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Un blogueur russe condamné pour violation des lois anti-extrémistes fait campagne pour leur abolition

mercredi 14 décembre 2016 à 10:36
Source: VKontakte

Sourcev: «vVKontaktev»

Anton Nossik, un blogueur connu qui a reçu en octobre une amende de 500.000 roubles (environ 7.700 euros) pour un post sur son « Live Journal » dans lequel il appelait la Russie à « effacer la Syrie de la surface du globe », a lancé une campagne pour la suppression de la loi en vertu de laquelle il a été jugé. Il s'agit de l'article 282 de la Constitution de la Fédération de Russie, une loi fourre-tout qui interdit « les actions ayant pour but d'inciter à la haine ou à l'hostilité, d'attenter à la dignité des personnes ou des groupes en raison de leur sexe, race, nationalité, langue, religion, ou de leur appartenance à un groupe ethnique, accomplies en public ou à l'aide des mass medias », souvent considéré comme extrêmement sévère et contraire aux droits humains fondamentaux : un individu peut être reconnu coupable même si ses actes ne provoquent aucune forme de violence, et — depuis l'adoption du « paquet Yarovaya » il y a quelques mois — écoper d'une peine allant jusqu'à cinq ans de prison.

Après le jugement qui l'a condamné à une amende, Nossik a fait parvenir ses propositions à « Initiative publique russe » (IPR), un site web conçu pour filtrer les propositions faites par les particuliers au gouvernement fédéral. Deux mois plus tard, il recevait la réponse : sa proposition avait été approuvée, une pétition serait lancée sur le site le 30 novembre. Les citoyens russes de plus de 18 ans pourraient voter pour ou contre jusqu'à cette date après s'être enregistrés sur un portail gouvernemental. Une proposition doit réunir 100.000 voix pour pouvoir être examinée par le gouvernement fédéral.

Voici le texte de la pétition:

Статья 282 УК РФ о «действиях, направленных на возбуждение ненависти либо вражды» сформулирована таким образом, что допускает огромное количество злоупотреблений, произвольных трактовок, и создаёт почву для уголовных дел за «преступления мысли». Не существует ни одного документа и ни одного судебного решения, в котором было бы внятно прописано, какие высказывания подлежат квалификации как «экстремистские», а какие подпадают под конституционную норму защиты свободы слова. В последние годы мы видим постоянный рост числа случаев, когда эта статья использовалась для преследования инакомыслящих, подавления свободы печатного слова, просто сведения личных счетов между региональными силовиками и критикующими их общественными деятелями. Также известно немало случаев, когда совершенно случайных людей преследовали по этой статье просто «для галочки», для выполнения плана определённых силовиков по «борьбе с экстремизмом». За 21 год её существования статья многократно переписывалась, и каждый раз — в сторону ужесточения наказания. Но внятного определения «экстремизма» в ней как не было, так и не появилось.

L'article 282 de la Constitution russe sur les « actions ayant pour but d'inciter à la haine ou à l'hostilité » est formulé de telle façon qu'il ouvre la voie à de multiples abus et interprétations arbitraires, et offre un terrain propice pour monter des dossiers pour « délit d'opinion ». Il n'y a pas un seul document ou décision de justice qui énonce clairement quels faits sont classifiés comme « extrémistes », et quels faits sont protégés par les normes constitutionnelles en matière de liberté d'expression. Les dernières années, nous avons vu croître régulièrement le nombre de cas où cet article a été utilisé pour poursuivre des dissidents ou réprimer la liberté de la presse, ou simplement permettre la surveillance de comptes privés critiquant les responsables de la sécurité régionale et leur activité publique. On a aussi connaissance de plusieurs cas où des individus lambda ont été poursuivis en vertu de cet article juste pour la montre, dans le cadre d'une soi-disant « lutte contre l'extrémisme ». En vingt et une années d'existence, l'article a connu maintes moutures, à chaque fois dans le sens d'un durcissement. Mais toujours pas de définition claire de ce qu'est l'« extrémisme ».

