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Bangladesh : Passivité des journalistes lors du lynchage d'un passant

lundi 17 décembre 2012 à 18:19

(Liens en bengali) La journée des Droits de l'Homme a été célébrée au Bangladesh ce 10 décembre, permettant de porter sous les feux de la rampe de l'actualité et auprès des autorités législatives, la voix des femmes, des jeunes, des handicapés, des pauvres, des minorités et de toutes les autres personnes du pays au sujet des droits humains. Mais en ce même jour le visage ensanglanté du jeune Biswajit Das a fait la une de tous les journaux et magazines du pays et les grands titres des chaînes de télévision. Il a perdu la vie lors d'une confrontation entre les partisans du pouvoir et ceux de l'opposition. Les cadres de la section étudiante du parti au pouvoir l'ont pris pour un militant de partis adverses et l'ont poignardé à plusieurs reprises avec des armes acérées. Il est décédé lors de son transport à l'hôpital. Cet événement s'est produit le dimanche 9 décembre lors d'une opération de barrages routiers de huit heures, suite à l'appel des partis de l'opposition.

La photo et la vidéo montrant Biswajit Das se faire poignarder se sont répandues sur Facebook et Twitter. Elles étaient visibles sur le mur de nombreux utilisateurs de Facebook. Beaucoup les ont partagées et ont exprimé leur peine. Certains se sont révoltés en s’imaginant à la place de Biswajit.

Clashes on The Street

L'opération nationale de barrages routiers organisée par l'alliance de 18 partis d'opposition s'est terminée par des affrontements qui ont fait quatre morts. Des actes de vandalisme et des incendies volontaires ont émaillé le pays. Photo Ibrahim. Copyright Demotix (9/12/12).

Pavel Mohitul Alam a écrit sur Facebook :

Lors du blocage, un passant du nom de Biswajit Das a été poignardé à mort par des militants de la Chattroligue. Je suis aussi un piéton. Je m’imagine à la place de Biswajit. Il n’existe aucune différence entre Biswajit et vous et moi. Aujourd’hui, Biswajit a été assassiné. Demain, qui me donnera la certitude que je ne serai pas tué en marchant simplement dans la rue ? Biswajit n’a pas eu droit à une mort naturelle. Ni vous ni moi n’y aurions eu droit.

Au Bangladesh, de nombreuses personnes ont déjà été victimes de rivalités politiques. Mais malheureusement, aucun meurtre n’a été jugé. Le blogueur Rasel Parvez a écrit :

…  Les personnes comme Biswajit vivent comme l’une de toutes ces personnes civiles tellement invisibles que même sa mort, bien qu’injustement politique, ne représente plus rien dans les faits.

 

Les média critiqués

De nombreux journalistes de presse écrite et de télévision étaient présents sur le lieu lorsque Biswajit a été poignardé. Aucun  d’entre ne s’est approché pour le sauver. Cependant, tous s’occupaient à couvrir l’événement. Cet aspect a été vivement critiqué sur Facebook.

Murtala Ramat a écrit :

La personne tremble, les coups pleuvent sur elle, elle est train de mourir ! Et les journalistes sont trop occupés à prendre des photos ! Ils ne prennent même pas le temps d’appeler une ambulance pour la personne ensanglantée ! C’est finalement un rikshawala (conducteur de rickshaw) qui s’est approché ! La question qui se pose est : le journalisme efface-t-il l’humanité ?

Les photographes et les caméras de télévision prenaient des photos et des vidéos lorsque de simples piétons étaient agressés pendant les affrontements entre les manifestants et contre-manifestant. Photographie d’Ibrahim. Copyright Demotix (9/12/12)

Ali Sayed Mahbub a écrit :

…. Il y a grève encore mardi. Je dois me rendre au bureau. Je serai à pied. Je tomberai sur des manifestations. Des cocktails explosifs éclateront. J’aurai peur et je m’enfuirai en courant. La Chattroligue, le Chattrodol ou le Chattroshibir penseront alors que j’appartiens à l’autre camp. Ils me lacèreront alors avec leurs sabres et me tueront.

40 employés de 20 chaînes de télévision, 40 journalistes de 20 agences de presse, des policiers en grand nombre, une foule immense, tous assisteront à ma mise à mort, ils en garderont une vidéo. Contre 10 barbares armés de sabres, une foule de 100 personnes ne lèvera pas un doigt. Ils en feront la vidéo- le meurtre fera augmenter les ventes de presse. La mort d’un simple civil comme moi prendra alors une grande valeur.

