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Le Danemark à la croisée des chemins après les attentats de Copenhague

mercredi 18 février 2015 à 20:30
"Old lady lighting a candle in honor of #CopenhagenShooting victims 2night in front of Aarhus city Hall alongside 100s," tweets @Fatenhbu

“Une vieille dame parmi des centaines de personnes allume une bougie en mémoire de victimes de la fusillade de Copenhague ce soir devant la mairie d'Aarhus” tweete @Fatenhbu

En 2013, le Danemark a été consacré “pays le plus heureux du monde”, et les Danois ont pu s'enorgueillir de l'environnement de sécurité, de tolérance et de liberté que leur pays leur assure. Pour la Saint Valentin, ce n'est pas l'amour qui était dans l'air dans le café de Copenhague où se déroulait un débat sur la liberté d'expression. Un homme y a ouvert le feu et laissé le pays choqué et incrédule.

L'individu, identifié par les médias danois comme Omar Abdel Hamid El-Hussein, 22 ans, a fait feu de nombreuses fois et tué le metteur en scène de cinéma Finn Norgaard, âgé de 55 ans. Plus tar, dans un autre attentat en soirée, El-Hussein a abattu Dan Uzan, 37, un Juif qui montait la garde devant la synagogue de Copenhague.

Cinq policiers ont également été blessés dans les deux attentats exécutés par le même homme. L'auteur des attaques a été tué par la police dimanche matin dans son quartier de Norrebro. La police danoise a arrêté deux personnes en liaison avec les attentats, qui auraient assisté le suspect en lui fournissant des armes et en l'aidant à se cacher.

L'artiste suédois Lars Vilks, qui assistait à la rencontre-débat, et recevait des menaces de mort pour ses dessins du prophète Mahomet, était, pense-t-on, la cible prévue. Il est désormais entré dans la clandestinité. L'ambassadeur de France François Zimeray était également sur les lieux. Tous deux en sont sortis indemnes.

Sur Twitter, Angelique Chrisafis, la correspondante à Paris du Guardian, partage cette photo de la vitrine du bar, criblée de balles :

Attentats de Copenhague : “tout le bar était sous une pluie de balles”

Les premières constatations ont établi que El-Hussain venait de sortir de prison, après avoir purgé une condamnation pour avoir agressé au couteau un jeune homme dans une gare en 2013.

Le ministre danois des Affaires étrangères Martin Lidegaard a indiqué à la BBC que le suspect était sur le radar de la police pour ses activités dans un gang criminel, et qu'il n'était pas un djihadiste de retour, mais un citoyen danois à la réputation de violence. Il a exhorté les Danois à “faire bloc” et “ne pas vivre dans la peur”.

Soutien et solidarité se sont aussitôt exprimés sur les médias sociaux, avec des photos de personnes se rassemblant devant la synagogue et déposant des fleurs à l'endroit où Dan Uzan a été tué.

Des dizaines de gens viennent devant la synagogue de Copenhague où un homme a été abattu, avec fleurs et billets “Je ne laisserai pas la peur gouverner”

La Premier Ministre danoise dépose des fleurs devant la synagogue de Krystalgade à Copenhague, après les attentats dans un centre culturel

L'endroit à Copenhague où l'assaillant de la fusillade danoise a été tué dimanche par la police, bordé de fleurs

Arabe né au Danemark, Philip Halloun, a créé une image du drapeau danois avec l'inscription en arabe : “Le Danemark c'est chez moi”. Il a partagé l'image sur sa page Facebook et a rapidement reçu de nombreux “j'aime” et partages :

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FunAbridged a partagé ce mème :

La France, qui n'est pas néophyte en matière de violence ciblée depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, n'a pas hésité à étendre son soutien au Danemark.

Le journal français Libération a montré sa solidarité en dédiant son titre de une au Danemark :

Tandis que Maxime Haes partageait ce dessin montrant la solidarité de la France avec le Danemark :

Lynn, une étudiante japonaise de 21 ans en programme d'échange à Aarhus, qui n'a pas voulu donner son nom de famille, raconte qu'elle attendait la visite d'amis pour son anniversaire cette semaine, mais a été surprise de leur entendre dire que leurs parents s'opposaient à leur venue en Europe en ce moment, par crainte que la région soit la cible d'attentats, surtout depuis qu'E.I. a publié une vidéo revendiquant la décapitation d'un journaliste japonais. Lynn a déclaré à Global Voices Online qu'elle s'est efforcée de les convaincre que le Danemark était sûr, et qu'elle a été confortée par ses amis au Danemark qu'il n'y avait pas de lieu plus sûr.

J'ai été très surprise de cet attentat et ai été soulagée qu'ils ne viennent pas. Quand mes amis m'ont annoncé qu'ils annulaient leur voyage, j'ai trouvé cela exagéré, mais maintenant je pense que leur décision était bonne. Il peut y avoir des attentats partout.

Lynn fêtait la Saint Valentin et son anniversaire avec d'autres amis à Copenhague au moment des attentats et a compris qu'aucun endroit n'est totalement à l'abri.

