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Conchita Wurst, la gagnante barbue de l'Eurovision que les Russes haïssent

lundi 12 mai 2014 à 14:58
Conchita Wurst, performing "Rise Like a Phoenix," May 10, 2014, YouTube.

Conchita Wurst chantant “Rise Like a Phoenix,” 10 mai 2014, YouTube.

[Tous les liens sont en russe, sauf mention contraire]

Originaire d'Autriche, un travesti homosexuel et barbu a remporté l'édition 2014 du concours Eurovision de la chanson [français]. Thomas Neuwirth, plus connu sous son nom de scène Conchita Wurst [français], a devancé les artistes des Pays-Bas, de la Suède et de 34 autres nations. Entre humour et homophobie, les internautes russes ont réagi à la victoire de Wurst. 

Les objections à la participation de Wurst à l'Eurovision remontent à il y a déjà plusieurs mois. En décembre 2013, des hommes russes et biélorusses ont lancé des pétitions afin d'empêcher les chaînes de télévision de retransmettre le concours musical, si Wurst venait à y prendre part. Hébergé par le site américain Change.org, la pétition biélorusse a recueilli plus de 4 000 signatures, contre 23 000 pour la pétition russe

Après la victoire de Wurst, des Russes ont posté différents mèmes. Certains ont ainsi tenté de ridiculiser l'inhabituelle barbe de l'artiste, tandis que d'autres ont remis en question la présumée permissivité culturelle de l'Europe. 

Les Autrichiens ont changé.

De nombreux blogueurs ont juxtaposé des images de Wurst avec celles de célèbres figures historiques autrichiennes, comme l'empereur François-Joseph et Mozart, suggérant qu'au fil du temps, l'Autriche – et l'Europe – a perdu de sa qualité artistique et ne respecte plus les valeurs traditionnelles.

D'autres internautes ont opposé Wurst et Alexander Mojaev [anglais], plus connu sous le nom de “Babaï” (le “croquemitaine”), le célèbre barbu séparatiste pro-russe de Slaviansk, dont l'impressionnante pilosité faciale est devenue un symbole de la stoïque masculinité des rebelles ukrainiens.

Mais rien n'a changé en Russie. “Deux mondes. Deux enfances.”

Rykov: Pour la première fois en deux semaines, je me suis forcé à me raser.

Demyanov: J'image dans quel état doit se trouver Babaï.

Le site nationaliste russe Sputnik & Pogrom a tweeté une image mettant en garde les Ukrainiens contre l'intégration européenne, qui les exposerait aux valeurs culturelles prônées par des personnes comme Wurst. Le message ci-dessous utilise le visage de Wurst afin d'effrayer les Ukrainiens du sud-est dans le cadre du référendum séparatiste, organisé le 11 mai.

Ukraine, tu souhaites intégrer l'Europe ? Conchita t'attend ! Le 11 mai, rendez-vous au référendum, ou l'ours bleu viendra à vous!

Quelques messages au vitriol ont impliqué des hommes partageant des photos les représentant en train de se raser, afin de protester contre Wurst. Le rappeur Aleksandr Stepanov, alias “ST”, a ainsi diffusé ce genre de photos sur son compte Instagram, avec le message “Je passe le témoin”, et le mot-clic “Prouve que tu n'es pas Conchita” (#докажичтотынекончита). Anton Korobkov, un blogueur pro-Kremlin populaire, a également posté un “selfie” de lui en train de se raser.

Viens de regarder l'Eurovision. Devais me raser. 

Un autre rappeur russe, Timur Yunusov [français], connu sous le nom de “Timati”, a fait l'éloge du post de Stepanov. Il a également remercié Vladimir Poutine d'avoir “interdit les parades homosexuelles à Moscou”, et critiqué l'Europe pour la “normalisation” des femmes barbues. Le rappeur explique qu'il attaquerait volontiers n'importe quel couple gay en Russie qui oserait se tenir la main et s'embrasser en public.

Aleksandr Stepanov's clarion call to Wurst haters. May 10, 2014. Instagram screen capture.

Appel d'Aleksandr Stepanov à tous ceux qui haïssent Wurst. 10 mai 2014. Capture d'écran d'Instagram.

Malgré l'inquiétude quant au soi-disant effondrement culturel de l'Europe, Wurst n'est pas le premier transsexuel à remporter l'Eurovision. En 1998 [français], l'Israélienne Dana International [français], qui a changé de sexe en 1993, a gagné le concours. Cette année-là, la Russie n'a pu prendre part à la compétition, en raison des faibles scores obtenus les années précédentes. Dès lors, la compétition ne fut pas retransmise à la télévision russe.