« Il est temps d'agir collectivement — écrit Nossik dans son « Live Journal » le samedi. — Partager, retweeter, mettre des liens, liker, faire savoir largement que cette initiative est mise au vote, tout cela est bienvenu… Ainsi que tout ce qui peut être visuellement créatif… créez des bannières, des clichés pour Instagram, tout ce que vous pouvez imaginer de beau pour une diffusion la plus large possible…»
Les tribunaux russes ont de plus en plus souvent recours à l'article 282, généralement appelé « loi anti-extrémiste », pour étouffer l'opposition: pour la seule année 2015, il a permis de juger 414 personnes, contre seulement 137 en 2011. Cette loi s'attire des critiques non seulement à l'étranger, mais aussi de la part d'un certain nombre de députés russes en raison de l'extraordinaire latitude qu'elle donne aux juges pour des poursuites motivées par des raisons plus politiques que judiciaires. Il y a quelques mois, Mikhaïl Dektariov, Alexeï Didenko et Ivan Soukharev, membres de la LDPR, le Parti libéral-démocrate russe [d'extrême droite] ont porté à la Douma d'Etat un projet de loi sur l'abolition de l'article 282. Le projet demandait que soit reconnu son caractère négatif, en ce qu'il ouvre la voie à des poursuites contre « n'importe quel citoyen pour ses centres d'intérêt idéologiques personnels ». Le projet n'a pas été adopté; l'article 282 est toujours en vigueur.

Le mardi, Nossik a publié dans son « Live Journal » un Questions & Réponses pour ses lecteurs, exposant les raisons de signer la pétition. Selon ses dires, l'article 282 est une loi « dont personne n'a jamais constaté l'utilité, mais dont les abus sont légion. L'élasticité de l'article 282 permet de convaincre de culpabilité tout aussi bien les commissaires d'expositions que les utilisateurs de VKontakte qui publient une caricature antiraciste».

Как же бороться с экстремизмом, расизмом, ксенофобией, если эта статья будет отменена? В российском законодательстве предусмотрено больше дюжины разных статей для уголовного и административного преследования за экстремистскую деятельность, позволяющих привлекать к ответственности правонарушителей за конкретные совершённые ими деяния, а также за членство в экстремистских и террористических организациях. Особенность 282-й статьи состоит в том, что она приравнивает к делам высказанные вслух мысли, мнения, и даже простое выражение согласия с чужими словами. Таким образом, практика по 282-й статье, в сущности, мешает реальной борьбе с преступлениями на почве расовой и религиозной нетерпимости, отвлекая правоохранительный ресурс на деяния, не представляющие никакой общественной опасности.

Comment faire pour lutter contre l'extrémisme, le racisme, la xénophobie si cet article est supprimé? La législation russe prévoit plus d'une douzaine d'articles pour poursuivre judiciairement et administrativement les activités extrémistes, permettant d'engager des poursuites contre des contrevenants pour des actes concrets commis par eux, mais aussi pour leur appartenance à des organisations extrémistes ou terroristes. La spécificité de l'article 282 est de mettre sur le même plan les idées exprimées à voix haute, les opinions, et même la simple expression d'un accord avec les paroles d'une autre personne. Ainsi, l'application de l'article 282, en définitive, nuit à la vraie lutte contre les délits liés à l'intolérance raciale ou religieuse, en concentrant les ressources juridiques sur des actes ne présentant aucune dangerosité.

Насколько эта проблема вообще актуальна? Ведь по 282-й статье привлекают к уголовной ответственности всего несколько сотен человек в год. Практика уголовного преследования за преступления мысли чрезвычайно соблазнительна для карательных органов. Назначать «злодеев» с помощью Гугла и Яндекса проще, чем ловить настоящих преступников на улице, вести агентурную работу в экстремистском подполье, собирать улики. Поэтому практика по 282-й растёт в последние годы как раковая опухоль, в то время как профилактики реальных преступлений на почве нетерпимости мы вообще не видим. С учётом тенденции роста дел по 282-й за последнее пятилетие, уже в 2017 году счёт обвиняемым пойдёт уже на тысячи, а процент оправданных по этой статье к сегодняшнему
равен нулю.

En quoi est-ce vraiment un problème ? Quelques centaines de personnes par an seulement sont poursuivies sur la base de cet l'article 282. Le recours à des procédures judiciaires pour des délits d'opinion s'avère extrêmement séduisant pour les instances punitives. Il est plus simple de désigner les « méchants » à l'aide de Google et Yandex que d'arrêter les vrais criminels dans la rue, de faire un travail d'infiltration dans les milieux extrémistes ou de réunir des indices. C'est pourquoi le recours à l'article 282 a enflé ces dernières années comme une tumeur cancéreuse, alors que dans le même temps, la prévention contre les crimes réels n'a pas pas avancé. Le recours à l'article 282 était à la hausse durant les cinq dernières années; en 2017, le nombre de personnes reconnues coupables atteignait déjà des milliers, tandis que le pourcentage de personnes innocentées avoisine zéro.

