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Russie : La fin des “fausses nouvelles”, mais aussi des libertés de l'Internet

vendredi 25 juillet 2014 à 21:31
TV Rain owner Aleksandr Vinokurov posted on Twitter that Vladimir Putin was on his way to Ukraine to negotiate with President Poroshenko. That wasn't the real story. Images mixed by author.

Le propriétaire de TV Dojd Alexandre Vinokourov a écrit sur Twitter que Vladimir Poutine se rendait en Ukraine pour négocier avec le Président Porochenko. Ce n'était pas vrai. Montage d'images par l'auteur.

Le propriétaire d'une télévision d'information de premier plan a soulevé un tumulte cette semaine en tweetant la fausse nouvelle de Vladimir Poutine se précipitant à Kiev pour des pourparlers de paix urgents. Alexandre Vinokourov, propriétaire de TV Dojd, a exploité l'intérêt avivé du public pour l'Ukraine pour inciter par surprise les Russes à envisager le danger potentiel des nouvelles réglementations de la blogosphère, qui entreront en vigueur le mois prochain.

En plein milieu de l'enquête sur le crash du vol MH17 de Malaysia Airlines et des tensions persistantes en Ukraine de l'Est, les internautes russes sont à l'affût de la moindre miette d'information et de commérage sur les actes de l'Ukraine, de la Russie et de l'Occident. N'importe quel tweet ou billet innocent peut mettre le feu à l'actualité, d'autant plus s'il mentionne Vladimir Poutine.

Le matin du 20 juillet, trois jours après le crash du MH17, Vinokourov tweetait cette nouvelle :

Le Président Poutine a téléphoné à Porochenko et s'est envolé pour Kiev afin de discuter avec son collègue ukrainien des variantes d'une résolution de paix sur le conflit dans le Donbass.

Il n'a pas ajouté de commentaire, n'a pas fourni de liens ou de sources, et n'en a plus parlé. Il n'y a pas eu de confirmation de la visite sur aucun des deux sites officiels des Présidences. Les internautes ont été d'abord étonnés, puis sceptiques et enfin, incrédules.

La twitteuse MaryEl a immédiatement mis en doute l'information :

C'est vrai ?

Le propriétaire du compte parodique Navalny's Cat [Le chat de Navalny] a blagué que le tweet émanait en réalité d’Aram Gabrelyanov, PDG de la maison d'édition zélatrice du Kremlin :

Aram Achotovitch, veuillez vous connecter sous votre nom !

Certains utilisateurs, comme Russian fun [humour russe], confiants la réputation de crédibilité Vinokourov, n'en attendaient pas moins de voir d'autres sources :

Vinokourov semble un journaliste honnête. Mais attendons ce que disent les autres médias.

Vinokourov est ensuite resté quatre heures aux abonnés absents sur les médias sociaux, tandis que les conjectures faisaient rage parmi les internautes russes et ukrainiens. Finalement, vers 10h30 du matin, heure de Moscou, il est apparu sur Facebook. Vinokourov n'a pas directement tordu le cou à l'information, il a préféré la présenter comme un cas d'école de ce qu'il a appelé la “provocation intellectuelle.” Il a expliqué que son expérience de poster une nouvelle inventée visait à montrer son potentiel viral – et l'impossibilité future de ce genre de chose en Russie, quand la nouvelle “Loi sur les blogueurs” prendra effet en août.

Screen Shot 2014-07-21 at 12.36.00 PM

“Интеллектуальная провокация” — новый жанр для медиа. Мог бы быть довольно перспективным. Хорошая цитируемость, высокая виральность. Вовлекает аудиторию в тему лучше, чем обычная колонка (opinion). Мог бы. Но с 1 августа 2014 года запрещен в РФ для использования в социальных сетях в соответствии 97-ФЗ.

La “provocation intellectuelle” est un genre nouveau pour les média. Qui pourrait être très prometteur. Belle capacité de citation, grande viralité. Fait participer l'audience au sujet mieux que l'éditorial habituel. Ça se peut. Mais à dater du 1er août 2014 il sera interdit de l'utiliser dans les médias sociaux en Russie conformément à la loi fédérale N° 97.

Vinokourov a eu beau affirmer vouloir par son acte essentiellement faire la preuve des contraintes imposées en Russie par les nouvelles lois sur l'Internet, les lecteurs n'ont guère apprécié sa “provocation intellectuelle”.

