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“Purifié” du musée iranien du cinéma pour une visite en Israël

lundi 22 juillet 2013 à 21:39
Iranian film maker, M. Makhmalbaf, at JFF, photo courtesy of JFF official website

Le réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf, au festival du film de Jérusalem, photo avec la permission du site officiel du FFJ

Le cinéaste mondialement connu Mohsen Makhmalbaf a scandalisé de nombreux Iraniens en acceptant l'invitation du Festival de Jérusalem qui se tient ce mois en Israël.

Makhmalbaf, qui est aussi un militant du Mouvement Vert et un ancien révolutionnaire, a divisé les Iraniens : y aller, est-ce un pas vers la guérison “des failles et distances” entre les deux pays, comme il l'a affirmé, ou un mépris absolu des droits humains des Palestinien, comme le disent ses contempteurs ?

Makhmalbaf a présenté au Festival du Film de Jérusalem sa nouvelle oeuvre, Le Jardinier :

La discussion reste encore vive sur les médias sociaux entre Iranians, et a fait fleurir les pétitions signées par les militants, universitaires et journalistes dans la diaspora. Le cybermonde est devenu le champ de bataille des débats sur l'équipée de Makhmalbaf.

Première salve, une lettre ouverte signée par un groupe d’ “universitaires, artistes, journalistes et militants iraniens” a été publiée [farsi] pour déplorer que le réalisateur ait ignoré le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël :

Nous ne pouvons pas, en toute conscience, rester sans réagir devant M. Makhmalbaf et sa décision qui valide inévitablement l'occupation, l'apartheid et le nettoyage ethnique israéliens. Nous demandons non seulement que M. Makhmalbaf respecte le Mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions, mais aussi qu'il soit un messager de libération pour tous, autant Palestiniens et Iraniens.

Puis un autre groupe de militants et d'universitaires a rédigé une lettre [farsi] de soutien à la visite en Israël du réalisateur, où est loué son “acte de courage”, un geste de paix pour “exprimer le message de l'amitié” :

Nous condamnons la politique de guerre, qu'elle soit préconisée par les responsables du régime Islamique ou certains responsables en Israël. Au contraire, nous assumons, appuyons et accueillons la position de Mohsen Makhmalbaf qu'il faut soutenir, non une attaque militaire, mais les “forces démocratiques” de l'Iran. Tout comme Mohsen Makhmalbaf, nous n'avons pas peur de tendre une main amicale aux citoyens d'Israël et croyons que l'art peut être un outil de rapprochement des peuples quelles que soient les différences de races, de langues et de politiques.

La polarisation ne s'est pas limitée aux milieux académiques. Sur les médias sociaux, le thème de la visite du réalisateur en Israël a aussi échauffé les internautes.

Pour Samareh, il y a à prendre et à laisser dans les critiques, et son analyse sur Balatarin, un site iranien de partage de liens, est un brin cynique :

Makhmalbaf a accompli quelque chose en se rendant en Israël et en parlant de paix. Il a montré que la nation iranienne n'est pas le régime iranien, un grand coup au pouvoir religieux. Une raison [de la rudesse des critiques] est une circulaire du ministère du renseignement à tous ses fantassins : “Salissez immédiatement le nom de Makhmalbaf, mais assurez-vous que cela soit fait au nom de la position des ennemis de la République Islamique afin de diviser l'opposition. Si, concomitamment, vous avez à prêter serment à la République Islamique, cela ne pose absolument aucun problème.

Le blogueur iranien Adel exprime son dédain, car il y a pour lui une grande distinction entre ce que font les artistes et la sphère de la politique, et il rejette donc l'acte de Mohsen Makhmalbaf, vain dès le départ :

Avec un peu de réalisme, on verra que le discours politique des artistes n'a souvent aucun effet sur les hommes politiques ; et notamment les hommes politiques israéliens qui n'écoutent jamais leurs homologues américains ! Quelle cause M. Makhmalbaf essaye-t-il donc de servir ? S'il souhaite amener les deux pays plus près de la paix, le résultat réel ne sera autre que de faire sortir un gouvernement raciste de son isolement.

A la suite de ce voyage, le vice-ministre de la culture et de la guidance de la République Islamique, Javad Shamaghdari, a ordonné de “purifier” le musée national iranien du cinéma de tous les objets en rapport avec Makhmalbaf, et un clerc l'a déclaré apostat.

