PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Chine : Interview d'un caricaturiste politique

dimanche 8 décembre 2013 à 16:14

Le China Times dans sa version numérique a  interrrogé @badiucao (巴丢草), un célèbre caricaturiste politique chinois qui vit actuellement en Australie, sur ce qu'il pense de la Chine. Voici sa réponse :

En tant que rebelle, j'ai envie d'utiliser ma plume pour collecter des faits selon ma perspective, et d'utiliser ensuite ma propre perspective pour la confronter aux rapports officiels de ces faits. Évidemment en tant qu'homme je n'en fais jamais assez, c'est pourquoi j'espère que plus de personnes contribueront à cette collection car plus les points de vue sont nombreux, plus l'analyse finale tend vers l'objectivité.

L'oligarque russe déchu Mikhaïl Khodorkovski retrouvera-t-il la liberté de son vivant ?

dimanche 8 décembre 2013 à 16:11
Mikhail Khodorkovsky, 1 April 2001, Press Center of Mikhail Khodorkovsky and Platon Lebedev, CC 3.0.

Mikhaïl Khodorkovski, 1er avril 2001, Centre de presse de Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev, CC 3.0.

Mikhaïl Khodorkovski, le plus sulfureux des oligarques russes devenu le plus célèbre prisonnier politique, devait sortir de prison l'an prochain, mais il y a maintenant des indices qu'il pourrait encourir de nouvelles charges criminelles [russe] avant de respirer à l'air libre. Vendredi 6 décembre 2013, le Vice-Procureur Général Alexandre Zviagintsev a déclaré [russe] à l'agence Interfax que ses services enquêtaient sur plusieurs charges à l'encontre de Khodorkovski. Une source interne au bureau du procureur Général a indiqué à Interfax que la nouvelle enquête contre l'ex-magnat du pétrole se rapporte au blanchissement allégué de plus de dix milliards de dollars, avec tentative d'user de ces sommes “pour altérer la légalité russe.” Vladimir Markine, le porte-parole du Comité d'Enquête de Russie (un autre département du gouvernement fédéral et rival bureaucratique du Procureur Général), a refusé de commenter [russe] la révélation de Zviagintsev.

Si Mikhaïl Khodorkovski retourne devant la justice pour affronter des accusations de blanchissement, ce sera son troisième procès consécutif. Arrêté en octobre 2003, il a séjourné plus de dix ans en prison, condamné pour escroquerie et fraude fiscale en 2005 et détournement de fonds en 2011.

Bien que la nouvelle d'un possible troisième dossier Khodorkovski soit encore toute fraîche, nombre de journalistes libéraux de premier plan disent déjà leur colère sur Facebook et Twitter, annonçant avec certitude force articles et éditoriaux désapprobateurs.

Le journaliste Iouri Saprykine s'étrangle, écrivant [russe] sur Facebook :

третье дело. слов уже никаких не осталось.

La troisième affaire. Il ne reste même plus de mots.

Un autre journaliste, Anton Krassovski, ironise [russe] :

Бог троицу любит.

Dieu aime la trinité.

Ekaterina Vinokourova trouve [russe] la perspective d'un nouveau procès insultante :

Новое дело против Ходорковского – это какое-то издевательство уже.

Une nouvelle affaire contre Khodorkovsky, c'est une sorte d'outrage.

Ecrivant sur Facebook, Tikhon Dzyadko est avide [russe] de savoir comment la secrétaire de presse de Dmitri Medvedev, Natalia Timakova, réagira à l'information. Dans les commentaires sous la note de Dzyadko, il lui a été reproché de se tourner vers Medvedev plutôt que Poutine, même si Dzyadko a souligné qu'il n'y avait pas de mal à s'adresser au personnage politique “numéro deux” de la Russie. (Dzyadko est un habitué des questions embarrassantes sur Facebook à Timakova. En août l'an dernier, il avait critiqué [russe] ses vacances luxueuses en Italie.)

Dans un autre billet sur Facebook, le journaliste Dmitri Bavyrine avait minimisé avec pessimisme le choc de l'annonce de Zviagintsev sur les nouvelles accusations contre Khodorkovski, écrivant [russe] :

А что Ходорковского живым не выпустят – это, извините, давно понятно было.

De quoi, Khodorkovski ne sera pas relâché vivant, excusez-moi, mais on le sait depuis longtemps.