L'utilisateur de Facebook Dmitri Kojevnikov n'a pas goûté l'euphémisme :

“Интеллектуальная провокация” — пиздеж на либспике?

“Provocation intellectuelle” = foutaises en langage libéral ?

L'utilisatrice Tatiana Kulichik a accusé Vinokourov de n'être qu'un troll d'internet :

Чем отличается от троллинга?

En quoi ça diffère du trolling ?

Un autre utilisateur de Facebook, Vladimir Lazoutkine, a relevé sarcastiquement qu’il ne voyait pas de mal à interdire les mensonges en ligne :

Врать запретили! Какая досада!))

On a interdit de mentir ! Quel dommage ! :)

Dans son billet didactique sur toute l'affaire, Vinokourov se réfère à une loi parmi plusieurs autres visant à réguler (et censurer) l'Internet russe. La N°97-FZ, aussi appelée “Loi sur les blogueurs,” a été adoptée en mai et entrera en vigueur au 1er août 2014. Non content de requérir des blogueurs à succès qu'ils endossent un statut de fait d'organe de mass média, la loi exige de ces individus qu'ils “vérifient la crédibilité de l'information publiée accessible au public avant qu'elle soit publiée et de supprimer immédiatement l'information publiée dont la fausseté a été avérée.” (On peut lire le texte intégral de la loi en russe ici.)

Le coup médiatique de Vinokourov était-il sadique dans une situation aussi semée d'embûches, avec la nervosité des médias, des blogueurs et des internautes ? Sans doute. A-t-il réussi à démontrer la sévérité de la nouvelle réglementation internet russe ? Peut-être. Contribuera-t-il à retourner la situation et à promouvoir la liberté d'expression et un partage responsable de l'information ? Probablement pas.

Gaza : La timeline d'un survivant de Khuza'a révèle une horreur lente

vendredi 25 juillet 2014 à 21:15
From the Israeli Red Cross Twitter account, "Yesterday we helped hundreds of people to evacuate from affected areas in #Gaza #BeitHanoun #Shujaia #Khuzaa"

Photo du compte Twitter de la Croix Rouge israélienne. “Hier, nous avons aidé des centaines de personnes à évacuer les zones affectées à #Gaza #BeitHanoun #Shujaia #Khuzaa”

Des informations sur ce qui semble être un massacre et des destructions massives dans la ville isolée de  Khuza’a, située à 500 mètres de la frontière Gaza-Israël, émergent sur Twitter depuis le 22 juillet. 

La plupart des journalistes qui couvrent le conflit ne sont pas parvenus à Khuza'a, une ville de 9 700 habitants. Cette zone, dans le sud, est donc coupée des yeux et des oreilles du monde, mais un jeune habitant, Mahmoud Ismail, tweete depuis les lieux des informations terribles, en arabe.

Dans un tweet, il écrit que  ”les snipers sont groupés sur le toit des immeubles de Khuza'a, et cible tous ceux qui tentent de quitter leur maison.” Un autre :  ”Khuza'a est finie, il y a des centaines de blessées et des corps dans toutes les rues et sous les ruines. Personne ne connait le bilan.” Plus tard, il a tweeté :  ”Ambulances de la Croix Rouge stationnées à deux kilomètres de Khuza'a. Les blessés doivent courir sur deux kilomètres pour être soignés.”

Les internautes ont été nombreux à retweeter ses tweets, des centaines de fois, tandis que des traductions de ces tweets ont également été retweetées à maintes reprises. 

Le bilan serait de 800 Palestiniens tués et de plus de 5 200 blessés depuis qu'Israêl a lancé ses opérations terrestres à Gaza, il y a 18 jours. Le nombre des civils tués augmente : l'état major de l'armée israélienne dit demander à l'avance aux Palestiniens de Gaza qui résident dans les zones ciblées de partir, mais ils ne peuvent se réfugier nulle part. L'étroite bande de terre de 40 km est bordée par la mer, des barbelés et des murs de béton le long de sa frontière Nord et Est avec Israël et au sud, par l'Egypte.

Khuza'a n'a ni eau ni nourriture, ni refuges, selon un témoignage direct publié sur le site progressiste juif Mondoweiss. Le Centre palestinien pour les droits humains, qui publie des bulletins quotidiens sur l'offensive israélienne, écrit dans son bulletin du 23 juillet : ‘les forces israéliennes ont maintenu leur occupation du village de Khuza’a, à l'est de Khan Yunis, et selon certaines informations, les équipes médicales n'ont pas pu avoir accès aux dizaines de blessés.  Quand des civils ont tenté de quitter la ville, les soldats israéliens auraient tiré sur eux, en tuant quatre'. 

