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Juliana Mbengono Elá Avomo : Amener les arts et la culture à la jeunesse équato-guinéenne

dimanche 5 août 2018 à 14:54

Juliana Mbengono: ” S'il n'y avait pas de différences entre les femmes et les hommes, personne ne me considérerait comme une féministe, mais étant donné les inégalités que nous vivons, je me sens obligée de réclamer mes droits et je le fais par le biais de ma littérature.

Juliana Mbengono Elá Avomo est une étudiante en journalisme, directrice adjointe d'une garderie et une Capulla Literaria. C'est elle qui le dit, pas moi. [l'expression signifie bourgeon littéraire mais aussi connard [littéraires] en espagnol familier, NdT]. Elle a fondé un collectif de poètes en Guinée Équatoriale avec deux camarades de classe en 2015, et ils ont choisi le nom Capullos Literarios parce qu'ils sont novices et qu'ils “n'ont pas encore été reconnus comme écrivains. Ils restent dans l'ombre mais aiment l'écriture, y mettent tout ce qu'ils ont et s'en servent tous les jours.”

Les bourgeons sont timides par nature, il est leur est donc difficile de savoir quand ils ont commencé à s'épanouir. C'est pourquoi Juliana reste humble, bien qu'elle ait remporté plusieurs concours littéraires, obtenu que deux des pièces de théâtre qu'elle a écrites soient jouées et soit devenue la coordinatrice de l'organisation Locos Por Cultura – LPC (Fous de culture), dans la capitale du pays, Malabo. L'organisation rassemble des artistes qui travaillent sous différentes modalités partout dans le pays. Selon Juliana, l'objectif de Locos Por Cultura est de “promouvoir la création d'espaces d'interaction entre les jeunes, dans le but d'améliorer leurs capacités artistiques et de promouvoir le leadership social”.

Participants de Locos Por Cultura , – LPC (Fous de culture), un collectif formé pour “promouvoir la création d'espaces d'interaction pour les jeunes, dans le but d'améliorer leurs capacités artistiques et de promouvoir le leadership social”. Photo: Locos Por Cultura, utilisée avec permission.

L'organisation n'a pas un nombre déterminé de membres ni de communautés artistiques. En ce moment, en font partie “Capullos Literarios” (bourgeons littéraires); la troupe de théâtre “Hablar y Biyemyema”; “EG-Pencil y Hangart”; des dessinateurs, illustrateurs, graphistes et autres artistes visuels ; de “Fotos con letras” (Photos avec des lettres), axé sur la photographie, et de nombreux artistes indépendants comme Eusebio, un portraitiste, ou Mariano Ebana Edu (aussi appelé Black Bey), Benjamin Ndong (Jamin Dogg) et Lil Jojo,des auteurs-compositeurs et rappeurs.

Nous avons discuté avec Juliana des activités du collectif Locos Por Cultura, des luttes pour l'égalité entre les hommes et les femmes et de la valeur de la culture comme élément clé du développement ou de la croissance des jeunes ainsi que de la société dans laquelle ils vivent.

Global Voices (GV): Une activité qui a vraiment attiré mon attention est la lecture de rue. Comment les gens réagissent-ils lorsqu'ils vous voient tous ?

Juliana Mbengono Elá Avomo (JMEA): El proyecto “Tardes de Lectura” es una iniciativa de Capullos Literarios para fomentar la lectura y la escritura entre los ciudadanos. Muchas personas creen que leer es una actividad reservada para la gente culta, a otras les avergüenza; y hay quienes simplemente lo consideran una pérdida de tiempo. De hecho, se dice que “si quieres esconderle algo a un guineano ponlo en un libro”. Nosotros creemos que la lectura puede producir cambios en la sociedad, pues no solo alimenta el vocabulario de quienes la practican, sino que también les hace mejores en muchos ámbitos y por lo tanto, aumenta la calidad de vida en la sociedad.

Este proyecto es uno de nuestros grandes logros porque, con el tiempo, junto al LPC, hemos logrado crear una tradición en Malabo y Bata (las ciudades más importantes de Guinea Ecuatorial). Ya hay mucha gente que conoce la existencia de estas veladas, que muestra interés y que se anima a leer. Asimismo, buena parte de los jóvenes que participan de manera habitual han logrado dominar el miedo y los nervios que les provocaba leer en público.

Juliana Mbengono Elá Avomo (JMEA) : Le projet “Tardes de Lectura” (Après- midis de lectures) est une initiative organisée par les “Capullos Literarios” pour promouvoir la lecture et l'écriture auprès des citoyens. Beaucoup de gens pensent que la lecture est une activité réservée aux personnes instruites et certains se sentent gênés lorsqu'ils lisent en public ou bien tout simplement ils considèrent que c'est une perte de temps. En fait, on dit “si vous voulez cacher quelque chose à un Guinéen, mettez-le dans un livre”. Nous croyons que la lecture peut produire des changements dans la société, non seulement elle enrichit le vocabulaire de ceux qui la pratiquent, mais elle a des effets positifs dans de nombreux autres domaines et améliore la qualité de vie en société.

