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Les Tunisiens élisent leur nouveau président

lundi 22 décembre 2014 à 13:51
Voters stand in line to cast their votes. Photo shared by Tunisia Live on Twitter

File d'attente devant un bureau de vote tunisien. Photo partagée par Tunisia Live sur Twitter

Les Tunisiens ont repris hier le chemin des bureaux de vote pour le second tour de l'élection présidentielle, qui mettait face à face le président intérimaire sortant Moncef Marzouki et le vétéran politique Béji Caïd Essebsi, 8 ans, de Nida Tounes.

Au premier tour de la course à la présidence, M. Essebsi avait rassemblé 39 % des voix et M. Mazouki était arrivé deuxième avec 33 %. Le parti de M. Essebsi s'est assuré une majorité relative aux élections parlementaires du 26 octobre, avec 86 sièges sur un total de 217. Le mouvement islamiste Ennahdha, vainqueur du scrutin de 2011, en a obtenu 69.

Malgré la médiocre performance de son parti aux législatives, avec seulement quatre élus, M. Marzouki est soutenu par les partisans d'Ennahdha. Ceci en dépit de la décision d'Ennahdha de ne pas présenter de candidat à la présidence et de ne recommand aucun des deux finalistes.

Un scrutin ‘historique’

Le second tour du 21 décembre met fin à une transition démocratique de quatre années démarrée avec le renversement de l'ex-président Zine el-Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011.

Sur Twitter, les internautes partagent leurs espoirs de lendemains meilleurs pour la Tunisie.

4 jours après les 4 ans du printemps arabe, la Tunisie vote dimanche. Une lueur d'espoir de progrès démocratique dans un champ de mauvaises herbes

Les pouvoirs du prochain président sont limités par la constitution de 2014. L'élection du 21 décembre n'en est pas moins considérée comme ‘historique’ car pour la première fois les Tunisiens peuvent élire librement leur Président.

une bonne nouvelle pour commencer la journée : la Tunisie se choisit aujourd'hui son président, ce qui est historique en soi, quel que soit le gagnant

[Je n'aime aucun des deux candidats à la présidentielle, pourtant la clôture (folklorique) de leurs campagnes hier m'a plu.] Demain est jour d'élections et nul ne peut dire qui sera le prochain président de la Tunisie. Cela même est en soi historique.

Celui qui gagnera sera le premier président librement élu de l'histoire de la Tunisie et le seul chef d'Etat démocratiquement élu du monde arabe actuel

Les concurrents

Béji Caïd Essebsi a occupé divers postes ministériels durant l'autocratique présidence d'après l'indépendance de Habib Bourguiba, dont le décrié ministère de l'Intérieur de 1965 à 1969. M. Essebsi a aussi présidé la Chambre des députés entre 1990 et 1991 sous Zine el Abidine Ben Ali. 

Après la révolution de 2011, il a été désigné premier ministre par intérim avant de céder la place après l'élection de l'assemblée constituante la même année.

Les anti-Essebsi lui reprochent son grand âge et son association avec les régimes autocratiques précédents de Bourguiba et Ben Ali. La direction de son parti Nidaa Tounes fait une place à des membres de l'ancien régime.

A 69 ans, Moncef Marzouki a été militant des droits de l'homme et opposant politique au régime de Zine el Abidine Ben Ali. il a présidé la Ligue tunisienne des Droits de l'Homme de 1989 à 1994. En 2001, il a fondé le parti de centre-gauche Congrès pour la Républiaue (CPR), interdit un an plus tard. M.Marzouki s'est alors exilé en France.

M.Marzouki est devenu  président en décembre 2011 quand son parti a été deuxième aux élections de l'Assemblée constituante et est entré dans un gouvernement de coalition tripartite avec le mouvement islamiste Ennahdha qui avait obtenu la majorité relative au scrutin de 2011.

Les anti-Marzouki lui reprochent, ainsi qu'à l'action de ses partenaires de gouvernement, la dégradation des conditions de vie, la montée de l'insurrection des radicaux contre l'armée et la police tunisiennes, et les deux assassinats politiques qui ont coûté la vie à l'homme politique laïque Chokri Belaïd et au député de l'assemblée constituante Mohamed Brahmi.

