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Pour la Journée mondiale de la poésie, des vers du coeur de la Perse

vendredi 23 mars 2018 à 14:39

Art populaire d'Azerbaïdjan inspiré du roman Layla et Majnun de Nizami Gandjavi. CC BY 3.0.

Comment quelqu'un au Tadjikistan, la seule république de l'ex-Union soviétique où le persan est parlé [le tadjik est une variante du persan, NdT], pourrait-il décrire une belle et vivante soirée passée en compagnie de sa famille et de ses amis ?

Peut-être qu'il ou elle utiliserait le mot dilafruz, qui signifie littéralement “qui enflamme le cœur”.

Cependant si cette personne a passé la nuit seule, déprimée, le mot choisi pourrait être diltang, ce qui indiquerait “un pincement du cœur”.

Dans un pays où la poésie coule dans les veines, tomber amoureux peut se décrire de douze manières différentes. On peut avoir dil bastan (le cœur enchaîné), ou dil gum zadan – le cœur qui bat la chamade.

En conséquence, la personne qui produit cet effet pourrait être appelée dilrabo (voleur de cœur), tandis que glaçer le cœur de quelqu'un est dil khunuk shudan, une prise de vue un peu dramatique sur le fait de se faire larguer.

Des langues pleines de cœur – et de vers!

La langue tadjike est étroitement apparentée aux langues indo-iraniennes parlées en Iran (farsi) et en Afghanistan (dari). En farsi, la prononciation du terme littéraire pour coeur est plus proche de del. Le dil du dari est similaire à celui du tadjik.

Carte du monde adaptée de Mani1 pour désigner les zones où le persan est parlé. Creative Commons.

De plus, dans la sous-région eurasienne indiquée sur la carte ci-dessus, dil (écrit “дил”dans l'alphabet cyrillique encore utilisé au Tadjikistan) est le cœur d'une riche tradition poétique qui remonte au moins au premier millennaire de notre ère.

L'un des plus célèbres promoteurs de cette tradition était Djalāl ad-Dīn Rûmî [fr], poète mystique et philosophe du XIIIe siècle aimé de tous les peuples persanophones [fr].

Ҳар чӣ дар дил дорӣ аз макру румуз,

Пеши мо расвосту пайдо ҳамчу рӯз

Quels que soient le secret et les mensonges que vous avez dans le cœur,

Nous les voyons tous avec nos yeux comme le jour

Le cœur n'a aucun pays…

Le romantisme de Rûmî est toutefois éclipsé par Nizami Gandjavi [fr], un poète du siècle précédent.

Gandjavi venait de Gandja (son nom signifie Nizam de Gandja), dans l'Azerbaïdjan moderne.

Voici quelques couplets de son épopée Khosrow et Shirin,dans lequel le dirigeant sassanide [fr] Khosrow engage un combat poétique contre son rival en amour Farhad pour le coeur de la princesse arménienne Shirin.

Бигуфт: Аз дил шудӣ ошиқ бад-ин сон?

Бигуфт: Аз дил ту мегўӣ, ман аз ҷон.

Бигуфто: Ишқи Ширин бар ту чун аст?

Бигуфт: Аз ҷони ширинам фузун аст!..

Бигуфто: Дил зи меҳраш кай кунӣ пок?

Бигуфт: Он гаҳ, ки бошам хуфта дар хок…

Бигуфт: Аз дил ҷудо кун ишқи Ширин.

Бигуфто: Чун зиям бе ҷони ширин?

Question : êtes-vous amoureux du cœur ?

Réponse : vous parlez du cœur, je parle de l'âme.

Question : quand allez-vous vider votre cœur de son amour ?

Réponse : lorsque je serai sous terre.

Il dit : chasse l'amour de Shirin de ton cœur !

Question : mais comment pourrais-je vivre sans mon âme bien aimée ?

Monument de Rudaki au Tadjikistan. Creative Commons Flickr image by Julian Galbert.

Plus ancien encore (858-941), Rudaki de Pendjikent (dans le Tadjikistan moderne), est considéré par certains comme le père de la poésie persane.

Бар ишқи туям на сабр пайдост, на дил,

Бе рӯйи туям на ақл бар ҷост, на дил!

Ин ғам, ки марост кӯҳи қоф аст, на ғам,

Ин дил ки турост, санги хорост, на дил!

Ton amour m'a ôté ma patience et mon cœur,

Ton beau visage a distrait mon cœur et mon esprit.

Comme une montagne, la tristesse que j'ai au cœur,

Comme une pierre, le cœur sous ta poitrine.

Au XXIe siècle, Internet et les réseaux sociaux ont favorisé la hausse du nombre de publications de poètes faisant autrefois partie de la Perse.

Firdaws Azam, un poète tadjike contemporain, se sert souvent de Facebook pour publier des strophes comme celles-ci :

Рӯзе миёни хотираҳо гумном мешавам,
Аз чашми хотирот бигирӣ суроғи дил.

Хилофи майли худам аз баҳор дил кандам
Ки додаанд ба пойизи сард пайвандам.

Je me perdrai un jour dans les souvenirs,
Cherche le cœur dans les souvenirs, ma chère.

Contre ma volonté, j'ai coupé mon cœur du printemps,
Car ils m'ont collé à un automne froid.

Bonne Journée mondiale de la poésie!

En 1999, l'Organisation des Nations unies a décrété le 21 mars Journée mondiale de la poésie, une date marquant également la célébration de l'équinoxe du printemps presque partout en Eurasie.

