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Mujeres Trabajando : le collectif qui est en train de révolutionner l'univers du hip-hop au Mexique

mercredi 11 novembre 2015 à 18:59
Mujeres trabajando

Intervention à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme et du sixième anniversaire du Collectif célébré le 8 mars 2015. Photos  Giulia Iacolutti, prise avec autorisation sur le site de Mujeres Trabajando

La scène du hip-hop au Mexique a été secouée par le collectif Mujeres Trabajando qui, depuis 2009, a réussi, par la musique, la poésie, les arts visuels et la danse, à percer dans un environnement où la misogynie et le machisme prévalent.

Cartel realizado para un evento de "Mujeres Trabajando". Tomado con permiso de su cuenta de Instagram.

Affiche réalisée pour un événement de  “Mujeres Trabajando”. Reproduit avec autorisation depuis leur compte  Instagram.

 

Le collectif multidisciplinaire a surgi à l'initiative de Jezzy P et de Ximbo. Actuellement, il est composé de douze artistes, venues de différents coins du Mexique, qui se spécialisent dans l'un des éléments constitutifs du hip-hop.

Selon les informations disponibles sur leur page Facebook, on retrouve parmi leurs objectifs :

[…] diffuser et promouvoir la culture en exposant les travaux individuels des membres, à travers des espaces partagés et communautaires. Ainsi, nous favorisons la création artistique réalisée par des femmes et stimulons le développement de ces femmes, le développement intégral de la femme et leur participation active et égalitaire dans les milieux professionnels et artistiques de la société mexicaine.”

Parmi leurs activités principales, on trouve la réalisation de concerts, de démonstrations de break dance,  de graffiti et d'expositions de photographies, des lectures de poésie à voix haute, mais aussi un atelier de transformation de tee-shirts, à travers lequel elles essaient de développer la culture du recyclage et soutenir l'expression individuelle féminine.

La vidéo qui suit nous montre un résumé de leur premier événement :

Dans un pays où la violence envers la femme est banalisée (de 2012 à 2013, 3892 femmes ont été assassinées, selon l'Observatoire Citoyen National du Féminicide), le collectif Mujeres Trabajando s'est affirmé en tant qu'espace éminent de diffusion et d'expression artistique féminine, défiant les stéréotypes et se confrontant à la discrimination de genre.

Le collectif est sans aucun doute une référence pour l’empoderamiento, une prise de pouvoir des femmes au sein de la culture hip-hop, et plus largement, au sein de la société mexicaine.

La unión hace la fuerza en todos los sentidos,
mujeres trabajando compartiendo el sonido
la rosa de los vientos aquí como testigo
juntas sin dañar sin afán de competir
Venimos a mostrar que podemos construir

Rime de Dayra, dans “Ladies Night”

(“L'union fait la force dans tous les sens du terme,
des femmes qui travaillent se partageant le son
avec la rose des vents ici pour témoin
ensemble sans intention de nuire ni désir de compétition
Nous sommes venues montrer que nous pouvions construire.”)

Retrouvez plus d'informations concernant leur travail sur leur blog officiel et les réseaux sociaux : Facebook, Instagram, Twitter et YouTube.

Journée d'élection historique en Birmanie

mercredi 11 novembre 2015 à 01:20

Les électeurs attendent avec impatience le décompte en direct des votes devant les bureaux du parti d'opposition. Photo d’ Irrawaddy partagée sur Facebook.

Malgré quelques irrégularités constatées, la Birmanie est parvenue à organiser des élections générales pacifiques le 8 novembre. 91 partis et groupes ethniques ont participé à ces élections. Le parti actuellement au pouvoir, le Parti de l'Union pour la Solidarité et le Développement (USPD), est dirigé par le Président Thein Sein, et le parti d'opposition, la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD), est mené par Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix.

Outre les députés qui vont être élus, 25% des sièges au parlement sont réservés aux militaires. Cette répartition est inscrite dans la constitution de 2008, rédigée par l'armée pour garantir le maintien de son influence sur le gouvernement civil. De plus, selon cette constitution, Aung San Suu Kyi ne peut pas devenir présidente, même si son parti obtient la majorité des votes, car elle est mariée à un étranger et ses enfants sont étrangers.