Avant-hier soir, la ville d'Aarhus s'est jointe à Copenhague pour pleurer les victimes des fusillades. Des centaines de personnes se sont rassemblées devant l'Hôtel de Ville pour écouter le maire Jacob Bundsgaard exhorter la société danoise à s'unir et à avoir foi en les valeurs de démocratie et de liberté. Les gens ont levé le drapeau danois, allumé des bougies et déposé des fleurs pour honorer les victimes des attentats de Copenhague la semaine dernière.

Des centaines de personnes se rassemblent devant l'hôtel de ville d'Aarhus en solidarité après l'attentat de Copenhague pour pleurer les victimes.

Allumé de bougies autour de l'hôtel de ville d'Aarhus en deuil pour les victimes des attentats de Copenhague. Des centaines de présents.

Aarhus, la deuxième ville du Danemark, est connue pour abriter le journal controversé qui avait imprimé à l'origine les caricatures du Prophète Mahomet en 2005. Et aussi, la sulfureuse mosquée Grimhøj, qui aurait publiquement défendu l'E.I., et responsable de l'envoi d'au moins 22 des 100 combattants partis du Danemark pour rejoindre l'E.I. en Syrie et en Irak — des allégations démenties par l'imam de la mosquée, Abu Bilal Ismael.

Dans un entretien mené par l'auteur avec l'imam, ce dernier a affirmé n'avoir aucune idée avant leur retour de qui part combattre, arguant que la mosquée n'encourage pas les jeunes adultes à rejoindre les combattants à l'étranger. Pour lui, ce que ces jeunes adultes voient sur les médias sociaux et les atrocités commises par le président syrien Bachar Al Assad déclenchent leur sentiment de jalousie et de protection de leur religion et communauté, ce qui a pu les conduire à aller combattre aux côtés de leurs frères et soeurs à l'étranger.

Ismael a aussi été signalé comme ayant précédemment appelé en public à tuer des Juifs, selon une vidéo qui a refait surface sur les médias sociaux après la mort du vigile juif.

Il s'en est expliqué en disant qu'il avait seulement récité une prière demandant à Dieu de se venger et de punir les tueurs sionistes, en particulier ceux qui commettent des crimes contre l'humanité à Gaza, en Palestine, et non pas les Juifs en général.

“Je n'ai pas appelé au meurtre de non-musulmans, le faire n'est pas dans notre religion, parce que notre religion nous interdit d'appeler au meurtre d'innocents. Je n'ai pas appelé au meurtre d'innocents, juifs ou non-juifs. On a pris mes propos hors de leur contexte et on leur a donné un sens différent”, a-t-il dit.

Aarhus a aussi été largement critiquée, notamment par les partis conservateurs comme le parti anti-immigrantion du Peuple Danois, pour avoir mis en oeuvre une méthode douce à l'égard des djihadistes de retour, consistant à leur trouver un emploi et à les aider à se réinsérer dans la société danoise. Un contraste avec la sévérité des lois adoptées par les pays voisins comme la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

Mais pour un blogueur qui s'est surnommé Che's Little Brother, l'affaire devrait être l'occasion de discuter de l'immigration et du multiculturalisme au Danemark :

[Les attentats de] Copenhague rallume[nt] le débat sur la sécurité des Juifs en Europe. Et si on débattait d'imigration et de multiculturalisme en général ?

L’Argentine établit un registre d’interprètes de langues autochtones

mercredi 18 février 2015 à 16:44
Enia Pilagá de la provincia de Formosa - Imagen de Laura Schneider

Ethnie Pilagá de la province de Formosa, en Argentina – Photo : Laura Schneider

[Tous les liens de cet article renvoient vers des pages web en espagnol.]

À la suite de l’affaire de la ressortissante bolivienne Reina Maraz, de langue quechua, détenue en Argentine pendant trois ans sans en connaître la raison, la Cour de la province de Buenos Aires a approuvé la création du Registre d’interprètes de langues autochtones.

Une étude de l’Institut national des affaires autochtones (INAI) menée en 2004-2005 en se fondant sur le Sondage complémentaire des peuples indigènes, reconnaît l’existence de 38 peuples originaires d’Argentine :

Los pueblos con mayor población a nivel nacional en orden descendente son: el pueblo Mapuche con 113.680, el pueblo Kolla con 70.505 y el pueblo Toba con 69.452 habitantes. En cuanto a los de menor población, se encuentran los pueblos Quechua con 561, los Chulupí con 553, los Sanavirón con 528, los Tapiete con 484 y por último, el pueblo Maimará con 178 habitantes.

Les peuples les plus représentés sont les Mapuches (113 680), les Kollas (70 505) et les Tobas (69 452) ; les moins représentés sont les Quechuas (561), les Chulupís (553), les Sanavirones (528), les Tapietes (484) et enfin les Maimarás (178).

Des initiatives similaires existent au Pérou avec le Registre des interprètes de langues indigènes ou autochtones et en Bolivie avec la Loi générale des droits et politiques linguistiques dont l’objectif est de :

1. Reconocer, proteger, promover, difundir, desarrollar y regular los derechos lingüísticos individuales y colectivos de los habitantes del Estado Plurinacional de Bolivia.

