Célébrations et jubilation près du siège du gouvernement à Bujumbura après le renversement de Pierre Knurunziza
Quelques jours après l'annonce par le président Nkurunziza du Burundi de sa candidature à un troisième mandat, le General Godefroid Niyombare a annoncé qu'il avait limogé l'actuel gouvernement et qu'il était aux responsabilités jusqu'à nouvel ordre. Le gouvernement dément qu'un coup d'état ait eu lieu et parle de “farce”. La situation est de toute évidence encore très fluide au Burundi, mais voici un résumé de ce que l'on sait et de ce qui est encore peu clair à Bujumbura, la capitale, par Penelope Starr (via le UN Dispatch blog):
Le Président Nkurunziza n'était pas dans le pays quand le coup d'état a été annoncé (mais personne ne sait s'il est de retour) : le président assistait à un Sommet des nations d'Afrique de l'est quand le coup a été annoncé. Il a tenté de revenir en avion, mais on ne sait pas s'il y est parvenu.
Il ne s'agit pas (seulement) de conflits ethniques :
Nkurunziza et le General Niyombare sont tous deux d'anciens leaders des rebelles Hutu. Ils appartiennent aussi tous deux au même parti au pouvoir, et Niyombare a été tout à la fois ambassadeur au Kenya et responsable du Renseignement, poste dont il a été limogé cette année.
Comme au Burkina Faso cette année, l'opinion publique au Burundi semble être favorable au coup d'état, comme moyen de s'opposer aux ‘mandats à vie’ des présidents africains.
Ce qui se passe aujourd'hui au Burundi rappelle ce qui a eu lieu en fin d'année dernière au Burkina Faso, quand le président Blaise Compaoré a été déposé par les militaires après avoir annoncé son intention de briguer un nouveau mandat. La situation au Burkina Faso est toujours mouvante, c'était un moment clé, la population a massivement soutenu le coup d'état, exaspérée par les décennies au pouvoir de Compaoré (…). La situation au Burundi est aussi différente à cause de la guerre civile qui a pris fin en 2005.
Mon ami et collègue Espíritu Bautista est mort il y a quelques semaines. C'était une personne très sage et charismatique, il va beaucoup manquer à sa communauté : le peuple Yanesha de la région centrale du sud du Pérou, et il va manquer à tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui. Espíritu était une des dernières personnes de sa communauté qui avait une connaissance profonde et précise de la musique et de l'histoire des Yanesha.
Espíritu Bautista. Photo by Anna Lazuli
J'ai eu l'immense privilège de travailler avec Espíritu chaque année au Pérou entre 2008 et 2013, de l'aider à mettre en place les archives historiques de transmission orale des Yanesha, un projet numérique qui rassemble de nombreuses heures de musiques et histoires traditionnelles, enregistrées par Espíritu Bautista et Richard Chase Smith.
Espíritu aimait manger du poisson (il disait souvent : « mon peuple préfère ne pas manger des oiseaux”), il avait toujours un conseil judicieux à donner ou une histoire étonnante à raconter. Il était capable de présenter la musique ou les histoires Yanesha d'une façon très vivante et significative. Voici quelques exemples extraits de son catalogue qui vous permettront de découvrir un peu l'héritage Yanesha :
Mellañotheñrexh | Ce chant est celui des dieux de la nature qui, lorsque nous fixons notre attention sur de bonnes choses, sont toujours bienveillant pour nous.
Rrartsorexh | Ce chant vient de notre mère Yuca. Nous le chantons lorsque nous plantons le manioc, pour qu'il croisse le mieux possible.
Yachor Pallá | C'est l'histoire de notre mère Palla, une épouse de l'Inca. Elle nous a donné le coton que tissa notre soeur l'araignée pour que nous puissions obtenir notre costume traditionel: la cushma.
