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Nour, Syrienne, de Raqqa à Berlin : en quête de liberté

lundi 15 février 2016 à 18:46
Enfants_syriens_refugies_Liban (Photo Eoghan Rice _ Licence Creative Commons)

Enfants_syriens_refugies_Liban (Photo Eoghan Rice _ Licence Creative Commons CC-BY-2.0)

Nour* est institutrice, elle a 38 ans. Nour est aussi syrienne et elle habitait à Raqqa il y a encore un peu plus d'un an. Après un passage par la Turquie, elle a réussi aujourd'hui à gagner Berlin, où elle attend son inscription dans un camp de réfugiés avec ses deux enfants. Nour n'est pas la première à raconter son histoire. Chaque témoignage singulier pourrait être celui qui, – parce que son histoire est simple et que nous la comprenons – , peut nous éloigner un peu plus de la vision catastrophiste d'une marée informe et incontrôlable submergeant nos frontières européennes.

Raqqa, fief de Daech en Syrie

Raqqa est considérée comme la capitale auto-proclamée de Daech en Syrie, puisqu'elle est contrôlée par l'organisation depuis juin 2013, après une campagne intense de bombardements. Le groupe Raqqa is Being Slaughtered Silently (RBSS), – Raqqa se fait massacrer en silence -, documente largement cette situation sur twitter.

Raconter l'histoire de la Syrie – Média trans-lignes de front

Selon de nombreux articles, la vie quotidienne dans cette ville de 200 000 habitants en est profondément altérée, ajoutant la terreur à une hausse subite des prix des éléments de première nécessité.

Petit à petit, la liberté s'étiole

Nour décrit la montée progressive des privations de liberté, – particulièrement en tant que femme -, mais aussi des restrictions économiques. «  En février 2014, je suis obligée de porter le voile intégral lors de l'exercice de mon métier d'enseignante. Certaines matières comme la physique ou la peinture sont interdites. A l'école les filles et les garçons sont séparés. Mes enfants ont du renoncer à leurs loisirs. Il m'est ensuite interdit de sortir ou de conduire une voiture sans être accompagnée par un homme du premier degré de parenté. Toutes les écoles sont fermées. Mes enfants sont privés de scolarité et je ne perçois plus de salaire. »

Amer Albarzawi, Syrien originaire de Raqqa, a créé la vidéo “Fade to Black” pour décrire le même phénomène.

Dans l'article En une minute, Raqqa chavire du Courrier international, l'artiste s'explique :

Un jour, nous n’avions plus le droit de fumer. Le jour suivant, les filles et les garçons ne pouvaient plus sortir ensemble dans la rue. Le mois d’après, à l’école, les filles ont été séparées des garçons, puis elles ont dû porter le hidjab [voile islamique]. […] Je suis musulman mais tout cela est très inhabituel pour moi.

Vivre et mourir dans une ville en guerre

Nour vient d'un milieu social plutôt privilégié, son mari est dentiste. Il a le tort d'être aussi un homme de conviction. C'est ainsi que très vite, « son salaire n'est plus versé parce que sa famille et lui-même sont laïques et dénoncent les massacrent commis à Raqqa. » Ces difficultés financières ainsi que le manque d'accès à l'éducation commencent à peser lourd sur le quotidien de la famille, qui compte trois enfants.

C'est en tentant de porter secours à des personnes blessées que « [son] mari et [son] fils aîné meurent lors d'une attaque aux missiles qui visait leur voiture ainsi que le véhicule d'un groupe médical d'urgence. »

Au-delà de l'immense chagrin de la perte, sa nouvelle situation de veuve entraîne une menace supplémentaire pour Nour. « Après une période de deuil enfermée à la maison, je crains d'être mariée de force à un combattant. »