Le 24 juillet, les ambulances de la Croix Rouge ont finalement reçu l'autorisation d'entrer dans le village, accompagné par une équipe de la chaine Al Jazeera. Cette vidéo de Al Jazeera permet de voir des corps étendus dans la rue et de suivre les recherches des équipes de secouristes dans les ruines.   

Voici les tweets  que Mahmoud Ismail a posté depuis Khuza'a depuis lundi :

في بيوت انقصفت ومش معروف إذا فيها ناس أو لأ. المنايك بيستهدفوا كل شي بيتحرّك. محدّش قادر يساعد حدا. والصواريخ وشظاياها بتضرب كل شي. حرفيًا

@Ibn3arbi: Il y a des maisons qui ont été bombardées, et nous ne savons pas s'il y a des gens à l'intérieur ou non. Ces merdes tirent sur tout ce qui bouge. Personne ne peut aider personne. Les bombes et les éclats frappent partout. Littéralement. 

القصف على خزاعة مستمر من 13 ساعة. حول بيتي بس في 10 شهداء تصفى دمهم بسبب عدم إسعافهم. عشرات العائلات محاصرة والجيش بيضرب نار ع كل حدا بتحرك.

@Ibn3arbi: Bombardement non stop sur Khuza'a pendant 13 heures. Autour de ma maison seulement, il y a eu 10 personnes tuées. Elles saignaient à mort, parce qu'elles n'ont pas été sauvées par les ambulances. Des dizaines de familles assiégées, et l'armée qui tire si quelqu'un bouge. 

الدبابات محاصرة البلد من جميع الجهات بدون ما تتعمق لجوّا لكن القنّاصة متمركزين على أعلى عمارات بخزاعة وبيستهدفوا أي شخص بيحاول يخرج من بيته

@Ibn3arbi: Les tanks ont encerclé la ville de tous les côtés, sans tenter d'avancer plus à l'intérieur, mais les snipers sont postés sur le toit des immeubles, ils ciblent quiconque essaie de sortir de chez lui.

أسماء شهداء أستطيع تأكيدها: سليمان قديح وابنه أكرم قديح، تيسير قديح وابنه محمود، حلمي أبو رجيلة وابنه عبّاس، جهاد قديح، ابراهيم أبو رجيلة.

@Ibn3arbi: Les noms des martyrs que je peux confirmer. Slaiman Qadih et son fils Akram. Tayseer Qadih et son fils Mahmoud. Hilmy Abu Rjila et son fils Abbas. Jihad Qadih et Ibrahim Abu Rjaila.

منايك الصليب حكولنا إنهم واقفين ع أول البلد مستعدين يخلونا ولمّا كل الناس راحوا هناك مكانوش ولقوا الجيش وفتح نار وتصاوبوا عشرات.

@Ibn3arbi: La Croix Rouge nous a dit qu'ils sont à l'entrée de la ville, et prêts à nous évacuer. Quand tout le monde y est allé, on ne les a pas trouvés. Il y avait l'armée, qui a commencé à tirer et en a blessé des dizaines. 

خزاعة راحت

@Ibn3arbi: Khuza'a est finie

أنا وأهلي طلعنا. إصابة طفيفة. في مئات الإصابات وجثث في الشوارع وتحت الأنقاض. محدّش بيعرف العدد

@Ibn3arbi: Ma famille et moi, on s'en est sorti. J'ai une petite blessure. Il y a des centaines de blessés et des corps partout dans les rues et sous les ruines. Personne ne connait le nombre.  

بيوتنا إنقصفت ع روسنا. بيوت كل أهل خزاعة

‏@Ibn3arbi: Nos maisons sont bombardées sur nos têtes. Toutes les maisons de Khuza'a.

إسعاف الصليب واقف 2 كيلو بعيد عن خزاعة. المصابين بيجروا 2 كيلو علشان يتم اسعافهم.

@Ibn3arbi: Les ambulances de la Croix Rouge attendent à 2 Km de Khuza'a. Les blessés doivent courir deux km pour être soignés.

