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Portrait d'une informatrice du Kremlin

mardi 30 décembre 2014 à 09:49
Images edited by Kevin Rothrock.

Montage d'images par Kevin Rothrock.

Le collectif Internet russe connu sous le nom de “Shaltaï Boltaï” (et qui se surnomme “Anonymous International”) a de nouveau frappé, cette fois pour tenir sa promesse de publier davantage d'informations compromettantes sur Kristina Potouptchik, l'ex-porte-parole du mouvement de jeunesse pro-Kremlin Nachi et un membre actuel de la Chambre Sociale de la Fédération de Russie. Shaltaï Boltaï a divulgué une mine de correspondances par e-mails supposés entre Mme Potouptchik et des fonctionnaires du Kremlin, qui montre qu'elle rendait compte régulièrement sur les activités politiques de blogueurs influents et de journalistes indépendants. 

Ces e-mails couvent une large gamme de sujets, mais concernent en priorité l'opposition anti-Poutine, ainsi que les grandes tendances politigues sur les médias sociaux et le journalisme politique russes.

L'e-mail le plus récent de la fuite n'a que quelques semaines : daté du 16 décembre, Mme Potouptchik—écrivant, pour une raison quelconque, sous le nom Anna Veduta (l'ancienne attachée de presse du leader d'opposition Alexeï Navalny)—y résume l'humeur générale de l'internet russe après l'effondrement du rouble. A son compte-rendu, Mme Potouptchik joint quelques-uns des mèmes les plus populaires du jour et elle appelle l'attention sur les opinions de personnalités particulières, tels le blogueur Maxim Katz et le leader d'opposition Boris Nemtsov.

Dans ses rapports, Mme Potouptchik ne se borne pas aux dernières nouvelles du web et des média : elle suugère aussi de nouvelles directions pour les actions de propagande du Kremlin. Elle propose ainsi diverses campagnes coordonnées de billets de blog, tweets, et même mots-clés. Dans ce rapport du 16 décembre sur les réactions de RuNet à la crise du rouble, elle recommandait d'insister sur “l'aspect émotionnel” de la situation actuelle en Russie :

Также разумно сделать акцент на эмоциональном аспекте. А именно, следует утверждать, что паника и обвинения в адрес руководства страны в допущении сложившейся ситуации лишь ухудшают ее. Вместе с тем та часть населения, которая в свое время заявляла о готовности терпеть некоторые лишения после присоединения Крыма, сегодня должна отчетливо осознавать, что все происходящие на валютном рынке изменения – результат давления Запада, недовольного тем, что Россия – самостоятельное государство, “посмевшее” претендовать на роль лидера в Евразии и диктовать свое суверенное мнение международному сообществу. Перед лицом трудностей каждый из нас должен отбросить панику и начать больше работать, больше учиться и больше делать для своей страны. Вместе с тем стоит отметить, что Россией руководят не новички и не профаны, и все необходимое для решения ситуации будет сделано в ближайшее время.

Il est aussi raisonnable de mettre l'accent sur l'aspect émotionnel. Il convient notamment de soutenir que paniquer et accuser la direction du pays d'avoir rendu possible cette situation ne fera que l'aggraver. En même temps, la partie de la population qui avait déclaré en son temps être prête à supporter quelques privations après le rattachement de la Crimée doit aujourd'hui prendre conscience précisément que toutes les variations qui se produisent sur le marché des devises sont le résultat de la pression de l'Occident, mécontent de ce que la Russie est un Etat indépendant qui a “osé” prétendre au rôle de leader en Eurasie et dicter son opinion souveraine à la communauté internationale. Face aux difficultés chacun de nous doit rejeter la panique et se mettre à travailler plus, étudier plus, et faire plus pour son pays. Par ailleurs, il faut rappeler que les dirigeants russes ne sont ni des novices ni des profanes, et que tout le nécessaire pour résoudre la crise sera fait au plus tôt.