Le 19 décembre, M. Essebsi a déclaré :

Béji Caïd Essebsi : le 21 décembre, les électeurs devront comprendre qu'il voteront contre ceux qui veulent faire revivre la Troïka [la coalition tripartite en poste entre fin 2011 et début 2014]

Pendant sa campagne, M. Marzouki a évoqué son bilan de militant des droits humains et fustigé son adversaire pour avoir servi sous le régime précédent.

Les méthodes du régime précédent doivent s'en aller

Et il s'est présenté comme le ‘guarant des libertés’ :

Je serai le garant des libertés et de la démocratie, le chemin de l'histoire ne revient jamais en arrière

Mais M. Essebsi fait lui aussi serment de garantir les libertés.

Caïd Essebsi : Je serai Ie garant des libertés. A l'inverse de nos adversaires nous regardons vers l'avenir et non le passé

Faible participation

Alors que les électeurs continuaient à se rendre aux bureaux de vote, ouverts de 8 à 18 heures, il a été fait état d'une faible participation.

A 10 h heure locale, l'administration des élections enregistrent une participation de 14 % au second tour de la présidentielle.

Wafa Ben Hassine a tweeté la photo d'un bureau de vote désert à Mahdia (centre-est de la Tunisie).

Bureau de vote à Melloulech, Mahdia, tellement vide 

et ajoute dans un autre tweet :

“Il y avait plus de votants au premier tour de la présidentielle, et encore plus aux législatives” dit un électeur de Mahdia

Saran Aissi a tweeté :

Selon la commission électorale, la participation à l'intérieur du pays atteignait 36,8 % à 14h30.

Déjà une dizaine de milliers d'inscrits à la manifestation pro-Navalny non autorisée de janvier devant le Kremlin

lundi 22 décembre 2014 à 12:40
Images edited by Kevin Rothrock.

Montage d'images par Kevin Rothrock.

Le nom d'Alexeï Navalny a été familier des titres de la presse comme des médias sociaux russes au point d'e s'identifier à un mouvement politique. Fin 2011, il en était venu à incarner une brève saison de manifestations de rue qui ont ébranlé le Kremlin pour la première fois depuis les années Eltsine. Et en 2013, Navalny s'était métamorphosé de blogueur anti-corruption et meneur de la contestation en homme politique authentique qui a quasiment imposé un second tour à l'élection du maire de Moscou.

Depuis février 2014 pourtant, la présence en public de Navalny s'est étiolée, à la suite d'une décision judiciaire de l'assigner à résidence chez lui en liaison avec un procès, l'affaire Yves Rocher, dont le dénouement n'interviendra finalement que dans les prochains jours.

Le 15 janvier 2015, un tribunal moscovite devrait annoncer le verdict et les peines infligées à Navalny et son frère, accusés d'escroquerie à l'encontre d'une société française de produits de beauté. Le ministère public va demander au juge de les enfermer pour dix ans. Selon Navalny, comme pour la majorité des observateurs indépendant, les accusations d'Yves Rocher ne tiennent pas debout et l'accusation publique a des motivations politiques.

Leonid Volkov, un des derniers compagnons de Navalny à n'avoir pas encore été arrêté ou contraint à l'exil, a immédiatement enregistré un événement sur Facebook pour une manifestation de masse contre le verdict. Près de 13.000 personnes ont déjà promis d'assister au rassemblement sur la place du Manège, sous les portes du Kremlin, le soir du 15 janvier. Les réponses affluent, quelques heures après la création de l'événement il y en avait déjà 3.000. Et 61.000 de plus sont invités [chiffres mis à jour par la traduction le 21 décembre].

Leonid Volkov's invitation to the January 15, 2015, protest against Navalny's verdict.

L'invitation de Leonid Volkov à la manifestation du 15 janvier  2015 contre le verdict Navalny.

