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Madagascar : des journalistes accusés de diffamation pour leurs articles sur le trafic de bois de rose

mercredi 14 novembre 2012 à 13:40

Reporters sans Frontières (RSF) signale que quatre journalistes et un blogueur sont poursuivis en justice pour diffamation et complicité dans la diffusion de fausses informations“. La plainte contre les reporters a été déposée par Mamy Ravatomanga, un homme d'affaires milliardaire propriétaire de plusieurs médias malgache et ancien employeur de l'actuel ministre malgache de la Communication. Le blogueur Alain Rajaonarivony et plusieurs journaux avaient rapporté que Mamy Ravatomanga est impliqué dans l'abattage illégal de bois de rose qui menace la conservation de la forêt primaire de Madagascar.

Chine: Condamnation à huit ans de prison pour un propriétaire de cybercafé

mercredi 14 novembre 2012 à 11:25

[liens en anglais sauf mention contraire] Selon une information du New York Times du 1er novembre 2012, un propriétaire de cybercafé âgé de 27 ans, Cao Haibo, a été condamné à 8 ans de prison pour “subversion de l'Etat”, le 31 octobre 2012 à Kunming, dans la province du Yunnan. Selon les dernières informations et d'après le site 64 Tianwang,  l'avocat de Cao, Ma Xiaopeng, a introduit [en chinois] un recours concernant cette affaire le 5 novembre 2012.

Cao Haibo.  Photo de 64 Tianwang

La procédure judiciaire s'étant déroulée à huis-clos, Le public ignore quel acte en particulier l'a conduit devant la justice. Certains croient que ceci est en lien avec le groupe QQ-chat Ligue pour le rajeunissement de la Nation chinoise (”振华会”) qui a été créé en septembre 2011. Les défenseurs des droits de l'Homme en Chine l'ont dit au reporter du New York Times :

Renee Xia, Directeur international de Chinese Human Rights Defenders ('Défenseurs des Droits de l'Homme en Chine'), a critiqué les poursuites contre Cao, soulignant qu'il a été détenu durant 8 mois [note: en fait, probablement plus d'un an] sans être jugé et que même sa famille ne pouvait assister aux audiences. “Le seul crime” de Cao a été de chatter dans un groupe en ligne, où les membres débattaient d'idées telles que la réforme démocratique et les droits constitutionnels”, a-t-elle déclaré. “Cette  affaire est une parodie de justice. Elle démontre de nouveau que la Chine ne sait qu'afficher son mépris pour l'Etat de droit”.

Cao Yaxue de Seeing Red en Chine a donné davantage d'explications sur les origines et la nature de ce groupe de discussion :

Cao Haibo soutenait les significations nouvelles et plus en conformité avec le contexte actuel des Trois Principes du Dr Sun Yat-sen à savoir, le principe de Nationalisme, le principe de Démocratie et le principe de Bien-être social.

Cao a été arrêté le 21 octobre  2011, un mois après avoir contacté le groupe de chat et il a été tout d'abord accusé, le 25 novembre 2011, d' “incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat”, une charge mineure. Son épouse, enceinte de 6 mois, a été menacée afin qu'elle ne révèle pas l'affaire au public. Un an après, soit le 1er novembre 2012, Cao a été traduit en justice pour une charge plus sérieuse: “subversion du pouvoir de l'Etat” et condamné à 8 ans de prison.

Comme la condamnation est survenue avant la 18ème Assemblée populaire nationale, les gens ont perdu tout espoir d'une réforme politique et de discussions politiques placées sous le signe de l'ouverture. Seeing red en Chine a traduit quelques commentaires faits sur Internet relativement à cette affaire :

Condamner un dissident comme Cao Haibo de manière aussi dure à la veille de l'Assemblée populaire nationale c'est déclarer aux “agitateurs de la société” que, comme toujours, le Parti prend des mesures drastiques et impitoyables contre toute tentative, serait-ce purement virtuelle, menés par une quelconque association ou organisation. Le nombre toujours croissant d'affaires indique que pour maintenir la stabilité en Chine, on s'achemine vers du terrorisme politique.

