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Sénégal : La dignité avant le visa pour la France

lundi 24 juin 2013 à 12:07

J'ai pris la décision de renoncer, malgré l’obtention du visa. [..] Renoncer au nom de tous ces milliers de Sénégalais qui méritent le respect, un respect qu'on leur refuse au sein de ces représentations de la France, en terre sénégalaise, qui plus est.

Ce sont les mots de Bousso Dramé dans sa lettre ouverte au Consulat de France de Dakar,au  Sénégal. Bousso Dramé est sénégalaise, consultante, diplômée de la London school of economics et devait se rendre à Paris suite à l'obtention d'un prix. Le traitement qu'elle a subi alors qu'elle demandait un visa est une expérience familière à de nombreux citoyens africains, comme le prouvent les nombreuses réactions en ligne provoquées par sa lettre ouverte.

Des questions sur la pertinence d'une révision de la constitution au Bénin

lundi 24 juin 2013 à 12:01

La question de la révision de la constitution du 11 décembre 1990 continue de faire couler beaucoup d’encre au Bénin. En effet, le Président de la république a envoyé un projet de texte à l’Assemblée nationale le 10 juin 2013 alors qu’il a signé le décret le 06 juin dernier soit à la veille de l’installation de la nouvelle mandature de la Cour constitutionnelle. Pour l'opinion publique et plusieurs acteurs politiques, l'objectif de cette révision est clair. Le chef d'état Yayi Boni a d’abord écarté l’élément gênant Robert Dossou du jeu avant de passer à la vitesse supérieure. D'aucun suspecte  Yayi Boni de vouloir rester au pouvoir après 2013. Ce qui à priori est peu probable, puisque dans le texte intégrale du projet de texte à l'assemblée nationale, il est bien précisé que :

Les options fondamentales suivantes énoncées à la Conférence Nationale des forces vives de la Nation de février 1990 et considérées comme socles de notre Constitution seront préservées. Il s’agit de : – l’Etat de droit , – la démocratie libérale; – la forme républicaine de l’Etat; – le multipartisme intégral; – la nature présidentielle du régime; – la limitation du mandat du Président de la République; – l’âge des candidats à l’élection du Président de la République.

 

L'emblème du Bénin via wikipédia CC-BY-3.0

L'emblème du Bénin via wikipédia CC-BY-3.0

De plus, pour rassurer le peuple béninois et garantir une large adhésion, le Président de l'Assemblée Nationale a appelé à organiser une consultation sur le contenu du projet de révision de la Constitution en précisant que:

ce projet de loi portant sur la relecture de la loi fondamentale du Bénin respecte les engagements prises par la nation béninoise à la Conférence des Forces vives de la nation de février 1990, en ce qui concerne le mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une fois, la limite d'âge de 40 ans au moins et 70 ans au plus pour tout candidat à l'élection présidentielle et enfin le type présidentiel du régime politique.   Outre ces acquis démocratiques, souligne le président du Parlement du Bénin, ce projet de loi portant révision de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990, comporte trois principales innovations répondant parfaitement aux préoccupations de la classe politique béninoise, notamment la création et la constitutionnalisation de la Cour des comptes, la constitutionnalisation de la Commission électorale nationale autonome et enfin l'imprescriptibilité des crimes économiques dans le cadre de la moralisation de la vie publique.

 

Et nous nous rappelons que le Président de la République s'est lui même déjà prononcé sur le sujet plusieurs fois en martelant qu'il ne se représentera pas en 2016.

 

Par ailleurs, ces ministres comptent bien le soutenir puisque l'opération “Touche à Ma Constitution” en référence au slogan “Touche pas à ma constitution” des opposants à la révision, a été lancé le 20 juin dernier par le Ministre Benoit Degla afin d'accompagner les réformes du Chef de l'Etat. Cependant, tout ceci est loin de rassurer l'opinion publique. Sur son Blog, Benoit Illassa accuse le président de vouloir crucifier la démocratie béninoise.

