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Un vent de révolte souffle sur Madagascar à quelques mois des élections

lundi 14 mai 2018 à 18:02

Les députés contestataires saluent les manifestants de la place du 13 Mai à Antananarivo, Madagascar par Jago Kosolosky

[Cet article a été republié avec la permission de Jago Kosolosky, rédacteur en chef / auteur de l'article pour le site d'actualité Le VIF.]

À Madagascar, 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté de 1,25 dollars par jour. L'espérance de vie pour les 25 millions d'habitants est un peu au-dessus de 65 ans. À titre de comparaison, en Belgique la moyenne d'âge est de 81 ans. Tout comme beaucoup d'autres pays africains, Madagascar connaît une explosion démographique liée à un exode rural qui met l'économie sous pression.

Bien que la manifestation de samedi à Antananarivo était officiellement interdite, quelques milliers de manifestants se sont présentés devant l'hôtel de ville de la capitale. Ils sont attendus par des agents et militaires en pick-up et à moto. Quelques heures plus tard, lorsqu'un agent tire du gaz lacrymogène sur les manifestants en fumant une cigarette, l'image que me renvoient les forces armées correspond à celle que je me fais d'une armée de mercenaires.

Les manifestants sont appelés à manifester par les parlementaires des partis de l'opposition qui s'opposent aux trois lois électorales approuvées début avril par les deux chambres du parlement. L'opposition accuse le président Hery Rajaonarimampianina de vouloir museler ces lois pour les élections présidentielles et parlementaires qui auront lieu cette année. Il n'y a pas encore de date définitive, et même la tenue d'élections demeure hautement incertaine.

Policiers et manifestants face à face sur l'avenue de l'indépendance à Antananarivo par Jago Kosolosky

Depuis 2014, Rajaonarimampianina est président de Magadascar et pour l'instant il n'a pas dit s'il se représenterait, mais c'est ce qu'on attend. Il devrait alors faire face à deux anciens présidents : Marc Ravalomanana qui était président de 2002 à 2009, et Andry Rajoelina qui a destitué Ravolomana par un coup d'État et a dirigé le pays jusqu'à la venue du président actuel.

Le président actuel n'est guère apprécié de la population, même si initialement son entrée en fonctions a apporté la stabilité après une période politiquement très agitée. Tout a mal commencé lorsque lors de son investiture, Rajaonarimampianina a pratiquement copié un discours de campagne de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, renforçant l'image du président marionnette du gouvernement français.

La veille de la manifestation, on a annoncé que le président avait fui la ville. “Mais cela a évidemment été raconté sur la chaîne radio de l'opposition”, dit en riant Joelina Rasolofo. Depuis quinze ans, il est journaliste à Radio Don Bosco et m'emmène à la manifestation. C'est l'une des plus grandes chaînes de radio du pays est la seule chaîne qui lors de la crise politique de 2009 (qui a fait 135 morts), a continué à couvrir ce qui se passait dans le pays. Quelques grenades de gaz lacrymogène plus tard, il me raconte “qu'aujourd'hui, la situation ressemble très fort à quand tout a commencé en 2009″.

Habituellement, l'Avenue de l'Indépendance est une rue très fréquentée, mais aujourd'hui tous les commerces sont fermés et les portes sont barricadées. L'atmosphère est tendue. Poussés par la curiosité, des journalistes, presque tous locaux, arpentent les lieux. Tout comme les petits groupes de manifestants, les agents de police et les militaires se préparent au combat pour l'hôtel de ville.

Militaires à Analakely par Jago Kosolosky

Alain Patrick a 24 ans et étudie à l'Université d'Antananarivo. Il dit ne pas être membre d'un parti politique, mais voulait tout de même manifester : “Je suis patriote, et j'aime mon pays, mais nous en avons assez de la corruption. Ce président veut rester au pouvoir et nous ne le tolérons pas.” A-t-il peur ? “Non, nous ne sommes pas les mauvais.”