الكثير من شهداء خزاعة كانوا أصيبوا ونزفوا حتى الموت في انتظار اسعافهم. راقبت من شباك غرفتي ولساعات كل مراحل موت فتى في العشرين من عمره

@Ibn3arbi: Beaucoup de martyrs de Khuza'a ont été tués après avoir été blessés et s'être vidés de leur sang, en attendant les ambulances. J'ai regardé depuis la fenêtre de ma chambre pendant des heures tous les stades de l'agonie d'un homme d'une vingtaine d'années. 

طبيب واحد في البلدة، كمال أبو رجيلة، بذل جهد جبار مع الاصابات التي كانت تصل عيادته بإعجاز حتى بعد أن تم قصف عيادته وإصابته واستشهاد والده

@Ibn3arbi: Un docteur en ville, Kamal Abu Rjila,  a fait beaucoup pour les blessures qui arrivaient à sa clinique. Miraculeux. Même après que sa clinique a été frappée, et son père tué, et lui blessé.

الجيش استخدم حوالي 10 عائلات كدرع بشري ضد نيران المقاومة. كل البيوت التي سيطر عليها منع سكانها من المغادرة أو تحصين أنفسهم في غرف أفضل

‏@Ibn3arbi: L'armée [Israelienne] a utilisé 10 familles comme boucliers humains contre les tirs de la résistance. Ils n'ont permis à personne de quitter les bâtiments qu'ils contrôlaient. Ils ne leur ont même pas permis d'aller dans des pièces plus sûres.   

تم قصف البيت الذي كنت أحتمي فيه مع 50 رجل وطفل وامرأة. نجوت وعائلتي بمعجزة ولا أملك أدنى فكرة عما حل بالآحرين لكن حذائي ابتل تماما بدمائهم

@Ibn3arbi: La maison où j'ai cherché refuge avec 50 autres hommes, femmes et enfants a été touchée. J'ai survécu avec ma famille, c'est un miracle. Je n'ai aucune idée de ce qui est arrivé aux autres, mais ma chaussure est trempée de leur sang. 

أمام عيني سقط طفل صغير كانت تحمله أمه بيد وباليد الثانية ترفع راية بيضاء. ابنها مات. استخدمت الراية ككفن وأكملت طريقها مع باقي أطفالها. رعب.

@Ibn3arbi:  De mes propres yeux, j'ai vu une femme tenant un petit enfant sur un bras, et un drapeau blanc dans l'autre. Son fils est mort, et elle a utilisé le drapeau blanc comme linceul, en continuant à marcher avec ses autres enfants. Horreur. 

في الطريق الذي سلكناه وجدت جثة عمي وابنه ملقاة في الشارع بجانب بيتهم. كان القناصة يستهدفون الناس في أقدامهم في محاولة لمنعهم عن الهروب

@Ibn3arbi: En sortant, nous avons trouvé mon oncle et son fils, morts, sur le trottoir devant leur maison. Les snipers visaient les pieds des gens pour les empêcher de s'échapper.

خزاعة ما فيها كهربا من 60 ساعة. والجيش (وشظايا قذائفه) استهدف خزانات المياه على أسطح المنازل. الأطفال معنا بكوا حتى الإغماء بسبب العطش

@Ibn3arbi: Khuza'a n'a pas d'électricité depuis 60 heures. L'armée (israélienne) et les éclats d'obus ont visé les les réservoirs d'eau sur les toits. Les enfants pleuraient et s'évanouissaient de soif.  .

القصف المدفعي كان يتم بشكل عشوائي ولا أي شيء في العالم يمكنه أن يقنعني بعكس ذلك

@Ibn3arbi: Les bombes tombent au hasard. Personne au monde ne peut me convaincre du contraire. 

ابن عمّتي استشهد أثناء محاولته إنقاذه أخيه المصاب والملقى في الشارع. الاثنين استشهدوا فوق بعضهم.

@Ibn3arbi: Mon cousin a été tué en tentant de porter secours à son frère blessé dans la rue. Ils sont morts ensemble. 

الوضع كان مرعب ومأساوي وأي محاولة لوضعه بكلمات ستكون مبتذلة ولن تعطي المجزرة حقها. أنا وأهلي خرجنا أحياء لكنني لا أملك أدنى تفسير كيف وليش.

‏@Ibn3arbi: La situation a été horrible et tragique. Toute tentative de la mettre en mots ne décrira pas le massacre. Moi et ma famille, nous nous en sommes tirés vivants, mais je n'ai aucune explication pour comprendre comment et pourquoi. 

