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Dix ans après, la Russie n'a pas oublié la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa

samedi 8 octobre 2016 à 22:35
Anna Politkovskaya. Source: Amnesty Finland, Flickr

Anna Politkovskaïa. Source: Amnesty Finland, Flickr.

Il y a aujourd'hui dix ans, Anna Politkovskaïa, une des plus grandes journalistes d'investigation de Russie, était retrouvée tuée par balles dans l'ascenseur de son immeuble à Moscou. Son assassinat et l'incapacité—ou la réticence—de l'Etat à poursuivre les responsables incarnent depuis lors les dangers du travail de journaliste en Russie. La condamnation pour meurtre de cinq individus en 2014 n'a pas permis à ce jour de savoir qui a ordonné la mise à mort de Politkovskaïa.

Anna Politkovskaïa a laissé le souvenir de ses enquêtes intrépides sur les violations des droits humains, les plus célèbres étant celles sur la deuxième guerre de Tchétchénie, dans le Nord-Caucase. Vendredi, Novaïa Gazeta, le journal de Politkovskaïa, a invité à un rassemblement à l'entrée de ses bureaux, où une plaque commémore sa vie et son oeuvre. Radio Liberty/Radio Free Europe a rendu compte de la scène ce matin.

Novaïa Gazeta a également publié une vidéo intitulée “Le commanditaire n'a pas été retrouvé”, une vigoureuse mise en cause de l'impuissance des autorités à trouver—ou, peut-être, à dévoiler—qui a ordonné l'assassinat de Politkovskaïa. RuNet Echo a traduit les pancartes tenues par les équipes de Novaïa Gazeta dans la vidéo ci-après.

Anna Politkovskaïa, tuée le 7 octobre 2006, dans l'entrée de son immeuble, dans l'ascenseur. Cinq balles, un meurtre sur contrat, pour 150.000 dollars. Par qui ? Le commanditaire reste inconnu. Août 2007 : les organisateurs et tueurs à gages suspectés du meurtre de Politkovskaïa sont appréhendés, 11 hommes en tout. Le commanditaire manque toujours. Le 29 août 2007, le Procureur Général Iouri Tchaïka annonce la clôture de l'enquête sur le meurtre de Politkovskaïa. Le commanditaire court toujours.

21 septembre 2009 : un ancien chef de district en Tchétchénie, Chamil Bouraev est accusé. Il ne se présente pas devant la justice. Le commanditaire court toujours. 25 novembre 2009 : ouverture du premier procès pour meurtre. Le commanditaire court toujours. 19 février 2009 : le jury acquitte tous les suspects. Le commanditaire court toujours. 26 juin 2009 : la Cour Suprême casse le verdict. L'affaire est renvoyée à un nouveau procès.

31 mai 2011 : Roustam Maxmoudov est arrêté. Le commanditaire court toujours. 22 août 2011 : un témoin dans l'affaire, le Lieutenant-Colonel de la police Pavlioutchenkov est arrêté en tant qu'organisateur de l'assassinat. Il avoue, mais sans dire qui a donné l'ordre. Selon les termes de sa négociation de peine, Pavlioutchenkov devait le dire, mais il ne le fait pas. Les enfants d'Anna demandent que sa négociation de peine soit annulée et qu'il soit jugé sans clémence, demande refusée par le tribunal. Le commanditaire court toujours.

14 décembre 2012 : Dmitri Pavlioutchenkov est condamné à 11 années en colonie pénitentiaire pour le meurtre d'Anna Politkovskaïa. Le commanditaire court toujours.

3 juin 2013 : début d'un deuxième procès. Le commanditaire court toujours.

20 mai 2014 : le jury déclare tous les accusés coupables de l'assassinat d'Anna Politkovskaïa. Le commanditaire court toujours. L'organisateur, les complices et le tueur sont condamnés à des peines de prison. Le commanditaire court toujours. L'affaire du commanditaire est disjointe dans une procédure séparée, mais aucune instruction n'est ouverte. Garabian, le juge d'instruction, se retire. Le nouveau juge d'instruction, Stepanov, ne fait rien. Le commanditaire court toujours. L'enquête est pratiquement suspendue. Le commanditaire court toujours. Les enfants de Politkovskaïa s'adressent à la Cour Européenne des Droits de l'Homme, au motif de l'inaction des juges d'instruction. Le comité de recevabilité déclare que l'affaire Politkovskaïa est résolue. Le commanditaire court toujours.

