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La valse des premiers ministres se poursuit en Australie

mercredi 29 août 2018 à 10:39
Sit-in prayer vigil at Scott Morrison's office 2014Love Makes a Way

Veillée de prières devant les bureaux de Scott Morrison en 2014 – Image aimablement communiquée par le compte Flickr Love Makes a Way (CC BY-SA 2.0)

Le premier ministre Malcolm Turnbull vient d'être déposé à l'issue d'une acrimonieuse semaine de querelles politiques intestines en Australie. Son successeur, Scott Morrison, est le sixième premier ministre du pays depuis la défaite de John Howard à l'élection générale de 2007. C'est la quatrième fois de suite qu'un premier ministre est renversé par une révolte interne de son parti.

Le drame s'est joué sur l'incapacité du gouvernement à obtenir le soutien des députés de base à sa proposition de Garantie énergétique nationale (NEG), dont les objectifs étaient la sécurité énergétique, une baisse des prix de l'électricité et une réduction de 26 è 28 % des niveaux de 2005 d'émissions de carbone de l'Australie à l'horizon 2030. Dans les faits, certains parlementaires libéraux voulaient sortir de l’accord de Paris sur le climat.

M. Turnbull, encore en poste, a réagi en provoquant un vote secret surprise pour la direction du gouvernement le mercredi 22 août, qu'il remporta par 48 voix contre 35. Son challengeur malheureux était le ministre de l'Intérieur Peter Dutton, qui annonça sa démission — et son intention de rester dans la course au poste suprême.

Le chaos s'ensuivit avec démissions de ministres et retournement de vestes de personnalités politiques de premier plan. Invoquant le soutien du chef du gouvernement au mariage des personnes de même sexe, une des ministres de M. Turnbull, Concetta Fierravanti-Wells, démissionna de son ministère en l'accusant d'ignorer la base conservatrice du parti, mais sans être suivie par tous ses collègues libéraux.

Décision sans précédent, M. Turnbull riposta en demandant les signatures de la majorité des 43 membres de son groupe parlementaire libéral avant de convoquer une réunion spéciale. Le groupe parlementaire est composé de tous les élus du Parti libéral à la Chambre des représentants et au Sénat australiens.

M. Turnbull a aussi saisi pour avis le Procureur général au sujet de la capacité constitutionnelle de M. Dutton en tant que parlementaire, une manœuvre secondaire qui s'est avérée non concluante :

D'après le Procureur Général, Peter Dutton ‘n'est pas incapable'… Ça n'est pas merveilleux, une double négation avant le premier café du matin ?

A la suite de la déclaration du premier ministre qu'il ne serait pas candidat si la réunion adoptait une spill motion [dans la politique australienne, cela consiste à déclarer ouverte à l'élection la direction d'un parti, NdT] , Scott Morrison, le trésorier du parti, et Julie Bishop, qui a été ministre des Affaires étrangères et vice-présidente du Parti libéral, se sont tous deux déclarés candidats dans cette éventualité. Tous deux avaient été des soutiens de M. Turnbull.

Bien que considéré comme un politicien clivant peu populaire hors de son important État d'origine, le Queensland, les médias traditionnels prophétisèrent la victoire de Dutton. Ministre chargé de l'immigration, il a irrité de nombreux Australiens qui ont trouvé inhumain son traitement des réfugiés et demandeurs d'asile. En particulier, la détresse des détenus délocalisés sur Nauru et l'île de Manus en Papouasie-Nouvelle Guinée a fait polémique. Un des détenus, le journaliste iranien Behrouz Boochani, a tweeté plusieurs fois pendant la semaine son opinion sur les actes du ministre :

Tandis que Peter Dutton brigue le poste de premier ministre, une autre enfant de 12 ans lutte pour sa vie sur Nauru. Cette fillette devrait être è l'école en ce moment et pas sur un lit d'hôpital. C'est ça la vraie Australie, et non le visage souriant de Dutton à la télé nationale

Dutton était le fer de lance de la droite conservatrice de son parti, dont beaucoup étaient opposés à la NEG. A l'inverse, ils soutiennent les centrales thermiques au charbon et s'opposent aux actions pour le climat et aux objectifs d'émissions. Dutton a été attaqué comme étant une marionnette de l'ex-premier ministre Tony Abbott, dont Turnbull a pris la place lors d'un vote du groupe parlementaire libéral en 2015. Leur rivalité est ancienne : dans un précédent putsch interne en 2009, Abbott avait déposé Turnbull de son poste de chef de l'opposition à propos d'un système proposé d'échange de quotas d'émissions.

