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Mauvais diagnostic pour le faible niveau de l'enseignement au Malawi

dimanche 5 octobre 2014 à 12:38

Le débat sur la langue à utiliser à l'école au Malawi est en train d'attirer l'attention. Le gouvernement a opté pour l'anglais dès la première année d'école primaire. Steve Sharra ajoute sa pierre à l'édifice et soutient que les problèmes de l'enseignement au Malawi ont été incorrectement diagnostiqués :

De nombreux Malawites ont de bonnes raisons d'être satisfaits de la nouvelle politique promouvant l'anglais comme langue d'enseignement dans les écoles publiques malawites. Pour nous autres Malawites, la compétence en anglais résulte d'une bonne éducation. On considère cultivé quelqu'un qui parle bien anglais, ce qui est vrai dans la plupart des cas. Plus on passe de temps dans les écoles malawites, après le primaire et le secondaire, plus l'anglais s'améliore.

Pourtant, dans certains cas, ceci est trompeur. La question est plutôt de savoir quand l'équation “compétence en anglais = bonne éducation” est justifiée, et quand elle ne l'est pas. Elle est justifiée quand ce que quelqu'un dit démontre une capacité à raisonner et à résoudre des problèmes. L'anglais peut aussi être une mesure précise du niveau d'instruction de quelqu'un quand cette personne est capable de bien lire et écrire, analyser des informations et prendre des décisions éclairées sur la base de ces informations.

Dans cette catégorie très rare, chaque élève possédait un manuel.

Mais il faut souligner que chaque langue du monde possède les mêmes attributs qui peuvent en faire une mesure exacte d'une bonne éducation. C'est pour cette raison que les pays qui réussissent le mieux continuent à investir dans leurs propres langues. Une bonne éducation devrait permettre aux gens d'utiliser leur langue de façon significative dans leurs vies personnelles et dans leur participation à la vie citoyenne. Un pays ne peut se développer que quand la majorité de sa population a accès au savoir nécessaire pour faire changer leurs vies et leurs communautés. Quand ce savoir est dissimulé dans une langue que seule une élite restreinte peut comprendre et utiliser, la société stagne : il ne peut y avoir de développement sérieux et équitable.

Dans ce débat sur la langue de l'enseignement dans les écoles malawites, nous nous trompons de raison dans ce que nous percevons être un faible niveau d'enseignement. Nous pensons que le niveau est bas parce que les élèves sortent du système  scolaire sans savoir parler anglais.

Rumeurs et calomnies pour décourager la “révolution des parapluies” de Hong Kong

dimanche 5 octobre 2014 à 12:27
Pro-Beijing groups were mobilized to disperse the sit-in protesters and tear away their booths and blockades on 3 of October. Image from inmediahk.net

Les factions pro-Pékin ont été mobilisés le 3 octobre pour disperser les manifestants du sit-in et arracher leurs cabanes et barrages de rues. Photo : inmediahk.net

Les autorités et les groupements pro-Pékin ont fait appel à toute une gamme de moyens pour briser le rassemblement pacifique pro-démocratie dans le contre de Hong Kong, allant jusqu'à propager des rumeurs pour semer la méfiance dans les rangs des protestataires.

A l'apogée du mouvement de désobéissance civile, des dizaines de milliers de gens s'étaient rassemblés pour réclamer des élections libres à Hong Kong, mais après une semaine d'occupation des principales artères de la ville, la présence dans chacune des zones de manfestation rétrécit jour après jour. Le moral des organisateurs et des protestataires est sapé par les calomnies.

Le gouvernement de la ville a changé de tactique contre Occupy Central, le nom du sit-in réclamant un authentique sufrage universel : au lieu d'essayer de dissuader les protestataires à l'aide de gaz lacrymogènes, il joue l'enlisement et a retiré les policiers. Hier 3 octobre, les groupes pro-Pékin ont été mobilisés pour défier les manifestants.

Ces derniers jours, les autorités de Hong Kong ont tenu plusieurs conférences de presse pour décrire les effets de l'occupation sur les services médicaux d'urgence. Le chef adjoint des pompiers Joseph Leung Wai-hung a indiqué que le taux de réalisation de leurs normes de performance est tombé de 92,5 % à 60-75 % à cause des rues barrées, le retard le plus grave atteignant 43,5 minutes.