Près de dix ans ont passé depuis le jour de l'assassinat de Politkovskaïa. L'affaire n'est pas résolue. Le commanditaire court toujours. [Le fils de Politkovskaïa] : je demande que le commanditaire du meurtre de ma mère soit retrouvé.

Arkadi Babtchenko, correspondant de guerre et ex-militaire ayant servi dans la première guerre de Tchétchénie, a tweeté une photo de Politkovskaïa à Grozny (Tchétchénie) en 2005.

Anna Politkovskaïa, Stanislav Markelov, Natalia Estemirova, Grozny, 2005, tribunal. Tous tués. Photo d'Alexsandre Tcherkassov.

Beaucoup ont partagé leurs souvenirs préférés de Politkovskaïa, souvent des entretiens illustrant sa poursuite obstinée de la vérité—ici, elle appelait l'attention sur le rôle des services spéciaux dans la prise d'otages de 2002 au théâtre de la Doubrovka.

Je conseille à tous de regarder : Anna Politkovskaïa parle à @VRSoloviev de l'implication des services spéciaux dans la prise d'otages de la Doubrovka

Le site web d'information et télévision Novoe Vremia (une collaboration de RFE/RL et Voice of America) se souvient de la dernière interview de Politkovskaïa.

Dans sa dernière interview, Anna Politkovskaïa a parlé de Kadyrov : deux jours après elle était abattue dans l'entrée de son immeuble à Moscou.

D'autres ont rappelé que Politkovskaïa a été tuée le jour de l'anniversaire de Poutine—une coïncidence relevée en raison des accusations que le pouvoir serait impliqué dans son assassinat et l'aurait couvert.

Il y a dix ans, le 7 octobre, Anna Politkovskaïa était assassinée. Le commanditaire court toujours. Poutine fête son anniversaire ce jour.

La nouvelle édition du Dictionnaire National Australien, toute la saveur de l'anglais-australien

samedi 8 octobre 2016 à 17:57
Australian National Dictionary 2nd Edition

La 2e édition du Dictionnaire National Australien. Photo de l'auteur.

Quand j'étais enseignant, un élève que je ne connaissais pas s'approcha un jour de moi dans la cour pendant play-lunch, la récréation du matin. “C'est vrai que vous lisez le dictionnaire pour le plaisir ?” s'enquit-il. Ma réponse positive provoqua de sa part un “Vous êtes malade !” Vous voilà prévenus.

Au long des années, les rédacteurs et traducteurs se sont posé bien des questions sur certains termes dans mes articles. Pour ceux qui se débattent avec, ou sont juste intéressés par les ‘australianismes’, la nouvelle édition augmentée du Dictionnaire National Australien tombe à pic pour compléter leur bibloithèque.

Pour la plupart des anglophones, l'anglais-australien, aussi appelé le Strine, sonne forcément comme une langue étrangère. Prenez par exemple la phrase suivante :

Any true blue, dinkum Aussie battler from Astraya's Deep North knows that Canberrans are really Mexicans.

Traduction:

[litt.: Tout vrai battant du Grand Nord de l'Australie sait que les habitants de Canberra sont de vrais Mexicains] Tout vrai Australien du nord du Queensland sait que les habitants de Canberra (la capitale administrative) viennent du sud de la frontière (et sont donc inférieurs).

Les antagonismes inter-Etats ou interrégionaaux down-under sont présents dans une masse de termes anglais-australiens (les deux références géographiques dans la phrase ci-dessus comportent des connotations péjoratives). Par exemple, les Taswegians, les habitants de la Tasmanie, l'île-Etat au sud, sont fiers de leurs contributions au Dictionnaire National Australien, une vantardise qui leur vaut le qualificatif de yaffler, grande gueule.

Les Taswegians voient le restant de l'Australie comme des ‘continentaux’ :

Slogan touristique : ‘sauver un continental’ [un à la fois]

Deux nouvelles entrées du dictionnaire ont rapport avec la capitale australienne, Canberra : le Canberran est un habitant de Canberra, et le Canberra bashing [action de dénigrer les gens de Canberra] tient du sport politique national. Le ministre en chef local a enjoint les oligarques de l'Internet de mettre à jour leurs correcteurs d’orthographe :

Canberran est enfin entré au dictionnaire mais il est temps que le soulignement disparaisse #Microsoft #Apple #Twitter

Un autre politicien de Canberra, le député à la Chambre des Représentants Andrew Leigh, a contribué au lancement de la deuxième édition du dictionnaire, 28 ans après la première. Dans son discours, il a offert un florilège de quelques-unes des expressions entrées dans l'ouvrage :

Il a aussi relevé quelques-uns des mots indigènes nouveaux-venus, comme gubinge, une variété de prune, et migaloo, un Blanc.