Le politologue Chris Pepin-Neff désigne Abbott comme le méchant :

J'espère que l'histoire retiendra que c'est la vengeance de Tony Abbott qui a imprégné l'échec du spill libéral de Dutton. Il a sabordé le gouvernement Gillard, son propre gouvernement et le gouvernement Turnbull. C'est sans nul doute l'affaire de la semaine. Comment un seul homme a mis à la poubelle 3 premiers ministres. Politique australienne

L'acteur Rhys Muldoon a au même moment clairement exprimé le sentiment de nombreux électeurs :

Tony Abbott vient de faire exploser le Libéral. Son benêt d'acolyte, Dutton, n'a été que la grenade à main. La haine dans cette salle du parti aurait pu servir de source d'énergie alternative.

Ce ne sont pas seulement les éminents journalistes et commentateurs politiques qui ont interprété le défi Dutton comme une revanche des pro-Abbott : d'autres parlementaires libéraux ont émis des appréciations similaires sur le premier ministre sortant et ses amis du parti.

Dutton défait par un supporter-même de Turnbull, il semble que le premier ministre assiégé ait déjoué ses adversaires et eu le dernier mot. En 2015, le camp Abbott s'est cru trahi, convaincu que Scott Morrison ne l'avait soutenu que du bout des lèvres, tout conservateur chrétien qu'il soit.

Autre couteau dans la plaie, lorsque Julie Bishop n'a pas voulu de la vice-présidence, son remplaçant a été Josh Frydenberg, le ministre en charge du système avorté d'énergie nationale.

Certains utilisateurs de Twitter ont ironisé à la fois sur Turnbull et sur Dutton. En début d'année, les deux hommes avaient accusé le gouvernement stable du Victoria d'inaction contre la violence supposée de gangs de jeunes Africains dans la capitale de l'État; Melbourne. Dutton avait même insinué que les gens avaient peur de sortir dans les restaurants :

Les gens ont trop peur pour aller dîner dehors à Canberra. il y a des gangs de vieux hommes blancs en cravate bleue qui se poignardent mutuellement dans le dos. Il faut qu'ils retournent d'où ils viennent.

Il n'a certes pas échappé aux soutiens des demandeurs d'asile que Scott Morrison fut l'architecte de la politique de barrage aux bateaux de Tony Abbott :

On oublie le degré de méchanceté atteint par Morrison dans son ignoble cruauté envers les demandeurs d'asile. Sa foi religieuse ne pèse rien quand il s'agit des désespérés qui luttent pour une vie plus sûre à l'abri de la guerre.

Malgré le changement de chef, pour de nombreux Australiens cela reste du pareil au même. La nouvelle sénatrice des Verts Mehreen Faruqi a tweeté :

Morrison premier ministre, ce sera plus des mêmes cadeaux aux entreprises, des mêmes ratages sur le changement climatique et de la même cruauté envers les demandeurs d'asile.

L'écologiste Sam Regester du collectif militant GetUp a été plus cinglant :

Rappel : Scott Morrison est en tous points aussi nocif que Peter Dutton, il donne seulement moins la chair de poule. Sa cruauté comme ministre de l'Immigration était inimaginable.

Kyle Bolto a résumé la réaction dominante des Australiens dans ce tweet :

La peste soit sur eux ! Sérieusement, ça devient embarrassant à expliquer aux gens quand on voyage à l'étranger.

Les électeurs sont d'accord sur une chose : les premiers ministres devraient avoir la possibilité de gouverner pendant la durée de leur mandat de trois ans, et être écartés par l'électorat plutôt que par leurs collègues parlementaires :

Depuis que je suis en âge de voter, pas un seul premier ministre n'est allé au bout de son mandat… Cette blague. Quelle ironie de parler des jeunes adultes comme de génération “Flocons de neige” à qui tout est dû alors que ce sont eux les plus émotifs, inconsistants et égocentriques de tout ce pays.

C'est un vieux cliché qu'Il peut s'en passer des choses en une semaine dans le monde de la politique, mais vu que la prochaine élection fédérale ne doit pas se tenir avant le milieu de 2019, cela pourrait bien sembler une éternité avant que les électeurs aient leur mot à dire sur qui va les gouverner.