La Turquie, un refuge temporaire et peu sûr

La crainte d'être mariée de force et la solitude poussent Nour à chercher refuge dans le pays le plus accessible dans un premier temps (sur 4,5 millions de réfugiés syriens dans le monde, 2,5 millions se trouveraient aujourd'hui en Turquie selon Amnesty International du 3 février 2016). « Mon père malade et ma mère décident de se réfugier en Turquie. Je les rejoins avec mes deux enfants. Mon plus jeune fils Braïm est très marqué par la mort de son père et de son frère. »

Selon un communiqué d'Amnesty International en 2014 :

A peine 14% des 1,6 millions des réfugiés de Syrie vivent dans l’un des 22 camps bien équipés implantés en Turquie. Mais ces derniers ont déjà atteint leur capacité maximale d’accueil. Ce sont donc près de 1,3 million de réfugiés de Syrie qui sont livrés à eux-mêmes en Turquie. Une très faible proportion bénéficie de l’aide d’organisations humanitaires. Pour se nourrir et se loger, les familles prennent des mesures désespérées, faisant même parfois travailler leurs enfants.

Nour, à qui il reste quelques ressources financières au moment de son arrivée en Turquie, a pu échapper aux camps et à la rue. Ces réserves cependant menacent de s'épuiser rapidement.

Économiquement, la Turquie est à la Syrie ce que la Suisse est à l'Italie : un voisin hors de prix. Nour témoigne : « En juillet 2014, je n'ai [toujours] pas pu trouver de travail à proximité de chez moi. La vie est chère, les transports aussi. Je vis avec ma famille. Les perspectives d'avenir sont nulles. »

Manifestation pour accueil des réfugiés et contre le racisme à Cologne en janvier 2016 (Photo Raimund Spekking _ Licence Creative Commons)

Manifestation pour l'accueil des réfugiés et contre le racisme à Cologne en janvier 2016 (Photo Raimund Spekking _ Licence Creative Commons)

L'Europe : destination salvatrice?

Malgré sa triste mine et ses mauvaises manière, l'Europe continue de susciter l'espoir chez les réfugiés syriens. C'est aussi le cas pour Nour. Et si la plupart des Européens s'accrochent à leur portefeuille en se disant que celui-ci est l'objet de toutes les convoitises, il semblerait que ce soient plutôt ses valeurs qui soient au cœur des rêves de Nour.

« J'espère trouver les moyens de survivre, d'avoir la chance d'entamer une nouvelle vie dans un pays libre et laïc, où mes enfants auront la possibilité de recevoir une bonne éducation. » Suivant son instinct et bravant de nombreuses difficultés, Nour est donc aujourd'hui à Berlin. Espérons que l'Allemagne, mais aussi l'Union européenne dans son ensemble, sauront prouver à Nour que leurs valeurs sont plus que les reflets chatoyants d'une période lointaine et révolue.

* pour la sécurité des personnes, tous les noms ont été changés.

L'organisation mexicaine El Caracol au service de l'intégration des sans-abris à Mexico

dimanche 14 février 2016 à 20:23
Jóvenes universitarios en trabajo comunitario con las poblaciones en situación de calle de Ciudad de México. "Seguimos acompañando acciones solidarias y de acompañamiento educativo a través de iniciativas profesionales de univeritarixs dispuestos a transformar otras miles de miradas y a promover el cambio cultural." Fotografía tomada de la página en Facebook de El Caracol y usada con permiso.

De jeunes étudiants dans leur travail communautaire avec les sans domicile fixe de la ville de Mexico. « Nous continuons d'accompagner des actions solidaires et de soutien éducatif par le biais des initiatives professionnelles d'étudiant-e-s disposé-e-s à faire changer mille regards de plus et à promouvoir un changement culturel. » Photographie tirée de la page Facebook del Caracol et utilisée avec sa permission.

La population sans abri de Mexico est, comme dans d'autres grandes villes, confrontée au stigmate construit par les médias et à la discrimination de la population en général. La relation que les individus et les autorités ont avec celles et ceux qui vivent dans la rue est la plupart du temps faite d'indifférence, de discrimination et de rejet. D'après les chiffres du gouvernement du district fédéral du Mexique, 9000 personnes vivent à Mexico dans l'espace public, dont un tiers seulement est pris en charge par l'Etat.

