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Le Nobel de Littérature à Bob Dylan accueilli dans la joie au Bangladesh et en Inde

mardi 25 octobre 2016 à 13:54
President Obama presents Bob Dylan with a Medal of Freedom, May 2012 (NASA/Bill Ingalls) From Public Domain

Le président Obama remet à Bob Dylan la Médaille de la Liberté, mai 2012. NASA/Bill Ingalls. Domaine public.

[Billet d'origine publié en anglais le 13 octobre 2016]
Le chanteur et auteur-compositeur américain Bob Dylan s'est vu décerner le prix Nobel de Littérature 2016, ce qui fait de lui le deuxième auteur de chansons à recevoir ce prix après le poète, parolier et chanteur indien Rabindranath Tagore honoré en 1913.

Bob Dylan a été honoré pour avoir créé des expressions poétiques nouvelles à l'intérieur de la grande tradition de la chanson américaine. Âgé de 75 ans, ce musicien influe depuis plus de 50 ans les musiques et la culture populaires. Beaucoup de ses oeuvres les plus connues ont été composées dans la période agitée des années 1960. Des chansons comme  Blowin’ in the Wind et  The Times They are A-Changin’ étaient extrêmement populaires dans les mouvements contre la guerre du Vietnam et pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Bob Dylan est aussi immensément populaire dans certains pays de l'Asie du Sud. Sur le blog Serkasdis, dès 2009, l'auteur indien Nilanjana S Roy a énoncé Bob Dylan méritait le prix Nobel :

How many roads must a poet walk down before he is awarded a Nobel? [..] Dylan’s Nobel chances are often treated as a joke; it’s assumed that the austere guardians of the universal literary fame would never unbend far enough to award the Prize to a song-writer. Especially a successful one. And there’s the question of how Dylan, with his twin aversion to formal dress and formal speeches, would react to receiving the Nobel.

The reason why Dylan deserves the Nobel has nothing to do with his popularity, or the fact that his works are actually still quoted, discussed and in wide circulation today. [..]

The argument for Dylan would rest squarely on the quality and influence of his work over the years, and the fact that they have now become classics of modern poetry, decades after they were first composed. It’s not just that Dylan wrote great songs—he wrote songs that were deeply rooted in the history of his times, and in a musical and verbal folk tradition that goes back for decades.

Combien de routes un homme doit-il parcourir avant qu'il ne reçoive le Prix Nobel? [..] Les chances de Dylan de l'avoir sont souvent traitées comme une plaisanterie. Il est acquis que les austères gardiens de la réputation littéraire universelle resteraient toujours trop rigides pour récompenser un auteur-compositeur-interprète, surtout s'il a du succès. La question qui se pose aussi est comment Dylan, avec sa double aversion des tenues correctes et des discours officiels va réagir lorsqu'il va recevoir ce prix [NdE : il n'a toujours pas réagi] ?

La raison pour laquelle Dylan mérite le prix Nobel n'a rien a voir avec sa popularité ou le fait que ses chansons sont toujours citées, discutées et largement diffusées aujourd'hui. [..]

La bonne raison serait la qualité et l'influence du travail de Dylan au long des années. Tout ce qu'il a composé est devenu maintenant une référence et est considéré comme des classiques de la poésie moderne des dizaines d'années après. Dylan n'a pas seulement composé de très bonnes chansons, il a composé des chansons qui sont profondément enracinées dans l'histoire de son temps, et dans une tradition verbale et musicale qui remonte à des décennies.

De nombreux Indiens ont célébré sur Twitter le couronnement de Dylan :

J'ai le vertige et suis fou de joie ! Bob Dylan a le prix Nobel de littérature 2016

Bob Dylan lauréat du prix Nobel. Ma façon de dire mes félicitations !

Les Bangladais se rappellent Bob Dylan pour sa participation au Concert pour le Bangladesh, événement caritatif préparé par George Harrison, ancien principal guitariste des Beatles, et le maître de sitar Ravi Shankar le 1er août 1971 au Madison Square Garden à New York. Le concert avait été organisé afin de sensibiliser le public international et financer les opérations de secours pour les réfugiés du Pakistan Oriental (aujourd'hui Bangladesh) après le génocide commis par l’armée pakistanaise et ses collaborateurs pendant la Guerre de libération du Bangladesh. 40.000 personnes au total avaient assisté au concert et près de 250.000 dollars avaient été récoltés pour l’aide humanitaire au Bangladesh. C’était aussi le retour de Bob Dylan sous le feu des projecteurs après quelques années d’absence de la scène causée par un accident de moto.

Voici une vidéo de la participation de Bob Dylan au Concert pour le Bangladesh :

Tanvir Haider Chaudhury, du Bangladesh, qui a perdu son père pendant la guerre, a écrit sa joie sur Facebook :

I have this sense of irrational glee at this news – as if someone in my immediate family or a very dear, old friend had won this. Well done your Bobness

J’ai cette impression de jubilation irrationnelle, comme si quelqu’un de ma proche famille ou un vieil ami très cher avait obtenu ce prix. Bien joué, roi Bob

D'autre Bangladeshis l'ont félicité sur Twitter :

Félicitations Bob Dylan, ami véritable du Bangladesh.