Un nouveau tremblement de terre de magnitude 7,3 a frappé le Népal mardi. Il y a eu plus de 50 morts et un millier de blessés dans le pays et chez ses voisins, car des constructions, déjà fragilisées par le séisme beaucoup plus fort du mois dernier, se sont effondrées. Photo Sumit Shrestha. Copyright Demotix (12/5/2015)
Le Népal commençait à revenir à la vie normale après le tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a dévasté le pays le 25 avril. Un second séisme de magnitude 7,3 l'a de nouveau secoué le 12 mai.
Beaucoup de monde dans la rue. Gros tremblement de terre au Népal.
Cette fois c'était un jour de semaine. Le 25 avril, c'était samedi et les gens étaient à la maison. Le 12 mai en revanche, ils étaient pour la plupart sur leurs lieux de travail. La circulation était en plein chaos après le séisme.
Plus de 8.000 personnes ont été tuées dans le séisme du 25 avril. Cette fois, on compte pour le moment 57 morts, et un millier de blessés. Le district de Dolakha a été particulièrement atteint, avec 34 morts connus et 90 % de maisons écroulées, selon les première informations collectées par la police népalaise.
Kashish Das Shrestha et d'autres utilisateurs de médias sociaux ont publié des photos de différentes parties de Katmandou.
Ce bâtiment s'est effondré à Naya Bus Park dans le séisme d'aujourd'hui ; les forces de sécurité népalaises travaillent au sauvetage d'une femme âgée à l'intérieur
Nous y voilà de nouveau. Alors que les gens allaient seulement revenir à la normale, le nouveau tremblement de terre au Népal les a de nouveau extraits de leurs maisons.
Couldn't dare to stay inside! Back to tent to live wid nature- open field, starry night, mosquitoes… #NepalEarthquake2
On n'ose plus rester dedans ! Retour sous la tente pour vivre dans la nature, en plein air, à la belle étoile, les moustiques…
Le portail en ligne populaire Onlinekhabar a publié un photo-reportage sur l'épreuve de ceux qui passent la nuit dehors.
La semaine dernière, le gouvernement népalais avait demandé aux sauveteurs et humanitaires étrangers de rentrer dans leurs pays puisque la situation se normalisait et que l'administration pouvait gérer la suite. Sans les équipes de nombreux pays déjà sur le chemin du retour, les opérations de sauvetage vont être compliquées.
Les Népalais avaient commencé à retourner à leurs vies normales, pour se remettre et reconstruire. Ils vivent à nouveau dans la peur après le second séisme.
Kashish Das Shrestha a tweeté :
Any sense of calm that may have been restored amongst Nepalis has perhaps just collapsed with today's terrifying and long earthquake.
L'apaisement qui avait pu être restauré chez les Népalais vient peut-être de s'effondrer avec le long et terrifiant tremblement de terre d'aujourd'hui.
Huit personnes ont été blessées, dont deux gravement, quand une scène à cinq mètres du sol s'est effondrée durant la répétition d'une chorale de policiers. Ils répétaient pour participer à un concours à Bijie-Ville, dans la province de Guizhou, le 8 mai.
L'accident a été enregistré, et la vidéo est devenue virale en ligne. Au lieu de manifester de la compassion, les internautes chinois ont ri de l'incident, avec des commentaires tels que “Le rêve chinois est trop lourd !” ou “C'est le spectacle de l'effondrement du rêve chinois”, qui fait référence à la phrase souvent citée du président XI pour provoquer un renouveau national. Ci-dessous, une copie sur YouTube de la vidéo :
Le thème de ce concours de chant était “Le rêve chinois et la beauté du travail”. Il fait partie du programme de propagande nationale, organisé conjointement par la Fédération des syndicats de toutes les Chine, le Département central de la propagande et la télévision officielle chinoise (CCTV).
Sur Twitter, @hnjhj s'est moqué du ton du présentateur de la chaine CCTV et a commenté :
Pour souhaiter la Fête des mères à notre mère-patrie, le Théâtre municipal de Bijie dans la province de Guizhou a présenté un “Effondrement du rêve chinois” à grand spectacle.
