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Montrer la réalité du mur qui existe déjà le long de la frontière entre le Mexique et les États-Unis

lundi 15 mai 2017 à 21:26
Alejandra Vallejo visits her husband Daniel Armendariz at the border wall at Friendship Park in Tijuana, Mexico on May 15, 2026. The couple has been meeting at the border every Saturday and Sunday for the previous 2 months. Armendariz cannot leave the United States because he is on probation and Vallejo does not have the documents to legally cross the border into the United States. Photo by Griselda San Martin.

Alejandra Vallejo rend visite à son époux Daniel Armendáriz au mur frontalier du parc de l'Amitié à Tijuana (Mexique) le 15 mai 2016. Le couple se retrouve à la frontière tous les samedis et dimanches depuis deux mois. Armendáriz ne peut pas sortir des Etats-Unis parce qu'il est en liberté conditionnelle et Vallejo n'a pas les papiers pour pénétrer légalement aux États-Unis. Photo de Griselda San Martín, utilisée avec autorisation.

Cette histoire de Rodrigo Borges Delfim a été publiée initialement dans MigraMundo le 31 janvier 2017. L'article est reproduit ici dans le cadre du partenariat entre MigraMundo et Global Voices.

Contrairement aux dires de Donald Trump, il existe déjà un mur entre le Mexique et les Etats-Unis. Il a une longueur de près de 3 200 km sur la frontière des deux pays et sa construction a commencé sous le gouvernement de Bill Clinton (1993-2000).

Il existe une zone le long de la frontière qui est couverte par un parc binational, le Parc de l'Amitié, où les personnes de chaque côté peuvent se retrouver, malgré les restrictions sévères de la patrouille frontalière.

Montrer l'existence de cette barrière physique –mais aussi psychologique et sociale– et sensibiliser sur ses effets est l'objectif d'un projet appelé “The Wall” (le mur), réalisé par la journaliste graphiste espagnole Griselda San Martín entre 2015 et 2016 dans la zone du parc de l'Amitié.

Dans un entretien exclusif avec MigraMundo, Griselda parle de la réalisation du projet et montre que Trump, en réalité, a réussi d'ores et déjà à construire un mur qui divise la société américaine.

Pastor Guillermo Navarrete of the Methodist Church of Mexico stands at the border fence at Friendship Park during the weekly meeting of the Border Church in Tijuana, Mexico, on May 22, 2017. The binational service is conducted simultaneously on both sides of the border fence in English and Spanish. Photo by Griselda San Martin. Used with permission.

Le pasteur Guillermo Navarrete de l’Église méthodiste du Mexique à la clôture frontalière dans le parc de l'Amitié lors de la réunion hebdomadaire de l’Église de la frontière à Tijuana (Mexique), le 22 mai 2016. Le culte binational est conduit simultanément des deux côtés de la clôture en anglais et en espagnol. Photo de Griselda San Martin, utilisée avec autorisation.

MigraMundo (MM): Comment avez-vous commencé à travailler sur les thèmes des migrants ?

Griselda San Martin (GSM): It was at the School of Journalism (2011-2013) that I started to approach the subjects that would awaken my interest in immigration issues. Focusing on the issues of cultural identities and ethnic minorities, I became familiar with the human consequences of immigration policies during a first research trip to the border region of Tijuana-San Diego in 2013.

Griselda San Martin (GSM): C'est à l'Ecole de Journalisme (2011-2013) que j'ai commencé à aborder les thèmes qui allaient éveiller mon intérêt pour les questions migratoires. Avec les questions d'identité culturelle et des minorités ethniques en tête, je me suis familiarisée avec les conséquences humaines des politiques d'immigration lors d'un premier voyage de recherche à la zone frontalière de Tijuana et San Diego en 2013.

MM: Combien de temps a-t-il fallu pour réaliser “le mur” ?

GSM: After graduating from the International Center of Photography in New York in 2015, I went back to the border and spent a year working on social documentary, finding stories of deportation, separation, displacement, and human rights violations. ‘The Wall’ was one of the long-term projects that I developed from September 2015 until August 2016.

GSM: Après mon diplôme du Centre international de photographie de New York en 2015, je suis retournée à la frontière et j'ai passé un an à travailler sur le documentaire social, j'ai trouvé des histoires d'expulsion, de séparation, de déplacement et de violations des droits de l'homme. “Le mur” a été un des projets à long terme que j'ai réalisés entre septembre 2015 et août 2016.