La chute du rouble est probablement un exemple atypique des rapports de Mme Potouptchik, étant donné la gravité des maux économiques actuels de la Russie. Un e-mail daté de mi-février donne une idée de ce qu'a pu être son travail ordinaire :

1. Отработали в блогах и в твиттере тему критики Шендеровича и радиостанции “Эхо Москвы”. По данной теме вывели в мировые и российские тренды. хештег #МатрасноеРадио
2. Отработали в блогах и в твиттере тему критики партии Навального
3. На сайте о слухах вокруг Олимпиады в Сочи на русском и английском языке http://gossipsochi.ru http://gossipsochi.com
опубликованы 16 мифов с опровержениями. Русскоязычную версию сайта посмотрели более 130 000 раз, а английскую – 89 100 раз
Пост о проекте вышел в топ ЖЖ

1. Nous avons cherché sur les blogs et Twitter le thème des critiques de Chenderovitch et de la Radio “Echo de Moscou”. Sur ce sujet donné nous avons pioché dans les tendances russes et mondiales de Twitter. hashtag #RadioMatelas [se rapportant à un obscur scandale sexuel impliquant l'éditorialiste d'Echo et personnalité d'opposition Victor Chenderovitch].
2. Nous avons cherché sur les blogs et Twitter le thème des critiques du parti de Navalny.
3. Sur un site à propos des rumeurs autour des J.O. de Sotchi, en russe et en anglais, nous avons réfuté 16 mythes sur les Jeux [qui dépeignaient la Russie comme un organisateur médiocre]. La version russe du site a été vue plus de 130.000 fois, et la version anglaise 89.100 fois. Le post sur le projet a atteint le top sur Livejournal.

Shaltaï Baltaï avait déjà ciblé Mme Potouptchik en divulguant une photo où elle posait à côté d'une valise de billets suspecte. De plus, Anonymous—les vrais, pas le surnom sans rapport que se donne Shaltaï Boltaïl — l'a visée en 2013, également en faisant fuiter un cache de ses e-mails

Malgré les apparences, 3 raisons pour Madagascar, l'Algérie et la France de se réjouir en 2015

lundi 29 décembre 2014 à 23:30
life expectancy, the level of well-being experienced and ecological footprint – is given a traffic-light score - Here is the map for Africa - from Movehub with permission

Les pays d'Afrique se voient attribuer une cote rouge, orange ou verte, basée sur l'espérance de vie, le niveau du bien-être ressenti et l'empreinte écologique. De Movehub avec permission

2014 touche à sa fin sur une note plutôt décourageante vu le contexte économique mondial et les tensions sociales multiples à travers la planètee. Le redressement toujours insaisissable de l'économie mondiale suscite l'inquiétude de beaucoup de gens sur ce que nous réserve 2015.  

Pourtant, quelques pays ne laisseront pas le malaise général les décourager. Le Happy Planet Index (HPI) est un indice du bien-être humain et de l'impact environnemental qui a été créé par la New Economics Foundation (NEF) au Royaume-Uni. Il vise à classer les pays en fonction de leur capacité à s'en sortir par rapport à trois facteurs: espérance de vie, niveau du bien-être ressenti et empreinte écologique.

L’indice HP pour 2014 a classé 151 pays, avec le Costa Rica, la Colombie et le Vietnam en tête de liste. En Europe, la Suisse, le Royaume-Uni et la France se trouvent en tête du classement tandis que l'Algérie et Madagascar sont les plus heureux du continent africain. Ce résultat a été une surprise pour beaucoup d'observateurs de la politique africaine compte tenu des tumultes sociaux dans les deux pays au cours des dernières années. De même, les citoyens français seraient stupéfaits de voir leur pays se classer quelque part près du sommet de la liste des heureux puisque les électeurs sont de plus en plus mécontents de l'orientation du pays.  

Au lieu de chercher une faille éventuelle avec l'indice HP pour ces trois pays, examinons les raisons pour lesquelles ces trois pays devraient se réjouir à la perspective de 2015. 

Possibilité de réconciliation et de redressement à Madagascar   

N'y allons pas par quatre chemins. Avec 90 % de sa population vivant avec moins de 2 dollars US par jour, une propagation rapide de la peste bubonique et l'incapacité à fournir de l'électricité à la plupart de ses citoyens, il y a très peu de raisons de se réjouir pendant la période des fêtes à Madagascar. Pourtant, les choses ne sont peut-être pas aussi sombres qu'elles ne le semblent.