Les prochains épisodes peuvent être suivis sur Twitter en recherchant le mot-clic #libspill, ou le surnom du nouveau premier ministre :#ScoMo.

Comment le nationalisme a œuvré à la préservation du patrimoine chrétien orthodoxe au temps de l'URSS

mercredi 29 août 2018 à 05:47

Signées Andreï Roublev et Daniil Tcherny, les icônes pascales «La Descente aux enfers et «L'Assomption» (1408-1410),galerie Tretiakov, Moscou. Photos en accès libre sur Wikipedia.

Le régime communiste n'a pas uniquement été préjudiciable à l'art religieux lié à la culture orthodoxe, comme en témoignent trois chefs-d'œuvre qui ont trouvé une nouvelle vie sur internet.

Selon une idée fausse très répandue en Occident, les partis communistes au pouvoir dans les pays de l'Est dans la seconde moitié du XXe siècle auraient imposé l'athéisme à toute la population. En fait, la réalité était beaucoup plus complexe, et le pouvoir soviétique ne se montrait pas forcément hostile aux institutions religieuses, du moment qu'elles ne remettaient pas en cause le parti au pouvoir.

Par exemple, tout en promouvant une idéologie laïque et en nationalisant les biens du clergé, les partis communistes européens exigeaient en général seulement de leurs propres membres qu'ils adoptent un point de vue athéiste, en échange d'un accès à de nombreux privilèges et aux rangs de l'élite dirigeante.

Parce qu'elle considérait l'institution religieuse comme une partie inaliénable de l'ancienne Russie impériale, l'une des premières préoccupations de l'Union soviétique a été d'instaurer l'athéisme au niveau national. Ce qui n'a pas empêché Staline, désireux de s'assurer le soutien de l'Eglise orthodoxe pour susciter le sentiment patriotique contre l'agresseur nazi, de mettre un terme en 1941 à sa politique de répression qui visait les croyants depuis 1926. Il en est résulté dans la société russe un renouveau de la vie religieuse, mais aussi de l'influence de l'Eglise.

Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des régimes communistes d'Europe centrale et de l'Est ont réussi à pacifier leurs Eglises orthodoxes, bien souvent en infiltrant des agents secrets dans les rangs de la hiérarchie ecclésiastique. Ces régimes cultivaient parallèlement une forme modérée de nationalisme, laquelle reconnaissait le rôle historique de l'Eglise dans le processus d'édification de la nation.

(L'Albanie d'Enver Hoxha a fait exception de 1946 à 1992, le dictateur ayant mené jusqu'à sa mort, en 1985, une violente campagne pour éradiquer la vie religieuse en fermant tous les lieux de culte, dans le but de fonder «la première nation athée dans le monde».)

L'art religieux redéfini sur de nouvelles bases idéologiques

Des œuvres d'art religieux de très grande valeur esthétique se sont vues pour ainsi dire nationalisées, c'est-à-dire déclarées trésor national et gérées par l'Etat. Les églises et les mosquées ont ainsi été transformées en musées, et la musique religieuse réinterprétée dans le cadre du patrimoine culturel classique.

Par exemple, à la veille de Pâques cette année, plus de trois millions de personnes ont visionné sur YouTube et partagé sur la Toile un enregistrement datant de 1986 [en] de «l'Hymne des chérubins» de Tchaïkovski, interprété par l'Orchestre de chambre du ministère de la Culture soviétique (dont le chœur a été en activité de 1971 à 1991).

Mais pour la plupart des régimes communistes, c'est l'architecture et l'art figuratif qui étaient, plus que tout autre art religieux, considérés comme des motifs de fierté patriotique.

C'est ce qui a permis la naissance de chefs-d'œuvre tels qu’«Andreï Roublev». Ce film dramatique historique tourné en 1966 par le cinéaste Andreï Tarkovski s'inspire de la vie du peintre russe du XVe siècle Andreï Roublev.

Mais le film ne fait pas que relater la vie de l'artiste, il traite de problèmes tels que la corruption et la trahison des classes dirigeantes, en les opposant à l'endurance dont le peuple a fait preuve lors des invasions étrangères. Le film aurait été censuré pour excès de violence, notamment pour des scènes de cruauté envers les animaux et de chevaux agonisant devant la caméra. Bien que le film ait été primé à l'international, les autorités soviétiques en ont différé la projection dans le pays. Tarkovski, lui, affirme [en] avoir eu le «final cut». Il dit avoir choisi de couper des scènes trop longues et «de moindre importance», pour arriver à une durée totale de trois heures et quinze minutes.

