PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Des blogueurs hongrois attaquent en justice le syndicat étudiant

samedi 16 mars 2013 à 20:21

Les étudiants de la faculté de droit de l'Université ELTE en Hongrie assignent le syndicat étudiant pour avoir refusé de donner suite à une demande, allant ainsi à l’encontre de la liberté de l'information (FOIA). Les étudiants ont voulu connaître les bénéficiaires de bonus alloués par le syndicat pour un budget mensuel moyen de 2.500€. Ils ont indiqué sur leur blog ÁJK HÖK Figyelő (Le moniteur de l'union des étudiants de la Faculté de droit) [hu] que le comité à la tête du syndicat décidait unilatéralement de l'octroi des bonus. L'initiative des blogueurs du droit a remporté le soutien de l'Autorité Nationale Hongroise pour la Protection des données et la Liberté de l'Information, la première audience [hu] a attiré un public de 30 personnes.

Hugo Chávez et le Pérou

samedi 16 mars 2013 à 20:14

[Les citations proviennent de pages en espagnol]

Tout le monde le sait maintenant, Hugo Chávez, président du Venezuela, est mort le 5 mars, néanmoins, peu de gens  peut-être connaissent l'histoire des relations entre Chavez et le Pérou. Cette histoire a commencé en 1974, lorsque Hugo Chavez est arrivé au Pérou au titre de cadet au sein de la délégation militaire du Venezuela, pour commémorer les 150 ans de la bataille d'Ayacucho. C'est probablement de ce moment que date son admiration pour le général  Juan Velasco Alvarado, alors président du pays, à la tête d'un gouvernement révolutionnaire des forces armées.

Par la suite, en 1992, le Président Fujimori donna asile aux 93 militaires vénézuéliens, partisans de Chávez, qui tentèrent sans succès un coup d'Etat contre Carlos Andrés Pérez.

Le deuxième fait marquant de cette relation s'est produit pendant l'année 2000, alors que des rumeurs circulaient sur la protection accordée par le régime de Chavez, alors président du Venezuela, à Vladimiro Montesinos, réfugié politique après avoir été  conseiller du président du Pérou Alberto Fujimori.

La campagne électorale présidentielle au Pérou en 2006 a vu intervenir Hugo Chávez dans l'arène politique de ce pays par son appui plus qu'évident au candidat Ollanta Humala. Pourtant Humala n'a pas gagné cette élection et lors de sa candidature aux élections de 2011 qu'il a gagnées, il a évité de faire référence à ses relations avec Chávez. Néanmoins c'est depuis 2006 que fonctionnent au Pérou des Maisons de l'aube, une organisation à but humanitaire accusée à plusieurs reprises d'être en réalité l'instrument d'une ingérence, d'une infiltration du “chavisme” dans le pays.

Un autre fait qui alimente les spéculations fut l’apparition au Pérou de boites de conserves de poisson portant des portraits de Humala et de Chávez soit-disant dans le cadre d'une aide aux sinistrés du tremblement de terre de Pisco en 2007. L'aide de Chávez aux sinistrés ne s'arrête pas là. Dans le cadre d'un projet immobilier baptisé « Simón Bolívar » il offrit 100 maisons aux habitants de la ville à moitié détruite de Chincha. Ceux-ci ne manquèrent pas de souligner le contraste entre ce geste et le peu de soutien obtenu du gouvernement alors présidé par Alan García.

Hugo Chávez junto a Ollanta Humala en el palacio de Miraflores, en Venezuela. Foto compartida por el usuario de Flickr chavezcandanga, bajo licencia Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

Hugo Chávez et Ollanta Humala dans le palais de Miraflores, au Venezuela. Photo partagée par l'utilisateur de Flickr chavezcandanga, sous licence Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

On peut ainsi comprendre que le président vénézuélien ait provoqué par ses initiatives politiques au Pérou des réactions plus importantes qu'ailleurs. Dans ce pays, la majeure partie de la classe politique à l'exception de la gauche n'a pas sympathisé avec lui, il n'était pas bien vu non plus dans la presse avec les mêmes exceptions à gauche. Pourtant les réaction dans les blogs à l'annonce de sa mort ont été assez modérées.

