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Face aux tragédies dans le sud du Brésil, la solidarité s'organise sur le web

lundi 4 février 2013 à 23:35

[Sauf mention contraire, les liens pointent vers des contenus en portugais]

A Porto Alegre, le dimanche 27 janvier 2013 s'annonçait comme un jour ordinaire. Près du quartier de Vila Liberdade, la ferveur du Championnat de football Gaúcho (“Campeonato Gaúcho de Futebol”) s'emparait de l'Etat du Rio Grande do Sul (situé au sud du Brésil et dont les habitants sont appelés “gaúchos”), tandis qu'à Santa Maria les étudiants admis aux différents concours célébraient la fin d'une dure période de révisions. En somme, en ce début d'année semblable à tous les autres, tout paraissait aller pour le mieux. Mais dans ce climat dominical, c'est la pire tragédie de l'histoire de l'Etat du Rio Grande do Sul qui a fait l'ouverture des journaux télévisés.

Dans la ville de Santa Maria, l’incendie de la boite de nuit Kiss a mis fin à la vie et aux rêves de plus de 230 jeunes. Comme le dit l'éditorialiste Juremir Machado da Silva du journal Correio do Povo : “[ces jeunes gens] voulaient seulement s'amuser“.

Après le choc initial dans l'intérieur gaúcho, la solidarité s'est vite mise en place.

Les principaux réseaux sociaux ont été utilisés comme moyens à la fois de collecte d'information sur l'événement et pour demander de l'aide pour les victimes. Il manquait de médecins et de psychologues, d'eau et de nourriture. Les blessés avaient besoin de transfusion sanguine.

Lundi 28 janvier 2013, l'hôpital Clínicas de Porto Alegre a émis un communiqué sur Facebook pour que les volontaires ne cherchent plus à donner leur sang, car les stocks de la banque du sang étaient déjà remplis en moins d'une semaine.

L'hôpital Clínicas de Porto Alegre tient à préciser qu'il ne sollicite plus de dons de sang pour ce lundi. Des centaines de personnes se sont mobilisées par solidarité avec les victimes de Santa Maria et la banque de sang de l'hôpital a reçu, ces seuls lundi et mardi, plus de 500 dons de sang. L'hôpital remercie la disponibilité de tout le monde et peut compter sur la compréhension des donateurs pour qu'ils s'organisent afin de revenir à la banque de sang dans les semaines à venir.

Ce tweet de Nathalia Guarezi (@naguarezi), éditrice du blog De Chaleira, comptait parmi les nombreux posts demandant de l'aide pour retrouver les disparus :

@luanamag a demandé de l'aide pour retrouver cette jeune fille figurant sur une liste de blessés de Santa Maria. http://facebook.com/faccoferreira. Aidons-la à la retrouver!

La couverture internationale de l'évément s'est aussi amplifiée. La nouvelle a figuré en une du New York Times [en anglais] du 28 janvier 2013. Simon Romero (@viaSimonRomero), chef du bureau du New York Times au Brésil, a cité sur Twitter le 29 janvier l'un des articles du New York Times sur cet événement.

L'Observatoire de la presse (Observatório de Imprensa), l'un des pricipaux acteurs brésiliens de la critique des médias, a commenté le 28 janvier la couverture de l'événement par les grands titres de la presse. Pour Luciano Martins Costa, qui a publié un article sur cette affaire [intitulé "L'horreur et les limites du language", "O horror e o o limite da linguagem"], “le nombre [de morts et de blessés] donne à l'événement la dimension d'une tragédie, le cumul d'éléments qui aggravèrent les conséquences de l'incident conduit à l'indignation, mais avec cela seul nous serions encore loin de la pleine compréhension de la portée de l'événement”.

Costa poursuit :

Les journaux du lundi (28/01) ont cherché à dépasser le sentiment initial de perplexité, mais c'est précisément l'expression qui convient pour définir les limites de la spécialisation du récit : plus les mots et les images s'approchent de la vérité, moins celle-ci devient acceptable.

