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Le ‘coach en séduction’ Julien Blanc interdit de séjour au Brésil

samedi 22 novembre 2014 à 17:22

#TakeDownJulienBlanc

#TakeDownJulienBlanc [Descendez Julien Blanc]. Photo de la page Facebook “Conspiração dos Unicórnios Satânicos Pela ditadura Comunista Gay e Feminazi” (“Conspiration des licornes sataniques pour une dictature communiste, gay et féministe”)

Les réseaux sociaux brésiliens, suivant l'exemple d'autres pays, se sont déchaînés ces dernières semaines au sujet de la visite du “Pick-up artist (artiste de la drague)” d'origine suisse établi aux USA Julien Blanc, dans le pays — et les autorités ont écouté leur appel. 

Une pétition contre sa venue a rassemblé plus de 350.000 signatures. Itamaraty, le Ministère des affaires étrangères, a rapidement réagi et décidé de refuser la demande de visa de Blanc deux jours juste après le lancement de la pétition.

Ses deux conférences au Brésil, prévues pour le mois de janvier à Rio de Janeiro et Florianópolis, coûtent 645 euros l'entrée. Blanc est un “coach” de la compagnie Real Social Dynamics, il se désigne lui-même comme étant un ” leader international en conseil de séduction.” Il est s'est récemment fait connaître par son plaidoyer en faveur d'approches violentes et sexistes pour “séduire” les femmes. La page Facebook Ozomexplicanista (“Mensplainist”) [ndlr: mensplainist est dérivé du terme anglais mansplaining, contraction de "man" (homme) et "explainer" (qui explique) - littéralement il s'agit d'une attitude condescendante par laquelle un homme explique à une femme ce qu'elle doit faire parce qu'il estime être le sachant] a fait des captures d'écran de ses tweets (Blanc a rendu son compte privé après que ses tactiques sont devenues célèbres) : 

Julien Blanc LMR

Julien Blanc don't worry

LMR = Résistance de Dernière Minute. Pour commencer vous prenez des privautés, en affirmant que ce n'est pas sexuel. Puis vous la violez en prétendant que les privautés signifient consentement sexuel
Mec, je vais vous apprendre à “briser” son absence de consentement. Payez-moi et violez-les toutes.
Pas d'inquiétude. Je ne violente que les femmes.

Son discours violent et son incitation ouverte au viol sont à la base de la campagne menée contre lui sur les réseaux sociaux, ayant poussé les autorités à lui refuser l'entrée sur le territoire — une décision que le gouvernement australien a également prise suite à la protestation du public. Au Royaume-Uni, au Canada et au Japon, des gens protestent également pour l'annulation de ses conférences et de ses demandes de visa. 

Lola Aronovich, du blog féministe Escreva Lola Escreva (Ecrit Lola Ecrit), a re-publié le commentaire de l'un de ses lecteurs qui a accès à la communauté de “l'artiste de la drague” . Il décrit le type de public qui encense les personnages comme Blanc :

O grupo PUA Brasil é antigo, forte, bem organizado. Eles realizaram eventos cobrando R$ 500 o ingresso.

Eu passei horas lendo o que essa turma do PUA Brasil escreve. Grande parte é isso ai mesmo: estupro de vulnerável. Técnicas de conquista, sedução, sedação e como não deixar indícios de violência sexual e não criar imagem de malvado transferindo para a mulher por meio de técnicas subliminares elaboradas a responsabilidade pela relação. [...] 

A principal vítima desses PUAs são pré-adolescentes que atingiram a idade de consentimento, 14 anos. Elas são mais fáceis de ser conquistadas e têm vergonha de expor a violência.

Le groupe PUA Brésil est ancien, solide et bien organisé. Ils organisent des événements qu'ils facturent 500 real (environ 160€) l'entrée. J'ai passé des heures à lire ce que les gens de PUA Brésil écrivent. La majorité de ce qu'ils écrivent ressemble à ça : le viol. Des techniques pour soumettre, séduire, éviter de laisser des traces de violences sexuelles ou de donner l'image d'un mauvais garçon, applicables aux femmes via des techniques subliminales qui les rendent responsables de la relation. [...]