Cette décision ne fut probablement pas une coïncidence. L'essence de la pensée onusienne ce jour-là venait de l'ancienne directrice générale de l'UNESCO Irina Bokova pour qui [fr] “la poésie incarne l'énergie créatrice de la culture, car elle peut se renouveler en permanence.”

Pour les résidents du monde persanophone, Norouz [fr] est l'une des dates les plus importantes de l'année. Il est donc profondément symbolique que la tradition poétique à laquelle il a tant contribué soit reconnue le même jour.

Comme le dit le dicton, “un cœur trouve sa route vers un cœur”.

Stephen Hawking : le deuil du scientifique transcende les frontières

vendredi 23 mars 2018 à 10:09

Stephen Hawking. Photographie Lwp Kommunikáció sur Flickr, reproduite sous licence CC BY 2.0.

L'annonce du décès de Stephen Hawking [fr] le 14 mars 2018, a causé une très grande tristesse à travers le monde entier, et l’Amérique latine n’y a pas fait exception.

Stephen Hawking, 76 ans, était connu dans la communauté scientifique pour ses avancées majeures sur le rayonnement [fr] émis par les trous noirs (le rayonnement de Hawking), mais aussi pour ses recherches sur les origines de l’univers et la théorie du Big Bang [fr].

Cependant, le physicien théoricien et cosmologiste britannique connaissait une importante notoriété auprès du public grâce à ses efforts pour rendre la science accessible et vulgariser certains concepts scientifiques généralement peu compris. Il a notamment évoqué les progrès réalisés en intelligence artificielle et la survie de l’humanité.

Hawking abordait également des sujets que certains pourraient considérer comme hautement controversés, tel que celui de l'existence d'un être divin dans le contexte de la création de l'univers.

Le site Sopitas [es] a annoncé la nouvelle de sa mort de la manière suivante, en un clin d’œil à la possible existence d'univers parallèles :

No sabemos si en otros universos, pero al menos en éste, ayer el gran Stephen Hawking murió y, con la triste noticia millones de internautas salieron a expresar su admiración por tan genial personaje… y cuando decimos genial, no sólo hacemos referencia a su presencia y personalidad, sino a su trabajo como astrofísico que, incluso para quienes poco/nada saben de ciencia, no deja de parecer fascinante.

Nous ne savons pas s'il existe d'autres univers, mais toujours est-il que dans celui-ci, le grand Stephen Hawking est mort hier. Avec cette triste nouvelle, des millions d'internautes sont venus exprimer leur admiration pour cet homme incroyable. Et par incroyable, nous ne faisons pas seulement référence à sa présence et à sa personnalité, mais aussi à son travail d'astrophysicien qui n'a jamais manqué de fasciner, même ceux qui ne connaissent rien ou presque rien à la science.

Dans un tout autre registre, Raúl Morales [es] a réagi à l'annonce du décès de Stephen Hawking en publiant ceci [es] sur un site dédié à l'escalade, l'alpinisme et d'autres sports :

El físico y divulgador británico falleció […] después de más de medio siglo superando el pronóstico que daba la enfermedad que le aquejaba, y llevando a la humanidad varios pasos adelante en la exploración mayor a la que aspiramos: aquella que describe la realidad misma.

Si para descubrir cumbres empleamos la escalada, lo mismo que la espeleología para adentrarnos en cuevas, para explorar el universo utilizamos la ciencia, que no es más que la sistematización racional del mismo espíritu humano que nos hace cruzar un río o ir a ver qué hay detrás del cerro. Y sus practicantes son, al igual que un montañista, exploradores, pero de cumbres distintas, cumbres que, con frecuencia no se encuentran en nuestro planeta o, en el caso de Stephen Hawking, ni siquiera en nuestro espacio-tiempo.

Le physicien britannique et célébrité scientifique est mort […] après avoir défié le pronostic de la maladie dont il souffrait pendant plus d’un demi-siècle. Il a permis à l’humanité d’avancer vers la plus importante des découvertes à laquelle nous aspirons : celle qui expliquerait la réalité elle-même.

De la même façon que nous utilisons les techniques d'escalade pour découvrir des sommets, celles de la spéléologie pour nous enfoncer dans des grottes, nous utilisons la science pour explorer l'univers. Ce n'est rien de plus que la systématisation rationnelle de ce même esprit humain qui souhaite traverser une rivière ou découvrir ce qui se cache de l’autre côté de la montagne. Ce travail est comme celui d’un alpiniste ou d'un explorateur, mais avec des sommets différents, des sommets que l’on ne trouve pas sur notre planète, et dans le cas de Stephen Hawking, pas même dans notre espace-temps.

Dans un article intitulé “Le laboratoire de Stephen Hawking était l'univers”, publié par le journal portoricain El Nuevo Día, la complexité des théories de Hawking était décrite ainsi [es] :

Todo el mundo conocía la brillantez cósmica de Stephen Hawking, pero pocos podían comprenderla. Ni siquiera astrónomos de primera línea.

Tout le monde connaissait le génie cosmique de Hawking, mais peu le comprenait. Pas même les astronomes de premier plan.

En outre, ce même site a inclus une compilation de ses phrases les plus célèbres, notamment celle-ci :

Si los extraterrestres nos visitan alguna vez, creo que el resultado sería parecido a cuando Cristóbal Colón llegó por primera vez a América, lo que no salió muy bien para los nativos americanos.

“Si les extraterrestres devaient nous rendre visite, je pense que cela se terminerait de la même manière que lorsque Christophe Colomb est arrivé pour la première fois en Amérique, ce qui n’a pas vraiment tourné à l’avantage des Amérindiens.”

