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Prix européen pour l'aide aux victimes de la crise de crédit hypothécaire espagnole

mardi 18 juin 2013 à 23:13

[Les liens renvoient à des pages en langue espagnole sauf indication contraire.]

Le Parlement européen a annoncé les gagnants du Prix du citoyen européen de cette année. L'une des récompenses est revenue à la Plateforme des victimes du crédit hypothécaire (PAH en espagnol), une organisation populaire consacrée au soulagement de la souffrance des gens en Espagne qui ont été touchés par la crise des subprimes et expulsés de leurs domicile. D'après le site [français] du Parlement européen, cette récompense est donnée aux

personas u organizaciones excepcionales que luchen por los valores europeos, promuevan la integración entre ciudadanos y los Estados miembros o faciliten la cooperación transnacional en el seno de la Unión, y a los que día a día tratan de promover los valores de la Carta de Derechos Fundamentales de la UE.

individus et organisations d'exception qui luttent pour les valeurs européennes, promeuvent l'intégration entre les citoyens et les Etats membres ou facilitent la coopération transnationale au sein de l'UE, et à ceux qui au jour s'efforcent de promouvoir les valeurs de la charte des droits fondamentaux de l'UE.

Recogida de firmas para la ILP en Berriozar (Navarra). Imagen de la web de la PAH en Navarra

Recueil de signatures pour la pétition ILP à Berriozar (Navarre). Photo du réseau PAH à Navarre

L'un des engagements les plus importants de PAH était l'initiative législative populaire (ILP en espagnol), une pétition qui vise à modifier la loi actuelle sur le crédit immobilier pour autoriser les propriétaires à transférer le titre de leur résidence à leur établissement bancaire et de cette façon régler leur dette, même au cas où la propriété vaut moins que le prêt. D'après les sondages, elle a le soutien de près de 90% des Espagnols. Bien que la pétition ait déjà obtenu 1,5 million de signatures et ait été prise en considération par le Parlement, PAH a décidé de la retirer quand il a découvert que le gouvernement avait l'intention d'approuver une loi qui suscité le commentaire suivant du porte-parole de PAH Ada Colau :

nos parece inaceptable que el Gobierno pretenda utilizar su mayoría para aprobar una ley que nada tiene que ver con nuestra propuesta. No queremos que lo haga en nuestro nombre. Nosotros la seguiremos defendiendo a través de nuestras campañas de desobediencia, sin renunciar a seguir presionando al Gobierno

il nous paraît inacceptable que le gouvernement prétende utiliser sa majorité pour faire voter une loi qui n'a rien à voir avec notre proposition. Nous ne voulons pas qu'ils fassent cela en notre nom. Nous continuerons à la défendre à travers notre campagne de désobéissance civile, sans relâcher la pression sur le gouvernement.

PAH a nourri des campagnes controversées comme les escraches [[français] un genre de démonstrations publiques ciblées] contre des personnalités politiques afin de recueillir leur soutien à la pétition, ce qui a eu pour effet auprès de la direction du Parti Populaire de qualifier les activistes de PAH de “Nazis” et les accuser de soutenir les groupes pro-ETA.

Críticas de internautas a las reacciones del PP. Imagen subida a Twitter por el usuario munozporque

Critique par des internautes de la réaction du PP. Image téléchargée sur Twitter par l'utilisateur Rafael Muñoz

Les politiciens du Parti Populaire (PP) au pouvoir ont réagi furieusement à la remise au prix, annoncée le 6 juin 2013. L'eurodéputé espagnol Carlos Iturgaiz déclarait :

hoy ha sido Ada Colau, mañana nos pueden traer a Arnaldo Otegi y con el voto de la izquierda salir adelante y dar un premio a Otegi.

Aujourd'hui c'était Ada Colau, demain ils peuvent nous amener Arnaldo Otegi et avec le vote de gauche aller plus loin et obtenir un prix pour Otegi.

[Arnaldo Otegi [français] est le dirigeant historique de Herri Batasuna, la branche politique de l'ETA].