Selon les propos d'Abdourhamane Touré,journaliste, qu'il rapporte,Un autre coup est en préparation afin qu’il se donne les moyens de continuer au-delà de 2016 l’exercice du pouvoir d’Etat. On a vu cela venir. Le premier à l’avoir flairé, c’est Me Robert Dossou, ancien président de la Cour constitutionnelle. Jugé pendant toute sa présidence d’être aux ordres de Yayi Boni, il a refusé de donner carte blanche à une révision opportuniste de la constitution du 11 décembre 1990. Sans doute pour se venger et se mettre en position de force pour aller jusqu’au bout de ses ambitions, le président de la République ne l’a pas reconduit lors de la désignation des membres du gouvernement pour siéger à la 5ème mandature de la Cour constitutionnelle.

 

Le Blogueur invite par ailleurs,le président à ne pas toucher une seule virgule de la constitution. Pour ce dernier, “le danger ne réside pas dans la modification de l’article 42 de notre Constitution, mais dans des retouches habiles qui déboucheront sur une nouvelle république. Et le journaliste n'est pas le seul à désapprouver cette révision, le responsable politique Janvier Yahouedehou aussi dit non, et pour cause:

Le contexte régional ne s’y prête pas. Modifier la Constitution de son pays au cours du deuxième et dernier mandat est la nouvelle trouvaille de certains chefs d’Etat africains pour s’éterniser au pouvoir. La stratégie est simple et reste la même :                • Dans un premier temps, annoncer au peuple son engagement ferme à ne  pas briguer un autre mandat pour endormir les esprits ;        •Dans un deuxième temps, utiliser des arguments comme la modernisation et la création de nouvelles institutions afin d’honorer des obligations vis-à-vis de partenaires financiers, etc. comme prétextes pour modifier la loi  fondamentale avec comme conséquence une nouvelle République, permettant de facto au chef de l’Etat sortant de se repositionner pour d’autres nouveaux mandats. Les exemples font aujourd’hui légion. 3- Le contexte national ne s’y prête pas. Il y a des besoins plus urgents: – En 2006 vous aviez promis aux béninois l’autonomie énergétique, où en sommes-nous 7 ans après au regard des graves situations de délestage ? – En 2006, vous aviez promis aux béninois, de transformer notre pays en un village numérique, où en sommes-nous sachant que le Bénin est classé avant-dernier en termes de qualité de l’internet par socialnetlink ? ….

Pour d'autres opposants comme Charles TOKO, l'ancien président de la cour constitutionnelle , Robert DOSSOU a été éjecté de la Cour car il a décidé : « …ne peuvent faire l’objet de question à soumettre au référendum, les options fondamentales de la Conférence nationale de février 1990 à savoir : ….le mandat présidentiel de 5 ans renouvelable une fois… » et a ainsi mis en déroute le funeste dessin de la mouvance présidentielle. Sur Twitter,non plus,les internautes béninois n'acceptent pas la révision de la constitution et ça discutent toujours, notamment sur twitter:

@lionelchobli: Tout le monde est en Révision au #Benin. Les enfants pour les examens et les papas pour la Constitution !

@EAHOUNOU: BENIN, au fait o se trv auj Mme “Ne touche pas a Ma Constitution” Pense t-elle que TBY. a + de légitimité q MK pour la modifiée #team229

@domingo_inc: Stop! yayi boni pas de revision de constitution au Benin”

@Nangnin: Qu'est-ce j'apprends? Que le PR du Bénin veut changer la constitution pour se maintenir? J'espère que le bon sens l'en découragera #civ2010 ”

@Nangnin: @wirr2011 tu poses la bonne question: est-il opportun, nécessaire de modifier la constitution? #benin @macmady @freeci3

 

Après l'attentat de Kaboul, les talibans ouvrent un bureau à Doha

lundi 24 juin 2013 à 11:57

Le 18 juin dernier, un attentat suicide a secoué [en français] un quartier ouest de Kaboul en Afghanistan, causant la mort d'au moins trois personnes et en blessant plus d'une vingtaine. L'explosion a eu lieu peu avant que la force internationale d'assistance et de sécurité (ISAF) ne transfère officiellement le contrôle de la sécurité dans les régions de l'est et du sud de l'Afghanistan aux forces afghanes de sécurité nationale. Alors que les afghans apprenaient la nouvelle dans les médias, les talibans inauguraient [en français] leurs nouveaux quartiers généraux au Qatar.