Ces courts-métrages de jeunes cinéastes cambodgiens veulent mettre fin au harcèlement sexuel

mardi 13 décembre 2016 à 12:35
Screenshot from one of the short films depicting the impact of sexual harassment on women. Source: YouTube

Capture d'écran de l'un des courts-métrages dépeignant l'impact du harcèlement sexuel sur les femmes. Source : YouTube

Une campagne récente a mis de jeunes cinéastes masculins au défi de se pencher sur le harcèlement sexuel et le besoin urgent de stopper ce comportement. Plus d'une douzaine de films ont ainsi été tournés sur ce fléau et son impact néfaste sur les victimes et sur la société dans son ensemble.

L'organisation à l'origine de cette campagne est CARE, une ONG qui promeut les droits des femmes au Cambodge. CARE a lancé dans tout le pays des activités sur le thème #WhyStop [pourquoi arrêter, NdT] pour encourager les hommes à comprendre les raisons pour lesquelles le harcèlement sexuel doit être arrêté et ce qu'ils peuvent faire eux-mêmes pour mettre fin aux violences contre les femmes.

CARE a choisi seize courts-métrages réalisés par des cinéastes âgés de seize à vingt-neuf ans et qui délivrent un puissant message sur le harcèlement sexuel. En avant-première, voici quelques uns de ces films.

‘7 colors underwear’ (Une culotte de sept couleurs)

‘7 colors underwear’ a été réalisé par Khan Khav, dix-huit ans, de Battambang et a gagné le premier prix de la campagne #WhyStop. Le court-métrage raconte l'histoire d'une excellente élève qui a cessé d'aller à l'école après avoir été la victime de harcèlement.

‘One touch’ (Un attouchement)

Ce film de Stephen Row, de la capitale Phnom Penh, raconte l'histoire tragique d'une étudiante et serveuse agressée sexuellement par un professeur. Le film s'achève avec ce message : “un seul contact peut tout changer”.

‘The day it happened’ (Le jour où c'est arrivé)

Long Sovitou, seize ans, a réalisé ce film sur une adolescente traumatisée après avoir été harcelée dans un café.

‘Your 7 reasons’ (Vos sept raisons)

Thong Phynuch explique la signification du harcèlement sexuel dans son film et donne sept raisons pour lesquelles les hommes devraient soutenir la campagne pour mettre à la violence contre les femmes.

‘Pain’ (Douleur)

Le film de Chea Sideith examine l'effet de la violence sexuelle au travail.

‘Oudom’

‘Oudom’ montre un adolescent lisant une lettre de son père décédé qui lui rappelle de respecter les femmes.

‘If she's your sister’ (Si c'était votre soeur)

Enfin, ce film de Run Sokheng met en scène deux étudiants qui réalisent leurs erreurs quand l'un de leurs camarades de classe leur demande de penser à leurs soeurs quand ils harcèlent leurs amies.

Solidarité immédiate en Bulgarie après la catastrophe ferroviaire et l'explosion à Hitrino

lundi 12 décembre 2016 à 12:00
Hitrino, Bulgaria, 10.12.2016. Photo by Krasimir Krumov, used with permission.

Hitrino, Bulgarie, 10.12.2016. Photo Krasimir Krumov, utilisée avec autorisation.

Sept personnes sont mortes dans l'explosion qui a suivi un accident ferroviaire dans le village de Hitrino, province de Choumen, dans le nord-est de la Bulgarie. Au moins 29 blessés ont été hospitalisés à Choumen, le chef-lieu de la province.

Ce que l'on sait, c'est qu'à 05h40 heure locale le 10 décembre, des citernes chargées de propylène liquéfié, un gaz de pétrole, et montées sur des wagons de fret ont explosé quand le train a déraillé à proximité de Hitrino, non loin de Choumen, alors qu'il circulait sur la ligne Ruse-Varna.