Ekramul Haque Shamim a posté la photo ci-dessous et a écrit :

Dans le quartier des tribunaux, dans le vieux Dacca, Biswajit Das a été frappé à coup de barres de fer et poignardé de façon répétée. Bien qu’il ait crié son innocence à de nombreuses reprises, il n’a pas eu la vie sauve. Tellement de personnes l’ont vu, filmé pour les éditions spéciales des media, mais personne n’a tenté de sauver Biswajit Das !

Fire on vehicles

Lors du blocage, la coalition de 18 partis dirigée par le BNP a incendié des véhicules à Kanchpur et Narayanganj. Photographie prise par Ibrahim. Copyright Demotix. (9/12/12)

En réponse à la critique des média faite par Ekramul Haque Shamim, le photographe Hassan Bipul s’est exprimé :

Je ne peux l’accepter en aucune manière Shamim. Une personne doit s’en tenir à son travail. Le premier à devoir la protection à ce garçon est l’Etat et la première initiative de protection de l’Etat devait venir de la police. Les média n’assurent pas la sécurité de la population.

PsychoSaika a posté un tweet :

@princess_saika« T'es un homme, ou un journaliste ? »  Cela pourrait vraiment être une insulte d’actualité!

L'Association des Jeunes Chinois de France accuse l'hebdomadaire Le Point de discrimination raciale

lundi 17 décembre 2012 à 13:01

Nous sommes extrêmement étonnés que Le Point (un hebdomadaire français) puisse stigmatiser une catégorie de la population française dans un article intitulé “L'intrigante réussite des chinois en France” […] Non, tous les français d'origine chinoise ne sont pas des criminels. Non, toutes les françaises d'origine chinoise ne sont pas des prostituées. Ce sont des citoyens français comme les autres.

L'Association des Jeunes Chinois de France, représentée par Sacha Lin, envisage de poursuivre le magazine français Le Point [fr] en diffamation pour un article publié dans l'édition du 22 août 2012. Pour parler des entrepreneurs chinois, l'article utilise des clichés racistes tels que : “un chef d'entreprise chinois ne paie pas ses employés car ils font partie de sa famille”. Le directeur du Point, F-O. Giesbert prétend que l'article se voulait humoristique [fr].

Le pouvoir de la rumeur au Turkménistan

lundi 17 décembre 2012 à 07:18

Au Turkménistan, où l’accès à d’autres informations que celles données par les médias d’État est presque impossible, les rumeurs font preuve d’un pouvoir surprenant. Récemment, un post sur Facebook évoquant un « imminent » effondrement du dollar américain a semé la panique entre les internautes turkmènes et certains se sont empressés d’aller changer leurs dollars en monnaie locale. Magtymguly Pyragy résume les réactions des internautes à la rumeur sur neweurasia.net.

Le village le plus riche du monde ?

dimanche 16 décembre 2012 à 18:03

Le village de Huaxi [lien en anglais] situé dans la province du Jiangsu, dans la région Est de la Chine est connu comme étant “le village le plus riche du monde”. Wade Shepard, un journaliste ethnographe décrit l'expérience unique qu'il y a vécue sur VagabondJourney.com [lien en anglais], son carnet de voyage.

Chine : Pourquoi les grands entrepreneurs quittent-ils le pays ?

dimanche 16 décembre 2012 à 11:18

Selon une étude menée par China Merchants Bank et Bain & Co.,  27% des entrepreneurs possédant un patrimoine estimé à plus de 100 millions de renminbis se sont déjà établis à l'étranger et 47% songent à quitter le pays.

Les internautes locaux observent aussi une tendance croissante, celle d'un profond ressentiment vis-à-vis des riches émigrés. Et la récente décision de l'influent entrepreneur et membre de la Conférence politique consultative du peuple chinois (CPPCC), Zhang Lan, de quitter le pays, ne fait par ailleurs qu'attiser le débat public.

Insécurité économique 

Sur Weibo, le Chinese Entrepreneur Magazine écrit:

La “fuite” de Zhang Lan a déchaîné le débat public. Photo d'un journaliste local reprise via Youku.

