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Ukraine : une démocratie comme les autres ?

mercredi 23 septembre 2015 à 16:12

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« Nous combattons pour la sécurité de tout le continent européen »[1]. C’est ainsi que le président ukrainien, Petro Porochenko a présenté en août dernier le combat que livre l’armée régulière aux séparatistes pro-russes soutenus militairement et financièrement par Moscou. La jeune démocratie ukrainienne « née » sur les barricades de Maïdan serait la pointe démocratique la plus avancée à l’Est. Une démocratie à certains aspects inhabituels et aux personnalités pour le moins truculentes.

L’accession à la démocratie n’est pas un long fleuve tranquille. Un quart de siècle après la chute de l’Union soviétique, les anciennes républiques d’URSS se répartissent en trois groupes : les démocraties abouties (lesquelles ont déjà rejoint l’Union européenne), les régimes autoritaires et entre les deux ce qu’on pourrait appeler les démocraties incomplètes. L’Ukraine s’inscrit dans ce dernier schéma, mais pas seulement depuis 2014 et le départ précipité du président d’alors : Viktor Ianoukovitch. L’histoire politique ukrainienne est tout sauf manichéenne. Le jeu démocratique avec des élections s’est déroulé dans les règles depuis l’indépendance du pays en 1991 sans que des coups d’Etat et des prises de pouvoir par l’armée ne soient à déplorer.

L’élection de Petro Porochenko et la constitution d’un gouvernement pro-occidental a-t-il fondamentalement changé la donne d’un point de vue de la démocratie ? La réponse est quelque peu complexe car si le discours est beaucoup plus porté sur le respect de la loi et la lutte contre la corruption, le nouveau gouvernement s’attaque à une montagne. Transformer les habitudes et changer les mentalités prend du temps et la lutte contre la corruption peine encore à porter ses fruits. Le discours est plus positif pour la population et les diplomates occidentaux, mais fondamentalement, la démocratie ukrainienne n’a pas changé. Il y a juste eu une alternance spectaculaire avec le départ rocambolesque du président Ianoukovitch en Russie[2].

Signe que l’Ukraine n’est pas un régime politique tout à fait comme les autres, la composition du gouvernement. Lors du remaniement de décembre 2014, les Ukrainiens ont eu la surprise de voir apparaître sur leur écran de télévisions trois nouveaux ministres non Ukrainiens[3]. La personnalité qui a le plus retenu l’attention est l’Américaine d’origine ukrainienne Natalia Iaresko nommée au ministère des Finances après avoir fait une partie de sa carrière au département d’Etat. Une Américaine à la tête des comptes du pays comme symbole pour tous les opposants au nouveau régime que les puissances occidentales sont réellement à la manœuvre à Kiev. Pour compléter l’équipe des « étrangers » comme l’ont d’emblée surnommés les Ukrainiens, on compte l’ancien basketteur lituanien Aïvaras Arbomavitchou nommé à l’Economie et Sandro Kvitachvili, ancien ministre géorgien de la Santé et du Travail qui prend la tête de la Santé publique. Les décrets de naturalisation ont été pris très rapidement, mais il existe peu de pays dans le monde où de telles nominations auraient été acceptées par la population. Etre gouverné par des « étrangers » a souvent été la source de conflits violents…

Si de telles nominations ont pu avoir lieu, cela est dû à deux phénomènes. Le premier s’appelle Petro Porochenko. Le président en exercice est plus un homme d’affaires (il est l’une des premières fortunes du pays et surnommé « le roi du chocolat »[4]) que politicien. Il a certes appartenu à deux gouvernements au préalable, mais sa culture est celle de l’entreprise où les idées politiques et les nationalités n’ont pas d’importance. Seul le résultat compte. Et le résultat espéré est un rétablissement des finances publiques (malgré la guerre dans l’Est de l’Ukraine) et une lutte enfin efficace contre la corruption. Cet objectif explique la présence de trois « étrangers » à des ministères clés.

