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“Si la vie ne m’accorde rien d’autre, j’espère au moins pouvoir vivre en paix”: Des migrants ayant survécu la traversée de la Méditerranée témoignent

dimanche 10 juillet 2016 à 18:36
Capture d'écran d'une action de sauvetage du projet SOS méditerranée via YouTube

Capture d'écran d'une action de sauvetage du projet SOS méditerranée via YouTube

Avec les conflits et la menace terroriste en Afrique du Nord et de l'Ouest et la guerre civile en Syrie, les tentatives des migrants pour rejoindre l'Europe via la mer Méditerranée sur des embarcations de fortune continuent au péril de leurs vies. En 2015, on estime à plus d'un million les personnes qui sont entrées dans l'espace Schengen par la mer. Les pertes humaines lors de ces traversées sont nombreuses et toutes aussi dramatiques les unes que les autres. D'après l’Organisation internationale pour les migrations, environ 3 072 personnes sont mortes ou ont disparu en mer Méditerranée en 2014 en tentant d'immigrer en Europe. Fin 2014, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l'Union européenne accueille 6 % des réfugiés du monde entier.

Le bateau Aquarius en 2012 à Cuxhaven CC BY-SA 3.0

Le bateau Aquarius en 2012 à Cuxhaven CC BY-SA 3.0

C'est dans ce contexte d'urgence permanente que le projet SOS Méditerranée se met en place. SOS Méditerranée est une association qui a vocation à porter assistance à toute personne en détresse sur mer:  les personnes concernées sont des hommes, femmes ou enfants, migrants ou réfugiés, se retrouvant en danger de mort lors de la traversée de la Méditerranée. Le projet est financé par des dons privés et des subventions publiques. Les fonds collectés sont alloués à la location du bateau, aux frais quotidiens d’entretien et de sauvetage. Le navire utilisé pour ce projet est l'Aquarius. Le projet est initié à l’initiative du capitaine de marine marchande allemand Klaus Vogel et de la française Sophie Beau, responsable de programmes humanitaires. Il a été créé suite à l'arrêt du projet Italien Mare Nostrum par la marine italienne qui visait aussi à secourir les migrants en détresse en mer. Un documentaire réalisé par Jean Paul Mari décrit le quotidien des challenges pendant un an sur le projet. Voici un extrait du documentaire:

Dans le journal de bord de l'opération SOS Méditerranée se trouve de nombreux témoignages de migrants. Voici quelques uns de ces témoignages:

Kebba  a 22 ans, il est soudeur et vient de Gambie. Il fuit son pays à cause du dictateur qui y règne et du manque de travail:

La seule façon d’avancer est de devenir soldat, et je n’ai pas voulu faire ça. J’ai perdu mon père et il fallait que je soutienne ma mère et mes jeunes soeurs, alors je suis parti chercher du travail ailleurs. En Libye, j’ai été kidnappé. J’ai été détenu dans un camp pendant deux mois. Il n’y avait presque pas de nourriture, pas d’eau, pas d’endroit pour dormir. Ils ont tué six personnes que je connaissais dans les camps. Ils disent ‘donne-nous ton argent ou on te tue’, et ils tiennent parole. J’ai voulu rentrer chez nous mais je n’avais aucun moyen de m’y rendre. Alors j’ai décidé de prendre ce risque de partir en Europe. Les trafiquants nous ont gardé dans un autre camp, pendant deux ou trois semaines. Le jour venu, ils nous ont entassés dans le bateau en caoutchouc. Il n’y avait pas de capitaine, seulement la volonté de Dieu. J’ai deux rêves— de devenir soudeur en mer et d’écrire un livre sur ce voyage. Mais si la vie ne m’accorde rien d’autre, j’espère au moins pouvoir vivre en paix

Capture d'écran de la vidéo du projet sur YouTube

Capture d'écran d'une vidéo de sauvetage du projet sur leur chaîne YouTube

Cyrill est Camerounais. C'est un cadre qui a fui les raids de Boko Haram dans le nord du pays. Il raconte les maisons de torture, les vols et les coups subi en Libye avant la traversée:

 La Libye est un pays hors du monde, qui a perdu tout sens moral. Un monde revenu à la condition de la chair animale. Ces enfants qui s’entraînent à tirer sur les noirs dans la rue, les rackettent en leur mettant une lame sur la gorge ou apprennent à torturer les migrants sous le regard de leurs parents. Ils parlent du viol systématique des femmes sur la route, de ces passeurs ou geôliers impitoyables qui les battent et leur crachent dessus en leur répétant qu’ils ne valent pas le pain qu’on leur donne.

