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Bangladesh: Les islamistes exigent que les femmes restent à la maison

mercredi 8 mai 2013 à 00:54

(Billet d'origine publié le 4 mai)

Les militants du Hifazat-e Islam [anglais comme tous les liens sauf mention contraire], un parti islamiste radical du Bangladesh, ont attaqué les femmes journalistes envoyées suivre un défilé du parti dans la capitale du pays pour exiger l'application stricte de la loi islamique, y compris l'interdiction de la mixité et la répression des “athées et des blogueurs blasphémateurs”.

Le parti Hifazat-e Islam a présenté ses exigences en 13 points au cours d'une marche le 6 avril 2013, à Dacca, demandant l'application de la peine capitale pour blasphème, l'éducation islamique obligatoire et la fin de “toutes les pratiques culturelles étrangères comme l'impudeur, la luxure, l'inconduite, la culture du libre mélange des sexes, les bougies au nom de la liberté personnelle et d'expression “.

On 6th of April Hifazat-e Islam arranged a rally to demand action against ‘atheists and blasphemous bloggers’ of the Shahbagh’s Ganajagaran Mancha. Image by Suvra Kanti Das. Copyright Demotix (6/4/2013)

Le 6 avril, le parti Hifazat-e Islam a organisé un rassemblement pour réclamer des mesures contre les “athées et les blogueurs blasphémateurs” de Ganajagaran Mancha du Shahbagh. Photo de Suvra Kanti Das. copyright Demotix (06/04/2013)

Le jour de la longue marche le parti Hifazat-e Islam non seulement a interdit aux femmes de participer à la manifestation, mais il a aussi physiquement et verbalement harcelé plusieurs femmes journalistes envoyées pour couvrir l'événement. Des militants du Hifazat ont chassé et agressé physiquement la reporter Nadia Sharmin de la Télévision Ekushey à Bijoynagar, sur le chemin de la marche, et intercepté Arafat Ara du Financial Express à Paltan, à proximité du lieu de la manifestation, lorsqu'elle allait au bureau. Ils ont lancé des quolibets et des bouteilles d'eau contre Sharmin et l'ont jetée à terre et battue. Elle a été transportée à l'hôpital et y a passé trois jours.

Des plaintes ont été déposées contre 60 personnes. Cette vidéo mise en ligne sur YouTube par Professeur Ziauddin montre l'attaque contre Nadia par des militants de Hifazat :

Une vieille femme ramassant des bouteilles d'eau dans la zone de rassemblement a été chassée sous prétexte que “ce n'était pas un endroit pour les femmes”.

Cependant, suite aux protestations de l'ensemble des journalistes du pays, appelant à un boycott des nouvelles et des informations provenant des islamistes, des représentants du Hifazat ont déclaré plus tard déplorer l'attaque, soutenant que ce sont des “mécréants qui avaient mené les attaques contre les scribes”.

সাংবাদিক নাদিযা় শারমিনের ওপর হেফাজতে ইসলামের কর্মীদের আক্রমন। ছবি: মুক্তিযুদ্ধের গল্প শোনো ফেসবুক পাতা থেকে নেযা়।

Des militants du parti Hefazot Islam attaquant la journaliste Nadia Sharmin alors qu'elle couvrait la longue marche. Photo de Sanaullah Lablu.

Jusqu'ici, le gouvernement bangladais a été patient avec eux et, Sheikh Hasina Wajed [fr], Premier ministre, leur a demandé de reporter leurs manifestations prévues pour le 4 et le 5 mars 2013 à Dhaka à cause des opérations de secours aux victimes de l'effondrement du bâtiment de Savar (voir le billet de Global Voices).

Le Premier ministre a également mentionné que beaucoup de leurs 13 points ont déjà été réalisés ou sont en train de l'être, et a proposé des négociations pour quelques autres de leurs exigences.