Plusieurs internautes ont critiqué le commentaire de l'eurodéputé. Cavendish et Tony S.A.G. ont répondu sur Twitter :

@lowcost12: -Quién ha dicho que después de Colau vendrá Otegui? -Iturgáiz -No, me refiero a si lo ha dicho alguien con cerebro

@lowcost12: – Qui a dit qu'après Colau ce serait Otegi ? – Iturgáiz – Non, Je me demande si celui qui l'a dit a un cerveau

@Tony_SaGPP”hoy ha sido Ada Colau,mañana nos pueden traer a Arnaldo Otegui” hoy es el PP, mañana nos pueden traer la vuelta del Generalisimo.

@Tony_SaG: PP “aujourd'hui c'était Ada Colau, demain ils peuvent nous amener Arnaldo Otegi” aujourd'hui c'est le PP, demain ils pourraient faire revenir le Généralissime [Franco].

Bosco Martín Algarra, sur son blog treinta y muchos dit :

Ningún político en su sano juicio, salvo Iturgáiz y algunos compañeros de su partido se atreve a comparar a la PAH con ETA y a Ada Colau con Otegi. Resulta tan desproporcionado que hasta muchos simpatizantes del PP evitan criticar en público a la PAH para no ser identificados con opiniones tan absurdas como las de Iturgáiz. Y lo peor de todo: es Iturgáiz, precisamente alguien que ha padecido el acoso etarra como él, quien utilice de manera tan irresponsable argumentos tan superficiales.

Aucun politicien de bonne foi, sauf Iturgáiz et quelques-uns de ses amis du parti n'oserait comparer le PAH à l'ETA et Ada Colau à Otegi. C'est une réaction si disproportionnée que beaucoup de sympathisants du PP évitent de critiquer publiquement le PAH afin de ne pas être identifiés avec des opinions aussi absurdes que celles de Iturgáiz. Et le pire est que quelqu'un comme Iturgáiz, qui avait souffert d'une agression par l'ETA, utilise de tels arguments superficiels de manière si irresponsable.

Les eurodéputés du Parti Populaire ont indiqué qu'ils allaient demander que le prix soit annulé bien que le Parti populaire européen, auquel ils appartiennent, ait soutenu la récompense du PAH. Le socialiste

Captura de pantalla de Le Monde. Tuit de Carmela Ríos
Capture d'écran du quotidien français Le Monde. Tweet de Carmela Ríos

Enrique Barón, ancien président du Parlement européen et seul Espagnol du jury, commentait dans un entretien avec Eldiario.es:

Se aprobó todo por unanimidad y en el caso del premio a la PAH no hubo ningún tipo de debate. Los populares europeos estaban de acuerdo.

Tout a été approuvé à l'unanimité, et dans le cas du prix du PAH il n'y a eu aucun débat d'aucune sorte. Le Parti populaire européen était d'accord.

Pendant ce temps Rafael Hernando, un député PP, postait un tweet :

@Rafa_Hernando Baron PSOE hace trampas para quitarle el Premio del Parlamento Europeo a una discapacitada medallista olímpica y darselo a Colau vaya jeta!

@Rafa_Hernando Baron du PSOE ferme les yeux pour l'annulation du prix du Parlement européen à une médaillée paralympique et ne manque pas de toupet de le donner à Colau !

Hernando fait référence à Teresa Perales [anglais], une nageuse paralympique espagnole qui a obtenu 22 médailles —autant que Michael Phelps— également nominée. Le jury a justifié sa décision arguant que

Los deportistas no reúnen los requisitos de este galardón porque ya tienen su propio reconocimiento en su actividad.

Les athlètes ne correspondent pas aux critères puisqu'ils ont déjà reçu une reconnaissance pour leurs efforts.

La porte-parole des sports du PP, Miriam Blasco, donne son opinion :

Se quiere castigar al Gobierno pero se le da una patada al deporte paralímpico

Ils veulent punir le gouvernement mais c'est le sport paralympique qui prend le coup

Ce à quoi l'internaute JAVI répondait :

Ya está el PP en pleno en el papel de víctima (el que más les gusta despues del de embusteros) y manipulando a los minusválidos para intentar crear en la opinión pública la sensación de injusticia. Se puede caer más bajo?