Félicitations pour le prix Nobel ! Bob Dylan, un ami véritable du Bangladesh.

Au Népal, les utilisateurs de Twitter ont réagi :

Très heureux que Bob Dylan ait reçu le Prix Nobel de Littérature ; je suis toujours un grand fan de ses paroles puissantes et souvent brutales. Il l'a mérité.

Its a Dylan night baby, et rien ne dépasse”The Hurricane”. Félicitations au comité Nobel pour ce choix fantastique !

Pas étonnant que certains affirment qu’il est un des personnages les plus importants de l’histoire de la culture pop puisque son œuvre a manifestement transcendé les frontières internationales.

Le Paraguay, pays des vaches qui volent et des écoles qui s'écroulent

mardi 25 octobre 2016 à 13:07
Pancarta de protesta por el derecho a la educación. Imagen de Kurtural, publicada con permiso.

Pancarte de la manifestation pour le droit à l'éducation. Photo:  Kurtural, publiée avec autorisation.

Ce texte est le premier d'une série publiée par le média paraguayen Kurtural, et est adapté et republié par Global Voices avec autorisation. 

L'éducation est au centre de confrontations et d'insatisfactions de nos jours au Paraguay à cause d'un système fissuré depuis des décennies. En dépit des menaces du Ministre de l'Education, Enrique Riera, des milliers d'étudiants ont exigé dans les rues de la capitale la restructuration des infrastructures scolaires qui s'écroulent. Le ministre a averti que les étudiants participant à la manifestation seraient punis et que les enseignants verraient leurs salaires baissés.

Au même moment, à l'Université Nationale d'Asunción, des étudiants se sont mobilisés pour défendre la procédure de réforme en dépit des ordres ratés de capture des leaders universitaires lancés par le ministère public. Pour la première fois dans l'histoire, toutes les facultés ont fait grève. Certaines revendications de réforme demandaient la déclaration de l'état d'urgence en termes d'infrastructures scolaires et l'amélioration de la qualité de l'enseignement. Selon les systèmes de classement internationaux, l'enseignement paraguayen est au plus bas en termes de qualité éducative.

Ceci reflète les symptômes d'une crise profonde de l'éducation au Paraguay et un conflit des deux parties : une classe minoritaire et puissante qui a détourné le système éducatif pour conserver ses privilèges alors que beaucoup souhaitent que l'éducation redonne des opportunités. Un article de Camila Vollenweider publié dans CELAG illustre en partie cette lutte.

Lo han puesto en evidencia los estudiantes paraguayos durante las luchas de estos años: de las 53 Universidades que hay en el país, 45 son privadas, y las 8 públicas son igualmente aranceladas; asimismo, de 32 de las 53 Universidades no han conseguido acreditar ninguna carrera por parte de la Agencia Nacional de Evaluación y Acreditación de la Educación Superior, haciendo que proliferen las llamadas “Universidades de garage”, que han sido denunciadas recientemente por estafar a 6.000 estudiantes […]

Les étudiants paraguayens ont mis en évidence que pendant les luttes des dernières années, sur les 53 universités nationales, 45 sont privées et les huit publiques sont aussi payantes. En outre, 32 des 53 universités n’ont pas reçu l’attestation d’homologation de diplômes de l’Agence Nationale d’Évaluation et d'Accréditation de l’Enseignement Supérieur – ce qui fait que prolifèrent les « Universités garage » récemment dénoncées comme ayant escroqué 6 000 étudiants […] »

Elle poursuit :

[El] presupuesto de 4,1% del PIB que destina el Gobierno a esta materia está muy lejos del 7% que recomienda la UNESCO […] La política educativa vigente data de la dictadura de Stroessner [cabeza de la dictadura paraguaya que duró de 1954 a 1989], y no ha cambiado demasiado hasta Cartes [el Presidente actual]: insuficiente presupuesto educativo -aunque este último lo haya incrementado-, endurecimiento de las condiciones de acceso a la universidad pública, criterios políticos en la designación de rectores y decanos, promoción e incremento de subsidios y becas a centros educativos privados en detrimento de la financiación del sistema público.

Le budget de 4,1% du PIB alloué par le gouvernement à ce domaine est très loin des 7% recommandés par l’UNESCO […] La politique éducative actuelle date de la dictature de Stroessner [chef de la dictature paraguayenne de 1954 à 1989] et elle n’a guère évolué depuis Cartes [le Président actuel] : budget de l’éducation insuffisant – bien que ce dernier ait été augmenté – , durcissement des conditions d’accès à l’enseignement supérieur public, critères politiques pour élire recteurs et doyens, promotion et augmentation des subventions et bourses des établissements privés au détriment du financement du système public.

Education non garantie : un commerce et une « clé d’accumulation du pouvoir politique »

Les histoires de la série Vaches qui volent, écoles qui s’écroulent nous ramènent à ce conflit. Cette série a des protagonistes qui se battent au quotidien pour que la majorité des Paraguayens puisse accéder à ses droits à l’éducation. Une bataille qui n'existerait pas si l'éducation était un plein droit dans ce pays.