L'Eurovision a toujours troublé les homophobes russes. Les performances restent flamboyantes et difficiles à concilier avec le concept traditionnel de la masculinité. Avec le conflit en Ukraine, les tensions est-ouest sont arrivées à un point culminant de l'ère post-soviétique, tandis que les attaques contre les gays augmentent le chauvinisme patriotique russe.

Bien sûr, le spectacle d'un transsexuel et homosexuel barbu remportant un concours de chant a quelque peu pimenté les choses.

D'une terrasse de café à la prison : l'incroyable mésaventure de deux militants en Algérie

lundi 12 mai 2014 à 10:27

Ils s'appellent Mohand Kadi et Moez Benncir. Le premier est Algérien et le deuxième est tunisien.  Ils sont jeunes. Ils croient en la démocratie. Ils militent pour le changement. Et ils se retrouvent en prison à Alger depuis le 16 avril dernier. Leur tort ? Avoir pris un café sur une terrasse à Alger au moment où une manifestation pacifique du mouvement contestataire «Barakat !» avait lieu au centre de la capitale Algérienne.

Campagne pour la libération de Mohand et Moez - Domaine public

Campagne en ligne pour la libération de Mohand Moez et Moez Benncir – Domaine public

Privés de liberté depuis le 16 avril dernier, date de leur arrestation, à la veille de l’élection présidentielle algérienne, ces deux jeunes ont été présentés aux juges du parquet du tribunal de Sidi M’hamed d’Alger le 11 mai. Ce parquet a requis, au moins une année de prison ferme à l’encontre de Mohamed Kadi et Moêz Bennacir, Accusés «d’attroupement non armé qui peut troubler la tranquillité publique», ils passeront encore plusieurs jours dans la cellule de la célèbre prison algéroise Serkadji en attendant leur verdict le 18 mai prochain.

Dans cette vidéo, des dizaines de manifestants ont organisé, le 30 avril dernier, une marché à Azazga, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, en Kabylie, située à plus de 100 Km de la capitale Alger, pour manifester leur solidarité avec Mohand Kadi et Moêz Benncir :

Privé de liberté, oui, mais pas de solidarité. A Alger, un collectif d’avocats a vu le jour pour les défendre contre cet abus de pouvoir. «Ces deux jeunes n’ont même pas participé à une manifestation ou un quelconque rassemblement. Ils ont été arrêtés alors qu’ils se trouvaient sur une terrasse de café Algérois. Ils ont été interpellés pour la simple raison qu’ils activent dans une organisation appelée Rassemblement Action Jeunesse (RAJ). Leur procès est un procès politique», souligne pour sa part,  avocat et défenseur des droits de l’homme, Abdelghani Badi qui travaille durement pour porter secours aux deux jeunes emprisonnés depuis bientôt plus de 25 jours.

Pour cet avocat, ce procès est une première dans les annales. «Ils ont fait la prison avant même qu’on ne les juge. Aucun article de loi n’exige la détention préventive pour des personnes qui ont participé à un attroupement. Aucune procédure judiciaire n’a été respectée dans cette affaire», s’indigne encore notre interlocuteur.

Selon Abdelghani Badi, l’un des membres du collectif d’avocats constitué spécialement à l’occasion de cette affaire de violation des droits civiques qui défraie la chronique en Algérie, le régime politique algérien cherche à effrayer les autres militants Algériens en traitant sévèrement Mohand Kadi et Moez Benncir. «Les autorités algériennes tentent d’insuffler la peur pour empêcher les jeunes Algériens de réclamer leurs droits et manifester pacifiquement dans leur pays. Au cours du procès, la juge a longuement interrogé Mohand et Moez sur leurs relations avec le mouvement «Barakat !» et RAJ comme si faire partie d’une organisation de la société civile ou d’un collectif citoyen constituait une infraction à la loi», dénonce encore cet avocat.