Gode Mosle est un jeune syrien de 22 ans qui habitait à Damas. Il est maintenant en Suède mais il garde un souvenir traumatisant de la traversée:

J'ai dit à mes amis en Syrie de ne pas prendre ces bateaux. Il faut qu'ils viennent par la Turquie et la Grèce, même si c'est beaucoup plus cher.  On était environ 700 dans le bateau mais il n'y avait en fait de la place que pour la moitié .Ces passeurs sont des animaux. Ils crient sur les gens, les volent et les frappent quand ils embarquent. C'était une sorte de torture psychologique qui a commencé avant même le bateau. Deux Africains sont morts dans la cale.  Ils ont été asphyxiés, ils ne pouvaient pas respirer à cause des émanations du moteur. C'était bancal, on ne pouvait pas se mettre debout ou bouger. Dès que quelqu'un le faisait le bateau menaçait de chavirer .Il y avait beaucoup de hurlements. Je ne referais pas ce voyage. Je ne peux pas oublier ce que j'ai vu. Les gens veulent vivre, c'est pour ça qu'ils embarquent sur ces bateaux.

 

 

 

Au Mexique, les ‘Filles de la Violence’ ripostent à leur manière contre le harcèlement de rue

dimanche 10 juillet 2016 à 12:08

Sur la banderole : “Jolie maman, comme j'aimerais te faire un autre enfant”. “Ceux qui accusent sont les enfants sains du système patriarcal!”. Banderole utilisée au cours de la Semaine internationale contre le harcèlement de rue en 2014. Photo sur Flickr provenant de OCAC Chile (CC BY-NC 2.0).

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol]

Le harcèlement sexuel dans la rue est une réalité à laquelle bon nombre de femmes, dans différents pays, se retrouvent quotidiennement confrontées, une plaie à laquelle Global Voices a déjà consacré plus d’un article [en]. Au Mexique, le groupe féministe Las hijas de Violencia (Les filles de la Violence) s’est résolu à utiliser l’art comme moyen de lutte contre les violences verbales subies au quotidien par les femmes :

Las hijas de Violencia […] Buscamos, a través del arte performático, el punk y el video, abordar la violencia machista legitimada socialmente.
[…]
Así nació la idea de realizar un proyecto artístico que además de buscar una propuesta estética, sea un grito público que invite a la reflexión de los temas que abordamos.
[…].
Nosotras somos las hijas de Violencia, cargamos años de transitar en un espacio público hostil que no da cabida al cuerpo femenino como un cuerpo transitante sino un cuerpo para el goce y disfrute externo.

Nous, Les filles de la violence […] Nous voulons nous attaquer à cette violence machiste banalisée par la société au travers de l’art, de la musique punk et des vidéos.
[…]
C’est ainsi que l’idée de réaliser ce projet artistique est née, projet qui, au-delà de son intention esthétique, pourrait être un moyen de protestation public qui inviterait à réfléchir sur les sujets que nous abordons.
[…]
Nous sommes Les filles de la violence, nous portons en nous les traumatismes d’années passées à se déplacer dans un espace public hostile dans lequel le corps de la femme n’est jamais envisagé comme un corps qui se meut mais seulement comme un objet de plaisir et de satisfaction pour les autres.

Ce sont « Les filles de la Violence » : des Mexicaines qui défendent leurs propres causes contre le harcèlement de rue.

https://t.co/He5OVAmdcM pic.twitter.com/gNtnYHStEl

— Belelú (@Belelu) febrero 4, 2016

Les membres du groupe sont Ana Karen, Ana Beatriz, Elisa Gutiérrez, Verónica Bravo, Betzabeth Torres et Patricia Rodríguez, et ensemble :

[…] han decidido responder al acoso callejero disparando simbólicamente a sus agresores con pistolas de confeti y cantándoles su tema Sexista Punk, en el que denuncian el acoso callejero como acto de agresión machista.