Brésil : La justice suspend la décision d’expulsion des Indiens Guarani-Kaiowá de Pyelito Kue

mercredi 14 novembre 2012 à 11:10

[Liens en portugais sauf mention contraire] La lettre écrite au début du mois d'octobre 2012 par la communauté des Guarani-Kaiowá de Pyelito Kue / Mbarakay dans l'État du Mato Grosso do Sul (MS), a mené à une mobilisation massive au Brésil et aussi à l'étranger. De nombreux citoyens ont suivi sur l'internet la lutte de ces Indiens [fr] dans la municipalité de Iguatemi, à nouveau sous la menace d'une expulsion de leurs territoires. Plusieurs pétitions ont été signées en soutien aux Guarani-Kaiowa et la mobilisation a été un succès, puisque le tribunal régional fédéral de la troisième région, à São Paulo, a suspendu l’opération d’expulsion des Indiens Guarani-kaiowas du campement où ils se trouvent, répondant à la demande de la Fondation Nationale de l'Indien (FUNAI).

Maria do Rosário, la sécrétaire aux Droits de l’homme de la Présidence de la République, a annoncé le 30 octobre sur Twitter :

@_mariadorosario: Nous venons d'apprendre que la justice a suspendu l’action de reprise de possession du territoire des Guarani-Kaiowá. L’appel du gouvernement fédéral a été accepté !

Crianças Guarani Kaiowa. Expedição à Aldeia de Pyelito Kue, Mato Grosso do Sul, Novembro de 2012. Foto de Percurso da Cultura no Flickr (CC BY-SA 2.0).

Des enfants Guarani-Kaiowá. Expédition à Pyelito Kue, dans l’état du Mato Grosso do Sul, novembre 2012. Photo de Percurso da Cultura sur Flickr (CC BY-SA 2.0)

 

Les 50 hommes, 50 femmes et 70 enfants de la tribu Guarani-Kaiowá pourront rester au coeur de la ferme Cambará, à Iguatemi, dans l’état du Mato Grosso do Sul, où ils sont confinés sur un terrain de 2 hectares (l'équivalent de deux terrains de football). La décision demeurera donc en vigueur jusqu'à la fin de l'identification et de la démarcation des territoires indigènes par la FUNAI.

La solution est précaire, puisque les relations avec le propriétaire des terres demeurent tendues et dangereuses. Mercredi 24 octobre, on apprenait qu’une femme indigène, originaire de Pyelito Kue, avait été sexuellement agressée par huit hommes dans une ferme, comme l'ont dénoncé les Indiens. Le Ministère de la Justice a envoyé de nouveaux renforts de la Force nationale pour maintenir l'ordre dans la région.

 

D’après le Procureur de la République Marco Antonio Delfino de Almeida, la mobilisation des réseaux sociaux a été un succès :

La mobilisation des réseaux sociaux a été déterminante pour arriver à ce genre de  résultat. Elle a provoqué une réaction jusque là inédite pour un gouvernement quand il s'agit de traiter des droits des peuples indigènes.

Encontro de Professores e Lideranças GuaranI Kaiowá, Novembro de 2012. Foto de percursodacultura no Flickr (CC BY-SA 2.0)

Réunion des enseignants et des dirigeants Guarani-Kaiowá, novembre 2012. Photo de Percurso da cultura sur Flickr (CC BY-SA 2.0)

 

Les dirigeants Guarani-Kaiowá, dénonçant un génocide contre leur ethnie [fr], se sont réjouis de la décision judiciaire, mais ils ont estimé que seule la démarcation des terres [fr] mettra fin au conflit entre les Indiens et les producteurs agricoles de la région. Ils cherchent à augmenter le réseau de solidarité pour le peuple Guarani-Kaiowá. La lutte n'est pas seulement contre les expulsions, mais aussi pour la démarcation définitive des terres indigènes.