L'une des raisons à cela est que Madagascar est sur le chemin du redressement après l'une des crises politiques les plus difficiles de son histoire, qui a commencé en 2009 et a fait chuter l’économie nationale dans un trou profond. Le nouveau président élu Hery Rajaonarimampianina a chargé un groupe de travail pour la réconciliation pour réparer les dissensions non résolues du coup d'état de 2009. Pour relancer l'initiative, le président a rencontré quatre de ses prédécesseurs et anciens opposants, Zafy, Ratsiraka, Ravalomanana et Rajoelina, pour la première fois dans le but de restaurer l'unité nationale :

Madagascar president with 4 of his predecessors holding hands at a national unity meeting - Public domain

Le président de Madagascar avec quatre de ses prédécesseurs se tenant la main lors d'une rencontre pour l'unité nationale.

L'histoire de Madagascar compte de nombreux coups bas politiques et revirements brusques, alors on ne peut reprocher à personne d'être prudent quant à la volonté réelle des politiciens à oublier le passé. Pourtant, l'économie ne peut absolument pas faire face à une autre crise politique.

Une autre raison d'être optimiste est que les perspectives économiques semblent plus favorables pour 2015, avec la croissance économique projetée à 5,5 % par la Banque Africaine de Développement. Maintenant, si seulement Madagascar pouvait avoir son électricité fonctionner normalement, l'avenir serait déjà beaucoup plus lumineux. 

L'activisme citoyen et l'émergence de jeunes politiciens en Algérie       

L'Algérie a été l'autre pays en tête surprise en Afrique dans l'indice HP, se classant au 26ème rang sur 151 pays dans le monde et devant des pays comme la Norvège et la Suisse.

Tout n'est pas bien beau en Algérie. La dernière élection présidentielle en avril 2014 a vu la réélection pour un 4ème mandat du président sortant qui peine à marcher, Abdelaziz Bouteflika, avec 81 % des voix face à des allégations de fraude. Bouteflika est gravement malade après avoir subi un accident vasculaire cérébral et utilise maintenant un fauteuil roulant.

En plus de l'atmosphère politique difficile et un État de surveillance autoritaire, des tensions sectaires éclatent suite à des affrontements violents entre les communautés musulmanes sunnites majoritaires et ibadites minoritaires. Malgré cela, l'élection présidentielle a connu une vigoureuse campagne de l'opposition politique, menée par l'ancien premier ministre Ali Benflis. D'autres candidats, comme Abdelaziz Belaïd, le plus jeune des candidats à la présidence, et la candidate Louisa Hanoune ont également montré qu'il y a un potentiel pour une nouvelle vague de politiciens en Algérie.

Malgré une répression sévère de la police, les médias citoyens ont également eu un fort impact sur l'Algérie en 2014. Des reportages vidéo de journalistes citoyens ont couvert les conflits brutaux dans la ville de Ghardaïa, qui ont été largement ignorés par les médias nationaux : 

Des militants politiques et de la liberté d'expression ont été emprisonnés pendant la campagne électorale, mais le mouvement Barakat! (‘assez’ en français) s'est renforcé pendant les élections, ce qui est prometteur pour l'avenir de la démocratie en Algérie.

Les citoyens français unis contre le French bashing

Le cliché des travailleurs français toujours en grève a la vie dure. En vérité, le climat politique s'est tendu en France, un sous-produit d'une économie en stagnation, subissant un taux de chômage élevé et la montée des partis d'extrême droite. Si des élections étaient tenues aujourd'hui, la candidate d'extrême droite Marine Le Pen serait en tête de tous les candidats à la présidence potentiels.

Le contexte difficile a provoqué une multitude de remarques cinglantes des observateurs étrangers sur l'avenir sombre de la France, communément appelé French bashing.  