Le PP joue déjà le rôle de la victime (son deuxième préféré après le mensonge) et manipule les handicapés afin d'encourager un sentiment d'injustice publique. Peut-on tomber plus bas ?

Le Ministre espagnol aux Affaires extérieures, José Manuel García Margallo, a dit qu'il considère une “erreur de la part du Parlement” d'offrir le prix à PAH alléguant que “cela a encouragé les escraches.”

Imagen de la PAH de Sant Boi en Facebook

Image sur Facebook de la page web de PAH dans la commune de Sant Boi

Bien que le parti de gouvernement mette les escraches organisés par PAH au centre de sa campagne en faveur de l'ILP, son programme est surtout celui d'un groupe d'intérêt essayant de défendre un droit constitutionnel au logement et de soulager le drame de la saisie et de l'expulsion —qui pour l'année 2012 seulement a laissé plus de 30.000 familles sans domicile (chiffre de Colegio de Registradores)— en offrant une aide légale et un soutien psychologique aux victimes de la crise du logement. Même la Banque centrale européenne, dans un rapport publié le 26 mai recommandait au gouvernement espagnol :

«debería adoptarse un conjunto de medidas más amplio que aborde las causas subyacentes de las dificultades relacionadas con las hipotecas y que trate de evitar, en la medida de lo posible, las ejecuciones hipotecarias»

une série de mesures plus larges devraient être adoptées pour viser les causes sous-jacentes des difficultés liées aux hypothèques qui essaient, autant que possible, d'éviter les saisies.”

Le Brésil, un nouveau grand des armes non létales

mardi 18 juin 2013 à 11:06

Ce billet écrit par Bruno Fonseca et Natalia Viana, de Agência Pública, a été publié à l'origine sous le titre “Bomba brasileira na pele turca” (des grenades brésiliennes contre des Turcs) , il fait partie d'une enquête spéciale sur le lobby et l'industrie des armes au Brésil  #IndústriaBrasileiraDeArmas. Ce reportage fera l'objet de trois articles publiés sur Global Voices online. 

L'utilisation des armes dites non létales est remise en question par la justice brésilienne alors que la fédération des fabricants APEX continue à en promouvoir l'exportation vers des pays comme la Turquie ou les Emirats Arabes. En novembre dernier, le procureur général aux droits des citoyens du Brésil a ouvert un enquête sur les conséquences pour la santé de l'usage de ces armes dans le pays. Cette démarche a été provoqué par l'ONG Tortura Nunca Mais (Plus jamais la torture), de São Paulo. Un groupe de travail composé de représentants du ministère de la Justice, de la Défense, de la Santé, de la Direction des droits de l'homme auprès de la Présidence de la République, ainsi que de des Polices Fédérales, des Polices Nationales, et  municipales a été mis en place pour réaliser un projet de loi sur ce sujet. Il n'existe en effet aucune norme nationale pour encadrer les interventions et garantir un usage adéquat de telles armes.

Ce groupe de travail devra également réaliser une étude comparative sur les formations spécifiques destinées aux policiers et sur les conséquences pour la santé des personnes exposées, tout spécialement lors de l'utilisation d'armes administrant des chocs électriques et des composants chimiques.

Wilson Furtado, de Tortura Nunca Mais-SP, commente :

Nos forces de police utilisent ce type d'arme dite non létale de manière systématique… la police au lieu d'arrêter une personne est toujours prête à tirer, atteignant principalement les jeunes qui manifestent.

Ministério do Desenvolvimento, Indústria e Comércio Exterior se nega a divulgar dados de empresas brasileiras que exportam armas/Agência Pública/Usado sob licença Creative Commons

Les ministères du développement, de l'industrie, du commerce extérieur refusent de communiquer l'activité des entreprises brésiliennes qui exportent des armes/Agence publique / sous licence Creative Commons

Le groupe de travail demande, outre une infomation complète des citoyens, une législation qui encadre et régule ce type d'armement, qui définisse les types d'armements autorisés et les normes à suivre pour les acheter et qui contrôle leur usage.