2. Generar políticas públicas y obligaciones institucionales para su implementación, en el marco de la Constitución Política del Estado, convenios internacionales y disposiciones legales en vigencia.

3. Recuperar, vitalizar, revitalizar y desarrollar los idiomas oficiales en riesgo de extinción, estableciendo acciones para su uso en todas las instancias del Estado Plurinacional de Bolivia.

1. Reconnaître, protéger, promouvoir, diffuser, développer et réguler les droits linguistiques individuels et collectifs des habitants de l’État plurinational de Bolivie.

2. Concevoir des politiques publiques et des obligations institutionnelles pour leur mise en œuvre, dans le cadre de la Constitution politique de l’État, des conventions internationales et des dispositions légales en vigueur.

3. Récupérer, vitaliser, revitaliser et développer les langues officielles menacées de disparition en établissant des actions visant à promouvoir leur utilisation dans toutes les instances de l’État plurinational de Bolivie.

Netizen Report : un tribunal britannique considère la surveillance massive d'Internet comme une violation des droits de l'homme

mercredi 18 février 2015 à 14:55
GCHQ sign. Photo by George Rex via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Affiche du GCHQ. Photo de George Rex via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Cet article a été rédigé par Ellery Roberts Biddle, Marianne Diaz, Elaine Diaz, Lisa Ferguson, Weiping Li et Sarah Myers West.

Chaque semaine, sur Global Voices Advocacy, l'équipe du Netizen Report propose un aperçu des défis internationaux comme des victoires, sans omettre les nouvelles tendances en matière des droits d'Internet. L'article de cette semaine débute avec le Royaume-Uni où le 6 février dernier, le tribunal en charge de juger les abus de pouvoir en matière de surveillance, l’Investigatory Powers Tribunal (IPT) a reconnu que les procédures relatives à la collecte massive des données personnelles, appliquées jusqu'à l'année dernière, étaient une violation des droits de l'homme. Les orientations du programme de surveillance du GCHQ, l'agence de renseignement britannique, ont donc été illégales pendant au moins sept ans.

C'est une grande victoire pour Privacy International et Bytes for All, les deux ONG basées respectivement à Londres et au Pakistan, qui ont déposé une plainte auprès du tribunal, mais aussi pour tous les défenseurs des droits de l'homme. Les juges ont conclu que l'agence avait “enfreint” les dispositions de la Convention européenne des droits de l'homme en matière de liberté d'expression et de respect de la vie privée. Ils ont également considéré que le gouvernement britannique avait échoué à adopter des lois accessibles et compréhensibles par le public pour encadrer ce programme et garantir “une protection appropriée contre toute ingérence abusive”. C'est la première fois en 15 ans de son histoire que l'IPT juge une plainte recevable contre une agence de renseignement.

Privacy International lance actuellement une initiative pour aider “les millions” de personnes qui pourraient demander la suppression définitive de leurs données personnelles conservées par le GCHQ.

En Irak, de lourdes peines pour toute insulte ou diffamation proférée sur les médias sociaux

AbdelSater El Bayrakdar, porte-parole de l'administration judiciaire irakienne, a annoncé que dorénavant toute insulte ou diffamation sur le réseau social Facebook sera passible d'une peine d'an de prison assortie d'une amende. D'après une source anonyme, l'escalade des conflits sur Internet entre les partis politiques et les sectes aurait mené à cette nouvelle politique dans une tentative de désamorcer la tension sociale.

L'arrivée symbolique de Netflix à Cuba

Netflix a déclaré lundi 9 février que “les Cubains disposant d'Internet et d'un accès aux méthodes de paiement internationales” pourront s'abonner à ses services et profiter sans attendre d'une large sélection de films et d'émissions télévisées populaires”. Le communiqué de l'entreprise a de quoi surprendre quand on sait que moins d'un pour cent des Cubains possèdent une connexion Internet, et que le principal fournisseur de services Internet du pays n'est pas assez solide pour supporter une lecture en continu ou le téléchargement de vidéos. Sans oublier le fait que les cartes de crédit comme “les méthodes de paiement internationales” sont pratiquement inexistantes sur l'île.

“Nous devons faire attention, même à ce que nous pensons”: l'auto-censure au Venezuela

Marianne Diaz, avocate et auteure vénézuélienne, dénonce dans un essai primé et rédigé pour Global Voices Advocacy, la censure en ligne qui sévit au Venezuela dans un climat politique de plus en plus difficile :

There is no coherent policy for online content regulation in Venezuela. Instead, there are waves of detentions and online censorship. Myriad websites have been blocked on and off by the government since 2007, sometimes officially through the telecommunications commission, other times indirectly through CANTV, the state-owned ISP that controls at least 80% of the national market. Not once in the case of any of  these blockages, some of which persist, was a trial conducted.