Sur Facebook, certains contestent le choix de Volkov de tenir le rassemblement après et non avant l'annonce du verdict de Navalny. Ainsi, Julia Sailer, une russophone vivant en Allemagne, a mis en garde qu'attendre le 15 janvier envoie le mauvais signal :

Надо 14-го собираться. Собрание после приговора означает: мы ждём милости от Путина, если её не будет – выйдем на улицу. Собрание 14-го означает: мы навязываем Путину нашу повестку дня.

C'est le 14 qu'il faut se rassembler. Une manifestation après le verdict [le 15 janvier] signifie : nous attendons la clémence de Poutine, et s'il n'y en a pas nous descendrons dans la rue. Une manifestation le 14 signifie : c'est nous qui imposons à Poutine notre ordre du jour.

Qu'elle ait lieu le 14 ou le 15 janvier, la manifestation promet un conflit avec la police moscovite, car Volkov n'a pas l'intention de demander la permission de la municipalité. Il fait même serment de ne pas solliciter d'autorisation : comme il l’écrit sur Facebook, “le temps des rassemblements approuvés est terminé depuis longtemps”.

Si tel est le désir des policiers, ils pourraient réellement se servir de l'événement Facebook du 15 janvier pour s'en prendre à Volkov voire à Facebook, au vu de l'interdiction en Russia de convoquer à une manifestation non autorisée. De fait, le Procureur Général de la Russie a déjà interdit 589 pages web pour cet acte et d'autres de soi-disant extrémisme Internet.

Des fonctionnaires thaïlandais menacent de viol une activiste anti-coup d'état

lundi 22 décembre 2014 à 11:53
Image from Khaosod English

 Kong-udom et Seritiwat, activistes anti-coup d'état (avec une cravate bleue) présentent une lettre à la responsable des droits humains en Thaïlande, Amara, lors de la journée des droits de l'homme. Photo de Khaoson English.

Une étudiante activiste, arrêtée par la police pour avoir interrompu, avec une autre personne, un discours de la Présidente thaïlandaise de la commission nationale des droits humains, accuse deux policiers en civil de harcèlement et de menace de viol.

Natchacha Kong-udom, étudiante à l'université, et Sirawit Seritiwat, membre-clé du Centre Thaïlandais des Etudiants pour la Démocratie (Thai Student Centre for Democracy – TSCD) ont réussi à faire le salut à trois doigts, interdit par la junte, devant les média, le personnel de sécurité et les invités qui assistaient à l'évènement organisé pour la Journée Internationale des Droits de l'Homme à Bangkok le 10 décembre. L'évènement était organisé par la Commission Nationale des Droits Humains (NHRC).

Les manifestants anti-coup d'état ont adopté le salut très populaire de “Hunger Games” après la destitution du gouvernement de Yingluck Shinawatra par les militaires en mai dernier. Les militaires ont interdit les manifestations et la critique publique de la politique de la junte.

Les étudiants ont réussi à montrer des panneaux de protestation comme “Où est la Commission nationale des droits humains quand on sort les fusils?”, “Personne disparue”, “Etes-vous encore en vie”, et “Ne donnez plus d'argent à la NHRC”.

Amara Pongsapich, Présidente de la NHRC depuis 2009, a été prise de court par cette interruption soudaine. Kong-udom et Seritiwat ont été sorties des locaux de la NHRC et amenées au poste de police pour désobéissance à l'interdiction établie par le Conseil pour la Paix et l'Ordre. Selon le Conseil de la junte toute dissidence est susceptible de créer des problèmes pour la sécurité nationale.

Deux représentants de la NHRC ont assisté et observé les échanges entre la police et les étudiantes arrêtées pour les “faire changer d'attitude”. Les étudiantes soutiennent qu'elles ont été forcées à signer un engagement à ne plus participer à des manifestations contre le coup d'état.

De son côté, Kong-udom a déposé une plainte auprès du commissariat de police de Tung Song Hong contre deux hommes qu'elle accuse de harcèlement et de menace de viol lors de l'évènement du NHRC.

interrogatoire de l'étudiante activiste que des policiers en civil ont menacée de viol après qu'elle a fait le salut de protestation à trois doigts au NHRC.

