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Brésil : Le débat sur le renfort de médecins cubains teinté de racisme ?

lundi 9 septembre 2013 à 12:19
Enfermeiro prepara injeção anti-ofídica. Existem muitas dificuldades na prestação de cuidados de saúde a comunidades locais da Amazônia no Brasil. Durante o salvamento de um residente do Rio Negro mordido por uma serpente (Surucucurana), levou oito horas a chegar ao hospital mais próximo em Novo Airo. Foto: Marcio Isensee e Sá copyright Demotix (11/04/2013)

Novo Airo, Brésil (11/03/2013): un infirmier préparant un sérum anti-venin. Les services de santé rencontrent d'énormes difficultés pour dispenser les soins auprès des communautés de la région amazonienne. Lors d'une opération de secours à un résident de la région, mordu par un serpent (Surucucurana), l'évacuation par le Rio Negro jusqu'à l'hôpital le plus proche, ne dura pas moins de 8 heures. Photo: Marcio Isensee et Sá copyright Demotix

[liens en portugais] Les premiers 400 médecins cubains, participants au programme “Mais Médicos” (Plus, dans le sens de “davantage”, de Médecins) du gouvernement fédéral brésilien, sont arrivés dans le pays. Parmi tout le bagage nécéssaire à un séjour de trois ans dans des régions du Brésil en manque d'assistance médicale, ils ont aussi apporté avec eux le débat autour des problèmes du système de santé publique brésilien. 

L'arrivée de médecins étrangers dans le réseau de santé publique du Brésil provoquait déjà la controverse et divisait des opinions sur le Net, bien souvent marquées du sceau de l'intolérance et du racisme.

1957, a estudante Elizabeth Eckford chegando para o seu primeiro dia de aula numa escola sem separação racial em Little Rock, Estados Unidos. 2013, médico cubano sendo vaiado por médicos brasileiros, Fortaleza. Imagem partilhada mais de 39 mil vezes no Facebook.

L'arrivée d'une élève à son premier jour de cours dans une école sans séparation raciale (1957) et l'arrivée d'un médecin cubain à Fortaleza, dans le cadre du programme “Plus de Médecins” (2013). Photo partagée plus de 39 000 fois sur Facebook.

Toujours est-il que la question est apparue sous un autre jour après la manifestation d'un groupe de médecins de Fortaleza, Ceará, à la sortie d'une cérémonie d'accueil organisée pour l'arrivée des médecins cubains le 26 aout dernier. La réception organisée par le groupe de manifestants, émaillée de huées et de slogans hostiles aux nouveaux arrivants, a été filmée et la vidéo est devenue virale sur l'internet brésilien.

Une photo de la manifestation qui montre un médecin cubain noir, hué par des médecins (à droite), a envahi toutes les Unes des journaux ainsi que la timeline brésilienne (#MaisMédicos), devenant ainsi la photo officielle illustrant la discussion. En pleine semaine de célébration des 50 ans de la Marche de Washington, l'image a aussi servi de relecture historique, comme elle a contribué à centraliser le débat autour du racisme.

Au cours d'une interview, le docteur José Maria Pontes, président du Syndicat des Médecins du Ceará (SimeC), a nié le fait que les attaques aient été lancées contre les médecins cubains et que les quolibets entendus, tels que “esclaves”, aient été une manifestation raciste. Selon lui, les protestations avaient pour cible le représentant du Ministère de la Santé.

La ministre des politiques de promotion de l'égalité raciale, Luiza Bairros, a regretté la réception faite aux médecins cubains, tout en constatant que “le racisme existe encore et la place que les noirs occupent, au sein de la société brésilienne, est encore une fois remise en question”.