Il n'y a pas de politique cohérente pour la réglementation du contenu en ligne au Venezuela. Il existe à la place des vagues d’arrestations et une censure en ligne. Une myriade de sites Internet a été bloquée par le gouvernement ou par son intermédiaire depuis 2007, parfois officiellement via la Commission des télécommunications, d'autre fois par CANTV, le fournisseur public d'accès à Internet et détenteur d'au moins 80% du marché national. Pas une seule fois, un de ces blocages, notamment les plus longs, n'a débouché sur un procès.

Les blogueurs chinois sont priés “d'éviter de défier le système communiste”

La Chine continue de renforcer son contrôle sur les conversations en ligne. Durant la semaine du 9 février, l'agence Associated Press a révélé que le gouvernement chinois avait prévenu les blogueurs et les utilisateurs de forums de discussion qu'ils devront dorénavant s'inscrire sous leur véritable identité et promettre par écrit qu'ils “éviteront de défier  le système politique communiste”.

Nouvelle smart TV de Samsung, c'est elle qui vous regarde

Si vous êtes en train de regarder la télévision avec la dernière smart TV de Samsung, il est fort probable qu'elle soit aussi en train de vous regarder. L'appareil écoute les conversations qui se produisent à sa portée et peut partager les données recueillies avec Samsung ou une entreprise tierce. Samsung affirme qu'il n'est pas dans son attention de conserver les données vocales ou de vendre les signaux audio enregistrés. Cependant, Nuance, une entreprise tierce, retranscrit toutes les conversations collectées afin de rechercher le contenu demandé et de le transmette à la smart TV.

Les derniers rapports de transparence en Corée et aux USA

L'entreprise de services Internet sud-coréenne, Daum Kakao, a publié son premier rapport de transparence, devenant la première entreprise coréenne de ce secteur a communiqué un rapport relatif aux demandes d'information sur les utilisateurs adressées par le gouvernement. Les chiffres sont édifiants : au cours du premier semestre 2014, 492 502 demandes de données touchant 6 024 935 comptes, ont été traitées, parallèlement aux demandes de surveillance de données de télécommunications de 3995 comptes.

Durant la semaine du 9 février, Twitter a publié son troisième rapport sur la transparence notant qu'il avait observé une augmentation de 40 pour cent des demandes du gouvernement concernant les informations sur les comptes de ses utilisateurs et une autre de 84 pour cent pour des demandes, émanant toujours du gouvernement, de retrait de contenu. Les États-Unis détiennent le record du nombre de demandes (avec 5217 comptes concernés), suivis de la Turquie (523 comptes). La Russie, qui n'avait jusqu'au second semestre 2014, soumis aucune demande formelle pour obtenir les données des utilisateurs de Twitter, arrive en troisième place, avec 108 demandes allant de “la promotion de substances illicites à des tentatives de suppression de manifestations non violentes”. On peut lire dans ce rapport :

While we had a compliance rate of 13 percent, we denied several requests to silence popular critics of the Russian government and other demands to limit speech about non-violent demonstrations in Ukraine. 

Alors que nous avions un taux de conformité à 13 pour cent, nous avons dû refuser plusieurs demandes exigeant de faire taire les opposants au gouvernement russe les plus populaires, ainsi que d'autres requêtes pour limiter la parole sur les manifestations non violentes en Ukraine.

Cyber-insécurité à Washington

La Maison Blanche a annoncé son intention de se doter d'une agence fédérale chargée de la cyber-sécurité dans le cadre de sa réponse au piratage de Sony Pictures. Le Cyber Threat Intelligence Integration Center (Centre intégré du renseignement sur les cybermenaces) recueillera et analysera les renseignements obtenus par le FBI, la NSA et la CIA. Son budget est estimé à 35 millions de dollars. Selon l'ancien directeur du Counterterrorism Center, Matthew Olsen, la collecte des données du secteur privé sera au centre des travaux de l'agence. Reste à savoir comment ils prévoient d'équilibrer les efforts déployés par l'agence avec le droit à la vie privée des utilisateurs.

Pour en savoir plus

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Des raisons d'espérer pour les Grecs après la victoire anti-austérité de Syriza

mardi 17 février 2015 à 21:21
"Hope is coming" and "Hope has won": SYRIZA motto before elections (left) and the message after the winning elections of January 25 (right). Source: SY.RIZ.A. official Facebook page

“L'espoir vient” et “L'espoir l'a emporté” : slogan de campagne électorale de SYRIZA (à gauche) et message après la victoire aux élections du 25 janvier (à droite). Source : page Facebook officielle de SY.RIZ.A. 

Il était environ 19 heures le 25 janvier 2015, quand les sondages de sortie de urnes ont fait apparaître une nette victoire de Syriza aux élections anticipées en Grèce, conséquence de l'impossibilité pour le parlement de réunir assez de voix pour élire un nouveau président à la tête de l'Etat. Message du parti après sa victoire ? “L'espoir l'a emporté”.

Les gens sont descendus dans les rues d'Athènes pour célébrer le bouleversement historique dans la vie politique grecque. Pour la première fois dans l'histoire de la Grèce moderne depuis la transition démocratique de 1974 (appelée Metapolitefsi), la gauche radicale parvenait au pouvoir et les deux grands partis, le PASOK et Nouvelle Démocratie, en étaient exclus.