La chaîne de télévision Al Jazeera rapporte [en anglais] que la cible de cette attaque était Mohammed Mohaqiq, un membre populaire de la vie religieuse afghane, politicien et haut réprésentant du conseil de la paix. Son convoi se dirigeait vers le parlement au moment de l'attaque. Il n'a pas été blessé par l'explosion mais un des véhicules du convoi a été détruit et au moins quatre de ses gardes ont été blessés.

Peu après l'attentat, Mohaqiq s'est adressé [en farsi] aux habitants de la région pour confirmer qu'il avait bien été victime d'une tentative d'assassinat et qu'il n'était pas censé circuler dans la ville, mais qu'il devait impérativement se rendre au parlement pour d'urgentes raisons officielles. La nouvelle s'est rapidement répandue sur les réseaux sociaux, déclenchant de nombreuses réactions parmi les afghans. Mosharraf Zaidi (@mosharrafzaidi), ancien diplomate pakistanais, a écrit sur son compte Twitter:

Ustaaz Mohaqiq est un des leaders les plus bienveillants que je connaisse. Je prie pour que sa vie soit longue et qu'il reste en bonne santé. Les ennemis de l'Afghanistan ne gagneront jamais.

Le Pakistan a également condamné cette attaque. Le porte-parole du ministre des affaires étrangères (@PakSpokesperson) a publié sur Twitter:

Le Pakistan condamne fermement l'attaque terroriste commise contre le convoi de Haji Mohammad Mohaqiq

Le 18 juin 2013 sera une date importante de l'histoire de l'Afghanistan: ce jour-là, alors que le contrôle de la sécurité du pays passait des forces internationales aux forces nationales, les talibans inauguraient [en anglais] leur nouveau siège à Doha, où des représentants des talibans et du gouvernement quatari se sont adressés à la presse.

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Une plaque commémorant l'ouverture du bureau de l'”émirat islamique d'Afghanistan” orne le mur du QG des talibans à Doha. (Photo extraite d'un reportage d'Al Jazeera)

Lina Rozbih-Haidari, présentatrice de l'émission Voice of America sur la chaîne Ashna, a publié la photo d'un représentant taliban à la cérémonie d'inauguration du bureau de Doha sur son compte Facebook, déclenchant les commentaires de plusieurs centaines d'afghans mécontents qui condamnent la légitimation apparente des talibans à travers l'ouverture de ce local. Lila Ali a écrit [farsi]:

چه دنیایی بی انصافی! برای آدمکش ها اینقدر قدر داده می شود

Quel triste monde! Les meurtriers y sont tellement respectés.

Amir Emal s'interroge [farsi]:

افراد که از طالبان پیشتیبانی میکنند یکبار تصاویر از مرگ افغان های بیچاره که در این حملات طالبان ازبین رفتن سر خم کرده و عدالت کنید و ببینید که ایا قتل اولاد وطن و قتل غریب و بیچاره وطن قابل قبول است ؟ ایا قابل انسانیت است ؟ ایا جذ اساسات اسلامی است؟؟ ایا وقتیکه از گروه طالبان پیشتیبانی میکنی ایا از دین خبر داری ؟ ایا به وطن و مردم خود محبت داری ؟ خون در رگهایت جریان دارد ؟ خود را انسان میدانی ؟ اگر جواب منطقی داری خوب پس مهربانی

Ceux qui soutiennent les talibans devraient regarder les images des personnes tuées par les attaques talibanes et alors seulement décider si oui ou non ils acceptent la mort d'enfants innocents et de civils. Est-ce que c'est humain ? Est-ce que cela suit les preceptes islamiques ? Quand vous soutenez les talibans, êtes-vous conscient de la religion que vous embrassez ? Aimez-vous votre pays et son peuple ? Est-ce du sang qui coule dans vos veines ? Vous considérez-vous comme un musulman ? Si vous avez des réponses logiques à ces questions, je vous en prie, éclairez-nous !