Une détonation retentit. Un grand groupe de gens s'élance en chantant vers les agents et se dirige vers la place. Les drapeaux malgaches se heurtent aux grenades de gaz lacrymogène. Le gaz forme un nuage dans la rue, les manifestants se mettent à lancer des pierres, et une journaliste locale s'évanouit. Plus tard, je retombe sur elle. Manoa Raoelii a 24 ans, et travaille pour Free FM. Le gaz lacrymogène l'a fait suffoquer, mais elle a repris conscience : “Je ne sais pas si cela va dégénérer comme en 2009, j'étais toute jeune. Mais je n'ai jamais vu ça.”

Les journalistes et manifestants aux yeux et à la gorge brûlés par le gaz lacrymogène apprécient ma grande bouteille d'eau. J'ai attaché un mouchoir mouillé à mes lunettes pour me protéger le visage et je découvre que le vinaigre permet d'éviter les brûlures.

Dans ses tentatives de chasser les manifestants, la police ne s'attarde guère aux journalistes et ne communique pas du tout. Certains groupes de manifestants sont menés par des parlementaires de l'opposition fiers de porter leur écharpe. Je parle à l'un d'eux lorsque soudain la police nous asperge de gaz lacrymogène, le dictaphone d'un collègue se retrouve par terre et tout le monde fuit.

Rossy, né Paul Bert Rahasimanana, est un parlementaire élu et l'artiste malgache le plus célèbre des années nonante. Un temps, il a choisi de vivre exilé en France. Juste avant qu'on nous asperge de gaz, l'homme charismatique me hurle à l'oreille : “J'exige que le président démissionne demain.”

Un peu plus tard, j'entre dans un café en compagnie du candidat présidentiel autoproclamé Alain Andriamiseza du plus petit parti d'opposition MCDM. Il commande deux expressos et commence son discours. “Ici, il n'y a pas de presse libre. Vous avez vu comment on traite les journalistes.” Je détache le mouchoir de mes lunettes, et hoche la tête.

“Les lois électorales sur lesquelles la Cour constitutionnelle doit encore se prononcer, ont des traits dictatoriaux. Elles sont un moyen d'exclure des candidats des prochaines élections. Peu importe la décision de la Cour constitutionnelle, que les lois soient en ligne avec notre constitution ou non. Il nous faut d'urgence une nouvelle constitution, une constitution digne de ce nom.”

Andriamiseza est un des hommes politiques qui a appelé la population à venir en masse. Il voit suffisamment de raisons d'organiser une manifestation : “Notre pays est bourré de corruption et de népotisme. Notre président vend Madagascar aux Chinois pour s'enrichir. L'exploitation minière détruit notre pays, et la population locale s'appauvrit de plus en plus. “Je pense aux inscriptions chinoises sur le matériel de quelques agents de police et comprends sa frustration d'ailleurs partagée par la majorité de la population locale.

Soldats et gaz lacrymogènes à Antananarivo par Jago Kosolosky

Il prédit la chute du gouvernement. “Attendez, le 13 mai”.  C'est en effet une date symbolique. Le 13 mai 1973, des milliers de manifestants se sont rendus au même endroit de la capitale pour exiger la libération d'étudiants emprisonnés lors de leurs tentatives de démocratiser l'enseignement, et de lutter contre l'hégémonie de la langue française.

Près de quarante personnes sont décédées et avec elles la première République de Madagascar. “Contrairement aux autres populations africaines, nous ne pouvons fuir. Nous sommes coincés sur Madagascar et devons donc arracher un autre avenir pour notre pays.” Je prends congé et retourne sur la place.

Quand un peu plus tard, le gaz lacrymogène m'étouffe un peu trop, je peux souffler auprès de religieuses de Don Bosco qui résident Avenue de l'Independence. On me donne quelques oranges jaunes du pays, et je reprends des forces. Depuis le balcon, je vois les manifestants tentant d'atteindre la place et de s'imposer par le nombre. Les cris et les chants annoncent de quel côté viendra la prochaine attaque. Le jeu du chat et de la souris dure quelques heures, mais les manifestants s'approchent de la place et arrivent même à placer des barricades qui empêchent les pickups remplis de grenades de gaz lacrymogènes de passer.