Grèce : Rassemblement devant l'Université d'Athènes pour écouter le discours d'Alexis Tsipras

La crise de la dette a violemment frappé la Grèce, et le pays chancelle sous les impopulaires mesures d'austérité prescrites par la ”troïka“, formée de la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fonds Monétaire International, dans le cadre des deux plans de sauvetage accordés.

Pour beaucoup de Grecs, le succès électoral de Syriza est synonyme d'espoir.

‘Le gouvernement n'a pas peur de son peuple' 

Syriza a formé le gouvernement avec les Grecs Indépendants (AN.EL.), un parti de droite conservateur populiste qui se dit “anti-mémorandum,” référence au Mémorandum d'assistance financière entre le gouvernement grec et la troïka dessinant les conditions à remplir par la Grèce en échange des plans de sauvetage.

Le parti nouvellement élu a aussitôt commencé à mettre en œuvre ses promesses électorales. Sur les médias sociaux, des utilisateurs ont exprimé leur optimisme. @kotsos43 a tweeté à l'intention du nouveau Premier Ministre Alexis Tsipras :

Pour la première fois depuis les 5 dernières années, j'ai beau ne pas avoir un centime en poche, je me sens fier. Bravo, continuez, ne reculez pas.

Tandis que @adiasistos compare avec les gouvernements précédents :

Jamais vu et inacceptable : [le nouveau gouvernement] persiste à faire ce qu'ils ont dit qu'ils feraient avant les élections.

Un des premiers actes du nouveau gouvernement a été de retirer les barrières métalliques devant le Parlement à Athènes. “Le gouvernement n'a pas peur du peuple”, a dit Giannis Panousis, vice-ministre de l'ordre public et de la protection civile. Les barrières y avaient été placées en 2011 pour riposter aux manifestations dans le centre d'Athènes, et y étaient restées depuis. Cet acte symbolique a été la première promesse concrétisée par le nouveau gouvernement.

Ci-dessous, la photo du monument au Soldat inconnu devant le Parlement grec, sans barrières, mise en ligne par le compte Twitter Dromografos :

Le Monument au Soldat Inconnu est aussi ouvert

La journaliste Corina Vasilopoulou a écrit :

Je vois les barrières métalliques enlevées autour du Parlement et je n'en crois pas mes yeux :-))

Et l'utilisateur @iKantTweet de plaisanter :

Les barrières ont été enlevées devant le Parlement. Les citoyens ne sont plus protégés…

Le même jour, le vice-ministre Panousis annonçait le retrait des fourgons de police du quartier d'Exarchia, un “ghetto” à intense présence policière.

Les réactions sur Twitter sont restées empreintes d'humour tout du long. L'utilisateur @periklisp87, membre de Syriza, a écrit :

Je désapprouve la décision de retirer les cars de police d'Exarchia. C'est l'architecture locale. C'est Paris sans la Tour Eiffel.

Ces mesures ont été mises à l'épreuve rapidement. Le 31 janvier, le parti nationaliste d'extrême-droite Aube Dorée a défilé à Athènes, en partant de la place Rigillis, en mémoire de l’affaire d'Imia et de l'hélicoptère grec qui s'est écrasé en 1996, à cause dit-on d'un tir turc. Un peu plus tard, le mouvement anti-fasciste tenait un rassemblement place Omonoia contre Aube Dorée.

La police anti-émeutes est restée discrète, les agents ne portaient pas d'armes à feu et il n'y a pas eu de débordements. C'était la première fois depuis des années que des manifestations se déroulaient sans présence massive de policiers qui n'hésitaient pas par le passé à user de violence. Les médias sociaux ont relevé le fait :

Manifestations de membres des Anti-fascistes et d'Aube Dorée aujourd'hui à Athènes…pas le moindre incident ! Vous comprenez maintenant qui a mis tant de fois le feu à Athènes ?

Sans MAT [la police anti-émeutes]

L'utilisateur deTwitter @n_skyftoulis a écrit :

Belle journée aujourd'hui. Nous sommes allés à la manifestation, et n'avons vu de flics nulle part. Ils ne nous ont jamais respectés. On en a la preuve aujourd'hui.

Tandis que @menacius soulignait :

Athènes se transforme de cité d'Etat policier en cité démocratique.

Une manifestation ultérieure le 5 février à Athènes contre la décision de la Banque Centrale Européenne de ne pas accepter les obligations grecques en échange d'un nouveau financement en a été une nouvelle preuve. Le rassemblement s'est déroulé dans le calme, démontrant l'inutilité des barrières.

Unprecedented rallies in #Greece: Pro-government! Police nowhere to be seen #syrizapic.twitter.com/fn0tKKxHtR

— Άρης Πορνοστάρλετ (@Arhsx) February 5, 2015

Rassemblements sans précédent en Grèce : pro-gouvernement ! Policiers invisibles

 

V comme Varoufakis
 

Le nouveau ministre de l'Economie Yanis Varoufakis a refusé de coopérer avec la troïka lors de sa rencontre officielle avec le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, le 30 janvier. Le Twitter grec était tout feu, tout flamme.