Ce projet est l'une de nos grandes réussites car avec le temps, nous avons pu créer une tradition à Malabo et à Bata, les villes les plus importantes de Guinée équatoriale. Beaucoup de gens sont déjà familiers de ces festivités littéraires, ils montrent de l'intérêt et ils sont incités à lire. C'est ainsi qu'une bonne partie des jeunes qui y participent régulièrement ont été capables de surmonter la peur et la nervosité qu'ils ressentaient en lisant en public.

Le collectif Fous de culture, dirigé par Juliana, organise de nombreuses manifestations culturelles dans les espaces publics. Photographie de Lucía Mbomío, utilisée avec permission.

GV: Deux des trois porte-parole du LPC sont des femmes. Pourquoi ?

JMEA: En el LPC las responsabilidades se asignan por el grado de interés y compromiso que cada uno tiene con el colectivo. Los roles no se deben a razones de género ni a coincidencia.

JMEA : A LPC, les responsabilités sont attribuées en fonction du degré d'intérêt et de l'engagement que chacun donne au collectif. Les rôles ne doivent rien au genre ou aux coïncidences.

GV: Cependant, même si vous abordez différents thèmes dans vos textes, vous écrivez beaucoup sur la situation des femmes. Vous considérez-vous comme une féministe ? Comment cela est-il ressenti en Guinée ?

JMEA: No me definiría como feminista. Creo que todos merecemos que nos respeten y deseamos que se nos dé el mismo trato que a los demás. Si no hubiera diferencias entre nosotras y los hombres nadie pensaría que soy feminista, pero debido a las desigualdades que vivimos me siento obligada a reivindicar mis derechos y lo hago a través de mi literatura.

Preguntarme si soy feminista o no no es un problema para mí, pero identificarme como tal en Guinea es otra cosa. A veces le molesta a la gente que piensa que el feminismo es el equivalente femenino del machismo. Y yo últimamente siento que darse a conocer como feminista se ha vuelto una moda, en particular para muchas personas a las que le parece que serlo implica ser inteligente, moderna y valiente.

JMEA : Je ne me définirais pas comme une féministe. Je crois que tout le monde mérite d'être respecté et nous souhaitons être traitées comme les autres. S'il n'y avait pas de différences entre les femmes et les hommes, personne ne me considérerait comme féministe, mais compte tenu des inégalités que nous vivons, je me sens obligée de réclamer mes droits et je le fais à travers ma littérature.

Me demander si je suis féministe n'est pas un problème pour moi, mais s'identifier comme tel en Guinée est une autre affaire. Parfois, cela dérange les gens qui pensent que le féminisme est l'équivalent féminin du machisme. Et enfin, je pense que se dire féministe est devenu une mode, en particulier pour tous ceux qui pensent qu'être féministe implique d'être intelligent, moderne et courageux.

Femmes renforçant les femmes

GV: Quels modèles féminins avez-vous dans le pays ?

JMEA: Tengo tres o cuatro referentes femeninos: La primera es Teodosia Mónica Angue Bivini; una desconocida que se convirtió en mi mentora, jefa, amiga y consejera. En Mónica encuentro el ejemplo de mujer trabajadora que creía utópico, es tan emprendedora que ve oportunidades de empleo y negocio donde nadie se lo imagina. Es fundadora y presidenta de la ONG IMGE (Iniciativa de Mujeres por la Educación en Guinea Ecuatorial), también es presidenta de la asociación de los guineanos miembros del YALY; es Licenciada en Administración Empresarial con especialidad en Recursos Humanos, y trabaja como Directora de Recursos Humanos en la Oficina del Defensor del Pueblo entre muchas otras cosas.

JMEA : Je vois trois ou quatre modèles de femmes. La premier est Teodosia Mónica Angue Bivini, une inconnue qui est devenue mon mentor, ma patronne, mon amie et ma conseillère. En Monica, je trouve l'exemple que je croyais utopique d'une femme qui travaille, elle est tellement entrepreneure qu'elle voit des opportunités d'emploi et de commerce où personne ne l'imagine. Elle est la fondatrice et présidente de l'organisation à but non-lucratif Iniciativa de Mujeres por la Educación en Guinea Ecuatorial (IMGE) (Initiative des femmes pour l'éducation en Guinée équatoriale), et elle est également présidente de l'association des membres guinéens du YALY (Initiative des jeunes leaders africains). Elle est titulaire d'un diplôme en administration des affaires avec une spécialisation en ressources humaines, et elle travaille à ce titre au Bureau du Défenseur du peuple, entre beaucoup d'autres choses.

GV: Il y a également Trifonia Melibea Obono Ntutumu, écrivaine, journaliste, chercheuse sur le genre et fondatrice de l'organisation “Somos Parte del Mundo” (Nous sommes une partie du monde), dédiée à la défense des droits des personnes non hétérosexuelles.