Finalement, ils occupent l'hôtel de ville et la manifestation se transforme en coup d'état embryonnaire, quand la police et les militaires se retirent sous les rires et les moqueries des manifestants. La victoire est proclamée depuis le balcon de l'hôtel de ville, et la place se remplit de dizaines de milliers de personnes qui chantent et qui dansent. Des vendeurs de glaces surgissent, ils rejoignent les vendeurs qui vendaient des protections en papier contre le gaz durant la manifestation. La fontaine tape-à-l'oeil devant l'hôtel de ville est à présent utilisée par les manifestants pour se rafraîchir, les blessés sont emmenés, et une véritable fête populaire éclate.

Je rejoins la masse humaine devant l'hôtel de ville. Cinq fois, je sens qu'on pince la poche de mon pantalon où se trouve uniquement le mouchoir mouillé qui me protégeait du gaz lacrymogène. Seul Blanc, je suis une cible idéale pour les pickpockets. J'en prends un par le col : “Qu'est-ce que tu cherches mon ami?” Je ris, et il bat en retraite.

Les parlementaires de l'opposition montent au balcon de l'hôtel de ville et s'adressent à la masse, avant de faire retentir les chants guerriers anticoloniaux malgaches dans les haut-parleurs. Toute la place chante avec eux.

Il y a quatre morts, dont deux enfants étourdis par le gaz lacrymogène, et seize blessés. L'opposition annonce de nouvelles actions et le président réagit par un message télévisé : “J'appelle tous les gens de Madagascar à rester calmes, et à respecter la démocratie. Ce qui s'est passé, n'est pas moins qu'un coup d'un État.” Il dit aussi qu'à l'avenir les autorités agiront plus énergiquement. L'Union européenne condamne les violences et appelle les dirigeants du pays à faire preuve de réserve et soutient “des élections présidentielles crédibles, transparentes et inclusives en 2018″.

Pendant qu'au balcon les parlementaires de l'opposition condamnent la corruption, je monte dans un taxi et laisse la fête populaire derrière moi. Un peu plus tard, deux agents de police retiennent la vieille Citroën 2 CV qui me sert de taxi. “Vous n'avez pas votre passeport sur vous ?” Les agents tentent de me faire croire que j'ai un problème. Je sors du taxi et leur demande : “Alors, combien?” Ils rient, et me serrent la main. Je leur paie chacun 10.000 ariary (environ €2,5) et remonte dans le véhicule.

[Cet article a été republié avec la permission de Jago Kosolosky, rédacteur en chef / auteur de l'article pour le site d'actualité Le VIF.]

Le Bangladesh fier du lancement réussi de son premier satellite dans l'espace

dimanche 13 mai 2018 à 18:55

Mission Bangabandhu Satellite-1 à Cap Canaveral, USA. Photo sur Flickr via Official SpaceX Photos. Domaine public.

A 16:14 Heure avancée de l'Est (HAE) le 11 mai 2018, Bangabandhu-1, le premier satellite géostationnaire de communications du Bangladesh, a été lancé dans l'espace depuis Cap Canaveral, en Floride aux États-Unis. C'est un événement majeur qui a été célébré dans tout le Bangladesh.

Bangabandhu-1, nommé d'après le surnom de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh, a été placé sur sa position orbitale à la longitude de 119,1 degrés est. La mission du satellite est supposée durer au moins 15 ans.

Le lancement était originellement prévu le 10 mai, mais a été reporté au lendemain après la détection d'une erreur une minute avant la mise à feu. Une délégation officielle bangladeshi, conduite par la ministre d’État des Postes et Télécommunications Tarana Halim, était arrivée en Floride mardi pour assister au succès du lancement.

Peter B. de Selding, rédacteur en chef du Space Intel Report, a tweeté :

Le constructeur @Thalès_Alenia_S confirme le bon placement en orbite de Bangabandhu-1avec signaux et déploiement des panneaux solaires. Succès de la mission pour le 1er lancement de la version 5 de [la fusée] Falcon 9 de SpaceX. Le Bangladesh rejoint la liste des pays ayant leur propre satellite de télécoms.

