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Les morts rentrent à la maison et c’est l’heure de la fête au Japon

mercredi 14 septembre 2016 à 12:34
みなとみらい大盆踊り

Danse du Bon de Minato Mirai (みなとみらい大盆踊り) par muratama. Licence : CC BY-SA 2.0.

Chaque année à la mi-août, le Japon célèbre l’O-bon (お盆), la fête des morts, quand les morts retournent à leur maisons ancestrales pour plusieurs jours et passent du temps avec les vivants. L’O-bon prend généralement place le 15 août partout dans le Japon. En 2016, le 15 août était un lundi, et combiné avec un tout nouveau jour férié, le jour de la montagne, le 11 août, un jeudi, les gens dans tout le pays ont pu profiter d'un weekend de cinq jours. Beaucoup de familles sont retournées à la campagne pour fêter l’O-bon.

Les danses du Bon (盆踊り, Bon Odori) se déroulent aussi à travers le Japon. Ces festivals de danses sont généralement organisés dans des quartiers proches de lieux tels que les sanctuaires shinto, les temples bouddhistes, les places publiques et même certains parkings de supermarchés.

Beaucoup de participants mettent les photographies et les vidéos de leurs festivals locaux sur Instagram.

︎✂︎✂︎✂︎ In the precinct of Shinanokokubun-ji Temple #summer#nightview#festival#temple#instagood#instadiary#instagramjapan #夏 #夜景 #祭り #盆踊り #寺 #信濃国分寺 location: Ueda, Nagano Pref. G'morning‼︎ 出しそびれたpicを出しちゃいマス 朝っぱらから夜景とか…

A photo posted by ✂︎ NAOTO ✂︎✂︎✂︎ (@ctrl_plus_v) on

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Dans l'enceinte du temple de Shinano Kokubunji, à Ueda, Nagano #été #vienocturne #festival #dansedubon #temple #temple #ShinanoKokubunji

Habituellement, les décorations utilisées pour la danse du Bon comportent des chaînes de lanternes, un étendard rouge et blanc et une plateforme pour les musiciens et le joueur de tambour (太鼓, taiko).

#fukuoka #藍島 #nikon #d610 #写真 #photography #夏祭り #盆踊り

A photo posted by SHIBATA HARUNA (@867_48t) on

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#Ainoshima #Fukuoka #nikon #d610 #festivaldété #obon

Des chansons traditionnelles sont jouées en direct ou via des haut-parleurs.

#盆踊り#積川町#地元#泉州河内音頭#OBON#dance

A video posted by 木村哲也 (@kim.te2.626) on

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#Dansedubon #tsugawacho (Osaka) #campagne #OBON #danse

#夏休み ももう終わりだね。 #盆踊り #日本 #お祭り #夏休みの宿題 #なにもしてない #summervacation #japan #bondance #festival #暑假 #節日 #盆舞 #여름방학 #축제 #윤무

A video posted by Yoshiki Suzuki (@yoshiki_suzuki) on

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#findelété #DanseduBon #Japon #détente #chaud #vacancesdété #festival

Tout le monde dans le quartier vient voir la danse du Bon et plus particulièrement les familles avec de jeunes enfants.

#盆踊り#息子#笑顔#提灯#やぐら#bonfestivaldance#son#smile#face

A photo posted by miyuki (@me.you_key97) on

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#DansedelaFêteduBon #fils #sourire #visage

La danse annuelle du Bon se présente également comme une fête de quartier avec une ambiance de carnaval. Il y a beaucoup de jeux et toutes sortes de nourritures estivales, comme la glace pilée kakigori.