Le convoi se dirigeait vers la ville bulgare de Ruse, et était opéré par la compagnie privée Bulmarket. Une manoeuvre était requise en gare de Hitrino pour laisser passer un train de voyageurs, ont indiqué la police et des responsables locaux, cités par le site web Novinite.

Les éléments de la police cités par la Radio nationale bulgare laissent entendre que les deux derniers wagons du train de marchandises ont touché le réseau électrique.Une vingtaine de bâtiments ont été détruits par l'explosion. Les environs immédiats du site ont été évacués, disent les autorités locales.

Le Premier Ministre bulgare Boyko Borisov, sur le point de démissionner officiellement à la suite de la lourde défaite de son parti aux élections de novembre, a exhorté ses concitoyens à donner leur sang pour remédier à la pénurie à l'hôpital de Choumen qui traite les victimes de Hitrino.

Mise à jour : au moins 5 morts, 25 blessés dans l'explosion de propane butane après le déraillemet d'un train à Hitrino, près de Choumen dans le nord-est de la Bulgarie

Les usagers de Twitter ont diffusé les alertes et les données les plus récentes de l'accident. Il est possible que davantage de victimes soient découvertes lors du tri des débris.

Le président-élu Rumen Radev s'est également rendu à Hitrino samedi après-midi.

Plus de 150 pompiers et sauveteurs à l'oeuvre aux alentours de la gare de Hitrino.

Les habitants se sont servis de Facebook pour organiser des équipes de soutien pour nettoyer la zone affectée par l'explosion, après avoir critiqué la lenteur de la réaction des pompiers arrivés au bout d'une heure sur les lieux de l'accident.

Hitrino, Bulgaria, 10.12.2016. Photo by Krasimir Krumov, used with permission.

Hitrino, Bulgarie, 10.12.2016. Photo Krasimir Krumov, utilisée avec autorisation.

Le journaliste Krasimir Krumov a été l'un des premiers à publier une vidéo sur Facebook, ainsi qu’un grand nombre de photos du site de l'explosion.

L'intellectuel bulgare Ivaylo Ditchev a exprimé sa solidarité par un billet sur Facebook :

Удивително бърза реакция на взрива в Хитрино, солидарност, не само на място, единна реакция на медиите. Дали проблемът с българската лошотия не е в това, че не ни се случват истински нещастия – че ни насъскват по измислени врагове?

Réponse formidablement rapide à l'explosion de Hitrino, solidarité, pas seulement su place, mais aussi une réaction d'unité dans les média.

Victor Lilov, membre du parti politique bulgare DEOS, a demandé pourquoi il n'y a eu aucune démission à NKZHI, la compagnie nationale d'infrastructure des chemins de fer chargée de la supervision des lignes locales.

Il a publié un graphique d’Eurostat du nombre de voyageurs en chemin de fer tués par milliard de kilomètres-passagers en 2014-2015, qui montre que la Bulgarie compte le plus gand nombre relatif de victimes de l'Union Européenne.

 Train passengers killed per billion passenger-kilometres, 2014-2015 Source: Eurostat

Passagers de train tués par milliard de kilomètre-passagers, 2014-2015. Source: Eurostat.

Pour les habitants de cette région à l'écart, située à plus de 300 kilomètres de la capitale Sofia, cette catastrophe est une tragédie de grande ampleur. Hitrino se trouve dans une des régions les plus pauvres de la Bulgarie, et les gens qui ont perdu leurs logements devront sans doute passer l'hiver dans des caravanes.

Hitrino, Bulgaria, 10.12.2016. Photo by Krasimir Krumov, used with permission.

Hitrino, Bulgarie, 10.12.2016. Photo Krasimir Krumov, utilisée avec autorisation.

Le site web bulgare d'information Novini a expliqué que dans la plupart des incidents similaires, les personnes directement affectées reçoivent 325 BGN (environ 160 euros) d'aide publique — une misère qui sera loin de couvrir leurs besoins.

Ghana: La fausse ambassade des États-Unis à Accra délivrait des visas obtenus frauduleusement

dimanche 11 décembre 2016 à 17:25
Snipet of US Visa via Buzzghana with permission

Une portion de l'écusson sur les visas US via Buzzghana avec leur autorisation

Pendant dix ans, une fausse ambassade des États-Unis d'Amérique a fonctionné à Accra, la capitale du Ghana, un pays d'Afrique de l'ouest. Montée et dirigée par un réseau criminel composé de ghanéens et de turcs, elle délivrait d'authentiques visas et autres documents américains.

