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Yandex le principal moteur de recherche russe s'est-il autocensuré pour protéger le porte-parole du Kremlin ?

dimanche 30 août 2015 à 17:24
"This watch I got here was first purchased by your great-granddaddy." Peskov replaces Christopher Walken's Capt. Koons from "Pulp Fiction." Image edited by Kevin Rothrock.

«La montre que voilà a été achetée par ton arrière-grand-père». Peskov remplace Christopher Walken dans le rôle du capitaine Koons de «Pulp Fiction». Illustration Kevin Rothrock.

Dmitri Peskov, le secrétaire de presse de Vladimir Poutine, ne sait plus quoi inventer pour faire la Une de l'actualité. Ce mois-ci, son nom était au cœur de deux scandales médiatiques liés à ses goûts de luxe : l'un concernait la montre de poignet qu'il arborait à son mariage, l'autre la location plutôt onéreuse d'un yacht en Méditerranée pour sa lune de miel.

Voilà que «la montre de Peskov» [en anglais] fait à nouveau le buzz sur la Toile. Les internautes ont découvert le week-end dernier que Yandex, le moteur de recherche le plus utilisé en Russie, donnait en réponse à une requête sur «la montre de Peskov» («песков часы») des résultats sensiblement (et curieusement) différents de ceux que fournit Google. Si vous entrez cette requête dans la recherche d'images de Google, vous obtenez un mur d'images en rapport avec Dmitri Peskov et le récent scandale de sa montre Richard Mille RM 52-01, dont le prix s'élèverait au moins à 620 000 dollars US.

Et pourtant, une recherche Yandex sur ce thème ne donnait rien jusqu'au dimanche 23 août au soir. A la place, Yandex fournissait des images de sabliers [à cause de l'homonymie entre le nom «Peskov» et le mot «sable» en russe] et de montres posées sur le sable.

Ahahaha #yandexfaitdanssonfroc #censure #montredepeskov

Yandex s'étant attiré les railleries des internautes pour cette tentative évidente de purger les résultats de recherche d'images de tout contenu politique, le compte officiel du moteur de recherche sur Twitter a réagi en la qualifiant d'«erreur» et en promettant de la corriger.

Quand on cherche «montre de Peskov», Yandex ne fournit que des images de sablier. @Liveuamap
Merci d'avoir attiré notre attention sur cette erreur, nous allons la corriger. @yandexsupport

Depuis, Yandex semble filtrer de façon légèrement différente les images fournies en réponse à cette requête, et on a maintenant droit à quelques photos du mariage de Peskov – même si les dix premiers résultats continuent à afficher sabliers et montres sur la plage.

Yandex image search results for "Peskov watch" ("песков часы"). Screen capture, August 23, 2015.

Les résultats fournis par Yandex en réponse à la requête «montre de Peskov» après soi-disant «correction» de l'«erreur», le 23 août 2015.

Pourquoi la réponse de Yandex à une recherche d'images politiquement sensible diffère-elle à ce point de celle de Google ? Pour le moment, Yandex n'a pas donné d'explication officielle.

GV Face: tout ce qu'il faut savoir sur les manifestations YouStink de Beyrouth

dimanche 30 août 2015 à 12:29

Les 22 et 23 aout, la plus importante manifestation de ces dernières années a eu lieu à Beyrouth. Plus de 100 000 personnes ont défilé pour adresser un message au gouvernement : “You stink” (vous puez).

Dans cet épisode de la série d'entretiens en vidéo de Global Voices, GV Face, Faten Bushehri s'entretient avec Joey Ayoub, qui travaille en relation étroite avec le comité organisateur de You Stink ou طلعت ريحتكم.

La crise des ordures, au Liban, a commencé le 17 juillet, quand les villageois ont fermé d'autorité une décharge d'ordures située sur le territoire de leur commune et qui dessert les collectes d'ordures de Beyrouth et du Mont Liban (presque la moitié de la population du Liban).