Sur Twitter, les réactions étaient nombreuses :

Nous avons perdu l’un des des scientifiques les plus brillants que l’humanité ait connue, probablement seulement comparable à sir Isaac Newton. Reposez en paix Stephen Hawking.

La journaliste présentatrice mexicaine Carmen Aristegui s'est souvenue quand Hawking a joué son propre rôle dans la série américaine “The Big Bang Theory”, citant l'une des actrices principales Kaley Cuoco :

“Il nous a fait rire et nous l’avons fait rire. Sa vie et son travail ont beaucoup été abordés dans The Big Bang Theory et nous en sommes tous sortis grandis grâce à cela.”

Sur Twitter, Isma a partagé la curieuse information suivante :

Hawking est mort le 14 mars : le jour de pi (π) et anniversaire d’Einstein. A un jour près de l’anniversaire de la découverte d’Uranus.

Hawking, l’étoile la plus brillante de la science [es], a reçu de nombreuses récompenses pendant sa vie. Parmi elles, la chaire de mathématiques Lucasian à l'Université de Cambridge (un poste qu’a occupé Isaac Newton [fr] en son temps) et la médaille présidentielle de la Liberté (remise par Barack Obama [fr] en 2009), la plus haute décoration civile décernée aux États-Unis. La médaille a également récompensé d'autres scientifiques, tels que le chimiste mexicain Mario J. Molina [fr], qui la reçut en 2013.

La réalité orwellienne d'être un “Américain accidentel”

jeudi 22 mars 2018 à 17:42

Photo de Pablo Guerrero sur Unsplash.

Les États-Unis sont l'un des deux seuls pays au monde dont la fiscalité repose sur la citoyenneté au lieu de la résidence, une pratique qui a perturbé la vie des citoyens américains qui ont choisi de quitter leur pays pour vivre à l'étranger.

Cela dit, pour une population en particulier, ce système et l'application de ses mesures draconiennes se sont révélés encore plus dévastateurs. Connus sous le nom de «Américains accidentels», ils sont des citoyens d'autres pays qui possèdent également la nationalité américaine, soit parce qu'ils sont nés aux États-Unis, soit parce qu'ils l'ont reçue d'un parent. Parfois, ces personnes ne savent même pas qu’elles sont considérées comme citoyens américains et c’est quand elles commencent à souffrir des conséquences de la fiscalité américaine qu’elles l’apprennent.

Kevin P. est l'un de ces Américains accidentels. Un article paru récemment sur Global Voices à propos des injustices “orwelliennes” que le système fiscal des États-Unis inflige à ses émigrants, lui a donné l’inspiration pour réimaginer l'histoire à partir de sa propre expérience. Une version éditée et traduite en français par ses soins est republiée ci-dessous.

Imaginez que vous êtes un jeune membre de la population active. Vous ne possédez pas encore grand-chose, mais vous êtes plein de potentiel pour construire une vie heureuse pour vous et vos proches. Un jour, vous avez besoin d'un nouveau compte bancaire. Mais partout où vous essayez d'en ouvrir un, la banque vous renvoie chez vous les mains vides.

Vous êtes perdu. On vous dit que cela a à voir avec le lieu de naissance indiqué sur votre carte d'identité.

Vous ne comprenez pas ce qui se passe ; vous n'avez jamais eu de problème jusqu'à maintenant. Vous avez vécu toute votre vie en Europe. Vos parents sont Belges. Vous êtes Belge. Vous parlez français et vous ne savez pas grand-chose sur les États-Unis, sauf pour ce que vous voyez dans les films qui viennent de là-bas.

À ce stade, votre vie est bloquée, alors vous investiguez. C’est alors que vous découvrez une dystopie bien réelle digne d’un film de Hollywood : la façon dont les États-Unis traitent leurs citoyens à l'étranger : la double imposition, la collecte massive de données et une présomption de culpabilité. Une banque n'est plus seulement une banque, et un pays n'est plus seulement un pays. Désormais, ils sont devenus des agents du fisc américain.

Votre esprit est parcouru d’émotions négatives et vous n’en revenez toujours pas. Après tout, vous n'êtes pas vraiment Américain. Vous n'avez pas vécu, étudié ou travaillé aux États-Unis. Vous ne connaissez que quelques mots d'anglais et votre accent français est tout simplement ridicule.

C'est alors que vous découvrez que dans cette dystopie orwellienne, vous occupez une place bien spéciale.

Vous n'êtes pas un Américain à l'étranger, comme les neuf autres millions d’émigrés. Vous n'avez jamais eu de relation ou de communication avec les autorités américaines. Vous n'avez pas de papiers américains à part votre certificat de naissance.

Vos parents ont passé du bon temps pendant leur séjour aux États-Unis et voilà, vous êtes né là-bas, mais vous êtes retourné en Belgique alors que vous étiez encore bébé. Vous avez grandi en Belgique, étudié en Belgique et êtes devenu un membre actif de la société belge.

La Belgique est un pays souverain avec des frontières censées marquer un endroit sur Terre où ses citoyens s'attendent à être protégés des gouvernements étrangers. C’est avec cette pensée en tête que vous contactez les autorités de votre pays pour obtenir de l'aide. Plein d'espoir, vous imaginez les conversations à venir avec des compatriotes souriants et compatissants qui feront tout pour vous aider.

Aah, mais quel naïf vous avez pu être…

Toutes vos conversations commencent avec l'autre personne vous disant que vos problèmes ne sont pas possibles. La taxation basée sur la citoyenneté est un concept qui n’a aucun sens dans la tête d’une personne normale en dehors des États-Unis. Et donc, vous devez faire de votre mieux pour les convaincre de la réalité à laquelle vous faites face.

