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Rio de Janeiro: Une colline sacrifiée aux Jeux du Stade

mardi 26 février 2013 à 18:57

Cet article d'Andrea Dip, fait partie d'une édition spéciale #CopaPública de l'agence Pública, et a été publié le 10 avril 2012 sous le titre RJ: As Casas Vão Cair (Rio de Janeiro: Les maisons vont s'effondrer)

Sur le “morro” (la colline) de la Providence à Rio de Janeiro, la construction d'un téléphérique pour les touristes venant voir la Coupe du monde est un motif d'expulsion des habitants. Les maisons démolies sont indemnisées par une allocation sociale de 400 réais mais un grand nombre de familles ne trouvent pas à se reloger.

Foto: Agência Pública

Photo: Agência Pública

La maison de Neusimar, travailleuse indépendante qui demeure avec sa  famille de 7 personnes sur le Morro de la Providence à Rio de Janeiro, est marquée du signe SMH (Service municipal du logement). Ceci veut dire qu'elle va être détruite. Toutes les maisons et immeubles voisins ont déjà été démolis. Les habitants ont déjà accepté l'allocation de 400 réais offerte par la Mairie de Rio.

Ce morro va accueillir le projet Porto Maravilha (port des merveilles), avec un téléphérique et un plan incliné pour les touristes qui viendront pour la coupe du monde en 2014 et pour les Olympiades de 2016 comme Pública l'a montré précédemment. Les habitants se sont donc vu infliger des déménagements forcés.

Neusimar résiste parce qu'elle ne veut pas quitter la maison ou sa mère est née, où elle  a grandi avec toute sa famille, pour aller vers un avenir incertain.

"Meus avós e meus pais brincaram aqui". Foto: Agência Pública

“Mes parents et mes grands parents ont joué ici”. Photo: Agência Pública

 

 

Où allons-nous trouver une maison à louer pour 400 réais? Qui va vouloir me louer une maison ? Je suis sans travail, ma mère est malade, nous sommes une grande famille. Nous ne restons pas par entêtement, mais nous ne voulons pas partir pour nous retrouver comme ces gens que l'on voit traîner dans la rue parce qu'il ne trouvent rien à louer.

Elle raconte que leur situation devient chaque jour plus compliquée.

Foto: Agência Pública

Photo: Agência Pública

Tout est par terre autour de ma maison, les murs sont ébranlés, nous risquons même maintenant des effondrements.

Des histoires comme celle-là, on en raconte beaucoup sur la vidéo Morro de la Providence du collectif #Entre Sem Bater (entrez sans frapper), formé d'élèves de l'école populaire de Communication critique ( Espocc) : un projet de “l'observatoire des favellas” qui offre aux jeunes et aux adultes habitants de ces espaces populaires de Rio de Janeiro, un accès à des langues différentes, à des concepts et des techniques du domaine de la communication. Ce mini-documentaire était envisagé à l'origine comme un travail de fin d'études. Mais le collectif a grandi et les participants ont continué à faire des recherches, à se documenter sur les “déménagements” du Morro de la Providence et d'autres endroits.

Foto: Agência Pública

Photo: Agência Pública

La vidéo montre en plus des “déménagements”, les préparatifs de la démolition de la salle de jeux du morro. On y faisait des championnats de football et les répétitions de l'école de samba de la communauté. Leo Lima est photographe et membre de “Entre sem bâter”, il raconte que peu de temps après la fin du film la salle a été abattue pour laisser place au chantier de construction de la tour du téléphérique.

Le blog #CopaPública est une expérience de journalisme citoyen qui montre  comment la population brésilienne locale est affectée par les préparatifs de la coupe de 2014 et comment elle s'organise pour ne pas être mise à l'écart.

Le ‘Prisonnier X’ d'Israël : la presse inutilement bâillonnée pour raison de sécurité nationale

mardi 26 février 2013 à 17:44

Cet article fait partie de notre dossier Relations Internationales & Sécurité.