#Mais Médicos: le mot-clic contesté

Ilustração do médico e desenhista Solon Maia no seu blog, Meus Nervos (CC BY-NC-ND 3.0)

Illustration du médecin et dessinateur Solon Maia sur son blog, Meus Nervos (CC BY-NC-ND 3.0)

Selon des données officielles, 80% de la population brésilienne dépend actuellement du système public de santé, le SUS (Système Unique de Santé, l'Hôpital Public). La réalité montre cependant, que, malgré l’augmentation du nombre de médecins formés dans le pays, au cours de ces dernières années, les régions nord et nordeste, plus spécialement dans les villes reculées de l'intérieur des terres, souffrent du manque de professionnels (de santé).

C'est ainsi qu'a surgit l'idée de Mais Médicos, un programme créé par le gouvernement fédéral pour  “stabiliser des médecins brésiliens et étrangers dans le réseau public de santé”.

Lors de la première étape, les places au sein du programme étaient accordées en priorité aux médecins brésiliens. Autrement dit, pas question de prendre les emplois des Brésiliens: les étrangers ne pourraient prétendre qu'aux postes situés dans les 700 municipalités qui n'avait pas trouvé preneur dans les rang des médecins brésiliens. Les Cubains cependant, font partie d'un accord différencié entre Cuba et le Ministère de la Santé du Brésil, sous l'égide de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

L'île communiste est considérée par l'OMS comme “le pays le plus développé du monde” dans le secteur de la santé, avec des indices de mortalité infantile inférieurs à ceux de pays comme les Etats-Unis et le Canada, grâce à la pratique de la médecine préventive. Le pays de Fidel est mieux classé, comme le montre l'article publié par Vinicius Galeazzi sur le site Sul 21:

No Brasil, há 1,8 médicos para cada 1.000 habitantes. Na Argentina, 3,2. O programa Mais Médicos visa elevar nosso índice para 2,5 médicos para mil habitantes: um incremento de mais de 170.000 médicos, quando nossas escolas de medicina formam cerca de 18.000 médicos por ano. Nesse contexto, não é aceitável que a corporação dos médicos brasileiros não concorde que se chame médicos de outros países para os postos carentes, onde eles não querem ir. Alegam que não há infraestrutura e, sem ela, os médicos não podem trabalhar, mas não lhes importa, parece, que pessoas adoeçam durante essa espera de infraestrutura.

Au Brésil, on recense 1,8 médecins pour 1.000 habitants. En Argentine, 3,2. L'objectif du programme Mais Médicos est d'élever ce numéro à 2,5 médecins pour mille habitants : une augmentation de plus de 170.000 médecins, quand dans le même temps, nos écoles de médecine ne forment que 18.000 médecins par an. Dans ce contexte, il n'est pas acceptable que la corporation des médecins brésiliens ne soit pas favorable au fait de faire appel à des médecins d'autres pays pour occuper les postes laissés vacants, c'est-à-dire, ceux où eux-mêmes ne veulent pas aller. Ils soutiennent qu'il n'y a pas d'infrastructures et que sans elle, les médecins ne peuvent pas travailler, mais ils se moquent semble-t-il, de savoir que des gens tombent malades pendant cette attente d'infrastructures.

La dispense d'examen alimente la polémique

L'accord conclu par le gouvernement brésilien visant à réglementer le travail des Cubains dans le pays, leur interdisant, par exemple, de changer de ville ou d'exercer la médecine dans un autre but que celui pour lequel on a fait appel à eux, les dispense de l'examen de revalidation de leur diplôme médical sur le territoire national, qui porte le nom de Revalida. Une partie des Brésiliens soutient que “faire appel à un médecin étranger sans valider son diplôme ce n'est plus de l'importation, c'est de la contrebande”.

84% des professionnels de santé cubains, ou formés à Cuba, qui vont travailler au Brésil ont plus de 16 ans d'expérience reconnue, précise le R7, (NdT: un portail d'informations). Ces dernières années, les premières places de l'examen Revalida ont toujours été occupées par des élèves d'écoles de médecine du Venezuela ou de Cuba.