La rue vue des réseaux

La discrimination et la criminalisation de la part des autorités se traduit par le refus de services, la violence policière et les arrestations arbitraires qui sont régulièrement signalées. Dans ce travail de Shaila Rosagel pour le site Sin Embargo, les témoignages recueillis mettent en évidence ces mauvais traitements :

…Marina, tiene 23 años. Vive en la calle desde los nueve y padece una extrema delgadez. […] Hace un mes que acudió al Centro Toxicológico Venustiano Carranza porque vomitaba sangre, pero regresó a la calle, donde vive, igual como se fue: enferma y sin medicamentos. No hubo quién le surtiera la receta en el hospital.“Me dijeron que no necesitaba internamiento. La doctora que me atendió me dijo que me fuera. Yo me sentía muy mal”.

… Marina, elle a 23 ans. Elle vit dans la rue depuis ses 9 ans et présente une maigreur extrême.[…] Il y a un mois, elle s'est rendue au Centre de toxicologie Venustiano Carranza car elle vomissait du sang, mais elle est retournée dans la rue, où elle vit, dans le même état qu'avant: malade et sans médicaments. Personne ne lui a délivré d'ordonnance à l'hôpital. «Ils m'ont dit que je n'avais pas besoin d'être hospitalisée. La femme médecin qui s'est occupée de moi m'a demandée de partir. Je me sentais très mal.»

Sur Twitter, signaler des personnes [sans domicile fixe] aux autorités est une constante, et ces signalements donnent lieu à des expulsions musclées. Les personnes qui font des signalements n'ont que peu conscience de l'impact qu'ils ont sur les groupes de sans abri et du travail de « nettoyage social » réalisé ensuite par les autorités:

Dans cette vidéo [es], partagée par El Caracol, différentes personnes qui vivent dans la rue témoignent des abus commis par la police. Leur situation est selon celles et ceux qui s'expriment dans la vidéo ce qui les rend vulnérables aux fausses accusations et à de nombreuses injustices:

Par ailleurs, l'état des centres d'hébergement de la ville de Mexico fait qu'ils ne constituent pas une solution. D'après le média numérique Contralínea, le directeur de l'Institut d'assistance et d'intégration sociale en personne, Rubén Fuentes Rodriguez, a reconnu que « la rue [était] préférable aux centres d'hébergement » qui sont à sa charge.

Le changement nécessaire va donc sans doute au-delà de la réforme institutionnelle ;  modifier la perception que les gens ont des sans domicile fixe semble être un point de départ important.

Des initiatives citoyennes pour parvenir à des changements concrets: Les histoires de El Caracol

El Caracol [l'escargot en français] est une organisation qui œuvre à la défense des droits des sans-abris. L'organisation accompagne des hommes et des femmes tout au long du processus vers une vie indépendante. Sa page Facebook est une petite fenêtre sur les histoires, expériences et réussites des personnes avec qui elle collabore; et aussi une invitation à participer à l'inclusion de la population sans abri et au respect de ses droits:

"Las fronteras de mi ser no están en mi piel sino en la suya; ahora veo mi vida a través de sus ojos y la veo cargada de otros colores, de otros brillos y otras penumbras. Yo también nací de nuevo." Fotografía y testimonio tomados de la página en Facebook de El Caracol y publicados con permiso.

 «Les frontières de mon être ne sont pas dans ma peau mais dans la sienne; je vois à présent ma vie à travers ses yeux et je la vois sous d'autres couleurs, d'autres éclats et d'autres pénombres. Je suis moi aussi née de nouveau.» Photographie et témoignage tirés de la page Facebook de El Caracol et publiés avec sa permission.

