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Le monde merveilleusement étrange d'un père au foyer Youtubeur

lundi 13 février 2017 à 23:24
Image: Pixabay, edited by Kevin Rothrock

Image: Pixabay, éditée par Kevin Rothrock

On peut trouver à l'heure actuelle des dizaines de vidéos musicales sur la chaîne YouTube Kids Learning Tube, sur laquelle un Américain anonyme met en ligne depuis deux ans des dessins animés musicaux éducatifs. Ça n'a peut-être pas l'air très impressionnant, mais la chaîne est aujourd'hui suivie par plus de 60 000 abonnés et ses vidéos ont été vues plus de 60,1 millions de fois.

Les thèmes des chansons font le tour du monde ; de nombreuses vidéos sont d'ailleurs illustrées par des cartes anthropomorphiques de différents pays, quand d'autres abordent des sujets aussi variés que les métalloïdes, les étoiles naines, le larynx, la vessie, le dollar américain, Thomas Edison, le tyrannosaure, et bien d'autres.

Le 23 décembre, Kids Learning Tube a mis en ligne une chanson de cinq minutes sur les 85 sujets de la Fédération de Russie. A l'heure où j'écris ces lignes, la vidéo a dépassé les 186 000 vues. La chanson contient des paroles telles que ”Nous sommes les 9 Krais / Nous sommes les territoires de la Russie / Avec nous apprends nos noms / Promis c'est sans pression.”

Le succès certain rencontré par cette vidéo et ses nombreuses consœurs sur YouTube est difficile à expliquer. Dans un article à propos de ces dessins animés, le site d'actualités russe Meduza a qualifié les chansons de “très bizarres.”

J'ai retrouvé la trace de l'homme qui écrit ces chansons et crée les dessins animés. Il m'a dit vouloir conserver l'anonymat jusqu'à ce qu'il atteigne le million d'abonnés sur YouTube. Il a dit avoir fait cette promesse à ses étudiants sur Kids Learning Tube.

J'ai pu apprendre qu'il s'agit d'un musicien et animateur père au foyer qui vit aux États-Unis. Il dit avoir “créé cette chaîne pour permettre aux enfants d'apprendre à l'âge où ils sont le plus impressionnables et où ils emmagasinent le plus de choses. Quand mon enfant est né, je ne trouvais rien sur YouTube qui soit éducatif et suffisamment captivant pour que des enfants puissent apprendre quelque chose. Donc, grâce à ma formation musicale et après avoir appris seul comment faire de l'animation, j'ai décidé de me lancer. Ça marche très bien jusqu'ici.”

Et quand cet homme dit rencontrer un franc succès en ligne, il n'exagère pas : Kids Learning Tube est suivi par tellement de monde que sa vidéo la plus populaire est une compilation de 40 minutes de ballades à propos du système solaire. Elle a été visionnée plus de 7 millions de fois.

Cet homme dit qu'il espère composer des chansons sur la géographie de chaque pays du monde et sortir une nouvelle vidéo tous les vendredis. “Je surveille mon enfant toute la journée et je travaille la nuit. Donc en ce moment je ne peux produire qu'une vidéo par semaine” m'a-t-il expliqué, comme si son activité sur YouTube n'était pas déjà suffisamment impressionnante.

Quand je lui ai demandé pourquoi il avait choisi de faire une vidéo sur la Russie, il a reconnu avoir été influencé par le contexte politique actuel aux États-Unis, se refusant toutefois à tout commentaire politique. “Le sujet de la Russie s'est imposé naturellement, étant donné la récente élection américaine et les rumeurs selon lesquelles la Russie aurait piraté et faussé les résultats. Je ne sais pas trop ce qui est vrai ou pas, je suis juste un papa qui essaie d'apprendre des choses à mon enfant et à tous les autres.”

Quand je lui ai fait remarquer que sa chanson sur la Russie était assez controversée étant donné qu'elle suit les revendications territoriales de Moscou en Crimée et à Sébastopol, territoire toujours considéré comme faisant partie de l'Ukraine par le monde entier ou presque, l'homme derrière Kids Learning Tube a semblé surpris.

“Je suivais juste la carte de la Russie” a-t-il expliqué.

Ce qui explique en partie le succès de ces vidéos est à n'en pas douter l'étrange graphie à l'américaine de nombreuses régions du globe. Dans la chanson russe, il y a également beaucoup de bourdes de grammaire flagrantes, telles que “Salut je suis Tchétchène et moi je suis Tchouvache” (au lieu de “Je suis la Tchétchénie et moi je suis la Tchouvachie”), comme si certaines régions de la Russie faisaient littéralement partie de minorités ethniques.