Construit en 2008, le théâtre est un bâtiment connu de la ville de Bijie. Sa construction a couté environ 90 millions de Yuans (environ 14,5 millions de dollars). La fragilité de la scène a rappelé la rapidité avec laquelle les écoles en “tofu” se sont effondrées en 2008 lors tremblement de terre du Sichuan, tuant des milliers d'élèves. L'expression “restes de tofu’, allusion aux restes lors de la fabrication du tofu, est souvent utilisée pour se référer à des ouvrages mal construits.
La remarque sarcastique sur un rêve chinois trop lourd laisse deviner le mécontentement des citoyens chinois face aux slogans politiques vides. Le caricaturiste Biaotailajiao a exprimé ce sentiment avec un dessin (voir illustration) d'un bateau plein de policiers en train de couler.
Cependant, les articles sur cet incident ont été retirés des portails Web et les commentaires négatifs en chinois ont disparu peu après. Boxun, un site dissident basé à l'étranger, a réussi à préserver certains commentaires très ‘likés’, comme celui-ci.
Le rêve chinois est trop lourd
Les projets en tofu sont partout.
L'argent des contribuables ne doit pas servir à louer vos services pour un concours de chant.
Chanter des louanges sur une scène qui s'effondre vous conduira à la chute
Trop lourd, de toute évidence. La scène s'est effondrée quand trois retardataires sont arrivés sur scène. Trop sarcastique. Le rêve chinois, c'est ça ? Même la scène était construite en tofu.
Voici une seconde, c'était un grand spectacle de prospérité. Une seconde plus tard, tout s'est effondré. La dernière goutte d'eau tombera un jour.
Des manifestantes font une chaîne humaine pour défendre la police contre les provocateurs, pour éviter une escalade de la violence. Photo: Meta.mk, reproduite avec autorisation.
Étonnant spectacle, au lendemain de la dispersion violente par la police des manifestants en Macédoine, avec des canons à eau, des bombes fumigènes et des matraques, que ce groupe de manifestantes formant une chaîne humaine autour des policiers pour les protéger des provocateurs qui lançaient des bouteilles de verre.
Ces femmes de Skopje, la capitale de la Macédoine, participaient au deuxième jour de manifestations pour réclamer justice, après des fuites d'enregistrements semblant révéler que des fonctionnaires ont tenté de couvrir le meurtre de Martin Neskovski en 2011 par des policiers.
Mais à Skopje quelques heures plus tard, quand la foule a commencé à se disperser, quelques manifestants ont averti de la présence de provocateurs plus nombreux. Un groupe de «supporters de foot» portant masques et capuches a commencé à se réunir et à jeter des objets divers [en anglais] contre le bâtiment du parlement et les cordons de police.
L'agence d'information META.mk a communiqué [en anglais]:
Although there were several attempts for provocation by fifteen protesters, protest for justice for Martin Neshkovski, which instead of in front of the Government was held in front of the Assembly, ended peacefully.
The last attempt of part of the protesters to initiate violence was prevented by group of female activists, who stood between them and the police.
A dozen protesters remained sitting on the grass in front of the Assembly and are talking.
Some participants collected waste and plastic bottles from the grass and the road, but there were some who, even though the road was put into use, didn’t allow vehicles to pass.
Most of the special forces and police vehicles left.
Few bottles and eggs were thrown at the building of the Assembly, but there were no seriously injured policemen or protesters.
Protesters called citizens to join them on a peaceful protest tomorrow at 6 pm, but the location has not yet been precisely determined.
Bien qu'une quinzaine de manifestants ait tenté de se livrer à quelques provocations, la manifestation demandant justice pour Martin Neskovski qui a eu lieu non pas devant les bâtiments du gouvernement, mais devant l'Assemblée, s'est achevée dans le calme.
La dernière tentative d'une partie des manifestants de se livrer à de violentes provocations a été interrompue par un groupe de manifestantes qui se sont dressées entre eux et la police.
Une douzaine de manifestants est restée assise dans l'herbe devant l'Assemblée à discuter.
Quelques participants ont ramassé des déchets et des bouteilles en plastique dans l'herbe et sur la route, et certains, bien que la circulation ait repris, ont refusé de laisser passer les voitures.