Le gouvernement ne gérant pas ou mal la crise, les ordures ont continué à s'amonceler dans les rues, forçant les habitants à s'équiper de masques pour lutter contre la puanteur.

Le collectif You Stink a été créé pour demander aux autorités de trouver une solution à la crise des ordures. Des rassemblements ont été organisés. Mais les revendications ont vite dépassé le seul problème des ordures, pour parler de problèmes plus vastes, comme la corruption de l'actuel gouvernement.

Le Liban, affecté par un manque d'infrastructure et des coupures régulières d'électricité, n'a plus de président depuis plus d'un an. En  2009, le parlement a prolongé unilatéralement son mandat jusqu'en 2017, sans élections, en prétextant l'instabilité politique.

Voici un extrait d'un post publié par Joey Ayoub deux semaines avant le début des manifestation, intitulé  “Can Talking About Trash Drive Political Change in Lebanon?”:

J'ai eu la chance de connaitre un Liban qui n'est pas atteint par une telle impuissance. J'ai éprouvé le ‘bonheur politique’, expression définie par l'anthropologue David Graeber comme l'expérience d'être capable de faire sens d'une situation par la réalisation d'un but commun. L'impression d'avoir confiance dans les gens autour de vous parce que vous vous consacrez tous à résoudre le même problème. C'est tout récemment que je l'ai éprouvé, grâce à mes interactions avec  طلعت ريحتكم (‘tol3et re7etkom’, ‘You Stink’), un mouvement citoyen créé en réaction à l'incapacité du gouvernement à résoudre la crise des ordures.

 

Sierra Leone : le personnel soignant danse pour fêter la guérison de la dernière personne infectée par le virus Ebola

samedi 29 août 2015 à 16:09

[Tous les liens renvoient vers des pages web en anglais].

En Sierra Leone, Adama Sankoh, la dernière patiente du pays traitée pour la maladie à virus Ebola a enfin quitté l'hôpital. En date du 25 août 2015 commence alors pour le pays un décompte de 42 jours afin de pouvoir considérer officiellement l'épidémie du virus Ebola en Sierra Leone comme terminée.

D'après l'Organisation mondiale de la Santé, l'épidémie Ebola aurait déjà tué 3 952 personnes en Afrique de l'Ouest.

Pour célébrer cette étape, le personnel soignant de l'unité de traitement d'Ebola de Makeni (la troisième plus grande ville de Sierra Leone) a dansé et chanté. La vidéo YouTube ci-dessus, postée par l'ONG International Medical Corps, vous en montre un aperçu [vidéo en anglais, avec sous-titres en anglais].

En Sibérie, un éleveur de rennes défie les géants du pétrole

vendredi 28 août 2015 à 22:16
Sergey Kechimov montre les traces laissées par les compagnies pétrolières sur les terres Khanty. Avec l'autorisation de Denis Sinyakov/Greenpeace.

Sergey Kechimov montre les traces laissées par les compagnies pétrolières sur les terres Khanty. Avec l'autorisation de Denis Sinyakov/Greenpeace.

Ceci est une version en ligne d'un article écrit par Mikhail Matveev pour 350.org, une organisation qui cherche à fonder une alliance mondiale pour le climat. Il est publié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Le 17 août, une audience de cinq minutes s'est tenue au tribunal de province du district de Surgut en Sibérie. Le prévenu, Sergey Kechimov, un éleveur de rennes de Yugra et l'un des quelques Khanty encore en vie, est accusé d'avoir menacé de tuer deux ouvriers de Surgutneftegaz – l'une des plus grandes compagnies pétrolières russes. Une condamnation pourrait, selon le Code pénal russe, lui coûter deux ans de prison.

Durant l'audience, les avocats ont fait savoir au juge Asharina que Kechimov ne disposait pas d'interprètes lors de l'enquête. Bien qu'il ait admis que les droits de Kechimov n'avaient pas été respectés, le juge a décidé de poursuivre la procédure. Les prochaines audiences auront lieu le 12 septembre. Mais ce cas va bien au-delà des accusations qui sont faites.

