La Hijra Pride 2014 a commencé dimanche de la semaine dernière au Bangladesh. Cette photo a été prise sur Sahabgh Raju Circle à Dacca. Photo d'Anwar Hossain Joy. Copyright Demotix (9/11/2014)
Un millier de Hijras ont participé à la toute première “Hijra Pride” de l'histoire du Bangladesh dans la capitale Dacca pour célébrer le premier anniversaire de leur reconnaissance comme genre distinct par la loi. Le terme Hijra désigne une identité sexuelle féminine adoptée par certains individus nés hommes ou intersexués, souvent appelés transgenre en Occident.
Les quelque 10.000 Hijras du Bangladesh ont longtemps été victimes de discrimination. A cette première pride parade, les participantes en robes de toutes les couleurs ont chanté et dansé dans les rues en tenant des drapeaux bangladeshis et des banderoles, dont l'une proclamait : “Les jours de la stigmatisation, de la discrimination et de la peur sont passés”.
Quelques instantanés de l'événement :
Les participants défilent avec le drapeau national à Dacca pour célébrer la ‘Hijra Pride'. Photo de Sony Ramany. Copyright Demotix (10/11/2014)
Le rassemblement coloré organisé par la Bandhu Social Welfare Society s'est déroulé à proximité du club de la presse, à Dacca. Photo de SK Hasan Ali. Copyright Demotix (10/11/2014)
La fête de la ‘ Fierté du troisième sexe (Hijra) 2014′ au Bangladesh. Photo de Sk. Hasan Ali. Copyright Demotix (10/11/2014)
La fête de la Hijra Pride Parade. Photo par Mohammad Asad. Copyright Demotix (10/11/2014)
Des Hijras du Bangladesh dansent dans la rue pendant une parade de la fierté. Photo de Indrajit Ghosh. Copyright Demotix (10/11/2014)
Concours de beauté de Hijras dans la soirée. Photo de Mohammad Asad. Copyright Demotix (10/11/2014)
La ‘Hijra pride 2014’ s'est terminée par un concours de chasse aux talents. Photo de Mohammad Asad. Copyright Demotix (10/11/2014)
La fête a été partagée dans les rues et sur Twitter :
Au Koweït, plus de 1000 enfants sans nationalité ne sont pas autorisés à aller à l'école. Sur la pancarte de gauche, on peut lire : ” Votre silence devant l'interdiction faite aux enfants bidoun d'accéder à une éducation est un crime.”. Sur l'autre : “Je fais un rêve. Mais je suis bidoun.” Photo partagée sur Twitter par @nawaf_alhendal
Tandis que les ONG se démènent pour éviter aux jeunes réfugiés syriens de prendre du retard à l'école, il existe un autre pays arabe où l'accès à une éducation est, de façon systématique, refusé à une catégorie d'enfants. En septembre, au moment de la rentrée des classes, plus de 1000 écoliers issus de la communauté bidoun (“bidoun” signifie “sans nationalité” en arabe) ont attendu devant les grilles de leur école en pleurant car on ne leur a pas permis d'entrer avec leurs camarades. La raison ? Une absence d'extrait de naissance.
Le Koweït refuse de délivrer des actes de naissance à des enfants sans nationalité, niant jusqu'à leur existence, et ce dès leur venue au monde. Le problème bidoun ne date pas d'hier au Koweït, mais les autorités emploient désormais différentes tactiques pour isoler et ostraciser les membres de cette catégorie. Paradoxalement, cette exclusion de l'école primaire intervient après une année scolaire où, parmi les bacheliers les plus brillants du pays, se trouvaient des filles bidoun. Mais ces élèves, malgré leurs notes exceptionnelles, ne furent pas pour autant autorisées à poursuivre leurs études à la Kuwait University.
Les adultes bidoun, quant à eux, passent souvent pour des criminels. A chaque fois qu'un crime très médiatisé implique des personnes sans papiers, on conclut en disant que c'est conforme aux comportements des “barbares bidoun”. Ces clichés justifient ainsi le traitement inéquitable dont ces apatrides font l'objet. Il faut cependant convenir du cercle vicieux qui gouverne la vie bidoun au Koweït. Interdits d'accès dans les écoles publiques et généralement incapables de s'offrir une éducation privée, ils ne peuvent prétendre qu'à des travaux mal payés. Cette situation limite cruellement leurs perspectives d'avenir, quoi que nombre d'entre eux aient des ambitions, des rêves et des talents semblables à ceux de n'importe quel citoyen koweïtien.