近所の友達とお祭 保育園の同じクラスの子がたくさんいて あおちゃんも友達も遅くまで大暴走だんだん止められなくなってきたね… 友達のママと話しながら帰りました * * #お祭#4歳と1歳#かき氷#kodomo#kidstagram #12月生まれ#12月23日生まれ#12月21日生まれ #盆踊り#ig_kidsphoto#sisters#姉妹 #insta_toddler#thechildrenoftheworld #pixel_kids#kidsfashionforall#cutekidsclub #4yearsold#1yearsold#kids_japan#tv_kidz #kids_of_our_world#beautiful_kids_of_the_world #littleandbrave#ママカメラ#minibymini#ministyleblog#instamamme#mamxmam

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Nous sommes allés avec des amis du quartier voir la danse du Bon, et il y avait beaucoup d’enfants de l’école maternelle. Ils dansaient comme des fous. En rentrant, j’ai eu la chance de discuter avec les autres mères.

# kidstagram #sœurs #bonnesamies #insta_bambin #les enfants dumonde #pixel_enfants #modeenfantspourtous #clubdes enfantsmignons #4ans #1an #enfants_japon #télé_enfants #enfants_de_notre_monde #beaux_enfants_du_monde #petitsetcourageux #minibymini #ministyleblog #instamamme #mamxmam

Certaines danses du Bon au Japon sont très élaborées et rassemblent des milliers de spectateurs. Le festival Awa Odori dans la préfecture de Tokushima est probablement le plus célèbre des festivals de Bon au Japon, attirant au moins un million de spectateurs chaque année dans la ville.

https://youtu.be/XzrP9k6npXY

Légende : Premier jour de l’Awa Odori à Tokushima (le 12 août 2016)

Des danses à grande échelle se déroulent partout dans le Japon. Ci-dessous : une danse estivale à Kumamoto, sur l’île de Kyushu, la fête des lanternes de Yamaga.

#山鹿燈籠祭り #盆踊り #踊り #山鹿燈籠 #燈籠 #カメラ好きな人と繋がりたい #写真撮ってる人と繋がりたい #写真好きな人と繋がりたい #写真 #team_jp_ #igersjp #icu_Japan #main_vision #Tokyocameraclub #loves_Nippon #Japan_of_insta #カメラのキタムラ

A photo posted by 花鳥風月 (@boyfriend0630) on

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#yamagatoromatsuri #DanseduBon #Danse #Lanternes #photospourphotographes #photos igersjp #icu_Japon #main_vision #Tokyocameraclub #loves_Nippon #Japan_of_insta

La nuit, les lumières sont toujours magnifiques :

こないだの町内の盆踊り #祭り #盆踊り #浴衣 #町内のお偉いさんいっぱい

A photo posted by nico 月の輪美容所 (@nicotukinowa) on

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La danse du Bon dans notre ville.

#DanseduBon #Obon #Lesgensimportantsduquartier

Trouvez plus de photographies de la danse du Bon en utilisant le hashtag #盆踊り sur Instagram.

“Rosas de Ermera”, l'histoire de la famille de Zeca Afonso au Timor durant la Seconde Guerre Mondiale

mercredi 14 septembre 2016 à 09:35
José Afonso (1929/1987). Captura de Tela do YouTube.

José Afonso (1929-1987). Capture d'écran de YouTube.

[Tous les liens sont en portugais, sauf mention contraire]

Le nom de José Manuel Cerqueira dos Santos ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais au Portugal, il est davantage connu sous le nom de Zeca Afonso [français], l’auteur-compositeur de Grândola Vila Morena. Cette chanson est devenue célèbre lors de la révolution des Oeillets, lorsque la radio a diffusé cette musique afin de donner le signal du départ aux militaires pour mettre fin au régime dictatorial, en place au Portugal jusqu’en 1974. Curieusement, la famille du chanteur entretient un lien historique avec le Timor.

Au début de la Seconde Guerre Mondiale, le père de Zeca Afonso, juge au Mozambique, demanda à être muté à Dili. La famille se sépara : le couple et la sœur cadette, Mariazinha, partirent au Timor [français] tandis que le futur chanteur et son frère, João, restèrent au Portugal pour poursuivre leurs études. La fratrie correspondit par lettres, jusqu’à ce que cette communication cesse. José et João furent sans nouvelles de leur pays et de Maria das Dores – alias Mariazinha :

Em 1939 os seus pais foram viver para Timor, onde seriam cativos dos ocupantes japoneses durante três anos, entre 1942 e 1945. Durante esse período, Zeca Afonso não teve notícias dos pais.