Les armes fabriquées par Condor sont largement utilisées par le Gouvernement Fédéral et par les polices de tout le pays. Les programmes fédéraux prévoient par exemple l'achat de telles armes pour les Unités de police de Pacification (UPP) à Rio de Janeiro et pour les forces spéciales de la police de 12 Etats engagées dans le programme. Ceci inclut les pistolets du type “tasers” et les sprays au poivre. Leur usage est envisagé lors des grands événements du type Coupe des Confédérations ou coupe du monde 2014 : à cet effet le Brésil a déjà prévu un budget de 49 millions de Reais pour Condor (17 millions €).

Le gaz lacrymogène exporté en Turquie a été aussi acheté par le gouvernement fédéral en vue de son utilisation éventuelle pendant la Coupe du monde 2014 et pendant les Jeux olympiques.

En avril 2012, le Portail de la transparence révélait que le gouvernement fédéral avait acheté pour 1,5 millions de Reais (500 000 €) d'armes non létales chez Condor pour une intervention de l'armée pour faire respecter la loi et l'ordre dans un quartier nord de Rio de Janeiro les complexos do Alemão e da Penha. Il s'agissait entre autre de 1 125 grenades explosives (GL307), 500 grenades multi-impact au poivre (GM 102) et 500 grenades fumigènes, 29 500 cartouches à balles en caoutchouc et  700 grenades lacrymogènes aux mouvements aléatoires (GL -310), les mêmes qui ont été utilisées pour réprimer les manifestations en Turquie.

Gás lacrimogêneo exportado para a Turquia também foi comprado pelo Governo Federal para utilização durante a Copa do Mundo 2014 e as Olimpíadas/Agência Pública/Usado sob licença Creative Commons

Le gaz lacrymogène exporté en Turquie a été acheté par le gouvernement fédéral pour être éventuellement utilisé pendant la Coupe du Monde 2014 et les jeux Olympiques/Agence  Publique/sous licence Creative Commons

En juin c'est le gouvernement local de l'Etat de Rio de Janeiro qui a fait une commande à Condor pour sécuriser le Sommet Rio+20 : Un achat de 900 sprays au poivre, de 1300 grenades lacrymogènes triples, 870 grenades explosives et 5000 cartouches calibre 12 avec projectiles en caoutchouc.

Pour la Coupe : la bagatelle de 50 millions de Reais

Le gouvernement fédéral a conclu un contrat de 49,5 millions de Reais pour l'achat de milliers d'armes non létales à l'entreprise Condor, dans le but d'une utilisation éventuelle par la Police de toutes les ville concernées par la Coupe des Confédérations de 2013 et la Coupe du Monde de 2014.

Ce contrat signé le 26 novembre 2012 avec Condor S.A sera effectif jusqu'au 31 décembre 2014, et prévoit la fourniture de divers types d'armements dont 2200 kits non létaux à courte distance contenant des sprays poivre et de mousse de poivre, des grenades lacrymogènes avec des puces de traçabilité, des grenades assourdissantes à usage interne et externe et des grenades explosives “son et lumière”….Ajoutez à cela : 449 kits non létaux courte distance de balles en caoutchouc et cartouches à impact expansif ( les balles gonflent au contact de la peau évitant la perforation).

 

On peut trouver ici l'intégralité du contrat.

Les manifestations autour du stade Maracanã à Rio de Janeiro

lundi 17 juin 2013 à 20:15

Des manifestations contre le réajustement des tarifs des transports et le gaspillage abusif d'argent public investi pour la Coupe du Monde 2014 ont été brutalement dispersées par la Police Militaire à coup de gaz lacrymogène aux alentours du stade Maracanã à Rio de Janeiro. Les manifestants ont du se réfugier en catastrophe dans le parc municipal de la Quinta da Boa Vista, comme le montre cette vidéo. Le témoignage d'un reporter sportif qui couvrait le match entre le Mexique et l'Italie, dimanche 17 juin à la radio, a été amplement diffusé et partagé sous le mot-clé #ProtestosRJ (#ManifsRJ)

Réforme des retraites au Kazakhstan: le ministre congédié sous la pression des internautes

lundi 17 juin 2013 à 17:46

Sauf indication contraire les liens dirigent vers des sites en anglais.

