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Bahreïn écrase la contestation populaire, mais pas le soutien aux djihadistes de l'E.I.

dimanche 23 novembre 2014 à 17:30
A protester in Bahrain holds a sign that reads: "No to the state-sponsored terrorism, Bahrain is a gulf state that is witnessing the third year of an uprising led by the majority Shia population. Photograph by Hussain Altareef. Copyright: Demotix

Sur l'affiche de cette manifestante à Bahreïn  ”Non au terrorisme parrainé par l'Etat”. Bahreïn est un Etat du golfe qui connaît sa troisième année de soulèvement mené par la majorité chiite de sa population. Photo de Hussain Altareef. Copyright : Demotix

Bahreïn fait officiellement partie de la coalition militaire régionale qui combat l'organisation djihadiste rejeton d'Al Qaida qui se donne le nom d'Etat islamique et s'est emparée de vastes pans de territoire en Irak et Syrie. Pourtant la monarchie de l'île semble toujours encore fermer les yeux sur les sympathisants, financeurs et prêcheurs zélotes d'EI à l'intérieur de ses frontières. Les opposants disent que cette attitude aide le pouvoir à créer la tension religieuse, utilisée pour faire taire les militants pro-démocratie à Bahreïn, qui mènent depuis 2011 un mouvement en faveur de réformes.

Une récente campagne de médias sociaux offre un exemple évident du soutien croissant à l'EI dans le petit royaume insulaire. Sur une vidéo YouTube, quatre membres bahreïnis d'EI appellent leurs compatriotes à prendre les armes et à rejoindre la lutte contre leurs “tyrans” au pouvoir, la famille royale sunnite des Al Khalifa, et la population chiite majoritaire. Malgré cela, la vidéo n'a pas fait l'objet d'une enquête publique.

La propagande d'EI prospère à Bahreïn sous les yeux des autorités

D'autres vidéos ont appelé à soutenir l'EI et incité à la violence sectaire :

youtube-is

Celui qui a mis en ligne ces vidéos, sous le nom de AbuAldergham, a défié les autorités en publiant en ligne son nom véritable, son numéro de téléphone et sa spécialité :

dhergham

Je suis Abu Dergham Al Hijri.
Mon vrai nom est Mohammed Al Mahmood
Je suis diplômé de l'Institut Religieux
Mon n° de téléphone 33784938

L'unité de cyber-criminalité du pays, qui cible systématiquement les blogueurs et les militants des droits humains avec gardes à vues et emprisonnement, n'a pas appréhendé les créateurs de ces vidéos.

Autre exemple, Abdulla Mubarak Albinali, frère de Turki Albinali, le mufti en charge de l'interprétation de la loi islamique pour l'EI, publie en ligne depuis quelque temps du contenu pro-EI. Il a été brièvement interrogé par les autorités bahreïnies, mais il est libre. Son autre frère, Mohammed Mubarak Albinali, est le combattant d'EI “Abu Alfida Alsalami” de l'appel aux armes sur YouTube précité. Les deux frères ont reçu l’éloge de leur père Mubarak Abdulla Albinali, communément dit être un lieutenant-colonel.

L'EI contribue à élaborer un schéma narratif sectaire

Ces gens croient-ils que leurs actes n'auront pas de répercussions ? Telle est la question précise des défenseurs bahreïnis des droits de l'homme qui observent la situation. Ils sont nombreux à croire que le régime veut encourager un schéma narratif sectaire pour écraser le mouvement indépendant qui milite pour une plus grande protection des libertés civiques à Bahreïn.

Les autorités bahreïnies pourraient avoir du mal à contrer la menace des groupes extrémistes  – après tout, elles les ont activement utilisés dans le passé. Les groupes extrémistes ont été appelés à l'aide pour participer à la répression du soulèvement de 2011, qui a vu des manifestations de masse exiger du pouvoir de nombreuses réformes et libertés.

La répression a favorisé la stigmatisation religieuse, une chasse aux sorcières contre les “traîtres,” la démolition de mosquées chiites, l’intolérance et les insultes maniées par les forces de l'ordre. Il lui fallait des entités qui appuieraient le discours de la fracture religieuse, d'où l'utilité des groupes extrémistes religieux.