Les principales victimes des fans de PUA sont des pré-adolescentes qui ont atteint l'âge du consentement sexuel, 14 ans. Elles sont plus faciles à séduire et elles ont honte de révéler les violences.

Sur la page de la pétition Avaaz, les organisateurs ont souligné l'objectif principal de la campagne :

Essa petição não é uma causa só pra que Julien Blanc não entre no Brasil, gira em torno de uma causa maior: O Combate a violencia contra a mulher, pois não podemos suportar mais e é uma prova de que estamos juntos para combater isso!

Cette pétition ne vise pas seulement l'interdiction d'entrée sur le territoire pour Julien Blanc, elle vise une plus grande cause : combattre les violences contre les femmes car nous ne devons plus les supporter, et ceci est une preuve que nous sommes tous unis dans la lutte contre ce phénomène !

Pour la blogueuse féministe Nádia Lapa, le boycott doit être étendu à ceux qui sponsorisent la visite de Blanc :

Ainda precisamos descobrir quem está patrocinando os eventos no Brasil e manifestar nosso repúdio e boicote. O que não precisamos é de uma convenção de homens que odeiam as mulheres.

Nous devons encore identifier qui sponsorise ces événements au Brésil et manifester notre indignation ainsi que les boycotter. Ce dont nous n'avons pas besoin, c'est bien d'une réunion d'hommes qui détestent les femmes.

Violence et culture du viol

Selon le rapport national brésilien de la sécurité publique, une femme est violée toutes les 10 minutes au Brésil. La carte des violences de l'année 2012, établie par l'Ecole des Sciences Sociales de l'Amérique latine, a démontré que 43.000 femmes ont été tuées au Brésil en 10 ans, un chiffre alarmant si l'on considère les récents progrès en matière de législation et de politiques publiques contre les violences basées sur le genre.

La psychologue et blogueuse Luciana Nepomuceno a souligné l'importance d'analyser la situation au delà du “choc” provoqué par le soutien explicite de Blanc au viol et aux tactiques agressives :

A existência dele e de um curso assim é possível apenas porque a nossa sociedade trata a mulher como um ser “menos que” o homem. Menos humano. Menos sujeito de direitos. Ele tá na paleta entre o estuprador em série e o cara que faz piada com os amigos dizendo que “mulher quando diz não, é talvez, e quando diz talvez, é sim”.

L'existence de quelqu'un comme lui et d'un cours de ce type ne sont rendus possibles que parce que notre société voit les femmes comme “inférieures” aux hommes. Moins humaines. Moins susceptibles d'avoir des droits. Il se trouve quelque part dans le spectre qui s'étend du violeur en série à celui qui fait des blagues avec ses amis en disant ” si une femme dit non, ça veut dire peut-être, et si elle dit peut-être, ça veut dire oui”. 

Quelques débats tournent également autour du comportement des femmes, qui parfois “acceptent” des approches violentes et opprimantes. Dans un des billets publiés sur la page d'Ozomexplica, Thatiana Oliveira a commenté : 

Pois é, o que existem são mulheres reproduzindo o machismo, pois foram (des)educadas a pensar que só serão alguma coisa com um omi do lado (e todos seus privilégio$ de omi)… Essa.merda toda é um círculo vicioso e não sei o que é mais difícil desconstruir :(

Ouais, on fait face à des femmes qui reproduisent le sexisme parce qu'on leur a enseigné (à tort) qu'elles ne pourront devenir quelqu'un qu'avec un homme (et tous ses privilège$)… Toutes ces conneries, c'est un cercle vicieux et je ne sais pas ce qui est le plus difficile à déconstruire :( 

La mobilisation au sein de nombreux pays contre ces “conférences” démontre un rejet croissant de la culture du viol, bien que les violences contre les femmes continuent d'exister à des niveaux terrifiants, y compris dans les pays en développement, comme en témoigne une récente étude menée par l'Union européenne. Comme le souligne Luciana Napomuceno : 

Eu acho que as estruturas mudam na dinâmica dialética entre matéria e simbólico e um país dizer NÃO, não aceito esse discurso aqui, ainda mais um país jovem e que está se construindo – como o nosso, implica em um ganho não imediato com implicações que nem se pode dimensionar. É o sentido implicado nessa negativa que importa. O não, não pode entrar vai na contramão de toda uma cultura de apaziguamento e consentimento em relação à violência contra as mulheres. Seria um não muito bem vindo. 
 