‏كل هذا الموت وهذه الاصابات هي من تعداد ما بقي من السكّان أي حوالي 3 آلاف. 70٪ من أهل خزاعة كانوا قد هربوا وأخلوا بيوتهم قبل المجزرة بليلة.

@Ibn3arbi: Tous ces morts et ces blessures sont arrivées au trois milles habitants qui restaient en ville. Soixante dix pour cent des habitants de Khuza'a se sont échappés et ont évacué leur maison la nuit avant le massacre.  

ولسّا في جثث في الشوارع. ولسّا في مصابين بيستنوا يصيروا جثث. ولسّا في ناس عالقة مش قادرة تطلع

@Ibn3arbi: Il y a toujours des cadavres dans les rues. Toujours des blessés qui attendent de devenir cadavres. Toujours des gens prisonniers, qui ne peuvent pas sortir. 

Si vous remontez la timeline Twitter de Ismail jusqu'aux mois précédents, il tweetait à l'époque des vidéos, dont certaines de Maya Angelou, il parlait beaucoup de foot et de musique, en particulier d'un morceau hypnotisant, Yemeni blues, et des problèmes que rencontraient les habitants de Gaza pour passer en Egypte par le poste-frontière de  Rafah.

Les images des débris du vol AH5017 d'Air Algérie révèlent un choc extrêmement brutal

vendredi 25 juillet 2014 à 20:20

LES TOUTES PREMIÈRES IMAGES du #AH5015 d'#AirAlgérie arrivent peu à peu

Les premières images du crash sont désormais disponible grâce à un militaire burkinabé présent sur les lieux de l'accident près de Gossi, dans le Nord Mali. Il n'y a aucun survivant sur les 118 personnes à bord, dont 51 ressortissants français. Le site internet Algérie Focus rapporte en français :

Cette vidéo montre des débris éparpillés et broyés. La zone sablonneuse a été noircie par le crash. Sur cette vidéo, il est pratiquement impossible de repérer les pièces maîtresses de l’avion au milieu des débris.

Cinq penseurs africains actuels sur l'identité, la langue et le régionalisme

vendredi 25 juillet 2014 à 19:15
Street Philosophy at City Bowl, Cape Town, Western Cape, South Africa, by Anne Fröhlich on Flickr - CC license-NC-2.0

“Tous égaux en droit” Philosophie à City Bowl, Cape Town, Western Cape, Afrique du Sud, par Anne Fröhlich sur Flickr – CC license-NC-2.0

La philosophie africaine est largement méconnue, sans qu'on sache vraiment pourquoi. Pour les uns, cela serait dû à ce qu'elle est étroitement liée à ses traditions orales, qui font son histoire étendue difficilement accessible à une audience plus large. D'autres arguent que son afrocentrisme la rend moins attirante pour le reste du monde.
 
Le philosophe K.C. Anyanwu, né au Nigeria, définit la philosophie africaine comme “ce qui s'intéresse à la manière dont les Africains passés et présents comprennent leur destin et le monde dans lequels ils vivent.” Si elle reste largement un mystère pour les autres pays, la philosophie africaine est une discipline bien établie, enrichie par des siècles de recherche depuis la philosophie de l'Egypte antique jusqu'à la pensée post-coloniale moderne. A travers son histoire, la philosophie africaine a apporté d'importantes contributions à la philosophie grecque, notamment par le philosophe égyptien Plotin qui a joué un rôle-clé dans la continuation de la tradition grecque de l'Académie philosophique de Platon, et à la philosophie chrétienne à travers le penseur algérien Augustin d'Hippone, inventeur du concept de péché originel.
 
Pour mieux connaître l'évolution actuelle de la philosophie africaine contemporaine, voici les cinq penseurs à suivre sur le continent :        
 
1. Séverine Kodjo-Grandvaux (Côte d'Ivoire) 
 
Séverine Kodjo-Grandvaux écrit pour le magazine Jeune Afrique et est l'auteur de “Philosophies africaines”, où elle passe en revue l'élite actuelle des philosophes africains. Elle explique que la philosophie africaine moderne est habituellement classée en quatre groupes principaux : ethnophilosophie, sagesse philosophique, philosophie nationaliste et idéologique et philosophie professionnelle. Pour Mme Kodjo-Grandvaux, ce qui structure la philosophie africaine moderne, c'est la façon dont elle s'est dégagée de l'influence coloniale.    
    