La première élection juste et libre du pays

Bien que ce soit théoriquement la seconde élection générale en Birmanie, beaucoup considèrent le vote du 8 novembre comme la première élection juste et libre du pays.

La Birmanie a supporté une dictature militaire pendant 50 ans. Lors des élections de 1990, le parti d'Aung San Suu Kyi a obtenu une victoire écrasante, mais les militaires n'ont pas tenu compte des résultats et ont pris le contrôle du gouvernement. En 2010, le gouvernement a entrepris des réformes politiques dont la tenue d'élections, mais il a été accusé d'avoir truqué les résultats.

Parmi les problèmes qui sont survenus lors de la période pré-électorale, on notera des erreurs importantes sur les inscriptions sur les listes électorales, la privation des droits civiques pour certains groupes ethniques comme les Rohingya majoritairement musulmans, et le manque d'objectivité et des erreurs de la part de la commission électorale. Malgré ces problèmes, les citoyens persistent à croire à la promesse d'un changement de société après les élections du 8 novembre.

Des slogans comme အသဲကြားက မဲတပြား (Un scrutin qui vient du coeur) et ပြောင်းလဲချိန်တန်ပြီ (Il est temps de changer) se répandent et reflètent les sentiments populaires sur ces élections générales.

Voici certaines des observations partagées par les électeurs sur les réseaux sociaux le jour des élections.

Les lève-tôt sont à l'honneur le jour des élections

Certaines ont commencé à faire la queue dès 4 heures du matin alors que les bureaux de vote n'ouvraient qu'à 6 heures.

Ye Ling Aung tweete une photo des gens qui font la queue pour voter.

Les 10 premières personnes sont entrées dans le bureau de vote. Et je suis maintenant le premier dans la queue.

Les doigts marqués à l'encre

Beaucoup postent des photos de leurs doigts marqués à l'encre pour montrer qu'ils ont voté. Le blogueur Ei Myat Noe Khin partage ses impressions sur la signification de cette journée.

Bon, pour tout le monde le 8 novembre n'est qu'un dimanche ordinaire comme les autres, où on se promène entre amis, où on vaque à ses occupations, mais pour nous birmans qui votons ce n'est pas un jour ordinaire.

Kenneth Wong explique ce qu'il y a de symbolique dans ce geste:

ယခင်က အာဏာရှင်တို့ လက်မထောင်ခဲ့ကြ၏။ ယနေ့ မြန်မာလူထုတို့ ဂုဏ်ယူဝင့်ကြွားစွာ မင်စွန်းသောလက်သန်းများ ထောငြ်ပကြလော။

Mes amis birmans qui ont voté sont fiers de partager des photos de leurs doigts tachés d'encre — preuve qu'ils ont mis un bulletin dans l'urne. On pourrait dire qu'aujourd'hui les birmans font un doigt d'honneur à l'ancien régime!

L'activiste Khin Ohmar fait remarquer que beaucoup se sont plaint de ne pas avoir trouvé leur nom sur les listes électorales, alors que d'autre assurent qu'ils ont reçu plusieurs cartes d'électeurs. Elle a également eu des informations selon lesquelles le parti au pouvoir serait en tête dans les circonscriptions de l'armée.

Dans l'attente des résultats à la sortie des urnes

A la fermeture des bureaux de vote à 16 heures, les gens attendent avec impatience les résultats partiels. La journaliste Lupa Aung félicite les employés qui font des heures supplémentaires dans les bureaux de vote:

မဲရုံမှာ တာဝန်ကျတဲ့သူတွေကို လေးစားပါတယ်
သူတို့ အခုထိ ထမင်းမစားရသေးသူတွေ ရှိတယ်ဗျ။
အပြောင်းအလဲ အတွက် သည်းခံစိတ်ကို အလေးပြုပါတယ်။
လူပအောင်

J'ai du respect pour ceux qui travaillent dans les bureaux de vote. Certains n'ont même pas pris le temps de manger de toute la journée. Bravo pour leur patience et leur travail pour le changement.