Graffiti of newspaper reader in Tel Aviv, Israel

Lecture du journal, street-art à Tel Aviv, Israël. Photo par Helga Tawil Souri sur flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

(Les liens renvoient à des pages en anglais ou hébreu)

Après la diffusion par la chaîne australienne ABC de révélations sur le ‘Prisonnier X’ le 12 février, les médias israéliens ont aussitôt enquêté sur les affirmations choquantes que Ben Zygier, un citoyen israélien né australien ayant travaillé pour Mossad a été secrètement détenu dans une prison de haute sécurité pendant des mois avant son présumé suicide en 2010. Cependant, les articles sur le scandale ont été retirés peu après leur apparition. Les services du Premier ministre ont convoqué une réunion d'urgence des rédacteurs en chef de tous les principaux organes de presse israéliens pour demander leur collaboration afin de taire l'affaire. Pendant une journée entière, les médias israéliens se sont vus interdire d'évoquer l'affaire, quand bien même elle faisait la une dans le monde entier et que les Israéliens ont diffusé l'information sur les médias sociaux et les blogs. Ce n'est qu'après que trois députés de gauche de la Knesset eurent utilisé leur immunité parlementaire pour parler du sujet que des titres peu intelligibles apparurent et un tribunal israélien a levé l'injonction de silence.

Le gouvernement israélien a justifié par la menace potentielle pour la sécurité nationale sa décision de censurer le scandale du ‘Prisonnier X'. Cependant, de nombreux blogueurs israéliens sont loin d'être convaincus que la sécurité nationale était la raison principale du retrait du sujet.

Noam Shiezaf a argumenté dans le Magazine +972 :

Il était assez clair, dès hier matin, que les services du Premier ministre (qui est en charge du Mossad) et le Département de la Défense (responsable de la censure militaire) se sont engagés dans une bataille perdue d'avance. Une fois un article publié là-bas dans les médias internationaux, il était impossible de l'empêcher de circuler sans adopter des méthodes chinoises de censure d'Internet. De plus, tout l'argumentaire était fallacieux : il n'y a rien de “secret” à propos de quelque chose que le monde entier connaît, alors pourquoi les Israéliens devraient-ils être les seuls qui soient interdits d'accès à l'information ? Quoi qu'il en soit, un tel comportement révèle la profonde motivation derrière la plupart des actes de censure : il s'agit moins de protéger la sécurité de l'Etat que de protéger les individus et les institutions de l'examen du public.

Gal Mor, le rédacteur en chef de Holes in the Net a également contesté l'affirmation selon laquelle la censure a été utilisée pour protéger la sécurité nationale :

Comme dans les scandales précédents (Motke Kedar, qui a également été surnommé ‘Prisonnier X', Marcus Klinberg, l’affaire Lavon, le bus 300) on nous a dit que l'exposition de l'affaire met en danger la sécurité nationale au point de mettre en péril son existence … Lorsque chacune de ces affaires secrètes a été révélée, ça n'a pas été la fin du monde et on a découvert que dans le pire des cas, il s'agissait d'un incident diplomatique et d'une honte pour un service de renseignement et l'exposer a grandement contribué à la démocratie israélienne et à des inspections internes des services. Et même s'il y avait une justification pour ce silence, nous vivons dans un village planétaire dans lequel Facebook, Twitter et les blogs sont à un clic.

Les tentatives visant à empêcher la diffusion de l'histoire du ‘Prisonnier X’ après les révélations télévisées montrent que les autorités israéliennes ne se sont pas encore adaptées à l'ère des nouveaux médias. Dans un pays où près de la moitié de la population a un compte Facebook, vouloir bâillonner une information facilement disponible en ligne ne fait qu'aviver la curiosité.

ISN logoCet article et ses traductions en espagnol, arabe et en français ont été commandés par le Réseau International de Sécurité (ISN) dans le cadre d'un partenariat destiné à faire entendre les points de vue des citoyens sur les relations internationales et les questions de sécurité dans le monde. Ce article a été publié sur le blog d'ISN, voir des articles similaires ici.