Le cas Kechimov pourrait être considéré comme un cas de petite délinquance et comme n'étant pas digne de l'attention du public. Selon les éléments de l'enquête, le conflit est survenu lorsque Kechimov a abbatu un chien possédé par les ouvriers de la compagnie pétrolière qui avaient tué un renne de son élevage et qui l'avaient également attaqué. Les ouvriers de la compagnie pétrolière ont affirmé que Kechimov leur avait aussi ordonné de quitter ses terres ancestrales et leur avait demandé une compensation financière, tout en les menaçant de son fusil.

Kechimov est l'un des derniers Khanty vivant près du lac Imlor. Durant des siècles, les Khanty ont déifié et célébré la nature, avec la croyance qu'aucun individu ne peut lui prendre plus de biens que ceux qu'elle est en mesure de partager.

Quand les compagnies pétrolières sont arrivées, le lac sacré Imlor est devenu une source inépuisable d'hydrocarbures, a été déterioré par le pétrole et fut mutilé de laides constructions. Il n'est donc pas surprenant que les Khanty aient décidé de ne pas vivre aux côtés des nouveaux arrivants, abandonnant leurs terres ancestrales aux ouvriers du pétrole.

Ceux qui comme Kechimov ont eu le cran de rester sont devenus une nuisance constante pour les compagnies pétrolières. Les mesures gouvernementales adoptées pour protéger les droits des peuples anciens leur fournissent une motivation supplémentaire pour se débarrasser rapidement de ces habitants.

Pour la population locale, la présence des compagnies pétrolières rappelle l'époque de l'occupation militaire – avec les barrages, les humiliants contrôles de documents et les fouilles personnelles par les gardes de sécurité privée.

L'affaire Kechimov n'est donc pas seulement un conflit d'individus : c'est l'expression de la confrontation entre deux approches incompatibles de la relation entre l'homme et la nature. Un conflit qu'il revient maintenant au juge Asharina du 2nd sous-district de la Cour du district de Surgut de résoudre.

Vous pouvez trouver une pétition Change.org en faveur de Kechimov ici.

Les Communautés Tech en Afrique Francophone Répondent au Défi de leurs Homologues Anglophones

jeudi 27 août 2015 à 19:19
4 communautés tech qui s'épanouissent en Afrique (Akendewa CIV, Habaka, Mg; Qleasy, CIV; JokkoLabs, SEN)

4 communautés technologiques qui s'épanouissent en Afrique (Akendewa CIV, Habaka, Mg; Qelasy, CIV; JokkoLabs, SEN)

Ces dernières années, les médias foisonnent d'histoires d'une «renaissance africaine via le numérique”, des merveilleuses promesses de la «Silicon Savannah” et d'autres centres de technologie en Afrique sub-saharienne. Cette médiatisation avait atteint son paroxysme lors de la visite de Barack Obama lors du Global Entrepreneurship Forum à Nairobi. Pourtant, l'Afrique francophone a été remarquablement absent  de cette couverture médiatique avec l'attention du monde largement centrée sur les pays anglophones en bonne place comme le Nigeria, le Kenya, l'Afrique du Sud et le Ghana. Ainsi les 30 meilleurs Startups en compétition dans le prochain concours DEMO pitch Africa, seuls trois pays sont des francophones: deux du Cameroun (qui est aussi à moitié anglophone) et un de la Côte d'Ivoire. Généralement, il y a un consensus que les secteurs de la technologie en Afrique francophone sub-saharienne ont un retard considérable sur leurs homologues anglophones. Cependant, la tech francophone en Afrique semble prête à relever le défi avec l'éclosion de jeunes projets prometteurs dans l'innovation numérique.