Selon le site du Département d'état, le ministère américain des affaires étrangères, les bureaux de cette “ambassade” se trouvaient dans un bâtiment arborant le drapeau américain à l'extérieur et recevait tous les lundi, mardi et vendredi, de 7:30 à 12: 00. A l'intérieur il y avait, accrochée au mur, une photo du Président Barack Obama. En outre il y avait des signes pouvant identifier une authentique l'ambassade des États-Unis.

Sur un ton plaisantin, Rufus Polichinelle, a écrit sur afrique-sur7.fr:

Le pays de l’oncle Sam compterait actuellement sur son sol plusieurs personnes qui y seraient rentrées frauduleusement. C’est du moins ce qui ressort de la récente découverte faite au Ghana par le département d’État américain. En effet, une fausse ambassade américaine délivrait de faux papiers d’identité (extraits de naissance) et des visas aux demandeurs. Le hic c’est que c’était des documents authentiques qui étaient délivrés par des faussaires turcs moyennant la somme de 6.000 dollars. Ces derniers se faisant passer pour des agents consulaires américains et communiquaient régulièrement en Anglais et en Néerlandais. Pour mieux tromper la vigilance des visiteurs, ce gang avait accroché un portrait de Barack Obama avec un drapeau américain.

Sur le site afrikactuelle.com, Olivier Berhuse donne des détails:

Les autorités américaines ont été alertées de l'escroquerie par un renseignement lorsque les États-Unis ont lancé une vaste opération de lutte contre la fraude dans la région cet été. Des détectives ont alors été recrutés, dont des inspecteurs de police ghanéens, pour démanteler l'ensemble du réseau criminel. Au cours des perquisitions, qui ont débouché sur un certain nombre d'arrestations, les autorités ont saisi de faux visas indiens, sud-africains mais aussi de pays de l'espace Schengen, et 150 passeports de dix pays, de même qu'un ordinateur portable et des téléphones.

Le département d'État n'explique pas comment le gang s'était procuré de vrais visas américains. Il ne précise pas non plus combien de personnes ont pu pénétrer illégalement aux États-Unis et dans d'autres pays en recourant à des visas délivrés par ce gang, qui distribuait des dessous-de-table pour pouvoir opérer en toute impunité.

Biographical data page from the Ghanaian biometric passport. via wikipedia

Biographical data page from the Ghanaian biometric passport. via wikipedia

Mensah, a écrit depuis Lomé sur le site koaci.com:

D’après les investigations, la fausse ambassade se faisait connaitre du public par le biais de dépliants et de panneaux publicitaires afin d’attirer des demandeurs de visa du Ghana, de la Côte d'Ivoire et du Togo. Parmi les services que fournissaient les faussaires il y a des visas américains authentiques mais obtenus frauduleusement, ainsi que de faux papiers d'identité, dont des extraits de naissance, des relevés bancaires, des dossiers scolaires, des certificats de naissance et autres), le tout pour pour un coût de 6 000 $.

Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU se pose quelques questions sur burkina24.com:

Comment ce gang se procurait-il de vrais visas américains ? Combien de personnes ont pu pénétrer illégalement aux Etats-Unis à l’aide de ces documents ?

Le département d’Etat américain qui à révélé cette escroquerie, ne détaille pas des éléments pour davantage comprendre ce système parfaitement rodé mais admet que ces criminels ont bénéficié toutes ces années de complicités outre-Atlantique.

Dans son communiqué, le département américain explique que les perquisitions menées lors d’une opération conjointe américano-ghanéenne ont permis des arrestations et la saisie de quelque 150 passeports d’une dizaine de pays.

Une fausse ambassade des Pays-Bas aurait également été ouverte dans cette capitale ghanéenne. Intervenant sur la page Facebook de la radio France internationale, plusieurs auditeurs ont exprimé leurs opinions. Pour Christophe Diksina Lissidi du Tchad:

Si beaucoup des ghanéens ont utilisé le service de cette ambassade pour entré sur le sol américain, sait qu'il y'a sûrement une cellule en Amérique et aussi infiltrée partout dans les services de l'immigration.