Quoi qu'il en soit, c'est apparemment ce que le journaliste russe Vassili Sonkine a aimé, lui qui a créé une vidéo en boucle sur Coub.com de la Tchétchénie de Kids Learning Tube qui se présente, encore et encore.

Mais ces vidéos musicales ne sont pas juste des bizarreries d'Internet ; en discutant avec le créateur de la chaîne, il est difficile de ne pas être frappé par la passion qui anime son travail. Et il dit être au courant que sa prononciation n'est pas parfaite. “Même si je ne réussis pas à tous les coups, je fais de mon mieux.”

Il explique avoir remarqué que ses chansons marchent le plus avec les enfants de trois à quatre ans. “Je pense que la musique est le secret pour apprendre. C'est amusant et si c'est suffisamment entraînant, vous avez la recette parfaite pour apprendre des choses à n'importe qui.”

Après avoir discuté avec ce père-musicien-animateur, j'ai montré la vidéo sur la Russie à ma fille de six ans. Elle l'a regardée en souriant, et m'a dit plus tard qu'elle l'avait bien aimée. “J'ai bien aimé les têtes rigolotes et les chansons” m'a-t-elle expliqué.

Si vous aimez les vidéos de Kids Learning Tube et souhaitez soutenir la chaîne, vous pouvez acheter les chansons sur iTunes pour pouvoir les écouter quand vous voulez. L'album “Learning Songs and Sing Alongs” coûte 10$.

Le nouveau président de la Bulgarie oppose son veto à la loi qui ‘ouvrirait la porte à la corruption’

lundi 13 février 2017 à 13:07

Capture d'écran du site President.bg, présentant le CV officiel du Président Rumen Radev, qui détaille sa carrière de pilote et d'officier supérieur de l'armée. Page encore indisponible en anglais.

Les Bulgares ont un nouveau président, et ils scrutent attentivement ses premiers pas. Au moment où le monde s'inquiétait de l'arrivée de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, Rumen Radev a remporté l’élection de novembre dernier en candidat indépendant soutenu par le Parti socialiste bulgare. Il a pris officiellement ses fonctions le 22 janvier.

Une de ses premières décisions, dix jours après son investiture, a été de mettre son veto à une loi dite des Nouvelles Concessions, qui aurait réglementé les relations d'affaires avec le secteur d'activité des ressources naturelles telles que l'eau potable. La loi a été adoptée dans les dernières heures précédant la dissolution du précédent parlement. Elle prévoyait la suppression de la durée maximale de 35 ans des contrats de concession de services publics et ouvrait aussi le droit d'ouvrir une procédure de concession aux ministres du gouvernement et aux maires.

Si le parti précédemment aux manettes soutenait la loi, les organisations environnementales, les syndicats et les partis nationalistes de droite s'opposaient tous à son adoption, pour des raisons différentes. Vu la dramatisation politique qui a accompagné l'élection de Radev, et le mécontentement populaire contre la corruption qui a facilité son accession au pouvoir, ce veto — et l'approbation qu'il rencontre à travers le spectre politique — apparaît comme un développement important.

Les organisations environnementales avaient protesté, au motif que la loi Nouvelles Concessions donnerait des droits illimités aux titulaires de concessions, comme le rapportait l'agence de presse nationale BTA. L'alliance de droite Nouvelle République affirmait que la loi servait les intérêts des entreprises et visait à cimenter de lucratives concessions urbaines pour les “bonnes entreprises” pour des décennies à venir. Autant Nouvelle République que le syndicat Podkrepa arguaient que la loi avait été adoptée hâtivement par le Parlement dans les dernières heures de son mandat. L'ex-Président Georgui Parvanov (2002-2012) était favorable au veto en tant que mesure anti-corruption, et la chef du Parti socialiste bulgare, Kornelia Ninova, a félicité M. Radev pour ce qu'elle a appelé une posture de protection de la propriété d’État et de l'intérêt public.

Le Président Radev a justifié sa décision de veto en disant que cette législation aurait “ouvert une porte à la corruption”, et aurait nécessité la modification de 29 autres lois, ce qui, à ses dires, n'aurait été possible qu'après un “débat de grande ampleur”. M. Radev a souligné qu'une loi révisée devrait s'aligner sur les nouvelles  directives de l'Union Européenne, sans quoi l'économie bulgare encourrait des sanctions de Bruxelles.