En 1939, ses parents sont allés vivre au Timor, où ils furent captifs des occupants japonais pendant trois ans, entre 1942 et 1945. Au cours de cette période, Zeca Afonso fut sans nouvelles de ses proches.

Les Japonais envahirent l’île de Timor sous le prétexte de se défendre des troupes alliées, qui étaient également présentes sur l’île et avaient ainsi violé la neutralité du Portugal dans le conflit :

Tudo aconteceu durante a segunda Grande Guerra Mundial. Portugal declarou-se neutral perante o conflito. Primeiro entraram os aliados dizendo que o faziam como forma de impedir o desembarque dos japoneses. Depois entraram estes últimos com o argumento de que queriam expulsar os aliados. No meio de tudo isso mais de quarenta mil timorenses faleceram durante a ocupação e os portugueses ficaram reféns dos invasores.

Toutes sortes d’événements se sont produits pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le Portugal s’est déclaré neutre pendant le conflit. Les Alliés sont d’abord arrivés afin d’empêcher le débarquement des Japonais. Puis ces derniers sont également venus pour expulser les Alliés. Au milieu de tout cela, plus de quarante-mille Timorais moururent au cours de l’occupation, tandis que les Portugais sont devenus otages des envahisseurs.

Mariazinha, irmã de Zeca Afonso. Captura de tela do Vimeo.

Mariazinha, soeur de Zeca Afonso. Capture d'écran de Vimeo.

Sept ans plus tard, « Mariazinha » revient au Timor, accompagnée du cinéaste Luís Filipe Rocha. En octobre 2015, la sœur de Zeca Afonso est revenue sur les lieux où elle a vécu et étudié, et où elle a également été prisonnière des Japonais durant trois ans. Avant de partir pour le Timor, le réalisateur avait confié à la presse :

Acompanharemos Maria das Dores na dilacerante separação dos irmãos e na viagem com os pais, pelos Mares do Sul, em três barcos diferentes, até Timor. Procuraremos a Casa em Lahane, a escola e a vida ao ar livre, no mato e nos ribeiros, com os amigos Liquiçá, o cavalo que montava em pelo, e Bonita, a cabrinha preta.

Nous suivons Maria das Dores au cours de sa déchirante séparation d'avec ses frères, et pendant le voyage avec leurs parents dans les Mers du Sud, éparpillés dans trois bateaux différents, jusqu’au Timor. Nous cherchons une maison à Lahane, une école et une vie à l’air libre, dans la brousse et près des rivières, avec leurs amis Liquiçá, le cheval, et Bonita, une petite chèvre noire.

L’histoire de ces Portugais, prisonniers sur une lointaine île du sud-est asiatique pendant la Seconde Guerre Mondiale, est restée secrète durant plusieurs décennies au sein de la famille Afonso dos Santos.

Os portugueses que viviam em Timor durante a II Guerra Mundial foram colocados em campos de concentração japoneses. Entre eles estavam os pais e a irmã do cantautor Zeca Afonso.

Les Portugais qui vécurent au Timor pendant ce conflit ont été placés dans des camps de concentration japonais. Parmi eux, les parents et la sœur du chanteur Zeca Afonso.

Coffee is one of Timor-Leste’s most important crops, bringing much-needed revenue to the country. Magdalena Salsinha, holding coffee beans, has been picking coffee since she was 15 years old. Now 55, she lives near Ermera and is married with six children.

Café d'Ermera, Timor-oriental. UN Photo/ Martine Perret, sous licence: CC BY-NC-ND 2.0

Dans les mémoires de Mariazinha réside encore l’odeur des roses d’Ermera, un district du Timor-oriental riche en café.

Maria das Dores, que recorda até hoje o cheiro a rosas em Ermera, o coração da região do café timorense, a sudoeste de Díli e onde passou férias com os pais – só se reencontra com os irmãos seis anos depois, em fevereiro de 1946.