En 2011, les studios Mosfilm ont mis «Andreï Roublev» en ligne sur YouTube en accès libre et gratuit dans le cadre d'une collection de grands classiques du cinéma russe [en].

Ce film d'Andreï Tarkovski est disponible sur YouTube [NdT toutefois pas dans tous les pays] en deux parties, sous-titré en anglais, français, allemand, italien, portugais, espagnol et turc .
«Andreï Roublev», première partie.
«Andreï Roublev», seconde partie.

Troisième exemple, un mix de tradition et d'innovation. Il s'agit d'un film d’animation sorti en 1971, «La Bataille de Kerjenets», réalisé par Ivan Ivanov-Vano et Youri Norstein et inspiré par un poème symphonique de Nikolaï Rimski-Korsakov. L'animation utilise des fresques et des icônes d'une période allant du XIVe au XVIe siècle. Les fresques murales des églises ont été animées en deux dimensions avec la méthode utilisée pour les marionnettes.

On peut là encore y voir le reflet de thèmes patriotiques tels que la résistance et la lutte contre un joug étranger (soit les Pétchénègues,soit Napoléon, soit Hitler). En l'occurrence, il s'agit de l'invasion de la Rus’ par les Tatars mongols au XIIIème siècle (le pays allait rester sous leur joug jusqu'en 1480), et aussi de la légende de la ville de Kitèje, qui fut mystérieusement engloutie par les eaux alors que des troupes ennemies l'attaquaient.

Pour éveiller des sentiments patriotiques, il est fait appel à l'imagerie religieuse. C'est dans ce but, par exemple, que la Vierge Marie avec l'enfant Jésus dans les bras est représentée à côté des défenseurs de la Russie. Ce film d'animation a été plusieurs fois primé à différents festivals, principalement en Europe centrale et en Europe de l’Est.

Les tendances des dernières années au service de la recherche

Il n'y a pas qu'en Occident que l'on s'imagine à tort que la religion était strictement interdite dans les pays du bloc communiste. Après la chute du communisme, dans les années 80 du siècle dernier, cette idée faisait partie, dans la plupart des pays post-communistes, d'une doctrine popularisée par la droite. La montée de l'influence politique du clergé dans ces sociétés a conduit à l’interdiction pour les historiens et les journalistes de formuler l'hypothèse de l'existence, dans les systèmes précédents, d'un accord entre instances gouvernementales et cléricales.

Bien que l'idéologie des régimes communistes ait réellement à un niveau ou un autre opprimé la liberté religieuse, les mesures prises par les gouvernements pour mettre en oeuvre cette politique ne se sont pas distinguées par leur cohérence. Dans les faits, les décisions résultaient de conclusions rationnelles sur ce qui pouvait les aider à se maintenir au pouvoir. Les mêmes procédés qui mettent la démocratie en danger dans le monde entier sont employés par les populistes d'aujourd'hui, et la plupart d'entre eux ne se soucient même pas de populariser les chefs-d'oeuvre artistiques des églises.

Au lieu de peindre de peindre un tableau en noir et blanc opposant «l'oppresseur» et «l'opprimé», il est crucial, si l'on veut comprendre les mécanismes de l'autoritarisme, d'étudier en détail la relation complexe entre l'État communiste et l'Église.

Fleurs de feu : Le Japon fête l'été en ‘hanabi’

mardi 28 août 2018 à 10:02
japan fireworks

Feux d'artifice d'août à la plage de Matsubara à Tsuruga, Fukui, Japan. Photo : Nevin Thompson, utilisée avec sa permission.

Les mois d'été, juillet et août, au Japon sont célèbres pour leurs feux d'artifice, appelés ‘hanabi’ (花火) en japonais. Le mot est une combinaison des mots japonais pour ‘fleur’ et ‘feu’ ; les feux d'artifice au Japon sont réputés pour leur maîtrise artistique.