Toutefois, le parti a promis d'organiser d'autres manifestations et perturbations dans le long terme. Le 5 mai 2013, le groupe prévoit de couper Dacca du reste du pays en postant ses militants à tous les six points d'entrée de la ville, qualifiant les propos du Premier ministre disant avoir déjà réglé la plupart de ses revendications en 13 points,de “dénués de tout fondement “. Les partis d'opposition BNP et Jamaat-e-Islami le soutiennent.

La position misogyne du parti Hifazat lui a valu une condamnation ferme de tout le Bangladesh, avec l'organisation de manifestations et des rassemblements contre lui à travers le pays.

Le Bangladesh est une démocratie laïque dans laquelle les femmes ont fait des progrès significatifs. Selon les dernières données du recensement [bengali], environ la moitié des 152 518 015 habitants du Bangladesh sont des femmes. En matière d'éducation, les femmes progressent plus vite que les hommes, avec 89,19% des filles contre 78,23% des garçons qui réussissent l'examen de fin de l'enseignement secondaire. Et les femmes sont de plus en plus économiquement impliquées, grâce à l'industrie du vêtement dans lequel 80% des employés sont des femmes.

Activists of Bangladesh group theater federation took a part of mach against Hifazat-e-Islam long march in the Dhaka. Image by Rehman Asad. Copyright Demotix (5/4/2013)

Un groupe de militantes de la fédération du théâtre du Bangladesh ont pris part à la manifestation contre la longue marche du parti Hifazat-e-Islamde à Dacca. Photo de Rehman Asad. Copyright Demotix (04/05/2013)

Le Premier ministre du pays, le leader de l'opposition et ex-Premier ministre ainsi que le président nouvellement élu du parlement sont des femmes. De nombreuses personnes considèrent que le régime oppressif du parti Hifazat comme un frein au progrès du Bangladesh pour les droits des femmes.

Le 27 avril 2013, une alliance de 68 organisations non gouvernementales œuvrant en faveur des droits des femmes a organisé un rassemblement à Dacca pour dénoncer l'assujettissement proposé des femmes. Sultana Kamal, une militante des droits humains, y a déclaré :

Les gens sont non-communautaristes et religieusement tolérants. La nation ne peut pas céder à la démonstration de force d'une poignée de fanatiques.

Kazi Mamun Hossain s'est exprimé sur le blog communautaire Somewhereinblog contre l'intention du parti Hefazat d'établir un état taliban obligeant les femmes à rester à la maison enveloppées dans la burqa :

হেফাজত তাদের ১৩ দফায় ধর্মের নামে নারীদের চার দেযা়লে বন্দী করতে চায়, চায় পোশাক শ্রমিক নারীদের মাধ্যমে দেশ যে বিদেশী মুদ্রা আয় করছে তা বন্ধ হোক, আমাদের মেযে়রা কাজ না করে স্বামীর পদতলে বাঁধা থাকুক। শিক্ষা ব্যবস্থাকে আধুনিক না করে আমাদেরকে অন্ধকারে বেঁধে রাখতে চায়। ধর্মের নামে আধুনিক বাংলাদেশকে তালেবান রাষ্ট্র বানাতে চায়।

Le parti Hefazat essaie de confiner les femmes à l'intérieur des quatre murs domestiques avec ses exigences en 13 points. Il veut arrêter le flux de devises étrangères dans le pays en empêchant les ouvrières de l'industrie du vêtement de faire leur travail. Ils veulent que nos femmes cessent de gagner leur vie pour dépendre des revenus de leurs maris. Ils veulent restreindre la modernisation de notre politique de l'éducation elle-même en nous enfermant dans l'obscurantisme. Ils veulent établir un Etat taliban au nom de la protection de la religion.