De fait, Turki Albinali, le mufti d'EI précité, a accédé à la notoriété en tant que membre des forces contre-révolutionnaires utilisées pour contrer ceux qui voulaient le changement à Bahreïn. Dans la vidéo ci-dessous datant de 2011, il s'adresse à un auditoire de Busaiteen l'appelant à “défendre” leur pays contre les “traîtres” — désignant les manifestants pour la démocratie à Bahreïn. Dans l'auditoire se trouvent des individus tenant des haches, des bâtons et des sabres. Albinali a même reçu la bénédiction de quelques officiels de haut-rang venus au rassemblement de Busaiteen. Pourtant ils n'ont subi aucune conséquence de la part des autorités car ils étaient dans le droit fil du schéma narratif en usage. 

Turki Albinali a exploité la plate-forme fournie aux extrémistes. Il a prononcé des sermons du vendredi, incitant à la haine contre les contestataires. Il a aussi tenu des manifestations devant l'ambassade des Etats-Unis à Bahreïn, où flottaient des drapeaux de l'EI.

Cette montée du sectarisme n'a pas surpris : c'est rapidement devenu une politique implicitement soutenue par le pouvoir. Comme l'a écrit le journaliste du New York Times Nicholas Kristof : 

Mon collègue du New York Times Michael Slackman a été interpellé par la police de Bahreïn il y a quelques semaines. Il a raconté qu'ils pointaient des carabines à canon scié sur lui et qu'il a eu peur qu'ils se mettent à tirer quand il a sorti son passeport et crié qu'il était un journaliste américain. Alors, dit-il, l'humeur a changé du tout au tout, et le chef de l'équipe s'est approché et a pris la main de M. Slackman en disant chaleureusement : “Ne vous inquiétez pas ! Nous aimons les Américains !”

“Nous n'en avons pas après vous, mais après les chiites”, a ajouté le policier. M. Slackman se souvient : “On avait l'impression qu'ils chassaient des rats.”

Le gouvernement de Bahreïn n'a rien fait pour stopper les semblables de Turki Albinali pour la même raison qu'il ne s'est pas joint à la répression du reste du Golfe contre les Frères Musulmans. Ceux-ci sont des alliés de choix qui endossent la narration sectaire du régime contre le mouvement social. Ces groupes pourraient être le dernier alié du régime à l'intérieur de Bahreïn.

Les puissants sympathisans bahreïnis de l'EI

Ce ne serra pas la première fois que Bahreïn aura contribué à la montée en puissance de groupes rebelles. Dans son livre “The Professionals – Politic and Crime – International Moneylaundering” (‘Les Professionnels – Politique et Criminalité – Blanchiment') Heinz Duthel écrit :

Après le 11 septembre 2001, le blanchiment de capitaux est devenu une préoccupation majeure dans la guerre contre la terreur de l'administration Bush aux USA, bien que les critiques estiment que le sujet est devenu de moins en moins important pour la Maison Blanche. Basée à Luxembourg, Clearstream, “une [de ces] banques des banques” qui pratiquent la “compensation financière” en centralisant les opérations de débit et crédit pour des centaines de banques, a été accusée d'être un opérateur majeur de l'économie souterraine via un système de comptes non publiés ; la Bahrain International Bank, possédée par Oussama ben Laden, aurait bénéficié de ces facilités de virement.

L'utilisation de Baheïin comme havre financier par des groupes radicaux n'a rien de nouveau, mais ce qui inquiète, c'est leur récente capacité à se développer, au point qu'un membre de la famille royale de Bahreïn a tweeté en soutien à EI depuis son compte Twitter avec à l'arrière-plan une photo du drapeau djihadiste (son compte est actuellement suspendu).

“Les soldats d'EI prennent le contrôle des villages du Reef du nord (campagne) après avoir tué des dizaines de membres de Sahawat (éveil).” Le compte, actuellement suspendu, d'un membre de la famille royale de Bahreïn exprimant son soutien à l'EI.