Inquiet pour le futur de l'Afghanistan, Abd Bassir ZoMar insiste [farsi]:

 خانم روزبه من از نگرانی که افکارت را مشغول ساخته آگاهم… بعد از ایجاد دفتر آنها بیشتر قدرت سیاسی بدست آوردند و همچنان فرصتی خوبی را برای بدست آوردن کمک مالی از کشور های عربی بدست آوردند… افغانستان حالا دو دولت دارد…(جمهوری اسلامی افغانستان) و (امارات اسلام)… یک نمونه از کذشته !!! بسیار جای تاسف است و باز هم مردم این رهبران مصلحت گراه را نشناختند که خون صدها هزار انسان را ریختانده اند و امروز نیز همه با این کار سکوت اختیار کردند

Ms. Rozbih, je connais vos inquiétudes. En installant ainsi leur nouveau quartier général, les talibans ont gagné plus de puissance politique et la possibilité de trouver de nouveaux financements auprès des nations arabes. L'Afghanistan a maintenant deux gouvernements : la république islamique d'Afghanistan et l'émirat islamique d'Afghanistan… un signe du passé. Il est regrettable que les gens ne reconnaissent pas que les talibans ont versé le sang de centaines d'êtres humains. Aujourd'hui, une fois de plus, tout le monde se tait.

Dans un autre commentaire de protestation, Zakir SakhiZada écrit [farsi]:

اينرا نبايد دفترگفت بلكه باغ وحش گفت قطر دريك اقدام بي سابقه براي خدمت به افغانستان تعدادي از حيوانات وحشي را ازافغانستان جمع نموده ويك باغوحش براي بازديد جهانيان ازين حيوانات كمياب افتتاح نموده

Ce lieu ne devrait pas s'appeler un bureau mais un zoo. Rendant un immense service à l'Afghanistan, le Quatar a ouvert un zoo qui exhibe au monde entier des animaux en voie d'extinction

Cet article fait partie d'un dossier spécial Global Voices Asie Centrale réalisé en collaboration avec l'université américaine de Bichkek au Kirghistan.

Brésil : la proposition de loi pour le “traitement des gays” est approuvée

lundi 24 juin 2013 à 10:29

Le 18 juin [ndr, au début des manifestations qui se déroulent actuellement au Brésil], la Commission pour les Droits de l'homme de la Chambre des députés a approuvé la proposition de loi permettant aux psychologues de prodiguer des soins pour “convertir” les homosexuels à l'hétérosexualité. Le député Marco Feliciano [pt, comme les autres liens], président de la Commission, a profité du moment chaotique que traverse actuellement le Brésil – du fait de la mobilisation sociale contre l'augmentation des tarifs de transport public – pour valider le projet relatif au “traitement des gays”. On peut déjà trouver des pétitions en ligne contre le décret.

Les universités vénézuéliennes en grève pour plus de moyens financiers

dimanche 23 juin 2013 à 23:19

Plusieurs protestations ont eu lieu dans certaines des plus importantes universités du Venezuela et après diverses discussions, une grève générale a été annoncée.

La revendication centrale est les salaires des professeurs d'université qui, malgré leur formation et expérience, sont parmi les innombrables professionnels qui ne peuvent joindre les deux bouts.

Ce n'est certes pas nouveau. Néanmoins, avec les mouvements erratiques de l'économie vénézuélienne et les heurts entre groupes politiques, le combat de l'université devient de plus en plus compliqué.

Ainsi, avec les controverses qui ont eu lieu au cours des récents mois entre les représentants du gouvernement et les universités publiques, le nouvel épisode d'un long conflit est en train de s'écrire.