Le dirigeant Guarani-Kaiowá, Ladio Veron, explique les difficultés dans une interview publiée le 28 octobre sur le site Carta Maior :

Il faut savoir que dans l'Etat de Mato Grosso do Sul, 43 000 Indiens Guarani-Kaiowa revendiquent un retour sur leurs terres d’origine qu’ils appellent “tekoha”, littéralement “le lieu où il est possible de vivre à notre manière”. Ils souhaitent quitter les réserves et installent des campements, qui, la plupart du temps sont légaux. Il existe aujourd’hui plus de 30 campements Guarani-Kaiowá confinés sur les bords des routes ou à l’intérieur des “fazendas”, dans des zones qu’ils ont occupées. À cela s’ajoutent plus de 20 zones récupérées et régularisées sous la forte pression des indigènes qui ont perdu plusieurs leaders communautaires dans leur lutte. Mais tous ces territoires sont très restreints.

Aldeia de Ypoi. Foto de Percurso da Cultura no Flickr (CC BY-SA 2.0)


Village de Ypoi. Photo de Percurso da Cultura sur Flickr (CC BY-SA 2.0)

Une note technique de la FUNAI publiée en mars 2012 [pdf] déclare que le territoire revendiqué par les Indiens à  Pyelito Kue et Mbarakay est occupé depuis les temps ancestraux par les Guarani-Kaiowa. Depuis 1915, quand a été établie la première Terre Indigène, et surtout  depuis les années 70 et 80 les expulsions des Indiens se sont multipliées au profit des propriétaires fonciers agricoles (principalement pour doper les productions de canne à sucre ou de soja), en plus du confinement et regroupement des différents groupes ethniques, ce qui entraîne l’insécurité et le déracinement culturel et social.

Le site Comitê internacional de solidariedade com o povo Guarani-Kaiowá (Commission internationale de solidarité avec le peuple Guarani-Kaiowá, en portugais) se réfère au poids économique de la production de canne à sucre dans cette région :

“La canne à sucre qui est maintenant plantée là et récoltée comme éthanol est déjà mêlée de sang des indigènes Guarani-Kaiowá », a dit le chef. Le poids de l'industrie agroalimentaire dans la région a pris un tournant après l’accord de l’ex- président brésilien Lula da Silva avec l'ex-président américain George Bush sur la production de la culture de biocarburants.

Un article de Larissa Ramina, professeur de droit international à l’UFPR (Université Fédérale du l’état de Parana) et à l’UniBrasil (Facultés Integrées du Brésil) explique la tragédie annoncée sur le site Carta Maior :

La situation du groupe Guarani-Kaiowá, la deuxième population autochtone du Brésil, est considéré comme la plus grave. Confinés dans des réserves indigènes comme celle de la ville de Dourados, ils se trouvent dans une situation de catastrophe humanitaire : au-delà de la malnutrition des enfants et de l'alcoolisme, les taux d'homicides sont plus élevés que dans les zones de guerre comme l'Irak.

Une déclaration diplomatique de 2009, révélé par Wikileaks, montre le mépris du gouvernement du Mato Grosso do Sul [fr] face à la lutte des Guarani-Kaiowá pour les terres cultivées par les agriculteurs depuis des décennies.

Le Ministère Public Fédéral, institution fédérale indépendante, destinée à représenter les intérêts des citoyens et des communautés lors des procédures pénales (le véritable quatrième pouvoir au Brésil) a déclaré :

reporter encore la discussion sur l'occupation traditionnelle du territoire en question reviendrait à perpétuer une injustice flagrante commise contre les Indiens, lors de trois phases historiques successives. La première quand on leur a pris leur terres. La deuxième quand l'Etat a négligé, bâclé ou laissé traîner le processus de révision des limites territoriales. La troisième lorsque le Juge Fédéral les a empêchés d'invoquer et d'exercer leur droit ancestral sur leurs terres”, face à l’inactivité du gouvernement.

