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PHOTO : La liberté d'expression guidant le peuple

mercredi 14 janvier 2015 à 09:01
La liberté d'expression guidant le peuple

Photo largement partagée sur les réseaux sociaux. Paris, 11 janvier 2015

Parmi des millions, une photo en particulier de la manifestation du 11 janvier dernier à Paris a attiré l'attention. Prise place de la Nation, en fin de manifestation, elle a immédiatement été très partagée sur Facebook, et est en passe de devenir une photo culte des événements en France, pour sa force évocatrice du tableau de Delacroix, ‘La liberté guidant de peuple” (ci-dessous). Peint en 1830, ce tableau de Delacroix rendait hommage aux révolutionnaires de cette année-là et à la révolution qui provoqua l'abdication du roi Charles X.

la liberté guidant le peuple delacroix

La liberté guidant le peuple, de Eugène Delacroix (1830) sur Wikipedia

Arabie saoudite : Le blogueur Raif Badawi fouetté pour ses idées

lundi 12 janvier 2015 à 13:09
Rome, Italie. 9 Janvier 2015 - Des manifestants avec des masques de Raif Badawi à un sit-in devant l'ambassade d'Arabie saoudite pour protester contre la flagellation du blagueur en exigeant sa libération immédiate. Photographie par Stefano Montesi. Copyright: Demotix

Rome, Italie. 9 Janvier 2015 – Des manifestants avec des masques de Raif Badawi à un sit-in devant l'ambassade d'Arabie saoudite pour protester contre la flagellation du blagueur en exigeant sa libération immédiate. Photographie par Stefano Montesi. Copyright: Demotix

Le blogueur libéral saoudien Raif Badawi a été fouetté publiquement aujourd'hui [9 Janvier] en Arabie saoudite après avoir été reconnu coupable d'avoir fondé un forum en ligne pour un débat public et pour “insultes à l'islam”.

Selon certaines sources, l'homme âgé de 30 ans, qui a été condamné à 1 000 coups de fouet et 10 ans de prison l'an dernier, aurait reçu 50 coups de fouet devant une mosquée à Djeddah, après la prière du vendredi. Il continuera à être fouetté chaque semaine jusqu'à ce que sa punition soit exécutée.

Sa condamnation, qui a provoqué un tollé international, comprend également une amende d'un million de rials saoudiens (environ 260 000 dollars américains). Le compte Twitter de l'avocat saoudien Waleed Abulkhair, qui compte 78.300 followers, a confirmé les informations:   

Raif Badawi a en effet été fouetté aujourd'hui à Jeddah, devant des gens, après les prières du vendredi. Certains de ceux qui étaient rassemblés scandaient: Allah Akbar (Dieu est grand)

Me Abulkhair, chef de l'Observatoire des droits de l'homme en Arabie saoudite, est en prison depuis déjà 9 mois maintenant, et son compte est géré par des amis.

Sur Facebook, l'écrivain Kacem El Ghazzali partage une photographie de la mosquée de Jeddah où la flagellation aurait eu lieu:

La mosquée de Jeddah où Badawi aurait été flagellé aujourd'hui. Photo partagée par Kacem El Ghazzali sur Facebook

La mosquée de Jeddah où M. Badawi aurait été flagellé aujourd'hui. Photo partagée par Kacem El Ghazzali sur Facebook

L'information a suscité des commentaires d'internautes en colère. Ce commentateur écrit:

A bas l'un des pays les plus stupides sur terre. Juste être là vous fait sentir comme si vous étiez entré dans une sorte de terrain vague avec des gratte-ciels dans une triste période.

Un autre ajoute:

Un moment très triste et sombre, je ne peux même pas imaginer la douleur insupportable, il doit résister, impuissant dans les mains de ces psychopathes.

Sur Twitter, ses partisans, de l'Arabie Saoudite au reste du monde arabe, ont dénoncé le châtiment. Dohan Alsalem dit que le nom de Badawi a été immortalisé.

Est-ce qu'ils ne se rendent pas compte qu'ils ont immortalisé son nom dans l'histoire !!