En privant les jeunes bidoun du droit d'aller à l'école, le Koweït perpétue un stéréotype préjudiciable et condamne délibérément toute une génération d'enfants innocents à une vie d'illettrisme, ouvrant ainsi la voie au chômage, au trafic de drogue, au crime et au ressentiment. Trop souvent, je vois des garçons bidoun de huit ou neuf ans, guère plus, vendre des pastèques pendant l'été brûlant ou bien des jouets bon marché, le soir, aux feux rouges. Et ils sont tout à fait conscients du fossé qui sépare leur quotidien de celui des autres enfants.
Lorsque, à la rentrée des classes, des enfants bidoun se sont vu refuser l'accès à leur école, les médias sociaux n'ont évoqué, dans un premier temps, que quelques cas. Certains Koweïtiens se sont proposés de payer leurs frais de scolarité et de leur acheter l'uniforme réglementaire … avant de découvrir que la véritable source du problème était l'absence d'extrait de naissance.
Etonnamment, la seule véritable tentative pour sauver ces enfants d'une vie sans horizon est venue de la société civile. La Teachers’ Society du Koweït [sorte de syndicat d'enseignants] a lancé une initiative du nom de “Katateeb Al Bidoon” et fait appel à la bonne volonté des éducateurs pour enseigner à des enfants bidoun dans la résidence même de la Teachers’ Society. Plusieurs se sont portés volontaires et des écoliers sont en effet venus, vêtus de leur uniforme, la lunch-box à la main et impatients d'apprendre, peu importe où et quand. Mais bien que noble et désintéressée, cette initiative n'offre toutefois aux enfants qu'une forme improvisée d'éducation, et dans un lieu qui les isole de leurs camarades.
Au cours du mois d'octobre, plusieurs collectifs ont manifesté devant le Ministère de l'Education du Koweït pour réclamer le retour des enfants bidoun à l'école. L'aspect le plus poignant de ces manifestations est venu de ce qu'elles ont eu lieu à 10 h du matin, avec des écoliers en uniforme, brandissant des pancartes, à une heure où ils auraient dû être en classe, et non à manifester pour revendiquer leur droit universel à l'éducation. Imaginez le traumatisme psychologique et le trouble que cette situation va occasionner.
Voici quelques photos des manifestations prises par l'activiste koweïtien Nawaf El Hendal (avec sa permission) :
A l'école primaire, j'ai appris à lire et à écrire – en arabe comme en anglais -, à compter, à peindre et à jouer du piano; j'ai également appris nombre des compétences relationnelles de base qui me permettent aujourd'hui de me débrouiller dans ma vie d'adulte. Ce sont là des éléments qui, pour nombre d'entre nous, allaient sans doute de soi à l'époque mais en tant qu'adultes, impossible de sous-estimer le rôle qu'ils jouent dans la transformation d'individus en citoyens responsables et actifs. Nous ne pouvons pas non plus sous-estimer les conséquences inévitables qu'engendrera, pour plus de 1000 enfants, la privation de cette expérience essentielle. Ne pas savoir écrire une phrase est en soi une peine de prison.
Arrêtons de punir des enfants innocents et de leur faire payer le prix d'une politique mesquine. Les écoles sont censées être des endroits qui permettent à l'enfant de s'épanouir, d'être bien dans sa peau, de prendre conscience peu à peu de ses qualités uniques et de ses capacités sans bornes. Mais cette année, au Koweït, les écoles sont devenues des lieux qui refoulent les enfants bidoun. Il est temps de rectifier cette erreur transgénérationnelle en légiférant sur des politiques d'ouverture, et non sur de nouvelles méthodes de ségrégation.
Qu'a vraiment vu Christophe Colomb ? Source image : Flickr
Le président turc Recep Erdoğan ne manque jamais l'occasion d'une citation baroque. Il a récemment affirmé que ce sont des pèlerins musulmans et non Christophe Colomb, qui ont découvert l'Amérique, et a suggéré l'édification d'une mosquée à Cuba en l'honneur de l'exploit.
Quoi ? Où donc veut-il reconstruire sa mosquée ? Image largement partagée sur Twitter.