En attendant le verdict prévu le 18 mai prochain, sur les réseaux sociaux et sur le terrain, une large mobilisation a été enclenchée pour soutenir Mohand Kadi et Moez Benncir et réclamer leur libération immédiate. Un collectif Libération Mohand Moez a été créé sur Facebook afin de sensibiliser l’opinion publique algérienne au sort de ces deux  jeunes militants membres du réseau RAJ qui active pour la défense des libertés publiques et la promotion des droits des jeunes en Algérie. Plusieurs témoignages de solidarité ont été diffusés sur les réseaux sociaux comme l’appel lancé par l’écrivain engagé et journaliste algérien Mustapha Benfodil qui a dénoncé un procès Kafkaïen. «Nous sommes le seul pays au monde à qualifier de “manifestation illégale” le “rassemblement” de deux jeunes dans un café», s’est-il indigné.   

Mohand Kadi et Moez Benncir ont bénéficié enfin d’un mouvement de solidarité internationale puisque de nombreux ONG internationales comme Amnesty International et Human Right Watch ont exprimé publiquement leur indignation et réclamé leur libération ainsi que la fin de leur harcèlement judiciaire. Reste à savoir si le 18 mai prochain, le régime algérien va plier devant ces pressions intérieures et extérieures. En attendant, Mohand Kadi et Moez Benncir passent encore leurs nuits en prison.  

Pourquoi les blogueurs sont une menace pour le gouvernement éthiopien

dimanche 11 mai 2014 à 20:01

freezone9bloggres

Par Beza Tesfaye. Ce billet est d'abord paru sur le site Africa is a Country.
Écrire ces lignes a cet effet de me rappeler assez sinistrement qu'en Éthiopie, exprimer son opinion peut vous valoir un aller simple pour la case prison.

Du 25 au 26 avril 2004, neuf blogueurs et journalistes éthiopiens ont été arrêtés. Alors que nous célébrions la Journée Mondiale pour la Liberté de la Presse, ces derniers étaient retenus dans le fameux bureau central des enquêtes d'Abbis Abeba. Bien que non inculpé, le groupe est accusé de “collaboration avec défenseurs des droits de l'homme étrangers” et d'”d'usage des réseaux sociaux orienté vers la déstabilisation du pays”. Si jamais des poursuites sont diligentées en application de la controversée loi anti-terrorisme éthiopienne, ces derniers s'exposeraient à la peine capitale.
Ces arrestations s'inscrivent dans une tendance inquiétante en Éthiopie, pays fréquemment classé comme l'un des plus liberticide en matière de liberté de la presse ces dernières années. D'après le Comité de Protection des journalistes, l’Éthiopie est le pays où le plus de journalistes fuient leur territoire [liens en anglais]. Pour ceux qui restent, l'éventualité d'être poursuivi pour fait de terrorisme alors qu'ils critiquent le gouvernement est un risque tout sauf hypothétique. En 2009, lorsque une Déclaration contre le terrorisme, à la fois vaste et ambiguë, était en discussion, Human Rights Watch alertait en ces termes :

“Si le projet est adopté en l'état, il pourrait donner une base légale au gouvernement éthiopien pour se doter d'un instrument apte à saper tout comportement dissident, y compris des manifestations pacifiques ou des critiques publiques de mesures gouvernementales jugées constitutives d'un soutien aux activités armées d'opposition”

Depuis l'adoption de la loi, les répercussions immédiates ont été en parfaite adéquation avec les prédictions des mouvements de défense des droits. En moins de quatre ans, plus de 200 personnes ont été arrêtées au titre de la loi anti-terrorisme. Plus de 35 journalistes et leaders d'opposition ont été reconnus coupables de terrorisme.
Les dernières victimes de cette politique répressive semblent être six jeunes militants, membres d'un groupe de blogueurs dénommé Zone 9, ainsi que trois journalistes. La date des arrestations a ironiquement coïncidé avec la visite du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui exprimait des inquiétudes au sujet du groupe dans une conférence de presse. Des manifestations d'indignation se répandent aussi rapidement sur les réseaux sociaux ; que cela soit sur Facebook, Twitter voire sur un site tumblr. Sur le blog Zone 9, on peut toujours lire la devise de ses auteurs : “Nous bloguons car nous nous sentons concernés”. (“We blog because we care”)
Parmi les journalistes arrêtés la semaine dernière se trouve Tesfalem Waldeys, un reporter chevronné, un temps rédacteur en chef du très populaire journal Addis Neger. Le journal avait été l'un des premiers à fermer après l'entrée en vigueur de la loi Anti-Terrorisme. Alors que plusieurs de ses confrères de Addis Neger ont fui le pays, Tesfalem est resté et s'est forgé une réputation en tant que journaliste indépendant expérimenté et respecté.
En 2012 Tesfalem a écrit un article titré :”Quand l'acte de reportage est un acte de terrorisme”. Il y décrit l'effet paralysant de la loi Anti-terrorisme sur le journalisme en Éthiopie :

“La peur et l'autocensure est répandue chez les journalistes éthiopiens. Nombreux sont mes confrères frustrés. Ils ne voient rien d'autre qu'un horizon bouché pour la profession. Certains s'interrogent sur l'éventualité d'un exil. Le peu d'entre eux avec qui j'ai parlé s'attend à être arrêté à brève échéance. Personne ne sait qui sera le prochain sur la liste”.

