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La plus généreuse récompense au monde permettra-t-elle d'améliorer la gouvernance en Afrique ?

mardi 24 mars 2015 à 23:17
Namibia's outgoing president Hifikepunye Pohamba. Photo released under Creative Commons by Agência Brasil.

Namibia's outgoing president Hifikepunye Pohamba. Photo released under Creative Commons by Agência Brasil.

Après 2011, il a fallu près de quatre ans à la Fondation Mo Ibrahim [fr] pour trouver un récipiendaire méritant pour son Prix Ibrahim de la bonne gouvernance en Afrique [fr]. À la fin de 2014, le Comité du Prix a choisi le Président namibien sortant Hifikepunye Pohamba.

M. Hifikepunye Pohamba [fr] est président de la Namibie depuis 2005. Son second mandat s'est terminé le 21 mars 2015.

Le Prix Mo Ibrahim, qui reconnaît et récompense les dirigeants africains qui ont développé leurs pays, sorti des personnes de la pauvreté et ouvert la voie à une prospérité durable et équitable a été attribué seulement quatre fois en huit ans. Les précédents récipiendaires ont été Joaquim Chissano du Mozambique en 2007, Festus Mogae du Botswana en 2008, et Pedro Rodrigues Pires du Cap-Vert en 2011.

Le lauréat reçoit US $ 500 000 par an pendant dix ans et US $ 200 000 par an par la suite.

La Fondation a expliqué les raisons du choix du Président Pohamba :

Ce prix d'une fondation africaine est une consécration de la réussite dans le leadership africain sur le continent africain.

Le Comité du Prix a décidé de décerner le Prix 2014 Mo Ibrahim de la bonne gouvernance en Afrique au Président Hifikepunye Pohamba de la Namibie.

L'accent mis par le président Pohamba à forger la cohésion nationale et la réconciliation à une étape clé de la consolidation de la Namibie, de la démocratie et du développement social et économique a impressionné le comité du prix. Sa capacité à susciter la confiance et la confiance de son peuple est exemplaire. Au cours de la décennie de son mandat présidentiel, il a démontré un leadership solide et sage. Dans le même temps, il a maintenu son humilité au long de sa présidence.

Il était profondément attaché à la règle de droit et au respect de la Constitution, en particulier sur la question de la durée du mandat. Le Comité du Prix félicite également son respect pour l'opposition politique. Son accent particulier sur les questions de l'égalité des sexes a conduit à la réalisation remarquable que 48% des parlementaires soient des femmes à l'Assemblée nationale de la Namibie. 

Les avis sur le bien-fondé et la pertinence du prix ont toujours été fortement divisés. En 2009, Ory Okolloh avait commenté qu'elle ne voyait pas comment le prix pouvait améliorer la gouvernance et le leadership en Afrique :

Je ne comprends pas comment ce prix peut améliorer la gouvernance et le leadership en Afrique – le problème est que la plupart des dirigeants africains d'aujourd'hui sont des voleurs, des corrompus et des bouffons qui passent leur temps à se remplir les poches au point que le Prix Ibrahim n'est qu'une bricole et les questions de légalité ne sont pas pertinentes (voir par exemple “Je n'ai aucun regret” disait le Président Moi), mais je conçois que les dirigeants décents aient besoin d'un plan B – après la retraite … même si le fait est que la plupart d'entre eux adoptent eux-mêmes des “plans de sortie” très agréables de toute façon (voir par exemple au Mozambique et au Ghana). Mais, plutôt que de récompenser les dirigeants africains pour avoir fait ce qu'ils devraient normalement,  en règle générale, pourquoi ne pas mettre en place un fonds où par exemple s'ils veulent construire une bibliothèque, ou écrire un livre, ou créer une entreprise – ils pourraient demander de l'argent. Ils auraient ainsi un plan B, mais juste pas automatique.

Mieux encore. Juste déplacer l'accent de la fondation loin de ce qui a un impact minimal sur l'avenir du leadership africain … autrement dit le classement et le Prix sont aussi peu pratiques qu'on peut l'imaginer si on est sérieux sur le changement de visage du leadership africain … à mon avis.

Que pouvait-on faire, demanderez-vous ?

Eh bien, toute organisation qui veut faire un travail sérieux au sujet du leadership en Afrique doit placer les jeunes au cœur de toute programmation. Sinon, on n'aura pas pris en considération la démographie africaine et encore moins pensé sérieusement à ses implications. Convaincre les Mugabe de la planète de démissionner n'est qu'une partie du problème – on doit se demander qui remplacera la vieille garde ? Y a-t-il des remplaçants ? Et ceux-ci sont-ils différents ? Ou bien s'agit-il, d'une version plus jeune d'individus plus affamés, plus cyniques (voir le parlement du Kenya aujourd'hui).

