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Chili : “Ce qui nous manque, c'est l'image d'un développement plus autonome de la société mapuche”

lundi 4 juin 2018 à 12:19

Le projet Histoires recadrées [en] demande à ses participants de réagir aux thèmes dominant la couverture médiatique les concernant. Ces articles se concentrent sur les réflexions de personnes plus souvent représentées dans les médias par d'autres qu’elles-mêmes. La génération de nuages de mots sur la plate-forme de Media Cloud [en], qui effectue des recherches dans des collections de médias d'une région donnée du monde, peut donner un aperçu aux participants de leur représentation dans les médias et leur donner une occasion de l'analyser. Ce projet s'abstient de porter une quelconque conclusion sur les données, mais au contraire, fournit le point de départ d'une discussion sur la forme qu'ils peuvent donner à leur propre représentation dans les médias numériques.

César Pérez est un Champuria (Mapuche chilien) originaire de Castro (Chiloé) et de Osorno. Il a une licence d'anthropologie et travaille actuellement à l’Université de Los Lagos à Osorno au Chili. Voici l'analyse qu'il a réalisée à partir du nuage de mots apparus pour les termes “indigènes” et “mapuches [fr]”, un groupe indigène du sud du Chili et de l'Argentine. 

Mots dominants extraits de 1 985 articles publiés entre mai 2017 et mai 2018 mentionnant “Mapuches” dans deux collections de Media Cloud dans les médias de langue espagnole du Chili. Cliquez pour agrandir l'image.

César Pérez

La nube de palabras asociadas a “mapuches” indica claramente una conceptualización marcada por el conflicto. La violencia histórica del Estado chileno hacia el pueblo mapuche aparece aquí, en esta época, bajo la forma de la criminalización de la resistencia. Es decir, ante el avance colonialista, las formas en que el pueblo mapuche ejerce su autonomía y el derecho a la vida son judicializadas. Aquellos que dirigen y participan en movimientos, o que sostienen un discurso de resistencia, son investigados, llevados a tribunales, condenados, en una palabra: perseguidos. La razón detrás de esto es que, por un lado, la resistencia mapuche amenaza con desenmascarar el origen violento del sacramentado estado-nación chileno, y por otro lado, se pone en el camino de proyectos extractivistas de las grandes empresas que están emparentadas con la élite nacional.

Le nuage de mots associés à “mapuches” indique clairement une situation marquée par le conflit. La violence historique de l'État chilien envers le peuple mapuche s'exprime ici sous forme de criminalisation de la résistance. En d'autres termes, les actions du peuple mapuche pour exercer son autonomie et son droit à la vie face aux avancées colonialistes de l'État sont punies par la justice. Ceux qui dirigent ou participent aux mouvements de protestation, ou qui soutiennent la résistance, font l'objet d'une enquête, sont traduits en justice, condamnés, en un mot : persécutés. La raison de tout ceci est que, d'une part, la résistance mapuche menace de dénoncer le caractère intrinsèquement violent de l'État-nation “sacré” chilien, et d'autre part, elle barre la route aux projets d'extraction des grandes entreprises liées à l'élite nationale.

Mots dominants extraits de 2.957 articles publiés entre mai 2017 et mai 2018 mentionnant le mot “indigène” dans deux collections de Media Cloud dans les médias de langue espagnole du Chili. Cliquez pour agrandir l'image.

Ahora, si uno observa la nube de palabras asociadas a “indígenas”, el tono cambia de inmediato. Aquí aparecen de inmediato palabras más positivas, tales como: desarrollo, consulta, derechos, participación, reconocimiento. Sin embargo, el hecho mismo de que estén asociadas al concepto de “indígenas” esconde un interés ya no tan noble, ya que es una palabra que despersonaliza a los pueblos a los que se refiere. Es una palabra que surge de la caracterización homogeneizante y reificadora de parte del Estado chileno a los pueblos preexistentes en este territorio. Y las palabras asociadas entonces pasan a tener otro valor: el del paternalismo, de la mitigación maquiavélica del conflicto histórico, de la asimilación, etcétera.