Après avoir réussi à changer leur point de vue, vient la première baffe: ils vous disent que votre problème n’est pas le leur et vous êtes donc seul face aux demandes du gouvernement des États-Unis. À ce stade, la situation passe de la dystopie au kafkaïen. Votre esprit imagine une âme perdue sans nation.

Puis vient le deuxième coup, d'un fonctionnaire sous-payé, un ministre ou un ambassadeur, qui vous dit cette simple vérité : vu que le problème est avec les États-Unis, ils ne feront rien.

Encore sous le choc, vous vous souvenez avoir imaginé cette conversation avec votre compatriote souriant et compatissant et voilà, vous y êtes. Ils vous sourient, sauf que ce n'est pas par compassion mais parce que vous les dérangez, et dans leurs yeux vous pouvez lire que au plus tôt vous partirez, meilleure sera leur vie.

Et donc vous rentrez chez vous…

Le temps passe. Vous découvrez que vous n'êtes pas seul dans cette situation. Vous rencontrez des groupes de personnes souffrant plus ou moins de la fiscalité américaine basée sur la citoyenneté. Vous vous sentez mieux en partageant vos sentiments avec eux, et voyez qu'il y a des gens ici et là qui travaillent pour améliorer la situation. (Merci, compagnons d'infortune.)

Mais une chose en vous a changé pour toujours. Vous avez réalisé que votre pays ne protège pas ses citoyens. Vous regardez son drapeau et vous voyez un symbole d'hypocrisie. Vous regardez le drapeau américain et vous voyez un symbole de douleur.

Il n’y a pas de place pour vous dans dans ce monde orwellien. Ni aux États-Unis, ni dans votre patrie. Votre pays n’est qu’un chien des États-Unis, et vous valez moins qu'une puce sur son dos.

Ai Weiwei à la Biennale de Sydney pour montrer deux installations et son film sur le sort mondial des réfugiés

jeudi 22 mars 2018 à 12:41
Law of the Journey

Ai Weiwei, Law of the Journey, 2017 Installation (2018) à la 21ème Biennale de Sydney – Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de neugerriemschneider, Berlin. Photo: Document Photography

Au cours de sa visite en Australie, l'artiste et militant chinois Ai Weiwei a pris d'assaut les média de ses inquiétudes sur la situation mondiale faite aux réfugiés.

Avec deux installations majeures, il est l’artiste vedette de la Biennale de Sydney qui se tient jusqu'en juin 2018. L'une, intitulée “The Law of the Journey” [La loi du voyage], située sur l'île Cockatoo, consiste en un canot gonflable en caoutchouc avec des personnages. Ceux-ci ont été réalisés dans le même matière que les dangereux esquifs sur lesquels des demandeurs d'asile et migrants tentent de traverser la Méditerranée.

SBS News (une télévision australienne d'information de premier plan) a publié une vidéeo sur l’œuvre sur sa page Facebook, qui a généré une discussion animée. Le commentaire de Bean Javine faisait écho aux sentiments de nombreux Australiens :

It's really embarrassing when you meet people from overseas and even they know how poorly we treat refugees. Making me ashamed to even admit I am Australian in some cases. It's a greater worry that Australia's method/stance has impacted how other countries treat the refugee crisis right now too.

C'est vraiment gênant de rencontrer des personnes d'outre-mer sachant même comment nous traitons mal les réfugiés. Ça me fait honte parfois de juste reconnaître que je suis Australien. L'impact qu'a eu la méthode/position de l'Australie sur le traitement de la crise des réfugiés par les autres pays est un souci d'autant plus grand.

Comme déjà expliqué dans des articles précédents de Global Voices sur la question, l'Australie a une politique contestable de traitement des demandeurs d'asile arrivés par mer, consistant à les enfermer dans des centres de détention offshore pour de longues durées, ou à les renvoyer immédiatement. Toute installation en Australie leur est interdite.

Paul Brady désapprouve sans ambages :

Obviously he has no clue about the facts around asylum seekers to Australia. His art work reflects what is happening in the Mediterranean not Australia.

À l'évidence il n'a aucune idée des réalités sur les demandeurs d'asile en Australie. Son travail reflète ce qui se passe en Méditerranée, pas en Australie.

Depuis 2014, plus de 1,7 millions de personnes fuyant la guerre et l'insécurité, notamment la guerre en Syrie, sont arrivées en Europe par mer, selon l'ONU. Une traversée dangereuse : dans le même laps de temps, au moins 16.000 personnes ont péri ou disparu dans la tentative.

La deuxième installation d'Ai Weiwei Crystal Ball [Boule de cristal], est une sphère de verre posée sur les gilets de sauvetage ramassés sur l'île grecque de Lesbos, un des points d'entrée principaux pour les demandeurs d'asile et migrants traversant la Méditerranée :

Une autre pièce d'Ai Weiwei : la Boule de Cristal, dans l'Artspace, est posée sur les gilets de sauvetage abandonnés sur les rivages de Lesbos. Ces gilets sont de si mauvaise qualité que les déchirures font apparaître la mousse à l'intérieur et ils se remplissent rapidement d'eau.

Ai Weiwei est aussi intervenu au cinéma Nova pour la première à Melbourne de son documentaire “Human Flow”, [sorti sur les écrans en France le 7 février 2018, NdT] qui raconte les histoires de réfugiés dans 23 pays en 2016.