[…] [elles] ont décidé de répondre au harcèlement de rue en tirant symboliquement sur leurs agresseurs avec des pistolets à confettis et en chantant leur chanson ‘Sexista Punk’ (Punk Sexiste), dans lequel elles dénoncent le harcèlement de rue comme une agression machiste.

Voici un extrait des paroles de Punk Sexiste :

Eso que tú hiciste
hacia a mí se llama acoso.
Si tú me haces eso
de esta forma yo respondo.
No tienes derecho y lo que haces es de un cerdo
[…]
Imagino el día en que pueda ir a caminar
Sin cuidarme, sin tener mi cuerpo que ocultar
Sexista, machista ¿Qué es lo que quieres?
¿Mostrar tu hombría? ¡A la mierda de mi vista!

Ce que tu m’as fait s’appelle du harcèlement
Si tu me fais ça
Voilà comment je réponds.
Tu n’as pas le droit et ce que tu fais est digne d’un porc
[…]
Je rêve du jour où je pourrai marcher
Sans avoir à faire attention à moi, sans avoir à cacher mon corps
Sexiste, macho. Qu’est-ce que tu veux ?
Tu te la joues viril ? Va te faire foutre !

Les filles de la Violence ont une stratégie :

Salen a la calle y esperan a que un tipo les grita ‘mamacita’ o lo que sea. Lo persiguen, le disparan con una pistola de confeti y le gritan una rola que dice, en resumen, ‘eso que tú hiciste hacia mí se llama acoso’. La idea no es mala ]…] sugieren que la víctima se defienda de manera lúdica.

Elles marchent dans la rue et attendent qu’un type les interpelle en leur disant : ‘Eh beauté’ ou quelque chose dans ce genre. Elles le poursuivent, lui tirent dessus avec un pistolet à confettis et chantent une chanson qui, pour résumer, dit : « Ce que tu m’as fait s’appelle du harcèlement ». Ce n’est pas une mauvaise idée […] de suggérer aux victimes de se défendre d’une manière ludique.

Pour diffuser leur manière subtile et non violente de lutter contre le harcèlement de rue, Les filles de la Violence invitent toutes les femmes à se joindre à elles :

[…] recomiendan que la respuesta ante estas situaciones tiene que ser divertida ‘para que no te quedes con la sensación de la violencia que acabas de sentir, para que tu te vayas tranquila y sepas que puedes seguir teniendo un día increíble’.

[…] Elles recommandent une réaction ludique dans ce type de situation, ‘comme ça, on ne garde pas le sentiment de violence que l’on vient à peine de vivre, comme ça, on peut continuer à avancer sereinement en sachant qu’on peut toujours passer une bonne journée”.

Sur son blog ‘Pornucopia’, Estefanía Vela Barba nous fait réfléchir et nous montre que les femmes ne sont ni seules ni impuissantes :

¿Por qué al discutir la violencia sexual, siempre nos imaginamos a un hombre que es más fuerte que una mujer —a quien siempre nos imaginamos desarmada, inútil, frágil—, en un callejón oscuro, vacío y sin salida? Sí. Este escenario es posible. Pero no es el único. No lo es. El performance de Las hijas de Violencia es extraordinario precisamente porque nos demuestra otra posibilidad: no nos presenta a una mujer, indefensa, aislada, presa del pánico que no puede más que sucumbir a la fuerza desmedida de un hombre.

Pourquoi, à chaque fois que nous abordons le sujet de la violence sexuelle, nous pensons toujours qu’un homme est plus fort qu’une femme, que nous imaginons toujours démunie, impuissante et fragile, dans une ruelle sombre et sans issue ? Certes, c’est un scénario possible. Mais ce n’est pas le seul. La performance des Filles de la Violence est extraordinaire précisément parce qu’elle montre une autre possibilité : elle ne donne pas à voir une femme isolée, impuissante et paniquée qui ne peut rien faire d’autre que de se rendre lorsqu’elle se retrouve face à un homme.

Pourquoi un musée d'art russe accorde-t-il l'entrée gratuite aux femmes portant des talons aiguilles de dix centimètres ?

jeudi 7 juillet 2016 à 15:41
Screenshot from the music video for Leningrad’s new song “Display Exhibit” (“Exponat”). YouTube.

Capture d'écran du clip de la nouvelle chanson de Leningrad “Display Exhibit” (“Exponat”). YouTube.

[Tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en russe.]

Sur Youtube, le clip a été vu plus de 32 millions de fois en seulement trois semaines. Même pour l'un des groupes de rock les plus populaires de Russie, la nouvelle chanson de Leningrad sortie en janvier “Display Exhibit” (“Exponat”) se démarque comme étant un immense succès. La chanson raconte l'histoire d'une jeune femme ayant un rendez-vous avec un homme nommé Serge à une exposition artistique présentant l’œuvre de Vincent van Gogh. Le refrain, dans le style typiquement obscène de Leningrad, reprend “Sur des Louboutin, putain, et dans un putain de pantalon” (en russe, ces vers riment).

Le clip donne un peu plus de consistance à son protagoniste. La vidéo s'ouvre sur la femme disant à Serge via un chat vidéo qu'elle vient de refuser de l'argent de son père fortuné et a déménagé dans un loft pour étudier l'art. Serge, qui est habillé en homme d'affaires et entouré d'horloges donnant l'heure de Moscou et Tokyo, manifeste un léger intérêt pour ses dessins (à propos desquels nous apprendrons bientôt qu'elle ment) puis l'invite à voir une nouvelle exposition Van Gogh.

Après avoir accepté avec une certaine retenue l'invitation de Serge et mis fin à l'appel, la jeune femme se met à sauter de joie, clamant à quel point elle est géniale. Sa mère entre et c'est alors que le spectateur réalise que la jeune femme a menti à propos de son déménagement (et de son hypothétique richesse). Elle passe le reste de la vidéo à dénicher la tenue parfaite avec laquelle elle compte séduire Serge dans l'espoir d'un mariage et d'une vie confortable. Elle contraint d'abord une amie à lui prêter une paire de chaussures qui ressemblent à des talons aiguilles Christian Louboutin (lesquels sont bien plus chers), puis s'évertue à rentrer dans un jean incroyablement serré.

Déterminée à faire passer les chaussures pour de vraies Louboutin, elle peint les talons en rouge avec du vernis à ongles et les met à sécher à côté du radiateur. A un moment donné, sa mère entre dans sa chambre alors qu'elle se démène pour rentrer dans son jean. Sa mère se voit alors reprocher de garder trop de pain dans l'appartement et de lui avoir refilé un “gros cul”, qui empêche maintenant sa fille de pouvoir porter le bon pantalon. “Ne parle pas du pain de cette façon”, répond sa mère. “Mémé a survécu grâce à ça pendant le Blocus [de Leningrad]!”. Toujours sous le coup de l'effort, la jeune femme riposte en pleurant cette fois-­ci: “Mémé a survécu mais moi je suis foutue”.

Même si elle parvient finalement à rentrer dans le jean, les choses ne se terminent pas si bien que ça pour notre héroïne. Vous pouvez rejoindre des millions d'autres personnes et regarder la chute de cette vidéo qui ne requiert pas une très grande compréhension du russe pour être appréciée :

Le 26 janvier, à peu près deux semaines après que la vidéo a été diffusée, les organisateurs de Artplay, un musée de Moscou présentant une nouvelle exposition Van Gogh, ont annoncé que celle-­ci serait prolongée jusqu'à la Saint-Valentin. Durant le weekend du 13 et 14 février, le musée a même offert l'entrée aux femmes portant des talons aiguilles d'une hauteur d'au moins 10 centimètres. De plus, les hommes nommés Serge (sur présentation d'une pièce d'identité) ont eu une réduction de 50% sur leur ticket.

Photo: Yulia Topolnitskaya / Vkontakte

Après l'annonce de Artplay, les représentants russes de Christian Louboutin ont demandé aux médias de ne pas mentionner le nom de la marque dans les articles concernant l'exposition Van Gogh, soutenant qu'ils n'avaient jamais donné leur accord à une utilisation de ce nom pour promouvoir une “autre marque”.

Malgré la désapprobation du fabricant de chaussures vis-à-vis de l'utilisation abusive du nom de la marque, Leningrad est passé à la télévision nationale deux jours plus tard et a joué en direct la chanson à succès, répétant l'expression “en Louboutin” des dizaines de fois. (Le groupe a pourtant accepté de remplacer les obscénités dans la chanson par un langage neutre. Dans une publication sur Instagram, le leader du groupe, Sergei Shnurov, a parlé d'un compromis nécessaire pour que leur performance soit diffusée à la télévision.)