Hilda Ismail, de Dammam, en Arabie Saoudite, à tweeté à ses 22 600 followers:

Ceux d'entre vous qui n'ont pas ressenti la douleur chaque fois que Raif Badawi recevait des coups aujourd'hui sur son corps, ne sont pas humains.

Soupir, mon pays.

Tounsia Hourra [Tunisie Libre] ajoute:

Juste un rappel: Ceux qui critiquent l'ISIS, qui décapite et fouette les gens, en allignant des enfants pour regarder, sont ceux-là mêmes qui trouvent des excuses pour la flagellation d'un homme en Arabie Saoudite. Ils sont tous ISIS.

De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux pointent du doigt les pays occidentaux qui continuent à soutenir l'Arabie saoudite, en dépit de son bilan atroce en matière de droits de l'homme.

Marietje Schaake, membre du Parlement européen, écrit sur Twitter:

Le “partenaire stratégique” #Saudi, l'Arabie Saoudite, va fouetter sévèrement le blogueur #RaifBadawi aujourd'hui; la peine provoquera probablement des blessures graves. Barbare 

Du Royaume-Uni, Daniel Wickham rappelle à ses 1700 followers sur Twitter les accords dans le domaine de l'armement avec l'Arabie saoudite:

Aujourd'hui, en Arabie saoudite, le destinataire numéro un des armes de fabrication britannique dans le monde, un homme sera flagellé pour mis en place un site Web libéral. 

Et le Directeur adjoint pour l’ Afrique du Nord et le Moyen-Orient d' Amnesty International, Hassiba Hadj Sahraoui, relève l'évidence :  ”L'Arabie saoudite sera impunie comme toujours.”

Pure folie. La flagellation de Raif Badawi qui se déroule en ce moment en Arabie Saoudite. Une flagellation pour un écrit. Et l'Arabie saoudite restera impunie comme toujours

Marie, professeure en Seine-Saint-Denis : “Celui-là, il est marrant. Celui-là, Madame, il est vraiment abusé”

dimanche 11 janvier 2015 à 12:18

Sur Tailspin, le témoignage de Marie, une professeure de français d'un collège de Seine-Saint-Denis, prend a rebours différents reportages et articles sur les réactions de certains élèves musulmans en Seine-Saint-Denis, justifiant le massacre de Charlie-Hebdo ‘pour les insultes au prophète Mohamet'. 

Ils m’ont demandé de regarder des dessins publiés par Charlie Hebdo. Je les ai projetés au tableau, nous les avons analysés ensemble. Celui-là il est marrant madame. Celui-là, il est vraiment bête. Celui-là, il est vraiment abusé.
Le dessin de presse, la caricature, comme les textes de satire, reposent sur la nécessité impérieuse d’une réflexion, sur une recherche de l’implicite qui s’acquiert avec le temps, avec l’esprit critique, avec la lecture. J’ai rappelé à mes élèves quelque chose que je leur dis chaque semaine, que l’intelligence est ce que nous avons de plus précieux, que c’est grâce à elle que nous pouvons comprendre non seulement les mots et les images, mais aussi ce qu’ils cachent, ce qu’ils suggèrent, ce qu’ils ne disent pas d’emblée.
Toutes et tous ont compris. Aucun ne m’a dit : « C’est bien fait », « Ils l’ont bien cherché », « Je suis bien content-e ». Aucun. Je n’ai pas eu besoin de les mener à dire quoi que ce soit. Ils l’ont dit eux-mêmes. Les enfants de Seine Saint-Denis ne sont pas des idiots.Et moi non plus, enseignante, je ne suis pas idiote. Je ne baigne pas dans la démagogie dégueulasse dont on nous pense souvent coupables.

Lorsque je vois qu’un quotidien national, quelques jours après l’attentat contre Charlie Hebdo, part investiguer dans le 93 pour savoir comment ont réagi les élèves, je m’interroge, parce que l’odeur qui émane d’une telle démarche n’est pas très agréable à sentir.

Pourquoi le 93 ? Aucun de ces terroristes ne venait de Seine Saint-Denis. Aucun. Pourquoi le 93 ?