Les mises en garde contre de possibles sanctions de l'UE si une loi adoptée n'est pas conforme aux nouvelles règles européennes des marchés publics sont aussi venues d'ailleurs. Emil Radev, un représentant du parti GERB précédemment au pouvoir et député européen, a dit la même chose dans une interview à la télévision le 3 février.

Alors que les médias traditionnels bulgares se sont abstenus d'articles approfondis sur cette loi, un collectif de citoyens avait analysé avant le veto les minutes du débat parlementaire sur la Loi Nouvelles Concessions, et invité M. Radev sur le site web d'information Bultimes.bg à s'y opposer. L'argument était que la loi ne réussissait pas à protéger l'intérêt public concernant la transparence et le contrôle sur les contrats de concession.

Un autre citoyen, Nikolaï Krumov, a écrit sur Facebook au sujet du problème posé par l'abandon d'une durée maximale des concessions :

Вечна концесия е понятие, равно на собственост. Разширението на срока до безкрайност е начин да бъдат приватизирани собственост, достояние, услуги, права и функции, които обществото гарантира на своите граждани и следователно не са за продан!

La concession perpétuelle est une durée qui équivaut à la propriété. L'extension de l'échéance jusqu'à l'indéfini est une manière de privatiser les services, droits et fonctions que la société garantit à ses membres, et c'est pourquoi ils ne sont pas à vendre !

M. Radev a fait naître de grandes attentes. Selon les termes de la BBC, l'accession de Radev au pouvoir “reflète les mécontentement général devant le mauvais bilan de ses prédécesseurs face à la corruption et à la pauvreté”. Dans ce contexte, les premiers jours de sa présidence attirent une intense attention alors qu'il a entrepris de nommer un gouvernement intérimaire chargé de préparer des élections anticipées en mars.

Si le mandat présidentiel de M. Radev s'annonce agité, certains comme Janeta Dineva se sont dits optimistes après las premiers pas du nouveau président dans ses fonctions :

За десет дни Радев не само успя да състави едно от най-балансираните правителства, не само отиде до Брюксел и твърдо заяви волята на България, но и наложи първото си вето!

En dix jours, Radev a réussi non seulement à assembler un des gouvernements les plus équilibrés, non seulement à aller à Bruxelles et à exprimer fermement la volonté de la Bulgarie, mais aussi à dégainer son premier veto !

Un vétéran de la Guerre des Malouines raconte son voyage cathartique vers le passé

lundi 13 février 2017 à 11:00

Monument aux morts des Malouines situé dans la ville argentine d'Ushuaia, dans la province de la Terre de Feu. Photographie de David Bolt publiée sur Flickr sous licence CC.

Miguel Savage est un vétéran argentin de la guerre contre la Grande-Bretagne pour la souveraineté des Îles Malouines, qui, après 20 ans de silence, a décidé en l'an 2000 de retourner aux îles pour affronter les fantômes du passé et commencer à panser ses plaies.

L'affrontement, connu également sous le nom de Conflit de l'Atlantique Sud, a eu lieu en 1982 et s'est soldé par presque 1000 morts, dont la majorité du côté argentin.

Dans son livre Malvinas, viaje al pasado [Malouines, voyage vers le passé], publié en 2011, Savage raconte en détails sa douloureuse expérience vécue à 19 ans à peine, et parle en termes crus et sans mystère d'une “guerre absurde” au cours de laquelle les soldats argentins ont affronté trois grands ennemis : le froid, les Britanniques et leurs propres chefs.

Son histoire inclut par ailleurs un récit émouvant sur sa rencontre et son amitié avec un vétéran britannique, qui l'ont aidé à élargir sa perspective sur ce conflit dans lequel ils se sont tous deux retrouvés embarqués.

Dans cette interview pour Cadena 3, Miguel raconte l'incroyable “anecdote du pullover bleu” qu'il a trouvé dans une ferme sur l'une des îles et qui, d'une certaine manière, lui a sauvé la vie. Lors d'un autre séjour aux Malouines en 2006, il a finalement eu l'occasion de rendre le pullover à la fille de son propriétaire, Sharon :

El pulóver era de su papá quien había fallecido a causa del estrés luego de la guerra. Tomé unos mates con ella, lloramos juntos.

