PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

C'est le nouvel an lunaire, et la jeunesse chinoise trouve ça casse-pieds

mercredi 8 février 2017 à 10:40

Photo: Pixabay

Le nouvel an lunaire chinois est la saison par excellence des réunions familiales en Chine et c'est la tradition pour chacun de retourner rendre visite á ses parents et à ses proches dans son village d'origine à la campagne, où les échanges de vœux et les bavardages, ainsi que les odeurs de pétards et de plats de fêtes emplissent l'air.

Chaque année, la fête est à l'origine de la plus grande migration humaine au monde, avec plus de 410 millions de Chinois prenant la route des grandes agglomérations vers leurs villes d'origine pour rejoindre leurs familles. Cette année, le réveillon du jour de l'an tombait le 26 janvier, et la migration annuelle commença une semaine avant. @Love_Stony a partagé sur Twitter une collection d'images éditées sur la mission impossible qu'est le voyage de retour dans sa famille pour le nouvel an lunaire.

Cependant, la tendance dans les déplacements a légèrement changé ces dernières années, de plus en plus de gens optant pour un voyage à l'étranger pendant les vacances, de façon à échapper entièrement à la réunion familiale. Au sein de la jeune génération en particulier, beaucoup trouvent fastidieux les échanges de vœux pour le nouvel an et les conversations avec les membres de la famille élargie à propos de leur mariage ou de leurs revenus.

L'observation de Seaya sur Weibo est assez représentative de ce que pensent les jeunes en Chine:

说句实话,我真的非常非常讨厌过年…从小就讨厌…被打乱的生活、必须去面对的人际、还要因为去谁家过三十儿而吵架……用血缘为纽带,强行绑架我们,排除异己。365天哪天不能团?就今天风水好吗?我觉得zf号召我们:有钱没钱,回家过年!就是想趁此捞一笔……

Franchement, je déteste fêter Ie nouvel an lunaire, et ce depuis que je suis toute petite. [La fête] perturbe notre vie quotidienne, nous force à voir du monde et à se disputer pour choisir chez qui la famille passera le réveillon du jour de l'an [aller chez les grands-parents paternels ou maternels]. ……Nous sommes pris en otage par les liens du sang et excluons les autres. Nous pourrions retrouver notre famille à n'importe quel moment, toute l'année. Pourquoi avons-nous besoin de le faire pour le nouvel an? Je pense que pousser les gens à rentrer pour célébrer le nouvel an est une tactique du gouvernement pour [stimuler l'économie].

Tandis que certains trouvent que l'atmosphère festive s'estompe, à cause de l'urbanisation rapide de la Chine, qui a transformé de nombreux villages en de denses quartiers d'immeubles résidentiels et créé une pollution atmosphérique élevée, d'autres persistent à dire que la tradition est tout de même casse-pieds.

“Light Cloud and Wind” sur Weibo compte parmi ceux qui n'apprécient pas la tradition :

要过年了,我好难过,讨厌过年,从小就讨厌,从记事起父亲就告诉我们,大年三十不能摔破碗碟,不吉利,于是本来一顿丰盛的年夜饭,变得个个紧张兮兮地根本吃不下,讨厌初一早上起床那几句生硬的拜年词,讨厌过年处处的鞭炮声,讨厌过年空气夹杂着的酒肉味,讨厌听到那刺耳的麻将声,讨厌过年!特别讨厌

Le nouvel an approche et ça m'ennuie.Je déteste le nouvel an lunaire depuis l'enfance. Je me souviens encore que mon père nous disait d'éviter de casser des bols ou des plats le soir du jour de l'an, car ça porte malheur. Nous étions si nerveux à l'heure du dîner que nous ne pouvions pas profiter du repas..J e déteste le rituel des échanges de vœux, tôt le matin,pendant la période du nouvel an. Je déteste le bruit des pétards et du mah-jong et l'odeur des banquets. Je déteste le nouvel an ! Sans blague.

Au lieu de retourner chez elles, de plus en plus de personnes choisissent de voyager à l’ étranger pour les vacances.

Cette année, un nombre record de 6 millions de Chinois — la plupart d'entre eux aisés — ont déclaré qu'ils prévoyaient de passer les vacances du nouvel an chinois à l’ étranger.