Elle déclare qu'étant suivie à la manifestation du NHRC elle a arrêté l'homme qu'elle soupçonnait de la suivre pour lui demander: “พี่มาทำอะไรค่ะ ตามหนูมาตลอดเลย,” ce qui signifie “Qu'est-ce que tu fais? tu n'arrêtes pas de me suivre”. L'homme lui a répondu: “ก็ตามมาข่มขืนน้องไง,” ce qui signifie “C'est pour essayer de te violer”. La menace a été proférée devant de nombreux témoins, dont des responsables du NHRC et des journalistes.

Sunai Phasuk, chercheur confirmé en Thaïlande pour la division Asie de Human Right Watch, a tweeté sur cet incident le 12 décembre :

Des policiers en civil ont menacé une étudiante activiste de viol après qu'elle a fait le salut de protestation à 3-doigts, à la Commission des Droits Humains de #Thailand

Kong-udom a déclaré à Prachatai, site internet d'information indépendant, que d'autres activistes avaient aussi été suivies par des individus suspects:

Je sais que moi comme d'autres étudiantes activistes avons été suivies pendant un certain temps et bien sûr j'ai peur. C'est une violation de mes droits. Après tout, où est ma sécurité?

This photo of Kong-udom, which was widely shared on social media, shows her making the "Hunger Games" salute as a sign of protest against the Junta government in Thailand

Cette photo de Kong-udom, largement partagée sur les médias sociaux, la montre faisant le salut  “Hunger Games” en signe de protestation contre le gouvernement de  la junte thaïlandaise

Kong-udom, qui est transsexuelle, a été arrêtée une première fois devant un cinéma de Bangkok le 20 novembre pour avoir fait un bref salut Hunger Games.

A l'heure où cet article est écrit, le NHRC n'a toujours pas fait de déclaration sur les faits.

Cet incident est un exemple récent de l'intimidation croissante qui pèse sur les activistes en Thaïlande depuis la déclaration de la loi martiale par les militaires en mai dernier.

Les activistes mettent leur sécurité en danger en organisant des manifestations pacifiques et des activités anti-coup d'état pour demander le retour d'un gouvernement civil par des élections démocratiques, bien qu'ils n'aient reçu ni aide ni déclaration de soutien de la part des principaux partis politiques du pays.

Le harcèlement d'activistes est une preuve supplémentaires de l'aggravation de la situation des droits humains en Thaïlande. Heureusement, ce cas a été rapporté grâce à la persévérance de Thaïlandais qui refusent la répression.

Des survivants du séisme et tsunami de Tohoku en 2011 témoignent en anglais pour le monde et la postérité

dimanche 21 décembre 2014 à 13:14
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Photo fournie par Kahoku Shimpo

Dans un effort d'étendre la sensibilisation sur la mortelle “triple catastrophe” du 11 mars 2011 à Tohoku, au Japon, et pour aider les gens partout dans le monde à se préparer à de tels événements dans le futur, un grand journal à Tohoku publie les traductions anglaises de la couverture médiatique de l'événement.

Le projet résulte d'une collaboration entre le journal Kahoku Shimpo, des étudiants volontaires et l'université Harvard à Cambridge, dans le Massachusetts.

Le Kahoku Shimpo est édité par Hideya Terashima, un présentateur du TEDx, et siège à Sendai, dans la préfecture de Miyagi. Situé sur la côte pacifique, à plusieurs centaines de kilomètres au nord de Tokyo, Sendai est une des plus grandes villes de la région nord-ouest de Tohoku au Japon. La ville a été consécutivement frappée par le violent séisme du 11 mars 2011 qui a généré un gigantesque tsunami.

Des reporters de Kahoku Shimpo ont enregistré les lendemains de ce jour tragique ; mais ils ont également souffert des effets de la catastrophe. 