Par exemple Jorge Enrique Seoane Morla, de Metro Press & Photo, s'interroge sur le futur des pays qui recevaient une aide du Venezuela sous le régime, et déclare:

A tort ou à raison, il a prétendu être le fédérateur de l'Amérique Latine autour de lui au sein d'une “Révolution Bolivarienne” en laquelle les intellectuels et les historiens du Pérou ne croient pas. Ils pensent que l'action de Simón Bolívar a été néfaste au intérêts de leur pays (……) Heureusement, le Pérou de Ollanta Humana (et de Nadine son épouse) a pris ses distances avec le Venezuela et l'infiltration par les “maisons de l'aube” : nous sommes libres!

Le blogeur Luis Vigil a republié il y a quelques temps un article d'un historien, Antonio Zapata, portant sur la relation entre Chávez et Fujimori :

Il y a des médias qui ne veulent pas s'en souvenir mais Humala n'est pas l'allié principal d'Hugo Chávez dans notre histoire politique, c'était plutôt Fujimori. Un régime autoritaire a créé des liens fraternels entre le Pérou des années 1990 et le Venezuela de la République socialiste et bolivarienne.

Juan Acevedo, caricaturiste péruvien bien connu, fait une petite analyse du phénomène Chávez sur son profil Facebook, il  termine ainsi :

Quand  Chávez est arrivé, il m'est apparu bien intentionné et imprudent. C'était d'abord un soldat qui se battait et en  faisait beaucoup ( …..)  Chávez comme Fidel Castro, Velasco et d'autres, sont tous les mêmes , ils croient qu'ils pourront changer l'histoire, ils entrent totalement dans ce rôle, il font évidemment des erreurs, et des grosses, mais ils vont jusqu'au bout. D'autres ne font que s'adapter comme ceux qui se prétendent réformistes. Espérons que nous ne cesserons jamais de croire que nous pourrons changer ce qui est injuste, ce qui est mauvais, ce qui est faux….

Le professeur et journaliste Hugo Neira se souvient du Venezuela qu'il a connu autrefois et cite ses propres articles :

Je n'ai jamais aimé ce que j'ai vu : l'extrême décomposition sociale d'un des pays non seulement les plus riches du continent mais aussi bénéficiaire d'une rente pétrolière enviable. J'ai vu cette dégradation de la vie sociale au Venezuela au milieu de la splendeur de ses classes moyennes. Ils étaient aveugles à la pauvreté sur les collines, au désarroi des miséreux face aux nantis qui ne méritaient pas leur fortune. Il est arrivé ce qui est arrivé: Chávez s'est imposé: “Il est venu, l'homme des savanes, il n'est plus seul, il est là pour longtemps, il a à peine 50 ans, il va redistribuer les dividendes de la rente pétrolières vers le bas, vers le peuple. La méthode ne convient peut-être pas à tout le monde, mais c'est ce qui arrive aux pays qui vivent de rentes, le Venezuela aujourd'hui, l'Argentine hier, quand l'égoïsme de la société laisse se créer une masse énorme d'exclus.

Neira continue :

Je n'aimais pas Chávez, je n'aimais pas non plus le Venezuela d'avant Chávez, c'est aussi simple que cela (….) Chávez a été plébiscité pour corriger une démocratie corrompue mais il a inventé la “démocratie directe” , en fait tout ce qui devenait direct a cessé de l'être. Il n'aimait pas les mots “compromis ou médiation”, en fait ce qui manquait au Venezuela et ce qui est l'essence de toute véritable politique. Chávez est un politique de l'anti politique comme le sera Fujimori. On l'a appelé pour soigner la peste, il a apporté le choléra. Et pourtant personne n'a complètement raison, ni l'opposition ni les chavistes, chacun porte sa part de la réalité souffrante du Vénézuela.

Par-delà toute opinion politique, le Pérou a accueilli avec respect l'annonce de la mort de Hugo Chávez. Le Congrès de la république a demandé une minute de silence à sa mémoire, alors que beaucoup considéraient qu'il avait été un dictateur. Autour de l'ambassade du Venezuela à Lima, des sympathisants se sont regroupés pour manifester leur chagrin et lui rendre un dernier hommage. Le gouvernement, pour sa part a décrété trois jours de deuil national, et le Président Humala a pris la tête d'une délégation qui s'est rendue à Caracas pour les funérailles du président Chávez. D'autre part le maire provincial de Chincha  a fait part de la décision d'ériger un buste en l'honneur du président vénézuelien.