Sur le même site, Nayakraj a rappelé que ce pays est à tout le monde :

বাংলাদেশকে কোনক্রমেই তালিবান আফগান বানাতে দেযা় যাবে না। বাংলাদেশ কোনো কাঠমোল্লার দেশ না, এই দেশ নারী পুরুষ সবার।

Nous ne pouvons pas laisser le Bangladesh devenir un état taliban comme l'Afghanistan. Le Bangladesh n'est pas un pays de fondamentalistes. Ce pays est aussi bien aux femmes qu'aux hommes – il est à tout le monde.
Hefajat-e Islam protests continue and threatened the government of blocking Dhaka on May 5 if its 13 point demands, including a blasphemy law and execution of atheist bloggers for defaming Islam in Bangladesh capital. Image by Rehman Asad. Copyright Demotix (19/4/2013)

Les manifestations du parti Hefajat-e Islam continuent et ont menacé le gouvernement de bloquer Dacca le 5 mai 2013, si ses 13 revendications, y compris une loi sur le blasphème et l'exécution des blogueurs athées pour diffamation de l'Islam ne sont pas satisfaites. Photo de Rehman Asad. Copyright Demotix (19/4/2013)

Le blogueur Himu a écrit sur ​​le blog de la communauté Sachalayatan que les femmes du Bangladesh sont trop impliquées dans la gestion du pays pour pour rester à la maison :

যে বাংলাদেশের কৃষি অচল নারীর অংশগ্রহণ ছাডা়, যে বাংলাদেশের শিল্প অচল নারীর শ্রম ছাডা়, যে বাংলাদেশের পরিবার অচল নারীর নি:শব্দ আত্মবিসর্জন ছাডা়, সে বাংলাদেশে মাথায় ফেট্টি বাঁধা কতগুলি উন্মাদের কথায় নারী অন্তরীণ হযে় থাকবে?
কখনোই না।

L'agriculture du Bangladesh dépend du travail des femmes, les industries dépendent des femmes. Au Bangladesh, les familles dépendent de la contribution silencieuse des femmes dans le rôle parental et le ménage. Les femmes du Bangladesh ne seront pas confinées parce que quelques radicaux avec des turbans sur la tête l'ont dit. Jamais.

Sur le blog communautaire Amarblog, Shariful Islam Rukun s'interroge sur la compréhension de l'islam de la part du parti à la lumière de ses attaques contre les femmes journalistes lors de la marche :

ইসলাম শান্তির ধর্ম। হেফাজতের যে সব কর্মীরা এ মহত্ (!) কাজে অংশ নিযে়ছেন তারা কী জানাবেন, একজন মহিলাকে অর্ধশত পুরুষ মিলে এভাবে নির্দয়ভাবে পেটানোর অনুমতি ইসলামের কোথায় উল্লেখ আছে?

L'islam est une religion de paix. Les membres du parti Hefazat qui ont participé à ces attaques sacrées (!) pourraient-ils nous dire où en Islam il est prescrit qu'un groupe d'hommes battent impitoyablement une femmes désarmée?

Irteza (@irteja) demande sur Twitter:

@ইরতেজা: সকল গণমাধ্যমকে উদাত্ত আহবান জানাচ্ছি, সাংবাদিক বোনদের ওপর অব্যাহত অত্যাচার নির্যাতনের প্রতিবাদে হেফাজতে ইসলামীর সকল সংবাদ বর্জন করুন।

@irteja: Je demande à tous les journalistes de boycotter toutes les informations liées au parti Hefazat Islam dans les médias pour protester contre leurs attaques contre les femmes journalistes.

Bikkhipto Khitish (@projonmo106) a écrit que les efforts déployés par les fondamentalistes ont été vains :

@প্রজন্ম১০৬: দু:খিত, হে ধর্মান্ধের দল, নারীকে ঘরে আটকে রাখার দিন এদেশে আর নেই, কোনোদিন আর আসবেও না। sachalayatan.com/dhusor_jolchobi/48746 #শাহবাগ

@projonmo106: Désolé chers fondamentalistes, les jours sont révolus où nous avions l'habitude de garder nos femmes à l'intérieur de la maison. Ces jours ne reviendront pas. sachalayatan.com/dhusor_jolchobi/48746#.UWW3Y3h_1Ns.twitter … #shahbag

Un aristocrate espagnol, voix de la Corée du Nord dans le monde extérieur

mercredi 8 mai 2013 à 00:04

Alejandro Cao de Benós, né à Tarragone, en Espagne, en 1974, descend des barons de Les [une municipalité du Val d'Aran en Catalogne], des comtes d'Argelejo et des marquis de Rosalmonte. Sauf ce lignage peu ordinaire, son nom serait sans doute resté dans l'ombre si ce Catalan de 39 ans n'était un important porte-parole étranger du régime nord-coréen.