Le député d’État du Mato Grosso do Sul, Peter Kemp, leader du parti politique des Travailleurs (PT), a déclaré à l'Assemblée législative du Mato Grosso do Sul, le 31 octobre :

Le développement n'est pas seulement l’élevage de bœufs et la production de maïs et de soja, mais aussi le respect des personnes, le droit à la citoyenneté. Le développement doit être économique et social, et doit être le droit de tous.

Aldeia de Ypoi. Foto de Percurso da Cultura no Flickr (CC BY-SA 2.0)

Village de Ypoi. Photo de Percurso da Cultura sur Flickr (CC BY-SA 2.0)

Les Indiens Guarani-Kaiowa ont adressé leurs remerciements via le groupe Facebook “Suicide collectif” de soutien aux Guarani-Kaiowa (en français) :

“Nous, Guarani-Kaiowá, survivants et qui voulons vraiment survivre, souhaitons par ce simple message exprimer notre immense remerciement public à toutes et tous d'avoir ajouté Guarani-Kaiowá à vos noms. Comme chacun sait, les Guarani et les Kaiowá, seuls, peuvent être exterminés, mais nous avons la certitude qu'avec la solidarité humaine réelle et le soutien de vous tous nous pouvons être sauvés des diverses violences annoncées envers nos vies et surtout éviter notre extinction ethnique.
Grâce à ce geste d'amour pour nos vies que vous manifestez, nous ressentons un peu de paix et d'espoir en une vraie justice. Nous avons compris qu'il existe des citoyennes et des citoyens mus par un réel amour du prochain, qui ont soif de justice et qui exigent cette justice. Nous ne savons pas avec quels mots vous remercier tous sinon en disant JAVY'A PORÃ, que la paix soit dans vos cœurs.
Merci beaucoup.”

Réouverture d'un mausolée historique en Afghanistan

mercredi 14 novembre 2012 à 10:26

Le mausolée de Timur Shah, sévèrement endommagé en 2000. Image par Olaf Kellerhoff (CC BY-NC 2.0).

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Italie: Controverses sur la “Régularisation 2012″ des travailleurs clandestins

mercredi 14 novembre 2012 à 00:35

Le gouvernement Monti a approuvé le 16 juillet dernier un décret législatif régularisant des milliers de travailleurs clandestins sous certaines conditions et sur déclaration de l'employeur. La vidéo suivante publiée sur le site de l'association de volontariat Naga [en italien, comme les liens suivants sauf mention contraire] décrit les conditions et les modalités d'application de ce décret:

Malheureusement, les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes. En effet, selon la rubrique “il professionista risolve” (”Réponse d'expert”) du site Tgcom24.it:

Il y a eu un peu plus de 134 000 demandes envoyées, soit moins de la moitié du public potentiellement intéressé, lequel est supposé osciller entre 300 000 et 500 000 personnes.

 

Les conditions posées n'ont pas permis d'atteindre les résultats attendus. La Cgil di Lecco (Note de la traductrice: principal syndicat italien) rappelle par exemple quelques-unes des modalités et conditions prévues par la loi :

La régularisation peut concerner un emploi de n'importe quel secteur, à temps plein, et, en ce qui concerne les services à domicile, à temps partiel aussi. L'emploi doit être occupé depuis au moins le 9 mai 2012.

L'employeur devra s'acquitter de la somme de 1000€ lors de la présentation de la demande. A la signature du contrat, il devra donc prouver qu'il a versé des cotisations et des salaires pendant au moins 6 mois. Sont exclus les employeurs condamnés pour trafic d'êtres humains ou exploitation de la prostitution et de mineurs, emploi d'immigrés en situation irrégulière, exploitation illégale de la main-d'oeuvre, encouragement à l'immigration clandestine.