La défense des droits des personnes sans domicile fixe dans leur diversité fait également partie du travail du collectif El Caracol :

Diversidad en las calles

Campagne pour la Journée nationale de lutte contre l'homophobie. «Nous devons veiller à l'égalité des chances et au respect des droits humains de tous et de toutes ; personne ne doit juger des différentes manières d'aimer. Parmi la population sans domicile fixe, les personnes qui appartiennent à la communauté LGBTTTI vivent une discrimination multidimensionnelle ; en effet, en plus des agressions verbales et physiques de la part de la collectivité et des fonctionnaires, elles font face à un déni d'accès aux soins de santé, de leur identité, de leurs droits sexuels et de leur droit au travail.»

El Caracol propose un accompagnement intégral pour ce qui a trait à la réalité des enfants, des jeunes et des femmes qui vivent dans la rue par le bais d'un modèle de gestion multidimensionnel avec une méthodologie innovante qui facilite l'émergence de nouvelles alternatives de vie loin des rues.

:: Audiencia pública con poblaciones callejeras ::

Réunion publique avec des personnes sans domicile fixe. Photographie de El Caracol, disponible sur son compte Facebook et publiée avec sa permission.

L'organisation cherche également à faire participer de manière active les personnes sans abri à ses processus de prise de décision et à l'exercice de leurs droits pour faciliter l'accès aux services de santé, à un logement et à l'emploi. El Caracol est aussi l'une des principales organisations qui mènent des actions de plaidoyer afin de créer des mécanismes de protection et des programmes qui aident les sans domicile fixe à s'en sortir.

Gerardo Rodríguez de El Caracol a partagé avec Global Voices une partie de son expérience:

Uno de los mayores aprendizajes de trabajar con poblaciones callejeras es que son una población totalmente invisible para la sociedad a la cual no se le considera como sujetos de derechos… Es una población diversa y por lo tanto sus derechos están asociados a la diversidad. Es decir no es lo mismo una mujer que está en la calle, a una mujer en la calle con hijos, o una persona con alguna discapacidad, o niños en situación de calle.”

L'un des enseignements majeurs dans le fait de travailler avec des personnes sans domicile fixe est que ce sont des gens totalement invisibles pour la société qui ne les considère pas comme des sujets de droits… C'est une population diversifiée et par conséquent ses droits sont associés à la diversité. En d'autres termes, une femme qui est à la rue est différente d'une femme à la rue avec des enfants, ou qu'une personne handicapée, ou que des enfants à la rue.

“Chiras Pelas Calacas Flacas”: une campagne d'étude et de sensibilisation

En 2015 a été menée la campagne Chiras Pelas Calacas Flacas [fr], une méthode que El Caracol utilise depuis 11 ans pour parler de la mort, en approfondir les causes et recueillir des informations autour des risques et du nombre de morts qu'il y a parmi les gens qui vivent dans la rue. La vidéo [es] présente un aperçu de l'expérience:

Le nom de la campagne vient d'une expression fréquemment employée dans le jeu de billes [fr] au Mexique. Ce jeu se caractérise par l'utilisation d'un langage courant assez lié à la mort. Dans le jeu, les billes des joueurs sont « noyées ». Le tir qui parvient à frapper plus d'une bille adverse est connu sous le nom de « chiras pelas ». Quant à « calacas fracas », cela signifie « il ou elle est mort-e » ou « c'est fini ».

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Nous n'avons pas peur de la mort mais d'être invisibles pour une société qui se dit humaine et ignore ses frères. #GritaMuerteCero [Crie zéro mort]

Une fois la campagne dans la rue achevée, El Caracol utilise les réseaux sociaux pour diffuser l'information. D'après Gerardo,

Las ventajas de estas plataformas es que los contenidos que publicamos pueden ser vistos por más personas gracias a las redes que se crean. Ahora nos han permitido mantenernos activos y a partir de los análisis también saber más sobre las mejores horas para publicar nuestros mensajes y conocer a quiénes nos dirigimos. Son fundamentales para nuestro trabajo. Ahora sabemos que no es sólo acerca de poner información en algún lado, sino que es necesario humanizar esa información y comunicar que estas personas no sólo son un numero, no sólo son un dato.