Migaloo est l'un des plus de 500 mots de 100 langues aborigènes et du détroit de Torres Strait, a expliqué le rédacteur du Dictionnaire National Australien Bruce Moore sur le site d'information et d'analyses The Conversation, dans son article intitulé ‘Quelle différence y a-t-il entre un Bunji et un Boorie ? Nous vous présentons les nouveaux mots indigènes de notre dictionnaire’.

Pendant que toutes ces entrées sont vantées comme neuves, beaucoup ne le sont que dans le dictionnaire. Pendant les années 1960, par exemple, mon père proclamait qu'il avait toujours écrit ‘callithumpian’ dans la rubrique religion du formulaire de recensement.

La Twittosphère ‘OS’ (d'outre-mer) a ressassé une des injures préférées d'Oz (d'Australie) :

“Tout à fait. L'Australie est la patrie du connard.”

Les injures foisonnent. Mes préférées : dropkick (un terme de sport qui rime avec prick (connard/bite] et a le même sens, et dickhead (tête de noeud). Outre le favori des médias bogan (un individu inculte et primaire), il y a une foule de termes et de nuances pour les individus, comme dag (plouc), hoon (pignouf) et tall poppy (quelqu'un d'important ou qui a réussi; litt.: grand coquelicot). A stunned mullet (hébété, litt.: mullet [poisson] estourbi) est un régal visuel.

Les récents premiers ministres ont eu les honneurs de notre langue vernaculaire. Julia Gillard a gagné ce mémorable titre de caricature : Head Ranga [rousse] in sanger [en sandwich] clanger [de boulettes)] ! (Les Australiens ne peuvent pas cependant pas revendiquer comme leur clanger, un mot d'origine britannique siginifiant gaffe retentissante.)

Son successeur Tony Abbott a obtenu une audience internationale avec les vocables empruntés au sport shirtfront (‘plastron’, un terme des règles du football australien désignant une charge frontale interdite contre un adversaire) et budgie smugglers (litt.: cachette de la perruche, un slip de bain moulant).

Même le New York Times a succombé au charme de cet ouvrage massif. Les deux volumes du Dictionnaire National Australien pèsent 4,54 kilos et comptent 1.864 pages. Les entrées sont maintenant au nombre de 16.000.

6.000 mots populaires sont entrés dans un dictionnaire australien. Testez vos connaissances [NdT : dans le tweet, ‘kwoedge’ serait une coquille pour ‘knowledge’].

Un autre apport du sport est falcon (faucon, un choc accidentel du ballon sur la tête). Son étymologie remonte à un joueur de ligue de rugby d'origine maltaise.

L'actuel premier ministre Malcolm Turnbull a inspiré les affiches fizza lors des dernières élections, un avatar de fizzer (un pétard qui n'explose pas). Cutting down tall poppies (litt.: couper les grands coquelicots, attaquer ou critiquer les privilégiés tels que les politiciens ou célébrités) fait partie du Canberra bashing.

Les associations avec des animaux sont un thème récurrent, avec une préférence pour les zoomorphismes (qui attribuent des qualités supposées d'animaux aux humains) :

Electeurs-ânes et pénis de dingo (chien sauvage) mort : la nouvelle édition du Dictionnaire National Australien

Dingo [le chien sauvage dr'Australie] s'applique à un lâche ou un traître. Two dog night (litt.: nuit à deux chiens), équivaut en français à ‘froid de canard’). Le dictionnaire se délecte du sens de l'humour Aussie, souvent dry as a dead dingo’s donger (sec comme le pénis d'un chien sauvage). A ne pas confondre avec l'homophone donga (habitation provisoire).

As dry as a dead dingo's donger

“Sec comme le pénis d'un dingo mort” dans le dictionnaire. Photo de l'auteur

Un de mes australianismes favoris est you wouldn't be dead for quids [vous ne voudriez pas mourir pour un sou]. Un quid était l'argot pour une livre (£) avant l'introduction de la monnaie décimale. Cela veut dire, en gros, ‘N'est-ce pas que la vie est belle ! Je n'aurai voulu manquer ça pour rien au monde’.