JMEA: Meli [Trifonia Melibea] está tan convencida de sus principios que la marea de insultos, opiniones negativas, desprecio y amenazas que recaen sobre ella constantemente no logran que desista. Escribe tanto que ha habido ocasiones en las que ha publicado dos novelas en menos de cinco meses y siempre se centra en la situación de las mujeres y los no-heterosexuales en Guinea Ecuatorial. Mi nueva novela favorita es su libro “La albina del dinero”, nuestras vidas se reflejan en sus páginas.

JMEA : Meli [Trifonia Melibea] est tellement convaincue de ses principes que la vague d'insultes, d'opinions négatives, de dénigrement et de menaces qui lui tombent dessus constamment ne la font jamais lâcher. Elle écrit tellement qu'il y a eu des moments où elle a publié deux romans en moins de cinq mois, et ses écrits sont toujours centrés sur la situation des femmes et des non-hétérosexuels en Guinée équatoriale. Mon nouveau roman préféré est son livre “La albina del dinero”, nos vies sont reflétées dans ses pages.

GV: Et les femmes fortes de la famille ?

JMEA: La tercera es mi tía Melania, un ejemplo de paciencia y solidaridad, se encargó de mí y de mis hermanitos cuando no tenía lo suficiente para cuidar de sí misma. Aún hoy sigue siendo el paraguas que cubre nuestra enorme familia cuando diluvia. 

La última es mi madre. Su vida y manera de entender las cosas han influido mucho en mí. Su tolerancia me ha ayudado a aceptar que nadie se merece ser juzgado si no le hace daño a otro y que nunca debo criticar a otros por lo que dicen o hacen.

JMEA : La troisième est ma tante Melania, qui est un exemple de patience et de solidarité. Elle a pris soin de moi et de mes petits frères alors qu'elle n'avait pas de quoi prendre soin d'elle-même. Encore aujourd'hui, elle est toujours le parapluie qui couvre notre énorme famille quand la pluie tombe.

La dernière est ma mère. Sa vie et sa compréhension des choses m'ont grandement influencée. Sa tolérance m'a aidée à accepter que personne ne mérite d'être jugé s'il ne fait de mal à personne et que je ne dois jamais critiquer les autres pour ce qu'ils disent ou font.

GV: À quelle distance êtes-vous de vos rêves, et à quelle distance êtes-vous de les atteindre ?

JMEA: En el futuro querría ser periodista, crear una revista y poder poner en marcha una escuela de escritura literaria.

Por ahora estoy elaborando algunos proyectos en colaboración con IMEGE (Iniciativa de Mujeres por la Educación en Guinea Ecuatorial), algunos son: “Una noche entre escritores” que consistirá en talleres de intercambio de ideas y técnicas de escritura entre escritores. También incluiremos sesiones para enseñar a hablar en público y cómo emprender. El otro es “Cita Juvenil”, un programa de radio dedicado a los jóvenes ecuatoguineanos y a los emprendedores.

Confío en que podré alcanzar muchos de mis sueños, son una de las razones que hacen que la vida me parezca algo maravilloso.

JMEA : Dans le futur, j'aimerais être journaliste, créer un magazine et lancer une école d'écriture littéraire.

Pour le moment, je travaille sur quelques projets en collaboration avec l'Iniciativa de Mujeres por la Educación en Guinea Ecuatorial (IMEGE) (Initiative des femmes pour l'éducation en Guinée équatoriale), dont l'une est “Una noche entre escritores” (Une nuit entre écrivains”) qui comportera des ateliers d'échange d'idées et de techniques d'écriture entre écrivains. Nous inclurons également des sessions pour enseigner la prise de parole en public et comment entreprendre. Un autre est “Cita Juvenil”, un programme radiophonique dédié aux jeunes équato-guinéens et aux entrepreneurs.

Je crois que je serai capable d'atteindre beaucoup de mes rêves, ils sont une des raisons qui me font paraître la vie si merveilleuse.

Si Google retourne en Chine, ce sera aux conditions du gouvernement. Au détriment des droits humains ?

dimanche 5 août 2018 à 13:40

Lancement à Pékin d'un produit de recherche musicale Google, 2009. Photo de Keso via Flickr (CC BY 2.0)

Un article de The Intercept paru le 1er août indique que le géant de la technologie Google pourrait bientôt lancer une version censurée de son moteur de recherche en Chine.

S'appuyant sur des documents internes de Google et un entretien avec une source interne de l'entreprise sous couvert d'anonymat, le média indépendant a rapporté que la société développerait une version personnalisée de son application de recherche Android pour le marché chinois. Avec le nom de code “Dragonfly”, l’application identifierait et censurerait automatiquement les sites Web tels que Facebook, Twitter, Instagram, Wikipedia, la BBC, Global Voices et bien d’autres sites actuellement bloqués par le fameux Grand Firewall de Chine.