Aucun pays ne veut être dépeint à gros coups de pinceau ou réprimé par des observateurs extérieurs. Alors, lorsque les comités du prix Nobel ont décerné non pas un mais deux Prix Nobel en 2014 à deux citoyens français (le prix Nobel d’Économie à Jean Tirole et le prix Nobel de Littérature à Patrick Modiano), le Premier ministre français Manuel Valls ne pouvait s'empêcher de répondre “prends ça” contre le French bashing sur Twitter:

En plus de la réjouissance temporaire sur les Prix Nobel, il y a, en effet, des raisons pour les Français de garder leur tête haute. L'économie peut bien être stagnante, mais force est de constater qu'elle n'a pas plongé durant l'une des plus dures crises économiques en Europe depuis des décennies. Une réforme pour stimuler l'économie dite “Loi pour la croissance et l'activité” est en place. La réforme des entreprises comprend, entre autres mesures, un plan pour une plus grande flexibilité sur les heures d'ouverture dans les zones touristiques. En effet, le tourisme est un domaine dans lequel la France s'en sort assez bien, comme l'a souligné ici le journal britannique The Guardian.

Un forum public pendant trois jours en décembre appelé “Osons la France” a mis en évidence tous les services innovants créés par les start-up françaises en 2014, comme le montre cette vidéo : 

Tout ne va pas pas bien en France, évidemment. Mais les prédictions catastrophiques ont été un peu prématurées, au moins pour 2015.

Alors, voici des souhaits de nouvelles plus optimistes et joyeuses dans le monde en 2015 : 

  

Au cœur du Salegy, la musique dominante à Madagascar

dimanche 28 décembre 2014 à 22:37
Eusèbe Jaojoby

Eusebe Jaojoby, considéré comme le roi du Salegy, en concert avec le “TANA GOSPEL CHOIR” en 2009. Photo sur Flickr de carlos. CC BY-NC-ND 2.0

Cet article de Banning Eyre pour Afropop Worldwide a été originellement publié sur PRI.org le 21 décembre 2014. Il est publié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

N'importe quel soir de week-end au Jao’s Pub, un cabaret-club populaire d'Antananarivo, la capitale de Madagascar, vous trouverez une scène animée : une piste de danse remplie d'hommes et de femmes confortablement habillés, surtout des jeunes, se déhanchant gracieusement au son d'un groupe jouant sur une rythmique en 6/8. 

Occasionnellement, ils s'élancent en un applaudissement rythmé ou rombo. Les chants responsoriaux (technique ‘call-and-response'), puissants et déclamatoires, semblent  se soulever comme le rythme lui-même. Accords d'accordéons où s'entremêlent des phrases de guitares électriques, des pulsations de basse et des rythmes incessants d'où jaillira une symétrie coordonnée. Musiciens et danseurs bougent comme une seule entité.

Si c'est un groupe jeune sur scène, il jouera sans s'arrêter, chaque chanson se transformant en la suivante et prolongeant la transe collective tout au long de la nuit. C'est une atmosphère que vous ne trouverez nulle part ailleurs qu'à Madagascar. C'est le salegy.

Le salegy a été une musique de danse des plus populaires à Madagascar depuis le milieu du 20e siècle. Les gens continuent d'associer cette musique aux régions côtières du nord longeant le canal du Mozambique, en face de l'Afrique de l'Est ; mais aujourd'hui vous pouvez l'entendre partout dans la grande île.

Le salegy est fondé sur des rythmes traditionnels anciens. Il a évolué durant les années d'espérance qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, lorsque toutes sortes de musiques indigènes ont été réaménagées pour des temps nouveaux, modernes. L'un des célèbres vétérans du salegy est Eusebe Jaojoby qui a commencé dans un village en chantant des chansons folks traditionnelles et a chanté dans quelques-uns des premiers groupes de salegy formés dans la ville septentrionale de Diego Suarez.

Le groupe de Jaojoby a continué à faire danser Antananarivo dans les années 1970 puis a acquis une renommée internationale dans les année 90. Aujourd'hui Jaojoby possède et gère le Jao's Pub et son groupe —  ou un groupe de sa famille – y joue chaque samedi soir.

De nos jours, de jeunes stars comme Ali Mourad et Wawa réduisent le son de guitare et augmentent le tempo pour obtenir une sonorité tournée vers les jeunes. Des artistes comme Tence Mena et Vaiavy Chilla vont encore plus loin en fusionnant les sons classiques avec des sons high-tech contemporains d'Afrique, comme coupé-decalé de Côte d'Ivoire et ndombolo du Congo. Ils ont également créé savvy, des vidéo-clips satiriques  qui critiquent la vie moderne de ce pays insulaire vibrant mais politiquement et économiquement tendu.