 

Le quartier de Vila Liberdade en flammes

En début de soirée, le dimanche 27 janvier, l'alerte a sonné dans le quartier de Vila Liberdade, dans la zone nord de la ville de Porto Alegre. Le quartier se situait à quelques mètres de l'Arène du Grêmio récemment inaugurée. La richesse du stade contrastait avec la misère de l'endroit. Selon le portail internet Sul 21, 90 des 150 maisons furent consumées par les flammes. Au moins 50 maisons furent totalement détruites.

Vila Liberdade - Porto Alegre - 27/01/2013. Cerca de 800 pessoas estão desabrigadas. (CC BY-SA Overmundo)

Vila Liberdade – Porto Alegre – 27/01/2013. Près de 800 personnes se retrouvent sans toit. (CC BY-SA Overmundo)

Selon la police civile et la population locale, le feu aurait été déclenché après une dispute dans un couple du quartier. Le reportage de Samir Oliveira du 29 janvier raconte :

Valéria est une des dizaines d'habitantes du quartier Vila Liberdade qui s'extrayaient des décombres de l'incendie (…) Parmi les bris de verre, les briques cassées, les bouts de fer tordus, les cadavres de réfrigirateurs et les carcasses carbonisées de cochons, de chats, de poules et de chiens, les habitants cherchent à récupérer des objets qui aient pu résister aux flammes.

Vila Liberdade (CC BY-SA Overmundo)

Vila Liberdade (CC BY-SA Overmundo)

Tandis que les médias traditionnels s'employaient à couvrir une catastrophe supplémentaire dans un laps de temps si court, la force de mobilisation de l'événement à Santa Maria s'est immédiatement étendue pour aider les victimes de Vila Liberdade. Le lendemain, entre les protestations contre le stade et les sentiments d'amertume, les demandes de vêtements et de nourriture se multiplièrent sur internet.

Vila Liberdade, Porto Alegre. La collecte de dons dans le gymnase scolaire Giúdice (CC BY-SA Overmundo)

Vila Liberdade, Porto Alegre. La collecte de dons dans le gymnase scolaire Giúdice (CC BY-SA Overmundo)

Vila liberdade : la réception et la distribution des dons seront effectuées dans le gymnase de sport de l'école municipale Antônio Giúdice. Le 2 février, un groupe de volontaires s'est rendu à Vila Liberdade pour procéder à des déclarations de pertes afin d'aider les sinistrés après l'incendie. (CC BY-SA Overmundo)

Vila liberdade : la réception et la distribution des dons ont été effectués dans le gymnase de l'école municipale Antônio Giúdice. Le 2 février, un groupe de volontaires s'est rendu à Vila Liberdade pour procéder aux déclarations de pertes afin d'aider les sinistrés après l'incendie. (CC BY-SA Overmundo)

Ce dimanche ne sera jamais oublié, ni la solidarité mise en oeuvre.

Espagne : La “Déclaration de Souveraineté” de la Catalogne traduite en 36 langues

lundi 4 février 2013 à 23:07

Le 23 janvier 2013, au milieu des tensions croissantes avec le gouvernement espagnol, le parlement régional de Catalogne a approuvé à la majorité le vote de la Déclaration de Souveraineté [en catalan] — largement considérée comme le prélude à un référendum sur l’indépendance, qui devrait avoir lieu d'ici 2014. Grâce à l'équipe diversifiée de collaborateurs, la publication en ligne en langue catalane Vilaweb a pu proposer le document en trente-six langues. (more…)

Chili, Pérou et Bolivie en eaux agitées : les frontières maritimes, sujets de discorde

lundi 4 février 2013 à 23:06

Ce billet fait partie de notre dossier central sur les relations internationales et la sécurité

Map of the maritime claims of Ecuador, Peru, and surrounding countries

Carte des revendications maritimes de l’Equateur, du Pérou et des pays frontaliers. Par le site Political Geography Now via Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0)

 

Les frontières internationales sont souvent brouillées par la mondialisation et, en Amérique latine, les frontières maritimes sont toujours matière à contestations. Deux pays frontaliers, le Chili et le Pérou par exemple, qui ont pourtant joui d’un développement économique soutenu au cours des dernières années, demeurent en désaccord sur leurs frontières maritimes respectives, un contentieux qui concerne une superficie maritime d’environ 38 000 mètres carrés.