Le nouvel avion de combat furtif iranien s'élance dans un ciel fictif

mardi 26 février 2013 à 17:07

Ce billet fait partie de notre dossier Relations internationales & sécurité.

Qaher-313

Un Qaher-313 iranien vole sur fond de ciel modifié avec Photoshop.

Des blogueurs ont révélé début février qu'une photo officielle montrant récemment l'avion de chasse furtif iranien en vol, le Qaher-313, est en réalité une image truquée avec Photoshop. Malgré les affirmations du gouvernement iranien que l'avion est en train de patrouiller dans le ciel, des blogueurs vigilants ont découvert que l'image avait été prise lors d'une cérémonie d'inauguration à Téhéran et superposée à un arrière-plan différent.

Tandis que de nombreux Iraniens (dont probablement des militaires) ont utilisé Facebook pour promouvoir avec enthousiasme le Qaher-313, beaucoup de blogueurs ont vu dans cette image l'occasion de se moquer du régime de Téhéran. Leurs moqueries trouvent de la substance dans les allégations que la photographie d'un singe que l'Iran aurait envoyé dans l'espace est aussi truquée.

Après que le scandale du singe a éclaté, Freedomseeker a écrit que les organes de presse iraniens commençaient à faire état de la production réussie d'un très moderne avion de combat du Ministère de la Défense. Le blogueur trouvait ‘bizarre’ que l'avion soit dévoilé dans un stade couvert alors que d'habitude les avions sont plutôt montrés en plein vol. Freedomseeker a aussi remarqué que les dimensions étaient plus petites que pour d'autres avions comparables, soufflant cette conclusion :

Nous ne pouvons croire les affirmations de la République islamique avant d'avoir vu cet avion de combat en vol, car le gouvernement a la très mauvaise réputation de faire des photos truquées et de présenter des modèles au lieu de l'objet véritable.

Certains blogueurs rappelaient qu'il y a des préoccupations bien plus importantes pour le pays que de construire un nouvel avion de combat.

Xcalibur a publié une photo de l'avion et en a estimé les coûts, disant :

Les gens veulent du pain, pas des avions de chasse. Si seulement nous pouvions nourrir les affamés avec des missiles et des balles !

666Sabz a publié plusieurs photos et comparé le Qaher-313 à des modèles étrangers, notant que le cockpit du Qaher est très petit.

Tweatter a écrit qu'après le retour glorieux du singe cosmonaute, la République islamique cherche désormais un singe idiot pour devenir le pilote du Qaher-313.

Le Qaher-313 a pareillement fourni aux blogueurs et sceptiques de nouvelles occasions de se moquer de la puissance militaire auto-proclamée du régime iranien. En effet, la vidéo suivante démontre que la raillerie dépasse la supposée cinquième génération d'avions de combat de Téhéran.

ISN logoCe billet et ses traductions en espagnol, arabbe et français ont été commandés par le Réseau Sécurité Internationale (ISN)) dans le cadre d'un partenariat pour mettre en avant la voix des citoyens sur les questions de relations internationales et de sécurité à travers le monde. Ce billet a d'abord été publié sur le blog de l'ISN, voir les sujets similaires ici.

Une nouvelle loi indonésienne sur les associations provoque la contestation

mardi 26 février 2013 à 15:04

[Les liens renvoient vers des pages en anglais] Le Parlement indonésien s'apprête à approuver un projet de loi visant à modifier la réglementation des organisations de masse, mais les groupes de défense des droits humains et des spécialistes ont mis en garde contre ses dispositions répressives.

La dernière version du projet exige que les organisations de masse adhèrent à la Constitution du pays de 1945 et aux principes du Pancasila, une philosophie officielle monothéiste.

Pour leur part, les associations locales craignent que le projet de loi ne donne de larges pouvoirs au gouvernement, qui pourraient être utilisés par des autorités corrompues pour saper l'indépendance des organisations de la société civile, en particulier celles qui critiquent les politiques gouvernementales.