Une foule est réunie devant les bureaux de la NLD à Mandalay pour assister en direct au décompte des votes. Photo partagée par Nik Nayman sur Facebook.

Bulletins suspects

Par ailleurs, à Loikaw, capitale de l'état de Kayah, l'arrivée de 5.000 bulletins pré-enregistrés a déclenché la colère des candidats et des électeurs. Josephine Nan Mu rapporte:

5.000 bulletins pré-enregistrés sont arrivés de nulle part dans un bureau de vote de Loikaw. Leur provenance est floue. On se bat contre les représentants et les personnes responsables ici!

L'arrivée d'urnes remplies de bulletins de vote a été remarquée dans plusieurs régions du pays. Cette information déplaît au public et aux observateurs électoraux. Burma Partnership, un réseau d'organisations de défense des droits de l'homme et de la démocratie, avance que les bulletins suspects sont en faveur du parti au pouvoir:

A Myitkyina, aux environs de minuit, on a vu arriver des urnes remplies de bulletins pour la plupart en faveur de l'USDP. La même chose a eu lieu à Monywa, Lashio, Taunggyi. Dans les régions reculées et ethniques stratégiques pour l'armée birmane, on dirait qu'ils ne veulent pas laisser gagner le NLD ou le parti d'opposition ethnique.

Mais étonnamment,  l'opposition ne fait pas d'objection:

Il est intéressant de voir que le candidat du NLD qui avait déjà gagné au décompte des voix la nuit dernière n'a pas fait de commentaires sur l'arrivée de ces bulletins pré-enregistrés à minuit. Il sera intéressant de voir si le NLD dans son ensemble réagit à l'arrivée de ces bulletins de minuit.

Impact Lesbos, une équipe de bénévoles en aide aux réfugiés

mardi 10 novembre 2015 à 20:33
A group of four young women are embarking on a mission to help refugees. You can help too. Follow their mission on @impactlesvos on Instagram

Vous pouvez suivre la mission des quatre jeunes femmes au secours des réfugiés, sur leur compte Instagram  @impactlesvos.

Quatre jeunes femmes se sont donné une mission : secourir les réfugiés qui débarquent sur l'île grecque de Lesbos à leur arrivée en Europe. Ces bénévoles, dont l'auteur pour Global Voices Faten Bushehri, lèvent des fonds sur Internet pour distribuer des fournitures humanitaires, et collaborent avec d'autres bénévoles pour préparer le camp de Moria, qui abrite 8.000 réfugiés, à passer l'hiver.

En pleins préparatifs de leur voyage, Faten a répondu à nos questions.

Global Voices (GV) : Qui participe à ce voyage ? Qui êtes-vous et quelle est votre expérience dans ce domaine ? Combien de temps resterez-vous là-bas et que comptez-vous faire ?

Faten Bushehri (FB) : Nous sommes un groupe de bénévoles, trois filles allemandes et une Bahreïnie. D'autres pourraient se joindre en soutien, mais le noyau de quatre, c'est nous.

Nous sommes deux binômes, qui partent à tour de rôle, pour maximiser notre aide sur place. Deux d'entre nous, Annabella et moi, allons du 16 au 23 novembre depuis Amsterdam. Deux autres filles, Leonie et Babette, de Hambourg, iront du 20 novembre au 4 décembre.

Nous avons des amis qui y seront du 7 au 21 novembre. Nous les retrouverons quand nous irons.

Faten est journaliste indépendante, de langue maternelle arabe, et elle travaille depuis six semaines comme bénévole avec les réfugiés à Amsterdam, où elle a contribué à créer le groupe Refugees Welcome Amsterdam.

Annabella Stieren, également journaliste indépendante, et documentariste, parle turc, et participe à Refugees Welcome Amsterdam, dont elle est l'une des fondatrices.

Leonie  Stieren, étudiante en ingéniérie du sauvetage et spécialisée en secours et gestion de catastrophes, a récemment été en Ouganda avec une ONG pour construire une école de 80 élèves dans le district de Mityana.

Enfin, Babette Tabel est une étudiante en management des média et de la communication prête à faire tout son possible pour se rendre utile.