MM: Avez-vous eu un parrain pour créer le projet ?

GSM: No. Self-funded project.

GSM: Non. C'est un projet autofinancé.

MM: Que pensez-vous de l'actuel président des États-Unis, Donald Trump ?

GSM: The new political climate in the United States is worrisome.

President Donald J. Trump is showing clear signs that he plans to do what he promised during his campaign. During his first week as president, he has signed several executive orders that might greatly affect several minority groups. In terms of immigration issues, he wants to deport millions of undocumented immigrants, renegotiate the NAFTA [North American Free Trade Agreement], ban refugees from specific countries, and make a wall along the southern border and make Mexico pay for it. Some of these things are not new. Obama deported 2.5 million immigrants and there already is a wall along one-third of the border between the U.S. and Mexico.

He might or might not construct or extend that wall, but he has already built a wall that has divided American people. And he only seems to care about the ones who voted for him. Somehow it is evident that immigration has been wrongly blamed for the economic troubles of this country. Some minorities will feel the consequences of this perception.

GSM: Le nouveau climat politique aux États-Unis est préoccupant.

Le président Donald J. Trump montre des signaux clairs qu'il prévoit de faire ce qu'il a promis lors de sa campagne. Pendant la première semaine de sa présidence, il a signé plusieurs décrets qui pourraient affecter grandement différents groupes minoritaires. En terme d'immigration, il veut expulser des millions d'immigrants sans papiers, renégocier l'ALENA (traité de libre échange d'Amérique du Nord), empêcher l'entrée de réfugiés de pays désignés et construire un mur le long de la frontière sud et le faire payer par le Mexique. Certaines de ces idées ne sont pas nouvelles. Obama a expulsé 2,5 millions d'immigrants et il y a déjà un mur sur un tiers de la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Qu'il construise ou pas le mur ou qu'il l'étende, il a déjà construit un mur qui divise la société américaine. Il semble que seuls ceux qui ont voté pour lui l'intéressent. D'une certaine manière, il est évident qu'on a accusé à tort l'immigration des problèmes économiques du pays. Des minorités sentiront les effets de cette idéologie.

MM: Quelles difficultés avez-vous rencontrées pendant le projet ?

GSM: Friendship Park, which is the section of the border wall that I have been photographing (where the families meet), is only open on Saturday and Sunday for a few hours. That means it’s only a few hours a week that I was able to work on this project and I had to go back many many times.

Sometimes the weather conditions were not favorable. Sometimes people did not want to be photographed, but I have to say that most of the time they were okay with it.

On the Mexican side of the wall, the park is open. But on the U.S. side, there is a second fence and the area is controlled by the Border Patrol. I was not allowed to use microphones on the U.S. side and the time allowed to photograph and film was very limited. I had to ask for permission in advance.

GSM: Le parc de l'Amitié, qui est la section du mur frontalier que j'ai photographiée (où les familles se retrouvent), est ouvert seulement les samedis et les dimanches pour quelques heures. Cela signifie que je pouvais travailler sur ce projet peu d'heures par jour et j'ai dû revenir souvent.

Parfois, la météo n'était pas favorable. Parfois, les personnes ne voulaient pas être photographiées, mais je dois dire que la plupart du temps, cela ne les dérangeait pas.

Du côté mexicain du mur, le parc est ouvert. Mais du côté américain, il y a une deuxième clôture et la zone est contrôlée par la patrouille frontalière. Ils ne m'ont pas autorisée à utiliser des micros du côté américain et le temps autorisé pour photographier et filmer était très limité. Je devais demander l'autorisation à l'avance.

MM: D'après-vous, quel héritage peut laisser un projet comme “le mur” ?

GSM: My goal is to show the human consequences of immigration policies. The separation of families. There are people in this country who ignore that there already is a wall. I want to show them what the wall looks like, and what it means for the individuals affected by it.

GSM: Mon objectif est de montrer les conséquences humaines des politiques d'immigration, la séparation des familles. Il y a des personnes dans ce pays (les États-Unis) qui ignorent qu'un mur existe déjà. Je veux leur montrer à quoi ressemble le mur, et ce qu'il signifie pour les personnes concernées.

MM: Avez-vous des idées pour un autre projet en relation avec les migrations ?