@giuseppe_vieri a joué sur les paroles de “the roof is on fire” (le toit est en feu) à propos du ministre : 

Varouf Varouf Varouf est en feu #varoufakis_songs

@Krogias a souligné la ressemblance de Varoufakis avec “Spock” dans Star Trek :

Varoufakis calme les banquiers, les marchés, la troïka et l'eurogroupe

Sur Facebook, une page dédiée au nouveau ministre de l'économie, appelée “V comme Varoufakis,” référence au film “V comme Vendetta”, a engrangé plus de 57.000 j'aime dans la semaine de sa création fin janvier.

    Satirical Facebook page dedicated to new Greek Financial Minister, Yanis Varoufakis. Screenshot from Facebook.

D'abord ils vous ignorent, puis ils se moquent de vous, puis ils vous combattent, et ensuite vous gagnez. Page satirique sur Facebook, dédiée au nouveau ministre de l'Economie Yanis Varoufakis. Source : capture d'écran sur Facebook.

Certains ont remarqué que c'était apparemment la première fois que le gouvernement grec avait réellement son mot à dire dans les négociations sur la crise de la dette, alors que ses prédécesseurs paraissaient se soumettre aux ordres de l'étranger. Le journaliste Kostas Vaxevanis a commenté :

Ce que vous voyez est appelé “négociations”. Et c'est le gouvernement grec qui en fait.

L'utilisateur deTwitter Gath suggère au premier ministre d'annoncer à nouveau des élections pour obtenir un plus grand pourcentage de voix :

Alexis, retourne aux urnes la semaine prochaine, obtiens 60 % et rends tout le monde fou, mon garçon ;-)

 

Serments civiques et absence de liens

Le premier ministre Alexis Tsipras, un athée déclaré, a encore innové avec sa décision de prêter serment sur un engagement civique plutôt que religieux. Les réactions ont été contrastées. Les uns — surtout ses adversaires — ont trouvé l'acte inacceptable, les autres ont été indifférents ou approbateurs.

Les utilisateurs de médias sociaux ont aussi été frappés par le refus des membres du nouveau gouvernement, à de rares exceptions, de porter la cravate. 

En Grèce, les “sans-cravate” au pouvoir. 

J'attends avec impatience l'annonce furieuse du service de presse de Nouvelle Démocratie, parce que Tsipras s'est fait introniser sans cravate. [ND avait précédemment publié un communiqué se plaignant de l'absence de serment religieux du premier ministre]

Certes nous assistons à des moments historiques. Première : serment civique. Première : un premier ministre sans cravate. Première : certains chient dans leur froc.

Quelle décadence ! Tsipras investi premier ministre avec un serment civique et sans cravate. Où va le pays ?

En fait, le premier ministre italien Matteo Renzi, lors de sa rencontre avec Alexis Tsipras lui a fait cadeau d'une cravate. Son homologue grec avait fait savoir un peu plus tôt qu’il ne mettrait de cravate qu'après une restructuration de la dette.

Avec un gouvernement qui tient ses promesses électorales après avoir obtenu le mandat populaire dans un scrutin, on n'est pas au bout des surprises. Comme l'a dit l'utilisateur de Twitter @menacius :

La politique avec Syriza est devenue beaucoup excitante que même House of Cards [la série télé] !

Le nouveau gouvernement réussira-t-il à réaliser tout son programme ? Le temps le dira. En attendant, les Grecs semblent avoir retrouvé un peu d'espoir, de dignité et d'optimisme.

Pourquoi tant de militants pour l'environnement sont-ils assassinés dans le monde ?

mardi 17 février 2015 à 13:21
Monks in Cambodia rest during a 25km night march through the jungle to voice their anger over environmental destruction in their country. Photo by photojournalist and Flickr user Luc Forsyth. CC-BY-NC-SA 2.0

Pause de moines au Cambodge pendant une marche nocturne de 25 kilomètres à travers la jungle pour exprimer leur colère contre la destruction environnementale dans leur pays. Photo du photojournaliste et membre Flickr Luc Forsyth. CC-BY-NC-SA 2.0

[Sauf mention contraire, les liens mènent à des pages en anglais.]

Ce post de Mike Shanahan a été à l’origine publié sur Ensia.com, un magazine qui met en lumière des solutions environnementales en action à travers le monde, et est republié ici selon un accord de partage de contenu.

Jeannette Kawas était une comptable dont le concept de valeur était plus large que n'importe quel bilan. Aucun nombre ne pouvait pour elle saisir la richesse naturelle qu'elle voyait dans les forêts, rivières, plages et mangroves de Punta Sal, près de sa ville natale de Tela dans le nord du Honduras. Dans les années 1980, éleveurs de bétail, promoteurs de complexes de villégiature et bûcherons voulurent tous une part de ce paysage. Alors que leur faim croissait, Kawas a formé une association pour la défense de l'environnement [espagnol], PROLANSATE, pour protéger la terre, et en 1994, cela a convaincu le gouvernement à lui permettre de créer et gérer un nouveau parc national là-bas. En trois mois, PROLANSATE a renommé Punta Sal National Park en l'honneur de sa fondatrice, qui a été tuée chez elle le 6 février 1995. Des annés plus tard, une décision de la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme a déclaré que le travail de Kawas en faveur de la défense de l'environnement avait motivé le meurtre.