Deux associations de médecins, l'Association Médicale Brésilienne (AMB) et le Conseil Fédéral de Médecine (CFM), ont initié des actions en justice pour essayer de suspendre le programme, en soutenant que l'embauche sans la revalidation du diplôme était illégale. Mais elles ont été rejetées. Dans l'Etat du Minas Gerais, le président du Conseil Régional de Médecine est même allé jusqu'à menacer de prison tout médecin travaillant sans la fameuse validation. Le ministre de la santé,  Alexandre Padilha, s'est exprimé sur son compte Twitter :

Ne pas porter secours ni donner de soins, ne peut être admis du point de vue de la déontologie médicale. Je ne peux pas croire que les médecins du MG suivront une telle recommandation

Une profession divisée : ce que disent les médecins

Le débat a donc divisé le corps médical brésilien. De nombreux médecins opposés à la venue de collègues étrangers en ont profité pour attirer l'attention sur les problèmes qu'ils rencontrent, principalement le manque d'infrastructures et la mauvaise rémunération. Le docteur Rodrigo Fontoura, qui travaille depuis sept ans dans le Système Unique de Santé (SUS) a livré le fond de sa pensée sur Facebook :

Não me aborreça depois de uma dia de plantão no SUS quando vou para casa triste e frustrado pensando que não fiz o meu melhor para alguns pacientes, porque não tive recursos básicos.
Não me faça ter pena da sua ignorância sobre o real motivo das vaias aos cubanos, portugueses, espanhóis ou brasileiros do Mais Médicos.
Essas vaias não são para os seres humanos que ali estão, e sim para o que eles representam.
Eles são a representação do descaso com a saúde, com todos os profissionais (médicos, enfermeiros, téc. Enfermagem, etc) que diariamente lidam com a mazela da sociedade, sem recursos.

Ne m'énervez pas quand, après une journée de garde au SUS je rentre à la maison triste et frustré pensant que je n'ai pas donné le meilleur de moi-même pour des patients parce que je n'en avais pas les moyens techniques de base.
Ne me faites pas l'affront de votre ignorance quant au réel motif des huées contre les Cubains, Portugais, Espagnols ou Brésiliens du programme Plus de Médecins.
Ces huées ne sont pas destinées aux être humains qui sont là, mais plutôt à ce qu'ils représentent.
Ils sont la vivante représentation du peu de cas que l'on fait de la santé, de tous les professionnels (médecins, infirmiers et infirmières, techniciens, etc.) qui sont quotidiennement confrontés aux maux de la société, sans aucun moyen.

De l'autre côté, se trouvent les médecins réceptifs à l'idée. David Oliveira de Souza, membre de l'organisation Médecins Sans Frontières, a publié une lettre ouverte aux étrangers sur son blog et dans le journal Folha de São Paulo, dans laquelle il souligne qu'une grande partie des problèmes de santé de la population brésilienne peuvent être résolus lors d'une simple consultation et il déclare :

A sua chegada responde a um imperativo humanitário que não pode esperar. Em Sergipe, por exemplo, o menor Estado do Brasil, é fácil se deslocar da capital para o interior. Ainda assim, há centenas de postos de trabalho ociosos, mesmo em unidades de saúde equipadas e em boas condições.

Votre arrivée répond à un impératif humanitaire qui ne peut pas attendre. Dans le Sergipe, par exemple, le plus petit Etat du Brésil, il est facile de se déplacer de la capitale vers l'intérieur. Mais même comme ça, il existe des centaines de poste de travail vacants, même dans les centres de santé équipés et bénéficiant de bonnes conditions.

Outre l'aide à la solution des problèmes de la santé au Brésil, on peut aussi espérer que cette initiative serve à changer le profil de la médecine brésilienne, en accroissant les opportunités et en ouvrant l'éventail de ceux qui ont accès à l'exercice de la profession. Comme ce fut le cas de l'étudiante en médecine Cintia Santos Cunha, originaire d'un quartier pauvre, qui a émigré à Cuba pour devenir médecin :

Entre polémiques et débats à venir, une certitude a été exprimée par l'analyste politique Bob Fernandes, dans une vidéo partagée plus de 20.000 fois sur les réseaux sociaux :

Milhões que moram nestas cidades (sem médicos) não querem saber se o médico é baiano, sueco ou cubano. Querem médicos. E medicina. Sabem que um médico é melhor do que nem um médico. A boa medicina será cobrada, e muito, nesse caminho. O resto é o jeito de cada um enxergar a vida.