Fondateur et président de l'Association d'amitié coréenne (AAC), il est délégué spécial honoraire du pays, où il est appelé Cho Son-il, ou “La Corée est une”. Dans un entretien avec Tribuna Popular [en espagnol], il a expliqué les origines de sa relation avec ce pays d'Asie :

Con 16 años tuve posibilidad de conocer a mis primeros camaradas de la RPD de Corea que residían en Madrid (Representación Permanente ante la Organización Mundial del Turismo). El interés se convirtió en pasión y me identifiqué plenamente no sólo con la ideología del Presidente Kim Il Sung, sino con los principios y valores morales del pueblo coreano.

A 16 ans j'ai eu la possibilité de connaître mes premiers camarades de la RDP de Corée qui vivaient à Madrid (Représentation Permanente auprès de l'Organisation Mondiale du Tourisme). L'intérêt s'est converti en passion et je me suis identifié pleinement non seulement avec l'idéologie du Président Kim Il Sung, mais aussi avec les principes et valeurs morales du peuple coréen.

Qu'un régime aussi secret que celui de la Corée du Nord fasse confiance à un étranger étonne. Une confiance qui a pourtant valu à Cao de Benós des honneurs : il est délégué spécial de la Commission des Relations culturelles avec les pays étrangers, membre d'honneur du Parti des Travailleurs de Corée, de l’Armée populaire de Corée et journaliste honoraire de Corée du Nord.

Screen grab of Alejandro Cao de Benós's Facebook page

Capture d'écran de la page Facebook d'Alejandro Cao de Benós

Certains dans les médias doutent cependant de l'influence de Cao de Benós, considéré comme un outsider utilisé par Pyongyang pour blanchir son image à l'extérieur. A leur avis il n'a de contact qu'avec des fonctionnaires subalternes et n'a accès à aucune information intéressante, ce que semblent corroborer ses commentaires sur la succession de Kim Jong Il dans une lettre au journal El Mundo [espagnol] le 18 septembre 2010 :

Kim Jong Un es un total desconocido tanto para la población como las autoridades de la RPD de Corea. En 18 años de trabajo, jamás he visto su foto o leído un libro sobre él. Si existiera, nunca sería aceptado por el pueblo o el ejército.

Kim Jong Un est un total inconnu tant pour la population que pour les autorités de la RPD de Corée. En 18 ans de travail, je n'ai jamais vu sa photo ni lu de livre sur lui. S'il en existait, il ne serait jamais accepté par le peuple ou l'armée.

Un an plus tard pourtant, après le décès de Kim Jong Il et la succession de son fils Kim Jong Un, il changeait radicalement d'opinion dans El Confidencial :

Es muy joven, pero es un general muy bien preparado (…) Ha aprendido mucho de su padre, le ha seguido de cerca profesionalmente, como es tradición en Corea del Norte y en la filosofía confucionista.

Il est très jeune, mais c'est un général très bien préparé (…) Il a beaucoup appris de son père, il l'a suivi de près professionnellement, comme c'est la tradition en Corée du Nord et dans le Confucianisme.

Cao de Benós a été très actif ces derniers temps, puisqu'il est le seul étranger habilité à parler du régime nord-coréen, et il multiplie entretiens et conférences. Le 18 avril 2013, on lit les déclarations suivantes dans le Diari de Tarragona [espagnol] :

[¿Sería capaz Corea del Norte de atacar al propio Estados Unidos?]  También. Podemos alcanzar cualquier punto del país. Tenemos capacidad tecnológica para ello. Colocamos tres satélites en órbita para usos pacíficos, pero podemos emplear la misma tecnología para usos militares. (…)

Si Estados Unidos se atreve a usar uranio empobrecido contra nosotros, no dudaremos en responder con armamento nuclear. Y esto afectaría a todo el mundo.