Acho que a gente pode e deve fazer escolhas políticas. Acho que negar entrada a um discurso de violência é, sim, uma atitude política necessária. É hora de parar de minimizar as questões relativas à violência contra a mulher. É hora de tirar a luta contra o machismo das notas de rodapé.

Je pense que les structures changent avec les dynamiques dialectiques entre le matériel et le symbolique. Pour un pays, dire NON, je n'accepte pas ce discours ici, plus encore dans un pays jeune en construction comme le nôtre, n'implique pas de bénéfices immédiats mais cela a des répercussions que nous ne pouvons pas mesurer pour le moment. C'est le sens de cette réponse négative qui compte. Le non, vous ne pouvez pas venir contraste avec une culture d'apaisement et de consentement à l'égard des violences contre les femmes. Ce serait un “non” vraiment bienvenu.

Je pense que nous pouvons et devons faire des choix politiques. La réaction négative face à un discours violent est un comportement politique indispensable. Il est temps d'arrêter de minimiser les problèmes liés aux violences contre les femmes. Il est temps de sortir la lutte contre le sexisme des notes de bas de page.

Après être demeuré silencieux sur l'affaire, Blanc a accordé un entretien sur CNN le 17 novembre, au cours duquel il s'est excusé pour ses comportements, affirmant que son intention n'a jamais été d'offenser ou de faire du tort. Le journaliste Chris Cuomo, qui a mené l'entretien, a questionné la sincérité des excuses de Blanc, en signalant que ce dernier a ouvertement encouragé des manœuvres violentes. Blanc s'est défendu en disant que ses billets en ligne n'étaient simplement qu'une “horrible tentative de faire de l'humour.”

Au Vietnam et partout dans le monde, ses sympathisants réclament justice pour le blogueur vietnamien Dang Xuan Diêu

samedi 22 novembre 2014 à 16:48
“Free prisoner of conscience Dang Xuan Dieu” (Thanh Hoa prison camp). Photo from Facebook support page.

“Libérez le prisonnier de conscience Dang Xuan Diêu” (devant la prison Thanh Hoa). Photo publiée sur la page de soutien Facebook.

Une vaste campagne est en cours pour soutenir Dang Xuan Diêu, un blogueur et travailleur social, détenu au secret depuis 2011. Les conditions d'incarcération de Diêu étaient très peu connues jusqu’à ce qu’un autre détenu ne soit libéré début octobre. Au cours d’un entretien avec Radio Free Asia, Truong Minh Tam a relaté les conditions d’isolement de Diêu, les coups, la faim et les autres privations.
Peu de temps après le témoignage de Tam, les partisans de Diêu se sont rendus à sa prison située dans la province de Thanh Hoa, à 170 km de Hanoï. Malgré les obstacles disposés sur leur trajet par les autorités, des voitures entières de sympathisants sont arrivées à la prison et une veillée pacifique appelant à sa libération a été organisée. Les autorités pénitentiaires ont refusé que le groupe rencontre Diêu, mais ont permis aux membres de sa famille d’entrevoir le blogueur incarcéré à une dizaine de mètres de distance.

On the ground in Vietnam

Au Vietnam sur le terrain. Photo publiée sur la page de soutien Facebook.