Frente a esta realidad mediática, ¿qué palabras preferiría que se asocien al pueblo mapuche? En mi opinión, hace falta una representación que refleje un desenvolvimiento más autónomo de la sociedad mapuche, que no esté siempre supeditada a la relación con el Estado chileno…. Aquí cabrían palabras como sociedad, idioma, cultura, e incluso palabras que pasarían cada vez más a ser préstamos del mapudungun al castellano, como, por ejemplo: trawün, we tripantu o lofche. Aunque se dice que el lenguaje crea realidad, pienso que no se puede esperar que los medios por sí solos cambien la realidad. Son procesos complejos de cambio social y cultural, por lo que tenemos que seguir luchando por ir transformando la realidad actual. Así, los medios que vayamos generando de manera más autónoma tendrían la doble función de coadyuvar en estos procesos y al mismo tiempo reflejar el resultado de los mismos.

À présent, si on observe le nuage de mots associés à “indigènes”, le ton change du tout au tout. On voit aussitôt apparaître des mots très positifs, comme : développement, consultation, droits, participation, reconnaissance. Cependant, le simple fait qu'ils soient associés au concept d'”indigènes” cache un intérêt déjà moins noble, puisque ce mot dépersonnalise les peuples auxquels il se réfère. Il émerge de la volonté de l'État chilien de chosifier et d'homogénéiser les peuples préexistants sur le territoire… On devrait plutôt y trouver des mots comme société, langue, culture, et même des mots qui passeraient du mapudungun [fr] à l'espagnol comme des emprunts de plus en plus fréquents tels que : trawün, we tripantu ou lofche. Même si l'on sait que le langage crée la réalité, je pense qu'on ne peut pas attendre des médias qu'ils changent la réalité à eux seuls. C'est en nous appropriant les processus complexes de changements sociaux et culturels que nous parviendrons à transformer la réalité actuelle. Ainsi, les médias que nous aurions produits de façon plus autonome pourraient à la fois contribuer à ces processus et refléter leurs résultats.

Cet article fait partie d'une série de Rising Frames réalisée dans le cadre d'une activité organisée par Fernando Carías. Fernando a participé à l'organisation d'un atelier qui s'est déroulé le 26 mai 2018 à Osorno au Chili, réunissant les représentants de plusieurs collectifs et groupes afin d'examiner comment eux-mêmes ou les sujets qui les intéressent sont représentés dans une collection de médias chiliens, et de créer des articles en réponse à cette représentation. 

Andrea Chong Bras et Belén Febres-Cordero ont collaboré à la transcription et à la traduction de cette version, et l'ont adaptée et condensée.

Chili : “Indigène”, un mot imposé et aseptisé

lundi 4 juin 2018 à 09:46

Le projet Histoires recadrées [en] demande à ses participants de réagir aux thèmes dominant la couverture médiatique les concernant. Ces articles se concentrent sur les réflexions de personnes plus souvent représentées dans les médias par d'autres qu’elles-mêmes. La génération de nuages de mots sur la plate-forme de Media Cloud [en], qui effectue des recherches dans des collections de médias d'une région donnée du monde, peut donner un aperçu aux participants de leur représentation dans les médias et une occasion d'analyser celle-ci. Ce projet s'abstient de porter une quelconque conclusion sur les données, mais au contraire, fournit le point de départ d'une discussion sur la forme qu'ils peuvent donner à leur propre représentation dans les médias numériques.

Martín Quintana Elgueta est enseignant-chercheur hispanophone au Département de l'éducation de l'université Los Lagos [es] d'Osorno, au Chili. Ce qui suit est une transcription de la vidéo de son analyse du nuage de mots basé sur le mot “indígena” [indigène ou autochtone, NdT].