La lutte contre la corruption est donc engagée. Elle est difficile tant le mal est profond dans ce pays qui n’a pas entièrement fait sa mue depuis les années soviétiques. Un bureau anti-corruption a été créé et les fonctionnaires véreux sont dans le collimateur des autorités, mais cette guerre déclarée à la corruption est aussi le moyen de faire place nette sur le plan politique[5]. En décrédibilisant un adversaire et l’accusant de corruption les carrières se font et se défont à une vitesse prodigieuse. Les victimes sont bien évidemment des figures de l’ancien pouvoir. Parmi elles, l’ex ministre des Revenus, Alexandre Klymenko, qui avait lui-même pris des mesures contre la corruption. Accusé par le nouveau gouvernement de s’être enrichi indument, l’ancien responsable politique a pourtant gagné tous ses procès, mais vit en exil semi-forcé en Russie. Conscient de ce qu’il se joue actuellement, Klymenko appelle à la réconciliation sur son site Internet et se met en scène dans des vidéos qui font la promotion de la réconciliation entre tous les Ukrainiens[6].

Une réconciliation dont voudrait bien profiter l’ancien Premier ministre de Ianoukovith, Nikolaï Azarov. Parti précipitamment de Kiev au moment où le régime sombrait, l’un des hommes les plus détestés à l’Ouest de l’Ukraine vit réfugié en Russie, mais il caresse l’espoir de revenir dans le pays. En attendant, l’ancien Premier ministre ne se prive pas d’asséner des commentaires corrosifs concernant le spectacle politique auquel il assiste à distance. Donnant son avis sur un sondage classant les personnalités politiques les plus en vue, Azarov a déclaré que « l'Ukraine ne pourra jamais obtenir de changements positifs si le pays est dirigé par les personnalités politiques  pouvant actuellement devenir candidats au poste présidentiel »[7]. Ses conclusions sur le rôle de Petro Porochenko et de Ioulia Timochenko sont sans appelle : « leur expérience pratique au pouvoir a déjà montré qu'ils sont capables de ruiner définitivement le pays en lui portant un coup de grâce ».

Nom Ukrainien le plus connu à l’étranger, Ioulia Timochenko n’est aujourd’hui plus que l’ombre de ce qu’elle a été jadis. « La princesse du gaz »[8] ne s’est toujours pas remise de la lourde défaite qu’a constitué la présidentielle de 2014 où elle n’a reçu qu’un peu plus de 10 % des suffrages alors qu’elle était la coqueluche des médias et le symbole des victimes de l’arbitraire avec sa condamnation en prison. Les espoirs d’un retour sur le premier plan de la scène politique sont minces tant Timochenko cristallise encore de nombreuses crispations et rebutent beaucoup d’électeurs. Mais l’Ukraine est décidément un pays à part et aucun come back n’est tout à fait à exclure.

Notes :

[1] http://www.liberation.fr/monde/2015/08/11/nous-combattons-pour-la-securite-de-tout-le-continent-europeen_1362150

[2]http://www.bfmtv.com/international/ianoukovitch-un-toujours-president-exil-russie-722818.html

[3]http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/12/02/l-ukraine-appelle-des-etrangers-a-la-rescousse-pour-former-son-gouvernement_4533094_3214.html

[4]http://www.slate.fr/story/87585/petro-porochenko-oligarque-maidan-roi-chocolat-ukraine

[5]http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/ukraine-le-president-porochenko-peut-il-tenir_1671414.html

[6] http://oleksandr-klymenko.com/en/video/

[7] http://fr.sputniknews.com/international/20150726/1017234912.html

[8]http://www.courrierinternational.com/breve/2011/10/11/la-princesse-du-gaz-condamnee

Au Bangladesh la plupart des ouvriers du textile sont des femmes, mais, à ce jour, pas les responsables syndicaux

mercredi 23 septembre 2015 à 11:27
Garment workers at Alif Embroidery Village, a garment factory in Dhaka, Bangladesh. Credit: Amy Yee. Used with PRI's permission

Des ouvrières du textile au Village Alif de Broderie, une usine de vêtements de Dhaka, Bangladesh. Crédit photo: Amy Yee. Avec l'autorisation de PRI

Cet article et le reportage audio de Bruce Wallace  pour The World ont été publiés sur PRI.org le 16 septembre 2015. Nous les reprenons ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

La petite pièce du 3ème étage d'un bâtiment en briques et tôles ondulées de Dhaka, la capitale du Bangladesh, ne contient pas plus de 15 personnes. D'autres personnes sont dans le couloir pour écouter. Toutes travaillent pour Dacca Dyeing, une usine qui fabrique des vêtements pour Gap et Targert, entre autres. Elles souhaitent créer un syndicat.