Ses amis ont également lancé une campagne d’envoi de cartes postales pour attirer l’attention sur son cas. Adressées à Diêu, les cartes portent des messages de soutien personnalisés et informent les geôliers de la prison de Thanh Hoa que le monde les regarde. Au dos de chaque carte figure la décision du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire ayant statué que la détention de Dang Xuan Diêu et de 16 autres militants par le gouvernement vietnamien est une violation des droits humains et du droit international.
Au cours des dernières semaines, les partisans ont organisé des rencontres publiques au Vietnam pour recueillir des signatures sur les cartes postales. Un certain nombre de congrégations catholiques ont également organisé des veillées de prière pour Diêu. Avant son arrestation, Diêu travaillait pour le Journal des Rédemptoristes Vietnamiens et était connu pour défendre les enfants défavorisés et les personnes handicapées.
Au Vietnam, de telles actions représentent une forme de désobéissance civile. La campagne pour Dang Xuan Diêu suit une tendance croissante des activistes à se rassembler lors des procès politiques, à se rendre aux centres de détention, et à soutenir les familles des prisonniers politiques malgré les tentatives d'intimidation de la part des autorités.

Catholic diocese of Vinh (Vietnam).

Diocèse catholique de Vinh (Vietnam). Photo publiée sur la page de soutien Facebook.

La communauté vietnamienne dans le monde s’est également jointe à la campagne de cartes postales. De nombreuses photos ont été re-postées sur la page Facebook des “Amis de Dang Xuan Diêu”.
Don Le, le président de l’Association Fédérale des Etudiants Vietnamiens d’Australie, a écrit sur sa page Facebook :

Sending postcards may be a simple task but they are one of many creative acts by Vietnamese youth around the world to show global support, remind jailers of the constant attention on Dieu's case and the determination to press for his release.

L’envoi de cartes postales peut paraître simple, mais c’est l’une des nombreuses actions imaginées par les jeunes Vietnamiens dans le monde pour démontrer leur soutien, rappeler aux geôliers que le cas de Diêu conserve toute notre attention et démontrer notre détermination à faire pression pour sa libération.

Swiss elected officials at the Vietnamese embassy (Geneva)

Des personnalités politiques suisses devant l'ambassade du Vietnam à Genève. Source : Viet Tan, photo utilisée avec permission.

A Genève, des personnalités politiques suisses ont apporté leur soutien et se sont rassemblées devant le consulat vietnamien.

Au Parlement australien, le député Luke Simpkins a fait remarquer :

Dieu was arrested as part of a larger crackdown on human rights fighters, and is serving one of the longest sentences of any political prisoner in Vietnam.

Diêu a été arrêté dans le cadre d’une grande campagne de répression dirigée contre les défenseurs des droits humains et purge l’une des plus lourdes peines infligées à un prisonnier politique au Vietnam.

Des rapports faisant état de mauvais traitements envers Diêu en prison ont poussé son avocat, Allen Weiner de la Faculté de droit de Stanford, à appeler le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire à prendre des mesures urgentes, notamment en rendant visite à Diêu en prison. D’après Weiner :

The mistreatment of Dieu is a clear violation of Article 19(1) of the International Covenant on Civil and Political Rights [and] flatly inconsistent with the representations made by the Vietnamese government upon its signing on November 7, 2013, of the United Nations Convention against Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or Punishment.

Les mauvais traitements envers Diêu sont une violation flagrante de l’article 19 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques [et] sont purement et simplement contraires aux obligations du gouvernement vietnamien qui a signé le 7 novembre 2013 la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Dans une lettre conjointe publiée le 28 octobre, sept organisations de défense des droits humains – ACAT-France, Access, la fondation Electronic Frontier, English PEN, Media Legal Defence Initiative, PEN International et Viet Tan – ont exhorté les ambassades étrangères à Hanoï à rendre visite à Dang Xuan Diêu en prison et à surveiller son état de santé.
Parmi les efforts pour défendre Diêu au Vietnam et à l’étranger, une note écrite par Diêu avec son propre sang a pu être sortie clandestinement de prison. En trois courtes phrases, Diêu explique pourquoi il est prêt à payer un prix si élevé pour ses idéaux :

J’ai soif de vivre dans une société éprise de LIBERTE et de VERITE. Une société où aucune division de classe n’existe et où les gens vivraient dans l’AMOUR et la RESPONSABILITE de son prochain. Mais j’ai été persécuté pour mes idéaux, et je suis prêt et disposé à mourir pour ces idéaux !