FB : Il est difficile de prévoir exactement où l'aide est nécessaire là-bas. Nous avons deux projets que nous allons rejoindre et aider. L'un est de retrouver nos amis qui arriveront avant nous pour équiper pour l'hiver le camp de Moria. C'est l'un des principaux et plus grands camps, où les gens font la queue sur deux 2 kilomètres dans l'attente de se faire enregistrer.

Nous travaillerons aussi sur la côte nord, où arrivent la plupart des bateaux de réfugiés, à proposer notre assistance, distribuer des fournitures et traduire.

La situation change chaque jour, et les bénévoles sont prêts à intervenir là où le besoin d'aide se fait le plus sentir. C'est à cela que nous sommes prêtes en nous déplaçant entre le camp Moria et le rivage nord de Molyvos.

Faten Bushehri with a young refugee in Amsterdam (Photo credit: Lesvos  Refugee Emergency Aid.

Faten Bushehri avec un jeune réfugié à Amsterdam (Crédit photo : Lesvos Refugee Emergency Aid.

Babette, left, and Leonie: "The question is not why are we doing this, it is more like why are we not doing more."  (Photograph provided by the interviewees)

Babette, à gauche, et Leonie : “La question n'est pas, pourquoi nous le faisons, mais plutôt, pourquoi ne faisons-nous pas davantage.” (Photo donnée par les interviewées)

GV : Pourquoi vous être embarquées dans cette mission ? 

Leonie et Babette : Quand la crise des réfugiés a éclaté, toute aide était évidemment la bienvenue, même en Allemagne. Notre conviction commune est que chaque être humain partage la même planète et doit avoir la possibilité de vivre en paix. Les frontières ne doivent pas être un obstacle à leurs chances de sécurité. Nous voudrions que les autres fassent de même pour nous si nous nous trouvions dans une situation similaire en Allemagne. Nous ne pourrions pas nous regarder en face si nous ne faisions rien, alors que des enfants se noient en mer, et que des familles restent sans abri après leur voyage horrible et inhumain.

Pour Bella et moi, cela a changé nos vies de passer autant de temps avec les réfugiés à Amsterdam à entendre leurs histoires horrifiantes. Bella dit qu'elle ne peut pas rester les bras croisés devant cela. Bella se sent particulièrement concernée car ses grands-parents lui racontaient comment ils avaient immigré en Allemagne à leur époque. Comme eux, elle dit que ce sont des gens qui ont besoin d'aide et si on peut les aider, il n'y a pas de raison de ne pas le faire. La question n'est pas, pourquoi nous le faisons, mais plutôt, pourquoi ne faisons-nous pas davantage.

Pour moi également, cela a une importance toute personnelle. J'ai grandi dans une famille croyant fermement aux droits de la personne, et dévouée aux gens, il m'est vraiment difficile de ne pas faire tout mon possible pour aider les personnes dans le besoin. En ce moment même la crise s'aggrave à Lesbos, on crie au secours chez les bénévoles sur place car il faut du renfort et des fournitures à l'approche de l'hiver. L'île n'est pas équipée pour l'hiver ni préparée à héberger tout ce monde.

Des enfants se noient, des femmes enceintes font des fausses couches, les gens épuisés tombent malades du fait du mauvais temps. Ils espèrent seulement traverser ce parcours pour atteindre si possible l'herbe plus verte de l'autre côté. Nous tenons les choses pour acquises chaque jour, sans réaliser parfois que nous pouvons faire de petites choses susceptibles de changer la vie de quelqu'un ou ajouter du positif à son avenir.

Après les semaines passées avec les réfugiés syriens à la gare centrale d'Amsterdam et dans les camps, nous nous sommes fait des amis proches qui font maintenant partie de notre vie. Pour nous, la crise des réfugiés, ce n'est plus des chiffres, elle a maintenant un visage. C'est Waseem, Alaa, Majd. C'est cette familIe syrienne dont j'ai fait la connaissance personnelle et avec qui j'ai passé du temps, les trois jeunes enfants, Malak, Jowdat et Souad, que j'ai emmenés au zoo. Ce sont des personnes qui fuient la guerre parce qu'elles n'ont pas d'autre choix. Cela me suffit pour faire monter dans un avion et faire ce que je peux pour aider.