Pendant ce temps, Yulia Topolnitskaya, l'actrice de 24 ans qui jouait dans le clip de la vidéo, est devenue une star du jour au lendemain en Russie. Elle semble apprécier d'être sous le feu des projecteurs, donnant beaucoup d'interviews dans lesquelles on la questionne souvent sur son corps (qui était, il est vrai, au centre de l'attention dans la vidéo de Leningrad). Elle prétend avoir volontairement pris un peu de poids avant le tournage, mais elle se dit désormais occupée à le perdre.

Le tour de taille de Topolnitskaya mis à part, son jeu d'actrice dans la vidéo est incroyablement drôle. Et au moins 32 millions d'utilisateurs Youtube semblent être d'accord.

Quel avenir pour le Guyana après la découverte par Exxon Mobil d'un énorme gisement pétrolier off-shore ?

jeudi 7 juillet 2016 à 10:32
ExxonMobil's Oil Exploration ship, the Deepwater Champion. Photo by flickr user Michael Elleray, used under a CC BY 2.0 license.

Deepwater Champion, le navire de forage d'Exxon Mobil. Photo Flickr de Michael Elleray, utilisée sous licence CC BY 2.0

Le jeudi 30 juin 2016, le géant américain Exxon Mobil a fait des vagues au Guyana en confirmant une découverte de pétrole « d'envergure internationale » au large du pays. La compagnie a déclaré que les résultats de l'exploration du puits dans le bloc Stabroek, à environ 193 km (120 miles) au large du Guyana, ont révélé entre 800 millions et 1,4 milliard barils-équivalent pétrole.

Raphael Trotman, le ministre des Ressources naturelles du Guyana, a qualifié cette découverte de nouvelle fantastique, déclarant à News Source Guyana que « l'avenir du Guyana est dorénavant tracé et je pense que cela va se répercuter dans le monde entier ». Le ministre a ajouté que le pays bénéficie du soutien et des conseils de la communauté internationale, dont l'Union Européenne, le Secrétariat du Commonwealth et les gouvernements du Canada, des États-Unis et du Mexique.

Liza-2, le deuxième puits d'exploration appartenant à Exxon Mobil dans cette zone, est rempli de grès à forte porosité. En 2015, d'importantes réserves de pétrole avaient également été découvertes dans le premier puits, Liza-1, situé à 3,3 km (environ 2 miles) de Liza-2.

Cette première découverte avait provoqué une aggravation du conflit territorial entre le Guyana et son voisin, le Venezuela. Le 27 mai 2015, Nicolas Maduro, le président vénézuélien, promulguait un décret revendiquant une grande partie du Guyana et de ses eaux territoriales. Cette récente découverte de pétrole va probablement encore exacerber ce conflit.

D'après le Venezuela, le différend, qui remonte à un relevé topographique réalisé en 1841 par le gouvernement colonial britannique en place à cette époque, n'a jamais été officiellement résolu. Il affirme que la sentence d'un tribunal arbitral de 1899 qui était largement en faveur de la Grande-Bretagne était non valide, après que les Anglais aient été soupçonnés, par le conseil américain représentant le Venezuela dans le conflit, d'avoir exercé une influence excessive sur la décision. Par la suite, le Traité de Genève fut signé en 1966 pour tenter de mettre fin à la controverse ; d'un point de vue technique, il est toujours en vigueur bien qu'aucune solution définitive n'ait été trouvée.

Les eaux autour du Guyana restent largement inexplorées. D'après un article de Forbes citant Rex Tillerson, le PDG d'Exxon, le levé sismique en 3D mené par Exxon dans la région était le plus vaste de son histoire — « l'équivalent de 1 400 blocs du Golfe du Mexique ».

Un levé sismique en 3D est une méthode d'exploration géophysique dont l'utilisation est très répandue dans l'industrie du pétrole et du gaz. Une onde de choc ou une onde sismique est créée afin d'analyser les caractéristiques du terrain et l'on craint que le bruit généré par cette forte activité sismique en milieu marin dérange ou blesse les animaux, particulièrement les cétacés tels que les baleines, dauphins et marsouins qui communiquent entre eux grâce au son.