Le coût élevé de l’accès à l'éducation peut se refléter dans l’histoire de Christian Quiñónez qui quitte ses enfants tous les jours pour se rendre à l’université et traverse le fleuve Paraguay pour étudier le droit, sans savoir s’il rentrera vivant. Ou dans celle des enseignants de l’école Maricevich, au nord du pays, qui doivent résister au harcèlement des groupes armés, militaires, policiers, trafiquants de drogue et tueurs à gages pour faire cours dans leurs villages. Ou dans la description de ce que, pour aller à l’école, 46 000 enfants doivent se soumettre au travail domestique, un système de servitude qui les exploite comme main d'œuvre.

Quand le droit à l’éducation n’est pas garanti, il devient alors soit un commerce, soit la clé d’accumulation du pouvoir politique. La crise de l’éducation remet en question le modèle même de la production actuelle qui devrait générer des ressources pour le bien-être de tout le monde. « Si nous sommes capables d’exporter des vaches vivantes en avion, comment est-ce possible que les écoles s’écroulent sur les maîtres et les élèves pendant la classe ? »

Auparavant, les écoliers des Etats-unis étaient réprimandés lorsqu'ils parlaient espagnol. Aujourd'hui on les félicite.

lundi 24 octobre 2016 à 22:33
Kiara Rivas-Vasquez, a sixth-grader from Oregon, gives a confident smile to her mother who is watching on from the front row. Credit: Simon Thompson/PRI

Kiara Rivas-Vasquez, une élève de sixième sourit d'un air confiant à sa mère qui l'observe depuis le premier rang. Crédits: Simon Thompson/PRI.

Cet article de Simón Thompson d'abord paru sur PRI.org le 7 juillet 2016 est republié ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

L'amphithéâtre est animé : les professeurs courent d'un bout à l'autre, les élèves murmurent sur leurs feuilles d'orthographe et leurs parents, fiers d'eux, les motivent et donnent leurs derniers conseils. Après les dernières embrassades et quelques larmes versées, les concurrents de l'épreuve d'épellation s'installent derrière la scène.

C'est la deuxième fois que Reinoso Hidrogo, élève de sixième participe à l'épreuve. Il a fini dans les cinq premiers l'année dernière mais n'a pas gagné de trophée. Chaque jour depuis, il passe deux heures ou plus à la pratique de l'orthographe. Cela lui a donc permis de passer devant ses camarades et de gagner le concours préliminaire qui lui permet d'être là aujourd'hui.

“Je pensais ça impossible et pourtant aujourd'hui je suis ici. C'est comme un rêve”, raconte Jybr.

Ce n'est pas le Concours National d'Orthographe que vous voyez sur ESPN. C'est le Concours National d'épellation en espagnol de juillet à San Antonio, au Texas.

Les mots sont extraits de la “Liste de Mots”, une liste de 1.448 mots en espagnol. Lorsque les participants ont besoin qu'un mot soit répété, défini ou utilisé dans une phrase, on les encourage à le demander aux jurés en espagnol. Ils doivent aussi mettre correctement les signes diacritiques, tels que le dans artimaña (la ruse), le tréma dans ungüento (onguant) ou l'accent dans constelación.

“C'est donc parfois très difficile”, dit Jybr. “Il y a certains mots où il n'y a pas l'air d'avoir d'accent — peut-être qu'on ne l'entend pas — mais il est pourtant bien là”.

Jybr apprend l'espagnol depuis qu'il est bébé. Bien qu'il étudie dans la section bilingue du collège Bradley, dans le District scolaire Indépendant du Nord-est de San Antonio, il parle en anglais avec ses amis du collège.

Ses parents sont arrivés aux Etats-Unis depuis le Mexique avant sa naissance. Son père, Liborio Reynoso, raconte qu'il est très fier de voir son fils concourir dans sa langue maternelle.

“Oh man!” dit-il. “Ma langue maternelle, ma première langue”. Nous souhaitons que notre langue se développe davantage dans ce pays”.

Cela ne fait pas si longtemps que la première génération de citoyens américains comme Jybr étaient réprimandés lorsqu'ils parlaient espagnol à l'école et incités à abandonner leur langue maternelle.

Le directeur du concours d'orthographe en espagnol, David Briseño, a grandi dans l'Etat du Nouveau Mexique aux Etats-Unis, où ses parents, ayant comme langue maternelle l'espagnol, étaient convaincus qu'enseigner leur langue maternelle à leur enfants pourraient les freiner dans la vie. Il a 60 ans maintenant, et affirme qu'il ne domine toujours pas l'espagnol.

“Mes parents sont de l'époque où on était puni quand on parlait espagnol”, dit-il. “Eux voulaient être certains que nous ne nous ferions pas punir”.

Il nous dit que ses parents étaient traité avec mépris, ils recevaient des fessées ou on leur lavait la bouche avec du savon si leurs professeurs les entendaient parler dans leur langue maternelle. De nombreuses personnes préfèrent ne pas parler de cette histoire douloureuse mais un autre administrateur du concours me raconte que ses parents avaient subi les mêmes choses. Durant le concours d'orthographe de l'an passé, José Reyes, un instructeur bilingue du District scolaire indépendant de Gadsden au Nouveau Méxique, a raconté qu'une institutrice l'avait puni pour avoir parlé en espagnol. Il était à l'école d'El Paso, au Texas, entre les années soixante et soixante-dix.