In human flow

HUMAN FLOW, le documentaire d'Ai Weiwei, une production des studios Amazon Studios. Photo avec l'aimable autorisation des Studios Amazon.

Le dossier de presse des Studios Amazon raconte le making-of du film :

Day by day, there were endless stories. But what most impressed me was the determination of the refugees. There’s very little complaining even with nobody taking care of them, with no clear future or knowing what will come next. Their treatment to me is very, very inhuman.

Jour après jour, c'était une suite sans fin d'histoires. Mais ce qui m'impressionnait le plus, c'était la détermination des réfugiés. Il y a très peu de plaintes, même si on ne les aide pas, que l'avenir est incertain et qu'ils ignorent ce que leur réserve le lendemain. Je trouve qu'on les traite de façon très très inhumaine.

Il a été récemment très critique des politiques du gouvernement australien envers les réfugiés. Il a condamné un accord d'échange de demandeurs d'asile des centres de détention offshore de l'île Manus et de Nauru avec des réfugiés aux États-Unis, “pareil à du commerce d'esclaves”.

Ai a reçu sur Twitter les remerciements de l'un des demandeurs d'asile sur l'île Manus, le journaliste iranien Behrouz Boochani :

C'est super que Ai Weiwei dise ce qu'il pense de la façon dont le gouvernement australien traite les gens à Manus et Nauru. Nous, réfugiés de Manus, vous remercions, @aiww , pour votre soutien et vous invitons à nous visiter ici.

Kon Karapanagiotidis du Asylum Seeker Resource Centre a mené une interview en direct sur Facebook et Twitter qui a depuis attiré près de 10.000 vues :

Nous sommes en direct avec le défenseur des droits humains Ai Weiwei à propos de notre humanité commune. Rejoignez-nous ici :

Ai a dit à Karapanagiotidis :

I don’t have a place I can call home […] home is where your family is, your memories. […] How we deal with the refugees reflects on how we look at ourselves. We sacrifice our values when we give up the fight.

Je n'ai pas de lieu dont je puisse dire que c'est chez moi. […] chez soi c'est là où vous avez vos souvenirs. […] La façon dont nous traitons les réfugiés reflète notre regard sur nous-mêmes. Nous sacrifions nos valeurs quand nous abandonnons la lutte.

Hanan Ahlam a apprécié la possibilité d'entendre les opinions d'Ai :

Merci @aiww et @ASRC1 de soulever les questions qui comptent. “Nous devons revenir à l'unité de l'humanité”, dit Ai Weiwei, et le PDG d'ARSC1Kon Karapanagiotidis demande “Comment sortir de cette noirceur où nous avons déshumanisé les réfugiés et militarisé les réponses, vers là où nous retrouverons une humanité partagée ?”

L'animateur de radio talkback d'ABC (Australian Broadcasting Corporation) Raf Epstein a été un de ceux, nombreux, qui ont partagé un selfie avec l'artiste :

J'ai maintenant un vrai selfie @aiww dans mon téléphone. Ravi

Son entretien avec Ai commence à 1:17 ici. À la question d'Epstein sur le fait de faire des images esthétiques sur le malheur humain, Ai a répondu :

I think even the misery has beauty there. Because it's all about human dignity. […] I have suffered a lot in my life. I still appreciate those moments, maybe more appreciate the moment, than today living in expensive hotels or taking business trips [which] are not as precious as my early struggles.

Je pense que même le malheur comporte de la beauté ici. Parce qu'il s'agit de dignité humaine. […] J'ai beaucoup souffert dans ma vie. J'apprécie malgré tout ces moments, peut-être encore plus que de vivre aujourd'hui dans des hôtels de luxe pour des voyages d'affaires moins précieux que mes luttes d'autrefois.

Les spectateurs au Cinéma Nova étaient aussi ravis de le rencontrer :

Quel honneur de rencontrer Ai Weiwei à la projection au cinéma Nova de ce film beau et important, Human Flow

L'avocate des droits humains Leanne Smith était sans aucun doute aussi captivée par le film que par le débat :

Sidérée d'écouter Ai Weiwei sur son parcours personnel d'exilé et son documentaire sur les réfugiés, Human Flow

Bangladesh : Une reine à la rescousse des filles autochtones agressées et violées

mercredi 21 mars 2018 à 13:03

Des jeunes femmes autochtones Marma jouent dans l'eau pendant la fête du Sangrai, le nouvel an Marma. Image par Aye Mang via Wikimedia Commons.

Le 22 janvier 2018, deux membres de la communauté indigène Marma, âgées de 19 et 14 ans, auraient été violées par des agents des forces de sécurité dans le district de Rangamati, dans la région montagneuse de Chittagong (Chittagong Hill Tracts) [fr] au sud-est du Bangladesh.

Selon certaines informations, une équipe de sécurité composée de membres de l'armée bangladaise et du personnel du Bangladesh Ansar (forces auxiliaires paramilitaires) a attaqué le village indigène Marma d'Orachari dans le district de Belaichari Upazila, à Rangamati, le 22 janvier.

Pendant le raid, deux membres égarés de l'équipe sont entrés dans une maison de Marmas tôt le matin et auraient violé une fille de 19 ans devant sa sœur de 14 ans, qui a également été agressée sexuellement, alors que leurs parents et le petit frère étaient détenus.

Les sœurs ont été admises à l'hôpital de Rangamati Sadar le 23 janvier pour y être soignées et surveillées de près par les forces de sécurité pendant plusieurs semaines, en attendant un rapport médical comme preuve du viol et de l'agression sexuelle.