K. Scottt Piel, un ingénieur logiciel du Kennedy Space Center, a tweeté :

Une vue à 90 mégapixels du Falcon9 de SpaceX emportant Bangabandhu1 avant le vol inaugural aujourd'hui du Block5. Téléchargement de la pleine résolution disponible ici

Le travail a commencé sur le satellite de 3,700 kilogrammes en 2015, quand il a été commandé à la firme française Thales Alenia Space par la Commission bangladaise de régulation des télécommunications.

Le lancement marque aussi un jalon pour la société SpaceX, à qui a été confié le lancement lui-même. Il inaugurait une nouvelle version de son véhicule de lancement, connue sous le nom de Falcon 9 Block 5, un modèle à plus forte poussée et plus réutilisable. SpaceX est une société américaine créée en 2002 par l'entrepreneur Elon Musk. SpaceX a produit une webdiffusion en direct du lancement, visible en ligne :

Bangabandhu-1 will fournira télévision satellite, accès internet et services de communication d'urgence, ainsi que le haut débit aux zones rurales du Bangladesh, et son opérateur sera la compagnie d’État nouvellement formée Bangladesh Communication Satellite Company Ltd, qui prend la suite de la Commission bangladaise de régulation des télécommunication (BTRC selon l'acronyme anglais) pilote du projet jusque là.

Selon the Dhaka Tribune, les dépenses annuelles du Bangladesh pour la connectivité satellite s'élèvent actuellement à 14 millions de dollars US pour la location de bande passante auprès d'opérateurs étrangers. Il est prévu que le lancement de Bangabandhu-1 réduira significativement ce coût.

Incroyable moment hier. On fête le satellite Bangabandhu-1. Ce satellite unique est conçu pour réduire la fracture numérique au Bangladesh, pas seulement dans les grandes villes mais aussi dans les zones rurales. Il sera une source d'emplois dans la région.

Le satellite offrira une couverture en bande Ku sur le Bangladesh et ses eaux territoriales dans la baie du Bengale, l'Inde, le Népal, le Bhoutan, le Sri Lanka, les Philippines et l'Indonésie.

Sur Twitter, les citoyens du Bangladesh ont aussitôt exprimé leur approbation, malgré l'heure matinale.

Farhan Hossain a tweeté :

Bangabandhu1 va enfin être dans l'espace, et le Bangladesh est le 57ème pays à entrer au club des possesseurs de satellite. Merci à la Première Ministre #SheikhHassina pour ses efforts inlassables et ses avancées vers le Bangladesh numérique.

Adnan Ahmed Khan a écrit :

Confirmation du déploiement sur orbite de transfert géostationnaire réussi du lancement par le Falcon 9 Block 5 de SpaceX du satellite Bangabandhu1. C'est peut-être ainsi qu'un pays change, tellement fier

Cependant, certains comme Kazi Didar ont commenté que l'énorme dépense pour le satellite aurait été mieux employée à satisfaire en priorité des besoins de base du Bangladesh :

Nous autres Bangladais ne voulons pas gaspiller l'argent pour un satellite.
Nous voulons avant tout manger, nous habiller, nous loger, des écoles, des logements, la sécurité publique. Nous voulons un gouvernement démocratique et des droits de vote, une justice transparente, un système de communications amélioré, du travail et un Bangladesh exempt de corruption

Quoi qu'il en soit, la plupart y voient un accomplissement majeur pour le Bangladesh.

Zenith a tweeté :

Je ne peux pas croire que le Bangladesh est devenu le 57ème membre du club exclusif des pays possesseurs de satellites avec le lancement de Bangabandhu1
Moment de fierté, même si la plupart sont occupés à regarder la télé et n'ont probablement aucune idée

Et Raju d’écrire :

Les stations au sol locales reçoivent avec succès le signal test du satellite Bangabandhu1. Une réussite remarquable du Bangladesh sous la direction hardie de la Première Ministre Sheikh Hasina.