Peut être Tesfalem portait-il une attention trop méticuleuse à ses reportages et se dédiait-il avec trop de ferveur à son métier pour ne pas envisager le fait qu'il serait un jour le prochain sur la liste. Si collaborer avec le système pour le changer de l'intérieur est une approche prudente pour faire progresser les choses, en Éthiopie – là où les lois sont faites par opportunisme politique – il n'y aucune raison de croire qu'un comportement intègre permet de se prémunir d'une arrestation arbitraire. A long terme, de telles mesures vont radicaliser même les pacifistes et modérés les plus convaincus. Cette loi anti-terrorisme, en réalité, renforce l'opposition.
Il est pour moi déconcertant qu'un gouvernement qui se targue du programme de sécurité le plus complet et sophistiqué de l'Afrique subsaharienne considère un groupe de blogueurs et de journalistes comme une réelle menace. Si encore l'utilisation des réseaux sociaux était aussi répandue que dans les pays du Printemps Arabe, ou si l'accès à une presse indépendance était aisé dans les zones non urbanisées, il y aurait là matière à préoccupation. Mais dans un pays où seulement 1,5% de la population fait usage d'internet et où 61% de la population adulte est illettrée, il est en réalité difficile de concevoir une manière pour ces auteurs de déstabiliser le pays.
Finalement, la récente réponse répressive démontre que les gouvernements craignent toujours les idées neuves, parce qu'elles remettent en cause le statu quo et qu'elles disposent d'un pouvoir de contagion que la solution carcérale ne peut endiguer.
Au cours des dernières années, le récit de l’Éthiopie était celui de la croissance et du développement. Bien que nous devions nous montrer reconnaissant quand il le faut, pourquoi serait-il inacceptable de demander davantage ? En quoi demander un État de droit est-il une mauvaise chose ? Quid des droits de l'homme ? D'élections libres et régulières ? Lorsque vous vous exprimez sur le besoin de démocratie en Éthiopie – ou dans d'autres pays en développement -les gens vous regardent tout de suite de travers en vous recommandant de ne vous préoccuper de démocratie qu'après avoir réglé les problèmes de pauvreté, de famine et de VIH/SIDA. Il leur faudra peu de temps pour vous coller l'étiquette d'idéaliste ou vous faire remarquer qu'on vous a lavé le cerveau à coup d”idéaux occidentaux”. Reste qu'il y a une approche paternaliste qui confine au racisme dans l'idée même de voir dans les personnes démunies des pays en développement, des êtres en seule quête de nourriture et de services de base.
La menace qu'incarnent les blogueurs éthiopiens, journalistes et autres esprits libres tient au fait qu'ils portent une idée radicalement nouvelle, celle d'un pays plus libre et plus démocratique. Ils représentent une génération de jeunes Africains qui a l'audace de demander davantage aux gouvernements dont la source de légitimité est fondée sur la pauvreté malheureuse de la population de leur pays. Cette idée, que les arrestations des blogueurs et journalistes ont rendues encore plus contagieuses, continue de prospérer en leur absence.

Le Yémen a un incroyable talent !

dimanche 11 mai 2014 à 18:23

[Liens en anglais] Si vous effectuez une recherche Google sur le mot “Yémen”, vous obtiendrez probablement des gros titres sur des frappes de drones, des attaques d'Al Qaïda, des enlèvements ou des assassinats. Mais le Yémen est bien davantage que toute cette violence que vous pouvez lire dans les média. Le Yémen est une terre d'histoire, de patrimoine et d'humanité, bien que l'intérêt qu'on lui porte se soit éloigné de tout cela ces derniers temps.

Comme la chercheuse Atiaf Alwazir le fait remarquer:

Nous ne sommes pas que des titres dans les média. Nous sommes un pays, plein de diversité, de beauté et d'amour. Visitez-le !