En 1980, des négociations bilatérales entre les deux pays ont été tenues, pour la première fois, mais n’ont abouti à aucun accord. En 2008, le Pérou a porté le litige devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), qui, à son tour, a examiné la question lors d'une audience publique en décembre 2012. La CIJ devrait rendre sa décision à la mi-2013.

Pendant ce temps, le Pérou n’a eu de cesse d’affirmer que les frontières maritimes n’avaient jamais été l’objet d’un accord qui les définissait et les seuls documents à ce sujet, signés en 1950, ne font que réglementer l’accès aux zones de pêche. En outre, Lima a également déclaré que les frontières maritimes devaient être délimitées par une diagonale qui, partant de la frontière terrestre du Pérou, se dirigerait vers le large, direction Sud-Ouest.

Selon le Chili, les deux pays semblaient s’être mis d’accord sur la délimitation de la frontière par une série de traités signés entre 1952 et 1954. Ces derniers stipuleraient que la frontière maritime entre le Chili et le Pérou devait être délimitée selon un axe, non pas diagonal, mais parallèle à la frontière maritime qui sépare, au Nord, les eaux péruviennes et équatoriennes. Un accord qui, selon Santiago, a été respecté au cours des soixante dernières années.

Le net-citoyen Juan Vargas, qui soutient la position chilienne, a posté un commentaire sur le site d’information Peru this Week :

Les accords de 1952 et de 1954 établissent clairement une frontière maritime [entre le Chili et le Pérou]. Ils sont disponibles, en version anglaise à l’adresse suivante : http://www.state.gov/documents/organization/58820.pdf

 

Dans un blog hébergé par El Mirador, Oscar Maúrtua de Romaña, ancien ministre péruvien des Affaires étrangères, présente, dans un billet, les arguments des deux parties en litige et conclut :

El Perú y Chile, pese a las diferencias históricas, comparten un destino común. Un fallo equitativo por parte del tribunal permitirá poner fin al “único asunto” fronterizo que genera una sombra en nuestras relaciones bilaterales. Resulta tranquilizador el hecho de que el presidente Humala y el presidente Piñera, 72 horas antes de iniciarse la fase oral hayan hecho una declaración conjunta, en la cual se comprometieron ambos a acatar y ejecutar la sentencia de la Corte Internacional de La Haya.

En dépit de différents historiques, le Pérou et le Chili partagent une même destinée. Une résolution équitable de la Cour mettra fin à « ce litige frontalier, le dernier en date » qui compromet nos relations bilatérales. Il est rassurant de constater que 72 heures avant le début de l’audience, le Président péruvien Humala et le Président chilien Piñera avaient chacun déclaré qu’ils accepteraient tous deux la décision de la Cour Internationale de La Haye.

La Bolivie, enclavée, attend la décision de La Haye

Les deux pays impliqués ne sont pas les seuls concernés par le contentieux puisque les pays avoisinants et notamment la Bolivie, observent de près les procédures légales en cours. Cette dernière prévoit d’ailleurs, comme annoncé antérieurement [en anglais], de faire appel à la CIJ afin d’obtenir un accès à l’océan, accès perdu lors de la guerre du Pacifique qui, de 1879 à 1881, l’opposa au Chili. La décision de La Haye pourrait, en effet, représenter un fort encouragement à la volonté bolivienne de régler cette question de longue date par la voie diplomatique.