Les vidéos proposées ici fournissent une riche excursion dans le monde du salegy. Tout d'abord un ensemble de vidéos de concert de Jaojoby au fils des années :

Voici un autre représentant majeur de salegy classique, Lego. Cette vidéo de 2013 débute de façon traditionnelle avec des percussions, un accordéon et des voix :

Pour avoir une idée des racines du salegy, voilà cette vidéo que l'équipe Afropop a filmée à Diego Suarez, dans le nord de Madgascar. Le jeune accordéoniste et chef d'orchestre Candela conduisent ici un ensemble accoustique qui donne un avant-goût de comment la musique peut être sentie sur place. C'est de la vidéo artisanale, pas un enregistrement parfait, mais ce qui manque en moyens techniques fait place à la musicalité et l'esprit.

En ce moment dans la ville de Diego Suarez, de jeunes artistes de salegy lancent un son qu'ils appellent salegy gouma. C'est rapide, stimulant et offre une grande interaction avec le public. Vous le ressentirez un peu grâce à cette vidéo d'Afropop filmée au Jao’s Pub, la discothèque de Jaojoby à Antananarivo. L'artiste est Ali Mourad — parfois appelé Aly Mourady — de Diego Suarez.

Maintenant allons voir le son contemporain de Tence Mena qui est actuellement l'une des chanteuses populaires en vogue à Madagascar. Comme mentionné ci-dessus, Tence Mena a incorporé toutes sortes d'influences musicales d'autres pays, mais il reste possible d'entendre que ses racines sont ancrées dans le salegy.

Aujourd'hui, Tence Mena fait quelques-uns des clips les plus créatifs de Madagascar. Voyez sa chanson “Soa’G.” Ce n'est pas techniquement du salegy, mais cela montre comment cette jeune artiste a repoussé les limites du genre. “Soa” est un jeu de mot autour de swag ou swagger, mais en Malgache, cela signifie aussi bon ou beau. G est “gasy,” comme en Malgache. Le message est d'être fier d'être malgache. Voici la vidéo et elle mérite d'être vue jusqu'au bout !

Au printemps 2014, une équipe de producteurs de PRI Afropop Worldwide s'est rendue sur l'île Madagascar dans l'Océan Indien, voyageant à travers tout le pays pour rassembler du matériel pour une émission radio en 3 parties explorant la culture et la musique unique du pays. Pour avoir un aperçu de l'émission, le producteur d'Afropop Banning Eyre a assemblé ce guide musical au programme central par genre musical, salegy. Pour plus de musique de Madagascar, visitez le site Afropop.org et abonnez-vous aux podcasts d'Afropop.  

Et si l'on s'inspirait de l'Amérique latine pour lutter contre le changement climatique ?

dimanche 28 décembre 2014 à 20:23
The Amazon. Photo credit: Mariusz Kluzniak (Flickr)

Le fleuve Amazone. Crédits photo : Mariusz Kluzniak (Flickr)

Cet article a été rédigé par Hoda Baraka pour 350.orgune organisation qui construit un mouvement global pour le climat. Il est republié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

L'Amérique latine détient une longue histoire de mouvements populaires, que ce soit dans un contexte environnemental, politique ou économique. Aujourd'hui, ces mouvements se sont établis comme des forces sociales et politiques majeures qui façonnent en grande partie les réalités régionales.

On retrouve ci-dessous les points forts des discussions avec les militants pour la lutte contre le réchauffement climatique en Amérique latine mettant en lumière la singularité du mouvement pour le climat dans la région et ce que le mouvement global pourrait apprendre de cet exemple à suivre.

1. S'adapter aux changements

A l'instar d'autres régions du Sud, l'Amérique latine continue de subir un processus d'urbanisation au fur et à mesure que les populations se déplacent des campagnes vers les villes à la recherche d'opportunités économiques. Bien que l'urbanisation suscite beaucoup de problèmes environnementaux et que les cultures rurales soient largement remplacées par les cultures urbaines, dans le cas de l'Amérique latine, les militants ruraux et urbains ont regroupé leurs forces pour combattre la crise climatique. 