La reine Yan Yan du Cercle Chakma, la Maison royale des Chakmas (la plus grande ethnie de Rangamati) a rendu visite aux filles pour les aider à monter leur dossier en partenariat avec des militants locaux des droits humains.

Les responsables de la sécurité ont d'abord nié les allégations. Plus tard, ils ont dit qu'un élément particulier d'Ansar avait été écarté [du service] et qu'une enquête était en cours.

Une reine pour défendre les deux sœurs Marma

La reine Yan Yan a raconté dans une interview avec le Daily Star que les parents des sœurs voulaient les ramener à la maison mais attendaient les rapports médicaux. Selon le récit de la reine, les filles ne voulaient pas partir, craignant que leurs parents soient contraints de garder le silence. Elles sont restées à l'hôpital les semaines suivantes.

À la suite d'une demande de leur père, un tribunal de la Haute Cour a ordonné le 13 février aux autorités de remettre les filles à leur père. Cependant, une bataille sur la garde [des jeunes filles] s'est engagée lorsque les groupes de défense des droits de l'homme ont déposé une ordonnance de suspension soutenant que les filles refusaient de partir avec leur père, demandant au contraire de partir sous la protection du chef du cercle Chakma Raja Debashish Roy, car elles craignaient pour leur sécurité.

Le 15 février, les sœurs ont été expulsées de force de l'hôpital et livrées à leurs parents contre leur volonté.

Le Bangladesh Indigenous Women's Network (Réseau des femmes indigènes du Bangladesh) a fait état de la situation chaotique qui s'en est suivie, y compris d'une agression présumée contre la reine Yan Yan elle-même par les forces de l'État :

Acting on a directive issued from the High Court on 15 February 2018 to take the Bilaichari victims of rape and sexual assault to the custody of their parents under police protection, police took the parents to Rangamati General Hospital. Considering their security, the victims refused to go along with their parents again. The parents even slapped the victims to make them agree. Despite that, they kept begging to go under the custody of the Chakma Circle. During that time Chakma Rani Yan Yan arrived in the hospital and the victims embraced her. The Rangamati General Hospital compound, all of a sudden, was crammed with members of the police and special branch, and plainclothes security men.

In the evening, at about 7:30 pm, members of the armed forces disconnected the electricity of the hospital. Then suddenly the members of state forces covered their faces with masks, encircled Chakma Rani Yan Yan and shoved her down on the floor. When the victims were being dragged out of the hospital, she tried to resist. Then forces men slapped and punched her and shoved her down on the floor again. Considering her security, she immediately fled the hospital compound, jumping over the hospital wall.

Meanwhile, the victim sisters were handed over to their parents under police custody and taken to an unknown place. Their whereabouts have not been revealed yet.

Conformément à une directive émise par la Haute Cour le 15 février 2018 décidant que les victimes de viol et d'agression sexuelle de Bilaichari soient placées sous la garde de leurs parents, la police a emmené les parents à l'hôpital général de Rangamati. Considérant leur sécurité, les victimes ont refusé de suivre leurs parents. Les parents ont même giflé les victimes pour les faire accepter. Malgré cela, elles ont continué à supplier de passer sous la garde du Cercle Chakma. Pendant ce temps, Chakma Rani Yan Yan est arrivée à l'hôpital et les victimes l'ont serrée dans leurs bras. Tout à coup, l'enceinte de l'hôpital général de Rangamati était encombrée de membres de la police et des services spéciaux, ainsi que d'hommes de sécurité en civil.

Le soir, vers 19h30, des membres des forces armées ont débranché l'électricité de l'hôpital. Puis, soudainement, les membres des forces de l'État ont couvert leurs visages avec des masques, ont encerclé Chakma Rani Yan Yan et l'ont fait tomber au sol. Quand les victimes ont été traînées hors de l'hôpital, elle a essayé de résister. Alors les forces de sécurité l'ont giflée et frappée en la faisant tomber à nouveau. Considérant sa sécurité, elle a immédiatement fui l'enceinte de l'hôpital, sautant par-dessus le mur de l'hôpital.

Pendant ce temps, les sœurs victimes ont été remises à leurs parents sous garde de la police et emmenées dans un lieu inconnu. Leur localisation n'a pas encore été révélée.

Dans une publication sur Facebook, la reine Yan Yan a révélé qu'elle connaissait les intentions de ses agresseurs :

শেষ করতে হলে এখানে করা যাবে না, করলে হাসপাতালের বাইরে করতে হবে

Si vous voulez les finir, ne le faites pas à l'intérieur de l'hôpital, faites le dehors.

Le 19 février, dans un discours prononcé lors d'un rassemblement réunissant des chefs traditionnels et des gens ordinaires dans les locaux de Rajbari (Maison du Roi), la reine Yan Yan a parlé des événements entourant la détention et l'enlèvement des deux sœurs Marma :

Elle a déclaré que malgré les menaces et les violences physiques, elle ne renonçait pas à demander justice pour les sœurs Marma. La reine Yan Yan a également assuré qu'elle continuera à se battre pour les droits des peuples autochtones pour les libérer de l'oppression.

Une longue présence militaire

Le Chittagong Hill Tracts (CHT) [fr] est une vaste région vallonnée couverte de forêts qui borde l'Inde et le Myanmar et abrite plusieurs populations tribales, dont les Chakma, les Marma, les Tripura, les Bom, les Chak, les Mro, les Murung, les Pankho et les Khumi.

Ces populations autochtones diffèrent nettement de la majorité bengalie [fr] du Bangladesh en ce qui concerne la langue, la culture, l'apparence physique et la religion.