Mots dominants dans les 2.957 articles publiés entre mai 2017 et mai 2018 mentionnant “indígena” [indigène ou autochtone, NdT] parmi deux collections de Media Cloud d'organes de presse chiliens en langue espagnole. (voir l'image en grand)

Llama la atención aquí en esta nube la asepsia de la palabra ‘indígena’ con respecto a otras palabras que también hemos indagado, como por ejemplo la palabra ‘mapuche.”

Aquí la palabra indígena aparece asociada fundamentalmente a conceptos institucionales, a conceptos vinculados a la participación, la democracia, y algunas estructuras de gobierno, pero de alguna manera, desatendida de su condición más propia. Así, la palabra ‘indígena’ de aquí, resulta más bien como una palabra impuesta, una palabra reconocida como externa y curiosamente desprovista también de otras  señales de tensión, de crisis, y de violencia, que sí aparece en otras palabras, como ‘mapuche’. Creo que eso demuestra de alguna manera también lo externo de la palabra ‘indígena’ en la cosmogonía y cosmovisión mapuche, y de alguna manera también le otorga una impronta de institucionalidad aprendida.

L'asepsie du mot “indigène” attire ici l'attention en relation avec certains autres termes que nous avons aussi recherchés, tels que “mapuche”.

Ici, “indigène” apparaît essentiellement associé à des concepts institutionnels, relatifs à la participation, à la démocratie et à certaines structures gouvernementales, mais il est en quelque sorte déconnecté de sa propre condition. Ainsi, “indigène” ici se retrouve plutôt comme un terme imposé, un terme reconnu comme externe et aussi, curieusement dépourvu d'autres signes de tension, de crise et de violence qui, eux, apparaissent en relation avec d'autres mots, comme “mapuche”. Je pense que, d'une certaine façon, ceci montre aussi la signification externe de “indigène” dans la cosmogonie et la vision du monde mapuches, et donne à ce mot une empreinte de constitutionnalité apprise.

Cet article de la série Rising Frames est issu d'un atelier animé par Fernando Carías le 26 mai 2018 à Osorno, au Chili, qui a rassemblé des représentants de différents collectifs et groupes pour examiner la façon dont eux-mêmes, ou des questions qui leur tiennent à cœur, sont représentés dans les médias chiliens et pour réagir en créant leurs récits.

Mónica Bonilla et Belén Febres-Cordero ont aidé à la transcription de cette vidéo et sa traduction en anglais. Celle-ci a été éditée et raccourcie pour plus de clarté.

Les marais salants d'Enfeh au Liban menacés par un nouveau complexe hôtelier

dimanche 3 juin 2018 à 22:35

Vue aérienne d'Enfeh. Photo ‘Lebanon Untravelled’. Utilisation autorisée.

Après Ramlet el Bayda à Beyrouth, le bord de mer rocheux de Kfarabida et le port antique d'Adloun, les marais salants historiques d'Enfeh, une localité dans le nord, pourraient devenir la nouvelle victime de la longue litanie de privatisations littorales au Liban.

Le 16 mai 2018, tout juste dix jours après les premières élections nationales en neuf ans, le Haut comité à l'Urbanisme mettait son veto à un hôtel projeté dans le cadre d'une auto-proclamée ‘opération immobilière Natour’ (‘Natour Development’) à Enfeh, invoquant la signification écologique, environnementale, historique et culturelle de la péninsule de Deir El Natour où devrait être édifié le complexe hôtelier.

Mais de sérieux doutes demeurent quant à savoir si le gouvernement suivra les recommandations du Haut comité. Il existe d'ores et déjà des informations contradictoires sur la position de l'administration.

Quelque 700 hectares de terrain littoral publiquement accessibles pourraient être ouverts aux promoteurs privés pour un complexe touristique comprenant hôtels, bungalows, bars et boîtes de nuit, un golf et une marina, faisant partie d'un projet plus vaste de 81 hectares.