Dang Xuan Dieu

Dang Xuan Diêu (à droite) en compagnie d'autres activistes avant son arrestation en 2011. Source : page de soutien Facebook.

L'appétit des Japonais pour le thon rouge pourrait bien provoquer son extinction

vendredi 21 novembre 2014 à 22:33
japan bluefin tuna consumption

Photo de l'utilisateur de Flickr Stewart Butterfield. CC BY-NC-ND 2.0

Les gastronomes japonais sont confrontés au problème du thon rouge désormais menacé d'extinction, selon l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Le thon rouge du Pacifique était auparavant classé dans la catégorie des espèces les moins concernées par une extinction. 

L'UICN, basée en Suisse, a récemment ajouté le thon rouge du Pacifique à la liste rouge des espèces en danger. L'annonce, de même que la situation calamiteuse dans laquelle se trouvent les autres stocks de poissons, ont été vécues comme un choc par les internautes japonais.

Le thon rouge du Pacifique est à présent une espèce en danger et figure désormais sur la liste rouge de l'UICN.

Un autre twittonaute a indiqué :

Le thon rouge du Pacifique est à présent une espèce en danger, selon l'UICN (http://t.co/ZuirAwncag), de même que le poisson-globe (Takifugu chinensis) dont la population a décliné de 99,99 % au cours des 40 dernières années. J'ai entendu parler de l'anguille, du thon rouge, du hareng, mais à présent c'est au tour du poisson-globe ? C'est comme s'il n'existait aucun concept de gestion (durable) des ressources.

Quelle est la cause du déclin du thon rouge du Pacifique, selon l'UICN ? La surpêche. Le thon rouge du Pacifique représente environ 70 % du volume de la pêche mondiale de thon rouge. Les juvéniles (poissons âgés de moins de trois ans qui n'ont pas eu la chance de se reproduire) représentent 97% du volume de pêche de thon rouge du Pacifique.

Le chercheur spécialisé en pêcheries, Sumio Horikawa, a commenté la nouvelle :

Bruce Collete, responsable du groupe dédié au thon rouge à l'UICN, a indiqué que si la pêche [japonaise] dans le Pacifique ouest, notamment de jeunes poissons, n'était pas réduite, à court terme, les stocks de thon rouge ne se reconstitueraient plus. Je suis d'accord avec cette évaluation. 

Quoique le Japon consomme environ un quart de la pêche mondiale de thon, le thon rouge a été plus particulièrement la cible de l'industrie de la pêche pour le marché des sushi et des sashimi, partout dans l'est asiatique.

Dans la mesure où l'écrasante majorité de thon rouge pêché dans le Pacifique est composé de juvéniles qui n'ont pas eu l'opportunité de se reproduire, la population est estimée avoir subi un déclin de 19 à 33 % au cours des 22 dernières années. 

Le thon rouge est un des poissons les plus recherchés dans tout le Japon. Malgré les pressions sur les stocks, on trouve, pour l'instant, énormément de poisson et pas seulement dans les restaurants haut de gamme :

Regardez la réduction que vous avez pour 800 yens ($8). Le thon rouge premium FIREBIRD est très bon marché et le bol de riz donburi au thon est le meilleur.

- Spotlight LLC (@misterspotlight)

Le thon rouge est devenu populaire après la Seconde guerre mondiale, lorsque d'énormes efforts ont été mobilisés pour nourrir une population affamée. Ce poisson est à présent ancré dans la cuisine japonaise :

Nous avons roulé jusqu'à la plage à Shiomisaka, Shizuoka. La mer est bel et bien un endroit incontournable ! Nous avons mangé des brochettes de thon rouge au barbecue, et nous avons fait griller une tête entière de thon. LOL.