Listen to this story on PRI.org »

L'industrie textile du Bangladesh a été le théâtre de deux catastrophes ces dernières années: l’incendie de Tazreen en Novembre 2012 et l’effondrement de l'usine de Rana Plaza en avril 2013. A la suite de ces catastrophes une action internationale pour réformer l'industrie a été engagée, ainsi qu'une réorganisation du travail. Des groupes d'ouvriers, des femmes pour la plupart, ont commencé à tenir des réunions, dans des pièces comme celle dont nous venons de parler, pour discuter d'une action publique et potentiellement dangereuse: informer les gestionnaires de leur entreprise – presque tous des hommes – qu'ils avaient l'intention de créer un syndicat.

Dehors l'appel à la prière se termine et dans la salle Sritee Akter commence à parler à son groupe. C'est la secrétaire générale de la Fédération Solidaire des Ouvriers du Textile. Auparavant, elle était elle-même ouvrière textile.

Shamima Akter, an organizer with the Bangladesh Garment and Industrial Workers Federation, talks to workers about intimidation they’re facing because of their labor organizing activity. Credit: Bruce Wallace. Used with PRI's permission

Shamima Akter, responsable au sein de la Fédération des Travailleurs de l'Industrie textile du Bangladesh, parle aux ouvriers de l'intimidation qu'ils doivent surmonter en raison de l'organisation de leur activité syndicale. Crédit photo: Bruce Wallace. Avec l'autorisation de PRI

En 1994 elle gagnait 250 taka – environ 3$ – par mois, leur explique-t-elle. Depuis lors elle a combattu pour les droits des ouvriers, dit-elle, et a été emprisonnée deux fois.

“Je suis une ouvrière. Je ne suis pas un leader. Je ne me suis jamais posée en leader,” dit-elle. “Je comprends certaines choses mieux que vous. Mais il y a des choses que vous connaissez que je ne connais pas.”

Il n'est pas illégal d'organiser un syndicat au Bangladesh, mais les ouvriers continuent à se réunir secrètement. Ils ont dû changer leur lieu de réunion récemment à cause d'un voisin qui commençait à poser des questions. Akter avertit les ouvriers que si leurs patrons découvrent leurs réunions, ils feront tout pour les monter les uns contre les autres, leur faire signer des documents qu'ils utiliseront ensuite contre eux et chercheront de bonnes raisons pour les renvoyer. Ils peuvent même devenir violents.

Vertex, a garment factory in Dhaka, Bangladesh, spent $1.2 million to upgrade this factory of 4,500 garment workers. Credit: Amy Yee. Used with PRI's permission

Vertex, une usine textile de Dhaka, Bangladesh, a dépensé 1.2 millions de $ pour réhabiliter cette usine de 4500 ouvriers du textile. Crédit photo: Amy Yee. Avec l'autorisation de PRI

“Un jour il vont frapper Rahima,” dit Akter en s'adressant à une femme assise près d'elle, “un autre jour ce sera quelqu'un d'autre. Vous devez dénoncer ces maltraitances pour qu'ils n'osent pas frapper d'autres ouvriers.”

Il y a deux ans, les ouvriers du textile se sont battus pour obtenir une augmentation – qui doublait le salaire minimum –  et portait leur salaire à 68$ par mois. Akter dit que les syndicats vont se battre pour obtenir le double d'ici cinq ans. Une nouvelle loi sur le droit du travail garantit des congés maternité plus longs et une participation aux bénéfices pour les ouvriers. Mais Atker dit que seuls les syndicats peuvent transformer ces promesses en réalité.

“Un syndicat c'est comme un parapluie,” dit-elle aux ouvriers. “On n'est pas mouillé sous la pluie et il nous abrite du soleil.”

Au bout d”une demie-heure les ouvriers font la queue pour compléter leur formulaire d'adhésion au syndicat. Akte poursuit ses explications.