Google a quitté le marché chinois en mars 2010 quand il a été critiqué pour son respect des ordres de censure du gouvernement. Mais ces dernières années, sous la direction de Sundar Pichai, devenu directeur général de Google en 2015, le géant de la technologie a tout mis en œuvre pour renouer avec le marché chinois malgré des implications considérables en matière de droits humains.

Lorsque Google a quitté le marché chinois, les dirigeants ont fait état de préoccupations concernant les droits humains, la censure et le blocage de l’accès à l’information. Une situation qui n'a pas changé :  la Chine a promulgué une loi sur la cybersécurité [en] en 2016 qui a renforcé les pratiques de surveillance et de censure en ligne déjà strictes du pays et obligé les entreprises étrangères opérant en Chine à fournir des données personnelles de l'utilisateur, y compris les clés de cryptage, sur demande officielle.

La source d'Intercept indique que le projet Dragonfly a accéléré après une réunion en décembre 2017 entre Pichai et Wang Huning, l'idéologue du Parti communiste chinois. Le personnel de Google a apparemment déjà effectué une démonstration de l'application pour les fonctionnaires chinois. Si elle était publiée, l'application concurrencerait Baidu [fr], le moteur de recherche national qui domine actuellement le marché chinois.

Google peut bien être prêt à compromettre les principes des droits humains pour le marché chinois, encore faut-il que le gouvernement chinois accorde au géant le droit d'entrée sur son marché.

Des documents internes indiquent également que l'application de recherche sera exploitée par un partenariat de coentreprise entre Google et une société basée en Chine (à identifier). C'est une approche standard pour les entreprises étrangères souhaitant opérer en Chine.

Des sources de The Intercept affirment que la version finalisée de l’application pourrait être lancée dans les six à neuf prochains mois, si une approbation officielle était obtenue. Mais cela pourrait ne pas être facile. Le 3 août, le média affilié au gouvernement chinois, Securities Daily, a démenti l'article d'Intercept et cité un analyste chinois affirmant que Google ne pourrait pas revenir en Chine dans un avenir proche.

L'expérience récente du géant de la technologie Facebook, en Chine, pourrait constituer un avertissement pour son concurrent de la Silicon Valley. Deux jours seulement après que Facebook a annoncé son intention d’ouvrir un centre d’innovation en Chine, l'administration chinoise Cyberspace est intervenue et a empêché Facebook d'obtenir une licence d’exploitation.

On ignore quelle sera la suite. Tandis que Google pourrait ne pas être en mesure de pénétrer en Chine dans un avenir proche, l’article d’Intercept révèle une tendance inquiétante parmi les géants de la technologie basés aux États-Unis qui semblent être prêts et même empressés à écarter les principes des droits humains pour développer leurs activités.

La source anonyme à l'intérieur de Google a déclaré à The Intercept :

I’m against large companies and governments collaborating in the oppression of their people, and feel like transparency around what’s being done is in the public interest […] what is done in China will become a template for many other nations.

Je suis contre la collaboration entre les grandes entreprises et les gouvernements pour opprimer les citoyens et je pense que la transparence autour de ce qui se fait est  dans l'intérêt public […] ce qui se fait en Chine deviendra un modèle pour beaucoup d'autres pays.

Les informations sur les projets de Google ont suscité beaucoup de discussions parmi les utilisateurs de Twitter chinois, nombreux à critiquer cette attitude.

Un utilisateur de Twitter a évoqué les activités récentes d'Apple en Chine et son essor ultérieur sur le marché boursier, un facteur de motivation potentiel pour d'autres sociétés à aller en Chine :

Aujourd'hui, Apple Inc. a fait sa réapparition. Sa valeur boursière est maintenant supérieure à 1000 milliards de dollars américains. Le facteur clé de sa croissance a été l’augmentation de 40% des ventes d’iPhones sur le marché chinois au troisième trimestre . Dans le contexte d'une guerre commerciale sino-américaine, le marché s'est inquiété de l'avenir d'Apple. Mais la bonne performance du marché chinois au troisième trimestre a renforcé la confiance des opérateurs. Le marché commence à croire qu'Apple Inc. a trouvé une issue à la guerre commerciale américano-chinoise avec sa stratégie commerciale de cibler “spécifiquement un pays”. C'est probablement la motivation derrière la stratégie de Google.

En février 2018, Apple Inc. a transféré l'exploitation de son centre de données iCloud en Chine continentale à une entreprise locale gérée par l'État, du nom de Guizhou-Cloud Big Data. La société a souligné qu'elle contrôlait toujours les clés de chiffrement des comptes utilisateurs et ne les avait pas remis. Pour les partenaires locaux, les utilisateurs chinois craignent toujours que leur vie privée ne soit compromise.

Il ne fait aucun doute que Google serait soumis aux mêmes exigences réglementaires qui l'ont conduit à quitter la Chine en 2010, mais il semble que les priorités de Google aient changé. Cela pourrait entraver considérablement les droits humains des utilisateurs en Chine – et potentiellement ailleurs, en fonction de la manière dont les infrastructures de produits et de services sont construites.