Sans compter la résolution de la Cour Internationale, les déclarations démocratiques et diplomatiques des deux parties en litige ont réduit, de façon significative, les risques d’un conflit armé entre le Chili et le Pérou.

De même, ce mode de résolution de conflit a permis de poser les bases en faveur de l’émergence de solutions plus créatives dans le but d’apaiser les crises dans la région.  Parmi ces possibles solutions, une éventuelle « Zone Maritime de Participation Bilatérale », proposée par Jilmar Moisés Córdova, qui soutient, à ce sujet :

La controversia marítima de Perú y Chile, puede llegar a una posible solución instaurándose [...] la Zona Marítima de Participación Bilateral la cual dividiría los mares de ambos Estados y que sería destinada a la pesca, [...] es decir, la explotación de los recursos vivos por embarcaciones de hasta cierto tonelaje de los pueblos del Perú y Chile. Por ejemplo Argentina y Uruguay mantienen un tratado parecido a esta forma que delimita sus mares soberanos.

Le contentieux maritime entre le Pérou et le Chili pourrait être résolu grâce à ladite  « Zone Maritime de Participation ou d’Usage Bilatéral » qui  diviserait les eaux des deux Etats et créerait ainsi une zone commune pour la pêche, […] l’exploitation des ressources par les  bateaux à la fois chiliens et péruviens d’un tonnage défini, comme l’ont institué par traité l’Argentine et l’Uruguay afin de délimiter leurs eaux territoriales respectives.

De plus, Jilmar Moisés Córdova a considéré qu’une telle alternative offrirait aux deux pays la possibilité d’explorer et de bénéficier de ressources minérales et pétrolières, entre autres. Córdova parait également confiant face à la situation bolivienne puisque cette Zone Maritime de Participation Bilatérale pourrait faire émerger des options alternatives pour répondre à l’aspiration de la Bolivie d'accéder aux côtes pacifiques.

ISN logoCe billet et ses traductions en espagnol, en arabe et en français ont été commandés par l’International Security Network (ISN) dans le cadre d’un partenariat destiné à faire entendre les points de vue de citoyens sur les questions de relations internationales et de sécurité dans le monde entier. Ce billet a été publié à l’origine sur le blog de l’ISN, d’autres articles peuvent être lus ici.

Infographie : D'où vient la pollution de l'air à Pékin ?

lundi 4 février 2013 à 16:45

Le site chinois Sohu Business a récemment publié une série d'infographies qui expliquent l'origine de la pollution de l'air à Pékin. D'après ces infographies, les émissions de gaz des véhicules sont la raison numéro un de la pollution urbaine. TeaLeafNation a traduit l'article en anglais ici.

Des téléphones mobiles gratuits pour les agriculteurs nigérians?

lundi 4 février 2013 à 12:33

C'est à la fin de 2012 que le ministère de l'Agriculture du Nigeria a rendu publique son intention de fournir des téléphones mobiles gratuits aux paysans. Selon l’information :

Ibukun Idusote, la Secrétaire Permanente du Ministère Fédéral de l'Agriculture, aurait dit que le Ministère ferait l'acquisition de 10 millions de mobiles, d'une valeur d'à peu près 60 milliards de Nairas, en Chine et aux États-Unis, pour leur distribution gratuite aux agriculteurs dans tout le pays.

Cela a déclenché des échos dans la blogosphère nigériane. Kikiowo Ileowo demande d'où vient la statistique gouvernementale qui justifie 10 millions de cellulaires pour 10 millions d'agriculteurs :

 La question est : où sont exactement ces 10 millions d'agriculteurs ? Viennent-ils de l'armée de 16.074.295 chômeurs ou des 51.181.884 qui ont déjà un emploi ? Si c'est la deuxième réponse, qu'est-ce qu'ils produisent au juste que Nigeria ne soit pas encore devenu un pôle mondial d'alimentation en tout genre ?