Des sources anonymes internes aux services d'urgence ont pourtant rejeté les chiffres officiels comme étant une “vérité partielle” visant à désinformer le public.

Un agent des services d'urgence a écrit à la plateforme de média citoyen inmediahk.net pour souligner que le taux de performance tombe à chaque fois qu'il y a un incident avec de multiples blessés. Un jour ordinaire, il y a une quarantaine d'interventions d'urgence dans la totalité de l'île de Hong Kong. Mais du fait de l'usage par les policiers de sprays au poivre le 26 septembre, il y a eu plus de 20 interventions d'urgence dans le seul quartier de Central, et le 28 septembre, les pompiers ont dû déployer plus de 30 ambulances pour secourir les blessés par spray au poivre et gaz lacrymogènes. Le taux de performance a inévitablement chuté.

Un pompier a aussi détaillé à inmediahk.net le pourquoi des 43,5 minutes d'attente :

根據消防控制中心的錄音記錄,當天早上0915時,一部救護車從中環消防局出發,但在美國領事館對出上橋時,被一名警務督察阻截,即使是表明是去應付召喚,亦不得放行。其後救護車被指派先去中環等指示,其後再指示步行前往,是救護車主管自己決定乘坐港鐵前往 […]我們政治中立的公務員,尤其負責救火救援的,為什麼要涉及政治?[...] 我們不想繼警察後,另一不受歡迎的部隊。

D'après la bande d'enregistrement du centre de contrôle des services d'incendie, à 9h15 [le 30 septembre], une ambulance a quitté la caserne centrale de pompiers. Quand elle a atteint l'autoroute près de l'ambassade des USA, un inspecteur a stoppé l'ambulance et a refusé de la laisser passer, alors même qu'il s'agissait d'une urgence. La base a ordonné à l'équipage d'aller à Central puis de continuer à pied pour charger le blessé. Mais l'agent a voulu y aller en métro. […] En tant que fonctionnaires, nous devons être politiquement neutres. Pourquoi nous impliquer dans la politique ? […] Je ne veux pas marcher dans les pas de la police et devenir une force de maintien de l'ordre impopulaire.

Le 2 octobre, le Département de l'Alimentation, de l'Environnement et de l'Hygiène a déclaré à la presse que ses employés étaient entravés par les manifestants et ne pouvaient pas ramasser les ordures sur les sites occupés. Une équipe de volontaires ramasseurs d'ordures sur les sites de sit-in a donné sa propre version des faits :

現場實況是,我們集會市民願意開放通道給他們運走垃圾,但食環署人員表示不想進入集會場地運走,堅持直至要由平日的正常行車路線,垃圾車才會駛入。

La vérité est que les manifestants étaient prêts à laisser le véhicule pénétrer les zones occupées pour ramasser les déchets, mais les éboueurs n'ont pas voulu dévier de leur itinéraire habituel et ont refusé d'aller sur les sites.

Outre les pressions exercées par les autorités, rumeurs et calomnies se diffusent sur les médias et par bouche-à-oreille pour décrédibiliser les organisateurs de la protestation et les activistes les plus en vue.

The message warned protesters against the uniform duty team.

Ce message met les manifestants en garde contre le service d'ordre en uniforme.

Une des cibles est le service d'ordre, ou “équipe volontaire”, dont le rôle est de protéger les participants du harcèlement éventuel par les contre-manifestants pro-gouvernement et de vérifier l'absence d'armes sur site. Le 1er octobre, l'équipe volontaire a découvert un grand sac de pierres et de barres de fer au site d'occupation d'Admiralty ; le lendemain, des rumeurs que des employés du Parti communiste chinois avaient infiltré l'équipe ont envahi les médias sociaux et commencé à saper la crédibilité des volontaires :

共產黨已印左10萬套印有「學聯糾察」、「和平佔中糾察」、「民主黨和平佔中糾察」字樣的制服和臂章,前日經落馬洲扺港,估計已有極大批維穩從業員滲到各區佔領點,以「糾察」身份建立維穩秩序嘗試控制運動,甚至有拆除路障事件發生!若在佔領點見有人穿著以上服飾甚至拆除路障,呼籲群眾散去,請提防,必要時立即予以驅趕!