Jusqu'à présent, Google n'a pas commenté l'article d'Intercept.

Soyez le changement que vous voulez voir dans Global Voices et rejoignez notre Conseil de la Communauté !

dimanche 5 août 2018 à 13:23

Débattez au Conseil de la Communauté du devenir de GV

Le Sommet 2015 de Global Voices à Cebu City, aux Philippines. Photo : Jer Clarke CC BY-SA 2.0

Chers amis, collègues et famille de la communauté Global Voices,

En tant qu'organisation, Global Voices se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. Ces dernières années, nous nous sommes frayé un chemin à travers de profonds changements à l'intérieur de notre communauté, dans le monde qui nous entoure et dans les technologies que nous utilisons.

Pendant que notre communauté a grandi et évolué, et que la parole en ligne a migré du récit grand format sur de petites plateformes de blogs à un univers mal fichu de criailleries et de “j'aime” sur des sites de médias sociaux créés par des entreprises, nous sommes restés dédiés à amplifier les sujets peu présents dans les médias traditionnels, et à faire entendre nos voix pour la défense des droits humains en ligne.

Le moment est venu de voir grand

Nous avons souvent été à l'avant-garde pour déceler et acclimater les technologies et pratiques évolutives dans l'expression en ligne, mais nous avons aussi rencontré des défis dans l'exécution de notre mission. Nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux, mais il n'a pas toujours été aisé de construire les structures et le soutien qui nous sont nécessaires pour les atteindre.

Afin de financer et soutenir les activités pouvant nous aider à réaliser nos objectifs, nous devons repenser nos méthodes de travail. Pour que Global Voices atteigne son plein potentiel, nos responsables éditoriaux et notre équipe de direction ont besoin d'une consolidation structurelle et économique.

L'équipe de direction et le conseil d'administration de Global Voices ont voulu soutenir l'évolution de Global Voices en tant qu'organisation pour en assurer la survie, le développement et un impact amélioré sur le monde. Nous le savons, il existe un immense potentiel pour nous de tracer ensemble une voie à suivre, mais notre communauté est devenue trop étendue et diverse pour nous reposer sur des échanges ouverts et non formalisés comme méthode pour déterminer notre orientation.

Ce qu'il nous faut plutôt, c'est construire une instance de délibération à même de débattre de questions stratégiques complexes et de discuter de sujets qui concernent la communauté toute entière.

Le Conseil de la Communauté

Nous vous annonçons aujourd'hui la formation d'un Conseil de la communauté, un ensemble de membres de la communauté Global Voices qui discuteront et délibéreront ensemble des questions essentielles auxquelles nous cherchons à répondre pour aller de l'avant. Nous formerons ce groupe fin août, et délibérerons de ces questions de septembre à mi-novembre.

Avez-vous déjà pensé sérieusement à la façon dont GV pourrait faire évoluer ses priorités éditoriales ? Ou comment nous pourrions construire de nouveaux modèles de participation ? Ou développer de nouvelles méthodes de levée de fonds ? Si oui, votre moment est venu.

Posez-vous la question de rejoindre le Conseil, et préparez-vous à apporter vos idées au groupe pour en délibérer. Plus nous mettrons d'idées en commun, meilleurs seront les résultats.

Pour tout savoir sur la procédure, les qualifications et le calendrier pour le Conseil c'est ici.

Si vous voulez vous joindre, complétez le formulaire de candidature au Conseil de la communauté ! Pour participer, il faut IMPÉRATIVEMENT retourner le formulaire de candidature.

Si vous êtes contributeur ou contributrice de Lingua, et que vous aimeriez aider à traduire des documents pour la procédure de consultation, contactez Gohary.

Durant le mois d'août, nous bloguerons sur nos idées sur le Conseil, comment il prendra forme, et quels thèmes seront soulevés pour examen. Nous profiterons aussi de ce laps de temps pour assembler une équipe de gens de Lingua pour traduire les documents d'orientation et animer les discussions en différentes langues sur ces thèmes.

En septembre, le Conseil sera formé – et ce sera le début du vrai travail !

Merci comme toujours pour toute la motivation, l'attention, l'amour et le labeur que vous donnez à Global Voices !

Avec toute notre #GVAmitié,

Eddie, Ellery, Georgia, Gohary, Ivan, Jer et Kat

Le Monténégro répond à Trump qu'il n'est pas une menace pour la paix mondiale

samedi 4 août 2018 à 13:30

Scène de rue typique de Podgorica, la capitale du Monténégro, où les citoyens préfèrent largement les plaisirs des terrasses de cafés sous le splendide ciel méditerranéen à l'élaboration d'imaginaires plans guerriers. Photo par Anton Nosik, via Wikipedia, CC-BY.