Si cette information est avérée, les américains ne sont aucunement en sécurité. Les chinois ne sont plus les as du faux. Avec fausse ambassade, faux diplomates, faux passeports et puis quoi encore, les Africains deviennent les rois du faux.

Junior Decastel-bajack Bangobango de la République démocratique du Congo pense que:

C'est la grosse arnaque de tout les temps. Comment l'administration américaine s'est fait berné jusqu'à ce point? l'ambassadeur roulait avec un véhicule immatriculé CMD, Des diplomates avec CD dont le consul, le ministre conseiller, le secrétaire d'ambassade, etc. Durant 10 ans, ils ont réussi à délivrer des vrais faux visas aux ghanéens? Non! Qu'on nous dise la vérité.
Ninamou Jeanette, originaire de Guinée, vivant en Belgique exprime son scepticisme et pose une question:

 

Je n'y crois pas a cette affaire que je qualifie d'ailleurs de cirque internationale.

Les espoirs de trois journalistes somaliens sur Lesbos : l'asile en Europe

dimanche 11 décembre 2016 à 15:36
Somali journalists Kamal Hassan and Yassin Abuukar sit at a canteen outside Moria refugee camp in Lesbos, Greece. Credit: Jeanne Carstensen

Les journalistes somaliens Kamal Hassan et Yassin Abuukar, photographiés dans une cantine à l'extérieur du camp de réfugiés de Moria à Lesbos, en Grèce. Crédit photo : Jeanne Carstensen

Cet article de Jeanne Carstensen initialement paru sur PRI.org le 6 décembre 2016, est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu entre PRI et Global Voices.

Les journalistes ne sont pas autorisés dans l'enceinte du camp de réfugiés de Moria sur l'île grecque de Lesbos. Je n'aurais donc jamais rencontré Kamal Hassan sans l'incendie.

En septembre, les réfugiés protestant contre les conditions déplorables dans le camp en ont incendié une grande partie. Les 4.000 personnes qui y vivaient ont été contraintes à l'évacuer sur la route qui le longe.

J'étais au milieu de la foule désordonnée avec quelques autres reporters lorsque quelqu'un m'a tapé sur l'épaule. Un jeune homme aux yeux noirs amicaux s'est présenté comme Kamal Hassan, journaliste de Somalie. Avec deux confrères somaliens, il était venu en Grèce pour demander l'asile, dit-il, parce qu'ils avaient été ciblés chacun par le groupe extrémiste Al-Shabaab à Mogadiscio.

Mais à présent ils étaient coincés à Moria, et il tenait absolument à me raconter leur histoire.

Listen to this story on PRI.org »

Quelques jours plus tard, je retournai au camp, où Hassan me présenta Yassin Abuukar et Kowthar Adraman.

Les trois journalistes me montrèrent avec empressement leurs cartes de presse de médias somaliens : Kalsan TV, Horn TV câblée et radio, TV Mantaa et d'autres. Tous avaient moins de 30 ans et travaillaient depuis la fin de l'adolescence comme journalistes dans la capitale somalienne. Ils avaient été attaqués par les miliciens d'Al-Shabaab à multiples reprises, ont-il raconté. Leurs vies étaient menacées, ils ont donc fui la Somalie et sont arrivés en Grèce dans l'espoir d'obtenir l'asile en Europe.

Syriens, Afghans et Irakiens constituent la majorité des 16.000 réfugiés actuellement bloqués sur Lesbos et d'autres îles grecques ; les réfugiés africains restent donc souvent négligés. Pourtant, outre les Somaliens, on trouve à Moria des migrants du Soudan, d'Erythrée, du Ghana, du Congo, de la Sierra Leone, du Cameroun, du Maroc, d'Egypte, d'Algérie, du Mali, de Gambie et d'Ouganda. Leur désir : obtenir un statut permanent de réfugiés ou de migrants économiques dans un pays d'Europe — mais leurs chances sont des plus minces.

Adraman n'a que 21 ans. Elle dit qu'elle est aussi la seule femme journaliste de Somalie à avoir construit et géré son propre site web d'information, Kowtharmedia.com, jusquà l’indicatif musical.

Etre journaliste en Somalie depuis l'âge de 16 ans a endurci Adraman. Al-Shabaab est connu pour viser les journalistes à leur domicile, alors pour se protéger, elle et sa famille, elle a habité ces cinq dernières années dans un lieu sûr, avec d'autres journalistes femmes, et ne voyait sa mère qu'une ou deux fois par an.