La majeure partie des employés et des véhicules de police avait quitté les lieux.
Quelques bouteilles et quelques œufs ont été lancé dans le bâtiment de l'Assemblée, mais aucun policier ni manifestant n'a été sérieusement touché.
Les manifestants ont appelé leurs concitoyens à se joindre à eux pour un rassemblement demain à 18 heures, mais le lieu n'est pas encore déterminé.
Une vidéo des événements a été publiée par le journaliste Vlado Apostolov (@apostolov80).
Depuis des mois, les leaders de l'opposition ont fait “fuiter” des enregistrements audio [en anglais], qui confirmeraient les soupçons dans de nombreuses affaires impliquant de hauts responsables d'Etat, parmi lesquelles des fraudes électorales, des écoutes téléphoniques illégales et la dissimulation de preuves dans une enquête sur le meurtre d'un jeune homme de 22 ans, Martin Neskovski.
Martin Neskovski a été battu à mort en 2011 pendant la fête qui a suivi les élections. Cet assassinat avait alors provoqué d'importantes manifestations, et un officier avait finalement été arrêté et condamné à quatorze années de détention.
Suivant la tradition instaurée par ces manifestations contre les violences policières, [en anglais], les manifestants ont décidé de se réunir chaque jour à 18 heures, jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites: suspension et jugement de tous les fonctionnaires impliqués dans la dissimulation des preuves. Le 6 mai, la police a bloqué les rues autour du bâtiment du gouvernement, où les participants s'apprêtaient à manifester, si bien que la foule s'est redéployée [en macédonien] et s'est dirigée vers le parlement [en anglais]. Quelques dizaines de manifestants sont restés dans les rues bloquées [en macédonien] pour orienter les nouveaux arrivants. Certains ont déclaré [en anglais] que le gouvernement, par ce blocage, violait l'article 21 de la Constitution de la République de Macédoine:
Граждане имеют право мирно собираться и выражать публичный протест без предварительного уведомления властей и специального разрешения.
Использование этого права может быть ограничено только в условиях чрезвычайного и военного положения.
Les citoyens ont le droit de se réunir pacifiquement et d'exprimer publiquement leur protestation sans donner de préavis aux autorités et sans autorisation particulière.
L'usage de ce droit peut être limité seulement en cas de situation d'urgence ou d'état de guerre.
Alors que la manifestation du 5 mai 2015 avait réuni environ 5 000 personnes, celle du lendemain, selon les estimations, a été deux à trois fois plus importante. Le frère de Martin Neskovski, qui a pris la parole devant la foule, a fait état de 15 000 personnes.
Manifestation pacifique pour exiger des poursuites après la dissimulation de pièces dans l'affaire du meurtre de Martin Neskovski à Skopje. Photo: Vancho Dzambaski, CC BY-NC-SA.
Avant le début des manifestations, les militants, utilisant le hashtag #протестирам (Je proteste!) pour se coordonner, ont demandé aux gens de ne pas amener leurs enfants, pour éviter qu'ils soient blessés au cas où le gouvernement ordonnerait une nouvelle dispersion violente.
Après la manifestation, les usagers de Twitter ont vite identifié la jeune femme à l'origine de la chaîne humaine comme étant l'une des leurs.
@Momichet0 a répondu par la suite et s'est expliquée:
застанав зошто хулиганот ќе направи проблем и ќе избега, а на останатите ќе им се случи вчера и пак недолжно ќе го јадат ќотекот.
Honnêtement, j'ai bien pris les louanges, mais il y a eu un moment où je ne me suis pas sentie courageuse, où je ne me suis pas sentie héroïne. J'étais terrorisée.
Et si j'ai fait ça, ce n'est pas parce que j'aime la police. Je ne les justifie pas et je pense qu'ils avaient le choix.
J'ai fait ça parce que [sinon] un hooligan allait créer un problème et s'enfuir, et laisser des manifestants innocents en subir les conséquences, comme hier, et se faire à nouveau tabasser.