L'annonce de la découverte de pétrole a provoqué des centaines de commentaires sur Facebook, incluant plusieurs Guyanais qui soutiennent cette découverte et ses perspectives pour le développement de l'économie du Guyana. Comme le dit un utilisateur de Facebook, Seemouna Philips :

On dirait que nous sommes bénis

Mais d'autres ne croient pas que les citoyens en verront les avantages.

L'utilisatrice de Facebook Suzanne Defreitas-Johnson écrit :

Ummmm alors, où est-il écrit dans cet article que le Guyana va bénéficier de cette trouvaille ? Ou est-ce que ce nouveau gouvernement va faire comme les autres dirigeants et laisser ces gens venir et se servir sans compensation ?

L'utilisatrice de Facebook Samantha Mathurin-Springer ajoute :

J'espère que le gouvernement guyanais réalise que ceci peut avoir un effet positif ou négatif sur le Guyana, selon la façon dont c'est traité. Beaucoup manifesteront de l'intérêt à investir au Guyana. J'espère aussi qu'il fera des consultations juridiques sérieuses avant de signer un contrat. Il semble que le gouvernement précédent a hypothéqué le pays. Une fois, pas deux.

Ceci survient après un avertissement donné par le groupe de société civile Policy Forum Guyana indiquant que le pays doit opérer des changements radicaux afin d'assurer un suivi efficace des ressources naturelles — ce qui demande des changements d'infrastructures dont le groupe dit que les “dispositions de gouvernance” ne sont pas en mesure d'effectuer.

Le groupe a fait cette déclaration lors de l'ouverture d'un symposium pour la fondation d'un collectif à intervenants multiples lié à l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Le Guyana a prévu de poser sa candidature auprès de l'ITIE en novembre et la fondation d'un collectif à intervenants multiples est une condition essentielle pour en devenir membre. L'Initiative, dont le siège social est en Norvège, vise à sensibiliser le public sur la façon dont les pays gèrent leurs ressources minérales, pétrolières et gazières.

Ce n'est pas la première fois que des préoccupations ont été exprimées à propos de l'exploration pétrolière dans le pays. En novembre 2015, le gouvernement guyanais a fait l'objet d'accusations indiquant que l'Etat n'avait pas la capacité de surveiller Exxon Mobil de manière autonome concernant le respect des réglementations environnementales. Les inquiétudes survinrent après qu'Exxon Mobil fut soupçonné de favoriser et de financer les démentis à propos des changements climatiques.

À cette date, Trotman, qui était alors ministre de la Gouvernance, avait déclaré que l'Environmental Protection Agency (EPA) allait accroître sa capacité et qu'elle en serait capable d'ici cinq à dix ans.

Angola : Nito Alves a été libéré

jeudi 7 juillet 2016 à 09:33
Julgamento dos 17 activistas presos em Angola. Foto: MakaAngola

Nito Alves (deuxième à gauche) pendant le procès en mars 2016. Photo : MakaAngola (arquivo GV)

Nito Alves a été remis en liberté le mardi 5 juillet, une semaine après la libération de 16 activistes le 29 juin, sur ordre du Tribunal suprême, suite à la demande d’habeas corpus formulée par les avocats de la défense.

L'annonce a été faite sur la page Facebook de l'un d'eux, Luaty Beirão:

DERNIÈRE MINUTE
Nito Alves vient de sortir de prison.
L'activiste qui a été condamné sommairement à six mois de prison ferme par le tribunal de première instance pour outrage aux magistrats de son procès, pour avoir dit “Je ne crains pas pour ma vie, ce procès est une mascarade”, vient de sortir de prison et attend la décision du Tribunal suprême chez lui.

L'information a été confirmée par Nito Alves lui-même, dans une interview accordée à la radio DW-África.

Nito Alves et ses compagnons sont désormais tous libres et vont attendre la décision du Tribunal suprême suite à l'appel formé par leurs avocats.

Les 17 activistes avaient été arrêtés par la police en juin 2015 pour les délits présumés d'”actes de rébellion et tentative de coup d'État”. Quinze avaient été incarcérés dans l'attente de leur jugement. Les autres, deux jeunes activistes, étaient restés libres dans l'attente du procès en mars 2016, au cours duquel tous les accusés avaient été condamnés à des peines allant de deux à huit ans et demi de prison.