“J'ai parlé en espagnol et je me souviens qu'elle m'a emmené aux toilettes et m'a lavé la bouche avec du Borax, du savon et m'a dit, “Ne recommence plus jamais à utiliser cette langue”.

Fifth-grader Mariana Moya-Rubiano from Thomas Harrison Middle School, Harrisburg, Virginia, correctly spells her first word in the competition. 27 students competed — accents, tildes and all — in the bee this year. Credit: Simon Thompson/PRI

Mariana Moya-Rubiano, élève de CM2 de l'école primaire Thomas Harrison, à Harrisburg en Virginie, a épellé correctement son premier mot de la compétition. 27 écoliers ont participées au concours — accents, tilde et autres — lors du concours d'épellation de cette année. Crédits: Simon Thompson/PRI.

Briseño a fondé le Concours National d'épellation en espagnol il y a six ans afin de changer cette attitude et d'améliorer le statut de la langue espagnole aux Etats-Unis.

Ce sont ce genre d'efforts qui font la différence. Les bénéfices de l'apprentissage bilingue ont été reconnus en 1968 avec la loi de l'éducation bilingue. La législation fédérale encouragea les différents districts scolaires à incorporer l'instruction d'une langue native chez les enfants ayant de moindres facilités à parler l'anglais.

Une étude de l'année 2010, parue dans le Compte-rendu du Journal de la Recherche Éducative, examine pas moins de 63 études sur les effets du bilinguisme. Elle établit qu'être capable de parler plusieurs langues est correlationné à une augmentation de la mémoire de travail, de meilleures capacités à résoudre des problèmes et une plus grande capacité d'attention.

Ce n'est pas seulement d'une grande aide pour ceux qui parlent une langue différente à l'anglais à la maison. Briseño raconte que davantage de personne non-natives parlant espagnol profitent aussi des programmes bilingues dans les écoles. Selon la Lettre d'Education d'Harvard, les programmes ont été multipliés par 10 en dix ans. En 2011, il y avait environ 2 000 programmes dans le pays qui enseignaient en anglais et dans une seconde langue.

Les élèves ayant comme langue maternelle l'anglais sont très bons au concours d'épellation en espagnol. Après trois heures et différents tours remplis de tension, trois des meilleurs finalistes n'ont pas comme langue maternelle l'espagnol.

Joe Dooley est élève en quatrième à Dedham, dans le Massachusetts. Il fut éliminé juste avant la pause de la mi-journée.

“J'ai mieux fait que ce que je pensais”, dit-il. “Je me suis bien senti quand j'ai répondu de la bonne manière”.

Dooley fait partie des quelques participants au concours d'épellation qui ne font pas partie du programme bilingue à l'école. L'Etat du Massachusetts requiert que les écoles publiques enseignent seulement en anglais. Selon l’Association d'éducation bilingue, seulement 33 écoles dans l'Etat offrent des programmes en plus d'une langue ou des programmes d'immersion dans une autre langue que l'anglais.

Le collège de Dedham n'est pas une de ces écoles, c'est pour cela que Dooley étudie l'espagnol là bas. C'est là qu'il a entendu parler du Concours d'épellation en espagnol.

Dooley a dit: “J'étais très enthousiaste et j'ai gagné dans ma classe et ensuite j'ai fini troisième de mon école et deuxième aux régionales”.

Le Massachusetts considère actuellement une législation qui permettrait aux disctricts scolaires de choisir le programme éducatif le plus appropié pour ses élèves qui sont entrain d'apprendre l'anglais. Changer la loi pourrrait permettre de réunir davantage d'élèves qui apprennent l'anglais dans des classes bilingues, avec des élèves ayant l'anglais pour langue maternelle comme Dooley.

Sa mère, Liz O’Donnell, espère que le modèle bilingue sera mis en place dans l'école de son fils.

“J'aimerais bien que ça arrive. Je pense que ça serait incroyable, spécialement lorsqu'on va devenir un pays avec une majorité de minorités”, raconte elle, faisant référence aux prévisions de l'Agence de Recensement des Etats-Unis qui estiment que les non-blancs seront plus nombreux que les blancs dans les 30 prochaines années.

Le Concours National d'épellation en espagnol avait 11 concurrents lors de sa première édition. Dans le passé il avait lieu à Alburquerque, au Nouveau Mexique. Lors du concours de cette année il y a eu 27 élèves représentants neuf Etats: Californie, Colorado, Floride, Massachusetts, Nouveau Mexique, New York, Oregon, Texas et Virginie. Selon Briceño, pas loin de 270 élèves étaient en compétition lors des concours par Etat et régionaux, préalables à la compétition nationale.

William Moss est éducateur dans le district de Brentwood à l'école Union Free de Long Island, à New York. 79% de la population du district est hispanique, étant l'un des districts les plus hispaniques de l'Etat. C'est la première année que New York est representé lors de ce concours.

“Un programme comme celui-ci, qui arrive à sa sixième année, on penserait qu'il devrait être présent dans tous les Etats”, dit-il.