Maria dos Dores se souvient encore du parfum des roses d’Ermera, le cœur de la région du café timorais, au sud-est de Díli, où elle passait ses vacances avec ses parents – elle ne s’y retrouvera avec ses frères que seize ans plus tard, en février 1946.

L’histoire a donné naissance au livre “O último dos colonos: entre um e outro mar » écrit par son frère, João Afonso dos Santos, et également à un documentaire. La saga de la famille Afonso dos Santos, dont les enregistrements ont été achevés en 2015, sera présentée au public en 2017 :

 

La campagne des femmes saoudiennes pour la suppression de la tutelle masculine dans le royaume rallie des centaines de milliers de soutiens

mardi 13 septembre 2016 à 18:24
Screengrab from Human Rights Watch's 'Imprisoned - End Male Guardianship in Saudi Arabia'. Source: YouTube Video.

‘En prison : Mettre fin à la tutelle masculine en Arabie Saoudite’ – Capture d'écran de la campagne de Human Rights Watch Source: YouTube Video.

Dans le cadre des actions visant à abroger les draconiennes lois anti-féminines de leur pays, les femmes d'Arabie Saoudite ont lancé une campagne exigeant la fin de l'autorisation masculine pour des activités aussi courantes que le travail, la propriété et les voyages.

Sous le hashtag #TogetherToEndMaleGuardianship [Ensemble pour mettre fin à la tutelle légale des hommes] et sa version arabe #سعوديات_نطالب_باسقاط_الولاية (signifiant ‘Les Saoudiennes exigent la fin de la tutelle légale’), la campagne a récolté des centaines de milliers de soutiens à travers le monde.

Financée par Human Rights Watch, la campagne suit la publication de son rapport détaillé intitulé “Coincées : les femmes et l'institution de la garde légale masculine en Arabie Saoudite”. L'organisation internationale de défense des droits humains explique :

En Arabie Saoudite, la vie d'une femme est contrôlée d'un homme de la naissance à la mort. Toute femme saoudienne doit avoir un gardien masculin, d'ordinaire son père ou son mari, dans certains cas un frère ou même un fils, qui a le pouvoir de prendre toute une gamme de décisions cruciales à sa place. Comme l'ont déclaré des dizaines de femmes à  Human Rights Watch, l'institution de la tutelle légale est l'obstacle le plus considérable à la mise en oeuvre des droits des femmes dans ce pays, transformant efficacement les femmes adultes en mineures juridiques incapables de prendre des décisions clés les concernant.

Le rapport comportait trois courtes vidéos illustrant les effets de l'institution sur la vie des femmes, et des déclarations de citoyennes et militantes féministes saoudiennes qui considèrent la loi comme un handicap social et économique.

Ainsi, une ancienne directrice d'école et Saoudienne engagée de 44 ans, Hayat, disait à Human Rights Watch le 7 décembre 2015 :

L'institution de la tutelle légale affecte aussi la capacité des femmes à chercher du travail à l'intérieur de l'Arabie Saoudite et à saisir des opportunités à l'étranger qui pourraient faire progresser leur carrière. Plus précisément, les femmes ne peuvent demander un passeport sans l'accord d'un gardien masculin, et ont besoin de sa permission pour voyager hors du pays. Les femmes ne peuvent pas non plus étudier à l'étranger avec une bourse du gouvernement sans approbation du gardien, et, même si ce n'est pas toujours appliqué, doivent officiellement être accompagnées d'un parent masculin tout au long de leurs études.

Cela sème le doute en vous et dans votre conscience de soi. Comment pouvez-vous vous respecter, comment votre famille vous respectera, s'il est votre gardien légal ?