Les millions de personnes qui habitent dans ces villes (en manque de médecins) ne veulent pas savoir si le docteur est bahianais, suédois ou cubain. Ils veulent des docteurs. Et de la médecine. Ils savent qu'un docteur, c'est mieux que pas de docteur du tout. Des compétences en médecine seront exigées, et de bonnes, dans cette aventure. Le reste appartient à la manière dont chacun voit la vie.

L'excentrique chef du Philharmonique de Belgrade est le nouveau ministre serbe de la culture

dimanche 8 septembre 2013 à 22:21

Le pianiste et chef d'orchestre Ivan Tasovac n'a pas sa langue dans sa poche, et s'il défraie cette fois la chronique en Serbie, ce n'est pas à cause de sa tignasse argentée, ses propos acérés ou ses choix audacieux, mais parce qu'il vient de se voir confier le ministère de la Culture.

Le Premier Ministre serbe Ivica Dačić a finalisé le 29 août 2013 le remaniement de son gouvernement, au bout de deux mois de négociations avec son partenaire de coalition et vice-premier ministre Aleksandar Vučić. Le cabinet de 18 membres comptera 11 nouveaux ministres et plusieurs technocrates indépendants. Parmi les choix les plus étonnants, il y a M. Tasovac comme Ministre de la Culture. Cette personnalité aux idées bien arrêtées a accepté la nomination et est entré en fonctions le 2 septembre.

Ivan Tasovac at a press conference for the premiere of the film "Age of Stupid", 2009; photo courtesy of Media Center Belgrade www.mc.rs, used with permission.

Ivan Tasovac à une conférence de presse de 2009 pour la sortie du film “L'Age de la stupidité”. Photo publiée avec la permission du Media Center Belgrade.

Ivan Tasovac est le chef de l'Orchestre Philharmonique de Belgrade depuis mars 2001. Sous sa baguette, celui-ci figure parmi les institutions culturelles les plus respectées, pas seulement en Serbie mais aussi dans le reste du monde. Il est très populaire sur Twitter avec pas moins de 40.000 abonnés, et force l'admiration dans la culture populaire serbe pour son esprit de répartie et son rayonnement personnel. Tasovac est devenu très populaire ces dernières années auprès des internautes serbes avec son intrépidité, son esprit acéré et aussi parce qu'il est de ceux qui sortent des sentiers battus, enfreignent les règles et apportent le changement nécessaire à l'ordre établi.

Le nouveau ministre de la culture a fait parler de lui dans le passé récent par sa méthode inusitée et unique pour promouvoir le Philharmonique : il a introduit la musique pop dans le répertoire et a joué du classique et du jazz dans les rues de Belgrade. La vidéo ci-après montre un bref concert impromptu donné par des musiciens de l'Orchestre Philharmonique dans une rue du centre de Belgrade parsemée de cafés et de bars. C'était en fait dans le cadre d'une campagne de guérilla marketing sous le slogan polémique “Merci de ne pas être venus”, en référence aux auditoires en baisse des concerts du Philharmonique les années précédentes. L'opération a été très remarquée dans tout le pays, et la nouvelle saison du Philharmonique s'est déroulée à guichets fermés :

Cette forme un peu agressive de publicité avait provoqué à l'époque quelques critiques virulentes. Tasovac enregistra une déclaration vidéo pour répondre à ces réactions, et la diffusa sur YouTube, ce qui lui valut plusieurs ovations sur les réseaux sociaux :

Sa nomination a déclenché des réactions diverses. Les uns pensent que Tasovac contribuera puissamment au développement de la culture en Serbie, les autres sont sceptiques. Le célèbre acteur serbe Branislav Trifunović, partant du fait que Tasovac est encensé par les hommes politiques mêmes qu'il critique d'habitude, a twitté :

Si Tasovac survit jusqu'au bout alors je peux jurer que tous ces gens qui le louangent à présent se mettront bientôt à l'insulter parce qu'il ne sera pas gentil !