Dans un débat sur le livre, son collègue de Jeune Afrique Nicolas Michel retrace l'origine et l'évolution de la philosophie africaine comtemporaine et analyse les thèses de S. Kodjo-Grandvaux :     
 

En archéologue des idées, Séverine Kodjo-Grandvaux explore les strates d'une épistémologie qui, au cours du dernier siècle, s'est construite essentiellement en réaction à l'Occident. D'abord sous le joug de son influence impérialiste, puis en réaction contre cette emprise [..] avec le mouvement des Indépendances et l'injonction à la décolonisation des esprits, vient le temps d'une pensée cherchant à se replier sur « l'identité africaine », contre le moule occidental. Un « retour au sources » risqué : « Dès lors que la philosophie cherche à se penser de manière « nationalitaire », c'est-à-dire continentale, nationale, ethnique, elle doit éviter plusieurs écueils, notamment celui de l'esprit collectif et celui de la particularisation excessive », écrit l'auteur. L'apport de la philosophie occidentale comme celui des autres courants de pensée ne doit pas être rejeté. 

Séverine Kodjo-Grandvaux éclaire un débat sur l'ethnophilosophie qui met aux prises depuis longtemps les philosophes africains : l'idée qu'une culture ou une région particulières possèdent une philosophie particulière qui diffère fondamentalement des autres est controversée en elle-même. Cependant, de nombreux philosophes africains modernes défendent que leur travail est une réflexion critique sur les gouvernances africaines et leurs effets sur la vie quotidienne de leurs compatriotes. Par consaquent, il est essentiel que la philosophie africaine se développe dans le contexte du continent africain et échange avec un lectorat africain.

2. Souleymane Bachir Diagne (Sénégal) 

Souleymane Bachir Diagne, Senegalese philosopher and pionner of the new African philosophy scence - Public Domain

Souleymane Bachir Diagne, philosophe sénégalais et pionnier de la nouvelle scène philosophique africaine – Domaine public

Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, professeur à l'université Columbia de New York, est convaincu que les philosophes africains doivent rendre leur travail plus accessible à leurs compatriotes. Il est d'avis que :  

Nous devons produire nous-mêmes des textes en langues africaines et un de mes anciens élèves américain travaille en ce sens à une anthologie de textes de philosophes africains auxquels il a demandé d’écrire des articles dans leur propre langue. Des locuteurs de cette langue sont ensuite chargés de les traduire en anglais. 

African Ubuntu philosophy via Pencils for Africa - Public Domain

“Je suis parce que nous sommes” Philosophie Ubuntu africaine via Pencils for Africa – Domaine public

3. Léonce Ndikumana (Burundi) 

Outre l'importance de mieux communiquer avec leurs mandants africains, il y a d'autres idées tendance mises en avant par les philosophes africains aujourd'hui. Léonce Ndikumana a grandi au Burundi et est à présent professeur d'économie à l'Université du Massachusetts à Amherst. Dans son livre “Africa's Odious Debt: How Foreign Loans and Capital Flight Bled a Continent“ [La dette odieuse de l'Afrique : comment les prêts étrangers et la fuite des capitaux ont saigné un continent, en anglais, non traduit], Ndikumana s'attache à battre en brèche tous les lieux communs sur l'Afrique qui sont tenus mondialement pour des faits, comme la croyance que l'aide étrangère subventionne le continent africain. En réalité, les sorties de capitaux hors du continent (1.44 mille milliards évaporés des pays africains pour se retrouver dans les paradis fiscaux ou les pays riches) excèdent largement le montant de l'aide extérieure (50 milliards pour l'Afrique). 

Ndikumana est aussi un des principaux leaders d'opinion en Afrique rejetant les règles des agences internationales qui vont souvent à l'encontre de la volonté des Africains. 

4. Kwasi Wiredu (Ghana)  

Contrer les narratifs erronés est une tendance montante chez les intellectuels africains. C'est précisément ce que se propose de faire Kwasi Wiredu, un philosophe ghanéen. Il défend qu'un système politique de multipartisme, souvent considéré comme le fondement de la démocratie, n'amène pas toujours l'unité et la stabilité. Au contraire, une démocratie de consensus convient mieux [en anglais] au contexte africain :

Sachant que la démocratie est le gouvernement par consentement, la question est de savoir si un système moins antagoniste que celui des partis, qui est étroitement lié au processus de décision majoritaire, ne peut pas être inventé. C'est un fait important que des êtres humains doués de raison peuvent arriver à un accord sur ce qui doit être fait par la vertu du compromis sans partager le même avis sur la vérité ou la morale.