L'avantage de ces plate-formes est que les contenus que nous publions peuvent être vus par davantage de personnes grâce aux réseaux qui se créent. A l'heure actuelle, elles nous ont permis de rester actifs ainsi que d'en savoir plus à partir des analyses sur les meilleurs heures pour publier nos messages et connaître ceux à qui nous nous adressons. Elles sont essentielles dans notre travail. Nous savons maintenant qu'il ne s'agit pas simplement de mettre des informations de côté mais qu'il est nécessaire d'humaniser ces informations et de communiquer sur le fait que ces personnes ne sont pas un simple numéro, une simple donnée.

Les publications de El Caracol et ses nombreuses histoires sont disponibles sur Facebook et Twitter. On peut contacter les organisateurs par le biais de ces réseaux sociaux ainsi qu'avoir accès aux formes que peut prendre le soutien aux initiatives, qui comprennent des aides financières via des comptes bancaires.

Une jeune Pakistanaise espère que son tour du Pakistan à moto inspirera d'autres femmes

dimanche 14 février 2016 à 19:58
Zenith Irfan defied Pakistani social boundaries and set off to honor her father's legacy by taking a motorcycle trip across Pakistan from Lahore to Kashmir. She hopes her blog and videos will inspire future adventurers who aspire to end gender stereotypes in Pakistan. Credit: 1 Girl 2 Wheels/FB

Zenith Irfan a défié les interdits sociaux pakistanais et s'est mise en route pour honorer la mémoire de son père en entreprenant un voyage à moto à travers le Pakistan, de Lahore au Kashmir. Elle espère que son blog et ses vidéos inspireront de futures aventurières qui aspirent à mettre fin aux stéréotypes sexistes au Pakistan. Crédit : 1 Girl 2 Wheels/FB

Cet article de David Leveille pour The Worldinitialement publié sur on PRI.org le 4 février 2016, est reproduit ici dans le cadre d'un partenariat.

Il y a différentes idées sur ce qu'est la liberté.

Listen to this story on PRI.org »

L'une est de simplement partir sur une moto — dans n'importe quelle direction — aussi vite ou aussi loin que votre cœur vous dit d'aller.

Zenith Irfan se décrit elle-même comme une “Capricorne de 21 ans dans un périple épique à moto dans les terres du Pakistan avec rien d'autre que son âme libre”. Elle a réalisé ce périple l'été dernier. Parmi le peu qu'elle transportait avec elle, il y avait le souhait que ses histoires servent de guide pour de futures aventurières qui aspirent à mettre fin aux stéréotypes sexistes au Pakistan.

Zenith dit que c'est son père, qui mourut jeune, qui lui a inspiré ce périple.

“Quand j'avais 12 ans, ma mère et moi regardions des photos, des photos de famille, et ma mère m'a dit ‘ton père voulait voyager à travers le monde sur une moto’, et elle m'a raconté que c'était son rêve et qu'il n'a jamais pu l'accomplir parce que sa vie fut trop courte. Et ma mère a eu cette idée folle que je devrais poursuivre son rêve et en faire un hommage à mon père… parce que dans notre culture, nous sommes généralement contraints par certaines limites, comme les parents qui ne permettent pas à leurs enfants de partir en voyage ou de s'amuser à cause de la culture autour de nous. C'est une culture très restrictive”.

Passant outre ces frontières culturelles, et encouragée par sa mère et son frère, Zenith a traversé le Pakistan sur une moto durant août et septembre 2015.