S'adressant à un rassemblement de musulmans sud-américains à Istanbul le 15 novembre, M. Erdoğan a déclaré :
On prétend que le continent américain a été découvert par Christophe Colomb en 1492. En réalité, des navigateurs musulmans ont atteint le continent américain 314 ans avant lui, en 1178… dans ses mémoires, Christophe Colomb mentionne l'existence d'une mosquée au sommet d'une colline sur la côte de Cuba. Une mosquée aurait belle allure sur cette colline aujourd'hui.
L'éditorialiste Oray Eğin a démontré sur Twitter où M. Erdogan a pu se mélanger les pinceaux :
Apparently illiterate Erdogan thinks that Columbus saw a mosque in Cuba. Here's what actually happened. pic.twitter.com/E9NLkALJaq
L'apparemment inculte Erdogan croit que Christophe Colomb a vu une mosquée à Cuba. Voici la réalité. [souligné en rouge : "Une des montagnes qu'il voit a sur son sommet une pointe qu'il compare à "une belle mosquée" ["una hermosa mesquita"]]
Bien entendu les auteurs de cette révélation sont probablement plutôt les éditorialistes et conseillers conservateurs de M. Erdoğan que lui-même. Abdurrahman Dilipak est l'un de ces personnages. En 1984 il a commis un ouvrage intitulé Coğrafi Keşiflerin İçyüzü, La Réalité des découvertes géographiques, qui a été populaire un temps dans certains cercles littéraires musulmans.
M. Dilipak a renchéri sur la découverte de M. Erdoğan dans ce tweet du 17 novembre :
Colomb ABD ye gitmeden önce İstanbulda kızıldeirli gelin vardı ya hu!
Un autre créateur de mèmes, İnciCaps, a imaginé la réaction à la Havane :
“Prompte réaction de Cuba”
Une recherche Google sur le sujet fournit quantité d'autres interprétations peu flatteuses de la théorie présidentielle.
Pour finir, des internautes ont porté les extravagances historiques du président turc à un niveau proprement cosmique :
Ici, Neil Armstrong écrit dans son autobiographie :
Quand nous avons aluni, nous avons aperçu les ruines d'un magnifique édifice. Buzz Aldrin et moi étions stupéfaits en approchant des ruines. C'était une petite mosquée ottomane d'une construction complexe. Quand nous sommes revenus sur terre, la NASA et le gouvernement américain nous ont ordonnés de ne pas en parler…
Neil Armstrong – Autobiographie, 1997.
Michel Kafando, président de la transition au Burkina Faso via wikipédia
Arrivé au pouvoir par un sanglant putsch militaire, il y a 27 ans, Blaise Compaoré, 63 ans, a du abandonner le pouvoir et quitter précipitamment son pays sous la pression de la rue, ce 31 octobre 2014. Par milliers, les burkinabé ont envahi les rues de Ouagadougou, la capitale de ce pays d'Afrique occidentale, ainsi que celles de plusieurs autres villes de l'intérieur pour dénoncer la tentative du Président Compaoré et de l'oligarchie qui l'entoure de réviser la constitution. La vidéo suivante décrit les évènements qui ont mené à la chute de Compaoré.
Suite au départ de Compaoré, la vacance à la tête de l'état a été temporairement tenu par le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida pour assurer la continuité du pouvoir. Cependant, la société civile continue d'insister pour qu'un civil prenne la tête de la période de transition jusqu'aux prochaines élections. Dans un discours fort, le lieutenant-colonel Zida annonce la charte de la transition et l'arrivée imminente d'un leader civil de la transition :
Depuis le 30 octobre 2014, le peuple burkinabè s’est réconcilié avec lui-même et avec son histoire. [..] En ce jour, je voudrais à l’occasion de cette cérémonie consacrant la signature de la Charte de la transition, pour rendre un vibrant hommage à notre peuple, dont la grandeur s’est illustrée à bien d’égards, forçant respect et admiration de tous les peuples épris de démocratie, de liberté et de progrès.Ainsi, concitoyennes et concitoyens comme vous l’avez voulu, le processus pré-transitionnel engagé depuis le 31 novembre 2014 est conduit par les Forces armées nationales qui se sont engagées à remettre le pouvoir aux civils.
Michel Kafando, ancien diplomate, a donc été désigné, pour piloter la période de transition jusqu'aux prochaines élections.