GSM: Yes. I am already working on a project on Hispanic immigrants who live in the United States and how their lives are now, and how they will be affected by the new government.

GSM: Oui. Je suis déjà en train de travailler sur un projet sur les immigrés hispaniques vivant aux États-Unis, ce que sont leurs vies maintenant, et comment ils seront affectés par le nouveau gouvernement.

MM:  Le mot “migration”, qu'est-ce qu'il signifie pour vous ?

GSM: Migration, to me, is sacrifice. People who leave everything behind in search of a better future for themselves and their children.

GSM: La migration, pour moi, c'est un sacrifice. Des gens qui laissent tout derrière eux à la recherche d'un avenir meilleur pour eux-mêmes et leurs enfants.

Carmen Morales with 2 of her grandchildren Christian, 8, and Sofia, 4, meet for the first time Morales’ daughter in law and grandchildren Jessi, 15, and Crystal, 11, who came to visit from San Bernardino, California. In this area, the iron bars are separated enough that families would be able to easily hug but it is strictly prohibited to approach from the U.S. side. Photo by Griselda San Martin. Used with permission.

Carmen Morales, avec deux de ses petits-enfants, Christian (8 ans) et Sofía (4 ans), se réunissent pour la première fois avec sa belle-fille et ses autres petits-enfants –Jessi (15 ans) et Crystal (11 ans), venus les voir depuis San Bernardino en Californie. Dans cette zone, les barres de fer sont suffisamment écartées pour que les familles puissent se serrer dans les bras facilement, mais du côté américain il est strictement interdit de s'approcher . Photo de Griselda San Martín, utilisée avec autorisation.

“Le Mur”

Le mur nous raconte l'histoire de familles qui se rencontrent des deux côtés de la clôture frontalière de Tijuana-San Diego, au Parc de l'Amitié, à un moment de tensions politiques xénophobes croissantes. Le parc est le seul lieu binational de rencontre le long de 3 000 kilomètres de frontière qui divisent les États-Unis et le Mexique.

Quand le parc a été créé en 1971, la clôture était seulement faite de fil de fer barbelé. Aujourd'hui, un énorme mur de métal qui a été renforcé à plusieurs reprises sépare les deux pays. Il va jusqu'à la plage, et se prolonge sur presque 500 kilomètres dans l'Océan Pacifique. L'accès pour toucher physiquement le mur du côté des États-Unis se limite à une petite zone, et les familles s'appuient sur la clôture en essayant d'apercevoir leurs proches à travers le grillage si serré qu'ils peuvent à peine se toucher du bout des doigts. Dans une petite zone du parc, l'espace entre les barres métalliques permettrait que les familles s'embrassent, mais la patrouille frontalière du côté des États-Unis est toujours en alerte et les visiteurs doivent s'arrêter plusieurs mètres avant la clôture, aussi, tout contact physique est strictement interdit.

En plus de servir comme lieu de rencontre pour les familles, et à cause de la signification historique et de la situation stratégique du parc, régulièrement des événements sociaux sont mis en place (comme des mariages, des fêtes des 15 ans et des réunions binationales), et les activistes se réunissent pour manifester et sensibiliser aux causes de société.

“Le Mur” examine ces interactions à la frontière sur fond de climat politique de xénophobie, où les pratiques de contrôle aux frontières ont modelé la forme des espaces publics au travers de la détention et du confinement. Le grand et “beau” mur que certains politiques ont promis de construire existe déjà. Mais malgré les énormes clôtures de métal et les checkpoints militarisés, l'amour n'a pas de frontières.

Pastor Jonathan Ibarra and wife Gladys Lopez at their wedding photoshoot in front of the the U.S.-Mexico border fence in Playas de Tijuana, Mexico, on December 12, 2015. The border is a symbolic place for Ibarra and Lopez, who both grew up in California but now live in Tijuana separated from their whole family. Ibarra was deported and Lopez doesn’t have papers to legally reside in the United States. She tried to cross over three times but was caught by the border patrol and returned to Mexico. Photo by Griselda San Martin. Used with permission.

Le pasteur Jonathan Ibarra et son épouse Gladys López lors de leur mariage face à la clôture frontalière entre les États-Unis et le Mexique, sur la plage de Tijuana (Mexique), le 12 décembre 2015. La frontière est un lieu symbolique pour Ibarra et López, qui ont grandi en Californie et vivent aujourd'hui à Tijuana, séparés du reste de leur famille. Ibarra a été expulsé et López n'a pas les papiers pour vivre légalement aux États-Unis. Elle a essayé de traverser trois fois, mais la patrouille frontalière l'a capturée et elle a été reconduite au Mexique. Photo de Griselda San Martín, utilisée avec autorisation.