Une récente saillie du président américain Donald Trump a causé la controverse à propos de l’État balkanique du Monténégro, dont il a dit que l'‘agressivité’ pourrait déclencher une Troisième Guerre mondiale.

Le commentateur conservateur de Fox News Tucker Carlson interrogeait Trump sur l'article 5 du traité de l'OTAN, qui oblige ses membres à venir en aide à un autre État membre s'il est attaqué. Pour quelle raison les fils de l'Amérique devraient-ils partir défendre le Monténégro, le tout nouveau membre de l'OTAN ? Et Trump de répondre que “le Monténégro est un pays minuscule avec des gens très forts” qui “peuvent devenir agressifs, et bravo, vous êtes dans la 3e Guerre mondiale.”

Trump se dit inquiet des clauses de l'OTAN qui exigent des USA qu'ils viennent à la défense des autres pays membres.

La petite phrase a été critiquée par les chefs de la diplomatie et les législateurs étasuniens comme étant “un cadeau à Poutine”.

Par ailleurs, selon un article de Business Insider, l'échange sur Fox News fait une interprétation erronée du fonctionnement de l'article 5. Un membre de l'OTAN à l'origine d'une guerre “ne saurait invoquer l'article 5 et requérir l'intervention des USA parce qu'il ne s'agirait pas d'une attaque contre un membre de l'OTAN mais d'une attaque par un membre de l'OTAN.”

L'histoire récente du Monténégro : la pomme de discorde entre la Russie et l'OTAN

Avec un peu plus de 642.000 habitants, le Monténégro est le plus petit État des Balkans par la population. Il est devenu indépendant en 2006. La scène politique, dominée par la même élite depuis 28 ans, y est profondément polarisée entre un gouvernement pro-Union Européenne (UE) et pro-OTAN, et une opposition composée de partis accusés de liens avec les extrémistes de la Serbie voisine et avec le Kremlin.

En 2016, les autorités monténégrines ont annoncé qu'elles avaient déjoué une tentative de coup d’État appuyée en sous-main par la Russie avec le but supposé d'empêcher le pays d'adhérer à l'OTAN.

Le Monténégro est finalement entré à l'OTAN en juin 2017 malgré la désapprobation du ministère russe des Affaires étrangères, qui a proféré officiellement une menace de mesures de rétorsion.

Au fil du temps, le Monténégro a connu son premier éclat lié à Trump lorsque le président américain a semblé pousser le premier ministre monténégrin Duško Mirković lors d'une séance de photo de dirigeants de l'OTAN. Tandis que le premier ministre a parlé d'un geste “innocent”, l'opposition interne en a fait un prétexte à des manifestations anti-OTAN.

La vidéo ci-dessous donne en 8 minutes et demi une explication concise de l'histoire récente [en anglais].

Une fois de plus, le gouvernement monténégrin a réagi aux propos de Trump de façon conciliante, en insistant sur son dévouement à l'amitié et à l'alliance avec les États-Unis. Il a fait valoir que “Dans le monde d'aujourd'hui, l'important n'est pas que vous soyez grand ou petit, mais votre degré d'attachement aux valeurs de liberté, de solidarité et de démocratie.”

Le gouvernement du Monténégro : nous sommes fiers de notre histoire, notre amitié et alliance avec les USA est solide et permanente

De l'autre côté, le politicien monténégrin d'opposition Marko Milačić a dit ‘approuver Trump’ en ce qu'il “est entré dans la zone de convergence d'opinion avec les opposants à l'adhésion à l'OTAN qui depuis des années posent la question symétrique : pourquoi les soldats monténégrins devraient-ils aller se battre à travers le monde pour défendre des peuples qu'ils étaient incapables de trouver sur une carte la veille” ? De même, il n'a pas pris au sérieux l'affirmation sur la 3e Guerre mondiale, “une blague”.

Milačić est un conservateur opposé à l'adhésion tant à l'OTAN qu'à l'UE, et on le voit brûler un drapeau de l'OTAN sur la vidéo ci-dessus. Ses autres priorités sont les valeurs familiales et le refus du mariage des personnes de même sexe.

Ce sont les USA qui ont invoqué en dernier lieu l'article 5 du traité de l'OTAN, après le 11 septembre 2001, ce qui a conduit à l'opération de l'OTAN en Afghanistan, avec une participation directe du Monténégro depuis 2010 avant même qu'il devienne membre.

Quelques possibles motivations du cliché trumpien du “Monténégrin fort”

L'affirmation que le Monténégro pourrait se lancer dans une guerre contre un pays ennemi beaucoup plus gros rappelle de nombreuses blagues en vogue dans l'ex-Yougoslavie.

Dans les Balkans, les Monténégrins ont une réputation de résistance chevaleresque aux invasions étrangères, depuis l'Empire ottoman jusqu'à la lutte contre le fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont aussi une réputation d'alliés loyaux une fois qu'ils ont conclu un pacte de par leur libre choix.