GV : Comment collectez-vous les fonds et qu'alle-vous en faire ?

FB : Bella et loi avons commencé une campagne de levée de fonds sur Gofundme pour collecter les dons. A nous quatre nous avons fait appel à nos relations, aux médias sociaux et à nos familles pour donner le mot et encourager les gens à nous aider.

L'argent va directement à l'achat de fournitures pour les réfugiés nouveaux arrivants, à savoir habituellement nourriture, eau, couvertures de survie, vestes en polaire, tentes, beaucoup de chaussettes, des aliments infantiles et des sous-vêtements pour enfants. Cela change chaque jour selon le nombre de réfugiés et ce qu'apportent les autres bénévoles. L'argent servira aussi à acheter ce qu'il faudra pour équiper le Camp Moria pour l'hiver et apporter un soutien à l'équipe qui démarrera ce projet sitôt arrivée sur place.

GV : Parlez-nous de votre travail avec les réfugiés à Amsterdam. Qui gérait cette mission et qu'avez-vous fait jusqu'à aujourd'hui ? 

FB : RefugeesWelcome Amsterdam a démarré avec deux garçons néerlandais d'origine marocaine, qui se sont pointés à la gare centrale et ont proposé l'idée. Nous l'avons appris, et nous avons ensuite été 10 à 15 à coordonner la logistique et à établir le contact avec les agents publics.

Cette mission est totalement bénévole et n'est pas une ONG ou une organisation officielles. C'est une bande de gens qui veulent aider et sont apparus à la gare centrale avec leur bonne volonté.

Il n'y a aucun responsable pour diriger le groupe, c'est plus un groupe de gens responsables de diverses tâches qui les ont ensuite déléguées à d'autres quand de nouveaux bénévoles se sont présentés, et ainsi de suite.

Nous sommes les premiers secours pour les réfugiés qui arrivent. Nous vérifions les horaires des trains chaque jour et nous répartissons en équipes pour aller sur les quais et y trouver les réfugiés, puis les guider vers le coin que nous avons aménagé dans la gare où ils trouveront de quoi manger et de l'eau, des jouets pour les petits, des vêtements de base et des cartes sim.

Au début, nous nous coordonnions avec la Croix Rouge, qui fournissait des bus gratuits pour emmener les réfugiés dans les camps. Nous nous coordonnons avec les policiers pour qu'ils nous amènent les gens qu'ils trouvent. Nous nous coordonnons avec la municipalité pour être au courant des changements de règles, ou si les camps sont pleins, et nous nous adaptons en conséquence. Nous avons utilisé nos relations et réseaux pour apporter et recevoir des dons, sous forme de vêtements, ou de nourriture. Nous coopérons aussi avec un refuge pour ceux qui arrivent tard le soir et à qui il faut un endroit où dormir avant de prendre un bus ou un train vers le camp le lendemain matin.

Nous visitons différents camps pour suivre les gens que nous avons rencontré dans les gares, et chacun de nous remplit un rôle différent : parler aux médias, établir des liens, recevoir des dons, tenir le groupe Facebook, répondre aux questions, recevoir et trier les vêtements. D'autres sont chargés de répartir les tâches et de s'assurer que chaque équipe compte suffisamment de bénévoles. Toutefois, nous ne donnons pas de conseils juridiques et ne sommes là que pour réconforter les arrivants.

GV : Pourquoi faut-il aider les réfugiés et à quoi servent nos contributions ? 

FB : Le moindre pas peut faire une différence, même un petit geste peut apporter une journée pleine de bonheur. Les réfugiés ont vécu des choses inimaginables. Ils ne peuvent généralement pas être blâmés de ce qui se passe dans leur pays. Aucun ne mérite la vie qui lui a été imposée.

Mais ce qui est plus important, c'est que l'immigration est une crise mondiale qui nous affecte tous, et tous les pays à divers niveaux, et c'est une responsabilité commune que d'aider à faciliter le processus, pour que chacun puisse vivre en paix et avec au moins la couverture de ses besoins et droits minimaux.