La Thaïlande, le Japon et les Etats-Unis sont les destinations les plus prisées, avec la Corée du Sud, passée de la troisième place l'année dernière à la septième, d'après un rapport de Ctrip, l'agence de voyage en ligne la plus importante de Chine.

Certaines de ces préférences dans le choix des destinations sont influencées par les politiques gouvernementales.

Par exemple, la Corée du Sud est devenue moins populaire auprès des touristes chinois après l'ordre du gouvernement chinois aux agences de voyage de réduire le traitement des visas pour la Corée du Sud, en riposte à l'accord du gouvernement sud coréen avec l'armée des Etats-Unis pour le déploiement du système de Défense Antimissile à Haute Altitude.

Taïwan  n'est plus non plus une destination de premier choix depuis l'accroissement des tensions dans les relations de part et d'autre du détroit.

Il y a juste quelques jours, la direction du Tourisme national de Chine a  appelé publiquement les voyageurs chinois à boycotter le groupe hôtelier japonais APA, après que plusieurs touristes chinois eurent déclaré avoir trouvé sur les étagères de leurs chambres d'hôtel des livres niant le massacre de Nankin.

Néanmoins, la relation volatile entre la Chine et le Japon n'a pas diminué l'enthousiasme chinois pour s'envoler vers le Japon, alimenté en grande partie par les paysages magnifiques du Japon, des installations modernes, des produits raffinés et des services de première qualité.

“Kung Fu Tiger” sur Weibo a tourné en dérision l'échec de l'Etat à attiser un nationalisme anti-japonais :

日本还是天朝出国的第二名,本质上应该第一的,因为泰国免签证,才成为第一的,天朝人口头上抵制日本,行动上喜欢去日本旅游购物[…]

Le Japon aurait été la première destination des voyages en partance de Chine, si la Thaïlande n'avait pas offert une entrée sans visa. Les Chinois s'opposent au Japon en paroles, mais aiment s'y rendre pour visiter et faire des achats…

Le nombre de sites Internet bloqués ou déréférencés a doublé en un an en France

mardi 7 février 2017 à 11:46
message blocage

Message affiché sur les sites faisant l'objet d'un blocage administratif

En visite au Forum International de Cybersécurité FIC 2017 qui s'est tenu à Lille les 24 et 25 janvier 2017, le ministre de l'Intérieur français Bruno Le Roux a indiqué que les autorités ont ordonné en 2016 le blocage (834) ou le déréférencement (1929), soit au total de plus de 2700 sites Web, afin de lutter contre “la pornographie infantile et le contenu terroriste”.

Ces chiffres ont plus que doublé [lien en anglais] par rapport à l'année précédente : selon le rapport publié en avril 2016 par la CNIL, l’autorité de contrôle en matière de protection des données personnelles, les chiffres étaient, de mars 2015 à février 2016, respectivement de 312 pour les blocages et 855 pour le déréférencement (le retrait des résultats de moteurs de recherche), soit un total de 1167 sites concernés [pdf]. 312 demandes de blocage de sites dont 68 concernaient des contenus terroristes et 244 des sites pédopornographiques, 1439 demandes de retrait de contenus dont 1 286 pour apologie du terrorisme et 153 pour pédopornographie et 855 demandes de déréférencement ont été transmises aux moteurs de recherche (386 pour des contenus terroristes et 469 pour des contenus pédopornographiques).

Rien ne permet de dire si cette inflation est due à la vigilance de la police ou à la prolifération des sites.

Depuis le décret d’application du 5 février 2015 de la loi du 13 novembre 2014, adoptée après les attentats de Paris et Saint-Denis et “renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme”, l'autorité administrative peut ordonner le blocage, sans passer par un juge, des sites Internet “provoquant à des actes de terrorisme ou en faisant l’apologie”, la disposition la plus controversée de la loi dès sa discussion. La décision de retrait de contenu peut aussi viser les sites de réseaux sociaux, ainsi Facebook pour la mise en ligne de photos prises à l'intérieur du Bataclan pendant la tuerie.