Je vois que votre fondation offre des bourses aux nouveaux dirigeants, c'est un bon début. Mais si l'intention est de faire apparaitre des dirigeants nationaux, j'aurais offert des bourses pour permettre aux étudiants de fréquenter des institutions locales aussi.

Et les bourses sont tellement au coeur des préoccupations.

Que diriez-vous d'un fonds pour soutenir les jeunes Africains qui participent à des compétitions électorales – ils pourraient présenter un plan, signer un engagement pour la bonne gouvernance ainsi qu'à mener des campagnes électorales ouvertes et, s'ils sont élus, à connaître leurs dossiers lors des débats au Parlement, et dans leurs déclarations publiques, etc … Ça paraît un peu fou? Peut-être. Mais, en comparaison à un indice de la démocratie … hhhm.

Ou si c'est trop politique – un fonds de voyage / bourse d'études pour de jeunes Africains pour se rendre dans d'autres pays d'Afrique pour un mois ou six mois ou un an – pour vivre dans un pays différent, faire un service communautaire, écrire un livre, prendre des photos … peu importe – l'idée sous-jacente étant qu'ils auraient ainsi l'occasion d'apprendre à connaître leur propre continent, afin d'élargir leur vision du monde d'une manière différente, de se créer des réseaux avec leurs collègues africains pour commencer à tisser des relations transfrontalières qui sont essentielles pour l'avenir du continent (penser au commerce, à la facilité de voyage, etc.).

Analysant le choix de la Fondation pour 2014, Robert I. Rotberg, un chercheur au Woodrow Wilson International Center, se demande si ”la Fondation Ibrahim a fait le bon choix ?”. Il a souligné que la plupart des réalisations que le comité du prix a relevées n'étaient pas attribuables à lui, mais à son prédécesseur, le premier Président de la Namibie, Sam Nujoma :

Cependant, jusqu'à quel point peut-on attribuer à M. Pohamba ces résultats favorables, c'est discutable. Il a été un président très terne de son pays et la plupart des progrès relevés par le système du classement et le comité, sont en grande partie attribuables à Nujoma ou à d'autres personnalités efficaces au sein du parti au pouvoir, la SWAPO. Les progrès en matière des droits humains ont été réalisés malgré une opposition officielle. L'existence d'une presse libre a été atteinte, aussi, grâce à des luttes acharnées locales, et certainement pas grâce à la magnanimité du gouvernement. Aucune personne en Namibie n'aurait imaginé l'attribution d'un prix de leadership à quelqu'un aux réalisations limitées et au profil relativement bas comme Pohamba.

En effet, si quoi que ce soit devait être reconnu à M. Pohamba c'est pour ce qu'il a choisi de ne pas faire, pas pour ce qu'il a fait. La SWAPO s'est maintenant transformée, en premier mouvement de libération nationale devenu parti politique démocratisé de l'Afrique australe, grâce en partie au refus de Pohamba de s'opposer au changement. Contrairement au Congrès national africain en Afrique du Sud ou à l'Union nationale africaine – Front patriotique au Zimbabwe, au cours de 2014 la SWAPO a subi une calme révolution intérieure. Ce ne ne sont plus aux Ovambo, le groupe ethnique dominant, que les meilleurs postes sont garantis. Le fils de Nujoma, héritier potentiel de Pohamba, a été évincé. En fait, la SWAPO a décidé lors de deux congrès consécutifs d'être guidée par les souhaits et les votes des membres, et non par un président sortant.

En conséquence, Hage Geingob, âgé de 74 ans, assume la présidence de la Namibie à partir du 21 mars, après avoir servi comme Premier ministre et avoir exilé brièvement par Nujoma. Geingob est un Damara, l'une des plus petites entités ethniques en Namibie, et a obtenu un doctorat en Grande-Bretagne en 2004 avec une thèse sur la façon de promouvoir la bonne gouvernance en Namibie. Il a été l'un des fondateurs en 2004 du Conseil des dirigeants africains.

Calestous Juma, Président du Programme Mason Fellows à la Harvard Kennedy School, a une opinion différente. Il fait valoir que l'Afrique a besoin de plus de prix de gouvernance, pas moins :

Une grande partie du débat a porté sur la pertinence de récompenser des présidents avec des fonds dont ils n'ont probablement pas besoin. Certains s'interrogent sur les critères utilisés pour sélectionner les lauréats et affirment que le jugement sur la performance d'une présidence devrait être une question nationale.

Alors que ces arguments sont valables, ils sous-estiment le rôle crucial de ces prix dans une analyse comparative de l'excellence. Le montant du prix est une indication de l'importance accordée à une bonne gouvernance. Si la bonne gouvernance était si fréquente en Afrique un tel prix n'aurait peut-être pas été nécessaire.