Possédé et géré par Al Dair Holding, qui fait partie de Malia Group, ‘Natour Development’ est un projet des ex-députés Mohammad Safadi et Maurice Fadel (décédé depuis), ainsi que de l'industriel Jacques Sarraf.

Comme Timour Azhari l’expliquait dans le quotidien anglophone ‘The Daily Star’, la dénomination du projet est empruntée à Deir al-Natour, un monastère grec-catholique sis sur un promontoire entouré de marais salants et d'une végétation endémique.

Capture d'écran du site internet du Malia Group

Jad Tabet, président de l'Ordre des ingénieurs du Liban, a déclaré que ce projet contreviendrait au Plan général d'aménagement des territoires libanais approuvé par l’État en 2009, qui constatait l'importance biologique et culturelle “unique” de la zone d'Enfeh et appelait à sa préservation.

Lire aussi : A Beyrouth, Journées militantes de Veille du Patrimoine pour défendre les sites historiques en danger

Il a aussi souligné le fait que, le projet n'ayant pas encore été approuvé, il peut encore être efficacement contesté. Dans un commentaire sur la page Facebook “Diaries of the Ocean” (‘Journal intime de l'océan’), il écrit :

Nous pouvons encore nous battre pour stopper le projet. Faites pression sur l’Église orthodoxe propriétaire des terrains !

Une zone à importance biologique et culturelle

Situé sur une péninsule de 400 mètres de long près de la ville nordique de Tripoli, le site archéologique d'Enfeh était une cité côtière de l'Antiquité, utilisée jadis par les Phéniciens comme chantier naval. Enfeh révèle les vestiges d'au moins 3.000 ans d'occupation humaine. Murs phéniciens et romains, pressoirs à vin, sols en mosaïque, et deux chapelles du 7e siècle ont été trouvés sur le site.

En 2015, une équipe de l'Université de Balamand, dont le campus de Koura est proche d'Enfeh, a publié cette vidéo (en anglais) dans l'espoir de promouvoir un écotourisme responsable pour la région :

Un rapport de Greenpeace de 2010 suggérait d'inclure la péninsule d'Enfeh dans un réseau de réserves marines des eaux côtières du Liban à cause de son importante biodiversité. L'organisation proposait que les activités humaines soient limitées à la surveillance scientifique et à la plongée libre et sous-marine. Un écosystème naturel endémique existe toujours dans cette zone, à côté de marais salants vieux de décennies, de vestiges antiques et d'objets culturels. Avec l'île de Gozo à Malte, Enfeh possède les plus anciens marais salants de la Méditerranée.

Les appels à la protection du rivage d'Enfeh et de sa production traditionnelle de fleur de sel sont récurrents depuis des dizaines d'années. Avant les années 1970, Enfeh produisait l'essentiel du sel du Liban. La municipalité d'Enfeh estime qu'environ 70 pour cent des familles locales en vivaient. Leurs gains leur permettaient de se construire des maisons et d'envoyer leurs enfants à l'école. Mais leurs marges bénéficiaires ont dramatiquement baissé depuis les années 90, quand le gouvernement libanais a aboli les taxes sur le sel importé et que les coûts du sel libanais sont devenus trop élevés pour rester compétitfs.

Azhari raconte dans le Daily Star qu'un militant environnementaliste a tenté d'inverser le courant.

Hafez Jreij, un militant pour l'environnement d'Enfeh et ancien travailleur de marais salant, essaie de préserver la pratique depuis qu'il a eu vent du projet Natour en 1999.

Avec un collectif d'autres universitaires et militants qu'il a appelé la “Révolution du sel” Jreij veut intenter un procès pour empêcher le projet de sortir de terre.

De nombreux militants et groupes environnementaux, dont T.E.R.R.E Liban, Lebanon Eco Movement et Diaries of the Ocean, exhortent les autorités libanaises à ne pas approuver le projet et à sauvegarder la zone et sa singularité culturelle et environnementale.