中国企业家杂志:分析认为,缺乏安全感是众多商人共同的感觉。迁往其他经济体,可以提供其他的、独立于中国经济的财富来源的新机会。多样化可以降低风险,避免因只在一国经营、或从事一种经济活动的损失,提高富人阶层的“安全感”。

Tous les entrepreneurs chinois paient les conséquences du manque de garanties dans le secteur économique. Une fois que ceux-ci ont émigré vers un pays ayant un système économique différent, ils bénéficient à nouveau d'opportunités non prévues dans le système économique chinois. La diversité d'opportunités présentes à l'étranger réduit les risques qui existent à opérer exclusivement en Chine où les politiques sont instables. Dans l'ensemble, ceci contribue à augmenter leur sens de la sécurité.

ifeng.com, un quotidien national connu, exprime des positions analogues:

老实说,在目前的中国很难给人以安全感,普通老百姓可能觉得有钱人比较安全,自己因为各种社会保障不全的缘故比较焦虑,但有钱人的安全感更低。前段时间三一重工的梁稳根说过,自己的财产与生命都是国家的,党员的太太也比较漂亮。这话看上去挺谄媚,实际上更像是一种恐惧的表达。任何做企业的人都知道,只有产权清晰才好做事,自己的产业怎么可能做这样的表述?

Honnêtement, la société chinoise n'assure pas beaucoup de garanties à ses citoyens. Le citoyen moyen peut penser que les gens riches se sentent en sécurité puisqu'ils n'ont pas à se préoccuper de problèmes liés au bien-êtreB: cependant, même les citoyens plus aisés ressentent une certaine insécurité. Récemment, l'un des plus riches homme du pays, Liang Wengen, a affirmé que ses biens et sa vie appartiennent au pays et que les épouses des membres du parti comptaient parmi les plus belles femmes. Bien que cette affirmation paraisse plutôt stupide, elle est révélatrice de ses craintes. Comment est-il possible q'u'un entrepreneur fasse une affirmation de ce type sur ses biens ? Tous les entrepreneurs savent bien que la sauvegarde du droit de propriété est essentielle pour faire des affaires.

 

Des règles rigoureuses pour les entreprises chinoises

Huang Song, Secrétaire général du Centre de recherche pour les Finances, l'Industrie et le Développement de l'Université de Pékin, souligne l'une des raisons souvent oubliées et sous-jacentes de la migration des entrepreneurs:

企业家移民有很多原因,舆论通常关注的有两方面:一是对社会未来没有信心,二是做过亏心事怕事后被追究。但还有一个日益重要的原因却常常被忽视,那就是中国企业对外投资和海外融资的种种政策障碍和审批限制。第一,由于资本账户下的外汇管制,中国企业对外投资需要外汇管理部门审批,直接投资方面的审批政策不断放松,但仍存在不少限制,而金融投资则受到严格管理。第二,中国企业对外投资项目需要发展改革部门核准,在时间上、获批性上都存在较大不确定性。
中国的金融体系本质上还是一个支持国有企业和大型企业的垄断金融,大量民营企业和中小企业存在融资难问题:银行贷款难、上市更难、发债是难上加难。

Il existe beaucoup de raisons qui poussent les entrepreneurs à émigrer. L'opinion publique s'inquiète souvent de deux choses : premièrement, de ce que ceux-ci n'ont pas confiance en l'avenir de la Chine ; deuxièmement, de ce qu'ils cherchent à fuir parce qu'ils ont commis quelque chose d'illégal. Il existe toutefois une raison très importante mais souvent ignorée, celle liée au grand nombre de restrictions gouvernementales et de limitations aux investissements étrangers et aux financements.  D'abord, en raison du contrôle des capitaux étrangers, les entreprises chinoises ont besoin de toute une série d'approbations par le Département aux Echanges avec l'Etranger. Même si les politiques d'investissements sont devenues beaucoup plus flexibles par rapport au passé, il existe encore plusieurs limitations et les investissement sont encore quelque peu difficiles à réglementer. Ensuite, les investissements étrangers doivent être approuvés par le Département des Réformes et du Développement, ce qui implique une série d'incertitudes pour ces projets.