« Abattez ce mur » : le concert de protestation de l’orchestre symphonique de Dresde à la frontière entre les États-Unis et le Mexique

lundi 15 mai 2017 à 20:40

Source photo :  Pixabay. Domaine Public.

Le 3 juin 2017, l’orchestre symphonique de Dresde (Allemagne) donnera un concert en signe de protestation contre le mur frontalier qui sépare les États-Unis du Mexique et dont le gouvernement de Donald Trump entend prolonger la construction. Le concert réunira aux côtés de l’orchestre des musiciens américains et mexicains. Le lieu du concert, le Parc de l’amitié, se situe à la frontière entre Tijuana et San Diego. Le week-end, des centaines de familles se rassemblent dans ce parc pendant quelques heures afin de voir leurs proches, même si les retrouvailles ne durent que quelques secondes.

Au travers de cet événement, auquel il a donné le nom de « Abattez ce mur », l’orchestre souhaite démontrer que les deux pays restent unis, malgré les murs et frontières qui les séparent.

Trente ans après la célèbre demande de Ronald Reagan : « M. Gorbatchev, ABATTEZ CE MUR ! », l’orchestre symphonique de Dresde n’entend pas seulement manifester contre le « beau mur », comme le surnomme le président Trump, mais également contre lla fermeture de l'Europe. Plus important encore, il s’agit de faire tomber les barrières dans l’esprit des gens.

Les fonds nécessaires à la réalisation de cette protestation artistique ont été récoltés sur la plateforme Kickstarter. Les motivations de cette singulière manifestation y sont expliquées :

Together, we will demonstrate that music knows no boundaries and art can help to build bridges across all barriers.

Nous allons montrer ensemble que la musique ne connaît pas de frontières et que l'art peut peut aider à construire des ponts au-dessus de toutes les barrières.

Et d'ajouter :

Being from former East Germany we have witnessed the impact of isolation and political walls. It is a bad idea! Together we will raise our voices like the citizens of East Germany did during their peaceful revolution.

Nous venons de l'ex-Allemagne de l'Est, nous avons donc connu les effets de l'isolement et des murs politiques. C'est une idée néfaste ! Ensemble nous élèverons nos voix comme l'ont fait les citoyens d'Allemagne de l'Est pendant leur révolution pacifique.

L'orchestre a atteint son objectif de financement.

MISE À JOUR : L'Orchestre symphonique de Dresde a atteint son objectif de financement et mènera à bien un concert des deux côtés de la frontière USA-Mexique

Au-delà du concert qui sera donné au Parc de l’amitié, le Dresdner Sinfoniker a lancé, dans une lettre signée par son directeur Markus Rindt, un appel aux artistes et musiciens du monde entier à s’unir à cette manifestation et organiser eux aussi des performances artistiques à plusieurs endroits « le long des 3 144 kilomètres de frontière ».

Rindt ajoute : « si vous ne pouvez pas être physiquement présents avec nous, envoyez-nous des vidéos ou des photos en laissant un message sous le hashtag #teardownthiswall [#AbattezCeMur], afin de les partager avec le monde entier ».

Interviewé par la journaliste mexicaine Carmen Aristegui, le directeur est revenu sur plusieurs idées exprimées lors de la campagne, faisant le lien avec la crise migratoire en Europe et en Méditerranée,mais également avec la progression de l’isolationnisme et du nationalisme dans le monde entier :

Le journal La Jornada ajoute :

Ce sera une première mondiale à laquelle devraient participer des chorales d’enfants et d’adultes ainsi que des groupes de rock, de pop et de jazz qui interpréteront à l’unisson des morceaux de Frank Zappa, Carlos Santana, Pink Floyd et Tijuana No.

Ce marathon musical sera retransmis en direct en streaming. Selon Rindt, il est fort probable que cette action soit imitée le jour même le long des villes frontalières entre le Mexique et les États-Unis comme Juárez, Mexicali et El Paso.