 In the city, where children are caught up in the artificial world of gadgets and games. There exists, ambitious souls in the mountains of Kashmir. These little angels walk 2-3 miles daily, just to read a few alphabets. Indeed, those who have less, are spiritually privileged, than those who have more. Credit: 1 Girl 2 Wheels

Dans la ville, les enfants sont pris dans le monde artificiel des gadgets et des jeux. Là, dans les montages du Kashmir, il existe des âmes courageuses. Ces petits anges parcourent 3-4 km chaque jour, juste pour lire quelques lettres de l alphabet. En effet, ceux qui possèdent moins sont spirituellement plus privilégiés que ceux qui ont plus. Crédit : 1 Girl 2 Wheels

“Quand j'ai passé le Col de Khunjerab (c'est le col qui connecte le Pakistan avec la Chine), il y avait cet homme près du poste de contrôle de sécurité et il m'a dit que je ne devrais pas rouler à moto et que je devrais rentrer chez moi. Et je suis juste passée en lui faisant un sourire, comme si je refusais son commentaire. C'est le seul commentaire négatif que j'ai reçu. Je n'ai jamais été menacée”.

“Le Prophète Mohammed a dit : ‘Ne me dis pas combien tu es éduqué, dis-moi combien tu as voyagé’. Cette citation m'est allée droit au cœur. Les connaissances que nous tenons des livres et de notre éducation scolaire peuvent ouvrir notre imagination, mais n'ouvrent pas les portes de l'expérience. Voyager, grimper aux arbres et attraper des papillons ouvrent nos récepteurs sensoriels. Avoir une brève conversation avec un villageois, cueillir du coton dans des champs blancs recouverts de rosée, tout cela ouvre la fenêtre de la connaissance et de l'expérience à travers laquelle nous apprenons la culture et les histoires, des histoires qui n'ont jamais atteint la littérature”.

“La moto est vue comme un des véhicules les plus dangereux pour voyager. Alors je veux justement que tout le monde voyage à moto plutôt qu'en voiture parce qu'une moto vous offre une vision à 360 degrés, de tout ce qui vous entoure. Vous pouvez voir l'air, le soleil et vous passez littéralement à travers chaque expérience physiquement, mentalement et spirituellement. Donc j'encourage tout le monde à adopter une moto comme compagnon de voyage”.

Regardez une vidéo du périple de Zenith sur Facebook .

Le Mexique pleure son Aylan

dimanche 14 février 2016 à 16:00
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Image circulant sur les réseaux sociaux représentant le bébé de 7 mois assassiné lors d'un prétendu règlement de comptes, qui a été comparée avec celle du petit Aylan Kurdi.

Marcos Miguel Pano Colón n'avait que sept mois lorsque, le 29 janvier dernier, son corps a été retrouvé criblé de balles, à côté de ceux de ses parents, après ce qui a été qualifié par les autorités de “règlement de comptes” entre des bandes rivales de narcotrafiquants. Ces faits, qui se sont produits à Pinotepa Nacional – au Sud-Ouest du pays, dans l'État de Oaxaca - n'a laissé personne indifférent, particulièrement dans un pays où, même si beaucoup se sont habitués à la violence, il est rare de voir le visage d'un enfant au coeur du conflit.

La photo du petit corps entre ses parents, la bouche ouverte, a rappelé à beaucoup l'histoire de Aylan Kurdi, l'enfant réfugié syrien qui est mort noyé au large des côtes turques alors qu'il fuyait la guerre avec sa famille. Aylan et Marcos Miguel sont deux victimes innocentes de conflits complexes qui semblent ne pas avoir de fin, et semblent encore moins sur le point de ne plus prendre des vies innocentes.

Le phénomène migratoire en Europe et au Moyen-Orient a augmenté à cause de la tension ou de l'instabilité politique dans certains pays, alors que le Mexique vit un conflit armé intérieur, motivé par la guerre sans fin contre le crime organisé, depuis le mandat de l'ex-Président Felipe Calderón. La guerre a été poursuivie par l'actuelle administration du président Enrique Peña, et produit toujours plus de milices armées, de lieux soustraits au contrôle des autorités, de personnes déplacées et de morts.