Moss est en train d'organiser le premier concours d'épellation dans l'Etat de New York, qui aura lieu en 2017: “Je suis surpris que cela n'ai pas été fait avant. Pourquoi les professeurs d'espagnol des Etats-Unis n'ont pas de concours d'épellation en espagnol? C'est idiot !”

C'est également la première année que le concours national a lieu hors de l'Etat du Nouveau Mexique. Briseño raconte qu'en déplaçant le concours à San Antonio, il serait possible d'attirer une plus grande partie de la population qui parle espagnol et profiter de plus grands moyens de communication qu'offre la ville. Malgré tout, le financement et la notoriété continuent d'être des obstacles au développement du concours.

“Nous avions un autre [participant] qui devait venir – en réalité d'un territoire des Etats-Unis, les Îles Vierges – mais ils n'ont pas pu rassembler suffisamment d'argent pour venir jusqu'ici.” dit-il “C'est un travail fait d'amour et pour le moment c'est moi qui le finance de ma poche”.

Au dernier round, la concurrence est maintenant entre Jybr et Kiara Rivas-Vásquez, élève de sixième venant d'Oregon. Les pas des concurrents sur le podium font écho dans la salle, les sièges grincent pendant que l'audience se tend avant chaque mot.

L'audience laisse échapper de profonds soupirs de soulagement lorsque les épellations sont acceptées. “Correcte,” dit le juge tour après tour.

Les participants avancent et reculent pendant un moment qui semble durer des heures (mais qui sont en réalité environ 25 minutes) jusqu'à ce que Rivas-Vásquez commette une erreur. Elle a mis un “h” au début d'ermite.

Jybr peut difficilement rester assis avant qu'on l'appelle à son tour. Il marche jusqu'au micro et épelle doucement et posément: “E-r-m-i-t-e”.

“Correcte”.

Jybr reste impassible pendant qu'il se retourne vers les juges pour l'annonce du dernier mot. S'il l'épelle correctement, il obtiendra le titre national.

Le mot est Tahiti, l'île de l'océan pacifique.

Jybr ne demande pas de définition, de contexte ni de clarification.

“T-a-h-i-t i avec accent”.

“Correcte”.

La foule se lève pour l'acclamer. Jybr laisse échapper le soupir qu'il semblait contenir depuis les 3 derniers tours. Famille, amis et professeurs se jettent sur la scène pour célébrer le nouveau champion du Concours d'Epellation en Espagnol. Jybr dit qu'il est très impatient d'aller à l'école pour le raconter à ses amis.

“Ils diront probablement: ‘Oh mon dieu’. Ils vont être super impressionnés”.

Il pense déjà défendre son titre l'année prochaine au concours d'épellation en espagnol. Mais il pense aussi à participer au concours d'épellation en anglais.

Luego de ganar con la palabra Tahití,” Jybr Reynoso Hidrogos de Texas es presentado con el premio Nacional 2016 y el premio de 500 dólares en dinero. Está rodeado por los organizadores del concurso de spelling bee, y el fundador y director David Briseño, quien está mas a trás a la derecha. Credit: Simon Thompson/PRI

Après avoir gagné avec le mot “Tahití,” Jybr Reynoso Hidrogos du Texas est presenté avec le prix de 500 dollars en argent du Championnat National 2016 d'Épellation en Espagnol. Il est entouré des organisateurs du concours et du fondateur et directeur David Briseño (premier à droite). Crédits: Simon Thompson/PRI.

Quel espoir de paix et de stabilité pour le Soudan du Sud ?

vendredi 21 octobre 2016 à 23:56
Some 1,000 internally displaced persons (IDPs) have been moved to new, cleaner – and drier – accommodations in South Sudan. Photo by Flickr user UNMISS. CC BY-NC-ND 2.0

Environ mille personnes déplacées internes (PDI) ont déménagé dans de nouveaux logements, plus propres et moins humides au Soudan du Sud. Photographie de l'utilisateur de Flickr UNMISS. CC BY-NC-ND 2.0

La situation politique au Soudan du Sud devient de plus en plus instable.

En juillet dernier, des affrontements entre les forces du gouvernement et les soldats loyaux à l'ancien vice-président Riek Machar se sont conclus par la mort de centaines de personnes et le déplacement de milliers vers la capitale Juba. Le  conflit est imputé à l'échec d'un coup d'état orchestré par Riek Machar pour renverser le président Salva Kiir et, à la faveur de la violence et du chaos, les tensions politiques qui couvaient dans les coulisses du pouvoir ont fait surface.

Riek Machar a quitté la capitale et refusé de retourner à Juba tant qu'une puissance militaire tierce n'y serait pas stationnée pour calmer les tensions entre factions rivales. Alors que les Nations Unies et l’Autorité gouvernementale pour le développement (IGAD) discutaient du déploiement d'une telle force, le président Kiir passa à l'action. Il posa un ultimatum à Machar, déclarant que s'il ne revenait pas dans la capitale sous 48 heures, il y aurait des conséquences. Machar ne respecta pas le délai et, fidèle à sa promesse, le président Kiir remplaça Machar par son ancien ministre des Mines Taban Deng Gai.