5. Kwame Anthony Appiah (Ghana)

Pourtant, un autre philosophe ghanéen, Kwame Anthony Appiah, qui enseigne actuellement à la New York University, se rebelle contre l'afrocentrisme de ses confrères africains. Son argument est que l'afrocentrisme est un concept dépassé. Il croit qu'il faut promouvoir plus de dialogue trans-culturel et moins de “régionalisme” :

[Le philosophe grec de l'Antiquité Diogène] rejetait l'opinion commune que chaque individu civilisé appartient à une cité parmi les cités [...] Une cité mondiale de cosmopolite aura la volonté de connaître d'autres manière de vivre par la radio, la télévision, par l'anthropologie et l'histoire, par les romans et films, l'actualité et la presse, et sur le web.    

Israël veut gagner “les cœurs et les esprits” dans sa guerre médiatique contre la Palestine

vendredi 25 juillet 2014 à 19:13
"Infographics: What Would You Do?" by Israel Defense Forces via Flickr (CC BY-SA 2.0)

“Infographie: Que feriez-vous ?” par les Forces de Défense Israéliennes (IDF) via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Une version de cet article de Leila Nachawati a été publiée sur le site du quotidien espagnol Eldiario.es, en espagnol. 

[Liens en anglais] Les attaques d’Israël sur la bande de Gaza en 2009 ont été l'un des premiers cas de conflits présents sur les médias sociaux. Que ce soit depuis Gaza ou ailleurs, citoyens et membres du Hamas ont mobilisé entre autres Facebook, Twitter et YouTube pour rapporter, documenter et condamner les attaques. Mais jamais l’utilisation de ces plateformes par de tels groupes ne fut aussi intensive et coordonnée que celle des Forces de Défense Israéliennes (couramment désignée par l'acronyme Tsahal, ndlr).

Cinq ans plus tard, alors que nous assistons aux mêmes scènes de mort et de désolation à Gaza, Israël renforce sa propagande en ligne dans l’espoir de se montrer sous un meilleur jour aux yeux du monde.

Une lutte en ligne pour “les coeurs et les esprits”

Les opérations militaires israéliennes sont toujours accompagnées d’une forte couverture médiatique qui semble destinée à minimiser leur impact sur l’opinion publique internationale. Depuis l’évocateur « Plomb durci » en 2009 jusqu’à l'opération au nom très explicite « Barrière protectrice » en 2014, différents fronts de la hasbara (propagande pro-israélienne, en hébreu) ont été mis en place afin d'exposer au monde entier les raisons et la logique d’Israël.

En 2008, juste avant le début des bombardements de Gaza, l’administration israélienne a décidé de remplacer les traditionnelles conférences de presse en temps de guerre par un arsenal d’initiatives sur les médias sociaux. Les grandes lignes de cette campagne furent développées par un ancien officier de l’armée, Yarden Vatikai, en collaboration avec le ministère de la Défense et l’Agence juive.

L’une de ces initiatives consistait à former des officiers de l’armée lors d'ateliers sur les nouveaux médias au Centre Interdisciplinaire de Herzliya.

« Pour la diffusion de notre message, l'avenir est dans les nouveaux médias » déclarait en février 2009 le porte-parole des Forces de Défense Avi Benayahu. « Les Forces de défense israéliennes sont désormais présentes sur Internet pour gagner les cœurs et les esprits ».

YouTube a servi de vitrine de la campagne, permettant à Tsahal de devenir la première armée nationale a posséder sa propre chaîne YouTube. La chaîne propose un blog vidéo sur lequel les porte-paroles de l’armée qualifient les attaques d’ “actions de légitime défense à caractère humanitaire”.

La série de mesures prises par la hasbara en 2009 impliquait un contact direct avec des journalistes du monde entier. Des textos étaient envoyés quotidiennement à des milliers de journalistes, de diplomates et de blogueurs influents, accompagnés de communiqués de presse, de séances d’information et de visites aux communautés israéliennes du Neguev, aux frontières de Gaza.