Comprenez qu'une grande partie de la production alimentaire au Nigeria se fait par l'agriculture mécanisée qui utilise moins de travail manuel. Les “agriculteurs” à qui M. le Président veut fournir des téléphones mobiles sont ceux qui pratiquent l'agriculture de subsistance et produisent ce qu'ils consomment généralement eux-mêmes. J'ai un jardin derrière ma maison; est-ce que cela me donne le droit à recevoir un “Jona-phone” ? Je ne vois pas pourquoi le Président de concert avec son Ministre de l'Agriculture insulteraient l'intelligence collective des Nigérians en jouant pour la galerie avec une noble idée qui a révolutionné des pays comme l'Ouganda, le Kenya et l'Inde.

Depuis lors il y a eu une correction quant au coût réel des téléphones mobiles :

 … le Ministre de l'Agriculture, le Dr Akinwunmi Adesina, a rectifié l'information selon laquelle la Secrétaire Permanente du Ministère, Mme Ibukun Odusote, a dit que les téléphones mobiles seraient achetés par le gouvernement à 60 milliards de Nairas ; il a expliqué qu'ils seraient fournis aux agriculteurs par le biais d'un partenariat entre les secteurs public et privé…

Dr. Akinwumi Adesina, le Ministre de l'Agriculture du Nigéria

 

Le Docteur Adesina, le Ministre de l'Agriculture, a pris la défense du projet. Il dit dans un communiqué de presse :

 Quand j'ai commencé mon travail en tant que le Ministre de l'Agriculture en juillet 2011, j'ai trouvé que le secteur des engrais était absolument corrompu et non efficient. Le gouvernement dépensait des sommes énormes pour l'approvisionnement et la distribution directs des engrais subventionnés, mais c'étaient moins de 11% d'agriculteurs qui recevaient les engrais. Certains engrais qui avaient été payés par le gouvernement n'avaient jamais été livrés aux entrepôts. Quelques engrais qui avaient été livrés contenaient plus de sable que d'engrais, tandis qu'une grande partie des engrais subventionnés par le gouvernement avait réussi à traverser les frontières des pays voisins, où l'engrais avait été vendu aux prix courants du marché.

Il fait valoir que cette solution basée sur la technologie a mis fin à la corruption associée à la distribution des engrais :

 C'est dans les 90 jours après mon entrée en fonctions de ministre que nous en avons fini avec 40 ans de corruption dans le secteur des engrais. Comment avons-nous fait cela? Nous avons été capables de fournir des engrais et semences subventionnées de haute qualité à nos agriculteurs grâce au schéma GES (abréviation anglaise pour Support de l'Amélioration de Croissance) en Avril 2012. Le schéma GES livre les intrants (semences et engrais) directement aux agriculteurs grâce à l'utilisation des téléphones mobiles par ceux-ci. Nous avons créé une plateforme électronique (porte-monnaie électronique) où nous avons enregistré les agriculteurs et les agro-commerçants de tout le pays. À ce jour, nous avons enregistré 4,2 millions d'agriculteurs et à peu près 900 agro-commerçants.

Le Ministre pense que même si beaucoup d'agriculteurs nigérians son analphabètes, ils sont capables d'utiliser les téléphones :

Certains pensent que nos agriculteurs manquent d'instruction et ne peuvent pas utiliser les téléphones mobiles. Il n'y a aucune preuve de cela. Grâce au schéma GES, nous avons rendu possible pour les agriculteurs de négocier en leur propres langues en utilisant leurs téléphones. Les données que nous avons recueillies l'année passée sur la base de la façon dont  les agriculteurs utilisaient les téléphones pour accéder aux engrais et semence, nous ont montré que le nombre total de transactions faites par cette voie dans le cadre du schéma GES a été de 4,9 millions. 1,2 millions de ces transactions étaient en anglais, 620.000 en pidgin, 2,2 millions en haoussa, 854.000 en yoruba et 344 en igbo. Ces données ne laissent aucun doute de ce que nos agriculteurs sont bien capables d'utiliser les téléphones mobiles.