Human Rights Watch explique aussi que les motifs religieux qui justifieraient prétendument l'institution de la tutelle légale masculine ont été contestées à maintes reprises :

L'imposition en Arabie Saoudite de l'institution de la garde légale est fondée sur l'interprétation la plus restrictive d'une sourate coranique ambiguë—interprétation contestée par des dizaines de Saoudiennes, parmi lesquelles des universitaires et des féministes musulmanes, qui ont été interrogées par Human Rights. Les théologiens contestent eux aussi cette interprétation, y compris un ancien magistrat saoudien qui a dit à Human Rights Watch que l'imposition par le pays de la garde légale n'est pas requise par la charia, et l'ancien directeur de la police religieuse, lui aussi théologien respecté, qui a dit en 2013 que l'interdiction de conduire pour les femmes en Arabie Saoudite n'est pas exigée par la loi islamique.

Voilà, parmi de nombreuses autres raisons, pourquoi les femmes saoudiennes et ceux qui les soutiennent contestent, sur Twitter et ailleurs, l'institution de la tutelle. Selon Vocativ, au 4 août 2016, pas moins de 170.000 tweets avaient été envoyés tant en arabe qu'en anglais.

Ghada Al Zahrani, qui tweete sous le nom de @hanoohopi, a écrit :

Les femmes saoudiennes subissent le pire des esclavages

La Saoudienne Maram Mohammad Al Ajlan a souligné que l'Arabie Saoudite a promis la fin de la tutelle masculine à deux occasions, en 2009 et 2013 :

Nous attendons toujours… L'Arabie Saoudite a promis par deux fois (en 2009 et 2013) au Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU de supprimer l'institution de la tutelle masculine

Ri, @ipergh sur Twitter,a partagé la photo d'un graffiti qu'elle a réalisé sur un mur de Riyad, qui dit “nous exigeons la chute de la tutelle masculine sur les femmes saoudiennes ” :

C'est moi qui l'ai fait et bombé sur un des murs de Riyad. En mon nom et au nom de chaque combattante saoudienne

Abdullah Moqhem Al Moqhem a tweeté à ses 20.000 abonnés :

La revendication des femmes de mettre fin à la tutelle masculine ne signifie pas la séparation des femmes d'avec leurs maris, pères ou frères. Tout ce qu'elles demandent, c'est le droit de choisir leur destin dans la vie.

Mohammad Ali Mahmoud a partagé avec ses 35.000 abonnés sa conviction que :

Une femme qui croit pleinement à sa propre humanité appellera à la suppression de la tutelle masculine, alors qu'une femme qui n'y croit pas voudra la conserver.

Hajar, qui tweete sur le compte @chanhxo, dit qu'elle défendra les droits des femmes quelle que soit leur nationalité.

Je serai aux côtés des droits des femmes jusqu'à ma mort. Qu'elles soient Saoudiennes ou Afghanes, je n'accepterai jamais l'injustice contre les femmes

La campagne a aussi attiré un soutien international substantiel. Une blogueuse de la page Facebook “The Paludians” a tweeté sa solidarité depuis l'Italie :

Solidarité de l'Italie avec les Saoudiennes, j'espère pouvoir me lever dans un monde neuf qui vous respecte, aussi ici en Europe.

La blogueuse indo-pakistanaise Ilmana Fasih, qui blogue sur ‘Blind to Bounds’ [‘Aveugle aux entraves’], ajoute :

Solidarité avec les femmes d'Arabie Saoudite depuis le Canada, le Pakistan, l'Inde.

Evidemment, cette campagne ne fait pas que des heureux. Le hashtag a aussi été critiqué, notamment par les hommes saoudiens ultra-conservateurs qui voient dans le mouvement de libération des femmes de la tutelle masculine un élément du “programme libéral” pour corrompre la société saoudienne :

Ce que font circuler dans les médias et les sites internet de réseaux sociaux des putes adolescentes manipulées n'est pas représentatif de l'Arabie Saoudite ni des Saoudiennes.

Rien d'étonnant à de telles positions si on considère que l'Arabie Saoudite a été classée 134ème sur 145 pays de l'Index mondial des inégalités hommes-femmes du Forum Economique Mondial de 2015, ce qui n'empêche pas les femmes saoudiennes de poursuivre la lutte dans l'espoir que le statu quo sera bientôt ébranlé.