Le Parti Communiste Chinois a imprimé 100.000 uniformes de l'équipe volontaire sous les noms de la Fédération des Syndicats Etudiants, Occupy Central with Love and Peace et Parti Démocrate OCLP. Les uniformes ont passé le point de contrôle de Lok Ma Chau et un grand nombre d'employés de maintien de l'ordre ont infiltré les sites occupés. Sous le nom de l'équipe, ils ont voulu maintenir l'ordre et contrôler le mouvement. Il a été signalé qu'ils ont même enlevé des barrières. Prenez garde à quiconque vêtu de l'uniforme qui essaie de démonter les barrages routiers ou d'ordonner aux manifestants de se disperser. Dégagez-les s'il le faut.

Des membres de l'équipe volontaire ont été pris à partie par les manifestants et ont par conséquent dû ôter leurs uniformes pendant leurs patrouilles.

Large number of posters accusing Chan King Fai, Bobo Yip and Fred Lam for hijacking the sit-in protest appeared in sit-in sites on October 1.

Des affiches accusant Chan King Fai, Bobo Yip et Fred Lam de détourner le mouvement d'occupation sont apparues sur les sites le 1er octobre. 

Des militants de gauche ont aussi été visés. Le 1er octobre, des affiches sont apparues en grand nombre sur les sites occupés, mettant les protestataires en garde contre le “plastique de gauche” (le sens de plastique en chinois est semblable à ordure). Elles citaient trois activistes, Chan King-fai, Bobo Yip et Fred Lam, les accusant de détourner la contestation.

Chan King-fai est le principal organisateur d'un forum public appelé “Démocratie pour l'avenir,” qui tient des séminaires périodiques dans une librairie indépendante. Il a déplacé la semaine dernière les séminaires sur le sit-in pour attirer plus de monde aux manifestations. Bobo Yip est responsable de la coordination du programme de discours publics des centaines d'enseignants universitaires qui soutiennent le boycott des cours. Fred Lam est à l'origine du collectif de traduction HKDemoNow, qui traduit les messages des manifestants à l'intention du monde extérieur.

Les rumeurs et calomnies ont sérieusement mordu dans le moral du mouvement, a écrit un contestataire étudiant sur un forum en ligne :

下晝搬垃圾出去龍匯垃圾站,我地幾個同學諗住搬開少少個鐵馬,即刻有人好惡咁問我地係咪左膠,佢地話「你地係咪左膠,唔好扮哂野搞D鐵馬,你地係咪鬼」,勁嬲呀,執左幾粒鐘已經好攰,我就同佢地講:「我哋想容易d搬d垃圾,我哋做得好辛苦架,你知唔知呀」佢其中一個人話:「講笑咋、唔好咁認真,我哋係花生友」我真係好興,俾人好似當賊咁,我就講多次:「我哋做得好辛苦,你知唔知架?」 […] 依家咁既環境,又橡膠子彈又催淚彈,又俾老豆小,你同我講食花生,你班友仔垃圾又唔執淨係係到食花生,同兇人,有無搞錯。

J'ai voulu porter les ordures au point de collecte de Lung Wui Road. Avec mon camarade de cours, nous devions nous ouvrir un chemin en déplaçant le barrage, quand quelqu'un a bondi et m'a crié dessus en me demandant si j'étais “plastique de gauche”. Ils ont dit : “Vous êtes du plastique de gauche, ne faites pas semblant et ne touchez pas au barrage. Vous êtes un espion ?” J'étais furieux. Nous ramassions les ordures depuis des heures et étions très fatigués. J'ai répondu : “Nous voulons seulement enlever les ordures, vous savez combien nous avons travaillé ” L'un d'eux a dit alors : “On plaisante, ne le prenez pas à la lettre, nous ne sommes que des spectateurs”. J'étais furieux qu'ils m'aient traité comme un voleur et ai répété : Vous savez combien nous avons trimé ?” […] Dans de telles conditions, sous les balles en caoutchouc et les gaz lacrymogènes, nous avons été réprimandés par nos parents. Vous dites que vous n'êtes que des spectateurs ? Vous n'avez rien fait pour nettoyer les ordures, vous êtes restés là à regarder et à menacer les gens. Totalement dément.