[La Corée du Nord serait-elle capable d'attaquer les Etats-Unis eux-mêmes ?] Aussi. Nous pouvons atteindre n'importe quel point du pays. Nous avons la capacité technologique pour cela. Nous avons placé trois satellites en orbite pour des usages pacifiques, mais nous pouvons employer la même technologie pour des usages militaires. (…)

Si les Etats-Unis osent utiliser de l'uranium appauvri contre nous, nous n'hésiterons pas à riposter avec l'armement nucléaire. Et cela affecterait le monde entier.

Ce ne sont pas là les premières déclarations contestables de Cao de Benós. En septembre 2010, il évoquait Amnesty International dans un entretien au journal El Imparcial [espagnol] :

Alejandro Cao de Benós working in Pyongyang in 2011. Photograph taken from his Facebook page.

Alejandro Cao de Benós au travail à Pyongyang en 2011. Photo extraite de sa page Facebook.

 (…) cada año publican una lista de los países que más violan los derechos humanos y en la que el primer lugar lo ocupa, casi siempre, Corea del Norte. Pues bien, AI no ha visitado jamás el país. (…) Esto demuestra que estas supuestas ONGs no son más que instrumentos políticos de Estados Unidos y la CIA.

(…) chaque année ils publient une liste des pays qui violent le plus les droits humains, et presque toujours, la Corée du Nord y occupe la première place. Or AI n'a jamais visité le pays. (…) Ceci démontre que ces soit-disant ONG ne sont que des instruments politiques des Etats-Unis et de la CIA.

Interrogé en décembre 2011 par El País [espagnol] sur les camps de concentration du régime nord-coréen, Cao de Benós de répondre :

No existen. Son campos de reeducación donde los presos trabajan y estudian la doctrina del régimen (…) Yo mismo he mandado a dos personas a campos de reeducación.

Ils n'existent pas. Ce sont des camps de rééducation où les prisonniers travaillent et étudient la doctrine du régime (…) J'ai moi-même envoyé deux personnes en camps de rééducation.

La Corée du Nord a beau être un pays secret où l'Internet est prohibé, Cao de Benós, qui vit en Espagne, est extrêmement actif sur le web. Il a un compte Twitter, une page Facebook et un blog [espagnol] qu'il utilise pour exprimer ses vues et attirer des sympathisants. Et c'est précisément ce qu'il fait ces derniers temps : il a lancé une e-pétition pour mettre sur pied des groupes internationaux de soutien à la Corée du Nord. Le 11 mars 2013, il a tweeté :

@DPRK_CAODEBENOS: Montrez votre soutien en rejoignant la Brigade de Défense Internationale de la RPDC ! * Apoye la brigada de defensa de la RPDC!

A conference given by Cao de Benós in the Universidad de Zaragoza (Spain) on March 15, 2012. Photograph taken from his Facebook page.

Une conférence donnée par Cao de Benós à l'Université de Saragosse (Espagne) le 15 mars 2012. Photo extraite de sa page Facebook.

En quelques jours la pétition a recueilli 1000 signatures, et depuis, on peut s'enrôler dans ces groupes par courrier électronique, comme l’explique sur son blog [espagnol] Cao de Benós.

Mais il ne s'est pas arrêté là. Cao de Benós organise aussi des voyages en Corée du Nord à travers le site Internet officiel du pays, dont il est l'administrateur. Le séjour, facturé 3100 dollars aux citoyens étatsuniens et 2450 dollars à tous les autres (vol depuis Pékin non compris), dure huit jours. Les personnes liées aux médias en sont exclues.