Paul Abi Rashed, président du Lebanon Eco Movement (Eco Mouvement libanais) et fondateur de T.E.R.R.E Liban, indique :

C'est le dernier endroit propre où nous pouvons emmener nager nos enfants… Alors, le gouvernement a une décision historique à prendre en refusant d'autoriser le bétonnage des salants au nom du développement immobilier #SauverLesMaraisSalantsd'Enfeh.

Le ccllectif Beirut Heritage Community a aussi appelé à l'action pour stopper le projet :

Beirut Heritage Community appelle tous les intervenants, et en particulier les ministres du gouvernement, à ne pas approuver un projet touristique au-dessus des marais salants historiques sur le rivage d'Enfeh, qui sera présenté au dernier conseil des ministres prévu lundi. Ce projet a été rejeté par le Haut comité à l'Urbanisme et tous les organismes concernés s'y sont opposés.

Des personnalités politiques se sont même prononcés sur la récente décision du gouvernement. Le député Walid Joumblatt a questionné les motifs d'une telle décision :

Tout simplement, d'un trait de plume au conseil des ministres, les marais salants historiques d'Enfeh dans le nord du Liban sont supprimés pour laisser place à un projet immobilier dont les propriétaires n'accordent pas de valeur à l'histoire ou au patrimoine. La même chose se passe pour les bâtiments historiques à Beyrouth et presque partout.

Il faut noter que le tweet de Joumblatt suppose que le gouvernement a déjà accepté le projet, ce qui n'était pas le cas lors de l'écriture de cet article.

L'article 2 de l'ordre N° 144, la loi qui régit les propriétés littorales au Liban depuis 1925, dispose que le littoral jusqu'à la plus grande distance atteinte par les vagues en hiver, de même que les côtes sablonneuses ou rocheuses sont considérés comme domaine public.

Lire aussi : La municipalité de Beyrouth porte un nouveau coup aux espaces verts de la ville (en anglais)

En dépit de cette loi, cependant, modifications par décret et failles juridiques ont permis la réalisation de plus en plus de lotissements sur le littoral libanais.

Dans un entretien avec Azhari, Tabet a affirmé que :

Seulement 20 pour cent du littoral est libre d'accès pour les gens”, a dit Tabet – soit 45 kilomètres sur 225 de côtes libanaises.

Mexique : “Nous avons des savoirs locaux que nous ont transmis nos ancêtres”

dimanche 3 juin 2018 à 21:09

Le projet Histoires recadrées [en] demande à ses participants de réagir aux thèmes dominant la couverture médiatique les concernant. Ces articles se concentrent sur les réflexions de personnes plus souvent représentées dans les médias par d'autres qu’elles-mêmes. La génération de nuages de mots sur la plate-forme de Media Cloud [en], qui effectue des recherches dans des collections de médias d'une région donnée du monde, peut donner un aperçu aux participants de leur représentation dans les médias et leur donner une occasion de l'analyser. Ce projet s'abstient de porter une quelconque conclusion sur les données, mais au contraire, fournit le point de départ d'une discussion sur la forme qu'ils peuvent donner à leur propre représentation dans les médias numériques.

Gildardo Juarez Vega est membre de SURCO AC, une organisation militante de base spécialiste des médias communautaires. Il fait partie de la communauté ayuuk de Coatlán dans l’État de Oaxaca (Mexique), de culture ayuuk jaay (que l'on appelle aussi les Mixes). Voici la transcription du document audio qu'il a réalisé de l'analyse du nuage de mots pour le terme “indigène“.

Mots dominants extraits de 26.189 articles publiés entre mai 2017 et mai 2018 mentionnant le mot “indigène” dans deux collections de médias mexicains en langue espagnole de Media Cloud. Cliquez  pour agrandir l'image.

En la nube de palabras, dicen que somos pueblo, comunidades, ¿o incluso parte de una nación? Dicen que tenemos una lengua, que tenemos derechos. También dicen que vivimos de programas sociales, y sobre todo somos muy mencionados en la publicidad oficial creo que para justificar recursos económicos ¿malversados?