The offices of the Bangladesh Garment Manufacturers and Exporters Association, or BGMEA, tower above Dhaka. Four years ago, Bangladesh’s High Court has ruled that the building was built without proper approval and in an environmentally inappropriate place, and ordered it removed. It has not been. Credit: Bruce Wallace. Used with PRI's permission

Les bureaux de l'Association des Fabricants et Exportateurs de Textile du Bangladesh (BGMEA) occupent une tour qui domine Dhaka. Il y a 4 ans le tribunal a jugé que le permis de construire du bâtiment n'était pas conforme et ne respectait pas les normes environnementales et a demandé qu'il soit supprimé. Cela n'a pas été fait. Crédit photo: Bruce Wallace. Autorisation de PRI

Quelques jours plus tard, mon interprète et moi-même tombons sur Akter en sortant des bureaux de l'Association des Fabricants et Exportateurs de Textile du Bangladesh (BGMEA) — un groupement de propriétaires d'industries textiles. Les exportations textiles ont atteint 24 milliards de dollars l'année dernière, et représentent 80% des exportations totales du Bangladesh. De nombreux élus du pays ont des intérêts dans ces exportations. C'est un nouveau combat pour Atker.

Les syndicats ont été interdits au Bangladesh en 2007 dans le cadre d'une déclaration d'état d'urgence par les militaires pour contenir une agitation politique. Mais il y a eu un regain de syndicalisation avec la nouvelle loi du travail votée en 2013. Près de 400 syndicats ont été enregistrés depuis selon le Centre de Solidarité de AFL-CIO de Dhaka. Actuellement 150.000 ouvriers du textile sont syndiqués, ce qui est peu par rapport aux 4 millions d'ouvriers. Historiquement, les femmes, qui représentent 80% des ouvriers du textile, ont toujours été sous-représentées aux postes de responsabilité.

“La plupart du temps les syndicats sont très hiérarchisés, et dominés par les hommes,” dit Sanchita Saxena, qui dirige le Centre Chowdhury pour les Etudes sur le Bangladesh à l'Université de Berkeley. “Bien souvent les responsables et les dirigeants syndicaux sont des employés permanents des syndicats professionnels et n'ont jamais travaillé dans une usine textile eux-mêmes.”

Le nombre de femmes responsables syndicales augmente cependant. Les représentants syndicaux  les plus en vue dans le pays sont des femmes (Nazma et Kalpona Akter — elles n'ont rien à voir entre elles ni avec Sritee Akter). AFL-CIO rapporte que deux tiers des représentants syndicaux des usines sont maintenant des femmes.

Et c'est une bonne nouvelle pour les syndicats qui essaient de persuader les ouvriers du textile de prendre le risque d'adhérer. L'organisatrice Stritee Akter sait comment parler aux ouvriers. Par exemple, elle utilise une métaphore que seuls les bengalis de la campagne peuvent comprendre sur la manière d'attraper une espèce de poisson particulièrement glissante.

Garment workers in Dhaka gather at a "women's cafe" after work to learn about workers' rights and responsibilities. Credit: Amy Yee. Used with PRI's permission

Des ouvirères du textile à Dhaka se réunissent au “café des femmes” après leur travail pour se former aux droits et responsabilités des ouvriers. Crédit photo: Amy Yee. Autorisation de PRI

“Les propriétaires sont glissants comme des poissons, et vous savez ce qu'il faut faire pour attraper un poisson glissant?” demande-t-elle.

“Il faut des cendres!” répondent les ouvriers.

“Des cendres. Les cendres sont notre syndicat,” dit Akter. “Tous les ouvriers doivent s'unir.”

J'ai interrogé Akter quelque mois après sa réunion avec les employés de la société Dacca Dyeing. Elle dit que le gouvernement a refusé deux fois leur demande de création d'un syndicat, arguant à chaque fois que les signatures de 30% des ouvriers n'étaient pas réunies.

Akter ne s'en formalise pas pour autant. Elle dit qu'ils représenteront leur adhésion et que la prochaine fois ils auront la signature de 70% des ouvriers. Comme elle l'a dit aux ouvriers de Dacca Dyeing dès le début, “Vous ne pouvez pas rester à courber la tête, il faut exiger vos droits.”