Lieutenant Colonel Zida – domaine public
Et pourtant le combat pour la démocratie fut rude. En effet, Compaoré avait pourtant bien balisé le terrain pour permettre sa réélection. Il voulait faire adopter une réforme de l'article 37 de la constitution, adoptée en juin 1991 qui prévoit que le président du Burkina Faso n'est rééligible qu'une seule fois. M. Blaise Compaoré qui a déjà bénéficié de cette possibilité, voulait changer cette disposition par un vote de l'assemblée nationale que son parti et ses amis contrôlent.
Alain Doh Bi relate le film des évènements dans un billet publié sur lafriquepuissancemondiale2050.ivoire-blog.com
L’ex-Président Blaise Compaoré s’est entêté à vouloir modifier l’article 37 de la Constitution du Burkina Faso en vue de briguer un nouveau mandat, après 27 années de règne sans partage. Le peuple Burkinabé s’est levé comme un seul homme, depuis le 28 octobre 2014. Après 48 heures de manifestations populaires, Blaise Compaoré, Assassin de Thomas Sankara, est tombé….
Des hauts gradés de la Gendarmerie et de l’Armée Burkinabé ont décidé de se rallier au peuple. Une concertation spontanée entre les leaders de la manifestation et les hauts gradés de l’armée a permis de convenir d’une transition militaro-civile.
Les jeunes s'étaient mobilisés dans tout le pays pour demander aux députés de ne pas voter la modification de la constitution. Ils ont utilisé les réseaux sociaux.
Un groupe de jeunes, dénommé Le Balai citoyen, qui a ouvert une page Facebook accueillant plus de 20 000 adhésions, a été très actif dans l'encadrement des manifestants. Il se présente comme suit:
A propos du symbole: … « On a modestement appelé ça le balai citoyen, et c’est tout un symbole. Le Burkina Faso a besoin d’un sacré nettoyage. Depuis presque trente ans on subit, on subit et on réagit pas. Il y a une part infime de la population qui a commencé à s’enrichir impunément pendant que le reste dégraisse. Je crois qu’il grand temps de foutre un bon coup de balai à tout ça pour crier notre ras-le-bol. » …
Voila ce qu'est ce mouvement ‘le balai citoyen” pour les initiateurs.
Les analyses et les mises en garde adressées aux dictateurs de différents pays se sont multipliées sur les réseaux sociaux et les médias online.
Tous les moyens sont bons pour modifier la Constitution du pays pour se maintenir au pouvoir. Ils s’y accrochent pour tenter de prolonger leur mandat au-delà des délais légaux. La recette est toute trouvée, réviser la constitution par un vote des élus à l’Assemblée. Ce qui n’est pas toujours acquis car certains élus, même de la majorité présidentielle, par patriotisme ou par respect pour ceux qui ont voté pour eux, s’y opposent. Par peur de ne pas avoir le maximum d’élus en leur faveur, nos chers présidents trouvent d’autres parades comme l’imposition par voie référendaire de cette révision de la constitution.
Dans une série de plusieurs billets, Régis Marzinsur afrikaexpress.info livre un tableau complet des élections prévues au cours de la période 2015/2016 dans plusieurs pays africains et analyse les enjeux ainsi que les risques pour la paix sociale:
Au début des années 90, les revendications ont abouti à des conférences nationales et à des révisions des constitutions pour encadrer les mandats présidentiels, et une limitation du nombre de mandats à 2 a été ajoutée partout[25], sur le modèle américain[26]. …
Pour les 8 dictatures stables du système néocolonial français, dans 6 pays, au Tchad, au Cameroun, à Djibouti, au Togo et au Gabon, les limitations à 2 mandats ont été supprimées[27] – elle a été aussi supprimée en Algérie -, alors qu’elles sont toujours là dans 3 pays en Mauritanie, au Congo Brazzaville et au Burkina Faso. Au Burkina Faso, la limitation a été enlevée en 1997 puis remise sous la pression des revendications de la rue en 2000. La stratégie des opposants s’y refocalise maintenant d’autant plus sur ce point.
… En Guinée Equatoriale et en Angola, où il n’y a aucune limitation dans les constitutions, Téodoro Obiang et José Eduardo Dos Santos sont au pouvoir depuis 1979, depuis 35 ans. Téodoro Obiang était déjà proche de la tête du régime avant. Réélu en 2009 pour 7 ans il aura 74 ans en 2016, alors que la constitution lui interdit de se représenter après ses 75 ans. Il rejoint dans les records Paul Biya, 81 ans, dont 32 ans au pouvoir, qui aura 85 ans à la fin de son mandat en 2018, alors qu’aucune transition démocratique n’est amorcée. Au Tchad, le 5emandat d’Idriss Déby prévisible en 2016 sera contesté en fonction de la répression et de la mobilisation dans le reste de l’Afrique[28].