Y dicen que somos Marichuy (María de Jesús Patricio Martínez), somos la vocera del CNI (Congreso Nacional Indígena), somos la candidata.

Nuestro pueblo ha vivido y sobrevivido gracias a muchos conocimientos locales, para la siembra, cosecha, salud, construcción, cuidado del entorno, etc. Pero sobre todo, tenemos una relación de respeto mutuo con la naturaleza. Nuestro forma de vida y organización como pueblo es diversa, dinámica y contradictoria.

Parece ser que en la nube de palabras no se posiciona que las comunidades indígenas tenemos y generamos conocimientos. Tenemos saberes locales que nos enseñaron nuestros abuelos. Cada pueblo indígena tenemos historias, leyendas y mitos fundacionales, y de procesos comunitarios y de lucha.

La historia que queremos contar es que somos ayuuk ja’ay, porque tenemos en común una historia, lengua, espiritualidad, conocimientos, etcétera. Yo soy ayuuk ja’ay, pero no tan a gusto como mixe ni como indígena.

Dans le nuage de mots, ils disent que nous sommes un peuple, une communauté (et même que nous faisons partie d'une nation ?). Ils disent que nous avons une langue, que nous avons des droits. Ils disent aussi que nous dépendons de programmes sociaux, et surtout que nous sommes souvent mentionnés dans les publicités officielles pour justifier des moyens économiques. (Des fonds détournés?).

Ils disent aussi que nous sommes Marichuy (María de Jesús Patricio Martínez), que nous sommes la porte-parole du CNI (Congrès national indigène), que nous sommes la candidate (à la présidence).

Notre peuple a vécu et survécu grâce aux nombreux savoirs locaux sur les semailles, les moissons, la santé, les techniques de construction, la défense de l'environnement, etc.. Mais surtout, nous entretenons une relation de respect mutuel avec la nature. Notre mode de vie et notre organisation en tant que peuple sont divers, dynamiques et contradictoires.

Apparemment, dans le nuage de mots, on ne parle pas des connaissances que les communautés indigènes possèdent et génèrent. Chaque peuple indigène a une histoire, des légendes et des mythes fondateurs dont découlent ses processus communautaires et ses combats.

L'histoire que nous voulons raconter, c'est que nous sommes ayuuk ja’ay parce que nous avons en commun une histoire, une langue, une spiritualité, des connaissances, et cetera. Je suis ayuuk ja’ay, mais je ne me sens pas aussi à l'aise en tant que mixe ou indigène.

Cet article fait partie d'une série de Rising Frames réalisée dans le cadre d'une activité organisée par SURCO A.C. basée à Oaxaca, au Mexique. Un atelier a été organisé du 29 au 30 mai 2018 à Oaxaca, au Mexique, réunissant des représentants de divers collectifs et groupes, en particulier des stations de radio communautaires locales, afin d'examiner comment ils sont représentés dans une collection de médias mexicains et de créer des articles en réponse à cette représentation.

Le Kazakhstan commémore les victimes de la terreur stalinienne

dimanche 3 juin 2018 à 10:18

Svetlana Tynybekova, 78 ans, dans son appartement à Astana, au Kazakhstan. Née en 1939, elle a vécu la fin de la terreur stalinienne qui a emporté sa famille. (Toutes les photos sont de Joanna Lillis).

Ce qui suit est un billet de notre partenaire EurasiaNet.org écrit par Joanna LillisRepris avec permission.

Svetlana Tynybekova est née en 1939, à la fin d'un raz-de-marée de terreur qui a dévasté l'Union soviétique, emportant sa famille.

Son grand-père, intellectuel kazakh et ancien ministre du gouvernement soviétique d'Asie centrale, avait été tué comme ennemi du peuple. Sa grand-mère a dépéri au goulag.