Je laisse le mot de fin à Marta Cooper, journaliste au site web d'information américain Quartz et membre vétéran de la communauté Global Voices :

Nous avons comparé les nouveaux mots dans les dictionnaires australien et Oxford [la référence en Grande-Bretagne], après quoi nous ne savons plus si nous sommes Arthur ou Martha

Le Dictionnaire National Australien est un élément essentiel de toute véritable bibliothèque ou salle de billard de maison. Ses 123.000 citations sont extra grouse (de qualité exceptionnelle). La première édition est disponible en ligne. Espérons que la deuxième suive prochainement.

Netizen Report : Les citoyens suisses votent en faveur d’une surveillance accrue

vendredi 7 octobre 2016 à 22:17
Swiss activists gather to deliver votes for referendum on surveillance law. Photo by JUSO Schweiz via Flickr (CC BY 2.0)

Dépôt des signatures réclamant un référendum sur la loi sur le renseignement. Photo de JUSO Schweiz via Flickr (CC BY 2.0)

Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Lors de la votation populaire tenue le 25 septembre, une majorité des Suisses a accepté la nouvelle loi fédérale sur le renseignement offrant au Service de renseignement de la Confédération le pouvoir d’espionner les télécommunications, d’infiltrer des dispositifs électroniques et d’installer des micros et des caméras dans des lieux privés.

La loi dote le gouvernement suisse de nouveaux moyens de surveillance, mais l’application de telles mesures nécessite l’approbation préalable du Tribunal administratif fédéral, du Département fédéral de la défense et de la délégation pour la sécurité du Conseil fédéral, afin de limiter au possible les abus, du moins en théorie. Toutefois, dans les affaires urgentes, les autorisations peuvent être obtenues rétroactivement. Les citoyens ciblés devront être informés [EN] dans un délai d’un mois des méthodes employées et de la durée de la surveillance dont ils auront fait l’objet. Cependant, des exceptions à cette règle seront possibles si notifier le suspect va à l’encontre de l’intérêt public, pourrait avoir une incidence sur les procédures juridiques ou mettre des personnes en danger.

Acceptée par 65,5 % des citoyens, lors d’une votation avec un taux de participation de 43 %, la nouvelle loi avait été approuvée par le parlement en 2015, mais un groupe d’opposants avait collecté les signatures nécessaires pour demander un référendum populaire.

La Tribune de Genève rapporte que le ministre de la Défense suisse, Guy Parmelin, a expliqué qu’« avec cette loi, [en matière de normes des services de sécurité], on passe de la cave au rez-de-chaussée en comparaison internationale ».

Jean Christophe Schwaab, Conseiller national socialiste, fervent opposant à la loi, s’inquiète du fait que le gouvernement puisse contourner les procédures d’obtention des autorisations et craint que cette loi ne représente qu’un premier pas vers le déploiement d’autres pratiques de surveillance dans les années à venir, relevant qu’il est compliqué de rejeter une demande urgente des services secrets «dans le climat de paranoïa générale actuel».

La nouvelle loi préoccupe également des sociétés suisses du secteur technologique, telles que ProtonMail, un service de messagerie électronique cryptée, reconnu pour sa relative convivialité. Son fondateur, Andy Yen, a exprimé sa déception concernant le résultat du référendum lors d’une interview avec TechCrunch [EN], tout en affirmant que cela n’aurait aucune incidence sur ProtonMail, puisque la société ne collecte pas et ne stocke pas [EN] les clés de cryptage (nécessaires pour décrypter et lire le contenu d’un message électronique), ni aucune information permettant d’identifier les utilisateurs.

Le Mexique dépense des sommes colossales pour des outils de surveillance

Le quotidien mexicain Reforma a récemment confirmé [ES] l’acquisition par le Procureur général du Mexique [ES] d’un logiciel de surveillance de la société israélienne NSO Group en 2014 et 2015 pour 15 millions de dollars. Cet achat vient s’ajouter à l’importante liste d’acquisitions [EN] faites par les agences gouvernementales mexicaines auprès de grandes sociétés de surveillance au cours des quatre dernières années. Les documents ayant fuité et les enquêtes techniques ont également révélé que les autorités ont utilisé le logiciel Gamma’s Finfisher, le Remote Control System de Hacking Team et des IMSI-catchers développés par la société finlandaise Exfo Oy.