Le rédacteur de la page Facebook du quotidien régional ‘Solo Acapulco’ y a publié une photo avec le message suivant :

Tu te souviens de l'enfant syrien ? Tu te souviens que tu t'es indigné et que tu as mis ton petit drapeau sur Facebook ? Là, cela se passe au Mexique, plus précisément à Pinotepa Oaxaca, où le trafic de stupéfiants a tué cette famille, dont ce petit ange de sept mois.”

La publication a été partagée plus de 50 000 fois sur le réseau social Facebook entre le 30 janvier et le 2 février, et a généré plus de 2000 commentaires, selon le site Clases de Periodismo.

L'indignation a explosé sur les réseaux sociaux :

Violence faite aux enfants. En Europe, le froid et les dirigeants au coeur gelé. Au Mexique, les narcos impunis.

Selon le député de l'Etat Jesús López, une minute de silence pour la mort de l'enfant a été observée dans l'enceinte de l'assemblée locale :

Une minute de silence est observée en mémoire du bébé Marcos Miguel Pano Colón et de sa famille, assassinés à Pinotepa Nal.

Abel a commenté :

Le bébé assassiné lors d'un affrontement de narcos, Marcos Miguel Pano Colon, nous prouve que nous avons échoué dans bien des aspects en tant qu'êtres humains.

Luis a blâmé le gouverneur Gabino Cue, qui a pratiquement consacré tout son mandat à satisfaire les besoins du secteur enseignant, représenté par la très agressive Coordinatrice Nationale des Travailleurs de l'Éducation (CNTE) :

Il n'y a pas que la @CNTEMX à Oaxaca, il y a tout un état d'insécurité, de violence et de pauvreté

Les médias ont rapporté que, le 8 février, trois hommes suspectés d'être liés à l'assassinat du bébé et de ses parents ont été arrêtés. Les hommes ont des antécédents criminels et cela renforce la théorie du Ministère public selon laquelle il s'agit d'un règlement de comptes entre deux bandes.

En 2014, le Mexique a été, avec 15 000 morts, le troisième pays enregistrant le plus de morts causées par des conflits armés dans le monde, selon une étude de l’Institut International des Études Stratégiques de Londres (IISS selon le sigle anglais) publiée par le site Aristegui Noticias.

Au niveau mondial, le rapport révèle qu'en 2014, le conflit en Syrie a occasionné la mort de 70 000 personnes, et en Irak de 18 000.

Haïti : Crise électorale et lendemains incertains

dimanche 14 février 2016 à 15:34
Post-elections protest, Jacmel, #Haiti, August 2015. Photo by Georgia Popplewell, used under a CC BY-NC-SA 2.0 license.

Manifestation d'après-élections, Jacmel, #Haiti, Août 2015. Photo Georgia Popplewell, utilisée sous licence CC BY-NC-SA 2.0

L'élection présidentielle de Haïti se fait toujours attendre.

Lors des élections législatives du 9 août 2015, leurs soupçons de résultats trafiqués ont fait descendre dans les rues de nombreux manifestants, agitation suivie par le premier tour de l'élection présidentielle le 25 octobre. Comme le président sortant, Michel Martelly, était empêché par la constitution d'y prendre part et qu'aucun candidat n'a obtenu de majorité à ce premier tour, un second était prévu le 27 décembre. Ce scrutin n'a jamais eu lieu.

Revenons en 2016. Le candidat présidentiel d'opposition Jude Célestin et son rival soutenu par le pouvoir Jovenel Moïse, arrivé en tête du premier tour, étaient censés se retrouver face-à-face le 24 janvier. Contre toute attente, Célestin annonça le 18 janvier son retrait de l'élection prévue et appela à la boycotter. Sitôt après, un groupe de huit (appelé le ‘G8′) candidats présidentiels haïtiens d'opposition lui emboîtèrent le pas.