Au Kazakhstan, une réaction via Facebook, sur la tentative du gouvernement d'imposer une réforme des retraites sans discussions préalables, a donné une rare occasion de se faire entendre aux personnes proches de l'âge de la retraite. Le Ministre des Affaires sociales est tombé après une bévue lors d'une apparition en public où il a été tourné en ridicule, alors que l'homme fort du Kazakhstan, le président Noursoultan Nazarbayev, a depuis signé plusieurs amendements à la loi.

La loi sur les retraites décriée devrait mettre en place des changements significatifs : elle ferait passer l'âge de départ des femmes de 58 à 63 ans, rendrait obligatoires les cotisations au régime de retraite public actuellement volontaires, augmenterait le rôle de l'Etat dans la gestion des fonds de pensions privés. La loi a rencontré une farouche opposition de la part du public, en particulier la proposition de retarder l'âge de départ à la retraite des femmes, sachant que l'espérance de vie au Kazakhstan n'est que de 67 ans. Les inégalités sociales et économiques croissantes au Kazakhstan sont en toile de fond des discussions passionnées sur la loi.

L'un des principaux porte-parole de la réforme des retraites, Serik Abdenov [russe], ex-Ministre du Travail et de la protection sociale, est devenu la caricature de l'incompétence de l'administration dès que le projet de loi est devenu public. Le 26 avril dernier, il s'est fait bombarder d'oeufs lors d'une conférence de presse sur la réforme du système de retraite. Plus tard, en s'adressant à un groupe de travailleurs concernés à Temirtau [français], on lui a demandé pourquoi les femmes devraient travailler cinq ans de plus. Abdenov a répondu [russe] “Vous devez travailler et travailler, parce que, mes chers concitoyens, parce que, parce que”. La vidéo est devenue virale et le terme “патамушта-патамушта” – “parce que-parce que”, déformé pour l'effet comique, est devenu un mème, avec des femmes qui postent leur photo où on les voit tenir une pancarte où il est écrit “je dois travailler jusqu'à 63 ans parce que parce que”.

 

Une femme tient une pancarte où l'on peut lire “Je dois travailler jusqu'à 63 ans parce que-parce que… Largement partégé. A l'origine publié sur la page Facebook du groupe public “патамушта-патамушта”.

“Parce que, parce qu'ils font ce qu'ils veulent”

Le sentiment général partagé par les internautes est que les réformes sont faites par des responsables suffisants qui ne prennent même pas la peine d'en expliquer l'objectif.

Assel Khodzhi a posté [russe] sur la page Facebook du groupe public “Parce que-parce que”:

Патамушта у нас всё через патамушто, творят, что хотят, а на народ наплевать!

Parce que tout est fait uniquement parce qu‘ils font ce qu'ils veulent et crachent sur les gens !

D'autres internautes vont plus loin, en accusant les responsables indifférents de faire mauvais usage des fonds publics. WoOTTw commente [russe] la vidéo d'une émission de la chaîne de télévision Channel 7 téléchargée sur YouTube :

денег мало им видать,всю страну разворовали и продали,теперь деньги где брать? только у народа забирать последнее [...] правительство ВОРы и ему по барабану на народ,тоесть на нас всех

Apparemment ils manquent d'argent, après avoir volé tout le pays, où pourraient-ils trouver encore de l'argent ? Prendre ce qui reste encore aux gens [...] le gouvernement ce sont des VOLEURS qui compte les gens pour rien, nous tous.

Un autre commentateur иван иванов est sûr [russe] que Noursoultan Nazarbayev [français], le Président du Kazakhstan, s'approprie l'argent public :

[...] На самом деле законопроект антинародный, преступный. Так и хочется спросить нашего дорогого (в прямом смысле) Леонида Ильича Назарбаева : зачем такой злой, зачем как собака. Он сейчас собрал со всего мира, любителей пожрать и потанцевать на халяву (за деньги народа Казахстана) [...]