Un autre membre de la famille royale a fait la promotion d'une souscription pour Jabhat Al Nosra (une branche d'Al Qaida) : 

Soutenir les hommes d'Al Nosra avec des armes

[Sur l'image :] Campagne d'équipement.
Etoile d'Alansar : 10.000 Riyals
Titre en or : 5.000 Riyals
Titre en argent : 1.000 Riyals
Titre en bronze : 500 Riyals
Titre ordinaire : 200 Riyals
Pour verser une contribution de soutien, veuillez contacter un des comptes ci-dessous. C'est facile et sans risque

Le sujet pourrait bientôt inquiéter l'Arabie Saoudite, qui combat Al Qaida sur son territoire. Bahreïn se situe non loin de la côte saoudienne, dont le sépare un bras d'eau large de quelques dizaines de kilomètres seulement. Les deux royaumes voisins sont en termes amicaux — l'Arabie Saoudite a envoyé des troupes à  Bahreïn en 2011 pour aider à y étouffer le soulèvement populaire. 

Dans le récent massacre de Dalwa à Al Ahsa dans la province orientale de l'Arabie Saoudite, trois hommes qui combattaient en Syrie pour Al Qaida auraient ouvert le feu sur un groupe de musulmans chiites, faisant deux morts. Cet attentat a pu être aisément préparé à Bahreïn. Peu après cela, Al Qaida a décidé de faire à nouveau armes communes avec l'EI, et de nombreuses fois auparavant des Bahreïnis ont été arrêtés en Arabie Saoudite pour des tentatives d'attentats liées à Al Qaida.

Pareille chose aurait même pu se produire à Bahreïn. De fait, le ministre Bahreïni des affaires Etrangères Khalid Al Khalifa a réagi par ce tweet à la tuerie :

Sans la garde d'Allah et la réactivité de l'appareil de sécurité, nous n'aurions pas été étonnés si un crime comme celui d'Al Ahsa se produisait à Bahreïn. Merci au Ministère de l'Intérieur

Les Kurdes accusent les réfugiés arabes de l'attentat-suicide mortel dans leur capitale Erbil

dimanche 23 novembre 2014 à 16:50
"#BREAKING — Suicide car-bomb explodes outside of the governor's office in #Erbil — Tahir Abdullah, official confirms," tweets @RadawEnglish

“#Dernière minute — une voiture piégée explose devant les bureaux du gouverneur à  #Erbil — Tahir Abdullah, un officiel confirme,” tweete @RudawEnglish

Un attentat-suicide à la voiture piégée a fait au moins 5 morts et 29 blessés mercredi à Erbil, capitale de la région autonome du Sud-Kurdistan dans le nord de l'Irak, a confirmé le Ministère de la Santé lors d'une conférence de presse. L'attentat a eu lieu devant le siège du gouvernorat, là où les véhicules sont fouillés avant d'y pénétrer.

Un calme relatif règne au Kurdistan, surtout comparé à Bagdad, la ville voisine qui connaît des attentats-suicides quotidiens, notamment dans les quartiers à dominante chiite. L'attentat a généré de vifs débats en ligne entre utilisateurs kurdes des médias sociaux au sujet de l'afflux de réfugiés dans leur région.

On estime que 1,4 million de réfugiés et de déplacés se trouvent actuellement dans le Kurdistan irakien. La région s'est montrée disposée à accueillir les réfugiés et à donner aux minorités religieuses comme les Arabes chrétiens un havre de sécurité.

après l'attentat-suicide d'Erbil, les autochtones sont plus nombreux à contester la politique du gouvernement régional kurde d'ouvrir la porte aux déplacés arabes – la tension et la méfiance sont grandes

Malgré l'hospitalité du Kurdistan envers les réfugiés dans la région, beaucoup ont contesté la politique du gouvernement régional du Kurdistan (KRG) envers les réfugiés. Les Kurdes locaux ont réclamé une sécurité renforcée pour contrôler le flux entrant de réfugiés, avec l'argument que des radicaux appartenant à l'organisation E.I., un rejeton notoirement brutal d'Al Qaida responsable de massacres de soldats irakiens et syriens, de travailleurs humanitaires et de journalistes ainsi que de l'enlèvement, du viol et des mariages forcés de femmes, pouvaient se faire passer pour des réfugiés.

Après l'attentat, politiciens, dirigeants et militants kurdes ont tenus à détourner l'attention donnée aux réfugiés et déplacés vers la menace régionale que constitue l'EI et sur les sacrifices des forces de sécurités kurdes.

Le président de l'Institut de Recherche du Moyen-Orient récemment crée au Kurdistan, Dlawer Ala'Aldeen, s'est joint au débat en ligne sur la nécessité pour la direction kurde aux côtés de la direction arabe de reconnaître leur responsabilité dans l'incapacité actuelle à renforcer la sécurité et donner un coup d'arrêt à l'expansion des radicaux de l'EI.

