuse aux Maldives

dimanche 22 décembre 2013 à 12:46

Les Maldives occupent un rang élevé dans la liste des gouvernements qui restreignent la liberté religieuse. Les citoyens des Maldives doivent être musulmans et ne peuvent pratiquer une autre religion que l'islam. Les étrangers non musulmans ne peuvent voter, pratiquer ouvertement un culte, obtenir la citoyenneté, ou occuper des emplois publics. Le journaliste Hilath Rasheed note que les Maldives ne seront peut-être pas capables d'appliquer la liberté de religion dans les 50 prochaines années tant que la mentalité au sein des nouvelles générations de Maldives n'évoluera pas.

Deuxième tour de l'élection présidentielle à Madagascar

samedi 21 décembre 2013 à 22:18
Ballot Collecting in one polling station via Andrimaso with permission

Ouverture de l'urne dans un bureau de vote via Andrimaso avec permission

Les électeurs de Madagascar sont retournés aux urnes hier pour choisir leur prochain président. A l'issue du premier tour, deux candidats se sont retrouvés au coude à coude pour le compte de l'ex-président en exil Marc Ravalomanana et d'Andry Rajoelina, le tombeur de Ravalomanana dans un coup d'Etat appuyé par l'armée. Brian Klaas propose un bon raccourci de la situation sur le blog DemocracyinAfrica [anglais] :

Ce vendredi, Madagascar se rend aux urnes pour élire un nouveau président et un nouveau parlement. Le scrutin est le premier pas important vers la sortie de l'interminable ‘transition’ qui a débuté en 2009 lorsqu'Andry Rajoelina, un DJ de radio devenu maire, a renversé Marc Ravalomanana, un magnat de l'industrie laitière devenu président, dans un coup d'Etat militaire.

Ces deux personnages dominent la politique malgache, mais aucun des deux ne brigue la présidence—au moins pas directement. Au lieu de quoi, ils se sont substitué des candidats par procuration dans le cadre d'un accord marchandé à l'international pour mettre fin à l'impasse. Le Dr. Jean-Louis Robinson, un ancien ministre de Ravalomanana et fonctionnaire de l'OMS, concourt à la place de son ancien patron. Hery Rajaonarimampianina, ministre du Budget et des Finances dans le gouvernement d'après-putsch, le fait en lieu et place du Président de la Transition, A. Rajoelina.

Les électeurs malgaches ont suivi les deux candidats dans une suite de trois débats télévisés. Le premier n'a pas enthousiasmé, comme le raconte un article de Madagascar Tribune, car les deux candidats n'ont pas pris de risque et ont démontré leur absence d'idées originales :

Nous devons nous demander si les candidats ont vraiment la conviction que leurs idées seraient la solution à nos problèmes ou s’ils se contentent de répéter des solutions génériques que la communauté internationale et autres bailleurs de fond aiment entendre. (Pour être juste, les débats présidentiels peuvent aussi être utilisés pour envoyer des signaux forts pour attirer des partenaires potentiels, ou même des sponsors.) À certains moments, les candidats avaient l’air de répéter les mêmes programmes arrachés de placards à idées – il n’est pas juste de resservir le même vieux « tambavy » repackagé dans de nouvelles bouteilles et puis de clamer que « cette fois-ci c’est différent ». Pour les vingt millions et quelque de citoyens malagasy, cette fois-ci, ça devrait vraiment être différent. Lançons un défi aux candidats de sortir des sentiers battus et de montrer aux électeurs qu’ils sont aussi différents.

Le second débat, mené en français, s'est centré sur les dossiers internationaux. C'est lors du troisième débat que les candidats ont montré les dents. Mais les idées sont restées singulièrement absentes, la plupart des attaques étaient personnelles, de même que pendant toute la campagne, dont le ton était plus au carnaval qu'à la bataille d'idées. Récit, à nouveau, de Brian Klaas :

La campagne n'est guère allée plus loin que les duels mis en scène. La politique malgache ne repose pas sur des programmes, et peu pourraient prétendre voter à partir d'autre chose que le clientélisme et la personnalité. Les emblèmes actuels de la stratégie politique : ballons, danse et musique assourdissante, sont drôles, mais hélas la comédie peut devenir tragédie si Madagascar ne réussit pas à s'extraire de la misère par la construction de la démocratie et le développement.

Le spectacle continue, à voir comment les alliances se sont conclues entre les politiciens – d'anciens ennemis se sont promptement ralliés à l'un ou l'autre candidat- et comment Andry Rajoelina, supposé neutre, a apporté un soutien flagrant à son ex-ministre des Finances, Hery Rajaonarimampianina :

Pendant le scrutin, des irrégularités ont été rapportées sur Twitter.

Le camp du candidat à la présidence Jean Louis Robinson accuse l'équipe de son principal adversaire d'avoir acheté des votes dans le bureau de vote. Sur notre chemin.

Espérons que 2014 apporte paix et changement à Madagascar, dont les citoyens devront attendre janvier pour connaître les résultats du deuxième tour.