Groups like the Red Cross will be affected by Indonesia's new Bill on Mass Organizations. Photo by Jefri Tarigan, Copyright @Demotix (5/8/2012)

Des organisations comme la Croix Rouge seront touchées par le projet de loi indonésien sur les organisations de masse. Photo de Jefri Tarigan, Copyright @Demotix (5/8/2012)

Le projet visant à remplacer la loi de 1985 sur les organisations de masse a effectivement été initialement soutenue par de nombreuses personnes qui voulaient que le gouvernement réglemente les associations telles que les défenseurs de l'Islam (FPI) utilisant souvent des méthodes violentes pour promouvoir ses buts.

Les législateurs indonésiens ont rapidement rejeté l'avis des experts de l'ONU et ont laissé entendre que le Parlement pourrait approuver cette mesure controversée le mois prochain.

Pollyandra soutient les législateurs dans leur position critique des conclusions des experts des Nations Unies:

Pour une fois, je partage la position du gouvernement pour rejeter l'avertissement / jugement des “experts”. Bien que j'apprécie les valeurs des notions occidentales de droits humains et de démocratie, introduire des idéologies étrangères dans une société n'a jamais fonctionné et leur effet ne dure pas. Le changement doit être progressif et venir de l'intérieur.

Amir Effendi Siregar, un membre de la Coalition indépendante pour la démocratisation de la radiodiffusion, met en garde contre l'impact négatif de la réglementation sur les groupes de médias :

Ce règlement est dangereux pour les organisations de médias, de presse et de journalisme. Comment les journalistes peuvent-ils ne pas traiter des idéologies qui sont contre la Pancasila et la Constitution de 1945, dans leurs publications ?

Dans un système démocratique, les médias et les journalistes professionnels ont l'obligation de donner des informations complètes sous différents angles.

Maina Kiai, Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de réunion pacifique et d'association, exhorte l'Indonésie à adopter des lois qui ne violent pas les principes de “pluralisme, de tolérance et d'ouverture d'esprit” :

Dans une société démocratique l'Etat doit veiller à ce qu'il n'y ait aucune restriction des droits à la liberté d'association, d'expression et de religion en accord avec l'objectif poursuivi sans porter atteinte aux principes de pluralisme, de tolérance et d'ouverture d'esprit.

Les associations devraient être libres de déterminer leurs statuts, leurs structures et leurs activités ainsi que de prendre des décisions sans ingérence de l'Etat.

L'expert de l'ONU a également réagi à la proposition de suspendre les organisations, sans même une ordonnance du tribunal :

Permettez-moi de souligner que la suspension des associations ne doit être décidée que par un tribunal impartial et indépendant en cas de danger clair et imminent résultant d'une violation flagrante des lois nationales, en conformité avec les dispositions internationales en matière de droits humains.

Colson a baptisé le projet de loi de ‘legal dragon’ (monstre juridique) en création :

Un comité spécial de la Chambre des représentants est en train de créer un monstre juridique. Il va frapper les organisations civiles. Elles seront interdites si les autorités les étiquettent comme une menace pour “l'unité et la sécurité de la République unitaire d'Indonésie”. Des critères qui sont extrêmement vagues et sujets à l'arbitraire.

Ce monstre juridique naissant va sérieusement restreindre les libertés fondamentales d'association et de réunion et la liberté de pensée et d'expression en Indonésie. Par exemple, il pourrait sérieusement empêcher les organisations de la société civile de révéler, de dénoncer, sans parler des accusations de pratiques criminelles, dont le trafic humain ou la corruption. En outre l'administration de ces organisations sera sous la surveillance et le contrôle permanents du gouvernement.