La plupart de la flotte de pêche au thon à la palangre est basée à Kesennuma, dans la préfecture de Miyagi. Kesennuma est une petite ville isolée sur la côté pacifique qui a été dévastée par le tremblement de terre et le tsunami de 2011. Dans le but de revitaliser la ville sinistrée, le gouvernement central a injecté de l'argent dans l'industrie de la pêche de Kesennuma. La ville vend encore du poisson aux consommateurs à la recherche de poisson frais, et pas uniquement de thon rouge :

C'est de nouveau la saison pour l'espadon des côtes de Kesennuma et de Sanriku, disponible via une commande par internet. A Tohoku, l'espadon est encore plus prisé que le thon. La chair grasse est délicieuse. Comme sur la photo, l'espadon de Kesennuma, de classe A, vous sera directement livré !

Le thon et l'espadon sont de grands prédateurs qui se reproduisent lentement et qui, habituellement, parcourent les océans pour rechercher de la nourriture et se reproduire. Leur parcours migratoire à travers la haute mer rend cette espèce courante difficile à contrôler.

Le thon rouge du Sud, une espèce distincte de thon rouge qui fraie dans l'Océan indien, est répertorié comme espèce sérieusement menacée sur la liste rouge UICN des espèces menacées. Ces derniers temps, les prises atteignent près de 80 % des totaux historiques. 

Sur une note plus positive, la population de thon rouge de l'Atlantique est en train de se reconstituer après une décennie désastreuse qui a abouti à des quotas de pêche drastiques. En 2013, le stock de thon rouge en état de frai dans l'Atlantique et en Méditerranée a atteint presque le double des niveaux des années 1950, selon une estimation de l'ICCAT. En conséquence, en novembre 2014, des pays ont augmenté leurs quotas de thon rouge de l'Atlantique, une mesure prêtant à polémique.

Des pêcheurs chinois se livrent au braconnage de corail dans les eaux territoriales du Japon

vendredi 21 novembre 2014 à 22:20
ogasawara coral poaching

Tako-iwa (Rocher de la pieuvre), île de Nakoudojima, Ogasawara. Photo d'un utilisateur de Flickr, Froschmann. CC BY-NC-ND 2.0

Ces dernières années, l'automne a été marqué par les conflits territoriaux entre la Chine et le Japon. En 2014, la bataille s'est déplacée sur le champ de la récolte du corail dans les eaux japonaises.

Ces derniers mois, des centaines de bateaux de pêcheurs marqués de signalisations chinoises ont été repérés – souvent à une distance rapprochée – près des îles qui s'étendent sur des kilomètres au sud de Tokyo. La récolte illégale de corail se déroule dans les îles subtropicales à grande diversité écologique, Ogasawara et Bonin, lesquelles composent un archipel éloigné au peuplement épars, situé à environ 1,000 kilomètres au sud de Tokyo.

On pense que les bateaux récoltent illégalement du corail rouge, lequel peut être vendu à des milliers de dollar le kilo.

Des pêcheurs de corail au large d'Ogasawara. Près de 212 navires chinois ont été aperçus http://t.co/412F8ceNEI; Des navires douteux au large de Torishima, archipel d'Izu http://t.co/NildO6gXiP

On pense cependant que la situation a un lien étroit avec le conflit actuel entre le Japon et la Chine à propos des îles Senkaku à l'ouest d'Okinawa. Bien que le corail rouge atteigne des prix élevés pour les pêcheurs, cela n'a pas de sens, sur le plan économique, d'envoyer un navire jusqu'aux îles Ogasawara. 

Il existe également des suspicions selon lesquelles le gouvernement chinois a tacitement encouragé et apporté son soutien à la flotte de chalutiers de manière à tester la réponse japonaise.

De même, ces dernières années, les eaux se trouvant au large de Taïwan, de la Corée et du Japon ont vu augmenter le nombre d'incidents maritimes impliquant des pêcheurs chinois.

Bien que le Japon soit souvent considéré comme un petit pays, exigu, en réalité, il s'étend depuis des territoires éloignés tels que les îles Ogasawara et Bonin à la pointe sud, jusqu'à des îlots lointains à l'ouest de la préfecture d'Okinawa. Compte tenu de l'étendue de ses frontières maritimes, il est difficile pour le Japon d'asseoir sa souveraineté et d'empêcher la surpêche.