Le pullover appartenait à son papa, qui est mort du stress d'après-guerre. J'ai bu quelques mates avec elle, on a pleuré ensemble.

Ci-dessous, la conférence qu'il a donné à TEDx Río de la Plata en janvier 2013 :

Creo que hay tres formas de enfrentar situaciones de gran sufrimiento: tapar todo, victimizarse o abrazar la herida y transformarla en algo positivo. Es por eso que narro con alegría mi historia de vida, compartiendo los aprendizajes y la resiliencia.

Lo dedico con emoción a la memoria de los que murieron en el 82, y los que luego se quitaron la vida. Argentinos y británicos.

Je crois qu'il y a trois manières d'affronter des situations de grande souffrance : tout cacher, se victimiser ou attraper la blessure pour la transformer en quelque chose de positif. C'est pourquoi je raconte mon histoire de vie avec joie, en partageant les apprentissages et la résilience.

C'est avec émotion que je dédie ce livre à la mémoire de ceux qui sont morts en 1982, et de ceux qui se sont ôté la vie ensuite. Argentins et britanniques.

Photographie : travailleurs migrants dans une briqueterie au Myanmar

lundi 13 février 2017 à 09:56
Photo by Zaw Zaw / The Irrawaddy

Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

Cet article écrit par Zaw Zaw est extrait de The Irrawaddy, un portail web d'information indépendant et est republié par Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Menant une vie précaire, plus de cent migrants internes font des briques tous les jours dans l'une des fabriques près de Don Kone et Thayer Tapin, petits villages sur les berges du fleuve Irrawaddy dans la commune de Patheingyi, appartenant à la région de Mandalay au Myanmar (Birmanie).

Dans cette zone se trouvent quatre briqueteries, et chaque site contient plus de 20 petits fours. Ces lieux de travail sont uniques, car des familles entières, à l'exception des bébés, y travaillent.

Parfois, des enfants d'à peine cinq ans participent au travail de leur famille, alors qu'ils devraient être à l'école ou en train de jouer.

Afin de gagner leur vie, les migrants ont quitté d'autres zones du district de Mandalay pour s'installer sur les rives du fleuve, dans des cabanes provisoires.

Pour la plupart de ces familles, les salaires trop faibles et le coût élevé de la nourriture obligent tous les membres à travailler. Ils n'ont pas d'autre solution pour atteindre les objectifs de production et ainsi gagner l'argent dont ils ont besoin pour subsister.

Il arrive parfois, lorsque les travailleurs adultes tombent malades, qu'ils demandent une avance sur salaire à leurs chefs, jusqu'à leurs rétablissements. Lorsqu'ils ne peuvent rembourser l'argent rapidement, cela contraint leurs enfants à travailler avec eux.

Les familles de migrants cuisent les briques sur les rives du fleuve Irrawaddy jusqu'à la saison des pluies, quand le niveau de l'eau monte et qu'il n'y a plus d'argile. Alors, ils se déplacent, toujours en famille, vers d'autres briqueteries contrôlées par les mêmes propriétaires dans la commune de Madaya, perpétuant ainsi le cercle vicieux.

Ci-dessous, vous trouverez d'autres images des travailleurs transportant des paniers remplis d'argile et déplaçant des tas de briques, dans une fabrique près des villages de Don Kone et Thayet Tapin.

Photo by Zaw Zaw / The Irrawaddy

Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

Photo by Zaw Zaw / The Irrawaddy

Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

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Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

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Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

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Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

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Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

Photo by Zaw Zaw / The Irrawaddy

Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

Photo by Zaw Zaw / The Irrawaddy

Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

#NoCallamosMás (Nous ne nous taisons plus), la campagne qui répond à la violence envers les femmes en Équateur

lundi 13 février 2017 à 09:46
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Image issue de Pixabay. Publiée sous licence CC0, domaine public.

[Mise à jour du 23 janvier 2017 : la page Facebook de la campagne a été bloquée par la plateforme et sera indisponible pendant trois jours suite à des dénonciations qui, en accord avec les administratrices, accusaient le groupe d'enfreindre les règles de Facebook en utilisant des termes sexuels]

Il s'agit de rompre le silence. Le harcèlement des femmes en Équateur est un thème qui reste sans statistique à jour et jusqu'à il y a peu, sans voix. Les données existantes sont celles de l’Enquête Nationale des Relations Familiales et de la Violence de Genre (2011), qui montrent que six femmes sur dix du pays ont été victimes d'une forme de maltraitance. Cependant, en janvier 2017, l'initiative “No callamos más” [Nous ne nous taisons plus] a débuté afin de faire parler les femmes sur le harcèlement, les abus et les maltraitances qu'elles connaissent au cours de leurs vies.