Une certitude avec ce débat passionné : comme avec toute autre controverse dans le contexte iranien, Mohsen Makhmalbaf a fait ressortir une bigarrure de la société iranienne éloignée de ce qu'on voudrait souvent croire.

Comment le Vietnam contrôle la presse

lundi 22 juillet 2013 à 21:03

Asia Sentinel publie un article de Phan Doan Trang sur la situation des journalistes au Vietnam :

Le système de la carte de presse est une méthode sophistiquée de contrôle des journalistes. Pas de carte, pas d'accès. Sans carte de presse, les journalistes n'ont aucune chance de rencontrer des personnes haut placées, d'obtenir des rendez-vous avec l'administration ou de couvrir des conférences de presse officielles.

L'Etat n'a pas besoin de supprimer les journalistes pour contrôler les médias car, de toutes façons, les journalistes vietnamiens détenteurs d'une carte de presse n'ont pas le droit de travailler sur des sujets qui méritent de se faire tuer.

La Pologne interdit l'abattage rituel des animaux

lundi 22 juillet 2013 à 08:45

Le magazine en ligne  Commentary et beaucoup d'autres commentent la décision du gouvernement polonais d'interdire l'abattage rituel des animaux sans étourdissement, pour précéder le code des pratiques d'abattages que de nombreux pays européens songent à adopter. Pour le cas de la Pologne, néanmoins, cette décision est très controversée, à la lumière de l'Histoire et de la signification de cette décision pour la communauté juive en Pologne et dans le monde.

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Encore un journaliste arrêté en Zambie

dimanche 21 juillet 2013 à 12:21
Wilson Pondamali, the third journalist to be arrested in government agents' pursuit of people suspected to be linked to the Zambian Watchdog.

Wilson Pondamali. Photo de Zambia Reports.

[Les liens renvoient vers des pages en anglais] Le journaliste zambien Wilson Pondamali a été arrêté le 17 juillet et accusé de possession d'”informations classifiées”. Selon l'AFP, la police a perquisitionné le domicile de Pondamali et trouvé des documents suggérant que le président zambien Michael Sata “n'était pas apte à gouverner.” La police affirme également avoir trouvé des preuves reliant Pondamali au populaire site d'informations citoyennes Zambian Watchdog (chien de garde zambien) .

Wilson Pondamali est le troisième journaliste à être détenu par la police après les arrestations la semaine dernière du spécialiste des médias Clayson Hamasaka et de Thomas Zgambo, un ancien journaliste du Zambia Daily Mail. Zgambo a depuis été accusé de sédition. Hamasaka n'a pas été formellement inculpé, mais il doit se présenter à la police régulièrement.

Le jour de l'arrestation de Pondamali, l'accès au site de Zambian Watchdog semblait être sévèrement restreint pour les utilisateurs où qu'ils soient. Le site a rapporté qu'il avait été bloqué sur tous les réseaux mobiles en Zambie. Il a subi une série de difficultés techniques et des menaces indirectes des représentants du pouvoir au cours des derniers mois.

Des lecteurs hors de la Zambie ne pouvaient pas accéder aux sites Web sur différents navigateurs. Un lecteur, Ku Masangalatoni a commenté:

Safari ne peut pas ouvrir la page, car trop de redirections ont lieu !

Le site de Zambian Watchdog a rapporté :

[...] [Le] gouvernement zambien a bloqué mardi le site de  Zambian Watchdog sur tous les [FAI] locaux, y compris le réseau MTN qui avait auparavant refusé la suppression du site d'informations le plus populaire en Zambie.

 

Ce mois-ci, des utilisateurs ont rapporté que le site semblait bloqué sur tous les fournisseurs de services Internet du pays, sauf MTN. Le site Zambian Watchdog a réagi en déménageant dans un nouveau domaine. Il a été à nouveau déplacé sur http://zwd.cums.in. Les administrateurs du site encouragent les lecteurs à visiter le site de son nouveau domaine, ou sa page Facebook.

Un sympathisant au pseudo blacknigga a écrit :

[...] Mon conseil à ZWD est d'arrêter la migration du site à chaque fois que brique rouge [surnom des services de renseignement, d'après la couleur des briques de leur siège] exerce une pression sur vous. Ca va être coûteux de cette façon et c'est exactement ce que la brique rouge veut que vous fassiez. Vous allez ainsi perdre vos lecteurs.

Je suis en Zambie et je peux encore accéder à ZWD à travers un serveur proxy. La technologie que la brique rouge utilise, inspection approfondie des paquets, dpi, pour bloquer non seulement ZWD mais les autres publications en ligne aussi ont leurs propres limites.