La problème des universités est aussi inévitablement nourri par la polarisation politique. Les positions sont fragmentées et diversifiées. L'argument avancé est que les concessions demandées ont beaucoup à voir avec des intérêts politiques cachés, l'efficacité de la grève universitaire est mise en doute, des accusations de sabotage apparaissent et différents types de protestation sont expérimentés.

Daniela Olivero [espagnol] partage une photo depuis sa page Facebook montrant l'une des manières les plus répandues de protestation à l'université : les cours hors des salles de classe.

Fotografía publicada por Daniela Olivero, usada con permiso

Photo de Daniela Olivero, utilisée avec autorisation

De même, la page Facebook de l'Université Centrale du Venezuela [espagnol] partage diverses photos des protestations et débats qui s'y sont tenus :

UCV en asamblea estudiantil sobre el paro indefinido en el Aula Magna. Usada con permiso

Assemblée générale d'étudiants au grand auditorium de l'UCV au sujet du chômage sans fin. Photo partagée par l'Université Centrale du Venezuela sur Facebook.

"From professors to poorfessors" photo shared by Universidad Central de Venezuela on Facebook.

“De professeurs à pauvresseurs” photo partagée par l'Université Centrale du Venezuela sur Facebook.

Soutenant la grève des enseignants, Gustavo Coronel [espagnol] critique sévèrement le gouvernement et intègre la lutte des professeurs d'université dans des dynamiques nationale et internationale :

…a los profesores universitarios venezolanos, cuanto les pagan? Y cuando les pagan? Les pagan hoy, en bolívares constantes, la cuarta parte de lo que les pagaban en 1999 […] Por ello no es sorprendente que los profesores universitarios venezolanos se vayan a la huelga. Es que ese es un paso inevitable. Como debería serlo el de la huelga cívica indefinida por parte de una población que no tiene papel tualé […]

… combien paient-ils les professeurs d'université vénézuéliens ? Et quand ? ils les paient aujourd'hui, en bolívars [monnaie vénézuélienne], un quart de ce qu'ils étaient payés en 1999 [...] Donc il n'est pas surprenant que les professeurs vénézuéliens se mettent en grève. C'est une marche inévitable. Telle une grève civile illimitée pour une population qui n'a pas de papier toilette [...]

Coronel continue :

Promover la gran protesta es golpista? Pedir al país que insurga es atentar contra la nación? O es, precisamente, tratar de evitar que la nación venezolana sea totalmente destruída por esta pandilla de hampones e ineptos enquistada en el poder? A muchos venezolanos esa lógica falsa del régimen los tiene bajo chantaje. La misma oposición organizada se ha visto obligada a actuar con cautela, temiendo ser tildada de golpista.

Promouvoir une forte protestation est putschiste ? Demander au pays de s'insurger c'est attenter à la nation ? Ou est-ce, précisément, essayer d'empêcher la nation vénézuélienne d'être totalement détruite par un gang de voyous et d'incapables enkystés dans le pouvoir ? Cette fausse logique du régime tient de nombreux Vénézuéliens sous un chantage. La même opposition organisée s'est vue forcée d'agir avec précaution, craignant d'être catégorisée de putschiste.

Raquel Aquino interroge Tatiana Lugo, une enseignante retraitée de l'Université Centrale du Venezuela (UCV) et auteur du blog Vainas de Tatiana [espagnol], pour El Pretexto [espagnol]. Dans l'entretien, elles parlent de l'identité de ceux qui constituent une partie de l'université, notamment l'Université Centrale, ainsi que des causes et conséquences de la situation des enseignants et de leur mouvement de protestation.

Los profesores de la UCV son una especie rara: optan por un modo de vida que, por una parte, les da la satisfacción de transmitir conocimientos, les brinda el inmenso honor de ayudar a formar a los profesionales que Venezuela requiere pero por otra les impide tener estabilidad económica. Desgraciadamente, los gobiernos venezolanos a partir de la década de los 80 han decidido, erróneamente, ignorar la importancia de la formación académica [...] los estudiantes carecen de laboratorios modernos, tecnología apropiada, por no hablar de becas y bibliotecas.