Le prix et l'attention des médias qu'il génère encouragent les dirigeants et leurs disciples à réfléchir sur la valeur de l'excellence dans l'exercice du service public. L'existence d'un point de référence pour la gouvernance pourrait pousser des dirigeants à réfléchir sur leurs contributions indépendamment du fait qu'ils vont gagner le prix ou non.

Contrairement à d'autres prix où les gagnants sont motivés par les attentes du public, la décision est fondée sur un effort de recherche élaborée qui utilise un large éventail de mesures pour recommander des candidats au comité de section. On peut être en désaccord avec les critères, mais on ne peut pas remettre en question l'engagement d'un examen rigoureux.

Il est vrai que certains pays sont plus difficiles à gouverner que d'autres. Ce n'est pas une raison pour s'interroger sur la pertinence du prix. C'est en fait un argument pour plus de prix, pas moins. Il y a beaucoup d'autres entrepreneurs africains qui pourraient contribuer à élargir la base de l'excellence dans le service public en soutenant d'autres prix.

M. Makau Mutua, un éminent professeur de droit à la State University de New York, a exprimé son désaccord avec le Prof. Calestous Juma dans un tweet qui a suscité un débat entre les deux sur Twitter:

Oui, mais ces prix devraient être dotés de beaucoup moins d'argent pour des présidents déjà riches. Il en faudrait plus, plutôt pour les nécessiteux.

Les lauréats peuvent décider de le distribuer comme ils le souhaitent

Non, Ça ne devrait pas être à leur choix. Un prix si important ressemble à un pot de vin pour prévenir la corruption.

Il existe plusieurs types de prix servant à des fins différentes. Celui-ci en est juste un type. C'est mon opinion.

Il n'y a pas de “nombreux” prix de cette taille, et non par des africains, ou autres. Celui-ci était extraordinaire

Le Prix Ibrahim est le plus généreux prix individuel dans le monde.

Dans les cultures clientélistes les prix sont considérés comme des dons et non comme des incitations. C'est pourquoi le #MIFPrize est mal compris

Deux autres utilisateurs de Twitter ont débattu brièvement des mérites du prix :

Peut-être ne connaissez-vous pas la signification de ce prix ? En ces temps de dirigeants africains corrompus, ils en ont trouvé un qui en valait la peine

Salut Peter, je connais bien ce prix. Saviez-vous que la compagnie de la fille de Pohamba a obtenu l'année dernière un contrat de construction de logements publics.

Daniel Finnan fait référence à un scandale impliquant la fille de Pohamba, dont la société a obtenu un contrat de construction de plusieurs millions.

Calestous Juma, quant à lui, a souligné pourquoi les prix d'excellence comme celui-ci sont profondément discutables :

Les prix d'excellence sont profondément jalousés quand ils menacent l'assistanat, le clientélisme et la médiocrité

‘L'Egypte a besoin d'individualisme plus que d'investissements’

mardi 24 mars 2015 à 19:56
Egyptian protesters praying, photo taken by Jonathan Rashad.

Des manifestants égyptiens en prière, photo prise par Jonathan Rashad en février 2012. Publiée sous licence creative commons.

Je me souviens qu'autrefois, jeune enfant brûlant d'une ferveur nationaliste attisée par des chants patriotiques et des adaptations guerrières dramatiques qui proclamaient bien suprême le sacrifice de sa vie pour son pays, je scandais “Puissions-nous mourir afin que vive l'Egypte”. Je me rappelle aussi mon mécontentement quand un ami de la famille m'a regardée d'un air désapprobateur et fait remarquer que nous ferions mieux de nous efforcer de vivre pour l'Egypte, parce que sans nous il n'y a pas d'Egypte, nous constituons les briques du pays. Bien loin des idées sentimentales de sacrifice de soi nationaliste, ce rare brin de bon sens me suit jusqu'à aujourd'hui – Sara Labib

Ce mois-ci, le gouvernement égyptien a réuni une conférence économique de trois jours dans la station balnéaire de Sharm el-Sheikh sur la Mer Rouge. L'Egypte a signé des contrats d'investissement pour plus de 138 milliards de dollars dans les premiers jours de la conférence, des marchés qui devraient contribuer à entretenir la croissance économique, ce qui, à son tour, aidera à stabiliser le pays. Pendant la conférence, le gouvernement égyptien a dévoilé des plans de construction d'une nouvelle capitale, un projet qui coûterait 45 milliards de dollars et nécessiterait cinq à sept ans de travaux.

Les journaux nationaux ont consacré des éditions spéciales à la conférence, qualifiée par un éditorialiste de grande victoire pour les Egyptiens. Un autre a formulé la principale cause de son succès :

لكن الأهم من كل هذه العوامل كان التفاف الشعب المصرى حول قيادته الراهنة، ودرجة التماسك الواضحة التى أبداها فى مواجهة الهجمات الإرهابية الشرسة والدنيئة.

Le facteur le plus important était l'unité des Egyptiens derrière leur leader actuel, ainsi que le degré de cohésion qui a été le leur face aux sauvages attentats terroristes.