 

Dans un billet publié sur le blog du collectif  ”Alzo La Mano Adesso” (”Je lève la main maintenant”), Louis Benjamin Ndong, pense que:

Si, d'un côté, cette régularisation va donner la possibilité à de nombreuses personnes de sortir de leur propre situation  d'invisibilité, en obtenant aussi une reconnaissance des institutions qui la leur refusaient jusqu'à présent, d'un autre côté, elle va constituer un nouveau et énième purgatoire pour de très nombreux immigrés qui, privés des outils adéquats, tels un vrai contrat de travail, vont s'en remettre aux mains d'escrocs et de bonimenteurs de la dernière heure. Malheureusement, la loi en question, conçue en premier lieu pour remplir les caisses, n'a pas la portée juridique contraignante pour endiguer ce risque…

Manifestation à Brescia, le 6 novembre. Photo de Zic Photo sur Flickr, licence CC.

Marco Massaroni écrit sur le site de journalisme participatif FaiNotizia:

La disposition transitoire prévue par le décret sur la régularisation s'est avérée être non dépourvue de critères restrictifs, de controverses et de difficultés.
Des inquiétudes ont été immédiatement exprimées quant au fait que cette régularisation pouvait donner lieu à de nombreuses escroqueries puisque, dans un pays qui compte des centaines de milliers d'immigrés en situation irrégulière, il est facile d'en trouver de nombreux disposés à payer, même chèrement, la promesse d'obtention d'un permis de séjour.

 

Dans un billet sur le site Meltingpot, on peut lire ceci:

Les prix augmentent. Ceux-ci sont en effet passés de 3500 à 4000 euros en moyenne pour la dernière procédure à 5000/8000 euros pour l'obtention de cette régularisation.

Un marché des droits de séjour que personne ne veut fermer et qui, grâce aux choix mêmes du Gouvernement, s'accroît toujours davantage.

Et pourtant, tous le savent. Il suffit de se rendre dans diverses villes, là où se retrouvent les migrants, pour le découvrir ou y trouver tel conseiller qui propose à des prix élevés des régularisations faciles à obtenir, tel agent qui promet, moyennant une généreuse rémunération, de vous obtenir le permis de séjour tant espéré.

 

Pubblicogiornale.it a chargé cette vidéo qui montre une tractation entre un migrant et un agent, lequel lui demande 5000 €  pour la régularisation de ses papiers. Et dans cette autre vidéo d', on peut même voir les visages.

Les résultats obtenus laissent de nombreuses personnes dubitatives quant à leur crédibilité. Massimiliano Zani, responsable de CNA World Rimini, explique pourquoi, selon lui, cette régularisation massive est à considérer comme une occasion perdue :

Pour commencer, il est à noter que la correspondance entre les demandes envoyées et l'activité en question n'est absolument pas crédible.

Il suffit de considérer les chiffres des travailleurs en provenance du Maroc, traditionnellement absents du secteur domestique. En effet, sur un total de 15 600 demandes, il en a été envoyé bien 12 600 pour emplois de maison; même chose pour le Bangladesh, le Pakistan, l'Egypte, le Sénégal, la Tunisie, etc… Se pose alors tout de suite une question : s'il n'est jamais arrivé de ces pays des travailleurs employés dans le secteur domestique, comment se fait-il qu'il y ait, dans ce secteur d'activité, une telle concentration des demandes ? La réponse est évidente : en effet, le coût d'une demande pour une employée de maison ne dépasse pas les 2000 euros (entre les impôts et les cotisations de Sécurité sociale) tandis que dans des secteurs tels que le bâtiment, le commerce ou l'agriculture, le coût peut être de deux à quatre fois supérieur.

