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Espagne : Expulsions interrompues sous la pression sociale

vendredi 23 novembre 2012 à 16:14

Ce billet fait partie de notre dossier spécial sur la crise en Europe.

[Tous les liens renvoient vers des pages web en espagnol.]

Les associations et les plateformes de lutte contre les expulsions ont obtenu après deux ans que l’Association espagnole des banques (AEB) suspende les expulsions. Toutefois cette mesure ne sera appliquée que durant les deux prochaines années et uniquement pour les familles avec enfants en bas âge, les personnes souffrant d’un handicap et les chômeurs. Dans son communiqué de presse, daté du 12 novembre, l’AEB explique qu’elle stoppe les expulsions pour les deux prochaines années « pour des raisons humanitaires » dans les cas « d’extrême nécessité ».

Bien que cette annonce soit considérée comme une victoire pour les actions citoyennes menées, elle a donné lieu à diverses critiques et suspicions. Ada Colau, porte-parole de la Plataforma de Afectados por la Hipoteca (PAH), assure que cette mesure poussera « les gens à se faire concurrence pour savoir qui est plus malade et plus malheureux ». Sur sa page web, la PAH se dit déçue que le nouveau décret soit :

[…] un subterfuge, soit disant fondé sur des critères économiques et de vulnérabilité, dont la seule finalité est de contenter les banques et d’exclure une fois de plus la majorité des gens frappés par ce drame […]

 

Aujourd’hui, en Espagne, plus de 500 expulsions sont exécutées quotidiennement. Depuis le début de la crise en 2008, on en dénombre plus de 400 000. Cette situation Cela paraît d’autant plus absurde, sachant que le pays compte deux millions de logements vides et que les entités qui décident d’expulser les citoyens ne peuvant pas payer une hypothèque qui augmente sont les mêmes qui nécessitent l’argent public pour ne pas perdre pied. Dans ce climat d’injustice, qui a provoqué un grand mécontentement social, des campements devant les maisons mères des banques et a entraîné le suicide de plusieurs personnes sur le point d’être mises à la porte de leur foyer, le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et le parti populaire (PP), se sont réunis pour discuter de possibles actions.

 

Campement de personnes frappées par des expulsions sur la place Celenque. Photographie de Diana Moreno.

Actions, manifestations et campements

Il est clair, comme certains le soulignent, que ce ne sont pas les formations politiques, mais bien la forte pression sociale, qui a obligé le gouvernement à se pencher sur la question et chercher des solutions.

Cette pression est l’œuvre d’associations telles que Stopdesahucios, le 15M ou la Plataforma de afectados de la hipoteca (PAH, « Plateforme des personnes touchées par les hypothèques »), qui depuis 2009 luttent pour stopper les expulsions et proposent trois point permettant de faire du « droit à un logement digne » une réalité : l’interruption des expulsions (avec des mouvements de résistance), le loyer social et la dation en paiement. Cette dernière mesure offrirait une voie de secours pour sortir de la situation dans laquelle se trouvent de nombreuses familles obligées à continuer de payer un logement duquel elles ont été expulsées.

En outre, d’autres actions telles que la récolte massive de signatures appelant à une réforme de la loi sur l’hypothèque via une initiative législative populaire ou le récent campement des personnes touchées par ce problème sur la place Celenque de Madrid ont permis que toute l’opinion publique, et non pas uniquement les personnes concernées par ces situations, s’intéressent à une question qui jusqu’alors était presque méconnue du grand public ou considérée comme un drame minoritaire. Durant la présente législature et la législature précédente, des groupes parlementaires de gauche ont présenté de nombreuses propositions pour éviter les expulsions, toutes rejetées par le PP et le PSOE.