Dès la nomination rendue publique, les médias en ligne et les utilisateurs de médias sociaux se sont mis à ressortir les tweets du nouveau ministre où il critiquait, souvent avec humour, l'actuel gouvernement et beaucoup de ses membres particuliers. Igor Lazarević, un consultant en management de Belgrade, a twitté une des compilations à succès :

Ainsi twittait Tasovac : http://t.co/0Uke5g3wLy

D'autres, comme @Schatzglue sur Twitter, ont posé la question :

Comment Tasovac va-t-il continuer à cracher sur le pouvoir établi sur Twitter s'il en est lui-même un élément ?

Dans le même sens, l'utilisateur de Twitter Nikola de la région serbe de Bačka écrit :

Sitôt Tasovac devenu ministre de la culture, il a donné sa baguette de chef à Vucicu [le premier vice-premier ministre].

A côté de son talent et de son excellence musicale, Tasovac est célèbre pour sa coiffure en pétard, et ses nombreux fans ont toujours aimé son refus de discipliner sa chevelure pour rentrer dans la norme. Beaucoup sont partis de ce trait particulier pour commenter son accession au nouveau gouvernement :

http://t.co/0wpPxAsZaf Tasovac n'aura pas la même coiffure dans 33 jours – soit ses cheveux se dresseront encore plus haut, soit il les aura tous perdus !! pic.twitter.com/ZTkk3YMk6u

Je suis tombé par hasard sur la plus grosse condition posée par Tasovac à Dacic [le Premier Ministre] pour devenir ministre de la culture. pic.twitter.com/eBIMdqi1K7

Ils sont mignons :) TASOMANIJA : Voilà à quoi ressemblerait le gouvernement si Tasovac était premier ministre ! – Telegraf.rs http://t.co/4NIcqr9OiV via @telegrafrs

Si une large majorité sur Twitter paraît satisfaite de ce choix, beaucoup sont tout de même surpris ou incrédules. Jasmina Adamović est sceptique :

Ecouté les infos… Tasovac dirigeait et les autres jouaient. Maintenant il va jouer et d'autres dirigeront. Certes la vie est étrange.

C'est peut-être ce tweet de @DonDragonson qui résume le mieux le sentiment dominant :

Le ministre Tasovac. Hé, j'aurai tout vu. Amen.

Jeux Olympiques 2020 : des espoirs d'améliorations pour Tokyo

dimanche 8 septembre 2013 à 17:21
A poster advertisement in Shibuya, Tokyo. Image by  Danny Choo on flickr under Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 2.0 Generic

Une affiche publicitaire à Shibuya, Tokyo. Image de Danny Choo sur Flickr, licence Creative Commons.

Le 7 septembre 2013, Tokyo a obtenu l'organisation des Jeux Olympiques d'été de 2020 après que les membres du Comité International Olympique ont voté pour choisir la ville hôte entre les finalistes Tokyo, Madrid et Istanbul.

Alors que Tokyo célèbre sa victoire, les leaders d'opinion ont partagé sur Twitter leurs espoirs pour l'amélioration de la ville.

Nobuyuki Sato, un directeur de communication et auteur d'une douzaine de livres, suivi par plus de 70.000 followers, a insisté sur le bon côté d'accueillir des Jeux Olympiques et Paralympiques :

Avoir une échéance et un objectif commun unira et renforcera les Japonais. Je crois qu'accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques à Tokyo accélérera le rétablissement de la région de Tohoku, touchée par la catastrophe, et des problèmes proches de chez nous se résoudront. Dans le même temps, malgré des mots négatifs et beaucoup de sujets d'inquiétude, la décision a été prise. Travaillons ensemble pour faire de notre mieux.