On pense que les feux d'artifice ont été apportés à l'origine au Japon par des commerçants hollandais il y a près de 500 ans. De nos jours, des centaines de fêtes pyrotechniques ont lieu dans les communes grandes et petites de tout le Japon, habituellement sur les berges des rivières et sur les plages. Août tire à sa fin et l'automne approche, le moment est venu de revoir quelques-uns des ‘hanabi’ japonais les plus mémorables des deux derniers mois:

Le festival de feux d'artifice de Natsu Ichiban (parc d'amusement de Huis Ten Bosch à Nagasaki)

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Construit sur le modèle d'une petite ville hollandaise traditionnelle, Huis Ten Bosch est un parc à thème et une villégiature populaires à Nagasaki, sur l'île de Kyushu. Plus grand que le Tokyo Disney Resort, Huis Ten Bosch est le plus vaste parc à thème du Japon, où les visiteurs peuvent contempler les feux d'artifice tout en se trempant dans une piscine géante.

En été, le ‘hanabi’ de Huis Ten Bosch comporte une exposition des vainqueurs des compétitions réputées de feux d'artifice qui se déroulent chaque année pendant la Coupe du monde de Hanabi du parc à thème.

Le carnaval d'été d'Ashiya (Ashiya, Hyogo)

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Situé à proximité de la ville portuaire de Kobe dans l'ouest du Japon, le Carnaval d”été d”Ashiyal a célébré son quarantième anniversaire cette année avec un spectacle exceptionnel de ‘hanabi’.

La musique et la pyrotechnie de ce spectacle étaient entièrement orchestrées par ordinateur. Pour le jubilé de cette année, le célèbre pianiste de jazz Takashi Matsunaga a accompagné les feux d'artifice.

Le festival de Tenjin (Temple de Tenmangu à Osaka)

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Le festival millénaire deTenjin, dédié à Sugawara Michizane (la divinité de l'étude et du savoir), a lieu chaque année de juin à juillet et propose des événements variés. C'est l'un des festivals les plus réputés au Japon, et beaucoup de gens se rendent à la rivière Okawa à Osaka pour regarder le spectacle de feu d'artifice de Hommiya le 25 juillet, comme montré ci-dessus.

Le festival de Tenjin se déroule dans le Kansai, la mégalopole dans l'ouest du Japon qui agglomère les grandes villes d'Osaka, Kyoto et Kobe notamment.

Les chansons de ‘hanabi’

Les feux d'artifice à grand spectacle dans les cieux nocturnes sont généralement appelés ‘uchiage hanabi’ (打ち上げ花火, littéralement “feux d'artifice”) et tiennent une grande place dans la culture japonaise, en apparaissant fréquemment dans des chansons. Le film d'animation de 2017 ‘Fireworks‘ (打ち上げ花火、下から見るか? 横から見るか? Uchiage Hanabi, Shita kara Miru ka? Yoko kara Miru ka?) illustre la place centrale du feu d'artifice dans la culture japonaise :

A côté des ‘uchiage hanabi’, un autre type de feu d'artifice commun au Japon est le ‘senko hanabi’ ( 線香花火) ou cierge magique  (“Senko” signifie “bâtonnet d'encens” en japonais). Les soirs d'été, on voit souvent les enfants s'amuser dehors avec les bâtonnets de senko qu'ils achètent par sacs entiers pendant les festivals.

La chanson pop “Senko Hanabi” décrit l'ambiance d'une chaude soirée d'été au Japon :

L'Azerbaïdjan plonge dans l’obscurité, les autorités accusent la climatisation

lundi 27 août 2018 à 16:05

“Boulevard de Bakou obscurci par la nuit’. Photo originale de vita86. Creative Commons.

[Article d'origine publié le 4 juillet] Cette année, c'était le 24 mars. Chaque année, le Fonds mondial pour la nature ou WWF demande aux individus, aux collectivités et aux entreprises, d'éteindre les lumières pendant une heure, pour symboliser leur engagement envers la planète. En 2018, l'Azerbaïdjan a célébré “Une heure pour la planète” ou Earth Hour avec retard, mais le pays a rattrapé le temps perdu le 3 juillet, en étant plongé dans le noir toute la nuit.

C’est l’une des nombreuses plaisanteries qui ont abondé sur les réseaux sociaux, après la plus grande panne d'électricité de l'Azerbaïdjan depuis 15 ans.

Le fait est qu'en tant qu’ancienne république pétrolière soviétique, dont la qualité de l'air est une des pires au monde, l'Azerbaïdjan n'a jamais été très performant pour l'Earth Hour. En réalité, l’obscurité qui a régné sur tout le pays a été causée par une énorme explosion dans une centrale hydroélectrique essentielle.