Cartel de la Plataforma de Afectados por la Hipoteca

Banques et partis politiques considérés avec méfiance

L’annonce de l’AEB et l’espérée prise de conscience de la classe politique peuvent être considérées comme un succès de la pression citoyenne, de même que d’autres bonnes nouvelles, telles que le fait que certains policiers refusent de participer aux expulsions. Néanmoins, peu sont confiants au sujet des intentions du gouvernement : la PAH voit pas pourquoi ceux qui ont mis des bâtons dans les roues à toute solution sur cette question jusqu’à nos jours mèneraient les discussions aujourd’hui. Dans un communiqué, la PAH fait part de son manque de confiance qu’elle explique par deux raisons : que ce sont précisément le PP et le PSOE qui ont provoqué la situation (« merchandilisation du logement, surendettement de la population, autorisant que les banques trompent la population ») et que ces partis n’ont rien fait une fois que le drame a commencé et qu’ils ont même « empêché qu’une mesure soit prise pour faire face à ce problème ». Une personne concernée par la question des expulsions assure :

Nous aurions aimé qu’une personne de la plateforme, le défenseur du peuple ou un représentant des tribunaux prenne part à la réunion du PSOE et du PP, pour que celle-ci soit plus impartiale.

Il ajoute que le moratoire n’est pas une solution, qu’il est nécessaire que soit approuvé un décret de loi qui comprenne les trois points demandés par la PAH. Un autre porte-voix fait également état de doutes quant à la bonne foi de l’exécutif :

Le gouvernement souhaite laver son image avec le PSOE. Nous souhaitons une solution qui soit issue d’une négociation. Qu’ils changent la loi pour répondre aux besoinx des citoyens. Il faut réveiller les consciences, que la population ne croit pas cette loi de passage.

Dans sa colonne, Hugo Martínez Abarca, partage son opinion quant au véritable motif de la réunion :

(…) Pour les banques, associer leur marque à la violation des droits des plus faibles est mauvais pour l’image. Les expulsions sont désormais un drame pour elles aussi, voilà pourquoi le PP et le PSOE entrent en jeu, empêchant les personnes expulsées de s’exprimer tout en mettant en scène une profonde préoccupation au sujet de cette question.

Sur Twitter aussi, les internautes donnent leur avis :

@albertopradilla: Le gouvernement et le PSOE ne se sont pas « mis d’accord » pour éviter les expulsions. Ils ont toujours été d’accord avant pour les permettre et maintenant pour les déguiser.

Ce billet fait partie de notre dossier spécial sur la crise en Europe.

Japon : Perquisitions chez un blogueur anti-nucléaire

vendredi 23 novembre 2012 à 16:07

Ce billet fait partie de notre dossier spécial Séisme au Japon 2011

Le premier octobre dernier, la police de la préfecture de Fukui a fait irruption au domicile d'un blogueur local, Yuzuri Kaneko, l'un des organisateurs des manifestations contre le nucléaire via sa chaîne YouTube. Après la catastrophe nucléaire de Fukushima déclenché par le tremblement de terre de 2011, le mythe de la sûreté du nucléaire n'a plus le soutien de l'opinion publique japonaise et les manifestations de protestation ont réapparu dans tout le pays.

Alors que les médias nationaux prêtent rarement attention à ces dernières, les vidéos des manifestations de ces mêmes citoyens permettent de faire entendre l'opinion publique — mais révèlent aussi des indices utiles à la police pour identifier et poursuivre les manifestants.

Voici ci-dessous un film tourné par Yuzuru Kaneko, le vendredi 9 novembre, sur la manifestation qui a eu lieu devant la compagnie KEPCO (Kansai Electric Power Company) et durant laquelle les manifestants ont demandé aux employés de bloquer les activités en lien avec la production électrique dans les installations nucléaires.

Cet événement fait partie des manifestations contre le nucléaire qui ont lieu depuis longtemps dans de nombreuses localités japonaises chaque vendredi.

La KEPCO, qui est responsable de la fourniture d'électricité dans la région de Kansai, dirige la seule centrale nucléaire encore en activité dans le pays. Le redémarrage de la centrale nucléaire a provoqué de vives controverses en raison de sa localisation ; il est possible qu'il y ait une faille active sous celle-ci.

Ubicazione della centrale nucleare Ōi

Localisation de la centrale nucléaire de OI. Image tirée de Wikipedia (CC BY-SA 3.0)

 

Yuzuru a donné à voir les activités anti-nucléaires du groupe citoyen local qui s'oppose au redémarrage de la centrale nucléaire de Ōi dans la préfecture de Fukui. Il avait en particulier repris la manifestation où les citoyens et les militants avaient, le 30 juin dernier, bloqué la grille d'entrée pour empêcher que la centrale reprenne ses activités.