Le politologue Fiodor Kracheninnkov a fait écho à ce sentiment sur Twitter :

Khodorkovski ne pourra se trouver en liberté qu'après la fin de Poutine. Croire autre chose est illusion et naïveté. Aussi triste que ça soit.

Pour autant, d'autres sont optimistes que Khodorkovski pourrait émerger de la prison. Stanislav Yakovlev (alias Ortega, alias Kreutzwald) se dit sur Twitter convaincu que les procureurs n'auront pas le temps d'assembler un nouveau dossier contre Khodorkovski et son associé Platon Lebedev avant l'échéance de leur peine en cours.

Pour moi, d'ici que l'affaire soit mise en branle, Khodorkovski et Lebedev seront en liberté jusqu'à ce moment.

La source Interfax du Procureur Général indique que la formalisation des charges contre Khodorkovski (comme témoin ou suspect) n'est qu'une “question de temps.” Si une procédure est réellement imminente, on peut s'étonner que le représentant du Comité d'Enquête soit si réticent à déjà s'exprimer. Lors de la persécution passée des ennemis politiques du Kremlin, tel Alexeï Navalny, Markine avait été beaucoup plus prolixe avec la presse. Cette retenue est-elle un signe que l'enquête n'en est qu'au début, comme le soutient Yakovlev, ou bien que le Procureur Général a désormais les coudées franches ?

Haiti: Enfants de la rue et problèmes de gouvernance

dimanche 8 décembre 2013 à 15:23

Valéry MOISE, médecin haïtien, militant dans différents domaines a écrit sur son blog à propos des enfants des rues à Port-au-Prince :

Moi, quand je regarde un enfant des rues briser une vitre, je vois une promesse électorale non tenue, quand je regarde un enfant sans idéal, je vois un gouvernement sans vision, quand je regarde un enfant manquer de respect à une loi établie, je vois de policiers et officiels circuler en sens inverse, quand je regarde un enfant essuyer une voiture aux heures de classe, je vois une société touchant le fond de l’abîme. Rendez-moi fou ou sage, je verrai toujours à travers les enfants l’image des adultes.

 

 

Philippines : Quatre témoignages bouleversants de bénévoles après Haiyan

dimanche 8 décembre 2013 à 12:44
A street full of debris in Tacloban. Photo from Tudla

Une rue pleine de débris à Tacloban. Photo prise par Tudla

Pour plus d'informations, consultez notre page spéciale Haiyuan

[Liens en anglais] Cela fait désormais pratiquement un mois que le super typhon Haiyan (Yolanda) a frappé la partie centrale des Philippines. De nombreuses villes on été dévastées par la tempête qui a fait plus de 5.000 morts et laissé des millions de personnes sans domicile. Dans un premier temps, les survivants du typhon se sont plaints [fr] de la lenteur avec laquelle arrivaient les aliments, l'eau, les médicaments et autres premiers secours. Les villes éloignées ne pouvaient être livrées à cause de mauvaises routes et autres problèmes de logistique.

Répondant aux critiques, le gouvernement a assuré qu'il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour porter secours à toutes les victimes du sinistre. La vaste destruction provoquée par Haiyuan a fait affluer l'aide humanitaire mondiale ainsi que les efforts de reconstruction. Aux Philippines, des milliers de personnes sont bénévoles dans les secours et les centres de reconditionnement. Beaucoup sont également allés dans les villages touchés par le typhon où ils ont d'une part relaté l'étendue des dégas et d'autre part procuré l'assistance dont avaient tant besoin les réfugiés.

Ces volontaires ont partagé des photos, vidéos et témoignages de ce qu'ils ont vécu à Samar et Leyte. Leurs déclarations ont confirmé les premiers récits concernant l'impact mortel d'Haiyan et la lente réponse des autorités. Voici quatre histoires prises directement sur le terrain.

1. Michael Beltran décrit  la scène en sortant de l'aéroport de Tacloban. Tacloban est la capitale de Leyte et l'épicentre de la catastrophe provoquée par le typhon

La première image de notre semaine à Leyte est un aéroport avec des gens frissonnants et affamés d'un côté, totalement ignorés par les militaires et l'armée américaine, et des boîtes, des tas de boîtes de marchandises de l'autre. Ce qui m'a le plus frappé, sans parler du fait qu'aucune infrastructure tenait à peine debout, ce sont les arbres et l'herbe. Absence totale de pigmentation, toujours sur pied, pas de boue, juste des végétaux morts à perte de vue ; des arbres avec des branches et des feuilles, gelés par les vents contraires apportés par le supertyphon. Cette image demeure gravée dans votre esprit avant même que vous ne remarquiez l'odeur.