#Teardownthiswall fait partie des divers projets de l’orchestre, qui depuis une dizaine d’années déjà associe son travail artistique à des thèmes socio-politiques et culturels. Cette action vient ainsi s’ajouter à d’autres, comme “Le Mur” de Griselda San Martín, qui veulent prouver qu’un monde sans barreaux ni troupes militaires est bien plus prometteur qu’une société dirigée par la peur et la haine.

Les Nigérians célèbrent la libération de 82 écolières enlevées par Boko Haram à Chibok

lundi 15 mai 2017 à 19:55

Government says negotiations with the militants yielded results.

Un site artistique public de l'artiste nigériane Sarah Peace dédié aux filles de Chibok kidnappées [Image publiée dans le domaine public]

Un site artistique public de l'artiste nigériane Sarah Peace dédié aux filles de Chibok kidnappées [Domaine public]

Les Nigérians ont célébré la libération, samedi 6 mai 2017, de 82 jeunes filles par les djihadistes de Boko Haram. L'enlèvement en 2014 des jeunes filles de Chibok, une ville  du nord-est du Nigeria, avait fait les manchettes des médias au niveau mondial et le hashtag #BringBackOurGirls lancé alors avait été repris par des millions de personnes à travers le monde, y compris par l'ancienne Première Dame des États-Unis, Michelle Obama.

Les jeunes filles ont été libérées suite à des négociations entre le gouvernement du Nigeria et Boko Haram, qui, en échange, a obtenu la libération quelques uns de ses membres détenus par les autorités nigérianes, selon un communiqué de la Présidence.

En avril 2014, 276 collégiennes d'une école secondaire publique à Chibok avaient ​​été enlevées par Boko Haram, un groupe qui, depuis sept ans, mène une insurrection violente contre le gouvernement nigérian, provoquant des milliers de morts et le déplacement de deux millions de personnes. À l'époque, 57 des filles capturées par les insurgés ont réussi à s'échapper. En octobre, 21 autres avaient été libérées. Pourtant, même après la libération de ce dernier groupe, 113 jeunes filles de Chibok, comme on on a fini par les appeler, n'ont toujours pas été retrouvées.

Les personnalités de renommée internationale n'étaient pas les seules à sensibiliser le monde sur ces enlèvements. Les militants locaux, tels que Obiageli “Oby” Ezekwesili et d'autres, avaient organisé des manifestations dès le début, “exigeant une action accélérée du gouvernement pour la libération” des écolières. Le travail des autorités a enfin porté ses fruits.

Samedi, selon un communiqué officiel du gouvernement les négociations avec Boko Haram “ont donné des résultats” :

Après de longues négociations, nos services de sécurité ont récupéré ces filles, en échange de quelques suspects de Boko Haram détenus par les autorités. Les #FillesDeChibok libérées devraient arriver à Abuja demain dimanche 7 mai et seront reçues par le président. Le président Muhammadu Buhari exprime sa profonde gratitude à tous ceux qui ont contribué à assurer le succès de cette opération : les services de sécurité, l'armée, le gouvernement suisse, le Comité international de la Croix-Rouge et les ONG locales et internationales.

Le Comité international de la Croix-Rouge a servi d'intermédiaire dans les négociations :

En tant qu'intermédiaire neutre, nous @ICRC avons remis les 82 #Filles deChibok au gouvernement du Nigeria

Oby Ezekwesili exultait :

C'est vrai!
C'est une réalité!!
Un nouveau groupe de NOS # FillesDeChibok SONT DE RETOUR !
NOUS NOUS REJOUISSONS ET LOUONS DIEU avec leurs parents !

La journaliste Stephanie Busari a félicité le Dr Ezekwesili et son groupe pour leur “persévérance et fermeté” dans leur lutte pour obtenir la liberté des écolières enlevées :

Je salue la persévérance et la fermeté de @BBOG_Nigeria dirigé par @obyezeks. Sans eux, les #FillesDeChibok.

Aisha Yesufu, une collaboratrice du Dr Ezekwesili dans le Groupe Bring Back Our Girls, a tweeté:

Le message de félicitations le plus réconfortant est venu de ma fille de 15 ans Aliyyah
Comment pourrais-je abandonner nos #FillesDeChibok ? Comment?

D'autres utilisateurs de Twitter ont partagé leur émotion tout de suite après la libération des jeunes filles :

Je pense à la communauté Chibok ce matin et aux célébrations qui auront duré depuis la nuit dernière!

Gloire à Dieu!!