Peu de gens ont la possibilité de se rendre à Lesbos ou d'être bénévole dans un camp, le plus aisé est de donner de l'argent pour que ceux qui peuvent y être physiquement puissent mettre cet argent directement entre les mains de ceux qui en ont besoin, sous forme de vêtements, nourriture et matériel médical.

Si nous assurons eau et vêtements d'hiver, nous pouvons en empêcher beaucoup de tomber malades, nous pouvons minimiser la faim et la souffrance, et les dons en général peuvent aider les équipes médicales à sauver les gens de la noyade. Voilà le changement, sans parler du soutien émotionnel et mental qui peut aider à traverser une grave épreuve. Tous les bénévoles et équipes de Lesbos sont forts en collaboration et coordination, et la totalité de l'argent va à ce qu'il faut pour couvrir l'ensemble des domaines. L'argent va partout où le besoin existe.

GV : Comment vous êtes vous préparées à ce voyage et comment d'autres peuvent-ils participer ? Est-ce facile ou difficile de marcher sur vos traces ?

FB : Deux de nos amies proches de Refugees Welcome Amsterdam ont décidé d'y aller, et commencent à préparer leur voyage. Nous avons voulu suivre leurs plans et leur façon de les réaliser. Bella et moi les rejoindrons de notre propre initiative et prendrons conseil auprès d'elles autant que de gens sur le terrain.

Il y a un énorme groupe Facebook pour tous ceux/toutes celles qui veulent se proposer comme bénévoles, il comprend toutes les équipes et oganisations, et les contacts essentiels à Lesbos. Il y a des documents donnant toute l'information nécessaire à chacun, sur là où il faut aller, dans quels hôtels séjourner, comment louer une voiture, où de l'aide est demandée, ce qu'il faut emporter, et quoi acheter pour les réfugiés, etc…

Les candidats-bénévoles viennent aussi poser des questions et obtiennent des réponses de ceux qui sont déjà passés par là.

Nous sommes en train de prévoir la logistique, le transport, et en contact avec plusieurs équipes sur le terrain pour établir où l'aide est la plus nécessaire.

Notre intention est de prendre un cours accéléré de secourisme pour pouvoir être utiles sur place quand il le faudra. Nous demandons aussi à nos amis et connaissances de nous aider à trouver notre équipement personnel, comme bottes, vestes imperméables, lampes frontales et autres.

GV : Quel est le rôle des médias sociaux pour aider les réfugiés et faire connaître leur situation ? Ce qui se publie sur les médias sociaux sert-il à quelque chose, ou bien cela finira-t-il par insensibiliser les gens et Ies faire se détourner de l'évolution d'événements qui traînent en longueur ?

Leonie et Babette : De façon générale les plateformes de médias sociaux sont très utiles pour sensibiliser à la question des réfugiés. Qui plus est, cela donne aux minorités la possibilité de faire connaître anonymement leurs idées et opinions. Même des manifestations peuvent sortir d'un mouvement de médias sociaux, conne on le voit bien dans le printemps arabe. Les récits d'autres réfugiés aident à coordonner et organiser leur évasion. S'ajoutant à cela, les médias sociaux amènent une attention et des actions plus grandes au niveau international, et, voire dans ce cas, mondial.

Nous pensons que les médias sociaux n'insensibilisent aucunement les gens. Normalement, les plateformes de médias ne traitent de ce genre de sujet que pour un temps limité, après quoi on discute d'un nouvel événement. Ce qui amène à oublier les crises précédentes. La situation des réfugiés étant maintenant discutée depuis longtemps déjà, les gens ont le temps de traiter du sujet et finissent par agir pour apporter un changemen.

GV : Les organisations internationales, dotées de plus de pouvoir et de ressources, sont sur le terrain pour aider les réfugiés. Pourquoi faire confiance à des individus qui s'y emploient ? Comment savons-nous où ira l'argent que vous collectez ?

FB : Il faut faire confiance aux personnes disposées à aider. En ce qui nous concerne, nous allons documenter tout notre séjour avec des photos que nous publierons sur les plateformes de médias sociaux. Nous envisageons même un blog sur notre voyage. Des amis ont proposé de se joindre à nous et de filmer le voyage en entier, nous en discutons en ce moment. Nous proposons de fournir matériel, films, images et interviews que les organes de médias intéressés pourront diffuser.