L’expert israélien en stratégie des médias sociaux Niv Calderon a été engagé par le ministère des Affaires étrangères juste avant l’invasion de la bande de Gaza. Sa mission était de créer « le premier centre de crise dédié à la promotion de la propagande israélienne à l’échelle internationale ». Selon Calderon, « Nous sommes en pleine guerre médiatique, et chaque citoyen, chaque internaute, est un soldat. »

Haneen Zoubi, directrice du I’lam Media Center for Arabs and Palestinians in Israel, a qualifié la couverture des attaques de 2009 de « pastiche de la liberté de la presse ».

En 2006, durant l’invasion du Liban, elle avait dénoncé la presse israélienne, les accusant d’avoir « abandonné leur rôle de journalistes, sans avertissements ni excuses. (…) Il semble qu’ils ne soient plus capables de remplir leur devoir professionnel depuis qu'ils sont devenus esclaves du patriotisme ».

La responsable de la presse internationale des Forces de défense israéliennes, Avital Leibovich, de son côté, s'était dit « agréablement surprise » par la couverture internationale du conflit, même dans des médias considérés comme neutres ou non favorables à Israël. « Enfin, la communauté internationale comprend que le Hamas est l’agresseur » avait-elle déclaré.

Les efforts de la hasbara se poursuivent

Cinq ans plus tard, l’implication de l’armée dans la documentation et la diffusion de la propagande s'est renforcée, notamment à travers ses vidéos YouTube et ses comptes officiels sur Facebook et Twitter, très actifs.

Aujourd’hui, sa stratégie médiatique se base sur des dizaines d’infographies et de visuels visant à présenter la logique d’Israël de manière simple et imagée, à la façon du projet Visualizing Palestine qui s'attachait à montrer les effets de l’occupation sur les Palestiniens de Gaza.

"When is a House a Home?" visualization by Israel Defense Forces.

“Dans quelle mesure une maison est-elle un foyer ?” visuel de l'Armée de défense d'Israël.

L’un des visuels les plus partagés nous montre comment une maison à Gaza devient une cible. « Dans quelle mesure une maison est-elle un foyer ? A quel moment devient-elle une cible militaire ? » titre l’image, en réponse aux détracteurs d'Israël qui l'accusent de bombarder les habitations de Gaza sans faire de distinction. Un autre visuel compare « Ce que fait Israël pour protéger ses populations civiles » et « Ce que fait le Hamas pour mettre en danger ses populations civiles ».

Une autre image très évocatrice (voir ci-dessus) nous montre des missiles s’abattant sur plusieurs capitales, dont New York, Londres et Paris.

Ce visuel saisissant exhorte les internautes à partager l’image s’ils « pensent qu’Israël a le droit de se défendre ».

La campagne hasbara 2014 inclut également des pop-up apparaissant lors de la lecture d’une vidéo YouTube. Le compte est géré par le Ministère des Affaires Etrangères d’Israël et contient plusieurs vidéos de propagande anti-Hamas.

Entre 2009 et 2014, les efforts se sont poursuivis pour associer une plus grand part de la société à ces batailles en ligne, en mettant notamment l’accent sur les universités. Selon un article publié par Haaretz en août 2013, le Bureau du Premier Ministre projetait de former, en collaboration avec l’Union Nationale des Etudiants Israéliens, des « unités secrètes » au sein de sept universités d’Israël afin qu'elles déploient une diplomatie publique sur Internet.

Screen capture of YouTube Channel for Israel's Foreign Affairs Ministry.

Capture d'écran de la chaîne YouTube du Ministère des Affaires Etrangères d'Israël.

En 2014, l’Université de Haifa a lancé un programme de “cours de cyberguerre” visant à combattre la délégitimisation d’Israël sur Internet. D’autres universités contribuent à la propagande officielle, à l’instar de Bar-Ilan, l’Université hébraïque de Jérusalem et l’Université Ben Gourion.

La version de l’histoire relatée par la propagande officielle d’Israël contredit les images de désolation qui nous parviennent de Gaza. Dans la seule journée du 16 juillet, quatre enfants ont été tués par des frappes aériennes d’Israël alors qu’ils jouaient sur la plage, et l’hôpital Wafa de Gaza a été réduit en cendres par des tanks israéliens. Jusqu’ici, 77 % des victimes sont des civils. L'historien israélien Ilan Pappé parle de « génocide progressif ».

La campagne médiatique de l’armée israélienne impose une version des événements que rejettent fermement certains Israéliens. Des initiatives citoyennes lancées en ligne, telles que Breaking the Silence ou B’Tselem, et des manifestations publiques défendent elles une vision très différente de la ligne officielle.