Pour la Coupe du Monde en Russie cet été, l'Asie Centrale soutiendra Mohamed Salah

samedi 12 mai 2018 à 16:50

Mohamed Salah. Capture d'écran de la vidéo YouTube ‘Drawing Salah…Liverpool’ postée par Sanil Artist le 15 décembre 2017.

[Billet d'origine publié le 30 avril 2018] Cette saison, le footballeur égyptien Mohamed Salah a plongé dans l'extase le monde du football et ce n'est pas fini. D'ici la fin de la semaine, le club de Salah, Liverpool, devrait décrocher sa place pour la finale du plus prestigieux tournoi européen. Dans le même temps, il pourrait dépasser le record de buts marqués en une saison dans le championnat d'Angleterre à 20 équipes, record qu'il a déjà égalisé avec 31 réalisations. Puis, à la fin de sa saison en club, il disputera une petite Coupe du Monde avec l’Égypte.

Les fans de football des anciens pays soviétiques d'Asie Centrale à majorité musulmane l'encouragent à chaque étape.

Faire connaître le vrai Islam

Les groupes de discussion sur le football des réseaux sociaux de la région étaient auparavant le théâtre de luttes féroces entre les partisans du champion argentin Lionel Messi et ceux de la star portugaise Cristiano Ronaldo. C'est terminé.

Au-delà de sa vitesse hallucinante et de son talent facile, la popularité croissante de Salah peut s'expliquer par sa fière identité de musulman pratiquant et ses dons généreux à des associations caritatives en Égypte et ailleurs. A Liverpool, ses exploits devant le but ont suscité l'adulation et inspiré un chant de supporters sur la conversion à l'Islam. Mais à l'inverse de nombreux de ses collègues du monde entier aveuglés par la célébrité, Salah apparaît comme un modèle d'humilité.

C'est précisément sa conduite en dehors des terrains qui est le sujet de nombreuses discussions dans les groupes Facebook d'Asie Centrale.

Tout musulman devrait avoir un comportement exemplaire. Avec son magnifique talent dans le football et son bon comportement, Salah fait connaître le vrai Islam au monde.

Dans le groupe Facebook du football au Tajikistan, Mo Salah a été le plus souvent cité quand on a demandé aux membres quel footballeur avait la meilleure éducation et quel joueur ils aimeraient voir remporter le prix du joueur de l'année. Même les fans inconditionnels de Ronaldo et Messi dansle groupe ont estimé que ce trophée devrait aller à leur “frère musulman” qu'ils célèbrent avec le refrain “Liverpool avec Salah, Salah avec Allah”.

Mais la Salah-mania a atteint des sommets vraiment incroyables dans l'Ouzbékistan voisin, où une famille a donné son nom à un nouveau-né, selon un reportage du bureau ouzbek de RFE/RL.

Tous les regards tournés vers la Russie cet été

Salah a célébré beaucoup de ses buts cette saison en se prosternant pour glorifier Allah.

Mais il a fait une exception pour les deux buts marqués lors de la demi-finale aller de Ligue des Champions contre ses anciens coéquipiers de Rome. Bien qu'il ait livré l'une des plus mémorables performances individuelles dans l'histoire de cette compétition des meilleurs clubs européens, Salah a refusé de célébrer ses buts contre son ancien club, ce qui lui a valu encore plus d'éloges.

Il pourrait faire de même le 6 mai, même s'il bat le record du nombre de buts marqués en Première Ligue dans le match contre Chelsea, un club qui l'a mis à l'écart après lui avoir offert très peu de temps de jeu en équipe première il y a deux ans.

Ce serait la suite logique de cette saison incroyable si Salah remportait le titre européen à l'issue de la finale de Ligue des Champions à la fin du mois prochain. Les supporters savourent d'avance la perspective terriblement alléchante d'un match l'opposant, lui et Liverpool, à Ronaldo et au Real de Madrid.