Les trois districts des Chittagong Hill Tracts. Image via Wikimedia Commons. CC – PAR 4.0

Au cours des années 1970 et 1980, le gouvernement du Bangladesh a commencé à peupler la région avec des Bengalis provenant du reste du pays, déplaçant les habitants locaux qui y vivaient depuis des siècles et menaçant leur mode de vie.

Les tribus locales ont résisté en formant des groupes de résistance, le plus notable d'entre eux étant Shanti Bahini, qui a commencé à attaquer l'armée bangladaise et à procéder à des enlèvements de civils et des extorsions. Ils ont pris les armes pour combattre la présence bengalie dans les zones tribales et les gouvernements successifs du Bangladesh ont transformé la région en une zone militarisée pour combattre les insurrections.

De nombreux conflits entre les peuples autochtones et colons bengalis au cours des décennies ont abouti à plusieurs massacres de populations autochtones. De nombreuses allégations de violations des droits de l'homme ont été signalées au cours des décennies contre les Shanti Bahini qui ont attaqué les colons. Les forces de sécurité auraient pris des mesures extrajudiciaires contre les populations locales, les considérant comme des insurgés et agissant en toute impunité.

Un militant des droits de l'homme autochtone, John Tripura, écrit sur son blog:

The cases point to growing culture of impunity within the security services as it appears reluctant to take on their own.The blatant disregard for human rights by the Bangladeshi armed forces in CHT is evil.

Ces cas indiquent une culture croissante de l'impunité au sein des services de sécurité, qui semblent réticents à faire de l'autocritique. Le mépris flagrant des droits de l'homme par les forces armées bangladaises dans les Chittagong Hill Tracts (CHT) est un mal.

En 1997, un accord de paix a été signé entre le gouvernement du Bangladesh et le Chattagram de Parbatya Jana Samhati Samiti (Parti des peuples tribaux), auquel les partis de l'opposition, ainsi qu'une fraction de groupes rebelles tribaux, s'étaient opposés. Pourtant, les tensions persistent.

Les viols sont banalisés

Les viols sont fréquents dans les Chittagong Hill Tracts. Une femme locale Sayem Chakma écrit sur sa page Facebook :

Oh yeah lol on the topic of discrimination against indigenous people and women, a young indigenous girl was raped a while back. This is the sort of news I had to hear growing up. I always felt unsafe even in my own village because of the sort of stuff I saw whenever I followed my mother to wherever she went for work.

Oh oui, loll sur le sujet de la discrimination contre les peuples et femmes autochtones, une jeune fille autochtone a été violée il y a quelque temps. C'est le genre de nouvelles que je devais apprendre en grandissant. Je me sentais toujours en danger même dans mon propre village à cause du genre de choses que je voyais chaque fois que je suivais ma mère partout où elle allait travailler.

La Fondation Kapaeeng travaille pour les droits humains des populations autochtones dans les CHT depuis 2004. Dans un rapport, il a établi des statistiques sur la violence contre les femmes autochtones au cours des dernières années.

২০১৩ সাল থেকে ২০১৭ সালের জুন পর্যন্ত ৩৬৪ জন আদিবাসী নারীর মানবাধিকার লঙ্ঘিত হয়েছে৷ তার মধ্যে ১০৬ জন শারীরিক নিপীড়নের শিকার হয়েছেন, ১০০ জন নারী ধর্ষণের শিকার হয়েছেন এবং ৬৬ জনকে ধর্ষণের চেষ্টা করা হয়েছে৷ চলতি বছরের কেবল জানুয়ারি মাসের মধ্যেই ১০ জন ধর্ষণের শিকার হয়েছেন তার মধ্যে তিনজনকে ধর্ষণের পর হত্যা করা হয়েছে৷

De 2013 à 2017, des violences ont été commises contre 364 femmes et filles autochtones. Parmi elles, 106 ont été victimes de violences physiques, 100 ont été violées et il y a eu 66 tentatives de viol. En janvier de cette année, 10 femmes et filles ont été violées et trois d'entre elles ont été tuées après le viol.

Le prix de l'honneur : 50 takas

Les cas de maltraitance sont souvent cachés par l'intimidation ou en offrant aux familles des victimes de maigres indemnisations. Dans le cas des deux sœurs Marma, Hritwik-Chakma rapporte que les forces de sécurité ont tenté de régler l'affaire avec la famille pour seulement 50 takas du Bangladesh, l'équivalent de 62 centimes de dollar des Etats-Unis.

ভোররাত আনুমানিক ৩.৩০ ঘটিকার সময় দলছুট দুজন সেনাসদস্য অস্ত্রের মুখে বাবা, মা আর ছোটভাইকে জিম্মি করে এবং বড় বোনকে ধষর্ণ এবং ছোটবোনকে ধষর্ণের চেষ্টা ও যৌন হয়রানী করে!…তাদের চিৎকারে আশেপাশের গ্রামবাসী ও বাকী সেনাসদস্যরা ছুটে আসে!

এসময় আপোষে দফা করার জন্যে সাধা হয় মাথাপিছু ৫০ টাকা করে সর্বমোট মাত্র ১০০ টাকা!

Tôt le matin, vers 3h30, deux membres des forces de sécurité sont entrés dans la maison et ont arrêté le père, la mère et le petit frère sous la menace d'une arme. Ils ont violé la sœur aînée et ont essayé de violer la plus jeune. ..En entendant leurs cris, leurs voisins et le reste des membres des forces de sécurité ont accouru.