Il est temps que ZWD capitalise sur ces limitations de dpis pour les exploiter à son avantage. Mon conseil à ZWD est d'investir dans l'éducation de ses lecteurs sur la façon d'utiliser des serveurs proxy gratuits. Combien de ces serveurs proxy en ligne gratuits brique rouge va fermer? Il y en a un grand nombre.

[...]

Ne vous fatiguez pas à courir. Lorsqu'il y a de la volonté, on trouve toujours une solution. L'accès gratuit en ligne prévaudra.

En effet, la migration vers un nouveau domaine à chaque fois que le site est bloqué pourrait conduire à un jeu du chat et de la souris sans fin. Le 18 juillet, le site a publié un article, ”Comment accéder à Watchdog Zambia en utilisant des proxies“, faisant la promotion de serveurs proxy anonymes et des outils de navigation tels que le Projet Tor. Il a également recommandé que les lecteurs copient et envoient des articles de Watchdog à leurs amis par e-mail. Reporters sans frontières a réagi à la situation en créant un site miroir pour Watchdog.

Sur Brutal Journal, le blogueur Nyalubinge Ngwende a écrit au sujet des ennuis de Zambian Watchdog avec le gouvernement :

La publication en ligne a été stoïque au point même de traiter le président Sata de dictateur – un choix délibéré des mots pour provoquer le leader zambien qui a choisi de devenir un reclus, apparaissant et se faisant entendre rarement en public sur de nombreuses questions qui touchent la nation et faisant preuve de niveaux élevés d'intolérance à l'égard de l'opposition.

C'est la première fois depuis le retour de la Zambie au multipartisme il y a 22 ans qu'une publication est confrontée de manière incessante au gouvernement au point de fermer complètement et que tous les journalistes soupçonnés d'être associés avec elle sont emprisonnés au hasard.

En effet, Michael Sata a cherché à “normaliser ”les sites d'information en ligne dès ses premiers jours au pouvoir en 2011 quand il a ordonné au procureur général Mumba Malila, à peine nommé de rédiger une loi qui permettant de le faire. De là, aux problèmes persistants de  Watchdog, à l'arrestation de Pondamali, Hamasaka et Zgambo, il semble que le gouvernement zambien devienne de plus en plus intolérant avec les médias indépendants et critiques dans le pays.

Soupçons de dopage pour des champions d'athlétisme jamaïcains

samedi 20 juillet 2013 à 22:30

[Les liens renvoient vers des pages en anglais] Les fans d’athlétisme des Caraïbes ont été stupéfaits d'apprendre que plusieurs coureurs jamaïcains, dont Asafa Powell, ancien recordman du monde, et sa collègue, l'ancienne championne olympique Sherine Simpson, avaient été déclarés positifs à des substances interdites. A cause de ces résultats, aucun des coureurs ne pourra participer aux prochains Championnats du Monde, qui se tiendront à Moscou. (Les deux athlètes ont publié un communiqué, affirmant leur déception quant aux résultats des analyses et demandant le soutien du public).

Paul Doyle, agent de Powell et de Simpson, attribue la responsabilité de ces résultats à l’entraîneur Christopher Xuereb. Xuereb, qui a travaillé pour le controversé docteur Anthony Galea, estime que les coureurs cherchent un bouc émissaire. Mais de nombreux cybercitoyens  se sont demandé pourquoi les athlètes ont commencé à travailler avec ce nouvel entraîneur. Ce thème est devenu un sujet brûlant sur la page Facebook d’Air Jamaica.

Sharon Nelson de s'interroger pourquoi on n'a pas été plus attentif :

Vraiment ?? Personne n’a jamais pensé à enquêter sur lui ?? Du temps de nos grands-mères, on aurait vérifié avant de lui donner le travail !!

Kermani Kome est lui aussi soupçonneux :

Qui a engagé ce gars-là ? On aurait dû vérifier son profil avant d’engager ce bonhomme. Qu’est-ce qu’on a bien pu penser quand on a engagé ce type-là, il a été viré il y a 3 ans et nous, on l’engage pour des athlètes, il y a quelque chose de louche.

De nombreux commentateurs ont vu là une conspiration visant à déstabiliser les athlètes jamaïcains à cause de leur domination sur les pistes. Maureen Miles, par exemple, ne croit pas qu’Asafa Powell aurait soudainement commencé à se doper, à cette période sa carrière.