Ces appels à l'unité derrière les objectifs nationaux et la priorité de la nation sur les intérêts individuels a inspiré à Sara Labib l'écriture d'un billet de blog intitulé ‘Plus que d'investissement, c'est d'individualisme que l'Egypte a besoin'. Sara est diplômée d'économie et de droit international, et traite des questions égyptiennes sur son blog, Tabula Sara :

Avant la révolution, et encore plus après, on a inculqué aux Egyptiens l'idée que l'intérêt du pays exige de chacun l'abandon de ses intérêts personnels et le rassemblement derrière le bien commun. Tel est le thème dominant d'un discours manquant totalement de respect pour l'individualisme et oublieux de l'importance de celui-ci comme condition sine qua non de progrès dans un pays longtemps empoisonné par les idées collectivististes, au niveau de la société, de la religion ou du politique. Un dangereux défaut commun aux révolutionnaires et à ceux auxquels ils se sont opposés.

Jusqu'à aujourd'hui encore, nombreux sont les révolutionnaires convaincus que l'échec de la révolution est imputable au fait que les anciens participants aux manifestations du 25 janvier ont déserté pour poursuivre leurs intérêts personnels. Alors que l'instauration d'un système démocratique était le but supposé du soulèvement de 2011, beaucoup de ceux qui y ont pris part ont vu dans l'idée de partis politiques un facteur négatif de division plutôt qu'une nécessité pour le fonctionnement d'une démocratie pluraliste. Des idéologies politiques divergentes étaient considérées comme un danger pour l'unité insaisissable .. L'unité dont ils parlaient était de celles qui nient l'individu et placent une idée vague de bien commun révolutionnaire au-dessus des intérêts très réels et divergents de la population, dont les forces révolutionnaires elles-mêmes. Dans ce climat, quiconque osait rompre les rangs soi-disant révolutionnaires était considéré comme un traitre, comme en écho au slogan que je répétais enfant : l'individu doit mourir en nous pour que vive la révolution.

Le même phénomène est apparu et se poursuit à plus grande échelle. Alimenté par la propagande d'Etat, des médias ignares et des courants politiques étatistes, un climat se crée où quiconque adopte une opinion qui diverge de la position officielle ou s'y oppose, est considéré comme un traître. Le langage politique ressasse la nécessité de laisser de côté les intérêts personnels et de serrer les rangs devant un ennemi commun ou en soutien au gouvernement, supposé l'unique autorité ayant à coeur les intérêts du pays, en réalité la seule force sachant réellement où se trouve l’ “intérêt du pays”.

Dans ce même billet Labib se référait à une tribune récemment publiée, où Amr Abdel Razek, qui collabore au site d'actualité DotMasr, expliquait que pour fonctionner, la future capitale  nécessitait que pour y pénétrer chacun laisse ses idées personnelles à l'entrée. Les portes de la capitale ne doivent pas s'ouvrir à quiconque ne se soumettrait pas à ses lois spéciales ou viendrait y lancer des idées personnelles.

Labib rétorque :

Cette capitale nouvelle, symbole d'une vision neuve de l'Egypte, fait penser à une dystopie totalitaire où tous doivent se soumettre et abandonner toute notion d'intérêts personnels, d'idées dissidentes ou de discours individualiste. Hélas, l'opinion de l'auteur exprimée ci-dessus est largement reprise.

Ironiquement, cette idée est exprimée sur fond de marketing de l'Egypte comme une plaque tournante d'investissement et de développement économique dont l'intérêt personnel est le moteur. Pourtant un pays où la notion de capitalisme reste généralement pestiférée et les hommes d'affaires à la recherche du profit sont vus comme le mal ne peut guère être la plaque tournante d'autre chose que de l'économie en faillite qu'il connaît depuis un moment. Il ne faut certes pas confondre intérêt personnel et corruption, ni capitalisme de connivence, inévitables tant que l'Etat joue un rôle économique dominant. Un marché libre est un lieu d'innovation poussée par la concurrence, elle-même résultante d'intérêts divergents. C'est cela, avec la transparence et l'état de droit, qui attire l'investissement.

Et de conclure :

Il est temps que le discours public change en Egypte, pas seulement dans le contexte économique, où la notion de marché libre non inhibé par le pouvoir cherche encore sa place, mais aussi en général. Il n'y a pas d'Egypte sans les individus égyptiens qui en composent la population. Au lieu de balayer la diversité sous le tapis, les Egyptiens doivent entrer dans la phase complexe d'apprentissage de l'acceptation et de la gestion de leurs différences, ce qui leur permettra de jouir des avantages du pluralisme. C'est cela qui fonde la stabilité et garantit une croissance basée sur l'innovation et le progrès technologique. Aucun Etat ne peut créer un tel climat, cela relève des individus à la recherche de leurs intérêts propres dans le cadre d'une liberté de marché pour les biens et les idées, en vue de donner forme à l’ “Egypte, l'Avenir”. Telle est la leçon que devrait suivre le gouvernement s'il veut que l'Egypte ait un avenir plutôt que pas du tout.