Voici quelques uns des nombreux membres de la talentueuse jeunesse yéménite dont vous n'avez probablement pas entendu parler. Il y a des metteurs en scène qui marquent le cinéma de leur empreinte, un vidéaste qui a l'oeil pour capturer la beauté, une photographe défiant les normes sociales et les stérétotypes, un artiste talentueux avec un message et un musicien qui joue de façon impressionnante des airs occidentaux modernes sur un vieil instrument oriental.

Sarah Ishaq

Ameen Alghabri, Sara Ishaq and AbduRahman Hussain at the Oscars

Ameen Alghabri, Sara Ishaq et AbduRahman Hussain aux Oscars

Sarah est une réalisatrice yéméno-écossaise de 29 ans dont le film a documenté le jour le plus sanglant de la révolution yéménite: le 18 mars 2011, connu sous le nom de Vendredi de la Karamah ou Vendredi de la Dignité. Ce film l'a menée aux Oscars, ainsi que deux autres cinéastes yéménites qui ont travaillé dessus, Ameen Al Gaberi et Abdul Rahman Hussain. Elle a été la toute première Yéménite et l'une des rares Arabes à parvenir à ce résultat. Son film, Karamah has no walls [La dignité n'a pas de murs], fut nominé à la Cérémonie des Oscars de 2014 dans la catégorie des courts métrages documentaires.

Sarah a réalisé un autre film: “The Mulberry House” [La maison des mûres] est un film personnel, un récit de sa famille et de la révolution au sein de son foyer, faisant écho à l'agitation au-delà de ses murs pendant le Printemps arabe. Son second documentaire fut projeté dans de nombreux festivals, dont le Festival international du film documentaire et le Festival du film de Human Rights Watch. Elle est en train de travailler à son troisième documentaire.

Un autre film, du réalisateur yéménite Mohammed Al-Asbahi, est arrivé finaliste à TropFest Arabia 2013. “Adults Only” [Pour adultes uniquement] est une histoire tragique sur les épouses-enfants au Yémen.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par TROPFEST Arabia)

Cependant, c'est en 2005 qu'est sorti le tout premier long métrage du Yémen, également le tout premier film yéménite à être projeté au Festival de Cannes: réalisé par le cinéaste anglo-yéménite Bader Ben Hirsi, il s'intitule “A New Day in Old Sana'a” [Un nouveau jour dans l'ancienne Sanaa]. Pendant 90 minutes, ce film romantique explore un conflit réel entre les valeurs modernes et les vieilles traditions dans la société musulmane conservatrice du Yémen.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par abdullah4140)

Abdurahman M. Hussain
Ce talentueux cinéaste, que ses amis surnomment l'Afro, est la colonne vertébrale de la campagne médiatique SupportYemen qui souligne les problèmes sociaux et politiques du Yémen. Abdulrahman a co-réalisé et co-écrit “The Gift Maker” [Le faiseur de cadeaux], co-réalisé “Karamah Has No Wall” [La dignité n'a pas de murs] et a aussi réalisé et édité toutes les vidéos de SupportYemen, qui peuvent être vues ici.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par Zoomcompetition)

Ameen Alghabri
C'est un cinéaste et directeur de la photographie yéménite aux multiples talents qui a contribué à de nombreux films et documentaires yéménites, dont “Karamah Has No Wall” [La dignité n'a pas de murs]. Il est également l'un des meilleurs photographes du Yémen et capture la beauté de ses paysages sans pareils. Son site web offre un aperçu de son travail photographique remarquable et largement diffusé.

Ziryab Alghabri

Ziryab Alghabri est un vidéaste de talent qui a co-réalisé et produit des films tels que “The Gift Maker” [Le faiseur de cadeaux], vainqueur du concours Zoom du British Council. Il a récemment produit cette bande-annonce incroyable de “Socotra Island” [L'île de Socotra] qui fait partie d'un projet de promotion de cette superbe île du Yémen.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par gabreez studioz)

Abdulrahman Jaber
Addulrahman Jaber est un artiste graphique, créateur et photographe doué d'un esprit créatif et d'une passion pour créer des marques d'envergure mondiale. Son site web nous éclaire sur ses multiples talents et sur les travaux auxquels il a contribué.