Les terroristes tuent sans pitié des innocents et meurent sans hésitation. Personne n'y échappe. Pour les vaincre les dirigeants doivent gagner le soutien du public et rester unis 

Le Haut-représentant du gouvernement régional du Kurdistan au Royaume-Uni, Bayam Sami Rahman, dont le père a été tué dans un attentat-suicide en 2004, à réagi à l'explosion d'Erbil en insistant sur l'hospitalité et la communauté multi-religieuse croissantes de la région.

Erbil, capitale du Kurdistan, cité de la coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans, continuera à vivre en paix, à résister à la terreur

Dans leurs commentaires sous les articles de la principale agence de presse locale sur les suites de l'attentat, beaucoup ont demandé l'expulsion des Arabes hors de la région, tandis que d'autres répliquaient à ces voix ultra-nationalistes en les critiquant et les accusant de fanatisme, racisme et discrimination.

Niroj Dosky a commenté sur la page Facebook de l'agence Rudaw News par les mots “pas d'Arabes au Kurdistan.” “Voilà ce qui arrive quand vous laissez entrer des Arabes dans votre pays”, a écrit Kaso Shottas.

La réponse la plus impartiale est celle de Wazi Aziz, qui a dit : “L'ignorance n'est jamais la réponse. Je suis Kurde, et comme des milliers d'autres j'ai dû fuir mon foyer à cause du régime de Saddam, mais si j'ai appris une chose, [c'est de] ne jamais juger quelqu'un sur sa couleur ou son pays d'origine […] Ceux qui disent chassez tous les Arabes, ne comprenez-vous pas qu'en disant cela nous ne sommes pas meilleurs qu'eux ?”

La réponse réactionnaire à l'attentat suicide place les étrangers, les déplacés et les réfugiés au centre de l'attention. Cela reflète le sentiment anti-Arabes dans la région, ceux-ci étant perçus comme aussi inactifs que leurs dirigeants face aux radicaux de l'EI.

D'un autre côté, l'EI représente pour la région du Kurdistan une menace réelle, qu'il faut traiter par des mesures appropriées. Si rien ne justifie le racisme et la fermeture des frontières aux réfugiés, mettre en place un mécanisme assurant que les hommes de l'EI ne s'infiltrent pas dans la région en se faisant passer pour des réfugiés est essentiel.

Malheureuse explosion à Erbil aujourd'hui qui aura des conséquences sur la façon dont les habitants considèrent les non-Kurdes au Kurdistan.

Pendant ce temps, le Conseil des Ministres du gouvernement régional du Kurdistan a publié un communiqué appelant la population à “rester fermes dans son haut niveau de vigilance partagée et de responsabilité pour la sécurité”.

Le changement climatique et la crise Ebola se sont invités au sommet du G20 à Brisbane

dimanche 23 novembre 2014 à 15:15
The G-20 Leaders - Caricatures. Flickr photo by DonkeyHotey (CC License)

Les leaders du G-20 – Caricatures. Photo Flickr de DonkeyHotey (Licence CC)

[Billet d'origine publié en anglais le 18 novembre] Il y a eu un long débat à propos de ce dont on aurait dû discuter au sommet du G20 à Brisbane les 15-16 novembre. Comme l'indique Clarencegirl sur son blog North Coast Voices [Les voix de la côte nord], même le Pape François avait des idées pour cette personnalité publique, membre avéré de son troupeau catholique, qu'est le Premier ministre Tony Abbott :

…On observe bien trop de femmes et d'hommes qui souffrent de malnutrition sévère, une montée du chômage, un pourcentage extrêmement élevé de jeunes sans emploi et une hausse de l'exclusion sociale qui peuvent dégénérer en activité criminelle et même servir au recrutement de terroristes. De plus, on observe de constantes agressions contre l'environnement, résultat d'un consumérisme débridé, et cela aura de sérieuses conséquences pour l'économie mondiale.

Que s'est-il donc passé dans les réunions privées et les forums officiels ? Les internautes ont eu beaucoup à dire.