Ces événements font écho à ceux qui firent naître la guerre civile en 2013. Cette année-là, la nation la plus jeune au monde fut plongée dans une guerre civile lorsque le président Kiir mit fin aux fonctions du premier vice-président Riek Machar le 15 décembre, après l'avoir accusé de préparer un coup d'État. Le conflit avait été entaché exacerbé par des rivalités ethniques, des  tribus respectives des deux hommes. Le président Salva Kiir est un Dinka alors que Riek Machar est de la communauté Nuer. (Les Dinka sont la plus grande ethnie du Soudan du Sud et les Nuer viennent en second.)

En février 2016, Kiir nomma à nouveau Machar en tant que premier vice-président. Cependant, le 7 juillet, des affrontements éclatèrent dans la capitale où les forces loyales à Kiir ont combattu des troupes liées à Machar. Ces combats constituaient les premières violences depuis la signature de l'accord de paix de l'an dernier.

South Sudan's former Vice President Riek Machar. Public Domain photo by Voice of America.

L'ancien vice-président du Soudan du Sud Riek Machar. Photo du domaine public par Voice of America.

Machar, craignant pour sa vie, s'enfuit à Juba et chercha refuge en République Démocratique du Congo, puis au Soudan où il reçut « des soins médicaux urgents » à Khartoum. Des observateurs supposent que Machar cherche à rassembler des alliés qui puissent soutenir son retour dans la capitale et sa réinstallation en tant que vice-président.

Mais la détérioration de la situation  fait augmenter les doutes sur la probabilité que Machar retrouve son poste. En dépit de fortes réticences, le gouvernement a autorisé le déploiement de 4 000 Casques Bleus dans la capitale sous certaines conditions. Le ministre de l'Information, Michael Makuei Lueth, a ajouté dans un communiqué de presse que « 4 000 est le plafond, mais ce n'est pas une obligation. Nous pouvons même nous mettre d'accord sur 10. »

Il a déclaré aussi que son gouvernement avait donné « son consentement » mais n'avait pas « accepté » le déploiement des forces. La difficulté de cet accord reflète la résistance permanente du Soudan du Sud envers les interventions étrangères.

De plus, le président Kiir proclame que le retour de Machar en politique n'apporterait pas la paix et qu'il devrait éviter de s'engager politiquement. Ce sentiment a été exprimé aussi par les Etats-Unis, la superpuissance qui a aidé le Soudan du Sud à devenir indépendant du Soudan en 2011 et qui a été fortement impliqué dans la tentative de rétablissement de la paix depuis les affrontements du mois de juillet. Tout comme le président Kiir, l'envoyé spécial américain au Soudan du Sud, Donald Booth, indique que Machar ne devrait pas chercher à reprendre son poste antérieur. Il a déclaré : « Etant donné tout ce qui s'est produit dernièrement, nous pensons qu'il ne serait pas sage pour Machar de revenir à son poste antérieur à Juba.»

En réaction, de nombreux internautes ont souligné que les Etats-Unis avaient été naïfs dans leur évaluation de l'influence négative de Machar dans la mise en place de l'accord de paix :

Un commentaire de jubaone, en réponse à un article de Sudan Tribune, dit :

Booth’s remarks are irresponsible, unfortunate and malicious back-stabbing on the IGAD as a regional institution that tirelessly mediated the peace. Dr. Riak commands a following and there is no short-circuited solutions without him. Booth’s statements are inflammatory and can only fuel the conflict further.

Les remarques de Booth sont des coups de poignards dans le dos de l'IGAD. Des coups irresponsables, déplorables et malveillants envers une institution régionale qui a travaillé sans répit pour la paix. Riak dirige des partisans et il n'y a pas solution rapide sans lui. Les propos de Booth sont incendiaires et ne peuvent qu'enflammer le conflit davantage.

Un autre commentaire d'une personne se faisant appeler Mr Point, et qui partage cet avis :

[US] Ambassador [to the United Nations] Samantha Power follows Representative Chris Smith and Ambassador Donald Booth in the long line of American diplomats who have been misled by Kiir’s lies that he has no plan to purge any potential rival politician .

The weak, naive and ignorant Donald Booth has warned Kiir against a power monopoly. Kiir will pursue his power monopoly irrespective of warnings from weak, naive Americans.

L'Ambassadrice [des Etats-Unis au Nations unies], Samatha Power, suit le Représentant Chris Smith et l'Ambassadeur Donald Booth dans la longue lignée de diplomates américains a avoir été induit en erreur par les mensonges de Kiir, prétendant qu'il n'a nulle intention d'éliminer quelque rival politique que ce soit.

Donald Booth, médiocre, naïf et ignorant, a mis en garde Kiir contre un pouvoir monopolistique. Kiir poursuivra son pouvoir monopolistique sans s'occuper des avertissements des Américains faibles et naïfs.

Akook a relevé les conséquences de l'absence continue de Machar à Juba :

It is clear to everybody that Kiir’s faction picked on Machar attacked and dislodged him out of Juba simply because they want to replace him which is against peace agreement. Juba can bribe few American officials to change course overnight but situation on the ground remains the same. There is nothing they can do about. If Machar stays out, there countless Generals more than ready to fight Juba.