Une analyse sociale montre que les conversations en ligne sur les Jeux Olympiques ont soudainement explosé chez les Japonais, tandis que les conversations sur les Jeux Paralympiques ont également augmenté, mais dans une moindre mesure.

green orange

Les points bleus représentant les tweets japonais qui incluent le mot “Olympiques” ont rapidement augmenté le 7 septembre. Les points verts représentant le mot “Paralympiques” et les oranges représentant les mots “sans obstacles” (conception universelle) en japonais. Analyse sociale de TOPSY.com

Bien qu'ils soient moins nombreux, les gens ont exprimé leurs espoirs pour que Tokyo soit plus accessible.

Online conversations that seek a more accessible, universally designed city increase as Tokyo awarded 2020 Olympics host.

Un graphique de tweets qui incluent le mot “バリアフリー” un mot japonais qui signifie “sans obstacles” (conception universelle), du 9 août au 8 septembre. Les conversations en ligne qui cherchent une ville plus accessible, conçue de manière universelle, ont augmenté alors que Tokyo obtenait l'organisation des Jeux Olympiques de 2020.

conception universelle

La traductrice de littérature allemande et avocate de la paix Kayoko Ikeda, qui réside à Tokyo, a listé ses souhaits:

J'espère vraiment que dans sept ans : que chaque coin de Tokyo mette en oeuvre un design universel (pas d'obstacles, accessible à tous) ; connexion WiFi omniprésente, et que les poteaux télégraphiques disparaissent ; que le marché de Tsukiji (le plus grand marché de poissons en gros et de fruits de mer au monde) soit rempli de sourires des touristes étrangers du monde entier ; que les discours de haine disparaissent ; que les régions touchées par le tsunami se rétablissent ; que l'accident de la centrale nucléaire soit traité ; et que nous passerons à l'énergie renouvelable.

Le traducteur et concepteur de jeux Shin Okada a également exprimé son souhait d'une plus grande accessibilité pour la société vieillissante.

En organisant les Jeux Olympiques et Paralympiques, j'espère que le ville et les transports publics amélioreront l'accessibilité de leurs équipements, grâce à la conception universelle. Ma mère aura dans les 80 ans en 2020, alors j'espère vraiment que les équipements seront entièrement accessibles pour les plus âgés qui se déplaceront avec difficulté.

Les défis et contradictions du Sud Asiatique

dimanche 8 septembre 2013 à 13:10

Sauf indication contraire les liens dirigent vers des sites en anglais.

Les pays de l'Asie du Sud sont peut-être florissants économiquement, mais, selon les experts du récent Sommet Economique de l'Asie du Sud (SAES), il n'en demeure pas moins que la région doit unir ses efforts pour vaincre la pauvreté, les inégalités entre les sexes et les changements climatiques.

Le SAES s'est réuni à l'initiative du principal groupe de réflexion de la société civile d'Asie du Sud. L'événement s'est déroulé cette année au Sri Lanka du 2 au 4 septembre 2013 et a été accueilli par le plus important groupe de réflexion en économie politique de l'île, l'Institut d'Etudes Politiques du Sri Lanka (IPS). Depuis 2008, le SAES est accueilli chaque année par un pays différent de l'Asie du Sud.

Les sujets discutés cette année au SAES concernent l'exploitation du capital humain, la gestion de l'eau, la sécurité alimentaire et le changement climatique, ainsi que la recherche d'une meilleure coopération régionale. 120 spécialistes renommés de l'économie sociale se sont réunis à Colombo pour ce sommet, qui avait pour thème “Vers une Asie du Sud plus forte, plus dynamique et plus ouverte”, où ils ont débattu et échangé pendant trois jours.

Il faut souligner que l'événement a été très suivi par les participants et les adeptes des réseaux sociaux qui ont longuement échangé sur les thèmes de la conférence. Le blog de la conférence a été activement alimenté ainsi que Facebook, Flickr et Twitter. L'événement a été retransmis en direct sur le web.