Ainsi, plutôt que de succomber au changement dicté par l'urbanisation, ils s'adaptent et rassemblent leurs forces avec les jeunes militants situés dans les zones urbaines. 

En tant que militant contre le changement climatique, le Péruvien Majandra Rodriguez Acha, l'un des fondateurs du groupe activiste connu sous le nom de TierrActiva Peru, explique :

Je pense que le mouvement pour le climat en Amérique latine est nouveau mais en même temps assez vieux. Les groupes qui sont directement affectés par le changement climatique tels que les autochtones, les femmes et les communautés rurales se sont mobilisés sur les problèmes liés au changement climatique depuis longtemps; mais je pense également que dans certaine mesure, en tant que mouvement plus urbain et mené par les jeunes, c'est assez nouveau. C'est un mouvement différent qui grandit ; de plus en plus de gens découvrent ce qu'est le changement climatique et comment cela les affecte et affecte les autres dans différents contextes. 

Ecoutez le podcast ci-dessous où Majandra parle également des réalités du changement climatique en Amérique latine, des communautés affectées, des risques d'être un militant environnementaliste dans la région, et d'autres choses encore.

2. Unis par la lutte pour des moyens d'existence durables

Ce que les observateurs identifient comme étant un mouvement latino-américain pour le climat provient de l'association de plusieurs mouvements. Cela ajoute non seulement de la force à la lutte climatique mais c'est également une réflexion précise sur l'impact transversal du changement climatique dans la mesure où il affecte les vies, les emplois, la santé et bien au-delà. 

L'assemblage de ces forces hisse les débats sur le climat à un autre niveau et représente tout un nouveau niveau de pression sur les gouvernements (qui sont à la traîne sur le changement climatique) tout en ajoutant un réel pouvoir aux multiples voix unies dans leur appel à l'action climatique. 

La militante pour la lutte contre le changement climatique, Nicky Scordellis, qui a rejoint le mouvement climatique bolivien il y a plusieurs années et fait partie du groupe activiste TierrActiva Bolivia, explique :

L'Amérique latine possède cet immense mouvement qui souvent ne s'auto-désigne pas mouvement climatique mais ce qu'ils font fait complètement partie des luttes contre le changement climatique. Deux éléments clefs entrent en jeu : l'un est la résistance, et en Amérique latine, il y avait d'immenses mouvements de résistance contre les grands projets d'envergure, l'extraction de combustibles fossiles, l'exploitation minière, tout ce qui est souvent lié aux problèmes territoriaux et aux droits des autochtones. En fait, tous sont liés au changement climatique et c'est incroyablement puissant en Amérique latine. L'autre élément clef, ce sont les personnes qui forgent des alternatives, à travers l'Amérique latine. Il existe d'incroyables expériences de projets de transition en cours, d'agriculture biologique locale, de construction de maisons écologiques et de jardins urbains. Cela arrive partout en Amérique latine. Je pense que ça montre comment combattre le changement climatique et qu'il est vraiment important pour les mouvements existant à travers le monde de voir ce qui se passe en Amérique latine et d'apprendre de ces expériences. 

Ecoutez le podcast ci-dessous dans lequel Nicky parle également des militants contre le changement climatique en Bolivie et comment ils se mettent en lien avec d'autres groupes activistes à travers la région. 

3. Animés par une puissante connexion à leur terre

A travers l'Amérique latine, beaucoup de traditions spirituelles autochtones expriment l'éthique du respect pour la vie non-humaine, pour certains lieux, les caractéristiques du paysage et la terre elle-même. Par conséquent, ce respect envers la nature se reflète à travers un besoin de vivre en équilibre avec l'environnement, de respecter et protéger les écosystèmes qui permettent de vivre sur terre. 

Dans une économie mondiale animée par des intentions capitalistes, beaucoup voient la nature comme une simple ressource qui doit être exploitée pour des gains économiques. Pour affronter cette cupidité et les destructions qui s'ensuivent, beaucoup de communautés autochtones se sont dressées pour défendre la nature, tragiquement trop souvent au prix de leur vie.