C'est ainsi que l'ancien Royaume du Monténégro a déclaré officiellement la guerre au Japon en 1904 en démonstration de soutien à son allié d'alors l'Empire russe pendant la guerre russo-japonaise. Il existe même une légende selon laquelle un officier monténégrin s'est rendu en solitaire en Extrême-Orient pour rejoindre les troupes russes comme volontaire, et a vaincu un samouraï en duel.

Alors que la culture monténégrine devenait moins militariste dans les décennies qui ont suivi la Seconde guerre mondiale, le contraste entre la taille du pays et le stéréotype des fiers et inflammables montagnards a été exploité par de nombreuses blagues, comme celle très connue sur une guerre avec le pays le plus peuplé du monde :

Pričaju dva Crnogorca:
– Znaš li mrčo da smo zaratili sa Kinezima?
– Znam. A koliko ih ima?
– Milijardu i dvjesta miliona.
– Kuku nama! Đe ćemo sahranit’ tolike ljude?

Dialogue entre deux Monténégrins :
– Tu sais qu'on a déclaré la guerre aux Chinois ?
– Je sais. Ils sont combien ?
– Un milliard deux cents millions.
– Oh là là ! Où est-ce qu'on va enterrer tous ces gens ?

On ne dispose d'aucune information sur ce qui a pu faire rendre familier à Trump le stéréotype du “Monténégrin fort”. Une théorie veut que sa femme Melania, qui a grandi en Yougoslavie, a pu avoir été exposée à cet élément de culture populaire, mais il n'y a aucune preuve publique enregistrée que Trump ait gagné d'elle une connaissance aussi fine des Balkans.

La résistance récente à la tentative de coup d’État a aussi montré que la détermination monténégrine à tenir tête aux ingérences hostiles (cette fois, de la Russie) n'est pas une blague, et a pu avoir fait impression sur les conseillers de Trump, ou sur le président russe Vladimir Poutine, avec qui il vient d'avoir une conversation privée.

L'Irak du sud enrage contre ses conditions de vie intenables

vendredi 3 août 2018 à 11:45

Des manifestants irakiens brandissent des drapeaux et scandent des slogans pendant que les forces de sécurité les arrosent au canon à eau. Capture d'écran d'une vidéo sur Youtube  ‘La colère monte en Irak, les manifestations s'étendent à la capitale Bagdad’ mise en ligne le 21 juillet 2018 par Al Jazeera English.

[Article d'origine publié le 27 juillet] Les étés sont longs et torrides à Bassora, la grande ville d'Irak du sud où les températures dépassent fréquemment les 37 degrés Celsius. Ce n'était donc pas une surprise que les habitants descendent dans les rues le 8 juillet, après une réduction par l'Iran de l'approvisionnement en énergie.

L'Iran fournit 1.400 mégawatts d'électricité à la région, soit environ 6 % des besoins irakiens estimés — mais dans un pays qui peine depuis longtemps à répondre à sa demande d'électricité, chaque mégawatt compte.

Les Irakiens sont des des manifestants chevronnés, après avoir participé ces dernières années à des protestations anti-gouvernementales à répétition. Celles-ci sont aussi devenues une sorte de rituel estival quand la chaleur de plomb met les nerfs à bout et contraint à sortir dans les rues.

Alors que la baisse de l'électricité intensifie les effets d'une brutale canicule, les manifestations se sont rapidement propagées dans neuf autres provinces méridionales, dont celles de Najaf, Kerbala, Dhi Qar, Babil, et Maysan. Elles ont aussi fini par englober d'autres problèmes qui pourrissent également la qualité de vie, comme les pénuries d'eau, la pauvreté grandissante, le chômage, la corruption endémique.

Les activistes et chefs tribaux de Bassora ont organisé leur mouvement en mettant sur pied “le Comité de coordination pour des protestations et manifestations pacifiques à Bassora” afin de produire une liste de revendications, faire l'unité et garder non-violent leur mouvement. En tête de leur liste de revendications, un calendrier de restauration d'une fourniture fiable d'eau et d'électricité à la ville.

Les manifestations ont culminé à Bassora lorsque les protestataires ont barré les rues pour paralyser les activités du port maritime d'Umm Qasr et de West Qurna, le plus grand champ pétrolier irakien, et forcé la fermeture du poste frontalier de Safwan avec le Koweit. À Nadjaf, les manifestants ont envahi les terminaux de l'aéroport et occupé le tarmac, provoquant la déviation des vols et l'arrêt du trafic aérien.

Les sentiments anti-iraniens étaient aussi à leur comble quand les manifestants ont brûlé des portraits de dirigeants iraniens, y compris ceux de Ruhollah Khomeini, le chef de la révolution iranienne, et de l'actuel Guide suprême Ali Khamenei. Ils ont scandé des slogans contre l'ingérence iranienne et incendié plusieurs sièges de partis politiques soutenus par l'Iran, comme Badr, Katiab Hezbollah et Asaib Ahl al-Haq. Les manifestants accusent ces partis d'être des agents iraniens contribuant à la mort de l'économie irakienne en coupant l'électricité et l'eau et en consommant le pétrole irakien pendant que les Irakiens souffrent.