Le militant algérien condamné pour insulte à l'Islam sur Facebook restera en prison

lundi 12 septembre 2016 à 14:39
49 year-old Slimane Bouhafs blogs in support of religious minorities in Algeria.

Slimane Bouhafs, 49 ans, soutient dans son blog les minorités religieuses en Algérie.

Le 6 septembre, la Cour d'appel de Sétif, dans l'est de l'Algérie, a confirmé la condamnation du militant Slimane Bouhafs pour insulte à l'Islam et au prophète Mohamed sur Facebook, tout en réduisant sa peine de prison.

Il avait été condamné en première instance le 7 août à cinq ans d'emprisonnement et 100.000 dinars algériens (environ 800 euros) pour avoir “offensé le Prophète” et “dénigré la foi et les préceptes de l'Islam” en application de l'article 144 bis 2 du code pénal algérien. En appel, la cour d'appel de Sétif a maintenu sa condamnation, réduit sa peine de prison de cinq à trois ans  et abandonné l'amende.

Bouhafs est un converti au christianisme qui milite avec la Coordination Saint-Augustin des chrétiens d'Algérie pour la défense des droits des minorités religieuses dans le pays, et publie régulièrement au sujet de la situation de la minorité chrétienne d'Algérie sur Facebook, son compte Google+ et son blog personnel. Selon Amnesty International, il est aussi un sympathisant du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), un mouvement indépendantiste kabyle.

Il avait été arrêté le 31 juillet, à la suite de publications sur Facebook en mai et juin 2016. Un des statuts qui auraient été cités à sa charge avait été publié le 21 juin. Bouhafs y partageait un dessin du magazine satirique français Charlie Hebdo montrant le Prophète Mohamed pleurant, assorti de ce commentaire :

Mohamed pleure car il a perdu d'avance en kabylie et encore dans toute l'algérie
son mensonge disparaîtra en algérie car la lumière de christ [est là] car [c]'est lui paix et la vérité le vrai chemin

Le lien vers le statut Facebook qui a valu à Bouhafs son emprisonnement actuel ne montre aucun dessin de Charlie Hebdo. Toutefois, ce même texte accompagné du dessin existe toujours sur son blog.

Amnesty International et Human Rights Watch ont tous deux dénoncé l'arrestation et la condamnation de Bouhafs. La Ligue algérienne des Droits de l'Homme (qui a missionné ses avocats pour défendre Bouhafs en appel) a condamné le verdict comme contraire à la constitution algérienne et aux principes des droits humains universels, et appelé les autorités à amender l'article 144 du code pénal qui criminalise les insultes à la religion et aux symboles de l'Etat. Le pouvoir algérien fait un usage répété de cet article pour faire taire ceux qui critiquent le gouvernement ou la religion. Le journaliste Mohamed Tamalt purge en ce moment une peine de deux ans de prison pour sa critique du président algérien Abdelaziz Bouteflika dans un poème publié sur Facebook.

Dikan, personnage bien-aimé de la BD yougoslave, revient nous rappeler que nous descendons tous de migrants

lundi 12 septembre 2016 à 08:37
"Finally us, the Early Slavs, have inhabited the Internet, too. We bid you a warm welcome and pleasant stay." Featured image from Dikan.rs website.

“Enfin nous, les premiers Slaves, habitons aussi l'Internet. Bienvenue et bon séjour !” Image du site web Dikan.rs

Dikаn, l'une des bandes dessinées humoristiques les plus en vogue de la défunte Yougoslavie, revit sous la forme d'un livre grâce à deux éditeurs serbes.

Dikan, qui avait de nombreux lecteurs dans les années 1970 à 1980, racontait les aventures du personnage-titre Dikan et de son oncle parcourant les Balkans des temps anciens. L'auteur, Lazo Sredanović, s'inspirait d'une idée du rédacteur en chef du magazine Politikin Zabavnik, l'écrivain Nikolа Lekić, qui avait imaginé Dikan comme un avatar yougoslave de la BD française Astérix, combinant humour universel et anachronisme satirique.