Billet original publié sur le blog Globalizado de Juan Arellano.

L'assassinat de Parveen Rehman prive le plus grand bidonville du Pakistan de son ange gardien

samedi 16 mars 2013 à 16:32

(Les liens renvoient vers des pages en anglais)

Parveen Rehman, une travailleuse sociale de premier plan au Pakistan, a été abattue par des tireurs non identifiés au milieu d'une escalade de violence ethnique, religieuse et criminelle dans la métropole de Karachi. Parveen Rehman, 56 ans, a été tuée le 13 mars 2013 aux portes d'Orangi, où elle dirigeait le Orangi Pilot Project (OPP), une des ONG les plus efficaces du Pakistan, au service des déshérités.

Orangi, considéré comme le plus grand bidonville d'Asie, abrite près d'un million d'habitants à Karachi. Architecte diplômée, Parveen travaillait aussi inlassablement à documenter chaque parcelle du bidonville tentaculaire et de la ville, pour préserver les terrains de la mafia du foncier bien connue de Karachi, dont elle recevait des menaces de mort depuis des années.

Parveen Rahman. Image from Twitter courtesy Alexpressed

“Parveen Rehman dans son bureau d'Orangi. Elle a changé la vie d'un demi-million de personnes. Orangi a perdu sa mère.” Image sur Twitter de @Alexpressed

Sur son blog Alexressed Journal d'un Pakistanais préoccupé, Ale Natiq écrit :

La plupart la connaissent comme la directrice du Orangi Pilot Project mais elle était plus qu'une simple directrice d'ONG. Elle et son organisation ont laissé des empreintes sur une grande partie de Karachi et ont influé sur des milliers de vies. On peut dire sans exagérer qu'elle a influé d'une façon ou d'une autre sur les vies d'un demi-million de personnes ou la moitié de la population d'Orangi. Les taudis de Karachi et les katchi abadis ont perdu une figure maternelle.

Parmi d'autres événements marquants, l'OPP est renommé pour avoir initié un des programmes d'assainissement d'initiative locale les plus efficaces du monde. Depuis ses débuts en 1980, il a aidé 2 millions de personnes à améliorer leur assainissement en installant le tout-à-l'égout et des toilettes d'intérieur dans tout le Pakistan.

Steve Inskeep, animateur de l'édition matinale de la NPR et auteur de Instant City Life and Death in Karachi (Vie et mort instantanée à Karachi), qui présente un entretien avec Parveen, se souvient sur Twitter :

 @NPRInskeep: Les étrangers étaient un peu nerveux rien qu'à se rendre à Orangi, l'immense zone de Karachi infestée par les gangs où Rahman travaillait avec entrain tous les jours.

Violence de Karachi

Le même jour que Parveen, sept autres personnes ont été tuées dans divers faits de violence dans la ville. Les utilisateurs de Twitter du Pakistan ont éprouvé un extrême sentiment de perte et de chagrin. Le Directeur pour le Pakistan de Human Rights Watch Ali Dayan Hasan a tweeté le 14 mars 2013 :

@AliDayan (Ali Dayan Hasan): Lentement mais sûrement, les meilleurs et tout ce qu'il y a de bon dans notre pays se font cibler et tuer.#ParveenRehman #Pakistan

Un sentiment auquel d'autres ont fait écho, tels les journalistes Beena Sarwar, Mohammad Hanif et l'éditorialiste Cyril Almeida :

@beenasarwar (beena sarwar): #ParveenRehman RT @mohammedhanif: voilà le plus triste. Et nous qui pensions avoir vu trop de tristesse. Cela n'arrive même plus à soulever la colère.

@cyalm (cyril almeida): Une pensée égoïste ce soir : suis malade à l'dée du nombre croissant de gens dans mon répertoire téléphonique qui ont été fauchés. Trop de mort.