Pendant ce temps, le gouvernement irakien donne des explications contradictoires à la décision iranienne de couper le courant. Le premier ministre Haider al-Abadi a prétendu que les coupures étaient dues à une pénurie d'électricité affectant l'Iran ; en revanche, à croire Mosaab al-Madras, porte-parole du ministère de l’Électricité, ce sont les impayés irakiens qui ont motivé la mesure.

Adel Jerian, le sous-secrétaire du ministère de l’Électricité, a avancé une autre théorie explicative de la fermeture du robinet énergétique iranien. Son hypothèse est que depuis que les États-Unis se sont retirés de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action ou JCPOA), l'Irak ne peut plus honorer le remboursement de ses dettes du fait des nouvelles sanctions imposées à l'Iran. Il a aussi indiqué que les deux pays ont engagé des négociations en vue d'un nouveau mécanisme pour les paiements irakiens.

‘Ils ont coupé l'internet pour pouvoir nous tabasser’

Le pouvoir irakien a eu la main lourde contre les manifestations. Les services de sécurité ont été déployés pour disperser la foule avec des canons à eau, des gaz lacrymogènes, et dans certains cas des tirs à munitions réelles.

Des sources médicales ont indiqué à Al Jazeera qu'au moins 14 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations. L'Observatoire irakien des droits humains (IOHR en anglais) à Bagdad, évalue à 831 le nombre des “blessés ou tués”, sans préciser les chiffres respectifs.

Une enquête de Human Rights Watch (HRW) a qualifié la riposte des autorités d'usage excessif et superflu de la force létale. Des témoins interrogés par HRW ont vu des policiers atteindre des manifestants à coups de pierres et les frapper avec des bâtons et tuyaux métalliques.

Les manifestants ont aussi rapporté que le gouvernement a temporairement coupé l'Internet le 14 juillet, une accusation ultérieurement confirmée par les tests techniques de NetBlocks, un organisme d'analyse de la censure d'internet. Les services de médias sociaux comme Telegram, Facebook et Instagram ont aussi été bloqués, une probable tentative d'empêcher les civils de partager des images des violences policières.

Un manifestant a raconté à Amnesty International :

They wanted to beat everyone and left no-one without injury. One person was shot in the leg and I saw one person bleeding from his eye. As we retreated, one of them [Iraqi Special Weapons and Tactics] grabbed me and one beat me. When I struggled away, he threw the baton at me and broke my arm. They cut off the internet so they can beat us.

Ils voulaient frapper tout le monde et ne laisser personne indemne. Une personne a reçu une balle dans la jambe, et j'en ai vu une autre saigner de l’œil. Pendant notre retraite, l'un d'eux (les Armes et tactiques spéciales irakiennes) m'a agrippé et un autre m'a roué de coups. Quand j'ai réussi à fuir, il a lancé sa matraque sur moi et m'a cassé le bras. Ils ont coupé l'internet pour pouvoir nous tabasser.

Des accusations niées par le premier ministre Abadi. L'accès à Internet a été rétabli depuis, mais certains sites de médias sociaux restent inaccessibles.

Le pouvoir irakien serait aussi en train de mener une vaste opération pour retrouver et arrêter les contestataires. Selon Hesam al-Hashemy de l'IOHR, “les autorités irakiennes ont arrêté 348 personnes pour participation aux rassemblements, dont 314 ont été remises en liberté contre la signature d'un engagement de ne plus organiser ou appeler à aucune manifestation par la suite.”

Réponses politiques

Pour tenter d'apaiser la contestation, le premier ministre Abadi a formé une commission pour examiner les revendications, en plus des promesses d'emplois pour ceux qui vivent à proximité des champs pétrolifères et de trois milliards de dollars pour améliorer les services publics à Bassora.

Muqtada al-Sadr, le haut dignitaire chiite et vainqueur des élections parlementaires de mai, a pris le parti des manifestants. Il a réclamé une prolongation des pourparlers de formation d'un gouvernement jusqu'à la satisfaction des demandes des protestataires, et a proposé de constituer une commission pour discuter avec ces derniers.

L'ex-premier ministre Ayad Allawi pense quant à lui que la formation d'un gouvernement provisoire est le seul moyen de répondre aux besoins des contestataires. Il affirme également que les élections de mai étaient truquées et appelle à l'organisation d'un nouveau vote.

Peu de politiques se sont intéressés aux manifestations, et ceux qui l'ont fait semblent ignorer délibérément ce qui les a provoquées.

Tous les signes indiquent que ce que réclament les Irakiens du sud, ce n'est pas un rafistolage provisoire, mais bien la restructuration d'un système politique qui les laisse dépourvus d'eau potable, d'électricité régulière ou d'emploi rémunérateur.