Les autorités jordaniennes interdisent la couverture médiatique de l’assassinat d’un écrivain

L’écrivain Nahed Hattar a été abattu [EN] le 25 septembre devant le tribunal d’Amman où il devait comparaître pour avoir publié sur Facebook une caricature jugée offensante envers l’islam. Selon The Guardian, il était accusé d’«incitation aux dissensions confessionnelles» et d’«insulte» à l’islam. La caricature en question représentait un homme barbu, vraisemblablement un membre de l’État islamique, au lit avec deux femmes, demandant à Dieu de lui servir un verre. Bien que le tireur ait été arrêté, la famille de Nahed Hattar a demandé aux autorités de tenir pour responsables les personnes ayant incité à la haine envers l’écrivain sur les réseaux sociaux. En attendant, les autorités jordaniennes ont prononcé une interdiction de couvrir l’affaire [EN] de Nahed Hattar et de son assassinat.

Le Soudan utilise des photos « pornographiques » dans un procès contre des activistes

Six activistes soudanais, collaborateurs du Khartoum Center for Training and Human Development, sont jugés pour atteinte au système constitutionnel, faits de guerre contre l’État, espionnage et terrorisme. S’ils sont condamnés, ils risquent la prison à perpétuité ou la peine de mort [EN]. Pour prouver leur prétendue «immoralité», l’accusation a présenté des photos et des vidéos privées provenant des ordinateurs portables confisqués aux accusés. Elle a notamment présenté la photo ci-dessous, publiée sur Twitter, dans le but de prouver que les ordinateurs des activistes contenaient de la «pornographie».

Photo pornographique utilisée comme preuve à charge contre @midhatafifi au procès, me montrant avec mon mari.

Les Émirats arabes abandonnent les charges dans une affaire de promotion d’une œuvre de charité sur Facebook

Les Émirats arabes unis ont abandonné les poursuites [EN] contre Scott Richards, ressortissant britannique et australien, vivant et travaillant à Dubaï, pour avoir partagé sur Facebook un lien pour une œuvre de charité récoltant des fonds pour les réfugiés en Afghanistan. En effet, la loi du pays interdit de promouvoir des œuvres de charité qui ne sont pas enregistrées auprès des autorités gouvernementales. Il est également interdit de lever des fonds pour de tels organismes sans avoir préalablement obtenu d’autorisation écrite. Les personnes enfreignant cette loi risquent jusqu’à un an de prison et sont passibles d’une amende.

Inégalités entre les sexes pour l’accès à Internet en Afrique et en Asie du Sud-Est

En analysant un groupe représentatif de pays en développement, la World Wide Web Foundation évalue que les femmes ont 50 % moins de probabilité d’utiliser Internet que les hommes. La fondation a utilisé des fiches d’évaluation des progrès réalisés pour mettre fin à la disparité entre les sexes en la matière dans 10 pays, dont la Colombie, l’Égypte, le Ghana, l’Inde, l’Indonésie, le Mozambique, le Nigeria, l’Ouganda et les Philippines. Si le rapport indique que l’Inde et les Philippines ont presque réussi à gommer les inégalités dans les zones urbaines, le chemin est encore long. Obtenir des données ventilées par sexe relatives à l’accès à Internet est toujours compliqué et cela représente un obstacle pour mesurer les progrès réalisés, le cas échéant. Selon le rapport, les facteurs expliquant les disparités incluent l’accessibilité liée au coût, les connaissances nécessaires et la violence en ligne.

Nouvelles études

 

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Afef Abrougui, Renata Avila, Ellery Roberts Biddle, Pauline Ratzé et Sarah Myers West ont participé à l’élaboration de cet article.

Macédoine : “Je défends mon droit à l'avortement”

jeudi 6 octobre 2016 à 20:55
Pregnancy Test. PHOTO: Johannes Jander (CC BY-ND 2.0)

Test de grossesse. PHOTO: Johannes Jander (CC BY-ND 2.0)

Avant juin 2013, la loi sur l'avortement en Macédoine était plutôt libérale. Les femmes pouvaient avoir recours à cette intervention chirurgicale sans n'avoir à passer ni par une période de réflexion obligatoire, ni par des séances d'aide psychologique.

Cependant, depuis l'imposition en juin 2013 d'une loi sur l'avortement plus restrictive, l'avortement en Macédoine s'est non seulement bureaucratisé, mais est devenu une procédure interminable et compliquée que les conditions difficiles entourant une interruption de grossesse exacerbent encore.