De nombreux étudiants ont quitté les sites d'occupation après avoir subi le même genre de harcèlement. Et davantage encore depuis que les anti-Occupy Central accusent les participants au sit-in de perturber l'ordre et même dans certains cas démontent de force les cabanes et barricades. Occupy Central ne lutte plus seulement pour des élections libres et justes à Hong Kong, mais désormais aussi pour sa propre survie face à ces tentatives de démantèlement. 

Des étudiants thaïlandais bravent l'interdiction de se réunir et soutiennent les manifestants de Hong Kong

dimanche 5 octobre 2014 à 00:12
This photo, which has been widely shared on Facebook, shows Thai students expressing solidarity to pro-democracy students in Hong Kong

Cette photo, largement partagée sur Facebook, montre des étudiants thaïlandais solidaires des étudiants pour la démocratie à Hong Kong

[Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais]

Unis dans la répression, un groupe d'étudiants thaïlandais brave l'interdiction des rassemblements par la junte au pouvoir et se réunissent devant l'Ambassade de Chine à Bangkok, par solidarité avec les étudiants qui manifestent pour la démocratie à Hong Kong.

Les étudiants qui manifestent, connus pour être des activistes anti-coup d'état du Centre des Etudiants Thaïlandais pour la Démocratie (TSCD), ont organisé ce rassemblement pour soutenir le mouvement pour la démocratie de Hong Kong. Les manifestants de Hong Kong s'opposent à la décision du gouvernement chinois de sélectionner les candidats à l'élection du chef de l'exécutif de 2017.

Les photos des manifestants, rassemblés devant le consulat pendant moins d'une heure, ont été largement partagées sur les réseaux sociaux, et la photo partagée sur Facebook en est un exemple.

L'action de ces étudiants est lourde de sens, et se déroule au moment même où la junte militaire au pouvoir, qui s'obstine à réduire au silence les voix de l'opposition, a arrêté et emprisonné des centaines d'activistes pour la démocratie, de politiciens et d'universitaires. Depuis le coup d'état du mois de mai, les militaires développent une culture orwellienne de la censure et de l'intimidation en interdisant les manifestations publiques et les réunions politiques pour empêcher les groupes pro-démocratie de descendre dans la rue.

Le rapprochement entre les manifestants de Hong Kong et leurs alliés thaïlandais s'est fait naturellement. Selon le site en anglais Khasood, un étudiant a lancé une pique à la junte au pouvoir, en parodiant une ballade qui aurait été écrite par le chef de la junte et maintenant Premier Ministre très controversé Prayuth Chan-ocha: “La Chine fera ce qu'elle a promis. Encore un peu de temps et la belle Hong Kong reviendra”.

Cependant, contrairement à leurs homologues qui occupent le quartier des affaires à Hong Kong, les étudiants thaïlandais ont eu l'expérience de la vie sous un gouvernement démocratique et ont grandi sous la démocratie populiste de Thaksin Shinawatra, le premier chef de gouvernement démocratiquement élu en Thaïlande à avoir accompli la totalité de son mandat. (Plus tard, Thaksin a malgré tout été renversé par un coup d'état en 2006 et poursuivi pour détournement de fonds publics. Il vit en exil pour éviter la détention). Avec l'attaque systématique contre la démocratie et l'état de droit provoquée par le dernier coup d'état [fr], les Thaïlandais sont bien placés pour comprendre ce que veut dire passer de la démocratie à l'autocratie.

Les manifestations de Hong Kong ne manqueront pas de soulever une question importante sur l'avenir qui attend les Thaïlandais. Les manifestations organisées pas ces étudiants courageux vont-elles permettre à un mouvement pour une gestion démocratique du pays de se faire entendre?

Japon : des vagues de tweets synchronisés forcent Twitter à repenser son système

samedi 4 octobre 2014 à 15:32
japan twitter users

Copie d'écran de la version japonaise de Twitter.