Tahmina Shafique, un jeune délégué blogueur du Bangladesh, donne son avis sur la portée du sommet et sur les enjeux pour les pays qui y participent:

Le sommet a réuni pour un même événement une quantité d'intervenants en provenance de huit pays de l'Association Sud-Asiatique pour la Coopération Régionale (SAARC). Les intervenants sont des représentants de groupes de réflexion, d'universités, d'instituts politiques et d'organismes internationaux. Le fait marquant du sommet est peut-être la participation d'un groupe de jeunes dirigeants qui interviendront sur l'analyse et la diffusion de débats majeurs. C'est certainement une avancée contre les traditionnels débats à huis clos de la société civile et une ouverture pour l'engagement de jeunes dirigeants sur ces initiatives de coopération.

Le sommet est des plus pertinents avec la nécessité urgente de synergies accrues entre les pays de l'Asie du Sud. Une région qui prospère et se développe dans un contexte de richesses culturelles, de traditions, d'activités économiques et surtout de forte croissance, doit relever de nombreux défis. Des sujets tels que la pauvreté, la parité des sexes, la sécurité alimentaire, le changement climatique et bien d'autres, sont des domaines qu'il y a lieu de traiter stratégiquement et durablement.

Photographs from South Asian countries compiled by Easa Samih. CC BY (Click on the image for info on photographers)

Photos des pays de l'Asie du Sud réunies par Easa Samih. CC BY (Cliquer sur l'image pour plus d'informations sur les photographes et leurs photos)

Abdul Halik Azeez, un jeune délégué blogueur du Sri Lanka, lance le débat sur le changement du climat à Colombo et ses conséquences sur la région:

Les moussons imprévisibles, outre le fait bénin qu'elles encombrent les cols blancs de parapluies, dévastent le secteur agricole, font monter le niveau de la mer et menacent certaines îles, la fonte des glaces dans l'Himalaya menace le débit des cours d'eau et quand Colombo peut se réjouir d'un peu de fraîcheur, d'autres parties de la région doivent faire face à des canicules et fortes chaleurs. En outre, la montée du niveau de la mer pourrait transformer le front de mer de Galle Face en pataugeoire. Tous ces changements touchent des millions de vies et menacent les efforts de développement actuels de la région.

Dans son blog Aarya Nijat, un jeune délégué afghan, précise que la politique change la donne :

Atiq Rahimi, l'auteur franco-afghan de “Pierre de Patience” écrit : “…en Iran comme en Afghanistan (et peut-être en Asie du Sud) les mots bravent la tyrannie… le problème existentiel n'est pas “être ou ne pas être..” mais dire ou ne pas dire… Ainsi tout acte devient politique. Même le silence. Même les mensonges… Le problème est en nous parce que nos coeurs sont fermés… Devons-nous encore douter de la dimension politique de la littérature? Je dis NON, parce que la littérature est une lutte contre tous les systèmes politiques. C'est le pouvoir des mots contre les mots du pouvoir.”

Dans un article qu'il publie le dernier jour du sommet,  Nijat pose la question “Débattons-nous des vrais problèmes ?” :

A votre avis le secteur public et le secteur privé poursuivent-ils les mêmes objectifs et ont-ils les mêmes intérêts ? Qu'ont-ils en commun à partager en termes d'objectifs et sur quelles bases peuvent-ils construire un éventuel partenariat? Pourquoi n'abordons-nous pas ce sujet?

Nandish Kenia, une jeune déléguée indienne, se demande si le secteur privé peut apporter un changement :

L'un des arguments qui subsiste est de savoir ce qu'il y a de mal à faire du commerce quand le paysan est bien indemnisé par un industriel pour son petit lopin de terre ? Peut-on lui reprocher de se détourner de la révolution verte ?

Trisha Rana, jeune déléguée du Népal, pense que l’Association Sud-Asiatique pour la Coopération Régionale (SAARC, fr), organisation des pays de l'Asie du Sud créée en 1985 pour la promotion du progrès économique et social, du développement culturel, de l'amitié et de la coopération de la région Sud-Asiatique, n'a pas réussi à s'imposer aux pays de l'Asie du Sud :

Comment les pays de l'Asie du Sud peuvent-ils avancer ensemble quand nous n'avons pas réussi à unir nos moyens humains et financiers?