Un militant présent à cette manifestation de juin a été arrêté le 20 septembre. Il est non seulement suspecté d'avoir dégradé des biens mais aussi d'être coupable de “coups et blessures, de menaces et de s'être attaqué aux grilles d'entrée”. C'est la raison pour laquelle la police a perquisitionné le domicile de Yuzuru à la recherche de vidéos pouvant contenir des preuves étayant ces accusations. Yuzuru a déclaré n'avoir rien à voir avec ceux-ci et s'être limité à filmer les manifestations. En dépit de cela, son ordinateur, son disque dur et ses cartes mémoire SD ont été confisqués par la police le 1er octobre.

Le 5 novembre, une campagne a démarré pour demander à la police de lui restituer le matériel confisqué et le 8, cette dernière a informé Yuzuru que ce serait le cas très bientôt.

Ce billet fait partie de notre couverture spéciale Séisme au Japon 2011

Photo du titre : Installations 3 et 4 de la centrale nucléaire de Ōi, Photo reprise de Wikipedia sous la licence  Creative Commons BY SA 3.0

Brésil : Le Nordeste ému par un film sur Gonzagão, le roi du Baião

vendredi 23 novembre 2012 à 09:59

Après un considérable temps d'attente, le film “Gonzaga: De Pai Para Filho”  [De Père en Fils, non encore traduit en français] sur le légendaire accordéoniste Luiz Gonzaga  a ravi le public, en particulier dans le Nordeste du Brésil, où le forró fait partie de la vie. Le blogueur de cinéma Chico Fireman partage la perception des spectateurs de ce film.

Liban : la France, le pétrole, et le Jour de l'indépendance

vendredi 23 novembre 2012 à 09:44

Nadine Mazloum a compilé des tweets d'internautes libanais sur le Jour de l'indépendance au Liban  (22 novembre). Elle conclut son article par une comparaison satirique des différents occupants du Liban, où la France décroche le premier prix. La France est donc priée de revenir, surtout maintenant, car du pétrole a été découvert au Liban…

Stop ou (cherche) encore ? La liste noire de l'Internet russe est ouverte

vendredi 23 novembre 2012 à 09:15

[Les liens de cet article sont en russe, sauf mention contraire.] La nouvelle loi russe qui fait planer sur l'Internet une menace de censure est entrée en vigueur le 1er novembre 2012. Selon ses directives, les fournisseurs d'accès doivent mettre sur liste noire les ressources en ligne dont le contenu relève de la pédopornographie ou de l'incitation à l'usage à des stupéfiants ou au suicide. L'énumération de tous les sites Web portés sur la liste noire est disponible sur le portail Roskomnadzor, l'organisme d'Etat dévolu au contrôle des médias. On y trouve aussi un formulaire en ligne permettant aux internautes de dénoncer de nouvelles infractions.

Bien que le site et la liste noire n'aient que deux semaines d'existence, depuis le lundi 12 novembre, ils ont réussi à attirer l'attention de nombreux blogueurs et internautes russes. La raison en est le blocage de l'un des sites les plus populaires. Casus belli, le site russe “Lurkmore” [Lurk more, ou lurk moar, en anglais “cherche encore” : vieux “mème” utilisé pour signifier à celui qui pose une question qu'il pourrait chercher lui-même la réponse], sorte de Wikipédia consacré à la culture Internet et aux mèmes, qui compile des articles au style irrévérencieux et truffés de mots du langage “geek”.

Extrait d'un article humoristique de Lurkmore sur la censure du Net. Capture d'écran, 14 novembre 2012.

La culture Internet russe se développe en grande partie dans les pas de son homologue anglophone. Lurkmore, par exemple, est la version russe de l'Encyclopedia Dramatica (ED) [en anglais], site comparable et plus ancien en anglais. Comme l'explique l'ED :

Русскоязычный сайт “Лукоморье” был создан, потому что никто из русских не хочет разговаривать на Ё…М АНГЛИЙСКОМ, но смешные статьи хотят читать все.

Le site russophone Lurkmore a été créé parce que personne chez les Russes ne souhaite discuter dans ce F…G ANGLAIS, alors que tout le monde veut lire des articles marrants.