D'après un article récent paru sur Wired, les Japonais tweettent comme personne. Dans le passé, le Japon a même réussi à faire planter les serveurs de Twitter de par son utilisation du service de microblogs.

La raison ? Selon Twitter, à certains moments de l'année, les Japonais aiment partager des tweets exactement au même moment.

Par exemple, à la veille du Nouvel An 2012, presque tous les utilisateurs japonais ont tweeté exactement à la même heure : à minuit, pour la nouvelle année, ce qui a mis Twitter hors jeu.

Il n'y a pas que le Nouvel An :

En août dernier, il a tenu bon quand les Japonais ont établi un nouveau record de fréquence de tweets : ils ont tous tweeté à un moment bien particulier de la diffusion à la télévision du dessin animé ‘Le Château dans le ciel‘.

Les abonnés japonais ont ainsi battu le précédent record de tweets par seconde, établi pendant les rencontres des Coupes du Monde masculine et féminine.

En conséquence, et grâce à ses abonnés japonais, Twitter a complètement repensé son architecture.

Selon l'étude de ComScore “Japan Digital Future in Focus” de 2013 ["Point sur le futur numérique japonais"], environ 30% des internautes japonais utilisaient Twitter en mai 2013, à comparer avec seulement 26% des internautes des Etats-Unis.

Plus d'information sur la solution de Twitter sur Wired.

Au Bangladesh, en Inde et au Népal, des “villages climatiquement rationnels” préparent les agriculteurs pour l'avenir

samedi 4 octobre 2014 à 12:00
56 years old Kamla Devi listens to messages of weather and best climate friendly crop practices on her mobile phone while working in the cowshed at her home in Anjanthalli. Image by Prashanth Vishwanathan. Used with permission.

Kamla Devi, 56 ans, écoute avec son téléphone portable des messages concernant la météo et les meilleures pratiques culturales sans incidence sur le climat tout en travaillant dans son étable dans le village d'Anjanthalli. Photo de Prashanth Vishwanathan. Avec sa permission.

Parmi les nombreuses initiatives présentées lors du Sommet 2014 des Nations unies sur les changements climatiques, le 23 septembre dernier, la Global Alliance for Climate-Smart Agriculture [Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat] s'est particulièrement démarquée. L’objectif de ce groupe constitué de 16 pays et 37 organisations est de permettre à 500 millions de cultivateurs à travers le monde de pratiquer une agriculture adaptée au changement climatique d'ici à 2030.

Que veut-on dire par agriculture intelligente face au climat ? L'idée est d'aider les agriculteurs à s'adapter aux changements climatiques tout en les désaccoutumant des techniques et technologies productrices de gaz à effet de serre. Le Groupe consultatif pour la recherche agricole (GCRAI) [CGIAR en anglais], un consortium international dédié à la recherche agricole et un membre fondateur de l'alliance des Nations unies, est déjà passé de la théorie à la pratique en mettant en place des “villages climatiquement rationnels” dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie.

Dans le nord de l'Inde, les fermiers sont habitués aux conditions météorologiques très contrastées. C'est à l'approche de la saison des moussons, avec son apport régulier de pluies torrentielles, qu'ils travaillent leurs champs. Mais d'après le GCRAI, les scientifiques prédisent que les conditions de culture dans ce pays vont vraisemblablement devenir un réel défi, alternant brutalement entre périodes de pluies diluviennes et sécheresse sévère, en raison des effets des changements climatiques sur les phénomènes météorologiques.

Pour répondre aux défis agricoles nés de cette nouvelle donne, le Programme de recherche du GCRAI sur les Changements climatiques, l'agriculture et la sécurité alimentaire, en association avec le Centre international d'amélioration du maïs et du blé et des organisations partenaires, a présenté un portfolio sur les technologies et les pratiques de l'agriculture intelligente mises en œuvre dans leurs villages climatiquement rationnels.

Paramjeet Singh uses the “Green Seeker” to check the nutrient levels of his paddy fields in Uncha Samana. The device helps him decide the most appropriate dosage of nitrogen fertilizers (Urea) for his crops.