2. Le militant Renato Reyes dénonce la lente récupération des corps dans la ville

Après deux clichés des housses mortuaires dans le marché public à Tacloban, j'ai arrêté de prendre des photographies. J'ai dû assimiler le fait que deux semaines après le passage du typhon Haiyuan, on continuait à ramasser les morts, des gens continuaient à vivre près des corps en décomposition. Il y a un véritable effort de la part du gouvernement pour minimiser les pertes et pour couvrir l'incompétence officielle à faire face à la catastrophe.

3. Des villes de tentes et de bougies s'érigent à Samar et Leyte, raconte l'écologiste Leon Dulce

Nous avons vu de nos propres yeux des villes de tentes et de bougies s'élever au milieu des débris et malgré la pluie incessante. Des pêcheurs ont perdu tous leurs bateaux et autre matériel dans les ondes de tempête, tandis que les agriculteurs ne peuvent que contempler des hectares de cocotiers déracinés et de champs de riz inondés.

Many survivors waited for several days before aid was provided to them. Photo from Antonio Tinio

Beaucoup de survivants ont attendu pendant plusieurs jours les secours. Photo prise par Antonio Tinio

A curfew was imposed in many typhoon-hit villages to maintain peace and order, specifically to prevent widespread looting. Photo from Antonio Tinio

Un couvre-feu a été imposé dans de nombreux villages touchés par le typhon afin de maintenir le calme et la paix, en particulier pour éviter les vagues de pillage. Photo prise par Antonio Tinio

 

Electricity will be restored in two to three months. Meanwhile, electric cables are still useful for those who need to dry their clothes. Photo from Antonio Tinio

L'électricité sera rétablie dans deux à trois mois. Pendant ce temps, les câbles électriques servent toujours pour ceux qui ont besoin de sécher leurs vêtements. Photo prise par Antonio Tinio

4. Des milliers de survivants quittent Samar et Leyte 

Nombreux sont ceux qui émigrent à Manille et autres centres urbains tels que Davao. Le Professeur Mae Fe Templa nous explique comment la migration reflète également le manque de confiance envers les autorités :

La migration des survivants indique le problème croissant de personnes perdant confiance envers les autorités. Le déplacement des survivants d'Haiyuan de Leyte à tout autre endroit dans le pays reflète deux choses : la première est la perte de confiance de la population face à l'inaction du gouvernement. La deuxième est la capacité des gens à transformer leurs propres vies et à redéfinir les modes de vie dans des conditions extrêmes de pauvreté et de changement climatique.

Grounded ship along Anibong road in Tacloban City. Photo from Tudla

Un bateau échoué dans la rue Anibong à Tacloban. Photo prise pas Tudla

Many farmers also lost their livelihood in Marabut, Samar.

De nombreux agriculteurs ont perdu toutes leurs ressources à Marabut, Samar. Photo prise par Tudla

A damaged house in Hernani, Eastern Samar. Photo from April Val Montes

Une maison endommagée à Hernani, dans la partie est de Samar. Photo prise par April Val Montes

A typewriter was one of the salvaged things in Balangkaya, Eastern Samar. Photo from April Val Montes

Une machine à écrire figure sur la liste des objets récupérés à Balangkaya, dans la partie est de Samar. Photo prise par April Val Montes

A mass grave marker in Palo, Leyte. Photo from Pher Pasion

Une stèle funéraire à Palo, Leyte. Photo prise par Pher Pasion

Pour plus d'informations, consultez notre page spéciale Haiyuan ravage les Philippines

Brésil : les BD qui dissipent les stéréotypes sur les Noirs

samedi 7 décembre 2013 à 22:40

Cet article fait partie d'une série qui célèbre la Journée de l'identité Noire au Brésil (le 20 novembre). Lisez les deux premiers entretiens :[en anglais, pas de version française] Persistent Stereotypes, Latent Prejudices: Black Characters in Brazilian Comics et “People That Look Like Themselves”: A Comic that Celebrates Natural Black Hair

Cover of "Encruzilhada", by Marcelo D´Salete. Image used with permission.

Couverture de “Encruzilhada”, de Marcelo D´Salete. Image utilisée avec autorisation.