¿Tienes una historia sobre acoso?
Cuéntanos en tu muro usando los hashtags #PrimerAcoso y #NoCallamosMás. ¿Quieres contar una historia pero proteger tu identidad? Envíala a nocallamosmas@riseup.net y la publicaremos de forma anónima en esta página.

[Traduction : quelle est ton histoire ? Raconte-la-nous sur ton mur en utilisant les mots-clés #PrimerAcoso et #NoCallamosMás. Tu souhaites nous raconter ton histoire tout en protégeant ton identité ? Envoie-la à nocallamosmas@riseup.net et nous la publierons de manière anonyme sur la page.]

Dans un entretien avec GlobalVoices, Verónica, Vera et Francisca Frisone, les créatrices du projet, racontent que l'idée leur a été inspirée par d'autres initiatives d'Amérique Latine, comme #MiPrimerAcoso, qui a permis de dénoncer sur les réseaux sociaux les différents abus vécus par les femmes et qui a débuté au Mexique, avant de s'étendre à toute la région :

[#Nocallamosmás] es una invitación a que las mujeres puedan poner en palabras sus historias para poder colectivizarlas con el afán de sentirnos respaldadas, sentir que no estamos solas, sentir que nuestras historias son compartidas y que tienen algo en común.

[#Nocallamosmás] est une invitation lancée aux femmes pour qu'elles mettent en mots leurs histoires afin de pouvoir les collecter, et ce dans l'espoir de nous sentir soutenues, de ne plus nous sentir seules, de sentir que nos histoires sont partagées et qu'elles ont quelque chose en commun.

La page Facebook “No callamos más” compte pour le moment 6638 likes et le profil Twitter @nocallamosmas 352 followers. Des histoires de violence, d'abus, de harcèlement, de coups, de viols, d'attouchements, etc. ont été publiées avec l'autorisation des victimes.

Traduction : “Une fois arrivés chez lui, un baiser par-ci, une caresse par-là, mon instinct m'autorisait à aller un peu plus loin, mais à un moment donné, j'ai dit non, j'ai résisté, j'étais terrifiée et j'ai dit NON, j'ai crié, je me suis débattue, j'ai essayé de fuir à tout prix, mais je n'ai pas pu ! Malgré toute ma résistance, j'ai été forcée et c'est ainsi que j'ai vécu ma première expérience sexuelle, avec des douleurs au corps et à l'âme, le cœur rempli de rage envers moi-même et envers lui.”

La première étape de cette campagne, raconte Francisca, a été la création d'un groupe privé pour femmes, qui compte actuellement 26200 membres. Toutes n'ont pas partagé leurs témoignages, mais celles qui ont raconté leurs histoires dans le groupe ont donné leur autorisation pour que celles-ci soient partagées sur la page publique de No callamos más.

“Je ne voulais pas, je lui ai dit non, lui a commencé à insister pour que je le fasse…” Ainsi commence un des récits. “J'ai vécu une expérience avec un commerçant du quartier qui voulait m'emmener dans son arrière-boutique avec de douces promesses et des cadeaux. Un jour il m'a invitée en me montrant son membre, je suis sortie en courant”, raconte un autre.

La deuxième étape de ce projet est d'inviter toujours plus de personnes à ne pas accepter plus de violence. Une réunion s'est tenue le samedi 28 janvier à Quito, au parc “El Arbolito”, pour que les citoyens s'expriment sur les réseaux sociaux, en famille et dans tous les secteurs de la société. Cela permet ainsi de créer plus d'espaces sûrs où les femmes peuvent aborder le thème de la violence, de l'abus et de leurs conséquences. La page Facebook No callamos más servira de plateforme de dénonciation aussi publique qu'anonyme.

En Équateur, la problématique sociale des violences faites aux femmes dans les relations interpersonnelles et/ou familières a été dénoncée par les mouvements féministes dès les années 80. Actuellement, la violence de genre dépasse les 50 % des faits de violence qui se déroulent dans l'ensemble des provinces du pays. Selon les autorités, 80 féminicides ont été enregistrés en 2016, et au cours des quatre premiers jours de l'année 2017, on a comptabilisé un délit toutes les 32 heures.