Les Brésiliens mettent leur créativité et leurs mains au service de la lecture

mardi 24 mars 2015 à 12:11
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Les « frigothèques », dont celle que l'artiste Fernando Pauler a peinte, installées sur le campus de la Fundaçao Universidade Regional de Blumenau et dans trois écoles municipales de la région. Photo de Terça cultural, publiée avec autorisation.

 [Sauf mention contraire, tous les liens renvoient à des pages web en brésilien]

Lorsque nous pensons à une bibliothèque, nous imaginons un endroit silencieux aux rayonnages remplis de livres en attente de lecteurs qui devront se plier à une règlementation stricte pour pouvoir les lire : ne pas faire de bruit dans la salle de lecture et rendre les livres prêtés en temps voulu. Mais certains Brésiliens utilisent leur créativité et leurs mains pour transformer des bicyclettes, des chariots de supermarché, des réfrigérateurs et divers objets en bibliothèques, pour ainsi stimuler la lecture là où les bibliothèques municipales font défaut.

C'est ce que nous montre la carte du blog Bibliotecas do Brasil, géré par Daniele Carneiro et Juliano Rocha, tous les deux passionnés par les livres et convaincus de l'existence de nombreuses initiatives en faveur de la lecture, organisées par les citoyens eux-mêmes à l'intérieur ou à l'extérieur du pays et qui n'attendaient qu'à être diffusées.

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La carte recense près de 60 initiatives en faveur de la lecture. Pour plus d'informations, cliquez sur chacune d'entre elles. Image de Bibliotecas de Brasil, publiée avec autorisation.

Vimos que essas ações cobriam uma boa parte do Brasil e resolvemos mostrar isso graficamente ao colocar todas as ações em um mapa, para reforçar esta ideia de que os brasileiros gostam de ler quando lhes é dada a oportunidade e de que existem pessoas que acreditam nos livros livres como agentes de mudança nas mais diversas comunidades. Com esse apoio visual, fica mais fácil para os próprios projetos de incentivo à leitura criarem uma rede de contatos para se ajudarem e trocarem experiências. As bibliotecas que mais nos interessam são as bibliotecas comunitárias, bibliotecas livres, minibibliotecas ou bibliotecas públicas que são atuantes e preocupadas em trazer os leitores para seu interior e despertar neles o gosto pela leitura.

Nous avons remarqué que ces actions couvraient une bonne partie du Brésil et nous avons décidé de le montrer graphiquement en les plaçant sur une carte pour renforcer l'idée que les Brésiliens aiment lire lorsqu'on leur en donne la possibilité et qu'il existe dans différentes régions des personnes qui considèrent les livres comme des agents de changement. Grâce à ce soutien visuel, les projets en faveur de la lecture ont plus facilement réussi à créer un réseau afin de s'aider et d'échanger leurs expériences. Les bibliothèques qui nous intéressent le plus sont les communautaires, les biliothèques libres, les mini bibliothèques ou les bibliothèques publiques actives et soucieuses d'attirer les lecteurs et de réveiller leur goût de la lecture.

Lorsque l'on interroge Daniele et Juliano au sujet des bibliothèques libres, ils nous expliquent que ces bibliothèques prêtent des livres sans exiger d'inscription ni de délai de restitution. N'importe qui peut emprunter un livre, le prendre chez lui le temps qu'il voudra et même le prêter ou l'emporter en voyage pour le restituer dans une ville différente.

Toutes les initiatives de la carte ne fonctionnent pas de la même façon, mais elles partagent le souhait de faciliter l'accès aux livres et de changer l'aspect des espaces publics.

Des chariots de supermarché aux réfrigérateurs, n'importe quel objet peut être transformé en bibliothèque.

Carrinhos de feira transformados em pequenas bibliotecas itinerantes no Shopping Popular da Ceilândia. Foto de Bibliorodas utilizada com permissão.

Des chariots de supermarché deviennent de petites bibliothèques itinérantes dans le centre commercial de Ceilândia. Photo de Bibliorodas, publiée avec autorisation.

Depuis 2011, à Ceilândia, dans le district fédéral, Clara Etiene et Edna Freitas stimulent la lecture sur le marché populaire de la région. Bien qu'ayant réussi à rassembler quelques personnes, elles ne parvenaient pas à attirer les commerçants qui disaient ne pas pouvoir quitter leur poste de travail pendant la journée. C'est alors qu'elles ont décidé de transformer des chariots de supermarché en petites bibliothèques mobiles, pour plus tard les baptiser les « biblioroues ».