Évoluant dans le petit monde du web russe, Lurkmore a été fondé et mis à jour par des participants à des forums de partage d'images tels que 4chan.org. (même si le sulfureux 2ch.ru a été fermé en 2009, voici une liste des meilleurs forums de partage d'images). Autrement dit, l'influence étrangère est incontournable, vu que la plupart des tournures argotiques utilisées sur Lurkmore sont des calques de l'anglais.  Par exemple, ”suddenly” (comme dans ”suddenly, cats!”) a été traduit par “внезапно” [soudain], et “delivers” (comme dans “Anonymous delivers!”, en français, Anonymous assure) par “доставляет” [fournit]. Curieusement, ces deux exemples sont des traductions littérales, qui n'ont aucun sens spécialement argotique en russe.

Depuis la création du site, vers 2008, ce genre d'argot d'emprunt s'est répandu à toute vitesse sur l'Internet russe. Néanmoins, ce qui fait tout le prix de Lurkmore, ce sont ses articles sur les phénomènes Internet et le folklore spécifiquement russes. Outre les mèmes, le site rend publics des renseignements sur des personnalités du Web et des blogueurs, ce qui en fait une ressource inestimable en termes d'informations et de ragots sur les VIP du web russe. Ce qui n'empêche pas l'emploi d'un humour cru.

C'est bien sûr cet humour qui fait la popularité de Lurkmore. Sa cote [en anglais] sur Alexa est bien plus haute que celle de l'Encyclopedia Dramatica. Ce qui ne manque pas d'impressionner, si l'on tient compte de son moindre potentiel en termes d'audience (russophone). Le site est aussi beaucoup plus populaire que l'Adsurdopedia, un autre wiki russe humoristique. Cette disproportion explique peut-être pourquoi le web russe s'est ainsi enflammé le 12 novembre, quand Lurkmore s'est vu bloqué pour un article sur la drogue, alors que personne n'a bronché quand, une semaine auparavant, le 3 novembre, l'Absurdopedia a été bloquée pour l'article “Comment réussir son suicide”.

Lurkmore et l'Absurdopedia ont été débloqués aussitôt après avoir retiré les articles contrevenant à la loi (à noter qu'une copie de l'article sur le suicide restait disponible sur un site miroir de l'Absurdopedia). Et, bien que Lurkmore soit resté bloqué moins d'une journée, ce laps de temps a suffi pour semer la panique. Oleg Kozyrev, blogueur de l'opposition et ex-candidat au Conseil de coordination, n'a pas hésité à rédiger aussitôt un post intitulé “C'est l'Internet russe qu'on assassine en direct”.

Dans son post, Kozyrev dit que la nouvelle loi engendre un degré élevé d'imprécision et d'imprévisibilité pour les développeurs Web, ce qui ne sera pas sans avoir de fâcheuses conséquences :

А теперь скажите, после всех этих странностей с беспорядочным блокированием ресурсов, какой безумец захочет вкладывать деньги в российский интернет? […] Заметим, теперь уже не важно - в зоне ru находится проект или в зоне com  - отключают ведь не столько сайт, сколько аудиторию. Это означает, что стартовать в русскоязычном интернете отныне почти невозможно и как минимум очень рискованно.

Et maintenant dites-moi, après toutes ces bizarreries dans le blocage anarchique des sites, quel dingue va avoir envie d'investir dans l'Internet russe ? […] Remarquez, ça n'a plus d'importance pour un site d'être en domaine .ru ou .com ; ce n'est pas tant le site qui est pénalisé que le public. Ce qui veut dire que démarrer sur l'Internet russophone est presque impossible, et à tout le moins très risqué.

Selon Kozyrev, n'importe quel site peut désormais se faire bloquer pour une seule et unique page contrevenant à la loi, et cela constitue une menace en premier lieu pour les réseaux sociaux.

L'un de ces réseaux sociaux, Twitter, est devenue une soupape d'expression pour les mécontents, avec ce nouveau hashtag #listedemerde. L'internaute @kafka_chan a finement fait remarquer:

Когда в #говнореестр внесут одновременно весь вконтактик и весь рутрекер, в этой стране и случится революция.

Quand le tout VKontakte [sorte de Facebook russophone] et RuTracker vont se retrouver sur la #listedemerde, alors il va y avoir la révolution dans ce pays.