Des représentants des oppositions en provenance duGabon, du Sénégal, de la République démocratique du Congo, de la République du Congo, du Burundi, de la Guinée Equatoriale et de la République Centrafricaine, se sont réunis à Paris, le 14 novembre 2014 et ont adopté une déclaration commune demandant le respect des constitutions et soulignant que:
L’expérience burkinabé constitue désormais un exemple pour l’Afrique entière.
Alors que rares sont les pays africains qui atteindront plus d'un des Objectifs du millénaires du développement, nombreux parmi eux sont dirigés par des dictateurs qui sont au pouvoir depuis plusieurs décennies. Ils ont organisé autour d'eux des oligarchies qui pillent les richesses des pays, vivant dans un luxe digne des stars de Hollywood, alors que leurs peuples sont plongés dans la misère la plus noire. Se plaçant au-dessus des loi, il transforment leurs desiderata en volonté populaire.
Sur Facebook , des messages de nombreux africains célèbrent ce changement , comme:
Hadja Madina Kouyate Barry Si j'ai un conseil à donner aux africains, c'est de chasser tous les dictateurs changeurs de constitutions. Surtout pas de déchirement entre nous après leur départ car la France est toujours prête à aider les dictateurs à s'enfuir.
Quand j'ai vu sur France 24 une déclaration de Hollande sur l'évacuation de Blaise Compaoré franchement j'étais malade. Pourquoi les occidentaux ne sont jamais du côté du peuple ?
Alli Konseiga NF:NF, rappelez vous que l'Afrique entière a les yeux sur nous Cibals. D'autres jeunes dans des pays où les dirigeants sont comme notre ex presidents voudront s'inspirer de vous. Si notre travail est fini, on s'en va. Rappelons nous, assainir sans se salir. Merci Cibals
… Je crois que les populations africaines sont en train de gagner du terrain. Les fantaisies de changements de constitutions et les élections tripatouillées seront difficiles à consommer dans les prochaines années.
La nouvelle génération doit se positionner à défendre ces valeurs pour éviter d'être engloutie dans le ravin des présidents suicidaires.
Santa Tereza, quartier de Rio de Janeiro. Photo de Juliana de Oliveira, publiée avec autorisation.
Une boîte avec un petit trou et du ruban d'emballage. Ça semble simple mais c'est là où se situe le paradoxe. Pour photographier avec une caméra numérique en mode automatique, il suffit d'un clic. En revanche, avec l'appareil photo à sténopé, l'ancêtre de tous les appareils photos, cela nécessite beaucoup plus qu'un clic : une bonne dose de patience et de concentration, pour commencer, mais également une compréhension des principes de base de la photographie, qui consistent à contrôler la lumière. Après cela, un peu d'imagination, d'inspiration et d'encouragement feront le reste.
C'est tout du moins l'idée du projet “Mão na Lata” (La main sur la boîte). Il consiste à distribuer des appareils photo à sténopé à des adolescents âgés de 12 à 18 ans à Complexo da Maré, un quartier de Rio de Janeiro qui comprend 16 favelas dans lesquelles vivent environ 130.000 personnes. De la fabrication artisanale des appareils, à partir de boîtes de lait, au développement des négatifs, tout est fait par les participants eux-mêmes, auxquels on demande de documenter leur vie quotidienne en noir et blanc.
Mão na Lata, fondé par la photographe Tatiana Altberg, offre des ateliers de photographie et de littérature à de jeunes gens de la communauté, en partenariat avec l'ONG Redes da Maré (Les réseaux de Maré) depuis 2003. En 2012, Altberg a obtenu le soutien de l'entreprise pétrolière nationale Petrobrás, via la loi fédérale brésilienne Rouanet (qui encourage les entreprises à financer des projets culturels), pour développer le projet “de l'artisanat au numérique”, via lequel les étudiants apprennent les bases de la photographe numérique en complément de la photographie au sténopé. Le projet a également encouragé les étudiants à photographier les lieux mentionnés dans les livres de Machado de Assis, un écrivain brésilien qui vivait à Rio de Janeiro au 19ème sièce et qui est un des noms les plus importants de la littérature nationale.