Quel serait l'impact d'une application stricte de la philosophie Pancasila? Colson pense que plusieurs ONG mondiales pourraient être interdites dans le pays :

Avec une interprétation stricte [de la loi], la Croix-Rouge et CARE seraient hors limites.  Tout comme Oxfam et Save the Children. Sans parler de l'Association humaniste suédoise ou l'une de ses organisations sœurs. Les syndicats créés sur la base d'une philosophie sociale-démocrate seront également interdits.

La Commission nationale indonésienne des droits de l'homme est également opposée à plusieurs dispositions du projet de loi. Pendant ce temps, une coalition d'organisations locales a publié le 18 février dernier une déclaration conjointe intitulée “L'Etat tente à nouveau de brider la liberté d'association et d'organisation”. La coalition recommande ce qui suit :

1. Abroger la loi No. 8 de1995 sur les organisations civiles et rétablir la réglementation de la création et l'administration au niveau juridique approprié et pertinent, à savoir une loi sur les associations pour les organisations à adhérents et une loi sur les fondations pour les organisations non-associatives.

2. Mettre fin à la délibération et à la promulgation du projet de loi sur les organisations de masse et accorder la priorité à la délibération du projet de loi sur les associations, qui a été inclue dans le programme de la législation nationale (Prolegnas) pour la période 2010-2014. Le projet de loi sur les associations a une base juridique plus solide, mais on lui a accordé une moindre priorité qu'au projet de loi sur les organisations de masse, qui est malavisé et manque de clarté.

Mais Pahala Nainggolan, directeur exécutif de Yayasan Bina Edukasi Integrasi, apprécie la disposition prévoyant un contrôle administratif des documents financiers des organisations :

L'enregistrement par le gouvernement des organisations sans but lucratif n'est pas un moyen de les contrôler. Chaque organisation doit s'inscrire pour être aidée avec ses mesures de reddition de comptes dans le long terme. Ensuite, le ministère de l'Intérieur peut établir une base de données et un site Web contenant les rapports financiers et de gestion de toutes les organisations enregistrées.

Cela peut conduire à de meilleurs mécanismes pour l'application des règlements. Les associations qui ne soumettent pas leurs rapports peuvent être rayées de la liste. La société peut obtenir des garanties sur la légitimité d'une organisation en accédant au site Web et les autorités peuvent fournir des garanties de transparence et de sérieux pour chaque organisation y figurant.

L'avenir politique de l'Équateur après la réélection de Correa

mardi 26 février 2013 à 14:44

[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en espagnol.]

Le 17 février 2013, Rafael Correa a été réélu président de l'Équateur avec plus de la moitié des voix, détenant ainsi la charge présidentielle la plus longue, renouvelée mais sans interruption, de l'histoire équatorienne.

Soixante-douze heures après les élections, le Conseil Electoral National a livré les résultats officiels après un rapide dépouillement des voix, selon lequel le parti au pouvoir compterait au moins 96 des 137 députés qui siègeront à la nouvelle Assemblée. Le parti au pouvoir serait donc majoritaire à l'Assemblée, suffisament pour approuver les lois encore en discussion, mais n'aurait pas la majorité absolue.

Dès les résultats officiels connus, les réactions des blogeurs équatoriens ne se sont pas fait attendre.

Sur le blog Realidad Ecuador, dans un billet intitulé “El futuro político del Ecuador“ [l'avenir politique de l'Équateur], Juan Pablo Martínez écrit

L'agenda du gouvernement pour les quatre prochaines années paraît assez clair. Tout d'abord, la dynamique des dernières années se poursuivra aussi bien sur son versant positif, comme avec la responsabilité sociétale des entreprises, que sur son versant négatif tel que les atteintes à la liberté d'expression. Ensuite, la feuille de route de Rafael Correa (que je compte analyser plus en profondeur dans de prochains articles) comprend certains points sur lesquels il y aura beaucoup à redire, tels que la “Révolution de la connaissances et des compétences” et la “Révolution agraire”.

Selon Martínez, plusieurs questions restent en suspens, notamment le prochain rôle de la nouvelle opposition menée par Guillermo Lasso, le candidat ayant reçu le deuxième plus grand nombre de votes à ces élections.