En Amérique latine, en se basant sur leurs racines autochtones, beaucoup intègrent ces concepts et traditions spirituelles dans une approche globale du développement. La prémisse de cette approche est de faire des choses d'une manière communautaire, écologiquement équilibrée et sensible aux cultures. Une telle approche bien connue est appelée le mouvement Buen Vivir [mouvement du bien vivre]. Ayant pris naissance en Equateur, il est enraciné dans la conception du monde des Quechua des Andes.

D'autres mouvements sociaux à travers l'Amérique du sud ont été inspiré par ceci et se sont développés, en faisant également le lien avec d'autres systèmes autochtones de croyance, tels que ceux des Aymara de Bolivie, les Quichua d'Equateur et les Mapuches du Chili et d'Argentine.

Lisez aussi sur le mouvement “Buen Vivir” dans le Guardian: “Buen Vivir:  la philosophie sociale qui inspire l'activisme en Amérique du Sud“.

Le Venezuela n'a plus sa place dans la nouvelle idylle Cuba – USA

dimanche 28 décembre 2014 à 15:44
https://www.facebook.com/pages/EDO-ilustrado/38920800631

“Vas-y ! Tout ira bien !” Dessin d'Eduardo, source : page de'Edo’ Sanabria. Reproduit avec autorisation.

Le rapprochement diplomatique entre Cuba et les USA, qui succède à des décennies de relations aigres, a pris de court les alliés de Cuba dans les structures étatiques du Venezuela, et suscité une série de réactions qui traduisent l'embarras d'avoir été laissés dans l'ignorance au long de négociations qui duraient à l'évidence depuis des mois.

Conséquence, les médias sociaux au Venezuela ont répliqué par le sarcasme et la caricature, et publié mèmes et commentaires dépeignant le gouvernement comme le personnage délaissé dans l'histoire. Beaucoup pointent également l'apparente contradiction entre le réchauffement avec les Etats-Unis et les idéaux socialistes promus en commun par Cuba et le Venezuela.

Les Vénézuéliens ont eu vent du rétablissement des liens bilatéraux entre Washington et La Havane au surlendemain de la manifestation anti-impérialiste du 15 décembre à Caracas, motivée par les sanctions contre le Venezuela débattues à ce moment au Congrès américain.

Ces sanctions, approuvées le 18 décembre, visaient une brochette de hauts responsables considérés comme menant la répression des manifestants de l'opposition pendant le mouvement de contestation de 2014 au Venezuela.

Mais le dégel soudain dans les relations entre Cuba et les USA semble avoir contraint le Venezuela à la défensive. 

En l'espace d'une semaine, les responsables gouvernementaux sont passés d'un redoublement de leur habituelle rhétorique anti-américaine à la louange prudente de la nouvelle approche d'Obama envers Cuba avant un retour aux féroces critiques contre Washington quand les sanctions sont devenues réalité. Le Venezuela, qui exploitait depuis si longtemps son opulence pétrolière être une épine idéologique et géopolitique dans le flanc des Etats-Unis, se retrouvait soudain à côté de la plaque.

Angel Alayon, un économiste et penseur en stratégie, explique sur son blog Prodavinci comment le gouvernement a perdu la face :

Hay una pérdida simbólica-discursiva que se agrava con el hecho de que el gobierno venezolano ha lucido sorprendido por la negociación entre cubanos y estadounidenses. ¿Por qué no se avisó a Venezuela de estas negociaciones?

Il y a une perte symbolique et discursive aggravée par le fait que le gouvernement vénézuélien a paru surpris par les négociations entre Cubains et Etatsuniens. Pourquoi nul n'a avisé le Venezuela de ces négociations ?

Alayon poursuit en décrivant comment la détérioration de la situation économique a poussé Cuba dans les bras de Washington, et laissé aux décisionnaires vénézueliens une marge de manoeuvre économique et politique diminuée :

Cuba ya no puede contar con Venezuela como lo hacía en el pasado. Es la RealPolitik. Es justo mencionar que las negociaciones entre Cuba y Estados Unidos empezaron cuando el petróleo todavía estaba sobre los cien dólares, pero ya los problemas económicos en Venezuela eran evidentes.