Le film vénézuélien candidat aux Oscar parle en langue indigène

mardi 22 septembre 2015 à 22:40

“Autant en emporte le fleuve” de Mario Crespo est le candidat vénézuélien à l'Oscar du meilleur film étranger…

Lo que lleva el rio (“Autant en emporte le fleuve”), du réalisateur cubano-vénézuelien Mario Crespo Dauna, est un film vénézuélien tourné quasi entièrement en Warao, la langue des peuples indigènes du delta de l'Orénoque. Le film est le candidat vénézuélien à la cérémonie des Oscars pour celui du meilleur film en langue étrangère.

, du périodique “Remezcla“, écrit à ce sujet :

L'histoire relate la vie de Dauna, une femme indigène affectée par sa différence au sein de sa communauté. Déchirée entre son amour pour Tarisco et son désir de poursuivre des études loin de son village, Dauna bouscule sa culture traditionnelle et les attentes de celle-ci, ce qui entraîne souffrance et, finalement, réconciliation.

Le film a été choisi en début d'année pour faire partie de la sélection avant-gardiste, “NATIVe” du Festival de Berlin . Voici la bande-annonce :

Vous mourrez de soif ? Cette nouvelle série documentaire sur la sècheresse à Sao Paulo est pour vous

mardi 22 septembre 2015 à 10:08

Volume Vivo (“Volume vivant”), une série brésilienne de documentaires web produite par des indépendants sur la crise de l'eau à São Paulo, explore les infrastructures cachées de l'une des plus grandes et des plus chaotiques villes du monde.

La série couvre les multiples aspects de la crise hydrique qui a frappé São Paulo il y a plus d'un an et qui ne montre aucun signe de toucher à sa fin. Des politiques de gestion de l'eau à Sao Paulo à l'illusion que l'eau est une ressource illimitée, le film présente une image complète du problème criant de la ville. On y trouve une abondance de données, ainsi que des interviews d'experts, de citoyens et d'agriculteurs affectés par cette pénurie.

Le titre est un jeu de mots sur l'expression “volume mort” que la plupart des habitants ont appris l'an dernier. Les réserves “mortes” se trouvent au fond des lacs. Cette eau n'est en général pas potable. Sabesp, la société qui gère les réserves d'eau de São Paulo, a puisé l'eau de ces réserves quand les réservoirs ont été vides.

The Cantareira System, which supplies half of São Paulo city, has been operating at bare-minimum capacity since 2014. Photo: Demotix

Le  système Cantareira, qui fournit la moitié de l'eau de São Paulo, fonctionne en régime de strict minima depuis 2014. Photo: Demotix

Selon le site officiel deVolume Vivo, “la crise est un moment opportun pour réfléchir à l'utilisation d'une des ressources les plus essentielles à la vie dans la région la plus peuplée du Brésil.”

Entièrement financée par des dons en crowdfunding, cette série est dirigée par le jeune réalisateur brésilien Caio Silva Ferraz. En 2009, il a produit le documentaire très remarqué Entre Rios (“Entre les rivières”), qui raconte l'histoire de l'urbanisation de São Paulo et l'évolution de la relation entre la ville et ses rivières.

Deux épisodes sont sortis jusqu'ici. Le premier, “Nier la crise”, relate comment le gouvernement de l'Etat de São Paulo a minimisé le sérieux du problème en 2014 pour couper court aux critiques avant des élections.

Le deuxième épisode, “Inner Water” est consacré à la logique bizarre d'une stratégie d'entreprise qui cherche de l'eau dans des lieux toujours plus éloignés tout en polluant ses propres bassins de rivières.

Le premier épisode est sous-titré en anglais.

Réprobation contre la Hongrie après les heurts à la frontière serbe qui ont blessé des réfugiés et des journalistes

lundi 21 septembre 2015 à 23:03
Horgošš, Serbia. 16 September 2015 -- A scene from the "Horgos 2" border crossing into Hungary, after the Hungarian police spread water on migrants. Hungarian riot police used tear gas and water cannons on migrants who tried to break through a razor wire fence and enter Hungary from the Serbian border in Horgos. Photo by Art Widak. Copyright Demotix

Horgošš, Serbie, 16 septembre 2015 — Lors de la traversée de la frontière serbo-hongroise “Horgos 2″, la police hongroise arrose les migrants. La police anti-émeutes hongroise a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre les migrants qui tentaient de franchir une clôture de barbelés pour pénétrer en territoire hongrois à Horgos. Photo  Art Widak. Copyright Demotix

La Hongrie a officiellement fermé sa frotière avec la Serbie sitôt après 0 heures le 15 septembre, avec l'envoi de forces de la police spéciale, d'unités de l'armée et de Humvees pour en empêcher  le franchissement par un flux constant de réfugiés en quête d'entrée dans l'Union Européenne.