Contre toute attente 82 #FillesDeChibok libérées – Je suis impressionné !

Il n'y a pas assez de mots pour exprimer la joie que je ressens suite à l'info que les 82 filles de Chibok ont été relâchées par Boko Haram !!

Malgré cette bonne nouvelle, certains utilisateurs des médias sociaux ont été peu convaincus par l'action des gouvernements successifs dans cette affaire. Ikhide, critique littéraire, a dénoncé sur Facebook l'absence de transparence dans l'ensemble du processus“:

… Sur Chibok, notre gouvernement a refusé de nous informer. Toutes les questions légitimes ont été ignorées et toute personne pensante qui ose poser des questions est diabolisée comme négationniste. Qu'est-ce qui s'est passé à Chibok ? Notre gouvernement ne nous le dira pas. Parce que personne ne le rendra responsable. Pouvez-vous imaginer que cela puisse se passer ailleurs dans le monde ? Comment pouvez-vous faire cela à votre propre peuple ?

Pourquoi les gens devraient-ils croire au récit sur Chibok lorsqu'il n'y a aucune transparence dans l'ensemble du processus. Personne ne sait vraiment ce qui s'est passé et le gouvernement a choisi le mensonge et la propagande. Pouvez-vous imaginer que cela puisse se passer au Royaume-Uni ? J'ai beaucoup de questions à propos de cette pagaille de Chibok ; toutes ont été ignorées. Ce gouvernement ne répond à aucune question mais exige un respect et une obéissance aveugles. Pourquoi les filles “libérées” n'ont-elles pas été remises à leurs parents ? C'était il y a des mois ? Quel genre de pays est-ce ????

Ikhide faisait peut-être allusion au sort du groupe libéré en octobre, qui a été initialement retenu par le gouvernement. À l'époque, un ministre a déclaré que c'était parce que “une équipe de médecins, de psychologues, de travailleurs sociaux, d'experts en traumatisme” les examinaient. “Surtout parce qu'elles ont été en captivité depuis si longtemps”, avait déclaré le ministre. “Nous contactons maintenant leurs parents dans le cadre de l'exercice de vérification nécessaire”.

En décembre, cependant, elles avaient été réunies avec leurs familles pour Noël. Il y avait des informations selon lesquelles certaines des filles “avaient été gardées dans la maison d'un politicien et empêchées de retourner chez elles, selon la BBC. Néanmoins, elles étaient retournées à l'école en janvier “pour leurs examens finaux“.

En ce qui concerne les dernières jeunes filles libérées, Amnesty International a exhorté le gouvernement nigérian à respecter leur vie privée. Osai Ojigho, directeur d'Amnesty International au Nigeria, a déclaré:

Il est vital maintenant qu'elles reçoivent un suivi médical ainsi qu'un soutien physique et psychosocial adéquat afin qu'elles puissent réintégrer complètement leurs communautés … Le gouvernement devrait également respecter leur vie privée et veiller à ce que les filles libérées se retrouvent avec leurs familles et ne soient pas longtemps retenues pour des raisons de sécurité; ce qui ne pourrait qu'ajouter aux souffrances et à la peine déjà subies.

La plateforme qui aide les migrants par milliers à renouer avec leurs familles au pays

dimanche 14 mai 2017 à 13:00

Two brothers are behind this SMS-based tool.

Photo d'un camp de réfugiés au Rwanda. Photo by©Elisa Finocchiaro Licence Creative Commons – BY

Il y a en ce moment 65 millions de personnes dans le monde qui ont fui leur pays. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) indique que ce nombre est le plus élevé depuis la deuxième guerre mondiale. Cette tragédie est encore plus déchirante si on pense que beaucoup de ces gens ont perdu le contact avec leurs familles.

Mais un remède est en route.

Les frères David et Christopher Mikkelsen, deux entrepreneurs sociaux danois, ont imaginé une solution à ce défi. Leur plateforme, REFUNITE, pour Réfugié Unis, a permis à plus d'un demi-million de migrants autour du monde de rétablir le contact perdu avec leurs familles. Cette vidéo [en anglais] explique les principes du projet :


Cette année, les frères Mikkelsen ont été nommés entrepreneurs sociaux de l'année par le Forum Économique Mondial pour cette action. Lors de l'annonce, leur site web a publié ce résumé du fonctionnement de la plateforme :

La plateforme de reconnexion familiale est accessible d'un simple téléphone mobile par SMS, USSD, internet ou une hotline gratuire. Réfugié afghan au Pakistan, déplacé interne en Irak, toute personne qui en a besoin peut faire une recherche, reprendre contact et communiquer avec ses proches manquants. Même sans avoir les moyens de payer pour la transmission de données.