“C'est anormal, c'est inhumain, qu'un enfant vive sans avoir jamais rencontré sa grand-mère ni jamais vou son grand-père”, dit Tynybekova, fraîche et pimpante à 78 ans, rappelant le passé de sa famille lors d'un entretien en novembre dernier dans son appartement à Astana.

Le 31 mai, le Kazakhstan tiendra sa commémoration annuelle de ceux, comme la famille de Tynybekova, qui ont été victimes de la répression soviétique.

“Cela a vraiment affecté notre famille. Ma mère aimait vraiment son père et quand elle parlait de lui, elle devenait comme un enfant. Je la regardais et je pensais : c'est quelqu'un qui a été dépouillé de son enfance. Elle avait 16 ans [quand son père a été arrêté]. La famille a été laissée entre ses mains”, dit-elle.

Le grand-père de Tynybekova, Sultanbek Khodzhanov, est né en 1894 dans une famille de bergers du sud du Kazakhstan, qui faisait alors partie de l'Empire russe. À la suite de la révolution russe, il allait devenir un citoyen soviétique modèle.

Khodzhanov a absorné les idées révolutionnaires à Tachkent, où il a fréquenté un institut de formation des enseignants et rejoint un mouvement étudiant radical clandestin qui luttait pour un changement politique dans les derniers jours de la domination tsariste.

Avant et après la prise du pouvoir par les bolcheviks, Khodzhanov s'est associé à d'éminents intellectuels d'Asie centrale, dont le Kazakh Mustafa Shokay, qui ont épousé les idéaux du panturquisme, un mouvement qui voulait l'union politique de tous les peuples turcs.

Shokay a fui en Turquie après qu'une tentative d'établir un gouvernement autonome d'Asie centrale – couramment appelé Turkestan ou Kokand autonome – a été mise en déroute par les troupes bolcheviques en 1918.

Khodzhanov, cependant, fit cause commune avec les bolcheviks et gravit les échelons pour devenir commissaire du peuple – l'équivalent bolchevik de ministre – de la République socialiste soviétique autonome du Turkestan, entité administrative créée pour gouverner l'Asie centrale.

“Grand-père plaçait de grands espoirs dans la révolution”, a déclaré Tynybekova, montrant les photographies en noir et blanc des années 1920 d'un beau jeune homme en uniforme.

Il espérait que les Soviétiques seraient à la hauteur de leurs slogans sur l'égalité et le pouvoir du peuple, “mais peu à peu il est devenu désillusionné, il voyait que tout cela n'arrivait pas dans la pratique.”

Sultanbek Khodzhanov, son épouse Gulyandam Khodzhanova et leur fille, Ziba. Photo par Joanna Lillis.

En 1924, Khodzhanov fut muté au Kazakhstan. Mais sa carrière dans les échelons supérieurs de la bureaucratie régionale soviétique n'a pas duré longtemps. En 1925, il se heurta au nouveau dirigeant de la République kazakh, Filipp Golochtchiokine, qui arriva avec des projets radicaux pour moderniser une société nomade traditionnelle que les Soviétiques jugeaient arriérée et inadaptée à l'époque moderne.

Sous Golochtchiokine, la république subit une industrialisation rapide et la collectivisation de son agriculture finit par éradiquer le mode de vie nomade des Kazakhs et provoquer une famine dévastatrice au début des années 1930.

Dès le début, certains intellectuels et dirigeants politiques kazakhs résistèrent farouchement à ces plans, y compris des ministres du gouvernement de Golochtchiokine.

Parmi eux, il y eut Khodzhanov, qui contesta passionnément ces plans, selon sa petite-fille. Ainsi, un ministre nommé Smagul Sadvakasov, qui avait saisi les ressentiments dans une complainte, aujourd'hui enseignée à tous les écoliers du Kazakhstan, sur la façon dont le règne de Golochtchiokine prouvait que “le Kazakhstan était et reste une colonie”.

Les objections furent balayées, les opposants étiquetés de “national-déviationnistes” et exclus des positions de pouvoir.