Le système de financement en Chine est presque exclusivement soutenu par les entreprises contrôlées par l'Etat et les grandes entreprises. En ce qui concerne les entreprises privées ainsi que les petites et moyennes entreprises, l'accès aux financements est beaucoup plus ardu: il est très difficile d'obtenir un prêt et encore plus difficile d'être coté en Bourse ou d'accéder à un emprunt obligataire.

Yang Yongmin, Directeur général du Groupe Offshore Incorporations de Pékin, fait ce commentaire :

晒歪歪:不出所料,俏江南张兰移民到了那个加勒比海的一个岛国。了解这个情况的都知道,这跟张兰是否爱国没任何关系,纯粹是资本项下的移民,为公司海外上市考虑。 中国总有很多傻比的政策,坑了自己人,肥了外国人。

Je ne suis pas surpris que Zhang Lan ait émigré dans les Caraïbes. Les gens qui connaissent un peu les entreprises nationales savent que cela n'a pas grand chose à voir avec le fait que Zhang aime ou non son pays. Ceci arrive parce qu'il est assurément plus facile pour les entreprises de faire des affaires à l'étranger. Il y a tant de lois stupides en Chine qui désavantagent les Chinois au profit des entreprises étrangères.

Le Quotidien du Peuple publie un éditorial suggérant de suivre le modèle américain, en n'augmentant pas les impôts pour les entrepreneurs les plus riches afin d'éviter qu'ils ne s'établissent à l'étranger. L'article a rapidement soulevé  les protestations des internautes. Le célèbre présentateur télé Meng Fei, pour sa part, critique ainsi le journal:

孟非: 这个思路有问题!你见过几个美国富豪放弃美国国籍?应该思考的为什么那么多官员家眷、演艺明星、大小富豪、著名学者都想移民?而不是琢磨怎么给他们移民设置更高的门槛。不反省这个问题,设置再高的门槛也留不住。

Cette manière de penser va dans une mauvaise direction. Combien de riches Américains ont-ils choisi de renoncer à leur propre nationalité ? Ce que nous devons considérer c'est le motif qui a poussé tant de fonctionnaires, de célébrités, de magnats et d'éminents universitaires à émigrer au lieu de chercher à les empêcher de quitter le pays. Si nous ne réfléchissons pas à ce problème, indépendamment du degré de sévérité des règles, nous ne réussirons pas à les retenir.

Zhi Qiangli relance:

志强李:张兰就是甩给僵化体制的耳光。

La fuite de Zhang Lan est un camouflet pour le système.

Il existe assurément beaucoup de règles et de procédures qui empêchent les entreprises nationales d'être cotées en Bourse, il est toutefois certain que les entreprises étrangères ne rencontrent pas tous ces obstacles. Sans doute, les propos du rédacteur en chef du Workers' Daily, Shi Shusi, résument-ils le problème auquel la Chine va devoir faire face dans la prochaine décennie:

石述思:目前争议继续,抛开爱不爱国的充满道德绑架的争论,一个黑色幽默的结果是:作为民营餐饮企业的老板,如果张兰不移民,那么,无论是国内A股市场还是香港资本市场,按照现行政策都难以完成上市融资的诉求,但现在移民了,上市却成功在望。当然,这样的结果不美好,但罪魁是谁呢?实际上,富豪资金外流,只是中国经济出现问题的一种表现、一个信号而已,与其谴责他们,不如推动改革共识的形成,呼唤中国塑造尊重私权、依法行政、进一步解放生产力的法治市场环境。

La controverse se poursuit au-delà du patriotisme ; le résultat en est une amère comédie. En tant que chef d'une entreprise privée, Zhang Lan ne réussirait pas à faire que son entreprise soit cotée en Bourse en Chine en raison des règles très rigoureuses et des problèmes liés au sources de financements [en particulier pour les grandes chaînes de restaurants] ; toutefois, maintenant qu'il a quitté le pays, il aura sûrement de plus grandes chance  d'y parvenir. Naturellement, ce résultat n'est pas avantageux pour la Chine mais qui peut-on blâmer pour cela ?  Cette large tendance migratoire ne fait que révéler les problèmes économiques de la Chine. Au lieu de blâmer les entrepreneurs, pourquoi ne cherchons-nous pas à promouvoir des réformes partagées par une très grande partie de la population, à faire mieux respecter le droit de propriété et  l'Etat de droit afin d'assurer l'établissement d'un environnement capable de garantir une réforme du marché chinois?