Mais pour les 25 millions de musulmans vivant en Russie, dont plus de quatre millions de migrants d'Asie Centrale, la présence de Salah à la Coupe du Monde cet été au sein d'une modeste équipe d’Égypte revêt une signification particulière.

Là-bas, comme en Europe, l'islamophobie et les attaques contre des musulmans augmentent chaque jour, après être montées en flèche l'an passé suite à un attentat à Saint-Pétersbourg attribué à des extrémistes et qui a suscité des craintes quant à la sécurité pendant le tournoi.

Un homme barbu prénommé Mohamed qui joue au sport roi avec la joie dans le cœur et un sourire sur le visage pourrait être le remède idéal.

Comment RootIO réussit à faire de la radio en Ouganda à l'aide d'un seau

samedi 12 mai 2018 à 13:02

Une boîte à outils open-source permet de diffuser avec seulement un smartphone et un transmetteur

Image fournie et utilisée avec permission.

L'article suivant écrit par Tshepo Tshabalala du Laboratoire de Journalisme et Médias (jamlab.africa), présente un projet de Wits Journalism et du Tshimologong Digital Innovation Precinct en partenariat avec l'association Journalists for Human Rights et l'Université Ryerson. Il est republié ici avec permission. L'article original peut être lu ici.

La radio a toujours été toujours et reste un puissant média sur la plus grande partie du continent africain. Non seulement la radio est utilisée pour partager des informations sur la communauté, mais elle est bon marché et très accessible.

En Ouganda, une combinaison du pouvoir de la radio et des nouvelles technologies mobiles ainsi que d'Internet a créé une boîte à outils open source puissante et bon marché qui permet aux communautés de créer leurs propres stations de micro-radio. Tout ce dont on a besoin, c'est d'un smartphone et d'un émetteur peu coûteux, et d'une communauté pour partager, promouvoir et collaborer sur un contenu dynamique.

Le projet RootIO travaille à la mobilisation de ce qu'il appelle “communication intercommunautaire”. Chris Csikszentmihalyi, son cofondateur, dit que l'idée est venue après le tremblement de terre en Haïti en 2010 [fr] quand les stations de radio FM ont transformé leur programmation ordinaires de radio en émissions sur la façon dont les survivants du tremblement de terre trouvaient de l'eau ou de l'aide. Environ un an et demi plus tard, Csikszentmihalyi s'est retrouvé à travailler pour le Fonds des Nations Unies pour l'enfance [fr] (UNICEF) en Ouganda, dans le cadre d'un programme éducatif. Il était étonné de la manière dont les Ougandais utilisaient les téléphones – rarement pour les appels.

“Dans les zones rurales, les gens restaient longtemps sans recharger leur crédit ou ils n'en gardaient pas sur leur téléphone et en même temps, ils écoutaient la radio 24 heures sur 24, 7 jours sur 7″, dit-il. Dans les villages où j'ai logé, les gens marchaient jusqu'à 7 km pour charger leur téléphone, mettre du crédit et seulement alors passer un appel. Ce n'est pas un objet toujours allumé. Ils l'utilisaient quand ils en avaient besoin. J'ai pensé qu'il y avait un moyen de joindre ces deux usages comme personne ne l'avait fait auparavant.”

Seaux radio RootIO. Image fournie et utilisée avec permission.

Alors qu'il était à l'UNICEF, il a rencontré Jude Mukundane, qui travaillait à l'époque pour Uganda Telecom, aidant à développer l'enregistrement des naissances par téléphone mobile pour le gouvernement ougandais en collaboration avec cette même institution. Mukundane faisait des choses intéressantes avec les téléphones, utilisant le Service supplémentaire pour données non structurées (USSD). “J'ai essayé de l'embaucher … puis environ un an plus tard, il était prêt à faire quelque chose”, dit Csikszentmihalyi.

“Ensemble, nous avons dit que nous devrions changer la radio et faire en sorte qu'elle fonctionne mieux avec les téléphones, faciliter leur interaction pour les gens. Et c'est là que nous avons inventé RootIO », dit Csikszentmihalyi.