Au-delà de la satisfaction d'avoir déjà amené 500.000 personnes sur la plateforme REFUNITE, première étape sur le chemin pour les raccorder à leurs familles, les frères n'oublient pas la signification de la plateforme :

C'est un accomplissement notable, mais aussi un triste rappel que ce sont des gens dans l'incapacité de trouver leurs enfants, frères et sœurs, parents et amis. Hélas, cela ne s'arrête pas là : le monde contient plus de personnes déplacées qu'il n'y en a eu depuis la deuxième guerre mondiale I! Et si la Syrie est responsable tant des plus grands nombres de ses citoyens en fuite et de la plupart des grands titres de presse, il y a malheureusement beaucoup d'autres crises qui battent leur plein, et quantité de nouvelles menaçant d'éclater à tout moment. REFUNITE continuera à œuvrer inlassablement pour aider toute personne cherchant à reprendre contact avec ses proches. Notre but est de développer continuellement notre plateforme pour fournir un chez-soi et une infrastructure numériques pour prochainement des millions de personnes déplacées.

REFUNITE, conçu au Kenya, opère en partenariat avec Ericsson, la fondation IKEA, les compagnies de téléphonie mobile Zain et Vodacom, et Free Basics de Facebook.

L'opération a été lancée en septembre 2010 en partenariat avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) et l'opérateur mobile MTN, en tant que projet-pilote dans le nord de l'Ouganda.

A ce jour, près de 11 millions de messages ont emprunté la plateforme et plus de 9 millions de recherches ont été effectuées, avec un total d'inscriptions dépassant les 600.000 dans le monde entier. A la fin de 2017, REFUNITE espère retrouver les familles d'un 1 million de personnes déplacées.

Wikimujeres veut plus d’éditrices pour réduire le déséquilibre des genres sur Wikipédia

dimanche 14 mai 2017 à 11:33

Parodie de la célèbre affiche “We Can Do It!”. Image dérivée par by Tom Morris via Wikimedia Commons. Domaine public

L’article Wikipédia sur le Biais de genre sur Wikipédia l'énonce comme un fait : de nombreuses études et sondages ont établi que « la majorité des éditeurs de Wikipédia sont des hommes » citant des chiffres allant de 85 à 91,5 %. C’est une source d’inquiétude à la fois pour la communauté dans son ensemble mais aussi pour la Wikimedia Foundation, l’organisation qui gère la plus grande encyclopédie en ligne au monde, puisque cette disparité pourrait contribuer à l’existence d’un biais systémique dans son contenu.

Le projet Wikimujeres (Wikifemmes) est mené dans des pays de langue espagnole et catalane pour aider à changer ces données démographiques. Selon leur site internet :

Somos un grupo de usuarias de Wikipedia preocupadas por la diversidad y la neutralidad de la Wikipedia y dispuestas a trabajar para disminuir (y en un futuro eliminar) la brecha de género y culturas que existe en la enciclopedia más consultada en internet.

Nous sommes un groupe d’utilisatrices de Wikipédia soucieuses de la diversité et de la neutralité de Wikipédia et prêtes à travailler pour réduire (et dans le futur éliminer) l’écart entre les sexes et le fossé culturel qui existe dans l’encyclopédie la plus consultée sur internet.

Leur objectif est d’impliquer plus de femmes en tant qu’éditrices actives qui pourraient ainsi contribuer à créer plus de contenus liés aux femmes, comme des biographies, ou des contenus créés par des éditrices de pays en développement. L’organisation tient des réunions hebdomadaires dans deux villes, Madrid et Barcelone, et contribue également à son rayonnement par l’organisation de formations et  d’« edit-a-thons ». Ces événements, le plus souvent en présentiel, sont pensés pour favoriser le travail en collaboration sur la création de nouveaux articles Wikipédia ou l’amélioration d’anciens.

Photo de Montserrat Boix via Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)

De récents edit-a-thons consacrés à la production de nouveaux articles sur les femmes photographes et les femmes scientifiques ont été co-organisés par Wikimujeres au Medialab-Prado de Madrid.