“Maintenant c'est la Somalie [que je fuis] mais avant je devais déjà fuir ma famille pour qu'ils soient en sécurité”, dit-elle.

Des précautions qui ne lui ont pas épargné les menaces de mort répétées des Al-Shabaab par téléphone et textos. Elle a échappé de peu à deux attentats à l'explosif, l'un dans un café et l'autre dans un hôtel à Mogadiscio.

Elle a quitté la Somalie parce qu'elle voyait sa dernière heure arrivée.

Kamal Hassan, Yassin Abuukar and Kowthar Adraman are pictured here at Moria refugee camp. Credit: Jeanne Carstensen

Kamal Hassan, Yassin Abuukar et Kowthar Adraman, photographiés  dans le camp de réfugiés de Moria. Crédit photo : Jeanne Carstensen

La Somalie est l'un des endroits les plus dangereux du monde pour l'exercice du métier de journaliste. Etat failli où extrémistes et gangs criminels opèrent dans l'impunité, le pays est classé dans les tous derniers rangs de l'Index de liberté de la presse de Reporters sans Frontières.

Le Comité pour la Protection des Journalistes classe le pays N° 1 de son Index mondial de l'impunité à cause des si nombreux journalistes qui y sont menacés et tués.

“La Somalie est extrêmement dangereuse pour quiconque transmet une opinion ou un message qui n'obéit pas aux gens qui ont les fusils”, dit le journaliste Murithi Mutiga, correspondant du Guardian à Nairobi et représentant de l'Afrique de l'Est au CPJ.

Hassan était lui aussi menacé par Al-Shabaab. Comme Adraman, il ne pouvait vivre chez lui. Mais un jour, une des rares fois où il tentait d'aller voir sa mère, il a remarqué que des individus suspects le suivaient. Ils lui ont tiré dessus quand il s'est mis à courir. Il n'a pas été blessé, mais la coupe était pleine. Il a fui la Somalie pour la Turquie, où il a payé un passeur pour traverser en canot pneumatique vers la Grèce.

C'est dans le canot que Hassan a fait la connaissance d'lmet Yassin Abuukar.

Les ennuis d'Abuukar ont commencé en 2008 avec son enlèvement par Al-Shabaab après qu'il eut refusé de travailler pour leur organe de média, Radio Koran. Il a fini par être libéré après le paiement d'une rançon par sa famille. Par la suite, il a de nouveau été capturé. Il a réussi à s'échapper la nuit précédant son exécution annoncée.

En 2012, il frôla de nouveau la mort, visé par des miliciens à Mogadiscio alors qu'il travaillait aux côtés du journaliste célèbre Hassan Absuge. Abuukar en réchappa ; Absuge fut assassiné. Enfin, l'année dernière, Al-Shabaab a bombardé la maison où habitaient la femme et l'enfant d'Abuukar. Abuukar n'y était pas, mais sa femme a été blessée, et leur bébé tué.

C'est à ce moment qu'il décida de fuir pour de bon la Somalie.

Abuukar, Hassan et Adraman espèrent rentrer dans leur pays un jour pour y poursuivre leur métier de journalistes. D'ici là, leur rêve est d'arriver à Londres, qui possède une scène médiatique somalienne active. Il est pourtant improbable que d'autres que les Syriens s'y voient accorder l'asile.

Pour le moment, les journalises échoués à Moria attendent leurs auditions d'asile. En vertu de l'accord entre l'Union Européenne et laTurquie sur les migrants, ils ne peuvent pas quitter l'île avant que leurs cas soient décidés. Ce qui les attend peut être un retour forcé en Turquie ou l'assignation à un pays où les migrants sont en sécurité mais où ils n'auront pas de droit au travail. En Somalie, ils encourraient un danger évident.

Malgré toutes les inconnues, les ambitions d'Adraman n'ont faibli en rien. Quand elle obtient une bonne connexion internet dans le camp, elle arrive tout de même à mettre à jour son site web avec des reportages vidéo d'autres journalistes somaliens. “Il faut que je fasse savoir à mes lecteurs tout ce qui se passe dans le monde”, dit-elle. “Je veux que mon site soit célèbre”.

Les reportages de Jeanne Carstensen en Grèce ont le soutien du Pulitzer Center on Crisis Reporting.