Les autorités ont déclaré l'état d'urgence dans deux départements et annoncé que la frontière resterait fermée pour au moins 30 jours. Des images de drone de la frontière serbo-hongroise au matin du 15 septembre montrent un groupe nombreux de réfugiés attendant à la frontière, bientôt rejoint par des nouveaux arrivants.

Le lendemain, des heurts entre réfugiés et policiers ont fait plus de 300 blessés, selon les médias serbes, dont au moins 30 cenfants et mineurs. La police, qui affirme avoir été visée par des jets de pierres et de bouteilles, a usé de lacrymogènes et de canons à eau contre les réfugiés.

Des enfants réfugiés blessés par les gaz lacrymogènes utilisés par la police hongroise évacués du poste-frontière de Horgos, Serbie.

Le portail Mondo.rs rapporte que les heurts ont débuté lorsque les policiers hongrois ont ouvert l'une des plusieurs épaisseurs de barrières protectrices ; les réfugiés, croyant alors que la Hongrie les laissait finalement entrer, se sont mis à franchir en masse la frontière.

La vidéo en temps réel fournie par le média russe RT a permis de voir des policiers lancer des fumigènes dans la foule et l'arrivée d'ambulances pour secourir les blessés, ainsi que des images vidéo du début des affrontements entre réfugiés et policiers.

Des journalistes frappés et leur matériel endommagé

Une équipe de journalistes polonais et une de leurs collègues serbes présentes sur place figurent parmi les blessés.

Une équipe de télévision polonaise aussi blessée à Roszke. L'action des forces de l'ordre concerne surtout la communication et des attentes auto-réalisatrices. La Hongrie perdante.

L'Association des journalistes indépendants de Serbie (IJAS) a demandé des excuses officielles au gouvernement hongrois, affirmant que l'équipe de reporters de la télévision nationale RTS avait été battue par la police hongroise, une “violation flagrante des droits et libertés élémentaires des journalistes garantis par les conventions internationales”.

Le réseau slovaque TA3 a aussi rapporté qu'un journaliste slovaque avait été frappé puis retenu par la police hongroise au poste-frontière de Horgoš.

A la frontière hongroise la police frappe et retient un journaliste slovaque http://t.co/AVWmxXBCDr

— TA3 (@tvTA3) September 17, 2015

La brutalité déployée par les policiers hongrois a provoqué l'indignation dans différents pays. Plusieurs journalistes présents au passage de Horgoš ont témoigné de la difficulté croissante à faire leur travail, tandis que que ceux qui suivent la situation à travers le monde ont souligné le caractère dérangeant des scènes qui se sont déroulées.

Pas terrible pour un journaliste mais je n'arrive simplement pas à regarder les scènes de Hongrie. Monde, ONU, U.E., dites, faites quelque chose

Où veulent aller les réfugiés ?

La guerre en Syrie, les violences et l'instabilité ailleurs au Moyen-Orient, en Asie du Sud et en Afrique, poussent un nombre record de réfugiés à entreprendre le voyage souvent périlleux vers l'Europe en quête de sécurité. Beaucoup arrivent dans l'Union Européenne en débarquant en premier en Grèce et en Italie avec l'intention de poursuivre jusqu'en Allemagne où se trouvent déjà une partie de leur famille ou des amis, et vue comme plus riche de promesses économiques.