Ils ont essayé de régler cela tranquillement, offrant aux victimes BDT 50 chacune!

Les victimes d'agression sexuelle et de viol sont stigmatisées au Bangladesh. Le surintendant de la police de Rangamati aurait partagé sur les réseaux sociaux les photos des deux victimes de viol et d'agression sexuelle de Marma et aurait enlevé ces images seulement après avoir été critiqué.

Les médias traditionnels sont pour la plupart silencieux, les militants protestent bruyamment

Le Chittagong Hill Tracts International Network For Human Rights (Réseau international pour les droits de l'homme des Chittagong Hill Tracts) a publié une lettre ouverte au Premier ministre du Bangladesh demandant justice pour les abus et l'enlèvement des deux sœurs Marma :

You are requested to ensure the followings:
1. Immediate punishment for Bangladesh military servicemen involved in raping two indigenous girls of Bilaichari Upazilla of Rangamati Hill District on 22 January 2018;
2. Justice for the victims; and
3. Uphold the people's trust and respect in Bangladesh and its constitution.

Nous vous demandons ce qui suit :
1. Sanction immédiate pour les militaires du Bangladesh impliqués dans le viol de deux filles autochtones de Bilaichari Upazilla du district de Rangamati Hill le 22 janvier 2018 ;
2. Justice pour les victimes ; et
3. Maintenir la confiance et le respect du peuple pour le Bangladesh et sa constitution.

Alors qu'une pétition en ligne a également été lancée, les internautes bangladais soutiennent que les médias traditionnels ne rendent pas correctement compte de l'affaire.

Kung Thang, blogueur et activiste autochtone, écrit :

ইশ্বর থাকেন অনেক দুরের মিডিয়াপল্লীতে, পাহাড়ের আর্তনাদ তাহার কর্ণকুহরে পৌঁছায় না৷

Dieu vit dans un village médiatique éloigné. Les cris de la montagne ne l'atteignent pas.

Violées, terrorisées, kidnappées par des services censés faire respecter la loi alors que les médias regardent en silence

Les sœurs Marma enlevées de l'hôpital

Le blogueur Paichimong Marma attribue le silence à un black-out médiatique prétendument sponsorisé par les forces armées, dans un entretien avec la Deutsche Welle :

প্রায় প্রতি বছরই পাহাড়ি জনপদে সেটলারদের দ্বারা হামলা-অগ্নিসংযোগ-ভূমি বেদখলের ঘটনা ঘটে৷ ধর্ষণ, জাতিগত হামলা, সেমারিক-বেসামরিক বাহিনীর রেইড, আতংক ছড়ানো-হয়রানী পাহাড়ের নিত্য দিনের ঘটনা৷ মিডিয়া ব্ল্যাকআউট আর মিলিটারি সেন্সরশিপের কারণে অনেক খবর মূলধারার সংবাদমাধ্যমে প্রকাশ পায় না৷ ঘটনা যখন বড় আকারে দেখা দেয় তখন মেইনস্ট্রিম মিডিয়াতে খবর প্রকাশ করা হয়৷ খুব সতর্ক শব্দ প্রয়োগে সংক্ষিপ্ত আকারে ছাপানো সেই নিউজ পড়ে তেমন কিছুই জানা যায় না, কেবল জানা যায় একটা কিছু ঘটেছে! কিন্তু কে ঘটিয়েছে, কেন ঘটিয়েছে, কী তার বৃত্তান্ত, কী তার ইতিহাস,সামনে কে, পেছনে কোন কুশীলব আছে, সামনের দিনে কী ঘটতে যাচ্ছে– এসবের কোনো ধারণা পাওয়া যায় না৷

Chaque année, de nombreux cas d'accaparement de terres – incendies volontaires par les colons et de nombreux raids des forces armées, des conflits ethniques se produisent. Ceux-ci n'atteignent pas les médias traditionnels en raison de la censure militaire et du blackout des médias dans cette région. Quand une affaire prend de l'importance, alors les médias grand public publient les nouvelles à petite échelle. Vous ne pouvez pas en savoir assez à partir de ce petit article – seulement que quelque chose est arrivé. Mais qui l'a fait arriver, pourquoi, les détails, l'histoire et le contexte, les acteurs cachés et ce qui va se passer ensuite – vous ne le saurez jamais.

Des protestations généralisées ont été déclenchées lorsque les nouvelles du viol et de l'agression sexuelle des sœurs sont devenues virales sur les médias sociaux, la reine Yan Yan la première ayant annoncé la nouvelle. Les manifestants ont exigé l'arrestation des auteurs et la peine la plus sévère après un procès approprié :

Manifestation au National Press Club contre le viol des sœurs Marma …Au mois de février, quand nous célébrons le jour de la langue maternelle, les droits des citoyens qui parlent d'autres langues sont brutalement réprimés

Selon les dernières informations, les deux soeurs et leurs parents sont gardés chez Abhilash Tanchangya, un leader politique, dans la zone de Patharghata, dans la ville de Rangamati, sous haute surveillance policière. Personne n'est autorisé à les rencontrer.

D'après Al Jazeera les membres des forces armées ont intimé aux parents de respecter leurs ordres et toute la famille est en “grand danger”.

Un comité d'enquête de la Commission Nationale des Droits de l'homme trouve des preuves de l'intrusion des forces de l'ordre dans la maison des sœurs Marma

Le 23 février, la Cour suprême du Bangladesh a demandé à la Haute Cour d'entendre et de régler l'affaire de la garde des sœurs Marma dans les six semaines. À ce jour, un dossier officiel n'a pas encore été ouvert.