Le débat est aussi sur Twitter.

L'économiste pakistanais Nadeem Haque (@nadeemhaque) écrit :

Sécurité alimentaire : qualité, prix abordables, meilleure distribution. Pas possible sans la croissance qui elle-même n'est pas possible sans réforme de la gouvernance.

Ce que nous voulons : pas de pauvreté, de la nourriture, pas de catastrophes, l'éducation gratuite, les soins gratuits, de l'eau garantie, l'assainissement maintenant, mais pas de croissance pas de réformes

Un haut responsable de Google, Ann Lavin, s'est exprimé lors de l'événement. Abdul Halik Azeez (@HalikAzeez) du Sri Lanka en parle :

Internet participe à 1.9% du produit intérieur brut et génère 3.2 emplois par emploi perdu dans les marchés émergents – Ann Lavin

Image de la vignette avec l'autorisation de la page Facebook de l'Institut d'Etudes Politiques du Sri Lanka

Le “canard espion” égyptien a fini à la casserole

dimanche 8 septembre 2013 à 12:38
A White Stork - similar to Menes. Photograph from the Wikimedia Commons, used under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license.

Une cigogne, congénère de Menes. Photo Wikimedia Commons, utilisée sous licences Creative Commons Attribution 2.0 Generic.

La cigogne prise pour un canard et arrêtée en Egypte sous le soupçon d'espionnage a fini dans les assiettes d'une famille égyptienne.

Le 31 août, on apprenait que l'Egypte avait intercepté un canard espion porteur d'un gadget suspect fixé aux plumes. Le canard s'est ensuite avéré être une cigogne, à qui on a donné le nom de Menes, et dont le dispositif de repérage était à but scientifique.

Le 4 septembre, Mostafa Hussein annonça  :

La Cigogne accusée à tort est libre.

Mais la joie fut de courte durée.

La blogueuse égyptienne Zeinobia fait savoir :

I do not know if it is fate or what, but it seems that the story of Menes in the land of the Nile is extremely sad story.
After it was accused of espionage and spent a day in Egyptian detention , he was released in to a protectorate to fly free only to meet its end !! He was hunted down and eaten by an Egyptian Nubian family in the south !!!

Je ne sais pas si c'est le destin ou quoi, mais l'histoire de Menes au pays du Nil semble d'une tristesse absolue.
Après avoir été accusé d'espionnage et avoir passé une journée dans une prison égyptienne, il a été relâché dans une réserve, mais son vol vers liberté l'a conduit à la mort !! Il a été abattu et mangé par une famille nubienne d'Egypte dans le sud !!

Sur Facebook, la Société de protection de la Nature d'Egypt a expliqué :

Triste nouvelle : Menes la cigogne blanche a été tuée.
Après avoir été relâché en toute sécurité dans la zone protégée de Salugah & Ghazal, Menes s'est envolé vers une île du Nil à proximité, où il a été capturé et tué pour être mangé par les villageois du lieu.

Et d'expliquer :

Les cigognes font partie de l'alimentation nubienne depuis des millénaires, le fait de manger des cigognes n'est donc pas en soi une pratique isolée. Cependant, le succès éphémère de la remise en liberté de Menes n'a pas suffi à lui garantir la vie sauve jusqu'à sa sortie d'Egypte.

Le problème est plus vaste, et plus complexe :

L'Egypte connaît depuis longtemps des problèmes de chasse incontrôlée. Pour autant, il importe de toujours trouver un équilibre entre les besoins des communautés locales et ceux de la nature et de la réflexion sur la biodiversité.

Le billet conclut :

Toute la région a encore beaucoup de chemin à faire, et surtout dans le domaine de la sensibilisation sur la chasse et les oiseaux migrateurs.