Röszke, Hungary. 15 September 2015 -- Borders along Hungary and Serbia, including an official motorway crossing border in Roszke, Hungary, were closed, and the Hungarian government declared a state of emergency. Photo by Beata Zawrzel. Copyright Demotix

Röszke, Hongrie, 15 septembre 2015 — Les passages frontaliers entre la Hongrie et la Serbie, y compris sur une autoroute à Roszke (Hongrie), ont été fermés, et le gouvernement hongrois a déclaré l'état d'urgence. Photo  Beata Zawrzel. Copyright Demotix

Jusqu'à présent, ils utilisaient l'itinéraire des Balkans, qui traverse la Macédoine et la Serbie (non membres de l'UE) pour entrer en Hongrie, qui appartient à l'UE et à l'espace Schengen, un accord qui permet la circulation sans passeport entre les pays membres.

Selon les règles de l'UE, les demandeurs d'asile doivent s'enregistrer dans le pays européen de leur première arrivée et risquent le renvoi dans leur pays d'origine s'ils se déplacent à travers l'Europe. Même si l'Allemagne a cessé d'appliquer cette procédure aux réfugiés syriens, de nombreux réfugiés s'efforcent donc de laisser aussi vite que possible derrière eux l'Europe de l'Est sans être identifiés en route.

‘Les Balkans, la dernière frontière’

Sur les médias sociaux de toute l'Europe orientale, beaucoup ont exprimé leur colère contre la décision apparemment unilatérale de la Hongrie ou de l'UE de traiter la crise des réfugiés sans consulter leurs voisins non-membres. La populaire actrice serbe Bojana Maljević, qui appelle depuis plusieurs semaines à aider les réfugiés en Serbie, a déduit que cette attitude ne manquerait pas de répercussions diplomatiques futures parmi les pays d'Europe du Sud-Est.

Evidemment ce n'est pas la politique de la seule Hongrie. Ce qui apparaîtra bientôt clairement.

Dans les cafés de Belgrade et sur les médias sociaux serbes, la croyance est largement partagée que “quelqu'un dicte à la Hongrie sa conduite” — que l'UE ne veut simplement pas accepter la plupart de ceux qui fuient la Syrie par la route des Balkans.

L'utilisateur deTwitter Goran Damnjanović le résume bien, qui dit que la Serbie et les autres pays balkaniques hors UE sont supposés traiter la crise des réfugiés sur leur propre sol :

Balkans, la dernière frontière.

Au lendemain de la fermeture de la frontière serbo-hongroise, le premier ministre de Hongrie Viktor Orban a annoncé qu'il allait faire de même avec la frontière roumaine, puisque la Serbie “cesserait à l'évidence d'être un point d'entrée” pour les réfugiés. Un article de The Economist explique que la dispute entre la Hongrie et la Roumanie “porte peut-être plus sur la politique que sur les réfugiés”, plongeant dans les contextes historique et politique qui peuvent sous-tendre les décisions récentes de M. Orban.

Le tour de la Croatie?

La Croatie, dernière venue des pays d'Europe orientale dans l'UE, est entraînée dans cette crise. Le 16 septembre, l'agence d'information serbe Tanyoug a rapporté que le gouvernement croate a dit envisager “l'ouverture d'un corridor” permettant aux réfugiés de passer dans d'autres pays de l'Union, une idée que Bruxelles avait accueilli négativement, indiquant qu'une telle décision serait “contraire aux lois de l'UE et aux obligations des Etats membres.”

Au milieu de la crise actuelle, la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarović a annoncé que la Croatie surveillerait plus strictement ses frontières avec les Etats non- membres de l'UE à cause du “grand nombre de réfugiés déjà entrés dans le pays au premier jour” de la fermeture de la frontière serbo-hongroise. Mme Grabar-Kitarović a déclaré que la sécurité des citoyens croates et des frontières du pays étaient prioritaires. Le premier ministre a néanmoins ajouté plus tard dans la journée que la Croatie ne fermerait pas ses frontières et n'envisageait pas cette option.

D'autres pays d'Europe centrale et orientale, ainsi que leurs citoyens, ont aussi donné leur point de vue à mesure qu'évoluait la situation. Dans la section des lecteurs du portail satirique slovaque SME.sk, Gulas a posté une image du fondateur et ex-président du Parti national slovaque Ján Slota disant “Pour qui croiser les doigts ? La Hongrie ou les migrants ?”

gulas sk

“Pour qui croiser les doigts en ce moment ? La Hongrie ou les migrants ?”