Pourquoi, tiens, n’allons-nous pas enquêter pour savoir les horreurs qu’ont dû proférer les collégiennes et les collégiens dont les parents votent Front National ? Pourquoi les journalistes ne sont-ils pas allés se poster devant les écoles de Béziers ? De Fréjus ? D’Hayange ? D’Hénin-Beaumont ? Pourquoi ne nous donne-t-on pas le droit de nous indigner des propos qu’ont très certainement tenus ces enfants qui, malheureusement pour eux, sont tout aussi imprégnés des idées de leurs parents et de leur milieu que la poignée d’élèves séquano-dionysiens ?

Je regrette vraiment qu’aujourd’hui les élèves du 93 soient stigmatisés, au lendemain de l’attentat terroriste, et je ne comprends pas pourquoi les médias choisissent de titrer, dans un geste racoleur qui me fout sérieusement la gerbe, « Les élèves de Seine Saint-Denis ne sont pas tous Charlie ».

Les élèves de Seine Saint-Denis n’ont surtout rien demandé. Ils aimeraient bien qu’on leur foute la paix, pour une fois, qu’on arrête de braquer les projecteurs sur eux dès qu’un bas du front islamiste vient dire ou commettre quelque chose d’effroyable.

Charlie c'est Ahmed et Ahmed c'est Charlie

samedi 10 janvier 2015 à 22:03
Photo uploaded by Twitter user @Hevallo Kurds in Paris tonight in solidarity with #CharlieHebdo #JeSuisCharlie #TwitterKurds

Photo mise en ligne sur Twitter par @Hevallo Des Kurdes à Paris hier soir en solidarité avec #CharlieHebdo #JeSuisCharlie #TwitterKurds

Peu après que deux malfaiteurs armés s'étaient introduits dans les bureaux du journal satirique français Charlie Hebdo à Paris, où ils ont tué 12 personnes, dont cinq caricaturistes de renom, ‘Je suis Charlie’ se trouvait griffonné sur des pancartes tenues aux veillées et rassemblements à travers le monde. #JeSuisCharlie a été tweeté plus de 3,4 millions de fois en 24 heures.

Dans le même temps, c'est un autre mot-dièse, #JesuisAhmed, à propos du policier musulman français du nom d'Ahmed Merabet, exécuté par les tueurs dans leur fuite à proximité de Charlie Hebdo, qui est monté dans les tendances. Le mot-dièse créé par Julien Casters (@JulesLmeghribi), un Parisien d'origine qui habite au Maroc, le 7 janvier a pris son essor quand Dyab Abou Jahjah, un chroniqueur qui vit entre Bruxelles et Beyrouth, a tweeté :

Je ne suis pas Charlie, je suis Ahmed le flic mort. Charlie ridiculisait ma foi et ma culture et je suis mort en défendant son droit à le faire.

Jahjah a 6.000 abonnés, mais son tweet a été retweeté plus de 31.000 fois.

Après que des témoins ont déclaré que les tireurs avaient crié avoir “vengé le prophète” en quittant les lieux, l'épouvantable tuerie a rapidement été attribuée à l'extrémisme islamiste. Ces dernières années, le débat sur les musulmans et l'extrémisme musulman en Europe s'est envenimé avec la montée des partis anti-immigration et xénophobes en France et à travers l'Europe. Rien que ces trois derniers jours, il y a eu plusieurs attaques par grenades et coups de feu contre des cibles musulmanes en France. 

Une vidéo de téléphone largement diffusée qui a capté les derniers instants de l'attentat contre Charlie Hebdo montre un policier abattu alors que les tueurs sortaient du bâtiment du journal. L'homme a ensuite été identifié comme Ahmed Merabet, âgé de 42 ans. Ce policier français musulman d'origine algérienne était en poste dans le 11ème arrondissement de Paris, où se trouvaient les locaux de  Charlie Hebdo. En patrouille, Ahmed Merabat informé d'une fusillade était arrivé devant les bureaux du journal. La vidéo sur mobile montre Ahmed tué à bout portant d'une balle dans la tête, tandis que le tireur crie “Dieu est grand” en arabe. Un peu plus tard, son syndicat de police s'est dit dans un communiqué bouleversé de l'avoir vu “être abattu comme un chien.” 