Comment fonctionne le dispositif

La publication, le 15 avril 2016, du premier rapport de la “personnalité qualifiée” de la CNIL, chargée de contrôler la “régularité” des demandes de retrait, de blocage et de déréférencement des moteurs de recherche émises par la police, a permis de dresser un premier bilan. En cas de demande irrégulière, la “personnalité qualifiée” peut adresser une recommandation, voire saisir le juge administratif. Si le contenu illicite est retiré, le site ne sera pas bloqué.

Lorsque l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), la division de la police nationale chargée d’Internet, repère des contenus visés par la loi, il demande à l’hébergeur du contenu sa suppression. Si l'hébergeur n'a pas répondu dans les 24 heures ou ne peut être contacté, l’OCLCTIC transmet aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) la liste d’adresses à bloquer et informe également la personnalité qualifiée.

Contester la décision de blocage ou de déréférencement devant le juge est possible, mais il n'y a pas encore d'exemple où les tribunaux auraient défié les décisions du Ministère de l'Intérieur. On attend encore l'action en justice qui aurait utilisé tous les moyens juridiques de recours.

Il n'existe pas de liste des sites concernés par le retrait de contenu, le blocage ou le déréférencement. Cette absence de transparence est problématique en laissant seulement face à face un service de police et la CNIL, aussi respectée soit-elle.

Le rapport de la CNIL d'avril 2016 précise qu'aucun cas de surblocage, c’est-à-dire de pages bloquées mais n’ayant pas vocation à l’être, n’a été observé. Autre chiffre intéressant, celui des tentatives de connexion aux sites interdits : 34 000 en moyenne pour les sites pédopornographiques et 494 pour les contenus terroristes. Les tentatives de connexions ont été anonymisées, à la demande de la CNIL. Par ailleurs, le rapport remarque que dans le cas des sites pédopornographiques, “de nouveaux sites identiques apparaissaient, avec une adresse légèrement modifiée”, après le blocage.

Peu de réactions en France

Octave Klaba, le médiatique fondateur d’OVH, le géant français et européen de l'hébergement de sites web, a lors d'une intervention au Forum de Lille, dénoncé [lien en anglais]  dans l'expansion de la censure une posture politique qu’ “il comprend, mais est inutile vu la nature mondiale de l'internet”. Il avait déjà manifesté son opposition aux mesures de surveillance (notamment la légalisation de la pratique des écoutes et enregistrements de conversations privées sans autorisation par un juge) votées dans la loi renseignement du 24 juillet 2015, agitant la menace (non mise à exécution) de délocaliser ses serveurs et donc une partie de son activité hors de France.

L'information relative aux déclarations du ministre de l'Intérieur français au Forum de Lille, par ailleurs essentiellement dédié à un thème différent, celui, intéressant les entreprises autant que les administrations, de la sécurité face à la cybercriminalité, a été publiée par l'agence Assocated Press, et ne semble avoir été reprise en France que par les journaux Le Monde et Métro. Est-ce à cause de la saturation de l'espace médiatique par les coups de théâtre de la campagne présidentielle, et de la récente attaque terroriste au Louvre ? La Quadrature du Net, sentinelle des libertés Internet, n'en a pas fait état à ce jour.

Mais tout était déjà dit, ou presque, dans les réactions parues en 2015 au moment de la mise en place du dispositif de blocage de sites. En anglais, voir cet avertissement de l’EDRI (European Digital Rights, un groupe d'associations européennes de défense des droits civiques et humains). Ou, en français, pour un exemple, la protestation du site Islamic Newsinfo contre son blocage.

Rappelons que la liberté d'expression, en France comme largement en Europe, n'est pas considérée, à la différence des USA, comme un absolu. Elle est encadrée par la loi, qui interdit, notamment, l’incitation à la haine raciale, ethnique ou religieuse, l’apologie de crimes de guerre ou du terrorisme, et les violations résultent en des poursuites.

Le nationalisme dans les Balkans expliqué en vidéos en trois minutes

mardi 7 février 2017 à 11:36

Graffiti dans Skopje, en Macédoine qui clame que  « Le nationalisme est une maladie ». Ce message dégrade une peinture murale d'une carte de la « Macédoine ethnique » (qui rassemble la République de Macédoine et des territoires appartenant à des pays voisins) et le slogan « Je vous le jure, nous serons réunis ». Photographie de Global Voices, CC-BY.