Cuba ne peut plus compter sur le Venezuela comme avant. C'est la Realpolitik. Il est juste de mentionner que ces négociations entre Cuba et les Etats-Unis ont commencé quand le pétrole était encore au-dessus des cent dollars, mais déjà alors les problèmes économiques du Venezuela étaient évidents.

Lors de leur débat politique en ligne sur Global Voices, le contributeur de GV Luis Carlos Díaz et la blogueuse Naky Soto ont évoqué les aspects les plus marquants de la nouvelle du point de vue vénézuélien. Ils ont analysé le retournement politique de Raul Castro, qui il n'y a pas si longtemps “levait le poing aux côtés [du président vénézuélien Nicolas Maduro]” et clamait que les sanctions dont le gouvernement étatsunien menaçait les responsables vénézuélien étaient “inadmissibles” :

Parte de las sanciones que proponían en este caso los congresistas en EEUU era congelar bienes [...] y eliminar visas. No a todos los venezolanos, no a todos los chavistas, [solamente] a este conjunto de personas que tienen sobre ellas sospechas o investigaciones sobre torturas y violación de los Derechos Humanos. [A esto] Nicolás [Maduro] responde: ‘No. Tienen que meternos a todos en las sanciones. Debería ser un honor para un revolucionario estar ahí. Todos merecemos esas sanciones, todos deberíamos estar ahí. La gente no debería tener visa.’ Y resulta que ahora los cubanos sí van a poder tener visa, y casas de cambio con dólares, y negociaciones con Estados Unidos [...] y muchas empresas van a poder migrar… Y Cuba va a volver a crecer más que Venezuela, como en el año 2014, como en el año 2013…

Parmi les sanctions qu'ont proposées en l'occurence les Congressistes des USA il y avait le gel des avoirs [...] et la suppression des visas. Pas pour tous les Vénézuéliens, pas pour tous les chavistes, [seulement] cet échantillon de personnes sujettes à soupçons ou enquêtes pour tortures et violations des droits humains. [A quoi] Nicolas [Maduro] répond : ‘Non. Ils doivent nous mettre tous sous sanctions. Ce devrait être un honneur pour un révolutionnaire d'y être. Npus méritons tous ces sanctions, nous devrions tous y être. Les gens ne devraient pas avoir de visa.’ Et le résultat c'est qu'à présent les Cubains pourront avoir des visas, et des bureaux de change avec des dollars [inexistants au Venezuela], …et beaucoup d'entreprises pourront y migrer… Et Cuba connaîtra une croissance supérieure à celle du Venezuela, comme en 2014, comme en 2013…

Une comédie sentimentale diplomatique ?

Les médias sociaux locaux ont commenté sur un ton badin l'isolement international croissant du Venezuela, en réduisant le gouvernement vénézuélien au perdant d'un cruel triangle amoureux. L'idée du pays plaqué pour une autre par Cuba a été répété dans de nombreux tweets :

Cuba a laissé tomber le Venezuela et sort maintenant avec les USA. Classique, votre copine vous largue pour un autre qui réussit mieux et a une voiture.

D'autres caricaturent la volte-face de Cuba :

La mascotte de Raul Castro regarde le discours de Maduro lundi 15 décembre qui insultait les USA.

Tandis que Cuba est présenté comme ayant tiré le meilleur à la fois du socialisme des pétro-dollars et du capitalisme yankee :

Le seul à sortir gagnant de 15 ans de prospérité pétrolière : Cuba. Il a ruiné le Venezuela et se rapproche aujourd'hui des USA.

Rapprochement définitif de Cuba avec les USA de peur d'une nouvelle Période spéciale après la faillite imminente du Venezuela ?

El Chigüire Bipolar, un blog humristique populaire au Venezuela, n'a pas manqué l'occasion d'apporter son grain de sel avec une amusante conversation imaginaire entre Nicolás Maduro et Raúl Castro sur Whatsapp.

Les utilisateurs vénézuéliens de médias sociaux ont aussi abondamment diffusé les caricatures d’Eduardo ‘Edo’ Sanabria sur ce thème :

Les USA et Cuba comme cul et chemise 

Tu me caches quelque chose