Sur Twitter, les opinions sur Cao de Benós divergent, comme le montrent ces deux tweets de Ragnarok (@Ragnarok_Madrid) et Sr. Sawa (@Pornosawa) :

@Ragnarok_Madrid: Acabarás siendo el Bin Laden español grandullón, no sé qué beneficio sacas de tus declaraciones, yo que tu lo dejaría..

@Ragnarok_Madrid: Tu finiras en Ben Laden espagnol monté en graine, j'ignore quel avantage tu tires de tes déclarations, si j'étais toi je laisserais tomber…

@Pornosawa: Cao de Benós está reclutando una brigada internacional con españoles para defender Corea http://t.co/odG5HwWodE @agarzon TEN HUEVOS Y ÚNETE

@Pornosawa: Cao de Benós recrute une brigade internationale d'Espagnols pour défendre la Corée du Nord. http://t.co/odG5HwWodE @agarzon AYEZ DES COUILLES ET REJOIGNEZ

Le blog ‘Africa is a Country’ remet en cause la vision occidentale de l'Afrique

lundi 6 mai 2013 à 20:28

[Tous les liens renvoient à des pages en anglais].

Ceci n'est pas un blog de plus sur “la  famine, Bono ou Barack Obama” avertit la description du blog Africa is a Country (‘L'Afrique est un pays') sur sa page Facebook.

Le titre ironique du blog indique que son objectif est, entre autres, de se démarquer du discours rebattu par les médias occidentaux faisant de l'Afrique “une sempiternelle histoire à faire pleurer dans les chaumières” explique son créateur Sean Jacobs à Global Voices.

Le blog, ajoute M. Jacobs, est un collectif d'intellectuels, d'auteurs, d'artistes, de cinéastes, de blogueurs et de “butineurs” qui produisent conjointement un commentaire, une écriture originale, une revue des médias, de courtes vidéos et une réflexion photographique destinés à repenser l'Afrique en tant que communauté.

 

SeanJacobs.

Sean Jacobs, créateur du blog Africa is a Country. Photo aimablement fournie par Sean Jacobs.

Nous avons interrogé M. Jacobs, spécialiste des médias et des affaires internationales et qui enseigne actuellement à la New School à New York, à propos de son blog.

Ndesanjo Macha (NM) : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Sean Jacobs (SJ) : Je suis né dans l'Afrique du Sud de l'apartheid et j'ai grandi dans un township noir et ouvrier de la ville [Johannesburg]. Je suis tout à fait un produit de la ségrégation, des mouvements étudiants anti-apartheid, de la discrimination positive et de l'euphorie suscitée par la liberté politique en Afrique du Sud. J'ai étudié à l'Université du Cap (encore très blanche à l'époque) grâce à une bourse et j'ai brièvement travaillé comme journaliste avant de partir aux Etats-Unis dans le cadre des bourses Fulbright au milieu des années 90 [...]

Je suis retourné en Afrique du Sud à la fin de mes études car je pensais que je regretterais de ne pas y travailler alors que la démocratie y était encore neuve. Donc, en 1997 j'ai été embauché par l'Institut pour la Démocratie en Afrique du Sud, une organisation qui a joué un rôle central dans la transition politique. [...]

En 2001, je suis parti à New York après avoir accepté un poste d'attaché d'enseignement à la New School. Au final je me suis installé à New York et je me suis marié.

Sans doute que je me considère comme un immigrant africain en Amérique désormais (j'ai deux enfants qui sont nés ici) et, bien que je suive de près la politique sud-africaine, je suis devenu également plus attentif à la manière dont le continent et sa population sont représentés dans les médias ici. C'est de là qu'est venu Africa is a Country.

NM : Qu'est-ce que Africa is a Country ?