Lutte mondiale

Jeannette Kawas a été victime d'une guerre largement ignorée dans les médias et qui fait toujours rage à travers le monde deux décennies plus tard. Ses victimes sont des femmes et des hommes qui, par des actes pacifiques, travaillent pour défendre leur environnement local contre pollueurs et mineurs, spéculateurs et bûcherons. Au cours de la dernière décennie, près de 1 000 activistes dans 35 pays ont été assassinés, selon un rapport publié en avril 2014 par Global Witness. ” C'est un bon rapport pour alerter les gens sur la triste réalité actuelle ”, déclare Alfredo Quarto, directeur exécutif du Mangrove Action Project, qui a documenté des meurtres d'activistes et de responsables communautaires qui se sont opposés aux éleveurs de crevettes. ” Sur une période de cinq ans dans les années 1990, plus de 100 membres de communautés locales et d'activistes ont été tués en protestant contre l'empiètement des fermes de crevettes et la perte des mangroves au Bangladesh. Des rapports similaires sur des responsables communautaires assassinés qui se sont opposés aux éleveurs de crevettes viennent de Thaïlande, d'Inde, du Honduras, d'Équateur et du Brésil.”

Le taux de meurtres recensés à travers le monde a augmenté ces dernières années : en 2012, la dernière année pour laquelle il existe des chiffres fiables, il approche trois par semaine.

Pour faire le décompte des victimes, des chercheurs de Global Witness ont parcouru des centaines de sources crédibles, publiées et accessibles au public. Elles incluent seulement les cas qui indiquent le nom de la victime, les circonstances de la mort et la date, et pour lesquels le meurtre a un lien clair avec l'environnement ou le droit à la terre. Selon Alice Harrison, consultante pour Global Witness, les chiffres sous-estiment le problème parce que les taux de plaintes sont bas, en particulier en Afrique. Le taux de meurtres recensés à travers le monde a augmenté ces dernières années : en 2012, la dernière année pour laquelle il existe des chiffres fiables, il approche trois par semaine. Harrison affirme qu'il est peu probable que le contrôle ait suffisamment augmenté pour tenir compte de cette hausse des morts recensées, et que la réelle explication est une course toujours plus rapide pour tirer profit de terres et de ressources toujours pus rares. Le rapport dit que ce qui est derrière cette course au profit est la demande des consommateurs pour des biens électroniques, du bois tropical, du bœuf, de l'huile et — grâce à l’omniprésence de l'huile de palme dans les produits modernes — même des choses banales tels du dentifrice et du beurre d'arachide. Contribuent au problème l'argent liquide, la corruption et une culture de l'impunité.

Héros accidentels

“ La violence provient souvent d'élites puissantes exploitant les ressources pour des gains d'exportation à court terme à partir d'une production à large échelle ”, dit Oliver Courtney, militant de longue date pour Global Witness. “ Le problème prend racine dans nos magasins et nos salons. La pression croissante sur les resources qui mène au conflit et au meurtre est un produit de la surconsommation, surtout dans les pays riches, conduisant à une demande pour des marchandises à bas prix ”. “Beaucoup de ces personnes assassinées étaient des défenseurs ‘accidentels’ des droits de l'homme ”, explique John Knox, professeur en droit international à la Wake Forest University et expert indépendant sur les droits de l'homme et l'environnement au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. “Ils ont été impliqués parce qu'il s'agissait de leur propre terre, leurs propres forêts, leur propre eau qu'ils défendaient.”

Quand de telles personnes essaient de protester elles peuvent se heurter à des menaces, de la violence, des détentions illégales, voire la mort.

“ Ce qui est vraiment regrettable est que la contestation est inéquitable ”, ajoute Knox. “D'un côté, il y a des intérêts économiques extrêmement puissants. De l'autre, des gens qui sont souvent marginalisés au sein de société, des gens qui n'ont pas d'alliés et qui ne sont pas très au courant de ce qui se passe. Souvent ils découvrent d'abord qu'ils sont sujet à une décision gouvernementale quand les bulldozers arrivent, ou que les arbres commencent à tomber ou quand ils sont expulsés de leur terre ”. Quand de telles personnes essaient de protester elles peuvent se heurter à des menaces, de la violence, des détentions illégales, voire la mort. Dans seulement environ 1 pour cent des assassinats documentés par Global Witness, le tueur a été traduit devant la justice, condamné et puni. “ Il y a un manque criant de volonté politique ”, dit Harrison. “ Certains meurtres se font sur l'ordre d'acteurs politiques ou de compagnies du secteur privé liées à des politiciens. Certains n'ont pas été signalés et poursuivis. Il y a uune peur des représailles ”. Dans le cas de Jeannette Kawas, plusieurs rapports d'agences gouvernementales, dont un du bureau du procureur général, incluent des allégations qui nomment des membres des forces des sécurité de l'État impliqués dans son assassinat. Mais personne na été traduit devant la justice ni condamné. En 2013, une étude a estimaté que le Parc National Jeannette Kawas fournit des biens et des services écologiques d'une valeur de 46 millions de dollars par an [espagnol]. C'est près du milliard de dollars de bénéfices non comptabilisés depuis la création du parc en 1994. Si Jeannette Kawas avait été armée de ces chiffres il y a 20 ans, peut-être qu'elle serait encore en vie aujourd'hui.