L'initiative s'est traduit par un livre “Cada Dia Meu Pensamento é Diferente” (chaque jour mes pensées sont différentes), une compilation des oeuvres des adolescents, publié par la maison d'édition NAU en 2013.
Ramos, près de Complexo da Maré. Photo de Yasmin Lopes, publiée avec autorisation.
Passeio Público, centre de Rio de Janeiro. Photo de Rafael Oliveira, publiée avec autorisation.
Dans le livre, Eliana Souza Silva, directrice de Redes da Maré, écrit à propos du projet :
Essa obra coletiva caracteriza-se por articular qualidade artística e impacto político. Afirma que os moradores da Maré criam e se (re)inventam todos os dias, como quaisquer cidadãos da polis. A iniciativa é parte do projeto maior da Redes da Maré, instituição que aposta em iniciativas que criem/estimulem experiências estéticas como parte fundamental da vida humana, numa região importante da cidade do Rio de Janeiro, a Maré. [...] Tudo isso, reconhecendo esse processo como um direito que se negou historicamente a uma parcela da sociedade brasileira”
Cette oeuvre collective réunit la qualité artistique et l'impact politique. Et confirme que les habitants du quartier de Maré créent et se réinventent eux-mêmes tous les jours, comme n'importe quel autre habitant de la ville. L'initiative fait partie d'un plus grand projet de Redes da Maré, une institution qui mise sur les initiatives qui créent/stimulent les expériences esthétiques entendues comme parts fondamentales de la vie humaine dans une zone importante de Rio de Janeiro, Maré. [...] tout cela marque la reconnaissance de ce processus comme étant un droit qui a été dénié historiquement à une certaine partie de la population brésilienne.
Rue Miolo à Nova Holanda, Complexo da Maré. Photo de Géssica Nunes, publiée avec autorisation.
Arches de Lapa, centre-ville de Rio de Janeiro. Photo de Nicole Cristina da Silva, publiée avec autorisation.
Altberg et Luiza Leite, professeur de littérature qui a collaboré à la publication du livre, expliquent ce qui les a inspiré à choisir le titre du livre:
O título do livro é um fragmento de um dos textos produzidos por um dos alunos do projeto. Queríamos um título capaz de ressaltar a qualidade cambiante do pensamento reflexivo, conquistado pelos alunos após um prolongado processo de criação.
Le titre du livre est l'extrait d'une composition écrite par un des étudiants. Nous voulions un titre qui pouvait exprimer la nature changeante de la pensée réflexive, ce qui a été atteint par les étudiants après un long processus de création.
Rua do Rosário, centre. Photo de Jonas Willami Ferreira, publiée avec autorisation.
Colline de Livramento, Gamboa. Photo de Larisse Paiva, publiée avec autorisation.
Me deu mais paixão pela fotografia. Foi uma sensação muito boa, de ver a felicidade de todos aqui no lançamento, pois não é apenas um projeto, somos uma família. E a frase se encaixa perfeitamente no eixo da história que se passa o livro.
Ça m'a donné plus de passion pour la photographie. C'était une chouette sensation de voir tout le monde heureux ici à la fête de lancement, parce que ce n'est pas juste un projet, nous sommes une famille. Et cette phrase correspond parfaitement à l'histoire du livre.
Rue Sargento Silva Nunes, Nova Holanda, Complexo da Maré. Photo de Augusto Araújo, publiée avec autorisation.
Palais d'Itamaraty, centre ville de Rio de Janeiro. Photo de Lucas Eduardo Mercês da Costa, publiée avec autorisation.
Altberg a également réalisé un documentaire sur le projet (en portugais, sans sous-titres) :
Dans le livre, Ana Maria Mauad, professeure associée au Département d'Histoire de l'Université fédérale Fluminense, réfléchit au symbolisme et au caractère intemporel des photos :
O mundo que conhecemos com essas imagens atravessa os tempos, reunindo passado e presente – os Rios de Machado, do conflito, da pacificação, da vida das pessoas comuns nas suas fascinantes excepcionalidades.
Le monde que nous découvrons avec ces photos traverse le temps, unissant le passé et le présent – les “Rio de Janeiro” de Machado de Assis, les “Rio de Janeiro” du conflit, de la pacification, de la vie de gens ordinaires dans leur fascinant atypisme.