Le succès de la solution proposée par Clara et Edna les a encouragées à développer leur projet : elles apportent désormais des livres aux marchands et à la population de l'intérieur du Ceará. « L'inexistence de locaux et d'initiatives en faveur de la lecture est alarmante dans la périphérie, le problèmes est encore loin d'être résolu, mais nous croyons au pouvoir émancipateur et transformateur de la lecture, il est important que tout le monde puisse y accéder » déclarent les créatrices de cette initiative à Global Voices lors d'une interview par courrier électronique.

À Santa Catarina, certains réfrigérateurs ne vont plus à la décharge et deviennent des bibliothèques. Les étudiants de la Fundaçao Universidade Regional de Blumenau ont installé des « frigothèques » sur le campus afin de mettre des livres à disposition des collègues, des professeurs, des employés et du public qui fréquentent ce lieu. Le projet baptisé « Ne laissez pas la culture au réfrigérateur » a débuté en 2012 et a bénéficié de l'aide bénévole de trois artistes pour peindre les réfrigérateurs, ainsi que du soutien d'éditeurs et de professeurs de l'université sous la forme de don de livres. Un des responsables de la « frigothèque », Alan Filigrana, affirme que les étudiants ont bien accueilli cette initiative car ils sont convaincus du caractère fondamental de la lecture pour l'épanouissement de l'individu.

Les « frigothèques » existent aussi dans trois écoles municipales de la région pour enfants et adolescents. « Nous choisissons des livres auxquels les élèves n'ont pas accès habituellement et qui permettent de stimuler leur raisonnement critique. Par ailleurs, les élèves sont chargés de peindre les réfrigérateurs dans les écoles afin de leur faire apprécier la valeur du projet et leur faire sentir qu'ils en font partie. » explique Alan.

Ce ne sont que deux initiatives parmi la soixantaine recensée sur la carte. Cette dernière prend aussi en compte les initiatives lancées dans d'autres pays comme par exemple celle de trois jeunes brésiliennes qui ont mené une campagne pour collecter des livres et restaurer la bibliothèque d'une école primaire de Maputo, capitale du Mozambique, dans laquelle étudient environ 1 300 élèves âgés de 6 à 11 ans. Les trois coopérantes brésiliennes enseignaient dans le pays dans le cadre d'un échange avec l'école primaire. « Au contact d'enfants aussi travailleurs et intéressés, nous avons réalisé que nous pouvions avoir un impact encore plus fort sur leurs vies » ont-elles déclaré lors de la présentation de la campagne baptisée Le Mozambique veut lire.

Faites vous-même une bibliothèque libre

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Notice explicative pour créer une bibliothèque libre. Cliquez pour avoir plus d'informations. Photo de Bibliotecas del Brasil, publiée avec autorisation.

 

Les auteurs de la carte et du blogue encouragent également les personnes à s'investir dans un projet en faveur de la lecture en leur montrant comment organiser leur propre bibliothèque. C'est pourquoi ils ont créé des notices explicatives pour mettre en marche avec succès de nouvelles initiatives. Leurs conseils concernent notamment les meilleures options de stockage de livres, le choix du lieu où installer la bibliothèque, mais aussi la diffusion, l'organisation et la maintenance.

Car les Brésiliens auxquels il faut faire découvrir la lecture ne manquent pas. Selon l'enquête Portraits de lecture au Brésil, un Brésilien lit à peine cinq livres par an, si l'on compte les lectures recommandées par l'école, et seulement deux en dehors de ces suggestions. Le résultat est encore faible mais des initiatives comme celles-ci aideront à renverser la tendance en plaçant les livres sur le chemin des personnes au lieu de les laisser dormir dans les bibliothèques et sur les étagères des maisons.

L'émigration russe à l'heure d'Internet

lundi 23 mars 2015 à 08:53
"The Last of England" by Ford Madox Brown, remixed by author. Public domain.

“Les derniers Anglais”. Ford Madox Brown, photomontage de l'auteur. Libre de droits

On observe aujourd'hui en Russie une nouvelle forme d'émigration. Elle concerne une population parmi la plus créative de Russie, mue par deux facteurs : l'explosion d'Internet et les atteintes aux libertés survenues après l'ère Medvedev. Un exode appelé “cinquième vague” ou “émigration de la désillusion”. Les Russes qui songent à émigrer sont relativement peu nombreux, et ceux encore moins nombreux qui le font pour de bon gardent un lien passionné à la société et à la politique russes.

L'an dernier, après avoir connu des problèmes chez eux, deux personnalités importantes des médias russes sont parties en Europe : Oleg Kachine et Roustem Adagamov. Kachine, qui a été battu presque à mort en 2010, puis a été par la suite victime de persécutions sur le marché du travail, a déménagé en Suisse. Adagamov, accusé dans une affaire de viol apparemment montée de toutes pièces, a fui à Prague.