Les enseignants de l'UCV sont une espèce rare : ils choisissent un style de vie qui, d'une part, leur donne la satisfaction de transmettre la connaissance et l'immense honneur d'aider à façonner des professionnels dont le Venezuela a besoin, mais d'autre part les empêche d'avoir une stabilité économique. Scandaleusement, depuis les années 1980 le gouvernement vénézuélien a décidé, fautivement, d'ignorer l'importance de la formation universitaire [...] les étudiants manquent de laboratoires modernes, de technologie appropriée, les chercheurs et bibliothèques sont délaissés.

Dans le même billet, elle révélait les coûts de produits de base et les comparait avec le salaire d'enseignant (source : l’Association des Professeurs de l'UCV [espagnol], mai 2013) :

Dans la même perspective sur son blog, ven-educa, Yonathan Ruiz [espagnol] voit la situation des universités et la grève comme une démonstration de la mauvaise volonté des responsables de l'enseignement supérieur et déplore que malgré les opportunités économiques du pays, le secteur éducatif se retrouve à lutter pour son financement :

Que los educadores de las universidades públicas tengan que dejar las aulas para salir a la calle a exigir y defender derechos inherentes a su alta investidura, es un síntoma inequívoco de mezquindad de quienes pudiendo haber evitado esto, no lo hicieron. [...]

Si el país, concretamente el Estado, no trata y no valora suficientemente al talento de los educadores, difícilmente lograremos remontar la enorme cuesta que tenemos con la crisis sociocultural que nos ha traído hasta aquí.

Le fait que les éducateurs des universités publiques doivent quitter leurs salles de classe et descendre dans la rue pour demander et défendre leurs droits inhérents à leur haute tâche est un symptôme sans équivoque de la mesquinerie de ceux qui auraient pu éviter cela mais ne l'ont pas fait. [...]

Si le pays, en pratique l'Etat, ne traite et ne rétribue pas suffisamment le talent des éducateurs, ce sera extrêmement difficile pour nous de surmonter les coûts énormes que nous subissons avec la crise socio-culturelle qui nous a conduits jusque là.

Comme nous l'avons fait remarquer, les positions se diversifient. En diverses secteurs de l'opinion publique vénézuélienne, la grève universitaire est perçue comme un moyen érodé et inefficace. David Da Silva [espagnol], un étudiant en études internationales à l'UCV l'explique et commente la position des syndicats dans le conflit :

En mi opinión, los paros del sector universitario no tienen el mismo peso político y económico que, por poner un ejemplo, un paro de trabajadores en las empresas básicas de Guayana. Esto último conllevaría a una disminución en la producción de aluminio, acero y hierro, lo cual comprometería de manera importante la continuidad de la gran misión Vivienda Venezuela.

En cambio, los paros en la educación superior afectan principalmente a la misma comunidad universitaria.

A mon avis, les grèves dans le secteur universitaire ne peuvent pas avoir le même poids politique et économique qu'une grève de travailleurs dans les industries de base de Guayana, à titre d'exemple. Celle-ci mènerait à une diminution de production d'aluminium, acier, et fer, qui compromettrait significativement la continuité de la grande mission Vivienda Venezuela [français, NdT].

La grève dans l'enseignement supérieur, cependant, affecte principalement la communauté universitaire.

Au regard de la situation des employés administratifs de l'université, il maintient :

Algunos movimientos o grupos estudiantiles que se identifican con la izquierda política, y que por lo tanto mantienen una actitud pro-gobierno, han tratado de llevar la situación que vive el personal universitario al plano político, cuestión que no me parece correcta, ya que se desvirtúa una realidad gremial, sindical, laboral y entran en discusión otros temas que están totalmente fuera de contexto.

Certains mouvements ou groupes d'étudiants qui s'identifient eux-même avec la gauche politique, et pourtant maintiennent une attitude pro-gouvernementale, ont essayé d'élever au plan politique la situation vécue par le personnel universitaire, ce qui ne me semble pas exact, car cela déforme une réalité syndicale et salariale et d'autres sujets qui sont complètement hors contexte.