SJ : Africa is a Country est un blog qui s'est développé au fil du temps – je tiens à insister sur cet aspect car il n'a pas toujours été clair qu'il deviendrait ce qu'il est – en un collectif d'intellectuels, d'auteurs, d'artistes, de cinéastes, de blogueurs et de “butineurs” qui, conjointement, produisent un commentaire, une écriture originale, une critique des médias, de courtes vidéos et une réflexion photographique qui remettent en cause délibérément les idées reçues à propos du continent africain et de ses peuples qui sont véhiculées dans les médias occidentaux (cette définition inclut les “médias traditionnels”, les nouveaux médias sociaux ainsi que les médias de l'information d'envergure mondiale comme Al Jazeera).

Actuellement, notre principal moyen d'expression est le blog, cependant nous avons également collaboré avec des festivals de cinéma, des publications papier et co-organisé des événements publics. Font également partie de notre communauté les gens qui lisent ou commentent notre site tous les jours. Certains de nos billets sont écrits par des lecteurs qui deviennent parfois des contributeurs réguliers.

NM : Pourquoi “L'Afrique est un pays” (Africa is a country) ? L'Afrique n'est-elle pas un continent ?

SJ : Bien entendu nous ne croyons pas que l'Afrique soit un pays au sens littéral. Le titre du blog est ironique et prend à revers les images éculées de “l'Afrique”. Comme l'une des membres-clés  du collectif, Neelika Jayawardane, l'explique dans la section “A propos” de notre page Facebook, le blog c'est ça et bien d'autres choses. C'est à dire que Africa is a Country cherche également à construire une sorte de “pays”. Un pays où la “nation” opère en dehors des frontières des Etats-nations modernes de l'Afrique et de ses limites continentales et conceptuelles. Donc, oui, le blog annonce que l'Afrique est un “pays”, une communauté imaginaire où les “citoyens” doivent réinventer le récit et l'économie visuelle de l'Afrique. J'espère que c'est intelligible.

NM : Comment vous est venu le titre du blog ?

SJ : Je ne saurais pas dire précisément la source ou le moment. Il y a eu un nombre incalculable de célébrités, d'hommes politiques (y compris ceux qui ont immédiatement nié avoir déclaré ce qu'ils avaient pourtant dit) qui ont fait l'erreur de parler du “pays africain” ou d'être très vague quant à leur destination lorsqu'ils voyageaient sur le continent ou quant à ce qu'ils décrivaient (un pays, un peuple, une ville, etc.). Dans d'autres cas, certains journalistes ont laissé entendre que l'Afrique était un pays dans leurs papiers ou dans leurs reportages. Il y a également autre chose que je faisais régulièrement. Alors que je bloguais encore sous le nom Leo Africanus, j'ai commencé à inscrire les mots “L'Afrique est un pays” dans l'un ou l'autre des billets incrédules que j'écrivais à propos de reportages malavisés en Afrique ou au sujet de l'Afrique. Un jour j'ai juste décidé de changer le nom du blog en Africa is a Country. Cela a aidé à attirer l'attention de plus de gens et à faire lire le blog de même que les recherches “L'Afrique est un pays” dont les résultats mènent à notre site.

NM : Qui sont les autres personnes impliquées dans la création des contenus du blog ?

SJ : Actuellement le collectif est constitué d'une trentaine de membres permanents et d'un nombre variable de contributeurs ponctuels. C'est un mix d'étudiants, de professeurs, d'activistes, de professionnels du développement, d'écrivains, de journalistes, de critiques d'art, de romanciers, de photographes, de cinéastes, un DJ et un chroniqueur de films, entre autres. [...]

NM : Quel est le lectorat de votre site et d'où viennent la majorité de vos lecteurs ?

SJ : Notre page Facebook a collecté plus de 11 000 “Likes”, près de 20 000 personnes nous suivent sur Twitter et notre blog reçoit en moyenne entre 7 000 et 10 000 visites par jour, avec au total plus de 3 millions de pages vues depuis le changement de nom. Les lecteurs viennent de partout, mais une connexion internet rapide est un plus malgré tout. La majorité de nos lecteurs vivent, travaillent ou étudient aux Etats-Unis et/ou en Europe. Sur le continent, la plupart de nos lecteurs viennent du Nigéria, d'Afrique du Sud et du Kenya.