Bien que la laïcité et la liberté de choisir en ce qui concerne la naissance soient garanties constitutionellement, le discours politique et médiatique dominant en Macédoine est saturé de références religieuses anti-choix, y compris dans les campagnes publiques contre l'avortement sponsorisées par l'Etat.

Aujourd'hui en Macédoine l'éducation sexuelle n'est pas généralisée, des contraceptifs de bonne qualité (pilules du lendemain) et à un prix abordable ne sont pas disponibles partout, et l'avortement médical n'est pas officiellement autorisé. De plus, le système public de santé en voie de désintégration est obsolète, en sous-effectif et bien souvent difficile d'accès – notamment à la campagne ou dans les petites villes.

C'est dans ce contexte que je défends mon droit, et celui de toutes les femmes, à un avortement sans danger, légal, accessible rapidemment et à un prix abordable.

Dans une société patriarcale comme la Macédoine, réussir professionellement est déjà beaucoup plus difficile pour une femme. Une femme devra travailler beaucoup plus dur que ses collègues masculins pour arriver à être considérée égale en compétence, puis finira par se heurter au plafond de verre. En outre, sa valeur en tant qu'être humain dépendra largement de son apparence physique, et la société attendra d'elle – et non pas de son compagnon – qu'elle assume la responsabilité du foyer, des enfants et  des parents âgés.

C'est elle qui devra être disponible sept jours sur sept pour aider à faire les devoirs, et accompagner les enfants à leurs activités extra-scolaires ou chez le médecin, sans compter d'avoir à en assurer la garde à la maison en cas de maladie. Si bien-sûr elle a eu assez de chance pour ne pas être renvoyée, ou que son contrat ne soit pas renouvelé, dès l'annonce de sa grossesse.

Les mères célibataires et les femmes à qui il est difficile d'obtenir un congé sont particulièrement vulnérables. Sans parler de celles qui élèvent des enfants ayant des besoins spécifiques.

Ces responsabilités sont lourdes à assumer même pour une femme dont la grossesse est désirée et  attendue. Il est, cependant, beaucoup plus difficile d'y faire face quand il s'agit d'une grossesse non désirée, en particulier lorsque l'enfant est conçu hors mariage – une situation qu'une société conservatrice a bien du mal à considérer comme normale, malgré sa fréquence.

La grossesse et l'éducation des enfants affectent la vie des femmes beaucoup plus profondémment que celle des hommes, autant en termes de changements physiologiques importants que d'aménagement de leur vie quotidienne ou de leur développement professionnel et personnel à long terme. Et pourtant l'Etat macédonien ne prévoit pas de cadre juridique et institutionnel – des mesures comme un congé parental pour les pères ou un congé autorisé en cas d'urgence familiale – qui pourrait faciliter la participation égale des hommes aux obligations parentales, aux tâches domestiques et aux soins aux personnes âgées.

Par conséquent, si l'Etat—et les hommes—rechignent a assumer ces responsabilités, ils devraient pour le moins ne pas chercher à entraver le choix des femmes en ce qui concerne la naissance. En d'autres mots, seuls ceux censés assumer la responsabilité pour quelque chose devraient avoir le droit de décider s'ils veulent ou non la prendre en charge, sans obstructions de l'Etat basées sur la religion, la culture, ou quelque autre idéologie plus ou moins institutionnalisée.

Dans ce contexte-là, la décision d'avoir recours à une intervention hormonale ou chirurgicale au lieu de donner naissance à un enfant auquel on ne peut garantir un environnement sûr, aimant et épanouissant, n'est pas un rejet immature des responsabilités. Bien au contraire, il s'agit là d'assumer totalement ses responsabilités, en tant qu'individu et face au monde dans lequel on vit et que l'on laissera derrière soi.

Le droit à l'avortement va cependant au-delà du choix de donner ou non naissance à un enfant. Il permet aux femmes de revendiquer le contrôle de leur propre corps et de refuser qu'il soit pris en otage par les autorités politiques, religieuses, et/ou familiales. La liberté des femmes à exercer leur droits en matière de sexualité et de reproduction est aussi la liberté de jouir pleinement de toutes les formes et facettes de leur sexualité, et d'avoir des relations sexuelles purement pour le plaisir.