La technologie, selon le Dr Adesina, a contribué à son jugement qu'il n y aurait pas de crise alimentaire après les inondations qui ont balayé certaines parties du pays :

Quand les inondations se sont produites, il y a eu de la panique à la campagne… Je n'étais pas inquiet. Nous avons utilisé la technologie moderne afin de nous guider dans notre prise de décision. En utilisant l'imagerie par satellite et la télédétection, nous avons produit des cartes de l'extension des inondations et déterminé que pas plus de 1,17% de la zone rurale cultivée ont été touchés par les inondations. Nos détracteurs voulaient que le monde croie à l'opposé, à ce que la crise alimentaire étaient inévitable. Ils ont eu tort. Aujourd'hui, cinq mois après les inondations, nous n'avons aucune crise alimentaire.

Cependant, certains internautes restent perplexes.  Olusola Adegbeti demande :

On doit alors poser une question prégnante, bien qu'elle soit rhétorique : est-ce que la distribution des téléphones GSM aux centaines d'agriculteurs dispersés en long et en large d'un pays aussi vaste que le Nigeria est le plus critique et le plus difficile des problèmes qui affectent le secteur agricole nigérien à l'heure actuelle ? Votre opinion vaut bien la mienne. Si on suit de près ce qui a été mentionné ci-dessus, on peut dire qu'on n'a pas besoin d'être aussi sage qu'un Salomon ou avoir le don prophétique d'un Isaïe pour arriver à la myriade de problèmes qui depuis longtemps ont poussé le secteur agricole nigérian à la misère, des problèmes comme le manque d'accès à la terre cultivable, l'absence d'institutions financières fiables et non corrompus pour donner aux agriculteurs les moyens d'acheter les machines modernes requises pour une agriculture commerciale mécanisée qui est habituellement la colonne vertébrale de chaque nation, le manque d'un accès facile à la technologie nécessaire et à une structure de soutien agro-chimique pour une agriculture durable annuelle et pluriannuelle ainsi que pour un l'élevage…

The Sun demande si les agriculteurs ont vraiment besoin de nouveaux téléphones mobiles quand ils en ont déjà un ou ont d'autres sources d'information ?

Il est clair aussi que le téléphone n'est pas le meilleur moyen pour joindre des agriculteurs qui habitent généralement les zones rurales. Centres d'information ruraux, modèles traditionnels de communication et la radio sont de bien meilleures voies. Il y a aussi beaucoup de projets plus directs, par lesquels l'administration peut stimuler la production agricole dans le pays, que la fourniture de téléphones. Ce qui est plus important, c'est que le gouvernement n'a pas besoin d'acheter des téléphones pour les agriculteurs, parce que ceux parmi eux qui savent utiliser les téléphones les ont déjà.

Avec le prix d'un téléphone mobile à partir de 2000 à 3000 Nairas, chaque agriculteur digne de ce nom peut s'en payer un et, ce qui est fort probable, en a déjà un. S'ils n'en ont pas, le gouvernement devrait les amener à se permettre un outil si essentiel.

Disu Kimor pense que c'est un nouvel éléphant blanc :

Le seul effet de tels projets trop ambitieux sera de renforcer la perception du Nigeria comme un objet de moqueries par le reste du monde où nous aimons enseigner le langage de signes des aveugles. Tout pays en voie de développement comme le Nigeria qui veut développer son secteur agricole concentrera l'intervention publique directe sur l'aide aux agriculteurs et la stimulation de la production alimentaire, en assurant un apport stable de fonds de roulement, en améliorant la recherche et développement, l'alimentation en eau, en garantissant un coût modéré du carburant et de la main-d'oeuvre, la subvention (sans corruption) des équipements agricoles et des infrastructures de base.

Disu conclut :

Un jour, la postérité jugera les agences et chefs politiques de ce pays, la majeure préoccupation desquels était de garder le pays à genoux ou de détourner et gaspiller des fonds publics dont il a tant besoin.