Mukundane est devenu le directeur technique, tandis que Csikszentmihalyi s'est concentré sur la collecte de fonds parmi d'autres responsabilités.

“Je m'assure que la technologie est à la hauteur de ce que nous promettons aux communautés”, dit-il.

Une antenne RootIO dans un village en Ouganda. Image fournie et utilisée avec permission.

La technologie dont il parle est ce qui rend ces stations de radio uniques. Ils n'ont pas de studio et toutes les émissions de radio sont faites en utilisant le smartphone de l'animateur.

Comment cela marche-t-il ? Les utilisateurs peuvent acheter la plupart des matériaux sur les marchés locaux. Un petit émetteur est intégré dans un seau étanche avec un ventilateur, un contrôleur de charge et un smartphone connecté à une antenne et à un panneau solaire.

Les stations de radio sont vraiment petites et peuvent desservir un village ou quelques villages atteignant 10 000 auditeurs. Le contenu produit par les animateurs radio se trouve dans le nuage (cloud), ce qui permet aux stations de partager du contenu entre elles.

“Notre ordinateur appelle la station et l'animateur de l'émission … Le téléphone de la station répond automatiquement quand c'est l'heure du programme. Les auditeurs qui souhaitent participer aux discussions de l'émission de radio appellent, mais trouvent que c'est occupé, puis l'ordinateur les rappelle. Donc, les gens ne sont pas facturés, dit Csikszentmihaly.

Personne dans la communauté n'est facturé pour les appels téléphoniques effectués. RootIO achète des recharges de données au tarif de gros pour entreprises, ce qui est environ 50 fois moins cher que ce que quiconque dans la communauté pourrait obtenir. Les frais de RootIO sont compensés par la vente de publicité aux ONG et aux entreprises.

L'équipe a commencé avec quatre stations il y a deux ans. Elle est chargée à présent de gérer 12 à 15 autres stations dans l'est de l'Ouganda à la frontière kényane, et cinq à sept radios ont également commandées par le Cap-Vert.

Une tour RootIO en Ouganda. Image fournie et utilisée avec permission.

Csikszentmihaly ajoute qu'ils gèrent RootIO à l'équilibre. Même le logiciel qu'ils utilisent est gratuit et est disponible en open source sur GitHub et n'importe qui peut télécharger et exécuter l'application sur un téléphone.

Csikszentmihaly et Mukundane espèrent construire en grand nes stations de radio FM de faible puissance beaucoup moins chères pour donner le contrôle de la FM aux personnes qui dépendent le plus de la radio.

Sur des médias sociaux en ébullition, les Turcs répondent “ça suffit” au président Erdogan

jeudi 10 mai 2018 à 21:57

Des milliers de manifestants protestent à Istanbul contre la corruption et le pouvoir d'Erdogan, décembre 2013. Sur la bannière avec les photos de Fethullah Gülen et du Premier ministre Erdogan est écrit “l'un ne vaut pas mieux que l'autre”. Photo Fulya Atalay pour Demotix.

Il n'a fallu que quelques heures au président turc Recep Tayyip Erdogan pour comprendre son erreur lors de son discours aux adhérents de son parti à Ankara le 8 mai. Parlant de lui-même à la troisième personne, le président Erodgan a déclaré : “ses ennemis n'ont qu'une chose qui leur importe : détruire Recep Tayyip Erdoğan.”

Et d'ajouter : “Si un jour notre nation dit ‘tamam’, alors nous nous mettrons de côté”.

En turc, “tamam” signifie “ça suffit”. Et c'est exactement ce que les Turcs ont répondu à la promesse présidentielle.

A côté des opposants politiques affichés à Erdogan, beaucoup de gens ordinaires sont allés sur Twitter dire “ça suffit”. Les 8 et 9 mai, #Tamam a été tendance mondiale en Turquie et dans le monde.

T A M A M a maintenant été partagé plus d'1 million de fois.

En réplique, le mot-clic “#Devam” signifiant “continuer” est aussi monté en puissance. Mais les deux sont loin de faire jeu égal.