Léonid Berchidski, ancien éditeur du portail d'information Slon.ru, a écrit pour le blog de Slon un article au sujet du départ de Kachine, qu'il a intitulé “Il est temps d'oublier d'émigrer“. Il y fait remarquer que, à cause des nouvelles technologies – et surtout d'Internet -, le monde a tellement rétréci que notre position géographique ne compte presque plus. En d'autres termes : l'émigration dans son sens premier est devenue une conception obsolète. Les gens ont beau quitter la Russie, les articles de Kachine et les photos d'Adagamov continuent à déferler sur Facebook, se retrouvent sur nos sites Web favoris et inondent Twitter. L'endroit où l'on se trouve n'a, selon Berchidski, aucune importance.

Le 12 juin, Berchidski devait aborder à nouveau le sujet de l'émigration, mais cette fois de la sienne propre. A ses dires, le texte était destiné à Snob.ru, mais le “destin” a contrecarré sa publication. Berchidski l'a publié sur Facebook en déclarant qu'il quittait Moscou pour Berlin. Dans son article, il écrit qu'il a “essuyé une défaite”. Berchidski y règle son compte à l'ensemble des médias russes – propagande gouvernementale et presse libérale servile confondues. Selon lui, le journalisme, qui devrait défendre le faible contre le fort, est sapé à la base. Et puis, bien que les impôts en Allemagne soient trois fois plus élevés qu'en Russie, au moins ils ne vont pas à la Crimée “volée” par la Russie.

Maria Baronova, 9 octobre 2013. Facebook

Deux autres intellectuels moscovites en vue ont ont exprimé l'idée de quitter la Russie. Le 4 juin, le directeur de la publication du magazine “L'Affiche” Alexandre Gorbatchev a déclaré qu'il abandonnait son poste pour aller étudier le journalisme aux Etats-Unis pendant deux ans. Et le 12 juin, Maria Baronova, ancienne prisonnière politique et critique de Poutine, invitait les Russes à s'échapper de la pesante atmosphère politique du pays en partant pour le Kazakhstan.

Dans une interview au portail Colta.ru, Gorbatchev a dit qu'il avait eu pour la première fois vraiment envie de quitter la Russie au moment du jugement des (filles du groupe) Pussy Riot. Dans une note sur Facebook au sujet de son départ, le directeur de “L'Affiche” se compare à Boris Eltsine, dont on rappelle souvent la phrase de 1999, quand il a pris sa retraite : “Je suis fatigué, je m'en vais.” Même si Gorbatchev n'est pas fatigué de son travail, mais de “vivre en Russie”, ainsi qu'il l'a reconnu.

Comme dit Maria Baronova, au Kazakhstan, les Russes peuvent trouver un bon travail, il y a énormément de débouchés pour la créativité entrepreneuriale. “Le matin, sur le chemin du bureau, écrit Maria Baronova, il me vient l'envie d'ouvrir au plus vite deux points de réparation de chaussures, un café, de proposer à l'akimat [équivalent du maire] des projets de relations publiques et de tout ce qui pourrait enrichir la vie culturelle nocturne.” Autre fait qui a sans doute son importance, le désir de se mêler de politique s'émousse. “Une fois que vous êtes dans un autre pays, vous cessez de vous demander quand des élections honnêtes seront enfin mises en place, et tout ça.”

Pour autant, parmi les cas cités ici, personne ne songe à quitter la Russie pour toujours. De Kachine, on peut dire qu'on le trouve à Moscou plus souvent que la neige en hiver. Gorbatchev reviendra vraisemblablement quand il aura achevé sa formation dans le Missouri. Berchidski et Adagamov sont sans doute partis pour plus longtemps, mais ce qu'ils ont accompli pour la société russe, leur travail intellectuel, continuera à hanter le Web, là ou se trouve et se trouvera toujours leur public.

Et c'est justement cela qui définit la nouvelle émigration russe. Les gens s'en vont pour s'échapper, explorer autre chose, se détendre. Mais se déconnecter totalement leur est impossible.

Au Guatemala, “les Puissantes” utilisent le théâtre contre la violence

dimanche 22 mars 2015 à 22:23
Naciendo

“Naciendo” (Naissant) est une nouvelle production du groupe Las Poderosas. Photographie fournie par le groupe et publiée avec autorisation. 

Avec des représentations à la fois thérapeutiques et responsabilisantes, le groupe de théâtre guatémaltèque Las Poderosas (les Puissantes) envoie, depuis la scène, un message très fort en faveur de l'égalité des sexes et contre la violence faite aux femmes. Leur travail s'est développé à travers les médias sociaux et dans la région depuis 2008. Pour ces femmes, le théâtre est un moyen de guérir, condamner, communiquer et sensibiliser dans un pays où, d'après les données d’ONU Femmes, “deux femmes meurent (de violences) en moyenne chaque jour.”