NM : Quelles ont été vos plus grandes réussites à travers ce blog jusqu'à présent ?

SJ : C'est à nos lecteurs d'en décider. Laissez-moi encore une fois me référer à quelque chose qu'Elliot [Ross] et moi-même avons écrit récemment pour répondre à cette question : Notre sentiment est que les médias internationaux – par définition cela veut souvent dire médias occidentaux, à quelques exceptions près – se sont montrés à maintes reprises totalement incapables de couvrir le continent avec la profondeur et le souci du détail qu'il exige, sans même parler d'une quelconque appréciation pour l'Afrique comme lieu de production culturelle et artistique étonnante. Africa is a Country cherche à corriger le tir à l'échelle internationale, non pas avec des nouvelles “positives” pleines de condescendance ou un battage médiatique néolibéral de type communiqué de presse, mais à travers le travail quotidien répété de présentation et de discussion critique de la vie politique et culturelle de l'Afrique et de sa diaspora. [...]

Bien sûr, tout ce que nous faisons n'est pas aussi sérieux. Nous sommes par exemple très enthousiastes à l'idée du récent lancement d'une page “Football is a Country” sur le blog. Nous avons réussi à convaincre d'excellent auteurs, photographes, cinéastes et blogueurs de s'engager à contribuer et nous espérons la voir se développer.

NM : Quel est le billet le plus lu à ce jour ?

SJ : Le billet le plus sur le blog à ce jour est celui d'Elliot Ross à propos de “Kony 2012″.

Mais je souhaite également mentionner un certain nombre d'autres excellents billets (et je vais devoir en laisser certains de côté, ce qui ne veut pas dire qu'ils méritent moins d'attention) : il y a les explorations sur le milieu des DJ de Boima Tucker et le billet de Jeremy Weate Quand Kim Kardashian vient à Lagos et “joue un tour de 419 aux 419eurs”* par exemple. D'autre part, nous avons également publié un certain nombre d'entretiens comme celui de Zachary Rosen avec l'artiste Toyin Odutola, celui de Corinna Jentzsch avec le photographe allemand Gregor Zielke, celui de Amkelwa Mbekeni avec Bongeziwe Mbandla et celui de l'historien Dan Magaziner avec l'auteur d'un livre sur Marcus Garvey.

 

* Note du traducteur : 419 renvoie aux arnaques dont certains Nigérians ont fait une profession. Le chiffre est une référence à la section 419 du Code de la Criminalité nigérian relative aux escroqueries par paiement à l'avance (Advance Fee Fraud). 

Les dégâts du tourisme humanitaire en Afrique

lundi 6 mai 2013 à 20:13

Daniele Mezzana a écrit sur son blog Immagine dell'Africa [en italien] :

Le “tourisme humanitaire”, dans le meilleur des cas, vise à permettre à la fois un voyage dans des régions exotiques, la découverte de situations de grandes difficultés sociales et l'action solidaire ou charitable. Il apporte évidemment un plus par rapport à d'autres formes de tourisme qui provoquent un gaspillage de ressources, une destruction de l'environnement local, et quelquefois un choc de cultures. Et pourtant même ce type de tourisme a souvent des effets pervers qu'il est bon de savoir identifier : création d'une dépendance de type paternaliste, incitation à la mendicité, et même multiplication des caries dentaires chez les enfants en rapport avec la distribution de bonbons dans des zones où il n'existe pas de dentiste : petites escroqueries bien involontaires…

Chine: Des retraites à deux vitesses

lundi 6 mai 2013 à 20:05

The Economic Observer [en chinois] publie un article sur le système de retraites à deux vitesses qui fonctionne actuellement en Chine. Il montre l'énorme différence de traitement (plus de dix fois) entre les travailleurs “migrants de l'intérieur” et les fonctionnaires. La revue en ligne ChinaSmack a traduit en anglais cet article, et quelques commentaires.