[liens en portugais] Constatant l'absence de bande dessinée traitant de la vie quotidienne des jeunes Noirs au Brésil, Marcelo D'Salete  s'est efforcé de combler le fossé. Cet enseignant, auteur et illustrateur, qui possède un diplôme de Master en histoire de l'art, est la personne cachée derrière des BD comme Encruzilhada (Carrefour) ou Noite Luz (Veilleuse).

Dans cet entretien, D'Salete explique pourquoi les Noirs ont sûrement bénéficié de progrès dans la représentation qui est faite d'eux dans les médias, mais la prégnance de plusieurs stéréotypes demeure et il y a encore du travail à faire.

Global Voices (GV) : Dites-nous en davantage sur votre rapport aux bandes dessinées. Qu'est-ce qui vous motive ? Y a-t-il un public que vous visez ?

Marcelo D'Salete (MDS): Realizo HQs [Histórias aos Quadrinhos] há mais de uma década e minha relação com essa mídia é intensa. Além de apreciar boas histórias, me interessa muito observar a forma como uma HQ é contada. As possibilidades são infinitas. Existem muitas maneiras de contar e essa forma precisa estar conectada com uma história. Por outro lado, quando comecei a trabalhar com HQs, notei que havia poucas histórias que abordavam o cotidiano de jovens negros. Uma verdadeira ausência de Hqs sobre esse tema. Por esse motivo, minhas histórias acabaram tratando de temas urbanos e negros. Essas HQs são feitas para diversos públicos, pessoas interessadas em se defrontar com novas perspectivas sobre grupos distintos numa grande cidade, a forma como eles relacionam-se e como conflitos surgem.

Marcelo D'Salete (MDS) : Je crée des BD depuis plus de dix ans et ma relation avec ce média est forte. Outre le fait d'apprécier les belles histoires, je m'intéresse à la narration dans la BD. Les choix sont innombrables. Il y a différentes manières de raconter une histoire et la forme choisie doit être imbriquée dans l'histoire. D'autre part, quand j'ai commencé à travaillé avec les BD, j'ai réalisé qu'il y avait peu d'histoires qui parlaient du quotidien des jeunes Noirs. Un vrai manque de BD à ce sujet. C'est pour cette raison que mes histoires ont traité des sujets urbains et des Noirs. Ces BD sont faites pour des publics divers, des personnes qui souhaitent se familiariser avec de nouvelles perspectives du point de vue de différents groupes dans une grande ville, la façon dont ils interagissent et comment les conflits apparaissent.

GV : Dans un monde toujours plus interconnecté, est-ce suffisant de dire “nous sommes citoyens du monde” ? Ou la couleur de la peau de quelqu'un, la considération ethnique,  l'affirmation des identités et des lieux de résidence sont toujours significatives ? 

MDS:Hoje falamos de cidadania virtual, mas esse universo ainda é algo que depende de acesso. E quando digo acesso, não é apenas entrar na rede pelo computador, mas saber decifrar e navegar pelos códigos que configuram a rede. Para usufruir realmente desse universo, é preciso conhecer, estudar. Sem isso, é possível que muitas pessoas se percam nos recursos mais superficiais da rede, assim como ocorria com a televisão. Em outro âmbito, identidade etnicorracial ainda é algo marcante na rede e em nossa sociedade. Situações de racismo e preconceito acontecem de forma corrente nas mídias digitais e é preciso combater esses discursos em todas as esferas.

MDS : De nos jours, on parle de citoyenneté virtuelle mais cet univers est quelque chose qui dépend de l'accessibilité. Et lorsque je dis “accès”, je ne parle pas seulement de rejoindre le réseau mais aussi de savoir comment s'en servir et naviguer à travers les codes qui constituent le réseau. Pour vraiment tirer profit de cet univers, il faut le connaître et l'étudier. Autrement, beaucoup de gens se perdent dans les ressources les plus superflues du réseau, et c'est la même chose qui se produit par rapport à la télévision. Dans un autre domaine, l'identité ethnico-raciale est toujours présente sur Internet et dans notre société. Les situations impliquant le racisme et les préjugés apparaissent tout le temps dans les médias numériques et il est indispensable de combattre ces discours à tous les niveaux. 

GV : En tant qu'auteur de BD, vous rendez-vous compte que vous avez un rôle à jouer dans la présentation des personnages noirs dans le paysage brésilien de la BD ?