@BhopalHouse (Faiza S Khan): Je me rends compte, je sais depuis quelque temps qu'il n'y a pas de fond où le Pakistan ne s'enfoncera pas. Reconnaissant de me sentir encore le coeur brisé. Bientôt ça aussi sera fini.

@AmSayeed (Amima Sayeed): la propagande négative contre les ONG a conduit à ça : #ParveenRehman tuée par balles. La haine aveugle qui ne voit pas leur apport !!

Tribute to social worker Parveen Rehman killed by terrorist in Karachi, Image by Ayuib. Copyright Demoyix (14/3/2013)

Hommage à Parveen Rehman, la travailleuse sociale tuée par des terroristes à Karachi, photo Ayuib. Copyright Demotix (14/3/2013)

Parveen luttait contre la mafia du foncier de Karachi

Avant de rejoindre l'OPP en 1982, Parveen travaillait comme architecte. Elle continuait depuis à enseigner dans différentes écoles d'architecture pour former des architectes socialement responsables dans le pays. Parveen a passé des années à faire des relevés de terrains sur les franges de la métropole de Karachi en constante expansion. Selon ses étudiants et collègues elles recevait des menaces de mort de la mafia impliquée dans l'accaparement de terrains urbains précieux :

Mme Rehman compilait avec ardeur les archives de terrains de valeur, situés aux franges de la ville sous forme de villages mais en voie d'engloutissement rapide dans ses étendues à cause de la demande toujours croissante de milliers de familles migrant chaque année à Karachi depuis tout le pays. Elle disait publiquement que quelque 1.500 goths (villages) avaient été fusionnés à la ville depuis 15 ans. Les accapareurs de terrains les divisaient en parcelles et gagnaient des milliards avec leur vente.

Le journaliste Fahad Desmukh a tweeté son entretien audio avec Parveen Rehman, où elle évoque les menaces de la mafia du foncier à Karachi : 

@desmukh (Fahad Desmukh): Parveen Rehman: “Nous avons dit : Tout ce que vous pouvez faire c'est nous tuer. Que pouvez-vous faire d'autre ? Nous n'avons pas peur de vous” #LandMafia

L'artiste pakistanaise SesapZai écrit sur son blog :

J'ai presque l'impression que les gens au Pakistan ne veulent pas se développer ; le développement est un monstre qui rôde et devient une énorme menace dès que quelqu'un essaie de le faire avancer. Et plutôt que de soutenir et encourager ces courageux humanitaires, comme Parveen Rehman, qui ont consacré et mis en jeu leur vie pour aider les plus pauvres de la région à vivre de meilleures vies, on les assassine. Et avec eux, tous les espoirs et rêves d'un avenir meilleur, plus auto-suffisant économiquement, s'évanouissent également.

Caracas Chronicles : Du blog au livre

samedi 16 mars 2013 à 09:54

Blogging the Revolution: Caracas Chronicles and the Hugo Chávez Era [Bloguer sur la Révolution : Chroniques de Caracas et l’ére Hugo Chávez] réunit le meilleur de notre travail des dix dernières années : 150 billets qui résistent à l'épreuve du temps.

Francisco Toro et Juan Cristobal Nagel du blog Caracas Chronicles [Chroniques de Caracas] ont publié un livre qui promet de réunir “l'essentiel des informations nécessaires pour une compréhension fine et nuancée du Vénézuela de l’ère Chávez”. Ce livre est disponible au format électronique comme au format papier.

Parallèle entre guerres de religion et guerres des droits d’auteur

vendredi 15 mars 2013 à 23:53

Rick Falkvinge, le fondateur du Parti pirate, fait une nouvelle interprétation des guerres de religion qui ont dévasté l’Europe occidentale aux XVIème et XVIIème siècles. Il fait un parallèle avec la lutte actuelle pour le contrôle de l’information par le biais de législations autoritaires portant sur les droits d’auteur et la liberté d’expression :

Les guerres de religion n’ont jamais vraiment porté sur la religion en tant que telle. Leur but était de savoir qui avait le pouvoir d’interprétation, qui contrôlait la connaissance et la culture accessibles aux masses. C’était une guerre entre gardiens de l’information.