Un discours du Président américain Barack Obama, donné en dehors du forum officiel, a appelé l'Australie à aller plus loin sur la question du changement climatique. Il a reçu beaucoup d'éloges, y compris ceux de Meg Watson sur Junkee :

Vous voyez, quand votre père est parti un bout de temps et qu'il s'en prend à vous parce que vous n'avez pas sorti les poubelles pendant son absence ? Il vous dit qu'il n'est pas furieux mais juste déçu, il poursuit ensuite par un discours motivant sur la manière dont nous devons tous contribuer à l'entretien de la maison. C'est essentiellement ce qui s'est passé dans tout notre pays. Le Président Obama a été en Australie pour quelques heures et il a déjà incité les gens à agir contre le changement climatique.

L'opinion du célèbre avocat et militant des droits de l'homme Julian Burnside a été abondamment retweeté :

Le discours d'Obama aux étudiants de l'Université du Queensland inspirera une génération. Le discours d'ouverture d'Abbott au G20 était navrant. #politiqueaustralienne

Le discours d'ouverture d'Abbott a fait l'objet de plus de critiques :

“écouter le Président Obama était revivifiant et encourageant après un discours d'Abbott à faire grincer les dents…”

Le site internet satirique Shovel s'en est donné à cœur joie en fustigeant le caractère local de son discours :

J'en pleure de rire : “@The_Shovel_: aujourd'hui, Tony Abbott parlera aux leaders du G20 des problèmes de stationnement dans sa circonscription de Warringah #G20Brisbane”

Beaucoup ont été déçus par le manque d'agressivité observé lors de la rencontre entre le Premier ministre australien Tony Abbott et le Président russe Vladimir Poutine. Il n'y avait aucun signe de mise en oeuvre de la menace d'Abbott de “moucher” le Président. Il semblerait que le temps soit venu de se faire des câlins et de se réconcilier selon @lynlinking :

‘Ça s'appelle un koala, Tony’ : Twitter explose après qu'Abbott, au lieu de “prendre Poutine au collet” pose avec lui pour une photo-doudou

Entre temps, des manifestations ont eu lieu comme prévu, avec quelques arrestations le samedi. C'est un signe de notre temps que des observateurs juridiques indépendants soient présents pour surveiller les événements. Flickr dispose de nombreuses photos du Sommet du G20, sous licence Creative Commons, y compris celle-ci :

Independent legal observers

Observateurs juridiques indépendants – Image fournie par un utilisateur de Flickr, Paul Cunningham

Les inquiétudes sur la possibilité que le changement climatique et Ebola soient écartés du communiqué final ont été dissipées :

♨ Le #Changement_climatique #Ebola l'#Emploi ont fait partie des sujets principaux le 1er jour du #G20…

Le #G20 à Brisbane restera dans les mémoires pour le cuisant échec d'Abbott à convaincre le reste du monde d'ignorer le changement climatique 

Les engagements en faveur de la croissance économique (2,1 % supplémentaire du PNB d'ici 2018) et les réformes ont été approuvés par beaucoup sur la toile :

Le @dailytelegraph affirme que @BarackObama  a “détourné” le #g20 pour y inclure le changement climatique, et Abbott a “brillé dans le domaine de…la croissance économique”

Cependant, Robert Fairhead s'est monté cynique en ce qui concerne les résultats économiques concrets : 

Communiqué, communiqué de m****! Dans 10 ans, que dalle ! Bravo le communiqué du #G20 qui répertorie 800 mesures pour la croissance économique 

L'Ukraine n'apparaît pas dans le communiqué mais Vladimir Poutine s'est apparemment fait durement critiquer par les autres chefs d'Etat en coulisses. Ed Johnson, le chef du bureau de Sydney pour Bloomberg News, a indiqué :

Poutine a tenu tête à la tempête de critiques du #G20, répétant son mantra sur l'Ukraine 

En dehors du sommet, Tim O'Keefe a filmé des manifestations contre Poutine :

https://www.youtube.com/watch?v=VIZHsIF02Fk

Enfin, la crise d'Ebola a pu figurer à l'ordre du jour :

La déclaration du #G20 sur #Ebola engage les membres à “faire le nécessaire”. On a besoin de ressources et d'expertise @MSFAustralia@MSF@aspen_medical#auspol

Alors, est-ce que les 400 millions de dollars australiens (350 millions de dollars américains) dépensés par le gouvernement australien pour le sommet du G20 en valaient la chandelle ? A vous de juger !