MDS: Minha intenção como quadrinista é problematizar e tornar mais complexas as possibilidades de representação de negros e de sua história nos quadrinhos. Isso não é relevante apenas para os grupos negros, mas para toda nossa sociedade. Precisamos de autores que possam apresentar novas perspectivas e possibilidades de leitura e compreensão do mundo. Isso é necessário no universo das HQs e em todas as artes. Imagino que uma sociedade realmente saudável precisa reconhecer e dialogar com as vozes que surgem de todo seu contorno.

MDS : Mon objectif est de soulever la problématique et de rendre plus complexes les possibilités de représentation des Noirs et de leur histoire au sein des BD. C'est significatif non seulement pour les organisations qui représentent les Noirs mais aussi pour la société toute entière. Nous avons besoin d'auteurs qui créent de nouveaux angles de vue et grilles de lecture et de compréhension du monde. On en a besoin dans l'univers de la BD autant que dans tous les arts. Je pense qu'une société vraiment saine doit reconnaître et engager le dialogue avec les voix qui s'expriment en son sein. 

Capa de NoiteLuz, outra publicação de Marcelo D´Salete. Imagem utilizada com permissão.

Couverture de NoiteLuz, une autre publication de Marcelo D´Salete. Image utilisée avec autorisation.

GV : L'Histoire est une suite de changement et de continuits. Y a-t-il un parallèle entre les personnages noirs et les BD depuis le moment où ils étaient enfants et de nos jours ?

MDS: Os personagens negros na mídia em geral tiveram poucas mudanças nessas últimas décadas. Hoje há personagens negros como protagonistas em algumas histórias e há autores preocupados com essa discussão. Por outro lado, eles aparecem muitas vezes ainda estereotipados, como parte de um grupo subalterno. Basta ver a imagem dessas figuram na mídia, nos telejornais, nas novelas e comerciais. Existe sim algumas experiências novas e autores mais preocupados com esse problema, principalmente no cinema, mas é interessante notar que nossa história também convive com grandes retrocessos.Não é por menos que há pouco tempo um supermercado famoso usou uma escultura de um garoto negro acorrentado como se isso fosse algo natural, inócuo e decorativo. Além disso, nos deparamos com uma propaganda de cachaça que usa uma imagem do J. B. Debret, onde há um grupo de negros escravizados trabalhando numa moenda, como algo glorioso.

Essa percepção racista do negro e sua história está mudando aos poucos. Há poucas semanas, aconteceu uma manifestação em São Paulo onde um grupo de manifestantes atacou a escultura do Brecheret, Monumento às Bandeiras, com tinta vermelha [a obra do escultor ítalo-brasileiro presta homenagem aos bandeirantes, responsáveis pelo assassinato de índios, nos séculos 17 e 18]. Também pixaram a escultura com a frase “bandeirantes assassinos”. Isso tudo é parte de um processo de mudança. Esses grupos exigem uma nova forma de ver a história, e por esse motivo é urgente reavaliar os velhos mitos. As HQs fazem parte desse processo. Existe todo um universo cultural negro, indígena e mestiço que precisa ser pensado e mostrado. Há também um público que está percebendo a necessidade de discutir essas questões e de se ver representado não apenas como personagens secundários ou de modo estereotipado.

MDS : La représentation des personnages noirs dans l'ensemble des médias a peu évolué au cours des dernières décennies. Aujourd'hui, on voit des Noirs comme protagonistes dans certaines histoires et il y a des auteurs qui sont en effet impliqués dans cette thématique. D'un autre côté, les personnages noirs apparaissent souvent sous formes caricaturées, comme appartenant à des groupes discriminés. Pour preuve les images d'eux dépeintes dans les médias, aux informations à la TV, dans les feuilletons et annonces publicitaires. Il y a cependant de nouvelles expériences et auteurs qui se montrent plus concernés par ce problème, surtout au cinéma, mais c'est intéressant de remarquer que notre histoire fait aussi l'objet de sérieux revers. Il n'est pas étonnant qu'il y a peu de temps un célèbre supermarché ait utilisé la sculpture d'un garçon noir enchaîné, comme s'il s'agissait de quelque chose de naturel, anodin et décoratif. De plus, on peut tomber par hasard sur une pub de rhum qui se sert, comme s'il s'agissait de quelque chose de magnifique, d'une image de J. B. Debret où l'on voit un groupe de Noirs enchaînés travaillant dans une exploitation de cannes à sucre.