On espérait initialement de ce deuxième tour redonnerait aux citoyens foi dans le processus électoral et restaurerait l'ordre civil dans un des pays les plus instables de la région — ou du moins c'était ce qui se disait communément.

Un deuxième jour de suite de manifestations sur les élections démarre Grand Rue.

Alors que tournoient les rumeurs que les violences sont la cause du report de l'élection, le blog Dady Chery a aussitôt affirmé :

La lutte pour Haïti est ouverte. Depuis que les Haïtiens ont sabordé les élections frauduleuses et se sont mis à faire leur propre programme, l'occupation étrangère cherche désespérément à concocter une solution pseudo-haïtienne à l'impasse électorale. Une campagne de désinformation d'organes d'information classiques comme Associated Press, Reuters, le Guardian, et le Miami Herald est l'avant-garde d'une tentative coloniale de prendre Haïti.

Au jour d'aujourd'hui, le seul à se présenter à l'élection truquée de Haïti est Moïse, le fondateur de la bananeraie privée Agritrans, qui, dit-on, aurait dépossédé quelque 800 paysans qui cultivaient en toute légalité, en détruisant leurs maisons et leurs récoltes. Sa société exporte ses bananes en Allemagne, alors que Haïti n'a pas assez pour se nourrir soi-même.

Un article de Joshua Steckley et Bevery Bellogger craint que Moïse ne fasse que saisir des terres à son profit :

Une présidence Moïse garantirait que les décisions politiques donnent la priorité au marché et à l'entreprise privée sur le soutien à la majorité démunie. Ce qui, à son tour, donnerait sans doute le feu vert aux accaparements massifs de terres en projet ou en cours, tandis que les paysans qui travaillent la terre seraient dépossédés.

Le politicien a pourtant un soutien populaire :

Les partisans de Jovenel Moïse dans les rues aujourd'hui à Cap-Haïtien et Port-au-Prince pour le soutenir.

L'utilisatrice deTwitter Daniella Bien-Aime s'inquiète de l'authenticité de tout cela :

Quelqu'un s'est demandé pourquoi tout d'un coup ces gens manifestent pour lui ? Ils sont payés pour ?

Pour ne rien simplifier, les manifestants d'opposition ont commencé à s'affronter avec les ex-militaires pro-Martelly. Ces anciens membres de l'armée, appelée en son temps les Forces Armées D'Haïti (FADH), soutenaient Martelly pour ses promesses de restaurer l'armée du pays.

Oh là là. Je me demande où ils vont ? les ex-Fadh.

Quoi qu'il en soit, au dernier jour de son mandat, le 7 février, Martelly a quitté ses fonctions en laissant un gouvernement provisoire. Il a signé un accord avec les deux présidents du parlement, Jocelerme Privert au Sénat et Cholzer Chancy à la Chambre basse, stipulant que le Premier Ministre Evans Paul gouvernera le pays jusqu'à ce qu'un président par intérim soit choisi par la législature. Si un président par intérim est choisi, il sera en fonctions 120 jours pendant l'organisation de nouvelles élections, qui devront se tenir au plus tard le 24 avril, et le nouveau président devra être investi avant le 24 mai.

Le blogueur Stanley Lucas s'inquiète de ce qu'il va advenir de son pays maintenant qu'il n'y a plus de président…

Sans aide de la communauté internationale pour écarter du système les auteurs de violences et de corruption, cet accord négocié – ou tout autre – est voué à l'échec et Haïti va retourner au chaos pour au moins dix ans. L'OEA (Organisation des Etats d'Amérique) devrait utiliser la Charte Démocratique et mener une enquête identifiant les acteurs néfastes et les ôter du processu.

…tandis que Saheed-Caesar Badmus tweetait sur ce qui auraut pu mener dès le départ à une issue plausible :

Si tous ces gens qui manifestent avaient réellement voté, le résultat aurait pu être différent