Un blogueur qui réside sur une des lointaines îles Bonin a exprimé sa frustration et son désespoir à propos de ce qui se passe :

8月から小笠原諸島近海で度々目撃されている不審船… 高値で取引される宝石サンゴ(赤サンゴ)の密猟が目的のようだ…

網が流されると、赤サンゴはおろか、根魚や根魚の住処の他のサンゴや岩まで根こそぎさらってしまい、海底を破壊してしまう…

このままでは長い年月を掛けて自然が作り上げた美しいサンゴが根こそぎ盗られ、
小笠原の海の自然が破壊されてしまう。

Des navires douteux ont été observés dans les eaux des îles Bonin depuis le mois d'août…Il semblerait que les eaux soient illégalement draguées pour le corail rouge qui peut être vendu à des prix élevés. Cependant, quand ils draguent le corail, ils arrachent tout ce qui compose les fonds marins, y compris les poissons de fond, de même que les coraux et les rochers qui composent l'habitat, détruisant tout sur leur passage.

Le magnifique corail que la nature a pris des années à créer est en train d'être arraché. L'écosystème marin situé autour des îles Bonin est en train d'être détruit.

On pense que beaucoup des navires de pêche qui ramassent du corail de manière illégale autour du Japon proviennent du comté de Xiangshan dans la province de Zhejiang en Chine.

Cependant, face à un problème si répandu, il existe peu d'instruments et de ressources pour le traiter.

L'amende pour le braconnage de corail est trop bon marché, le débat pour augmenter les pénalités de manière drastique va bon train. 

(Yahoo! News / Sankei Shimbun) Les partenaires de la coalition gouvernementale discutent du flux massif de pêcheurs illégaux de corail dans les mers au large des îles Ogasawara.

Le récent sommet APEC en Chine a fourni une opportunité pour le Japon et la Chine de résoudre le problème. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a parlé du problème directement avec le Président chinois Xi Jinping.

Abe lance un appel direct à Xi au sujet du problème de la récolte illégale de corail on.wsj.com/1xrDOyX (Reuters)

Le dialogue entre Abe et Xi, associé à une couverture médiatique croissante, a ouvert la voie vers davantage d'efforts du gouvernement japonais pour traiter le problème.

En effet, suite au sommet APEC, même le gouvernement américain a fermement condamné la récolte illégale de corail dans les eaux territoriales japonaises (à partir de 00:00:35 secondes) :

Les gardes-côte se focalisent actuellement sur la chasse aux braconneurs et parfois sur leur arrestation. Depuis le mois d'octobre, six capitaines de chalutiers ont été arrêtés.

Le dialogue entre Abe et Xi, auquel s'ajoute le soutien américain, a également permis aux législateurs japonais et aux gardes-côte d'envisager la confiscation et la destruction des navires.

Pour ce qui est de trouver une solution à long terme, il se peut que le gouvernement chinois ne puisse pas faire grand chose pour mettre fin rapidement au problème. Comme l'explique le magazine d'actualité The Diplomat :

Les relations entre le gouvernement chinois et les pêcheurs sont compliquées. D'une part, il est très difficile pour le gouvernement chinois de contrôler et de gérer ses pêcheurs tout comme de les empêcher de pratiquer la pêche illégale; d'autre part, les pêcheurs ne font pas toujours confiance aux autorités chinoises. Lors de la dernière campagne anti-corruption à Hainan, une douzaine de responsables de l'administration chinoise ont été arrêtés pour avoir volé ou s'être approprié les subventions destinés aux carburants des pêcheurs.

N'ayant aucune solution en vue, le désarroi et la frustration des internautes japonais s'est transformé en indignation et en humour noir.