Comme les plaintes s’accumulaient sur les réseaux sociaux, le cabinet du Président a publié une déclaration accusant la chaleur. L’usage excessif de la climatisation, au milieu de la plus grande canicule qu’ait connue le pays depuis 120 ans (la température a atteint 43 degrés Celsius) est à l’origine de l’accident, indique le communiqué. Le ministère des Situations d’urgence a lancé un appel au calme dans une autre déclaration. Bien que le courant ait été rétabli dans l’après-midi, une seconde coupure dans la soirée a immobilisé le métro de Bakou, la capitale.

La dernière grande panne d'électricité que le pays entier ait connue date de 2002, après un accident survenu à la même centrale électrique. Ilham Saban, expert en énergie, a commenté le 3 juillet que l’on n’avait pas retenu la leçon. Turgut Gambar, un fondateur du mouvement civique NIDA, s’est plaint  sur Facebook que les « pays normaux » ne dépendent pas si fortement d’une seule centrale électrique. L’intellectuel azerbaïdjanais Altay Goyushov, a écrit sur le même réseau :

Avez-vous déjà entendu parler d’un pays où toutes les lumières sont éteintes, partout au même moment ? Maintenant oui. Il n’y a pas d’autre éauivalent.

Avec le hastag #Azerbaijanblackout, certains traits d’humour contenaient plus ouvertement des connotations politiques. Dans la même veine que « éteins la lumière quand tu t'en vas », Hebib Muntenzir, du média indépendant Meydan TV, a raisonné :

Je pense que le président Ilham Aliyev a quitté le pays, et que juste avant de partir, il a ordonné de couper le disjoncteur.

Les systèmes d’énergie des pays de l’ex-Union soviétique échouent au test du changement climatique

Outre la constatation que les sites internet du gouvernement ont cessé de fonctionner en même temps que l’alimentation électrique, la panne d’électricité a aussi permis de rappeler les conditions pénibles endurées par les prisonniers azerbaïdjanais. Dans une interview avec le service azerbaïdjanais de RFE/RL (Radio Free Europe/Radio Liberty), Shura Ibrahim, la mère de Giyas Ibrahim, un homme emprisonné sur des accusations, qui selon les opposants, sont à caractère politique, a décrit quelque chose de semblable à une crise humanitaire dans la prison où il est incarcéré :

Dès qu’il a pu téléphoner, il n’a fait que parler de la chaleur à l’intérieur de la prison. Il m’a dit que rien ne fonctionnait, que le système de ventilation était en panne, que les réfrigérateurs étaient hors d’usage, qu’il n’y avait pas d’eau.

Les coûts de cette panne massive ne sont pas encore calculés. Cependant, la dépendance chronique à un seul réseau électrique surchargé, cause principale de cette panne, n’a pas été corrigée, laissant peu d’espoir d’en éviter de nouvelles si les températures s’envolent à nouveau.

Au Kirghizistan, un autre pays de l’ex-Union Soviétique, il a au contraire fait extrêmement froid. Environ un million d’habitants ont été plongés dans le désespoir en début d'année, à Bishkek la capitale.

En janvier dernier, la panne d’une centrale de chauffage, alors que les températures extérieures atteignaient moins 27 degrés Celsius, a été source de mécontentement collectif. Les résidents dormaient avec leurs manteaux dans des appartements froids et humides.

La panne de courant a été suivie, de façon prévisible, par des accusations de corruption, et une série d’affaires criminelles fortement politisées. L’ancien premier ministre du pays et l’ancien maire de la ville pourraient encourir de longues peines de prison.

Les artistes se mobilisent pour le député ougandais “Bobi Wine”, inculpé maintenant pour trahison

dimanche 26 août 2018 à 06:10

Nairobi, Kenya : L'organisateur du mouvement, Boniface Mwangi (au centre), mène une manifestation contre la torture et l'arrestation du député ougandais “Bobi Wine” le 23 août 2018. Photo de Peter Mesgack Mwangi, utilisée avec autorisation.

Dix jours après l’arrestation du député ougandais indépendant Robert Kyahulanyi (“Bobi Wine”), la Cour martiale générale d'Ouganda a subitement abandonné les poursuites à son encontre pour possession illégale d'armes à feu et de munitions, déclarant que l'armée n'était “plus intéressée” par cette affaire.