Une courte vidéo de l'équipe du magazine en ligne Balkon3 explique les absurdités du nationalisme dans les Balkans en moins de trois minutes. Ses leçons sont largement applicables à tous les pays en dehors de cette région qui souffrent aussi de populisme de droite.

1. Every country in the Balkans believes that it should be bigger than it is. We’d need at least one more Balkan peninsula to satisfy everybody.
2. But none of them considers that as taking something away from the others. Rather they see it as “regaining their own territories”…

  1. Chaque pays des Balkans croit qu'il devrait être plus grand qu'il n'est. On aurait besoin d'au moins une autre péninsule des Balkans pour satisfaire tout le monde.
  2. Mais aucun d'entre eux ne considère qu'il ne prendrait quoi que ce soit aux autres. Plutôt, ils pensent qu'ils « récupéreraient leur propre territoire »…

Cette vidéo fait partie de la série « Permettez-moi de vous donner un exemple », traduction d'une expression macédonienne (да ти нацртам) qui signifie « Laissez-moi vous expliquer ceci simplement ».

Ces derniers mois, le magazine a créé des vidéos pour expliquer les concepts d’engagement civique, de démocratie moderne et du rôle des partis politiques.

Le nom de Balkon3 vient du mot balcon. Fondé par des journalistes macédoniens, grecs et turcs, il publie dans ces langues ainsi qu'en albanais et en anglais, et veut encourager une meilleure entente multiculturelle. Leur devise est « Jette un coup d’œil chez ton voisin, sors sur ton balcon. »

Si cette vidéo vous donne envie de plus de commentaires locaux sur la mentalité et la culture des Balkans, regardez donc la vidéo de la chanson en anglais « No Escape (from Balkan) » [On ne s'échappe pas (des Balkans)], par le groupe bosnien progressiste Dubioza Kolektiv. Les paroles de la chanson font référence aux stéréotypes expliqués par un membre de la diaspora à un Occidental.

La police russe ne peut plus attraper facilement les « extrémistes de la toile »

lundi 6 février 2017 à 21:46
Image by Kevin Rothrock

Image de Kevin Rothrock.

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages en russe]

Pendant des années, la police russe a utilisé Vkontakte, le réseau social le plus populaire du pays pour traquer les présumés criminels. Chasser les voleurs et assassins est une entreprise difficile et dangereuse et il est peu surprenant que les inspecteurs recherchent plutôt les « extrémistes de la toile ».

Vkontakte attire de nombreux utilisateurs, mais renseigne aussi systématiquement la police russe sur l'identité et la localisation des individus, données indispensables aux poursuites de personnes ayant publié des contenus illicites en ligne.

Pour savoir comment la police russe exploite les réseaux sociaux afin de compléter les statistiques de crimes résolus, consultez le rapport spécial de MediaZona traduit dans RuNet Echo [en].

Selon le site web d'information TJournal, en mettant à jour ses paramètres de confidentialité par défaut le mardi 24 janvier, Vkontakte a réduit de façon significative le nombre de partages de photographies visibles publiquement sur les comptes personnels. Ce changement s'applique aux images « sauvegardées », caractéristique proposée par Vkontakte qui permet aux utilisateurs de s'approprier les images partagées par d'autres. Jusqu'à mardi, tout ce qui était « sauvegardé » par quelqu'un pouvait être ajouté dans l'album d'un tiers pour autre usage, exposant ainsi plusieurs utilisateurs à leur insu.

Le nouveau règlement de Vkontakte ne permet qu'aux propriétaires des photographies de les voir et les cache aux autres. Des personnes peuvent cependant partager leurs « sauvegardes » d'albums publics en modifiant les paramètres de confidentialité de leur profil.

Si ces changements vous semblent insignifiants, pensez à Evgeny Kort, moscovite de vingt ans accusé d'extrémisme en novembre dernier et derrière les barreaux pour un an. Heureusement pour Kort la cour d'appel a ensuite réduit sa peine à une amende de deux cent mille roubles (environ trois mille euros), ce qui reste cher payé pour le crime d'avoir « sauvegardé » une caricature du nationaliste russe Maxime « le Boucher » Martsinkievitch attaquant le célèbre et (de longue date) défunt poète Alexandre Pouchkine.