A le lire aujourd'hui, au moment où des gouvernements européens sont rien moins qu'accueillants à l'égard des réfugiés cherchant asile sur le continent en nombres record, Dikan nous rappelle à point nommé que nous sommes tous d'une façon ou d'une autre des descendants de migrants.

Le premier tome a été rapidement épuisé, et un deuxième a eu un tel succès que l'éditeur prévoit des réimpressions, ainsi que deux nouveaux volumes des bandes dessinées de Dikan restantes — soit quatre reprises en format papier au total. A quoi se sont ajoutés des extraits amusants de la bande dessinée publiés sur les médias sociaux, comme cette description d'une machine du pays des Sarmates pour mesurer – littéralement – la dureté de la tête.

"Hardheadedness-Meter (Oil well before use!) A man A stands on the platform B whose height is regulated by the lever C. The hammer D is raised to the height of E and then released to hit on the head of A. The hammer’s rebound is directly proportional to the hardness of the head, so the arrow F points to the degree of hardheadedness." Artwork by Lazo Sredanović.

“Entêtementomètre
(Bien huiler avant usage !) Un homme A est debout sur la plate-forme B dont la hauteur est réglée à l'aide du levier C. Le marteau D est relevé à hauteur de E puis libéré pour frapper la tête de A. Le rebond du marteau est directement proportionnel à la dureté de la tête, qu'indique la flêche F”. Dessin de Lazo Sredanović.

La B.D. de Dikan se moque en particulier de l'un des multiples peuples à migrer à travers l'Europe à partir du cinquième siècle, les Premiers Slaves, dont la culture et la descendance ont été essentiels à la constitution des peuples slaves contemporains, qui à leur tour forment la majorité des habitants actuels de l'Europe centrale et orientale.

Le terme local pour la population ancienne est “Vieux Slaves” au sens d’ “anciens”, et la bande dessinée utilise la dénomination “Nouveaux Slaves” pour désigner ses lecteurs d'aujourd'hui. Au départ, Dikan et son oncle font office d'éclaireurs pour explorer les Balkans antérieurement à l'installation des Slaves.

Après l'éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990, des historiens nationalistes révisionnistes dans les pays majoritairement slaves résultants rejetèrent le concept de Grandes Invasions et voulurent prouver que leur peuple avait toujours habité sa terre ancestrale, tous les autres étant des “envahisseurs”. Le postulat sous-jacent que prouver la possession ancestrale d'un territoire donne un un statut privilégié aujourd'hui sert aussi à la mobilisation nationaliste actuelle dans les Etats balkaniques non slaves comme la Grèce, l'Albanie, le Kosovo et la Roumanie.

Les BD ultérieures de Dikan ont ensuite débordé de leur cadre d'origine à la manière du film de Mel Brooks “La Folle Histoire du monde, 1er épisode”, en s'étendant à l'âge de pierre et au futur lointain, proposant une satirique version science-fiction de la Yougoslavie devenue puissance mondiale.

Emperor Justinian, as character in Dikan comics.

L'empereur Justinien, personnage de la bande dessinée Dikan.

Le site web officiel de Dikan donne des renseignements de base sur l'opération de re-publication, et ce également de façon humoristique. Il présente des “attestations” de personnages de la bande dessinée, parmi lesquels des personnages historiques, comme l'empereur byzantin Justinien, un re-conquérant et législateur né dans les Balkans :

„Сви ми кажу Јустинијане, који си ти цар… Елем, шта сте ме питали? Шта мислим о Дикану? Ух… Ти Стари Словени су стварно велика напаст. Нешто између илегалних имиграната и политичких азиланата. Не можеш да их ухватиш ни за главу, ни за ноге. Зато бих прескочио ово одговор на ово питање.“

Tout le monde me dit, quel empereur tu es, Justinien… Bon, quelle est votre question ? Mon avis sur Dikan ? Ah, ces Vieux Slaves sont vraiment un fléau. Quelque chose entre des immigrants illégaux et des demandeurs d'asile. On ne sait pas par où s'en débarrasser. Je préfère donc m'abstenir de répondre.