[..] Cette loi, en fait, est contre le peuple, criminelle. On voudrait demander à notre cher (au sens propre) Président Nazarbayev : pourquoi est-il si méchant, si chien? Il a maintenant fait venir de partout dans le monde ceux qui aiment faire la fête et manger gratuitement (tout cela aux frais du peuple du Kazakhstan) [...]

L'aspect le plus impopulaire de la loi est de loin la proposition de retarder l'âge de départ à la retraite des femmes de 58 à 63 ans. Gauhar Suleimenova [russe] en parlant elle aussi du clip de Channel 7, condamne [russe] la loi:

Не у всех женщин легкая работа, есть,которые убирают помещения, есть, которые бегают по всему городу разносят квитанции, есть,которые стоят целыми днями на базаре, потому что нужно прокормить своих детей,им прикажете тоже заниматься всем этим и в совсем зрелом возрасте?Задумайся,Серик Абденов, если в голове хоть капелька мозгов у тебя есть.Задумайтесь и те,которые приказали ему говорить такие глупости.Женщин нужно беречь,мы – матери,а это уже огромная заслуга,чтобы к нам относились с уважением!

Toutes les femmes n'ont pas un travail facile, il y a celles qui font le ménage, celles qui parcourent la ville en tous sens pour remmetre les reçus et les factures, celles qui restent debout toute la journée sur le marché, parce qu'elles doivent nourrir leur famille – vous allez leur demander de continuer à faire la même chose quand elles seront d'âge plus mûr ? Pensez-y, Serik Abdenov, s'il vous reste un peu de cervelle. Pensez-y aussi, vous qui lui ont conseillé de dire toutes ces bêtises. Nous devrions prendre soin des femmes, elles sont nos mères, et ce fait même est un immense mérite qui emporte le respect !

Patamu

Sur la caricature de gauche, un jeune garçon demande à l'ex-Ministre Serik Abdenov pourquoi sa grand-mère doit travailler jusqu'à 63 ans. Il lui répond: “parce que, mon garçon, parce que”. A droite, la nouvelle loi est susceptioble d'augmenter la fragilité des personnes âgées du Kazakhstan (images partagées sur la page Facebook du groupe public “Патамушта. Патамушта”-”Parce que-parce que”)

 

Serik Abdenov, à cause de sa bévue “parce que-parce que”, est vite devenu la risée des internautes et fait l'objet de blagues.

@_script a twitté [russe] :

а можно некоторые пункты трудового договора в РК заменить на #патамуштапатамушта?

Peut-on remplacer une partie du code du travail du Kazakhstan par #parce que-parce que ?

Et @GoogleRoma lui répond [russe] :

@_script Нет, нельзя. А знаешь почему? #патамуштапатамушта

Non. Et tu sais pourquoi? #parce que-parce que

@Miyatov reprend les paroles d'une chanson soviétique bien connue pour tourner en dérision [russe] la bévue du ministre :

#патамуштапатамушта мы пилоты, небо наш, небо наш родимый дом. Первым делом, первым делом на работу. А пенсия? А пенсия – потом!)))

#parce que-parce que nous sommes les pilotes et le ciel est notre maison. Le travail avant tout, avant tout. Et  nos retraites? Et nos retraites – après! )))

La bataille est terminée mais la guerre continue

Le fait que Serik Abdenov ait été démis de ses fonctions [russe] sur ordre du Président Noursultan Nazarbayev le 10 juin peut être considéré comme une victoire de l'humour sur Internet, et même de méthodes plus vieillotes d'expression du mécontentement comme le lancer d'oeufs. Le même jour, Nazarbayev critiquait sévèrement [russe] le gouvernement et la gestion “maladroite” de la Banque Nationale pour traiter d'une loi “socialement importante”.