Il est clair pour tout le monde que le parti de Kiir s'en est pris a Machar et l'a attaqué et délogé de Juba simplement parce qu'ils voulaient le remplacer, ce qui va à l'encontre de l'accord de paix. Juba peut acheter quelques officiels américains pour changer de cap soudainement, mais la situation reste la même. Il n'y a rien qu'ils puissent faire. Si Machar reste à l'écart, il y a de nombreux généraux avides de battre Juba.

Alors, qu'est-ce que cela signifie pour Machar ?

Même s’ il a des partisans dans l’ Armée populaire de libération du Soudan en opposition (APLS-EO), le principal groupe d'opposition armé, qui veulent le retour de Machar, certains s'opposent à sa réinstallation, faisant valoir l'inefficacité de son commandement, la violation des droits humains par ses troupes durant la guerre civile de 2011 et les combats récents qui ont eu lieu à Juba.

Gatkuoth Gatjiek souligne sur Facebook l'incompétence de Machar à la fois en tant que dirigeant politique et commandant militaire :

If Kiir is a lame duck, the same might be said – albeit to a lesser extent – of Riek Machar. The first vice-president never seemed to control his troops and never had as much military gravitas as his peers in the so-called SPLM-In-Opposition (IO). Furthermore, he has made the grave mistake of dismissing IO’s most experienced generals in the past year.

Si Kiir est un canard boiteux, la même chose peut-être dite – quoique à un degré moindre – de Riek Machar. Le premier vice-président semble ne jamais contrôler ses troupes et n'a jamais eu autant de militaires sérieux que ses homologues dans le prétendu APLS – en – opposition (EO). De plus, il a fait la grave erreur d'exclure les généraux les plus expérimentés de EO au cours de l'année dernière.

Mais pour certaines personnes, le président Kiir n'est pas mieux.

L'ancien vice-gouverneur de l'État du Haut Nil au Soudan du Sud, John Ivo Mounto, transfuge du gouvernement au APLS-EO déclare que la corruption et l'incompétence du gouvernement a conduit le pays à la ruine.

D'autres au sein du APLS-EO ont demandé au président Kiir sa démission, lançant un défi direct à l'autorité du gouvernement.

Tavia Network, un réseau d'information en ligne, a demandé la démission à la fois de Machar et du président Kiir, les déclarant tous deux responsables de l'instabilité du Soudan du Sud :

Il est temps pour à la fois le président Salva Kiir et l'ancien vice-président Riek Machar qui ont ruiné leur pays, de démissionner

Toutefois, on peut douter que la résistance envers chacun des deux hommes soit suffisamment forte pour provoquer l'élan qui fera vaciller le centre du pouvoir au Soudan du Sud.

En attendant, alors que les politiciens se battent pour le pouvoir, la situation a de réelles conséquences pour le peuple du Soudan du Sud. Le conflit a déplacé plus d'un million de personnes en interne, et 751 000 personnes se sont enfuies dans les pays avoisinants. La faim et les maladies liées au conflit font souffrir beaucoup de monde. Il a aussi été signalé que le recrutement d'enfants soldats augmente. Cette année, plus de 650 enfants ont été recrutés par des groupes armés.

Le Soudan du Sud a désespérément besoin de la paix mais elle semble rester hors de portée.

Les appartements luxueux de « taille moustique » n'arrangeront pas les pauvres de Hong Kong

vendredi 21 octobre 2016 à 23:23
How urban poor is "trapped" in subdivision units. Photo by Benny Lam

Comment les pauvres des villes sont « coincés » dans des micro-appartements. Photo par Benny Lam. Usage non-commercial.

Beaucoup d’entre vous ont sans doute entendu dire que le marché immobilier à Hong Kong était le plus cher au monde. Comment un coût de propriété si élevé affecte-t-il la vie quotidienne des gens ?

Eh bien, la majeure partie de la classe ouvrière urbaine est obligée de vivre dans des appartements subdivisés de médiocre qualité, communément décrits comme étant de « taille moustique ». Pire encore, les gens fortunés achètent des appartements luxueux de taille moustique pour faire des investissements, aidés par la politique immobilière favorable au marché du gouvernement de Hong Kong. Ceci, bien sûr, n’arrange pas vraiment les plus pauvres.

Jetons un œil aux tarifs de One Prestige, entreprise de construction d’appartements récemment lancée à North Point, un quartier commercial et résidentiel de l’île de Hong Kong. L’immeuble comporte en tout 128 appartements, dont 126 sont des studios ouverts de surfaces allant de 15 à 19 m². La taille du plus petit des logements est plus ou moins équivalente à celle d’un emplacement de parking pour une camionnette scolaire. En se référant au plan du logement ci-dessous, on voit que le lit est juste à côté de la table de la cuisine ouverte.

Mais une petite surface ne veut pas dire un petit prix. Le prix moyen par pied carré (0,093 m²) peut aller jusqu’à 24 000 dollars de Hong Kong, soit approximativement 2800 euros le pied carré. Le plus petit logement de 15 m² vous coûtera jusqu’à 3,9 millions de dollars de Hong Kong, soit près d’un demi-million d’euros. De plus, les frais de gestion annuel par pied carré tournent autour de 5,60-7,60 dollars HK, ce qui signifie que l’acheteur du logement le plus petit aura à payer environ 1000-1200 dollars HK (120-140 euros) au promoteur tous les mois.