GV : Où peut-on vous suivre, vous et le travail que vous allez faire ?

FB : Régulièrement sur mon compte Twitter, @Fatenhbu et sur Instagram sur @impactlesvos.

L'équipe a déjà collecté en cinq jours 3.500 euros sur les 5.000 euros prévus. Vous pouvez les aider à atteindre leur but.

L'invention de scientifiques burkinabè et burundais pourrait éviter le paludisme à des milliers de personnes

lundi 9 novembre 2015 à 23:03
Screen Capture of Scientists presentation at Maker Faire in Rome , November 2014

Capture d'écran des scientifiques Niyondiko et Dembélé, vidéo de leur présentation à Maker Faire à Rome, Novembre 2014

[Article d'origine publié le 14/07/2015]

Pas besoin de dépenser des millions de dollars pour sauver des milliers de vies. Deux étudiants africains ont récemment démontré qu'il faut à peine plus de 46 centimes d'euros pour sauver des êtres humains et la solution se résume à un pain de savon.

Moctar Dembélé, originaire du Burkina Faso, et Gérard Niyondiko, né au Burundi, étudient à l'Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement de Ouagadougou (Burkina Faso). MM. Dembélé et Niyondiko connaissent bien la menace du paludisme, qui représente la principale cause de mortalité en Afrique subsaharienne. Chaque année, dans le monde, près de 600 000 personnes décèdent du paludisme — maladie développée par des parasites et transmise à l'homme par des piqûres de moustiques infectés. Elle comporte généralement des symptômes tels que de la fièvre, de la fatigue, des vomissements ou des maux de tête.

Pour pouvoir contrer la maladie, les chercheurs Dembélé et Niyondiko ont inventé un savon fabriqué à partir de plantes locales et d'ingrédients naturels, comme le beurre de karité ou l'essence de citronnelle, véritables répulsifs face aux moustiques vecteurs. Les étudiants ont appelé ce savon le « Faso soap ». Ce concept présente l'avantage d'être à la fois très pratique et abordable :

Afin de soutenir leur initiative, le Concours de l'Entrepreneuriat Social Étudiant de l'université UC Berkeley a récemment attribué à MM. Dembélé et Niyondiko la somme de 26 500 USD.

La science derrière le projet est relativement simple, nous explique Hugo Jalinière [fr], journaliste à Sciences et Avenir, magazine scientifique français :

Le savon possède deux caractéristiques : d’abord, une capacité à repousser les moustiques par son odeur. Mais il contient également un composant intérieur qui tue les larves et empêche leur prolifération dans les eaux stagnantes. Les tests effectués sur un échantillon de la population à Ouagadougou se sont en tous cas révélés assez concluants.

D'après l'Organisation mondiale de la santé, on recense environ 200 millions de cas d'infections du paludisme par an, à l'origine de près de 660 000 décès. Il n'existe pas encore de vaccin contre le paludisme, mais une pléthore d'antipaludiques est disponible pour traiter les divers symptômes. Les mesures de prévention sont nombreuses, bien qu'il n'existe pas de protection complète contre les moustiques vecteurs ; l'emploi de répulsifs fait partie des mesures préventives mises en place dans la région.

Les scientifiques ont étudié de façon approfondie les répulsifs antimoustiques à base de plantes. Sarah Moore, chercheuse à l'École d'Hygiène et de Médecine Tropicale de Londres, maintient que les résultats des études sur l'efficacité de tels répulsifs étaient peu probants jusqu'à présent, toutefois leur usage s'est développé, et ce, pas seulement à cause des mesures mises en place :

Le secteur des répulsifs à base de plantes est en pleine expansion, car les consommateurs recherchent des moyens de protection contre les piqûres d'arthropodes, à la fois sans danger pour la santé, agréables et durables sur le plan écologique. La situation se révèle en outre extrêmement favorable grâce à une grande variété de plantes aux composés insecticides potentiellement efficaces contre les insectes. Les nouveaux pyréthroïdes, pilier de la lutte antipaludique actuelle, sont à l'origine de progrès considérables et sans danger pour les mammifères.