 

Et il continue en décrivant la manière dont certains employeurs contournent la loi, indiquant lors de la demande que leur employé travaille comme employé de maison:

Voilà donc que de nombreux employeurs ont choisi de dépenser 2000 euros au maximum - comme prévu pour la régularisation d'un employé de maison à temps partiel - au lieu des 3 à 8000 euros pour la régularisation d'un travailleur à temps plein de tout autre secteur. Evidemment, à peine le permis de séjour obtenu, ce dernier pourra changer de contrat avec le même employeur ou un autre.  Autre élément qui a, par ailleurs, influé sur le modeste résultat obtenu : l'obligation de prouver, via une attestation d'un  “organisme public”, sa présence constante sur le territoire italien depuis le 31 décembre 2011.

 

Comment un clandestin peut-il remplir et justifier cette dernière condition lorsqu'il risque ainsi même, s'il vient à être découvert, la prison? Antonio Maria Ricci rappelle, en effet, dans son blog:

Le délit est prévu par le décret législatif 286/98 de 2009 du projet de loi Maroni sur la Sécurité.

Celui-ci s'articule en deux parties: d'une part, l'article 10 bis qui institue le délit de clandestinité, passible pénalement  d'une amende  et/ou de la réclusion, d'autre part, l'article 14, lequel prévoit une sanction administrative incluant l'expulsion.

 

Pour assouplir cette exigence et comme le rappelle le blog ItAliena, ont été adoptées les mesures suivantes:

Seront acceptés, à condition toujours d'être antérieurs au 31 décembre 2011: le certificat de scolarité des enfants du travailleur étranger, les cartes nominatives de transports publics, les amendes routières, administratives ou autres, les cartes téléphoniques des opérateurs italiens (Tim, Wind, Vodafone, 3, etc…), les documents délivrés par les centres d'accueil même  religieux ou privés, les documents délivrés par les ambassades ou les consulats en Italie.

 

Seul problème: les clandestins ne peuvent souscrire aucun contrat. Pour avoir une idée de la terreur que ceux-ci ont de voir anéantis tant de sacrifices faits depuis le départ de leur terre natale jusqu'à celle rêvée d'Italie, Maruan raconte l'histoire de Blessed, une petite fille dont les parents sont des Nigérians clandestins sur la page Anolf - Giovani di 2° Generazione (Anolf- Les jeunes de la 2ème génération), dans un billet intitulé: La storia di Blessed, clandestina prodigio promossa con tutti dieci (l'histoire de Blessed, une brillante petite clandestine):

Son livret scolaire est la seule chose qui soit restée à l'école. Il se trouve sur le tableau d'affichage  mais n'a pas encore été retiré par ses parents, des parents que la maîtresse essaie de contacter depuis des jours. S'il est vrai que la loi italienne garantit aux enfants d'immigrés le droit d'être inscrits à l'école et en fixe l'obligation, indépendamment de leur situation et de celle de leurs parents (article 45 du décret n° 394/1999), il n'est aucune loi qui ne tienne face à la terreur des parents d'être expulsés.

 

Autre exigence de ce décret sur la régularisation : le paiement de 1000 euros par travailleur sans compter les autres charges dues au Trésor public et à la Sécurité sociale pendant 6 mois. Le site en français bayediouf.seneweb.com a calculé que, rien que pour 6296 Sénégalais, le montant total était d'environ 12 056 918 euros et ajoute :

Ce montant de presque 8 Milliards de francs CFA est la somme déboursée par nos compatriotes dans l'attente d'une convocation pour la signature du contrat puis, de l'obtention du permis de séjour. En cas de rejet, les sommes ne seront pas remboursées.

Influencés par la droite, les gouvernements italiens successifs ont, ces dernières années, élaboré un arsenal juridique xénophobe. Et pourtant, selon un rapport du gouvernement Berlusconi, entre 2010 et 2020, l’Italie devrait enregistrer une diminution de la population active allant de 5,5% à 7,9%. Il s'en suivra un besoin de plus d'immigrés. Entre 2011 et 2015, le total des besoins pourrait avoisiner les 100 000 tandis qu'on estime celui-ci à près de 260 000 entre 2016 et 2020.