Cependant, Bobi Wine est désormais confronté à un nouveau chef d'inculpation, accusé de trahison par le tribunal de première instance de Gulu pour avoir “attaqué à coup de pierres le cortège présidentiel”.

L'arrestation de Bobi Wine, un chanteur renommé devenu opposant du vieillissant président ougandais Yoweri Museveni, a provoqué la colère populaire et soulevé des manifestations. Beaucoup d'Ougandais soutiennent que pour obtenir des élections libres et pacifiques et une justice politique, il faudra obligatoirement passer par de continuelles manifestations et démonstrations de solidarité.

Bobi Wine faisait campagne pour le député candidat indépendant Kassiano Wadri à Arua quand des partisans de ce dernier – revendiquant la victoire sur le candidat pro-gouvernement dans des élections législatives électriques – auraient jeté des pierres sur le convoi présidentiel.

Bien que Bobi Wine n'ait pas été présent au moment de l'incident, il a été ciblé et arrêté par la police, qui l'aurait torturé :

AUJOURD'HUI : À la cour martiale de Gulu, le député Kyagulanyi semblait souffrir horriblement tandis qu'on l'aidait à marcher et à s'assoir. Il a été accusé de trahison et renvoyé en détention à la prison centrale de Gulu jusqu'au 30 août.

Au tribunal le 23 août, Bobi Wine s'est présenté en état de grande faiblesse sur ses béquilles et a eu besoin d'aide pour avancer. Il a également été vu en train de pleurer une fois de retour à Gulu après son transfert depuis un centre de détention militaire de la capitale Kampala, située à environ 335 kilomètres.

ACTU : La Cour martiale générale libère Bobi Wine, la police le ré-arrête quelques minutes plus tard alors qu'il sort du tribunal. Il sera conduit au tribunal de première instance de Gulu, où il sera inculpé pour trahison. Nous nous battrons au tribunal pour obtenir sa libération conditionnelle. Libérez Bobi Wine.

Bobi Wine attend désormais dans la prison de Gulu sa prochaine comparution devant le tribunal le 30 août 2018. Il rejoint donc trois autres députés indépendants qui ont également été inculpés pour trahison – les députés Kassiano Wadri d'Arua, Paul Mwiru (Jinja Est) et Gerald Karuhanga (municipalité de Ntungamo). Trente autres personnes – parmi lesquelles l'ancien parlementaire Mike Mabikke – attendent leurs procès pour divers chefs d'accusation.

Le député Francis Zaake est toujours dans un état critique à l'hôpital après avoir été arrêté et certainement torturé. Le vice-président du Parlement Jacob Oulanyah a rendu visite à Bobi Wine et à Zaake, et a fortement condamné ces violences, déclarant :

The extent to which violence is escalating in this country is worrying and we should all be concerned. We need to reflect on these matters and find a way forward.

L'escalade de la violence a atteint un niveau inquiétant dans ce pays et nous devons tous nous en préoccuper. Il faut que nous y réfléchissions et trouvions le moyen d'aller de l'avant.

Avant lecture de son acte d'accusation le 23 août, Bobi Wine a écrit une lettre pleine d'émotions à sa famille, affirmant : “Je serai bientôt à la maison.”

Après les manifestations de la semaine dernière, les patrouilles de sécurité sont plus nombreuses à Kampala.

Route de Kiwatule/Najeera sous “surveillance ou intimidation”
Cela n'empêchera pas les Ougandais de s'exprimer. Libérez Bobi Wine.

Des moments de prières ont eu lieu dans la cathédrale Lubaga de Kampala :

Musiciens, comédiens, hommes politiques et militants pour les droits civiques remplissent la cathédrale Lubaga et célèbrent une messe pour la libération de Bobi Wine et d'Arua 33. Des députés du parti dirigeant sont également présents.

Le leader de l'opposition Dr Kizza Besigye a été arrêté à Kampala alors que la tension montait à l'approche de la comparution de Bobi Wine devant le tribunal.

Toutes les issues de ma maison sont barricadées depuis l'aube. Le but est de s'opposer à notre liberté de mouvement et à notre présence au tribunal militaire où Bobi Wine comparaitra ce matin.
Rien n'empêchera la lutte pour la liberté et la souveraineté ! Museveni Doit Partir.