Début novembre, un puissant typhon qui a traversé les îles Ogasawara et Bonin a momentanément entravé la récolte illégale de corail, provoquant un buzz plutôt populaire sur Twitter et sur d'autres médias sociaux :

Alerte au typhon : un typhon soufflant à la vitesse de 65 mètres par seconde dans les îles Ogasawara a touché les braconneurs de corail. http://t.co/k0SuuZj7l0 http://t.co/4C7DOP3Sno 

Peut-être est-ce le kamikaze, “vent divin” ? pic.twitter.com/a4dj3GEhBI

L'engouement des médias occidentaux pour les combattantes kurdes contre l'E.I.

vendredi 21 novembre 2014 à 19:28
Two armed female members of the YPJ, a group affiliated with the People's Protection Units (YPG), walks around the base near Ras al-Ayn, a Kurdish town located in northern Syria. 11 October 2013. Photo by Younes Mohammad. Copyright Demotix

Deux femmes en armes membres des YPJ, un corps affilié aux Unités de Protection du Peuple (YPG), patrouillent autour de la base proche de Ras al-Ayn, une ville kurde située dans le nord de la Syrie. 11 octobre 2013. Photo de Younes Mohammad. Copyright Demotix

Les projecteurs se braquent sur les femmes combattant dans les rangs des forces armées kurdes depuis les larges avancées territoriales d'E.I. à Mossoul, une des plus grandes villes d'Irak, et la bataille pour prendre le contrôle du canton kurde de Kobané à la frontière avec la Turquie.

Les agences internationales de médias tout comme les militants ont mis en avant les images de Peshmergas féminines dans leurs articles et sur les sites de réseaux sociaux. L'idée de femmes en uniforme, armées jusqu'aux dents, intrépides et combattant aux côtés des hommes paraît séduisante, même irrésistible car perçue comme un des plus puisants messages de défi face à l'EI — un rejeton notoirement brutal d'Al Qaida responsable de massacres de soldats irakiens et syriens, de travailleurs humanitaires, de journalistes et d'enlèvements, mariages forcés et viols de femmes. Dans son manifeste de Mossoul, EI exige l'enfermement des femmes à la maison, sauf nécessité de force majeure.

Pas un jour apparemment sans diffusion de ces images de femmes combattantes. La vérité, contrairement à cette soudaine vague d'attention, est que les femmes kurdes ne viennent pas de découvrir le champ de bataille. Probablement toutes les batailles livrées dans l'histoire kurde l'ont été côte à côte avec les femmes, ou/et avec la complicité active de celles-ci comme gardiennes du foyer, éducatrices de la nouvelle génération, en charge des affaires domestiques, gagnant leur vie…

Nahida Ahmed : Nous avons voulu rejoindre les Peshmerga pour envoyer le message qu'il n'y a aucune différence entre hommes et femmes.

Des femmes combattantes du PKK montrent aux soldats peshmergas le maniement de l'AK-47 à Kirkouk

 On aime l'engagement montré par ces femmes kurdes volontaires pour aider les Peshmerga contre l'EI.

L'EI écrasé par les femmes qu'il veut enfermer à la maison c'est immensément gratifiant.

L'engouement pour les femmes qui combattent l'EI semble basé sur la notion de bravade. Les femmes Peshmerga ont affronté des combattants d'EI, et qu'elles se tiennent sur un pied d'égalité avec les hommes dans leurs rangs est évidemment un concept étranger au Moyen-Orient.

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Margaret George Shello. Public domain.

Pourtant, des dizaines d'exemples illustrent que loin d'être un phénomène nouveau, les femmes au combat existent depuis longtemps dans les communautés kurdes. Voyez par exemple cette photo de Margaret George Shello, une des premières femmes photographiées à être partie dans la montagne avec les peshmergas et devenue un symbole de la participation des femmes à la lutte kurde.

La lutte des Kurdes en Turquie, qui a conduit à l'émergence de groupes armés comme le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dans les années 1970, se compose d'hommes et de femmes jusqu'au sommet de la chaîne de commandement. Autrement dit, les femmes combattantes au Kurdistan ne sont pas une nouveauté, ce sont les grands médias qui les avaient négligées jusque là dans leur description du combat kurde pour l'autonomie (et l'indépendance).