De tels a-priori racistes sur les Noirs et leur histoire changent peu à peu. Il y a quelques semaines, une manifestation a eu lieu à São Paulo et un groupe de manifestants a attaqué la sculpture de Brecheret intitulée Monumento às Bandeiras [l'oeuvre du sculpteur italo-brésilien qui rend hommage aux explorateurs responsables du meurtre des autochtones aux XVIIe et XVIIIe siècles] avec de la peinture rouge. Ils ont aussi peint sur la sculpture la phrase “explorateurs meurtriers”. Tout cela fait partie d'un processus de changement en cours. Ces groupes demandent de porter un nouveau regard sur l'histoire et, de ce fait, il devient urgent de revoir les vieux mythes. Les BD participent de ce processus. Il y a un vaste univers culturel appartenant aux groupes de personnes noires, indigènes et d'origine métissée, qui doit être inventorié et exposé. Il y a aussi un public qui constate la nécessité de débattre de ces sujets et se voir représenté autrement que sous les traits de personnages secondaires ou stéréotypés. 

GV :  Les plateformes numériques comme les réseaux sociaux, e-mail et publications numériques vous aident-elles d'une quelconque manière sur le marché de la BD (pour la production, publication, etc.) ?

MDS: A internet auxilia muito na elaboração das histórias, principalmente na pesquisa de temas e de imagens. Ajuda muito também na divulgação de trabalhos e contato com artistas, revistas e editores. Cerca de dez anos atrás participei de uma publicação chamada Front. Nessa revista, os próprios quadrinistas selecionavam o material que deveria ser publicado. Essa experiência foi muito interessante, permitia dialogar e aprender muito com outros profissionais mais experientes. Era sempre um fórum de discussão muito qualificado e rico. Esse diálogo não seria possível sem a internet. Sobre a divulgação, a partir do site e das redes sociais é possível ter uma proximidade maior com os leitores. Tenho realizado trabalhos que foram publicados de forma impressa, mas pretendo em breve poder publicar de forma digital. Gosto muito do livro impresso, mas tenho me acostumado a ver livros em plataformas digitais.

MDS : Internet aide beaucoup dans le processus pour créer des histoires, principalement pour la recherche de thèmes et images. Cela aide aussi beaucoup pour la publication de la BD et pour contacter les artistes, magazines et éditeurs. Il y a environ dix ans, j'ai participé à la publication d'un magazine dénommé Front. Dans ce magazine, les dessinateurs étaient eux-mêmes responsables du choix du matériau à publier. Cette expérience était très intéressante et permettait le dialogue et l'apprentissage avec d'autres professionnels plus expérimentés. C'était toujours un forum d'échanges de haut niveau et riche. Un dialogue de ce type n'aurait pas été possible sans Internet. Pour la publication, avec l'utilisation du site et des réseaux sociaux, c'est possible d'obtenir une relation de proximité avec les lecteurs. Certains de mes travaux ont été publiés sur papier mais j'ai l'intention de publier sous format numérique bientôt. J'aime beaucoup le livre papier, mais je me suis habitué à voir des livres sur les plateformes numériques. 

GV : Pouvez-vous dire quelque chose au sujet de la réponse du public par rapport à votre art ?

MDS: Tenho visto mais trabalhos críticos sobre meu trabalho. Em geral eles apontam para o assunto e pouco para a forma que utilizo para atingir esse fim. Imagino que a crítica especializada de HQs no Brasil é algo ainda em desenvolvimento. Tenho recebido alguns comentários de leitores de várias partes do Brasil. Mas são poucas pessoas que se manifestam. No entanto, é muito interessante receber comentários de pessoas de locais distantes. Isto seria muito difícil antes.

MDS : Récemment, j'ai vu plus de critiques de mon travail. En général, ils s'intéressent davantage au contenu qu'à la forme afin de le lire en entier. Je suppose que des critiques spécialisées de bandes dessinées au Brésil est quelque chose qui est en cours de développement. J'ai reçu des commentaires de certains lecteurs provenant de différents lieux au Brésil. Mais très peu de gens ont réellement exprimé leur opinion. Cependant, c'est très intéressant de recevoir des commentaires de personnes éloignées géographiquement. Cela aurait été assez difficile auparavant.  

La couverture spéciale célébrant la Journée de l'identité noire s'achève avec la musique et les arts visuels. Appréciez l'animation de l'artiste Marcelo D'Salete réalisée pour le titre Oranian du CD Metá Metá de Kiko Dinucci, Juçara Marçal et Thiago França.