Violence contre les journalistes

Les attaques généralisées contre les journalistes essayant de rendre compte de la violence des élections sont dénoncées.

Nous exhortons la police à libérer immédiatement et sans conditions le journaliste Herbert Zziwa et le correspondant Ronald Muwanga de NTV Ouganda. Les journalistes ont le droit de recueillir et de partager les nouvelles. Il est très préoccupant que les journalistes d'Arua soient ciblés parce qu'ils font leur travail.

L'arrestation et le passage à tabac du photojournaliste de Reuters James Akena par des soldats à Kampala a provoqué l'indignation générale. Human Rights Watch a mis en garde contre ces actions qui “entravent l'accès du public à l'information – information qui pourrait être utilisée pour mettre en cause la politique du gouvernement.”

Dans cette vidéo, des policiers ougandais se ruent sur Akena alors qu'il essaye de photographier la situation dans les rues de Kampala :

Toutes sortes d'artistes se soulèvent 

Au-delà des rues, les Ougandais expriment leur indignation à travers l'art. Le musicien Pallaso a sorti une chanson intitulée “Libérez Bobi Wine”, qu'on entendait dans toute la périphérie de Kampala la semaine dernière :

Nshuti S. Mbabazi a exécuté “Situka” de Bobi Wine, une chanson sortie peu avant les élections présidentielles de 2016.

Plus de 80 personnalités influentes parmi lesquelles Angelique Kidjo, Femi Kuti et Wole Soyinka ont signé une pétition exigeant la libération et la prise en charge médicale de Bobi Wine, ainsi qu'une enquête sur son arrestation.

Le 22 août, le groupe militant PAWA254 a organisé un concert solidaire à Nairobi, au Kenya :

En ce moment : Concert pour la liberté en solidarité avec l'Ouganda. Des artistes se sont réunis pour former Pawa254 et dire toute la vérité sur Kaguta Museveni. Nous exigeons la libération de Bobi Wine, Arua 33 et des plus de 300 personnes qui ont été arrêtées à Arua et en Ouganda. Libérez Bobi Wine. Libérez l'Ouganda.

Les joueurs de reggae sud africains se sont eux aussi associés à l'appel collectif pour en finir avec la violence politique.

Au même moment, des caricaturistes ougandais et de toute l'Afrique de l'Est commentent l'actualité à leur manière.

Kwizera Alex a dessiné le président ougandais Yoweri Museveni en jeune homme qui, se regardant dans le miroir, n'y découvre que Bobi Wine :

Illustration par Kwizera Alex. Utilisée avec autorisation.

Jim Spire Ssentongo, le dessinateur éditorial de The Observer met en exergue la complexité des rapports de pouvoir :

Libérez Bobi Wine

Gaddo, un caricaturiste politique tanzanien installé au Kenya, s'est également exprimé sur la question :

[Dessin : Bobi Wine : ‘Vous pouvez tuer autant des nôtres que vous voulez, nous serons toujours plus nombreux que vous”]
Oeuvre du jour.
Chez Gaddo
Cela ne concerne pas seulement Bobi Wine. Libérez Bobi Wine Libérez Arua 33.

Les humoristes ougandais se sont rassemblés pour dénoncer le traitement réservé à Bobi Wine :

Nous, humoristes d'Ouganda, condamnons la torture et la persécution de Bobi Wine. Libérez Bobi Wine
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Le mouvement mondial de protestation grandit 

A Nairobi le 23 août, les protestataires ont scandé leur mécontentement sur fond de chansons de Bobi Wine et ont remis une pétition au parlement du Kenya :

DÉSORMAIS NOUS SOMMES UN…… CAE [Communauté d'Afrique de l'Est] !!! Dans l'obscurité nous avons trouvé la plus belle des lumières. MERCI KENYA.. c'est le début… L'UNITÉ est d'une telle beauté. Africains de l'Est Unis. Libérez Bobi Wine.

D'autres manifestations ont eu lieu à Washington D.C. (États-Unis), en Allemagne, aux Pays-Bas et au Japon.

Après avoir goûté de force à la défaite politique contre Bobi Wine et ses alliés, le régime de Museveni va sans doute essayer d'enterrer cette opposition naissante par des batailles judiciaires.

Bien qu'elle se soit avérée efficace par le passé, seul le temps pourra nous dire si cette tactique fonctionne encore maintenant que de nouveaux visages ont émergé sur la scène politique ougandaise.