The floor plan of the smallest unit in One Prestige. Adapted from Apple Daily's photo.

Plan du plus petit logement de One Prestige. D'après la photo dans l'Apple Daily.

En 2016, trois projets d'immeubles à appartements de taille moustique similaires ont été lancés. À chaque nouveau développement, la taille se réduit, mais les prix gonflent. Les développeurs justifient leur projets en arguant que la demande du marché pour de petits appartements est élevée dans les aires urbaines et que le développement des logements de taille moustique peut accroître efficacement l’offre. Ces projets sont aussi dans la lignée de la politique foncière du gouvernement qui encourage les développeurs à construire de grands buildings sur des bouts de terrain minuscules dans des secteurs résidentiels urbains déjà saturés pour atteindre l’objectif de 480 000 nouvelles habitations d’ici 10 ans. Certaines parcelles font moins de 500 mètres carrés; les gens de Hong Kong ont surnommé ces bâtiments, immeubles « de type aiguille ».

On estime que la ville introduira 5000 de ces minuscules appartements chaque année dans le marché jusqu’à 2019. Toutefois, les projets ne sont pas là pour répondre aux besoins des habitants locaux, mais à l'intérêt des investisseurs. Près de 70 % des acheteurs de ces luxueux petits logements sont des investisseurs.

Pour pouvoir avoir un retour stable sur leur investissement, le loyer mensuel par pied carré chez One Prestige atteindra jusqu’à 80 dollars HK, ce qui signifie que le loyer mensuel pour l'appartement le plus petit sera de 13 040 dollars HK, ou 1540 euros. Il semble inévitable que de tels loyers vont dégrader le marché déjà fou de la location d'appartements urbains.

« Pas seulement un problème lié à la pauvreté, mais aussi un problème social important »

Hong Kong a en effet une forte demande pour les petits appartements dans les aires urbaines, mais la demande provient de ménages pauvres plutôt que de la jeune classe moyenne.

D’après le département de statistiques du gouvernement de Hong Kong, en 2015, il y avait approximativement 200 000 personnes vivant dans 88 800 micro-appartements. L’espace de vie moyen par habitant était de 5,8 mètres carrés. Le revenu mensuel moyen des ménages est de 12 500 dollars HK et le loyer mensuel médian est de 4 200 dollars HK.

Les conditions de vie dans ces micro-appartements sont généralement très mauvaises. Benny Lam, un photographe qui a passé deux ans à prendre en photos les pauvres des villes vivant dans ces appartement minuscules, s’est exprimé sur son projet via Facebook :

Ces deux dernières années, j’ai pris en photos les mauvaises conditions de vie à Hong Kong. Chaque session de photographie dans les vieux quartiers a été littéralement suffocante, j’ai vu la manière comment les appartements individuels étaient divisés en de minuscules appartements : il n’y a pas de fenêtres pour l’aération et les lits sont trop courts pour que les résidents puissent allonger complètement leurs jambes.
Il y a des dizaines de milliers de familles modestes tassées dans de tels endroits étouffants à Hong Kong. Vous pourriez vous demander pourquoi s’en préoccuper, puisque ces gens ne font pas partie de nos vies. Néanmoins, j’aimerais vous dire que ce sont ces mêmes gens que vous rencontrez dans le vie de tous les jours : ils vous servent au restaurant quand vous mangez, ce sont les agents de sécurité dans les magasins où vous vous promenez, les agents d'entretien ou les livreurs que vous croisez dans la rue. La seule différence entre nous et eux, c’est que leurs maisons sont des chambres divisés, ou même de simples loges de 6 pieds sur 2,5 (2 m sur 76 cm). Après leur journée de travail fatigante et ennuyeuse, ils ont gagné juste assez pour vivre dans ce genre d’endroit tout petit. Je crois que ce n’est pas seulement un problème lié à la pauvreté, mais aussi un problème social important.

La raison pour laquelle tant de travailleurs choisissent de vivre dans des environnements si étroits, c’est qu’ils sont dans le secteur du service et qu’ils doivent travailler de longues heures pour un salaire modeste. Vivre au centre-ville leur permet d’éviter près de deux heures de trajet et d’économiser 30 ou 40 dollars HK (environ 4 euros) en coût de transport quotidien. La hausse de la demande de luxueux appartements de taille moustique en ville ne va donc pas les aider.

Au contraire, la demande d’opportunité d’investissement aboutit à un forte hausse du loyer pour les petits appartements et par là-même aboutira probablement à des loyers plus hauts pour les micro-appartements dans les aires urbaines. En fait, entre 2013 et 2015, le loyer moyen pour un micro-appartement à Hong Kong a vu une augmentation de 10 %, et la tendance n’est pas près de s’arrêter, à moins que le gouvernement n’augmente le nombre de logements urbains publics à prix abordable.

Les photos de Benny Lam sur le logement populaire à Hong Kong ont été exposées au Centre d’Art de Hong Kong du 3 au 9 octobre.