Image: Kahoku Shimbun

Travaillant avec l'Université de Harvard et des étudiants, Kahoku Shimpo va traduire 38 articles de toute une série intitulée “Wagakoto”. Les premiers jets ont été publiés le 11 décembre 2014, et fournissent un premier compte-rendu en anglais de ce qui s'est passé tout de suite après le tremblement de terre et le tsunami :

L'hôpital d'Ogatsu était un petit hôpital public situé à une encablure de l'océan Pacifique, dans la ville d'Ishinomaki, préfecture de Miyagi. La plupart des patients de l'hôpital étaient des personnes âgées résidant dans la ville. 

Le 11 mars 2011, l'hôpital a été frappé par un tsunami qui s'est élevé jusqu'au niveau du toit de l'édifice, soit 10 mètres de haut. Les 40 patients hospitalisés, et 24 des 30 membres du corps médical de l'hôpital ont été victimes du tsunami.

Ce jour-là, un employé administratif de l'hôpital Yoshikatsu Endo (47) a tenté de transporter un patient sur le toit de l'immeuble avec ses collègues, avant d'être submergé par le tsunami.

“Beaucoup sont morts mais j'ai survécu. ça fait mal de penser qu'ils ont pu dire à mon sujet, ‘pourquoi tu nous as abandonnés ?’ ”

Tiré du Prologue/ Preserve Lives and Communities [Prologue/Sauver des vies et des communautés]

A ce jour, les premières parties traduites comprennent :

Davantage de fragments seront traduits et publiés dans les semaines et les mois à venir.

"Depuis le moment où la catastrophe a frappé le 11 mars 2011, les reporters, les éditeurs et toute l'équipe de Kahoku Shimpo ont travaillé sans relâche et ont également fourni les ressources dans le but de se souvenir de la catastrophe et transmettre ses leçons à la postérité," indique Andrew Gordon, un professeur d'histoire du Lee and Juliet Folger Fund à Harvard.

"Juste après la catastrophe, les collègues, le personnel et les étudiants du Reischauer Institute of Japanese Studies de l'université de Harvard ont commencé à travailler avec beaucoup d'autres organisations pour créer une ressource visant à préserver et rendre accessible pour aujourd'hui et dans l'avenir, les enregistrements numériques de ce tragique désastre et de ses séquelles."

Dans les mois et les années qui suivirent la catastrophe, Gordon précise que les étudiants et la faculté de Harvard ont forgé un partenariat solide avec Kahoku Shimpo pour rendre disponible les traductions anglaises des histoires émouvantes des gens qui ont vécu la catastrophe du 11 mars.

Le meurtre de #Ferguson inspire le Street Art à travers les Etats-Unis

dimanche 21 décembre 2014 à 13:05
"Message Reflects on Traffic" in Ferguson, Missouri. Photo by Light Brigading on Flickr.

“Réflexion du message sur la circulation” à Ferguson, Missouri. Photo de Light Brigading sur Flickr.

Les désordres de Ferguson, dans le Missouri, déclenchés par le meurtre du jeune Michael Brown, 18 ans, par un policier blanc, ont eu une importante traduction artistique localement et dans l'ensemble des USA.

Nombreux ont été les artistes et performeurs à apparaître dans les rassemblements et veillées à et à propos de Ferguson, où les protestataires continuent à crier justice après la décision de ne pas poursuivre le policier Darren Wilson, qui avait abattu Michael Brown. 

A Ferguson-themed window mural. Photo by Paul Sableman on Flickr.

“Nous nous lèverons – La paix est dans nos mains” Vitrine peinte sur le thème de Ferguson. Photo de Paul Sableman sur Flickr.

Justice for All rally in Washington DC, December 13, 2014. Photo by Stephen Melkisethian on Flickr.

Au rassemblement Justice pour Tous de Washington DC, 13 décembre 2014. Photo de Stephen Melkisethian sur Flickr.