Fuente CNE

Graphique publié par le Conseil Electoral National (CNE)

On peut probablement déduire de ces dernières élections que Guillerme Lasso apparaît comme la principale figure de l'opposition au régime [de Correa]. Contrairement à Gutiérrez, Noboa ou Nebot (qui demeure très peu connu au-delà de la grande ville de Guayaquil), ou celui qui représente Bucaram, Lasso ne semble pas se heurter à un rejet massif ou une résistance parmi les Équatoriens. Apprenant les résultats électoraux, l'ancien banquier [Guillermo Lasso fut président de la Banque de Guayaquil] affirma que “partis de rien, nous sommes pourtant devenus la seconde force politique de l'Équateur“.

Par ailleurs, Martínez estime que Lasso doit faire preuve d'une grande rigueur lorsqu'il s'agira de sélectionner ses compagnons politiques ces prochaines annés :

Lasso devra se maintenir en position de candidat de centre-droit, manifestant son intérêt pour les politiques sociales consacrées à la réduction de la pauvreté, mais devra se montrer prudent en évitant de s'associer avec des groupes dogmatiques de droite qui restent forts en Équateur (c'est-à-dire les libertariens). S'entourer de personnes portant de telles convictions pourrait le conduire à prendre des postures qui se révèleraient non seulement préjudiciables au pays, mais encore impopulaires, contrariant ses aspirations présidentielles (comme prétendre, par exemple, inverser l'accent mis par le gouvernement actuel sur la responsabilité sociétale des entreprises).

De plus, le blogueur Martínez s'interroge sur celui qui prendra la place de Rafael Correa comme candidat [à la tête du parti] Alianza País [en français], un fois accompli le mandat présidentiel de Correa, et au cas où il ne réformerait pas la constitution pour être réélu :

À supposer que Correa tienne parole et ne change pas les lois pour briguer un autre mandat en 2017, Alianza País doit commencer par décider de celui qui sera chargé de la prochaine candidature présidentielle. Correa va-t-il commencer à accorder un meilleur rôle à son successeur, et si oui, à partir de quand ? Ce successeur sera-t-il élu à la faveur d'un processus d'élections primaires au sein du parti ou sera-t-il désigné directement par Correa ? Présenter un successeur solide ne sera pas une tâche facile pour Alianza País, où plane l'ombre d'un leader comme Correa.

La blogueuse Anita Parada Cotrina s'interroge quant à elle sur les candidats élus tous les quatre ans. Dans son billet intitulé “Elecciones Ecuador 2013. Opinión personal” ["Elections équatoriennes de 2013. Opinion personnelle"], Parada rappelle que les citoyens doivent se montrer responsables lorsqu'ils choisissent leurs candidats :

Que l'usage de la politique soit bon ou mauvais, cela relève d'une conséquence et non d'une cause. Quant à la portée sociale de la politique, à laquelle nous appartenons tous et qui nous concernent tous, elle aussi dépend de nous. Lorsque nous sommes responsables en prenant les décisions qui nous incombent, nous oeuvrons pour un système équitable.

Si nous voulons que nos représentants soient bien préparés et justes, nous devons l'être nous-mêmes, nous changerons ainsi notre représentation. Pour m'en expliquer, je prendrai un exemple : si 7 personnes sur 10 sont corrompues, il y a 70% de probabilités que le représentant que l'on choisit soit corrompu. Mais si 4 d'entre eux veulent changer à titre personnel et s'y emploient, il ne reste alors plus que 3 personnes corrompues sur 10 et la probabilité que le prochain gouvernement soit corrompu baisse drastiquement jusqu'à 30%.

En conclusion, Parada insiste sur le fait que pour avoir de meilleurs représentants, chaque Équatorien doit s'efforcer d'être un meilleur citoyen.

Pour celui qui décide de se différencier et d'être le meilleur citoyen possible, les chances d'avoir un meilleur représentant augmentent.