Précédemment, la loi avait été approuvée par le parlement et transmise au président. Cependant, devant la colère publique grandissante, Nazarbayev a renvoyé [russe] la loi devant le parlement avec un amendement [russe] qui propose une augmentation progressive de l'âge de départ à la retraite qui commencerait en janvier 2018, et non pas en janvier 2014 comme l'avait proposé le parlement. La chambre basse du parlement du Kazakhstan a déjà approuvé [russe] l'amendement du Président, et on s'attend à ce que la chambre haute fasse de même.

Vidéo : A São Paulo, la violence policière hors de contrôle

lundi 17 juin 2013 à 16:41

 

Mise à jour : ce post a été publié le 17 juin en portugais sur Global Voices Brésil, de très importantes manifestations se déroulent depuis au Brésil.

La cinquième manifestation contre l'augmentation du tarif dans les transports publics de 3,00 à 3,20 Reais (1,037 à 1,106 Euro) à São Paulo s'est déroulée lundi (le 17 juin). La quatrième qui avait eu lieu jeudi dernier (le 13 juin), avait rassemblé quelques 20 000 personnes des balles en caoutchouc, des grenades à blanc et des gaz lacrymogènes par la police.

Le syndicat des journalistes de São Paulo a divulgué une liste encore incomplète contenant les noms de 3 journalistes détenus et de 14 maltraités par la police. Parmi ceux-ci le reporter photographe Sérgio Silva, de l'agence Futura Press, qui court toujours le risque de perdre la vue à un œil et Giuliana Vallone de Folha de São Paulo qui a eu une hémorragie à un œil à cause d'un mauvais coup reçu. Giuliana raconte ce qui s'est passé sur Facebook:

Sur ce qui s'est passé: j'étais déjà sortie de la zone d'affrontements la plus chaude – dans le quartier de Consolação, où j'avais déjà été menacée par un policier parce que je filmais les actes de violences. Quand j'ai été touchée. J'étais dans la rue Augusta en compagnie de quelques manifestants. J'ai essayé d'aider une femme complètement perdue au milieu du chaos et je l'ai amenée dans un parking couvert. Les hommes du Bataillon de choc (NdT: rendu célèbre par un film il y a quelques années) étaient revenus aux camions qui les transportaient. J'ai été voir s'ils étaient bien partis quand ils sont à nouveau descendus. Je n'ai vu aucune manifestation de violence autour de moi, et ne me suis manifestée d'aucune manière contre les policiers, je portais la carte d'identification de la Folha (NdT: son journal, l'un des plus connus du pays) et je ne filmais même pas la scène. J'ai vu le policier nous regarder moi et mon collègue Leandro Machado et tirer. J'ai pris une balle dans la figure. Le médecin a dit que c'était probablement mes lunettes qui m'avait sauvé l’œil.

Polícia atira contra manifestantes em São Paulo. Foto de Raphael Tsavkko Garcia, sob licença CC

La police tirant sur les manifestants à São Paulo/ Photo: Raphael Tsavkko Garcia/Creative Commons 2.0

Des personnes qui filmaient les violences de la police depuis le septième étage d'un immeuble ont été atteintes par des grenades lancées par la police elle-même comme le montre la vidéo partagée par la chaîne olhetodos sur Youtube :

Même après la manifestation, des personnes ont été brutalisées par des policiers juste parce qu'elles étaient assises dans un bar. L'utilisateur de Youtube Denis Giacobelis a posté une vidéo où l'on peut voir un groupe de manifestants chargés par la Police Militaire juste pour avoir lancé le slogan “Sem Violência” (“Sans Violence”) en chœur sur l'avenue Paulista (NdT: les “Champs-élysés” de Sao Paulo):

 

Etat et police contre les manifestants
Balas usadas pela polícia/Movimento Passe Livre

Les balles utilisées par la Police Militaire contre les manifestants à São Paulo /Rafael Ribeiro/Facebook

Le journaliste Rafael Bueno attire l'attention sur le fait que le type de munitions utilisées par la Police Militaire ne seraient pas approprié, sur sa page Facebook:

Une preuve de plus contre la comédie provoquée par la PM hier (NdT: jeudi dernie): les balles utilisées par la corporation pour réprimer la manifestation et intimider la presse. Sur la photo, deux exemples de munitions non mortelles mais anti émeute, de celles que le Ministère de la Sécurité Publique de São Paulo achète pour la PM. Celle de gauche est l'anti-émeute, conseillée pour les troubles à courte distance. Soit jusqu'à 5 mètres, idéal pour ce qui se passait alors puisqu'elles ne servent qu'à faire du bruit et elles n'ont qu'un indice de mortalité très bas…. Pourtant, la corporation a utilisé celle de droite, pour les tirs à longue distance. A moins de 50 mètres, elles disposent de la même énergie qu'une munition de 22 long rifle. Sur aucune des photos divulguées ou publiées les policiers ne se trouvent à moins de 50 mètres des manifestants, en visant de manière évidente les parties  vitales du corps justement. Dans de telles conditions, l'impact (tête, poitrine et trachée) peut tuer.

 

La vidéo ci-dessous publiée par la chaîne Senhor VeTudo sur Youtube montre un policier en train de casser une vitre de sa propre voiture de police pour accuser plus tard les manifestants de vandalisme :

Le journaliste Luiz Carlos Azenha en arrive même à comparer l'action de la police d'aujourd'hui avec celle du temps de la dictature militaire (1964-1985):

L'Etat ne peut pas torturer, faire preuve de violence et de barbarisme comme il l'a fait au temps de la dictature militaire.

Les jeunes peuvent agir de manière irresponsable. L'Etat, avec le monopole de la violence, non.

Malheureusement, hier (le 13 juin) nous avons pu voir l'Etat agir comme des jeunes irresponsables, lançant des grenades, maltraitant les journalistes et agissant de manière barbares avec les passants.

 

Tandis que le gouverneur de São Paulo, Geraldo Alckmin se contentait de défendre les actions violentes de la Police Militaire, le maire de la ville, Fernando Haddad, a soutenu fermement la police initialement avant de reculer et d'affirmer qu'il allait négocier avec les manifestants. Le professeur Gilberto Maringoni a critiqué la position du maire, en affirmant que celui-ci allait maintenir l'augmentation. l'ex-ministre des Droits de l'Homme, Paulo Vannuchi a comparé la violence contre les manifestants dans les rues de São Paulo à de la “torture”.

Beaucoup plus que 0,20 centimes
Um casal se abraça perto de uma das várias barricadas de lixo pegando fogo espalhadas pelo entorno da Avenida Paulista. Foto de Raphael Tsavkko Garcia, sob licença CC

Un couple s'embrasse à côté d'une des barricades en flammes de l'Avenue Paulista/ Photo: Raphael Tsavkko Garcia/ Creative Commons 2.0

Les manifestations organisées par le Mouvement Passe Livre (mouvement pour la gratuité des transports) ont non seulement pour objectif d'empêcher cette augmentation de 20 centimes mais aussi de discuter d'un nouveau projet pour la ville qui considère le droit d'aller et venir, la question de la mobilité urbaine et les alternatives à ce que l'on appelle encore le transport public.

La journaliste Mariana Vedder parle du sujet sur son blog :

L'Etat qui grignote petit à petit toute les libertés conquises de haute lutte, lavées dans le sang de tant de gens. Ce n'est pas 20 centimes, c'est votre liberté qui est en jeu. Luttez pour elle !

 

Le journaliste Eduardo Roberto a écrit dans la revue Vice à propos du désir de politique de la jeunesse paulistanan (NdT: de Sao Paulo capitale):

Ce qui est en jeu, en vérité, c'est la propre configuration sociale de cette São Paulo qui émerge des limbes d'une politique créé par des gestions apathiques et qui n'ont fait que si peu pour comprendre comment la ville se sentait. Ce à quoi ces manifestations aspirent, c'est à beaucoup plus qu'à l'annulation de ce réajustement du tarif des bus, ou à la gratuité des transports. La jeunesse veut goûter, avec le fer et le feu, à sa propre existence dans la São Paulo du futur.