Khodzhanov fut renvoyé, d'abord à Moscou puis de nouveau à Tachkent pour continuer son travail pour le parti communiste dans des fonctions moins importantes.

Invaincu, il continua à défendre la cause kazakhe.

En 1928, quatre ans après la mort de Lénine, il rédigea un tract véhément accusant essentiellement Staline de trahir l'héritage du premier dirigeant soviétique vénéré en ne permettant pas l'autodétermination des peuples de l'Union soviétique. La prémisse de Khodzhanov était que malgré les beaux noms des républiques soviétiques, “une colonie était toujours une colonie”, raconte Tynybekova.

Près d'un siècle plus tard, la question coloniale reste un point douloureux. Malgré les commémorations annuelles des victimes des répressions staliniennes, les critiques soulignent que le Kazakhstan, toujours dirigé 27 ans après l'indépendance par son dernier président de l'ère soviétique, Noursoultan Nazarbaïev, n'a jamais eu un débat franc sur l'héritage ou les leçons de son totalitarisme. passé.

Un nouveau mouvement politique, le Forum Jana Qazaqstan, a soutenu récemment que sans une évaluation honnête des traumatismes historiques comme les répressions et la famine, le Kazakhstan restera bloqué dans le passé et n'arrivera jamais à achever le processus de décolonisation.

Khodzhanov a été arrêté chez lui à Tachkent un matin en 1937 alors qu'il protestait de sa loyauté envers le parti et la révolution. Il a été fusillé en 1938, accusé d'appartenance à une “organisation nationaliste antisoviétique”, l'une des quelque 250 000 victimes du Kazakhstan exécutées au cours de répressions qui ont coûté la vie à presque toute l'intelligentsia kazakhe. Beaucoup, y compris Khodzhanov, ont été officiellement réhabilités après la mort de Staline.

Le stigmate d'être apparenté à un ennemi officiellement désigné du peuple a jeté une ombre sur la vie des enfants de Khodzhanov, Ziba la mère de Tynybekova, et ses deux frères.

“Ils ont été renvoyés de l'école, puis expulsés de l'appartement et se sont retrouvés à la rue, car deux mois plus tard, ils sont venus chercher ma grand-mère”, a déclaré Tynybekova.

Considéré comme politiquement suspecte, Gulyandam Khodzhanova a été envoyée dans un wagon à bestiaux à Karlag, un camp dans le centre du Kazakhstan qui faisait partie d'un tentaculaire archipel soviétique de colonies de travail.

Ziba et un frère ont été recueillis par des parents à Alma-Ata, qui était alors devenue la capitale du Kazakhstan soviétique. Elle a finalement réussi à terminer ses études secondaires et à s'inscrire pour un diplôme d'histoire, mais elle a été expulsée de l'université quand on a découvert de qui elle était la fille. Son frère cadet a été envoyé dans un orphelinat, “où on inculquait aux enfants que leurs parents étaient des ennemis du peuple”, a expliqué Tynybekova.

Khodzhanova a passé huit ans à travailler comme une esclave à Karlag, avant d'être exilée dans le sud du Kazakhstan pendant trois ans. Elle a ensuite déménagé à Alma-Ata pour vivre avec Ziba et sa famille, c'est alors que Tynybekova a finalement connu sa grand-mère.

Khodzhanova n'aimait pas s'attarder sur les horreurs de son passé, qui ont jeté un voile de tristesse sur la famille, mais “elle a survécu”, dit Tynybekova.” Elle était une femme forte.”

En 1953, quand Staline est mort, elle a été témoin d'une scène curieuse.

Khodzhanova, qui avait perdu son mari devant un peloton d'exécution, été incarcérée au goulag et vu sa famille déchirée à cause des répressions staliniennes, pleura abondamment pendant des jours.

“Je ne pouvais absolument pas comprendre”, songe Tynybekova.”Peut-être qu'elle pleurait sur le sort que son destin lui avait réservé du fait de Staline.”