Endiguer l'hémorragie

Avec l'augmentation du nombre de morts, des organisations comme Global Witness veulent stimuler l'action à la fois dans les pays où les assassinats ont lieu et dans les pays dans lesquels consommateurs, journalistes et gouvernements peuvent exercer une certaine influence. “C'est un travail de collaboration avec des organisations sur le terrain qui font face à ces crimes, sensibilisant and funnelling it upwards ”, dit Harrison. “ Nous voulons que les gouvernements surveillent ceci et traduisent les auteurs en justice. Nous travaillons au niveau  international pour cela et demandons des comptes aux  gouvernements ”. L'expérience montre que les gens sont généralement plus en sécurité s'ils sont mondialement connus, donc Global Witness prévoit de travailler avec des organisations partenaires dans le monde entier pour développer un système d'alerte rapide qui puisse  mieux faire connaître les défenseurs et leurs combats “. Nous ne voulons pas seulement regarder les morts quand il est trop tard ”, déplore Harrison.

“ La Norvège oblige désormais les compagnies à divulguer leurs impacts environnmentaux, et ses entreprises alimentaires publient désormais leur utilisation d'huile de palme. Ce faisant, le secteur alimentaire de la Norvège a réduitsa consommation d'huile de palme de deux-tiers en une seule année. ” –Oliver Courtney

Dans la même veine, un réseau international de chercheurs d'universités et d'organisations non-gouvernementales a développé l’Atlas de la Justice Environnementale, une carte en ligne et une base de données d'histoires de plus de 1000 conflits environnementaux en cours que les internautes peuvent chercher par marchandise, pays ou entreprise. Global Witness veut voir une baisse de la demande des consommateurs pour les produits entachés de violence — tels que le bois, le soja et l'huile de palme “. Les gouvernements doivent légiférer en ce sens et permettre aux consommateurs de prendre des décisions en connaissance de cause ”, dit Courtney. “La Norvège oblige désormais les compagnies à divulguer leurs impacts environnmentaux, et ses entreprises alimentaires publient désormais leur utilisation d'huile de palme. Ce faisant, le secteur alimentaire de la Norvège a réduit sa consommation d'huile de palme de deux-tiers en une seule année.”

Droits contre torts

Selon le Treaty Alliance, une coalition mondiale de plus de 500 groupes de la société civile, ce dont on a besoin, c'est d'un traité international légalement contraignant pour s'attaquer aux violations des droits de l'homme par des multinationales. L'alliance exhorte le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à lancer ces mesures. Les gouvernements, en attendant, ont déjà des obligations en vertu des droits de l'homme pour protéger les citoyens qui s'expriment sur les choix de développement ou de protection environnementale, comme le montre le cas de Jeannette Kawas. Dans une décision historique rendue en 2009, la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme a déclaré que le Honduras violaient plusieurs droits au détriment de Kawas et de sa famille. Il a ordonné au Honduras de faire amende honorable de plusieurs manières. Au cours d'une cérémonie publique un juin 2010, le Ministre de l'Intérieur et de la Justice du Honduras a présenté ses excuses et reconnu sa responsibilité dans la mort de Jeannette Kawas. Néanmoins le Honduras n'a pas respecté les délais donnés par la cour pour ériger un monument en l'honneur de Kawas, entamé de procédures criminelles contre son assassin ni mis en œuvre de campagne nationale pour sensibiliser la population sur le travail des environnementalistes pour la défense des droits de l'homme. Entre 2011 et 2013, selon le rapport de Global Witness, 74 autres défenseurs de l'environnement ont été assassinés au Honduras seul. Avec d'énormes profits en jeu et des intérêts puissants s'opposant à des communautés pauvres et marginalisées à travers le globe, le décompte des morts va sûrement augmenté. “ Je ne pense pas que ce soit une bataille perdue que ces gens mènent”, exprime Knox. “ Elle donne de vraies victoires, mais ils ont besoin d'aide ”. C'est dans le pouvoir des gouvernements, entreprises et consommateurs de fournir cette aide et donner l'espoir aux défenseurs de l'environnement de demain qu'ils peuvent être des héros sans être martyrs, aussi.

Mike Shanahan est un écrivain freelance basé au Royaume-Uni et un ancien biologiste des forêts tropicales. Il écrit sur les forêts, le changement climatique, la biodiversité et les liens entre environnement et développement. Il tweete sur @shanahanmike.