Dans une vidéo partagée par Isabel Matos, un certain nombre de professeurs de l'Ecole des Langues modernes (de l'Université Centrale du Venezuela) témoignent. Ils expliquent combien ils gagnent, ce qu'ils paient avec leur salaire, les autres activités dont ils ont besoin pour finir le mois, et les conséquences que cela peut avoir sur leur performance dans le cadre des activités universitaires.

Apportant une vision beaucoup plus critique, le Professeur Pablo Aure [espagnol] explique pourquoi est contre la grève universitaire, bien que partageant divers arguments discutés et ayant été pénalisé, il dit, pour son désaccord :

Desaprovechamos la mejor tribuna que son las aulas de clases o los pasillos para conversar con nuestros estudiantes y colegas sobre la situación nacional.

Si piensan que parando la Universidad “le ablandaremos” el corazón a esta gente que deliberadamente tienen como objetivo exterminarnos: se equivocan.

Mi llamado es a la reflexión y pensar en esos miles de estudiantes que tienen su proyecto de vida, también a esos miles de familiares que hacen sacrificios para costear los estudios de sus muchachos.

Nous sommes en train de perdre la meilleure plate-forme que sont les classes de classes ou les couloirs pour avoir des conversations avec nos étudiants et collègues sur la situation nationale.

Si vous pensez qu'arrêter l'université “adoucira” le coeur de ces personnes qui visent délibérément à nous éliminer : vous vous trompez.

Mon appel vise à la réflexion et à penser à ces milliers d'étudiants qui ont leur projet de vie, et aussi à ces milliers de familles qui ont fait des sacrifices pour payer l'éducation de leurs enfants.

Heriberto Gómez explique depuis la ville de Mérida, dans l'ouest, quelques-unes des conséquences de la grève universitaire sur Aporrea [espagnol] :

- Un día de clases que pierde un estudiante, no lo recuperará más nunca en su vida. Será un día perdido para siempre, así le den luego la clase.
- En la ULA [Universidad de Los Andes] por cada día laboral que se pierde por paro, se echan a la basura 4 millones de bolívares fuertes.[…]
- Para los estudiantes que son de afuera de Mérida o de las ciudades donde se localicen sus centros de estudios, un día de paro significa una importante pérdida económica para ellos y sus padres, pues igual deben pagar residencias, comidas y otros gastos de vida, a pesar de no estar en clases.

- Chaque jour de cours qu'un étudiant perd, il ne le récupérera jamais dans sa vie. Ce sera un jour de perdu à jamais, même si le cours leur est enseigné plus tard

- A ULA [Université de Los Andes], pour chaque journée de travail perdue à cause de la grève, 4 millions de bolívars sont gaspillés.

[...]

- Pour les étudiants extérieurs à Mérida ou des villes où se trouvent leurs centres d'études, un jour de grève signifie une importante perte économique pour eux et leurs parents, puisqu'ils doivent aussi payer la chambre, les repas et les autres coûts quotidiens, bien qu'ils ne soient pas en cours.

Parmi la liste des causes, l'auteur pointe aussi les possibles intentions, selon lui, des les meneurs de la grève des enseignants :

Detrás del paro hay otros intereses ocultos, pues está dirigido por profesores con clara identificación político-partidista opositoras al gobierno nacional. Así se cumplan sus reivindicaciones salariales, sus intereses políticos y personales son otros.

Il y a d'autres intérêts cachés derrière la grève, menée qu'elle est par des professeurs avec une étiquette politico-partisane clairement opposée au gouvernement national. Ainsi leurs revendications salariales sont satisfaites, tandis que leurs intérêts politiques et personnels sont différents.

Lors de la publication de ce billet, les universités d'Etat avaient déclaré une grève illimitée.

Cependant, la majorité des communications a lieu de manière publique, dans les médias traditionnels et à travers les médias citoyens.

Les campus universitaires demeurent fermés et les universités, contestataires ou qui font cours s'expriment dans l'espace numérique et dans les rues.