Elections de Madagascar : 7,6 millions d'électeurs ; 20.115 bureaux de vote ; résultats publiés en janvier

Niger : Trois actions pour améliorer la vie

samedi 21 décembre 2013 à 20:10
Power grid in Niger via the Mapping for Niger Project

Equipement de réseau électrique au Niger via the Mapping for Niger Project

On entend peu parler en bien du Niger en ce moment. La crise économique combinée à la menace du terrorisme peint de sombres perspectives pour une grande partie du pays. Pourtant, si on y regarde de plus près, on trouve des actions qui vont à contre-courant. Présentation de trois projets qui travaillent à une vie meilleure au Niger.   

Le programme Cuisiner avec une énergie sans danger

Chidimma C. Okeke de Niamey explique que le gouvernement du Niger a lancé le Programme Cuisiner avec une énergie sans danger [lien en anglais] pour en étendre le bénéfice à un demi-million de ménages : 

Le programme nouvellement lancé remplacerait l'usage traditionnel du feu de bois dans le reste des institutions publiques par des technologies efficaces de combustion du bois. Il construirait une usine de production de fourneaux dans le pays et créerait plus de 1.500 nouveaux emplois. Ce programme valorisera les femmes en les formant à la production et la vente de fourneaux. Il réduira aussi la déforestation.

Les nouveaux fourneaux sont étudiés pour réduire la mortalité attribuable à la fumée intérieure des combustibles solides, qu'on appelle aussi pollution intérieure de l'air au feu domestique. L'ONG internationale Sentinelles indique qu'on ne parle pas assez des feux domestiques à Zinder, au Niger :

Les enfants gravement brûlés sont malheureusement nombreux. Les «cuisines» des familles se composent généralement d’un simple feu de bois, où est posé le chaudron qui va servir de récipient pour préparer le repas familial. Souvent les enfants jouent autour du feu sans surveillance. Un coup de vent, un enfant trop près du feu, le pagne qui s'enflamme

Voici une vidéo du Service des grands brûlés à l'hôpital de Zinder au Niger, réalisée par Christian Lajoumard. C'est l'histoire de Rachida, 12 ans, et Hindatou, 5 ans, toutes deux victimes de brûlures :  

Rachida, 12 ans, est hospitalisée depuis 10 mois, les fesses et les deux jambes gravement brûlées. Pour tous soins médicaux, de la bétadine pour badigeonner ses plaies qui ne cicatrisent pas. Rachida, qui ne peut plus s’asseoir ni se coucher sur le dos, passe ses longues journées à plat ventre sur son lit d’hôpital sans pouvoir se mouvoir, sans jeux ni télévision pour se distraire. 

L'opération enregistrement des naissances

Dans toutes les régions du Niger, un programme d'enregistrement des naissances mené par l'administration nigérienne avec l'assistance logistique de l'UNICEF, promet un avenir plus sécurisé aux citoyens les plus jeunes du pays. Etre enregistré permet aux jeunes de s'inscrire aux examens, fréquenter l'université, obtenir une carte d'identité ou le permis de conduire. Cette vidéo montre le fonctionnement l'opération pour atteindre toutes les collectivités du Niger :

A Akoubounou, une commune de 47.000 habitants sur une superficie de 5.300 kilomètres carrés dans le Nord-Est du Niger, 600 enfants ont récemment reçu leur certificat de naissance distribué dans les écoles primaires. Sur le blog de l'UNICEF, Khamed Attayoub, le maire d'Akoubounou, rapporte [anglais] :

Dans le processus de décentralisation en cours, les communes ont une compétence forte pour l'état civil. Nous avons un rôle majeur à jouer, notamment dans la sensibilisation au niveau du village. Il est aussi important de s'impliquer dans le suivi, pour s'assurer de n'exclure personne.

Les tribunaux itinérants ont donné des audiences gratuites pour les jeunes non enregistrés. Entre 2009 et 2011, plus de 600.000 jugements ont été délivrés à des jeunes de moins de 18 ans.

Cartographier le territoire  

Affronter les défis liés à un territoire étendu est l'objectif du projet Cartographions pour le Niger, soutenu par un financement de Rising Voices [anglais]. L'opération est un partenariat entre le Département de Géographie de l’université Abdou Moumouni et des étudiants du Club de Géographie du campus qui ont formé ensemble une Communauté technique bénévole pour découvrir les besoins et les histoires de leurs communautés environnantes.

Par ailleurs, l'équipe utilise les outils de OpenStreetMap, pour cartographier des lieux importants comme écoles, rues et hôpitaux en ville et à la campagne, tout en écoutant, chemin faisant, les récits des gens. Un besoin récurrent des collectivités, l'accès à l'électricité, est détaillé dans le billet de blog d'Adama Salou :  

A l’instar des autres villages du canton de Gorouol, le village de Kolmane, un village ou je passais mes vacances, souffre d’une précarité électrique notoire. Le réseau électrique est quasis absent en dehors de quelques panneaux solaires et de générateurs des batteries. Quant à l’électrification des routes, le constat est amer et inquiétant. Cela occasionne souvent des attaques des bandits armés notamment sur l’axe Kolmane – Ayorou, long de 30 km.