Le groupe s'est formé après avoir participé à une expérience théâtrale dans le documentaire de Marco Canale “Hoy puedo ser” (Aujourd'hui je peux exister). Cette expérience a mené ces femmes à se consacrer entièrement à explorer le pouvoir du témoignage et le monde des émotions. Leur objectif principal est l'écriture et la représentation de pièces qui révèlent les différentes formes de violence: de la plus évidente à la plus subtile, celle qui demeure invisible dans la vie quotidienne et n'est remarquée que lorsque observée de façon collective.

Le blog Heroínas (Héroïnes) raconte l'histoire de Las Poderosas : 

El gusanito del teatro invadió las entrañas de estas siete mujeres y sus hijos, que decidieron continuar con el montaje escénico y hacer presentaciones a lo largo y ancho de Guatemala. […] De las vueltas del destino y de un sueño que tuvo Lesbia Téllez [una de las participantes] en el cual, estas supervivientes se veían sobre el escenario vestidas de luchadoras, nace “Las Poderosas”. Una compañía de teatro sin parangón que tiene como propósito, sanar a aquellas personas que han sido objeto de la violencia mediante la catarsis y el espacio creativo que ofrece el teatro. […] Cuando se les pregunta qué significa para ellas el teatro, esta “Liga de la Justicia” de siete heroínas […] no dudan en asegurar que ha sido su salvación y el motor de cambio de sus vidas.

Ces sept femmes et leurs enfants ont été mordues par le virus du théâtre, alors elles ont décidé de continuer à se produire sur scène et jouent à travers tout le Guatemala. [...] Las Poderosas est né grâce à un coup du sort et un rêve de l'une des participantes, Lesbia Téllez. Les survivantes arrivent sur scène vêtues comme des luchadoras [lutteuses]. La mission de cette compagnie théâtrale sans pareil est de guérir les victimes de violence à travers la catharsis et l'espace créatif qu'offre la scène. [...] Quand on leur demande ce que le théâtre signifie pour elles, les sept femmes de cette “Ligue des Justicières” n'hésitent pas : il a été leur salut, une force motrice du changement dans leurs vies.

La bande-annonce du groupe donne une meilleure idée de leur style et de leur approche. La vidéo montre les membres de Las Poderosas partageant leurs expériences :

Mi marido me mandó matar. Me dispararon al corazón. Perdí mi brazo, pero hice justicia.

Mon mari a donné l'ordre de me tuer. On m'a tiré dans le coeur. J'ai perdu mon bras mais j'ai obtenu justice.

Las Poderosas participe également à des ateliers communautaires avec des femmes de différentes régions du Guatemala ou d'ailleurs. Elles encouragent les femmes à partager leurs expériences afin d'attirer l'attention sur la violence et y apporter des solutions. Un exemple de leurs efforts est leur implication dans la Journée internationale  pour stopper la violence contre les femmes, avec “près de soixante femmes de huit municipalités du département de Sololá, dont certaines sont des dirigeantes et survivantes de la violence.”

Leur dernière production, “Naciendo” (Naissant), examine les nombreuses facettes de la violence, y compris sa présence dans l'héritage culturel mixte du Guatemala et dans sa douloureuse guerre civile, qui a fait plus de 250 000 morts. De façon plus profonde pourtant, elle amorce une conversation sur le corps, le sexe et la recherche de soi.

Naciendo Poderosas

Scène de Naciendo. Publiée avec autorisation.

["Naciendo"] nace de una investigación sobre nuestra sexualidad, nuestro origen y la guerra. Hablamos con nuestras madres, con nuestras hijas, con nuestras nietas y con mujeres sobrevivientes del conflicto armado, buscando las huellas de nuestra historia, de nuestro país, la historia de nuestros cuerpos.¿Qué es lo que vivimos? ¿Qué estamos por vivir?

Hacer esta obra, recordar, tratar de entender las sombras y la luz, nombrar, cantar o hablar sobre cómo hacemos el amor, fue una forma de mirar a los ojos ese camino tan ancho que cada una de nosotras guarda adentro.

Mirarlo como si fuera un río.

Es el lugar desde el que estamos naciendo.   

“Naciendo” est né d'une recherche sur notre sexualité, sur nos origines, et sur la guerre. Nous avons parlé à nos mères, à nos filles, à nos grand-mères, et aux femmes qui ont survécu un conflit armé. Nous avons cherché les traces de notre histoire, de notre pays et de nos corps. Qu'est-ce que nous vivons-là ? Qu'est-ce que nous allons vivre ?

Monter cette pièce, nous souvenir, essayer de comprendre l'ombre et la lumière, nommer, chanter ou parler de la façon dont nous faisons l'amour a été une façon de regarder ce chemin en face, ce chemin qui prend tant de place et que chacun d'entre nous garde à l'intérieur.

    Le contempler comme on contemple une rivière.

    C'est l'endroit d'où nous venons.