Boushra Almutawakel
Boushra Almutawakel est une photographe indépendante et mère de quatre enfants. En 1999, elle a été déclarée première femme photographe du Yémen et est célèbre pour ses audacieuses séries de portraits en hidjab. Ses travaux défient aussi bien les normes sociales dans lesquelles elle a été élevée que la vision occidentale stéréotypée des femmes du Moyen-Orient.

The Hijab Series: Mother, Daughter, Doll by Boushra Almutawakel

La série Hijab: Mère, Fille, Poupée par Boushra Almutawakel

Murad Subay

Murad Subay at work

Murad Subay au travail

À vingt-six ans, Murad Subay est un graffeur de talent surnommé le Banksy du Yémen et qui utilise son art pour lancer pacifiquement des appels à l'action en mettant en évidence des messages politiques et sociaux sur les murs de la ville. En mars 2012, le jeune artiste a entamé sa première campagne “Mettez de la couleur dans vos rues”, la première du genre au Yémen. En septembre 2012, dans une deuxième campagne appelée “Les murs se souviennent de leurs visages”, il a peint les visages des victimes de disparitions forcées à Sanaa, Ibb, Taiz et Hodeida. Le 4 juillet 2012, le jeune artiste a commencé une campagne appelée “12 Hours” [12 Heures] consistant à peindre les murs de la capitale Sanaa avec un thème différent pendant 12 heures et au cours de 12 mois consécutifs. Ses campagnes vont des enlèvements organisés par l'Etat au contrôle des armes à feu en passant par le sectarisme et une campagne anti-drones.

A graffiti by Murad Subay demanding a weapon-free peaceful life.

Un graffiti par Murad Subay réclamant une vie pacifique et sans arme.

Décrivant son art, Murad dit: “l'art de rue a une incroyable capacité à mettre un problème en avant en un instant. Sur des sujets comme le fanatisme, je n'ai pas besoin d'un discours d'une heure, avec l'art de rue je n'ai besoin que d'une fraction de seconde.”

Noon Al-Arabiya a interviewé Subay en 2012 dans cette vidéo qui montre ses peintures murales.

En 2014, Subay a reçu le prix “Art pour la paix”, décerné chaque année par la fondation italienne Veronesi à des artistes du monde entier engagés dans la diffusion de la culture de la paix à travers leur art. Il recevra sa récompense le 14 novembre à Milan, lors de la 6e Conférence internationale pour la paix.

L'activiste yéménite Rooj Al-Wazir a diffusé une partie de l'oeuvre de Subay sur son compte Instagram avec ce commentaire :

Des artistes et activistes yéménites amènent souvent leur talent et leurs opinions dans la rue, là même où se trouve la résistance. Ces murs de ciment ont été des plus utiles à la création d'images pour la justice sociale. #art #graffiti #socialjustice #creativeresistance #sanaa #yemen

Ahmed AlShaiba

Le Yéménite Ahmed Alshaiba est un musicien talentueux qui fait, encore une fois, une démonstration de son habileté avec une version des Pirates des Caraïbes jouée sur un instrument à cordes du Moyen-Orient, l'oud.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par Ahmed AlShaiba)
Son sensationnel premier tube “Smooth Criminal” a été largement diffusé sur les média sociaux.

Ceci n'est qu'une courte liste des nombreux jeunes aux multiples talents dont le Yémen est riche et fier de posséder. Comme vous pouvez le constater, le Yémen a un incroyable talent !

Vidéo : Les dessins d’un jeune prodige serbe impressionnent le monde artistique

samedi 10 mai 2014 à 15:41

Dušan Krtolica, 11 ans, de Belgrade, a surpris le monde artistique local et régional avec ses impressionnants dessins au crayon et au stylo qui représentent de manière très détaillée des dinosaures, divers animaux, des chevaliers, etc.

D’abord en Serbie, puis dans d’autres pays, les médias ont découvert le prodige en février 2014, mais le jeune artiste dessine depuis plusieurs années et a déjà réalisé trois expositions. Des artistes plus expérimentés et des personnes habituées à débusquer des talents ont fait état de leur admiration devant l’étendue de la connaissance de l’anatomie des animaux que l’enfant dessine et ses compétences hors du commun. Beaucoup d’experts lui prédisent une longue et prestigieuse carrière, certains présagent même qu’il apportera un nouveau souffle au monde artistique. Toutefois, Dušan Krtolica hésite encore entre une carrière artistique ou des études en zoologie.

Le jeune artiste publie parfois sur YouTube des vidéos le montrant à l’œuvre.