Street art, y compris les graffitis, affiches et banderoles des rassemblements, semblent bourgeonner quotidiennement à partir des manifestations et dans la communauté. Un article sur le site d'information Mic vient d'affirmer que Ferguson, Missouri, possède maintenant “le plus puissant street art d'Amérique” et présente un jeune artiste, Damon Davis, qui compose des graffitis et des fresques à partir d'affiches de mains dans la ville. Davis collabore aussi avec grand nombre de commerces et entreprises locales pour créer ses productions. Comme il l'explique, si beaucoup de patrons et propriétaires sont désireux d'aider et soutenir les protestataires, il en reste encore qui veulent rester “neutres”.  Mais Davis note aussi :

 Si ont on fait de l'argent sur le dos de cette communauté, il n'y a pas de neutralité.  

Davis et d'autres artistes ont aussi été invités à participer ou à envoyer leurs oeuvres à la veillée de protestation de Wynwood à Miami, coïncidant avec le célèbre et très médiatisé Miami Art Basel. Une foire d'art contemporain visitée en grand nombre par vedettes et artistes célèbres, mais largement critiquée cette année pour sa frivolité.

Cependant, il y a eu au moins une oeuvre en rapport avec l'événement qui a indigné l'Amérique en 2014 : un tableau hyper-réaliste de Robert Longo, intitulé “Untitled (Ferguson Police August 13 2014)”. Certains ont appelé la gigantesque peinture “l'oeuvre d'art la plus forte d'Art Basel Miami Beach”. Sur ce tableau sombre, les rangs des policiers sont rendus comme une force indifférente et sans visage, avançant vers les spectateurs à travers une fumée brumeuse, sans doute du gaz lacrymogène.

A l'extérieur de la Foire Art Basel de Miami, baignant dans une atmosphère artistique, une veillée a été organisée pendant laquelle les présents ont donné un temps de mémoire aux victimes de la violence policière. Sur leur page Facebook, les organisateurs ont expliqué :

Hier soir, nous avons fait le ‪#‎ShutItDown‬, nous avons fermé l'autoroute et une partie d’‪#‎ArtBasel‬, la plus grande manifestation artistique du pays, en demandant justice pour‪#‎IsraelHernandez‬‪#‎MikeBrown‬‪#‎EricGarner‬ et d'innombrables autres victimes des brutalités de la police !  

Une attention particulière était donnée à la mort en 2013 du graffeur de moins de 20 ans Israel Hernandez, tué à coup de Taser par un policier qui l'avait surpris en train de peindre le côté d'un McDonald's abandonné. Hernandez était un artiste de rue talentueux, couronné de plusieurs prix pour ses graffitis durant sa courte vie. Sa mort a provoqué de nombreuses protestations contre les usages abusifs du Taser par les policiers et a inspiré le documentaire “Tasered: The Israel Hernandez Story”.

Les rassemblements réclamant justice pour toutes les victimes de brutalités policières sont aussi devenus un mouvement anti-raciste dans de nombreux pays américains et leurs histoires font le tour du monde. Du graffiti de Brooklyn, New York, montrant un garçon les mains en l'air avec les mots “Don't shoot” (‘Ne tirez pas'), à celui de Londres en Angleterre, avec son garçon un bras levé et les mêmes mots barrant l'image :

Graffiti in Brooklyn, New York in support of the Ferguson, Missouri protests. Photo by Damien Derouene on Flickr.

Graffiti à Brooklyn, New York en solidarité avec les manifestations de Ferguson, Missouri. Photo par Damien Derouene sur Flickr.

Graffiti in London, England in support of the Ferguson, Missouri protests. Image widely circulated on the Internet.

Graffiti à Londres, Angleterre en solidarité avec les manifestations de Ferguson, Missouri. L'image circule largement sur Internet.

A Ferguson, le graffeur Damon Davis a insisté sur l'importance des artistes :

Les artistes ont un rôle vital en racontant ces histoires et en gardant vivante la mémoire. [Les affiches] sont importantes pour ceux qui peuvent regarder passivement. Ils changeront peut-être d'avis [et commenceront à nous soutenir]. Et ceux qui ne sont pas de notre côté … ils savent désormais que nous sommes toujours là. Et nous ne céderons pas.