Le libre accès aux contraceptifs et à l'avortement permet le libre accès au plaisir, à la créativité et à une relation interpersonnelle profonde en dehors  des limites imposées par les dogmes conservateurs.

Défendre cet accès, c'est se battre pour le droit des femmes – et celui des hommes – d'être attentionnés, responsables et sexués mais surtout, heureux et épanouis.

Ana Miškovska Kajevska, est une militante et spécialiste du genre, titulaire d'un doctorat.

Une saveur si douce, tant d'appellations différentes

jeudi 6 octobre 2016 à 18:19
Con cualquier nombre, es ingrediente esencial para los alfajores. Imagen en Flickr del usuario Kim Love (CC BY-SA 2.0).

Quoi que l'on décide de l'appeler, c'est un ingrédient essentiel pour les alfajores. Image publiée sur Flickr par l'utilisateur Kim Love (CC BY-SA 2.0).

On la connait sous le nom de confiture de lait, de nectar blanc, de “Arequipe” ou de “Cajeta” en Amérique latine, de nombreux noms pour désigner cette même douceur traditionnelle latino-américaine qui est en fait une variante caramélisé du lait et un ingrédient indispensable dans la pâtisserie tant industrielle que faite maison.

Chaque 11 octobre en Amérique latine, on célèbre la Journée mondiale de la confiture de lait, nom qu'on lui donne majoritairement au niveau international et malgré les différents dénominations qu'on lui attribue. Même s'il existe de nombreuses versions sur son origine, la plus populaire raconte qu'elle est née en Argentine.

[…] le 11 octobre [1829], [le militaire et homme politique argentin] Juan Manuel de Rosas et son opposant politique, [le militaire et politique argentin] Juan Lavalle, se rencontrèrent pour signer un accord de paix à “La Caledonia” à Cañuelas.
[…] Une domestique qui se trouvait dans la pièce préparait une mixture appelé “Lechada” (lait chaud avec du sucre) et avec lequel Rosas prenait son traditionnel maté […] en arrivant le Général Lavalle était si fatigué qu'il s'allongea dans le hamac du propriétaire de la maison pour faire la sieste. En voyant cela la domestique sortit en courant chercher le garde, tout en oubliant le mélange dans la casserole. Quand elle est revint à son poste, son mélange s'était transformé en une pâte épaisse et de couleur marron.
Apeurée elle avoua à Rosas ce qui était arrivé à sa mixture, [celui-ci] loin de se fâcher, goûta ce qu'il y avait dans la casserole et l'apprécia tellement qu'il convia Lavalle à la goûter.

D'autres histoires situent son invention à une époque plus lointaine :

D'autres légendes assurent qu'au Chili, le libérateur, le Géneral San Martín, la savourait durant son séjour, après son geste libérateur et que peu de temps après elle fit son apparition à Mendoza puis à Buenos Aires.
En France on raconte que la découverte (accidentelle) s'est déroulée durant les campagnes napoléoniennes, les vétérans enrôlés dans la guerre de course recevaient chaque jour une ration de lait chaud sucré. Un cuisinier qui était en train de le préparer, entendit les grondements de la bataille, et abandonna sa casserole avec le lait et le sucre en oubliant d'éteindre le feu.
Avec l'ébullition cela s'est transformé en confiture de lait, et en 1815 le cuisinier entra dans l'histoire française, comme étant l'inventeur de la confiture de lait.

C'est ainsi que chaque 11 octobre, pendant la Journée Mondiale de la confiture de lait, on rend hommage à cette douceur en organisant des foires de desserts et de sucreries, où l'on peut déguster et acheter toute sortes de bombons. Durant cette journée, des cuisiniers partagent également leurs secrets avec le public.

Sur Twitter, on peut voir les utilisateurs exprimer leurs opinions et leur préference en évoquant les différents noms sous lesquels on connait cette sucrerie:

Arequipe, confiture de lait, nectar blanc, regarde son origine et sa recette originale. A quel point aimes-tu le #ManjarBlanco ?

Moi qui croyait que ça venait de Guadalajara de Buga, dans le Valle del Cauca…

J'ai joué à l'ogre. J'ai mangé tout le pot de confiture de lait

Mon amour pour les beignets à la confiture de lait est trop pur et sincère

Peu importe le nom qu'on lui donne, ou son origine, ce qui est certain c'est qu'il y a des desserts et des friandises qui nous ont accompagnés toute notre vie, qui aurait été inconcevable sans la saveur de la confiture de lait.