Russie : Un groupe de soutien LGBT sanctionné pour avoir affirmé que les jeunes gays étaient courageux

dimanche 23 novembre 2014 à 13:13
Roscomnadzor sanctions Children-404 for suggesting that gays can be good people. Images edited by Kevin Rothrock.

Roscomnadzor, l'organe de contrôle des communications et des médias russes, pénalise Children-404 pour avoir laissé entendre que les homosexuels peuvent être des gens bien. Montage d'images par Kevin Rothrock.

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en russe]

La fondatrice de “Children-404” [anglais], un réseau de soutien en ligne pour les ados LGBT de Russie, analogue à la campagne américaine “It Gets Better” [ça va s'arranger] se voit désormais officiellement accusée de “propagande homosexuelle” illégale. Lena Klimova avait déjà signalé l'instruction d'un dossier [fr] contre son collectif, après avoir reçu chez elle la visite d'enquêteurs et été convoquée dans un bureau de la police fédérale. La journaliste devait comparaître à Moscou le 18 novembre mais ne pouvait faire le voyage car elle habite à plus de 1700 kilomètres de là, à Nijny Tagil. La police a refusé, malgré la demande d'Elena Klimova, que le procès ait lieu plus près de son domicile.

Sur LiveJournal, la jeune femme a publié quelques extraits – ce qu'elle appelle les “morceaux choisis” – des accusations des autorités contre Children-404. Les extraits suivants proviennent du dossier instruit par l'Etat contre le groupe de Mme Klimova :

… материалы в целом способны вызвать у детей представление о том, что быть геем – это значит быть человеком мужественным, сильным, уверенным, упорным, с чувством собственного достоинства и самоуважения …

Le contenu [du site Children-404] pourrait laisser croire aux enfants qu'être homosexuel, cela veut dire  être quelqu'un de courageux, fort, assuré, tenace, qui a de la dignité et de l'estime de soi.

… данные комментарии открыто выражают негативное отношение к матери, осуждающей подростка-гомосексуалиста ..

Les commentaires [sur Children-404] sont ouvertement négatifs à l'égard des mères qui condamnent leurs enfants homosexuels.

… в данном сообществе практически отсутствует информация о том, что данные отношения являются нетрадиционными в понимании норм, обычаев и устоев РФ …

Ce collectif n'offre quasiment aucune information sur le fait que cette orientation [sexuelle] ne s'accorde pas avec les normes, les coutumes et les pratiques de la Fédération de Russie.

Ces mises en cause partent de commentaires publiés sur Facebook par des censeurs fédéraux [Roscomnadzor, organe de contrôle des médias], qui accusent Children-404 de mettre en danger les mineurs LGBT en leur apportant un soutien psychologique d'”amateur”.

Le gouvernement russe semble dire aux adolescents LGBT qu'ils représentent une menace les uns pour les autres ; qu'ils nécessitent les soins de professionnels de la santé qui leur expliqueront calmement qu'être homosexuel empêche le courage, la force et toutes les vertus existantes. Si vous êtes jeunes et homo, vous devriez vous éloigner des gens de votre acabit. Si vous y êtes contraint, allez voir un médecin et faites vous aider comme il se doit avant de croire naïvement à la dignité et à l'estime de soi.

En matière de message d'intérêt public, c'est sacrément optimiste, non ?

 

En Russie, une campagne de soutien en ligne aux ados LGBT taxée de “propagande gay”

dimanche 23 novembre 2014 à 13:02
Violence and arrests take over LGBT rally. St. Petersburg, October 12, 201, photo by Roma Yandolin. Demotix.

Un rassemblement LGBT dominé par la violence et les arrestations. Saint Pétersbourg, le 12 octobre 2014, photo de Roma Yandolin. Copyright auxDemotix.

[Article d'origine publié en anglais le 14 novembre 2014. Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en russe]

Les autorités russes ont asséné aux défenseurs des droits des LGBT ce qui est sans doute le coup le plus sévère depuis que Vladimir Poutine a promulgué la loi sur l'interdiction [fr], tristement célèbre, de la “propagande homosexuelle à destination des mineurs”.