Kort dit n'avoir jamais voulu diffusé cette image, mais elle s'est affichée publiquement sur la toile à partir de son album de photos « sauvegardées » sur Vkontakte ; preuve pour le système judiciaire russe de sa volonté de propager la haine illégalement.

Les nouveaux paramètres de confidentialité de Vkontakte pourraient aussi avoir des répercussions en Biélorussie où le réseau touche des millions d'utilisateurs. Plus tôt ce mois-ci, une femme a été accusée en Biélorussie de diffusion de pornographie car elle a « sauvegardé » une photographie montrant deux personnes ayant des rapports sexuels. Diana Selvanova, dit avoir « sauvegardé » sur son portable l'image sans y penser ni même réaliser qu'elle montrait un pénis.

Pour son crime, Selvanova encourt deux ans d'emprisonnement, mais pire, elle a perdu son travail et les services de protection infantile ont averti sa famille et l'ont menacé de lui enlever son fils de six ans.

Si Vkontakte avait changé les paramètres de confidentialité des photos « sauvegardées » il y a un an, la police n'aurait probablement pas découvert, ni même poursuivi des personnes comme Evgeny Kort et Diana Selvanova.

Ce journaliste comparaît enfin aux Émirats arabes unis pour s'être exprimé en ligne… en Jordanie

lundi 6 février 2017 à 13:18

En juin 2016, la campagne “Leur liberté est leur droit” a appelé à la remise en liberté de Tayseer al-Najjar, prisonnier aux Émirats arabes unis depuis décembre 2015.

En attente de son procès depuis maintenant plus d'un an, le journaliste jordanien Tayseer al-Najjar a enfin comparu le 1er février devant la Cour de sûreté de l'État à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis. Suite à la demande de son avocat, son procès a été reporté au 15 février.

Al-Najjar est accusé d'avoir insulté l’État des Émirats arabes unis suite à des commentaires qu'il avait postés sur Facebook en 2014, alors qu'il vivait en Jordanie. Il avait apparemment critiqué la position des Émirats dans la guerre israélienne de Gaza de 2014.

Conformément à l'article 29 de la Loi de cybercriminalité des Émirats arabes unis de 2012, publier des déclarations, informations, actualités ou rumeurs « ayant l'intention de porter atteinte à la réputation, au prestige ou à la stature » de l’État, d'une de ses institutions ou de ses responsables est punissable d'un emprisonnement temporaire et d'une amende. Najjar est non seulement poursuivi pour avoir exprimé son opinion, chose qui n'est pas rare aux EAU, mais aussi pour des déclarations qu'il a faites avant même d'immigrer au pays où il comptait travailler comme journaliste culturel pour un journal local.

Écrivain, journaliste et membre de l'Association de presse jordanienne (JPA), al-Najjar travaillait à la rubrique culturelle du journal jordanien al-Dostour. En avril 2015, il a déménagé à Abu Dhabi où il a travaillé comme journaliste culturel pour le journal al-Dar, affilié au centre Aljewa pour la Culture et les Médias, appartenant au gouvernement.

Les autorités des Émirats arabes unis ont détenu Najjar en 2015, quand, à l'Aéroport International d'Abu Dhabi, on lui a interdit de prendre un avion pour la Jordanie où il comptait rendre visite à sa famille. Il fut tenu au secret pendant deux mois et est demeuré en détention provisoire pendant un an.

La disparition forcée de défenseurs des droits de l'Homme et de ceux souhaitant simplement s’exprimer sur Internet est chose commune aux Émirats arabes unis. Ces personnes sont souvent soumis à des procès inéquitables et fastidieux. De la même façon, le professeur Nasser Bin Ghaith est détenu depuis août 2012 à cause de tweets critiquant l’Égypte. Lui aussi a été tenu au secret pendant neuf mois. Son procès a été ajourné à plusieurs reprises.

Bien que sa détention provisoire vienne de prendre fin, le procès de Tayseer Najjar ne fait que commencer. Personne ne sait quand sa sentence sera prononcée ou s'il aura un jour l'occasion de revoir sa famille et ses proches.