Quelques indices sur les sources potentielles du problème:  Les entrepreneurs francophones sont encore plus limitées par le manque de financement que leurs cousins ​​anglophones. La plupart des fournisseurs de capital financier en technologie sont des investisseurs anglo-saxons, qui sont plus réticents à investir en Afrique francophone et moins susceptibles de connaitre les startups africains francophones. En effet, l'Afrique francophone est pratiquement dépourvue d'investisseurs nécessaires pour lancer véritablement les incubateurs technologiques relativement aux pays anglophones.

Malgré ces obstacles, les choses commencent à changer. Le Sénégal est pionnière dans le lancement  de nombreuses entreprises IT. Jokkolabs, le premier incubateur d'entreprises en Afrique sub-saharienne de l'Afrique francophone, a ouvert ses portes à Dakar en 2010.  Depuis, ils ont organisé une série de hackathons, formations (#Codecamp), et des conférences (comme #Failcon #Dakar du mois dernier). Jokkolabs partage maintenant son modèle à travers l'Afrique de l'Ouest, avec des branches ouvertes en Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Bénin et bientôt au Maroc. En 2012, le Sénégal est devenu le premier pays africain francophone à accueillir une conférence sur les startups.

Mais la Côte d'Ivoire est peut-être sur le point de dépasser le Sénégal sur la scène technologique. Premier hub technologique du pays, Akendewa, a été lancé en 2009 et est resté actif tout au long de la crise 2010-2011. Le pays a également généré des startups prometteuses qui répondent aux problèmes spécifiques rencontrés par les Ivoiriens, comme Qelasy (une tablette éducatif pour les enfants) et TaxiTracker (une application de géolocalisation pour répondre aux préoccupations en matière de sécurité avec les taxis ivoriens). Le Togo voisin a également  briller dans le “Maker” mouvement africain, avec son plus célèbre “fab lab,” Woelab, et le lancement plus tôt cette année d'une nouvelle fab lab dans le nord du Togo. Le premier incubateur au Niger, CIPMEN, a été créé avec le financement du géant des télécommunications français Orange.

Mais le dynamisme tech n'est pas limité à Afrique de l'Ouest. En République du Congo (Brazzaville),  une société nommée VMK, qui avait lancé la première tablette africaine et Smartphone il ya quelques années (vendu au Congo et en Côte d'Ivoire), et qui vient d'inaugurer sa première usine de fabrication de ces dispositifs, le 22 Juillet à Brazzaville. Fondateur et PDG de VMK, Verone Mankou, également fondée BantuHub, une plaque tournante de la technologie sans but lucratif et le démarrage incubateur à Brazzaville. À proximité Cameroun dispose également les non-lucratif ActivSpaces bilingues, premier accélérateur de démarrage du pays, qui vient de terminer sa première classe de startups en Juin.

A Madagascar, Habaka se distingue par ses multiples projets sur la scène de l'innovation et en soutien à des projets éducatifs sur le numérique.

Habaka est  un projet né en 2011, initié à la base par des acteurs indépendants du web malagasy (blogueurs et travailleurs indépendants dans les nouvelles technologies). La vidéo qui suit présente les projets participants lors du TEDx dans la capitale à Antananarivo:

Tous ces centres d'incubation technologiques en Afrique francophone sub-saharienne sont prometteuses, mais les exemples de succès fulgurants de startups dans ces pays sont encore minimes. En outre, un grand nombre de startups de la région sont financés par des organismes sans but lucratif ou des gouvernements, mais pas par des investisseurs privés. (sauf au Sénégal avec la création récente de Téranga Capital, une société de capital risque social financés par le privé pour fournir un financement de démarrage pour les petites entreprises). Et tandis que l'entrepreneuriat technologique ne pourrait pas, en tant que secteur, contribuer de manière significative à la croissance économique des pays francophones en Afrique, il a quand même le potentiel pour produire des innovations locales qui pourraient améliorer le quotidien des citoyens du continent.