Screen Capture of Interactive Africa Map of Artemisinins data via WWARN

Capture d'écran d'une carte interactive de l'Afrique relative aux artémisinines, réseau WWARN

Les experts Dembélé et Niyondiko sont malheureusement bien conscients des obstacles économiques à la lutte antipaludique. Le Burundi, pays natal de Gérard Niyondiko, se trouve en proie à une sérieuse crise humanitaire et se situe à la 167e place sur 177 pays évalués par l'Indice de développement humain des Nations Unies. Le Burkina Faso traverse depuis peu une période de bouleversements politiques et près de la moitié de sa population vit avec moins de 1,25 USD par jour.

Toute solution antipaludique durable proposée en Afrique se doit d'être abordable, étant donné le contexte historique et l'instabilité actuelle de la région. C'est en gardant cela à l'esprit que MM. Dembélé et Niyondiko ont cherché à concevoir un « Faso soap » aussi bon marché que possible.

Le projet tombe en somme à point nommé, alors que le Réseau international sur la résistance aux antipaludiques (WWARN) a récemment mis en garde les agences de santé sur le fait que la résistance à l'artémisinine était en augmentation :

Depuis février 2015, la résistance à l'artémisinine a été confirmée dans 5 pays […] Sur la plupart des sites, les patients infectés de parasites résistant à l'artémisinine guérissent tout de même au terme du traitement, à condition qu'il s'agisse d'une combinaison thérapeutique à base d'artémisinine (CTA) contenant un médicament associé efficace. Toutefois, le long de la frontière Cambodge-Thaïlande, le parasite P. falciparum a développé une résistance à presque tous les antipaludiques disponibles. Il existe un risque réel de multirésistance médicamenteuse qui émergera bientôt dans d'autres parties de la sous-région.

Les scientifiques Dembélé et Niyondiko savent que du chemin reste à faire ; ce qui ne risque pas de les décourager. M. Dembélé maintient que ce combat ne se limite pas à lutter contre la maladie ; il s'agit également d'apporter un regain d'espoir concernant l'avenir de l'Afrique. Après avoir remporté le concours de l'université UC Berkeley, il a annoncé :

Je suis très content que ce prix revienne en Afrique et particulièrement au Burkina Faso. C’est la première fois qu’une équipe non américaine remporte ce prix. C’est la fierté pour la jeunesse, c’est la fierté pour l’Afrique. Ça doit encourager la jeunesse à aller de l’avant.

Dakar, capitale du Web activisme africain du 26 au 28 novembre 2015

lundi 9 novembre 2015 à 17:41
Poster du lancement officiel de la Ligue des Cyber- Activistes africains pour la Démocratie

Poster du lancement officiel de la Ligue des Cyber- Activistes africains pour la Démocratie

ABLOGUI, l'association des blogueurs de Guinée, a publié un billet sur le site guineevote.com, qu'elle a créé pour une participation active à la veille électorale et à la diffusion d'informations à l'occasion des élections présidentielles du 11 octobre 2015, pour annoncer la conférence pour le lancement d'Africtivistes. Ce néologisme a été forgé pour désigner la naissante  ligue africaine des blogueurs et cyber-activistes africains. Elle aura lieu à Dakar capitale du Sénégal:

Trois jours durant — du 26 au 28 novembre 2015 — les cyber-activistes africains se rencontreront à Dakar au Sénégal pour le lancement officiel d’Africtivistes — la ligue des cyber-activistes africains pour la démocratie — ; autour du thème « L’Afrique engagée & déterminée à garantir & à construire la démocratie ».

Les participants pourront enfin se rencontrer après s’être côtoyés pendant des années sur les réseaux sociaux.

Ce rassemblement de blogueurs et cyber activistes existe grâce aux réseaux sociaux — sur lesquels diverses campagnes ont été initiées ; notamment #CIV2010 en Côte d’Ivoire lors des élections de 2010 et Sunu2012 au Sénégal pour les présidentielles en 2012. Africtivistes a, également, pu accompagner le processus électoral en Guinée lors des dernières élections en formant plus de 400 e-observateurs.