Le 7 novembre, trois policiers se sont rendus chez Elena Klimova, la responsable de “Children-404” [anglais], communauté russe en ligne qui, par des messages de soutien, aide les jeunes LGBT du monde entier. Semblable à la campagne américaine “It Gets Better” [ça va s'arranger] [anglais], le collectif communique ses messages sur les réseaux sociaux Vkontakte, Facebook et YouTube. Children-404 tire son nom du message d'erreur “page not found” [page introuvable] qui apparait parfois quand un site web est inaccessible. Il séduit des jeunes en proie à ce même sentiment d'être perdu et laissé-pour-compte.

Children-404 a éveillé l'intérêt de la police russe qui a demandé a Elena Klimova – entre autres choses – si le groupe publiait des photos d'enfants nus ; jamais.

Trois jours après la visite de la police, la jeune femme a reçu un message l'informant que Roscomnadzor, l'agence chargée de la régulation des télécommunications et du contenu des médias, avait établi que Children-404 violait l'interdiction de la “propagande homosexuelle”. Elena était attendue au bureau de Roscomnadzor le 18 novembre pour découvrir quelles sanctions pénales elle encourait : selon la loi russe, Children-404, en tant qu'organisation, pourrait écoper d'une amende de 20 000 dollars. L'intéressée dit craindre que, dans le pire des cas, les autorités prononcent contre elle d'autres accusations afin de la mettre en prison.

La police s'est attaquée à Children-404 en partie à cause d'une plainte émise par Anna Levtchenko, chef d'un projet – dont Vladimir Poutine fit l'éloge – qui prétend lutter contre les violences sexuelles commises sur les mineurs. Dans la pratique, cependant, le groupe ne semble qu'un prétexte pour persécuter ceux qui viennent en aide aux jeunes homosexuels. Fin octobre, Anna Levtchenko a officiellement demandé au Ministre de la Justice russe d'instruire un dossier sur la page Vkontakte du réseau de soutien, pour violations de l'interdiction nationale frappant “la propagande homosexuelle”.

D'après une lettre de la plaignante, son collectif ne s'est pas contenté de faire l'inventaire des crimes supposés se commettre à Children-404, mais il a aussi interrogé quelques uns de ses participants LGBT mineurs pour savoir pourquoi ils revendiquaient leur homosexualité. Au début du mois, lors d'une intervention sur une radio en ligne, la station russe “populaire et patriotique”, Anna Levchenko a aussi accusé Children-404 de chercher à ébranler l'Eglise orthodoxe, en citant quelques exemples de jeunes homosexuels aux prises avec le “péché” de l'homosexualité et des conseils prétendument anti-religieux qu'ils recevaient de la part des membres de la communauté Children-404.

Lena Klimova, Facebook.

Sur LiveJournal, la fondatrice du réseau laisse entendre qu'elle va contester la décision de Roscomnadzor devant le tribunal, mais ne se montre guère optimiste quant à ses chances de la voir annulée. Elle conclut son post LJ sur une note de désespoir, en disant :

ЧТО ТЕПЕРЬ ДЕЛАТЬ? Жить дальше. Имеет ли смысл (как это делают наши оппоненты) завалить Роскомнадзор письмами о том, что наш проект полезный, важный, нужный и вам / кому-то помог? Я не знаю. Имеет ли смысл создавать петиции и выходить на акции? Я не знаю. В конечном счёте каждый человек делает то, что сам считает нужным, и да будет так.

QUE FAIRE A PRESENT? La vie continue. Est-ce que ça sert à quelque chose d'écrire des lettres à Roscomnadzor (comme adorent le faire nos adversaires) en disant que notre projet est utile, important, nécessaire et salutaire pour des gens ? Je n'en sais rien. Est-ce que ça sert à quelque chose de créer une pétition ou d'organiser une manifestation? Je ne sais pas. Au bout du compte, tout le monde fait ce qu'il juge nécessaire et c'est comme ça que ça va se passer.

Difficile de sous-estimer les répercussions que pourraient entraîner des mesures sévères contre Children-404. La communauté LGBT est l'un des groupes les moins respectés et les plus dénigrés de la société russe. S'en prendre à ce réseau dissuadera, c'est certain, beaucoup de jeunes LGBT de la Russie de chercher du soutien pendant l'adolescence, période où ils en ont souvent le plus besoin.

L'attaque contre Children-404 pourrait même priver certains jeunes d'une aide capable d'empêcher qu'ils se fassent du mal. Paradoxalement, Roscomnadzor est censé protéger les enfants des tendances du web en lien avec le suicide. Il semble que la guerre contre les homosexuels éclipse cette mission.