Akin Unver est assistant au Programme de cyber-recherche du Centre de Recherche en politique économique et étrangère. Il a compté les deux mots-clics et conclut :

Centrage sur Istanbul : 1) #TAMAM 2) #DEVAM
Centrage sur Ankara : 1) #TAMAM 2) #DEVAM (trop de bots, la plupart des points ont des centaines de contenus)

A la demande du peuple : quelques cartes simples de répartition en Turquie de la concurrence #TAMAM contre #DEVAM ; une des plus grosses guerres de hashtags politiques de l'histoire d'Internet
1- #TAMAM répartition mondiale
2- #DEVAM répartition mondiale
3- #TAMAM répartition nationale
4- #DEVAM répartition nationale

“Une des plus grosses guerres de hashtags politiques de l'histoire d'Internet” fait rage en Turquie entre #TAMAM et #DEVAM. En savoir plus

Nous sommes sûrs. C'est notre décision définitive [La question est : Êtes-vous sûr de vouloir quitter ? Oui ou Annuler]

“Qu'ai-je fait ?” T A M A M

D'autres ont appelé au retrait de l'état d'urgence en Turquie, utilisé par Erdogan comme justification des élections anticipées actuellement prévues pour le 24 juin, en vue d'avoir des élections libres et honnêtes en Turquie.

OHCHR (Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme) ! La Turquie doit lever les restrictions de l'état d'urgence pour que des élections crédibles aient lieu

Le fondateur de Wikipédia Jimmy Wales s'est saisi du mot-clic comme d'une occasion de demander à Erdogan la levée de l'interdiction de Wikipédia, bloquée depuis un an en Turquie.

J'aime la Turquie. J'aime la culture et les gens de Turquie. La belle ville d'Istanbul… bonne chère, bons vins, grande culture. J'apelle Erdogan à rétablir Wikipedia et à écouter les gens ! #tamam #LaTurquieNousManque

#Tamam a aussi atteint Instagram :

#TAMAM

A post shared by KIMAÇ ÇABUKER (@kimaccabuker) on

Les autorités n'ont pas tardé à exclure le soutien croissant pour “tamam” en ligne, et ont prétendu que les messages étaient envoyés par des robots associés au PKK et au FETO [le mouvement Gülen].

Le porte-parole de l'AKP Mahir Unal a déclaré :

Most of the tweets with the hashtag TAMAM are posted from countries where FETÖ and PKK are active. They are bot accounts. We can understand Greece. But what about those at home?’

La plupart des tweets avec le hashtag TAMAM sont postés depuis les pays où FETO et PKK sont actifs. Ce sont des comptes de robots. Nous pouvons comprendre la Grèce. Mais ceux chez nous ?

Le porte-parole de la présidence İbrahim Kalın a été cité disant dans une conférence de presse le 9 mai :

The attacks via social media bots will not come up with any results. We consider reality, not the virtual world. We believe our nation will say ‘continue’ instead. It is not important for us. Citizens will have the last word in the polls. 

Les attaques par des bots de médias sociaux n'aboutiront à rien. Nous prenons en compte la réalité, pas le monde virtuel. Nous croyons que notre pays dira au contraire “continuer”. Ça n'a pas d'importance pour nous. Les citoyens auront le dernier mot dans les urnes.

Le vice-Premier ministre Bozdağ : “Ils [ceux qui disent #Tamam] rêvent. Le 24 juin sera le jour où leur rêve se transformera en cauchemar.”

Le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a quant à lui utilisé #Devam pour souligner que l'avenir de la Turquie est avec le président Erdogan.

Nous avons de grands espoirs, un grand amour ! Dans notre combat béni pour une Turquie prospère et plus forte #continuer

Texte sur l'image : La Turquie est notre espace de vie commun, notre amour commun, notre passé commun, notre avenir commun

Le président Erdogan gouverne la Turquie depuis 15 ans. Il a convoqué des élections-surprise, qui auront lieu le 24 juin. S'il s'assure la victoire à ce scrutin, Erdogan restera au pouvoir pour sept ans encore.