Paramjeet Singh utilise le “Green Seeker” pour vérifier les niveaux en éléments nutritifs de ses rizières dans l'Uncha Samana. L'appareil l'aide à décider du dosage le plus approprié de fertilisants azotés (urée) pour ses cultures. Photo de Prashanth Vishwanathan. Avec sa permission.

Les chercheurs, les coopératives agricoles, les organismes gouvernementaux et les partenaires du secteur privé travaillent ensemble dans ces villages pour identifier quelles technologies et pratiques agricoles peuvent améliorer la productivité et les revenus ainsi que renforcer la résilience face aux risques climatiques. L'agriculture climatiquement rationnelle reste cependant très localisée : les initiatives qui fonctionnent dans un endroit, peuvent s'avérer impossible à appliquer dans un autre.

En Inde, le projet est actuellement expérimenté dans les États d'Haryana, de Bihar et du Penjab. Le même modèle est également exploité à Khulna au Bangladesh et à Rupandehi au Népal. La vidéo ci-dessous explique l'idée qui a mené à la création de ces villages  :

Le GCRAI indique qu'en Inde, dans les villages climatiquement rationnels, les agriculteurs ont déjà commencé à modifier leur manière d'utiliser leur téléphone portable, Internet et les appareils de mesure classiques pour s'adapter aux prémisses des changements climatiques. Un des aspects intéressants est que les agriculteurs parlent peu de ces changements ; au contraire, ils recourent eux-mêmes à des pratiques innovantes et alternatives. Un des exemples relevés par le GCRAI, est l'argent qu'ils économisent en utilisant de nouvelles méthodes de plantation pour le riz, lesquelles permettent de réduire la somme de travail et les besoins en eau tout en entraînant d'importantes économies de coûts.

Harpreet Singh checks the water level through a Tensiometer in his paddy fields in Birnaryna as a part of the Climate Smart Village (CSV) programme.  Image by Prasanth Viswanathan. Used with permission

Harpreet Singh vérifie le niveau d'eau au moyen d'un tensiomètre dans ses rizières à Birnaryna dans le cadre du programme du “Village climatiquement rationnel” [CSV en anglais]. Photo de Prasanth Viswanathan. Avec sa permission.

Dans le cadre de ce projet, les fermiers reçoivent deux fois par semaine, en hindi ou dans une autre langue locale, des messages vocaux et des SMS. Ces messages contiennent des bulletins météorologiques, des conseils, des informations sur les organismes nuisibles comme sur les remèdes, etc. Le groupe a évalué que l'année dernière, près de 1400 agriculteurs de 50 villages à Karnal et à Bihar ainsi que de 10 villages dans le Penjab ont bénéficié de ces messages.

Anjantheli, le premier village climatiquement rationnel à Haryana, où chaque personne a les prévisions météorologiques [#weather] au bout de ses doigts http://t.co/dSpBcwqnJY

— India Water Portal (@indiawater), le 9 septembre 2014

Les agriculteurs ont été encouragés à améliorer leur gestion des fertilisants en utilisant (entre autre) un tableau de couleur des feuilles :

27 year old Vinod Kumar (L) uses the Nutrient Expert computer programme to ascertain his farms nutrient needs being part of the Climate Smart Village programme in Anjanthalli. Image by Prashanth Vishwanathan. Used with permission.

Vinod Kumar (à gauche), 27 ans, utilise le programme informatique Nutrient Expert pour déterminer les besoins en nutriments de ses exploitations dans le cadre du programme “Village climatiquement rationnel” à Anjanthalli. Photo de Prashanth Vishwanathan. Avec sa permission.

Le Programme sur le changements climatiques, l'agriculture et la sécurité alimentaire [CCAFS en anglais] en Asie du Sud a également mis en place avec succès le programme d'assurance climatique dans le cadre de leur modèle de “village climatiquement rationnel” pour aider les fermiers à faire face aux pertes lors des mauvaises récoltes dues aux catastrophes naturelles.

Le succès de ces exemples en Inde a incité différents pays d'Asie du Sud et d'Afrique à implanter à l'identique le modèle de ces villages adaptés au climat. Le blog du GCRAI donne un large aperçu de ces nombreuses initiatives et des défis auxquels les villages climatiquement rationnels doivent répondre.