C'est un coup monté. Ils nous détestent et vont tout faire pour traîner nos athlètes dans la boue. J'suis [sic] tellement en colère. Regardez combien de temps ont duré les problèmes pour Asafa, alors qu'il n'a jamais pris de médicament. Nous avons des talents naturels… Ils n'arriveront pas à nous arrêter… Père Eternel, guide notre nation face à ces vampires ici-bas… On aime la Jamaïque. Fière d'être Jamaïcaine.

Sur la page Facebook  du programme  d'affaires publiques “All Angles”, certains commentateurs ont  l'impression que les athlètes ont été piégés, alors que d'autres pensent qu'ils devraient assumer la responsabilité de leurs agissements. Koraine Hard-earz Mcgowan ne pense pas que les athlètes voulaient tricher :

Je pense que les athlètes n'ont pas ingéré les compléments avec l'intention de tricher, mais qu'ils ont simplement suivi les conseils d'une personne jugée professionnelle et une enquête en règle devrait être effectuée, afin de savoir s'ils ont été dupés ou forcés, de quelque sorte que ce soit, par la personne qui leur a donné les médicaments. Dans ce cas, il y aurait infraction pénale.

Terrence Attainable Henry a trouvé le moment des révélations suspect et pense que la vérité va bientôt éclater :

Très fâcheux, en particulier à l'approche des Championnats du Monde. Alors que la présence de substances interdites est prouvée, je crois toujours que les choses ne sont pas si simples et qu'avec le temps, la vérité éclatera et on saura s'il s'agissait d'un cas de sabotage ou d'une ingestion involontaire parce que je sais que nos athlètes ne prendraient jamais délibérément des substances interdites qui n'ont aucun effet chimique positif sur le corps.

Theresa Jones pense elle aussi que la situation est plus complexe qu'elle n'en a l'air :

C'est vraiment une triste situation, mais je crois que la réalité est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Déjà, le moment choisi pour révéler l'affaire (si proche des Championnats du Monde) me laisse perplexe. Les choses ne sont pas si simples ! Ce qui se va se passer, c'est que notre contingent pour la compétition va être encore plus surveillé et les spéculations vont aller bon train ! Je ne crois pas que des athlètes aussi expérimentés soient assez stupides à cette étape de leur carrière, où ils ont beaucoup plus à perdre qu'à gagner ! En particulier Asafa !

Domonique Jones a l'impression que les autorités locales doivent faire plus pour protéger les athlètes jamaïcains :

Cela fait longtemps que l'on entend dire que le dopage est la seule raison qui explique les très bonnes performances de la Jamaïque  et je pense qu'ils ont publié des résultats positifs pour montrer que la Jamaïque fait toujours des contrôles. Je ne sais pas s'ils en ont déjà un, mais il faudrait une sorte de comité composé de personnes qualifiées pour défendre nos coureurs nationaux parce que je suis sûre que la plupart d'entre eux ne prendrait pas volontairement de médicament interdit …

Kaj YsofreshUpsetter Too Cute pense que les athlètes sont trop expérimentés pour utiliser des substances interdites :

 Je pense que les athlètes sont suffisamment matures pour savoir quel type de médicaments ils doivent prendre lorsqu'ils ont une douleur etc.. Il est donc évident qu'il y a eu une confusion dans les résultats ou quelqu'un a délibérément fait quelque chose pour les piéger parce que, comme par hasard, trois de nos athlètes ont été déclarés positifs…

A l'inverse, Marvin Adetumbi Campbell estime que les athlètes n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes :

Les Jamaïcains semblent avoir un problème avec la responsabilité. Nous devons prendre conscience du fait que l'athlétisme est un business et que certaines personnes sont prêtes à tout pour rester au sommet. Est-ce que quelqu'un a menacé Asafa et  Sherone avec un pistolet et les a forcés à avaler les médicaments ? Ce sont des adultes responsables avec plusieurs années d'expériences. Franchement !

Palmx Palmer est d'accord :

Allons, écoutez un peu Dr. Wright… Ces athlètes sont responsables de ce qui entre dans leur corps, c'est aussi simple que cela. N'oubliez pas que le fournisseur n'a rien à voir avec cela, le médicament n'est pas illégal, les athlètes ne doivent simplement pas le prendre… aussi simple que cela… Ils savent tous ce qu'ils font. Si vous prenez un médicament, c'est qu'il y a une raison et si ça vous aide, c'est qu'il y a quelque chose dedans qui n'est pas pour vous… Ils sont tous coupables… à la recherche d'un nouveau record