Si bizarre que cela puisse paraître, alors que VKontakte, le clone de Facebook, est hors de danger, cette semaine RuTracker, le principal forum russe de partage de fichiers, se retrouve sur la liste noire au côté de la très populaire bibliothèque en ligne Lib.rus.ec. Bien que les deux sites soient des repaires de pirates, c'est en vertu de la nouvelle loi qu'ils se retrouvent en liste noire, et non en vertu de celles qui régissent la propriété privée. RuTracker a été bloqué pour avoir diffusé “L'Encyclopédie du suicide”, Lib.rus.ec. pour avoir diffusé une copie du “Livre de recettes de l'anarchiste”. En guise de châtiment pour cette brimade, les activistes du forum de partage d'images ont mené avec succès une attaque DDos contre le site Web de la Ligue pour un Internet sécure, un organisme de contrôle que beaucoup accusent d'être à l'origine de la nouvelle loi.

Malgré cette attaque contre la Ligue, beaucoup d'autres sites ont atterri sur la liste noire. Le Parti pirate de Russie en a fait le compte. Il semble que quelques-uns d'entre eux aient été fermés pour des raisons valables. Par exemple, le site “Mélanges aromatiques et poudres licites”, qui diffuse ces substances, est à l'évidence un point de vente en ligne de stupéfiants.

La mise sur liste noire d'autres sites a provoqué encore plus de persiflages que celle de Lurkmore et RuTracker qui, au moins, ont été bloqués en conformité avec la lettre de la loi. Témoin le forum russe du site internationalement populaire destiné aux Multijoueurs en ligne de jeux de rôle, MMORPG Eve Online. Il s'est fait bloquer pour un article expliquant comment gérer sous drogues et stimulants virtuels des personnages virtuels dans le cadre du jeu. Le Gosnarkokontrol, Service fédéral de contrôle du trafic des stupéfiants, qui a réclamé la fermeture de la page, s'est sans doute contenté de lire le titre de l'article en question, “Conduite sous l'emprise de drogues”, sans s'aventurer dans les détails.

Ilya Ponomarev à la “Marche des Millions” de moscou, le 12 juin 2012. Photo : Sergueï Koukota, CC 2.0.

Ces gaffes grossières donnent de la loi une image plus ridicule qu'elle ne l'est en réalité. C'est l'avis de Danila Lindele, l'attaché de presse du député de la Douma et partisan des listes noires Ilya Ponomarev. Sur son blog, Lindele fait cette remarque pessimiste:

Людей, которые возмущены ситуацией вокруг Луркоморья и вообще интернет-цензурой, не так много. Лично я вообще только вчера узнал о существовании этого сайта.

Les gens qui s'émeuvent de ce qui se passe avec Lurkmore et de la censure de l'Internet en général ne sont pas si nombreux que ça. Personnellement, j'ai appris hier l'existence de ce site.

Même si tout le monde ne partage pas forcément l'avis de Lindele, qui considère la censure comme un phénomène politique, il n'en reste pas moins que suite à ce fiasco, Lurkmore n'a fait qu'élargir son audience (sa cote Alexa a fait un bond de plus de mille points dans les dernières quarante-huit heures). En tout cas, si l'on en juge par la confiance qui s'exprime sur son compte officiel Twitter, le site Web envisage son avenir sous un jour des plus optimiste :

Официальная позиция: мы все-таки надеемся вернуть удаленные научно-популярные статьи.

La position officielle : nous espérons quand même remettre en ligne les pages de vulgarisation scientifique retirées.

En quoi ils ont sans doute raison. Peut-être qu'un jour sera rendu aux Russes le droit de lire des articles humoristiques sur la marijuana. En même temps que reviendront sans doute aussi les déclarations sur “le RuNet qu'on assassine”, qu'elles soient fondées ou non.

 Ndlt : Il semble que la série de gaffes du RoskomNadzor (l'organisme de surveillance des médias russes) continue à l'heure où nous mettons cette traduction en ligne. En effet, le mercredi 21 novembre, YouTube a figuré pendant une heure sur la “liste noire” des sites Web au contenu interdit par la loi russe. Le RoskomNadzor plaide une erreur technique…

 
Source : le courrier de Russie