Interviewé par la télévision canadienne Global News, Dyab Abou Jahjah, un des premiers à adopter le mot-dièse #JeSuisAhmed a expliqué : 

Nous avons vu un trend continuer pour témoigner sa solidarité avec Charle Hebdo, ce qui est naturel et nous devons tous [y participer], mais nous en avons aussi [vu un] stigmatiser une population entière, la population musulmane. C'était une provocation pour moi de voir que la religion du terroriste comptait dans ce débat, mais que la religion du flic assassiné ou tué par les terroristes ne comptait pas, alors qu'ils avaient tous deux la même religion, alors [je me suis dit qu'] il ne s'agit pas de religion. Pour moi, il s'agit de démocratie et de citoyenneté et c'est ce que j'ai voulu exprimer. Et j'ai utilisé la vieille logique voltairienne pour le formuler autrement. 

Quelques internautes éminents se sont rapidement emparés du mot-dièse #JesuisAhmed. 

Basé aux USA, Haroon Moghul a tweeté à ses 11.000 abonnés :

#JeSuisAhmed, le policier qui est mort en défendant le droit d'un magasine à insulter sa religion et culture

#JeSuisAhmed, le policier qui est mort en défendant le droit de #CharlieHebdo à la parole même quand il a régulièrement attaqué ma foi islamique

Internet Users Remember French Slain Cop in Paris Terror Attack With #JeSuisAhmed

Pour éviter toute confusion : (à gauche) ceci est un terroriste – (à droite) ceci est un musulman Partagé sur Twitter par @samkalidi. Mème créé à partir de la vidéo sur mobile qui a capté l'exécution d'Ahmed.

Dans une vidéo d'hommage à Ahmed sur la télévision numérique française Itélé, le policier esr décrit par ses amis et collègues comme “généreux, droit, modeste, extrêmement gentil et adorable.” Le lendemain du massacre, les Français ont déposé des roses et des messages là où est mort Ahmed, le flic tombé au champ d'honneur. Des musulmans du Royaume-Uni ont également exprimé leur solidarité avec Ahmed.

#NousSommesCharlie#JeSuisCharlie#JeSuisAhmed Les musulmans au Royaume-Uni rendent hommage et solidarité

#NousSommesCharlie#JeSuisCharlie#JeSuisAhmed Les musulmans au Royaume-Uni rendent hommage

Sur la dernière photo on lit :

لا إكره في الدين

Pas de contrainte en religion (Islam).

A côté de #jesuischarlie, #jesuisahmed, #jenesuispascharlie a aussi connu l'essor sur Twitter avec ceux en désaccord avec la ligne éditoriale du journal satirique. Charlie Hebdo s'est moqué de minorités diverses et variées en France, noirs, juifs et catholiques. La publication a souvent été accusée de racisme et a même survécu à un retour de bâton judiciaire quand un tribunal français a prononcé un non-lieu en 2009 après que le journal avait imaginé la conversion au judaïsme de Sarkozy pour des motifs financiers.

Dessin de Charlie Hebdo représentant la Ministre de la Justice noire Christiane Taubira en singe #JeNeSuisPasCharlieHebdo

Je ne célèbre pas le privilège blanc de la ‘liberté d'expression', c'est un camouflage pour plus de racisme. Noirs et Arabes se font régulièrement tuer

Pendant que le monde extérieur consomme les nouvelles en provenance de France, en mettant en exergue la liberté de l'expression satirique, la foi musulmane et la société française, cette polarisation sape les concepts même de la république et de l'universalisme français. Ahmed Merabet est mort en citoyen français défendant ses compatriotes français et la nation française. Ahmed, c'est Charlie, et Charlie, c'est Ahmed.

Erratum : Une version antérieure de cet article a indiqué par erreur @Aboujahjah comme le créateur du mot-dièse #JeSuisAhmed. Selon une analyse de Topsy le premier à utiliser le mot-dièse était @JulesLmeghribi. Veuillez nous en excuser.

Des élèves rendent hommage aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo par des dessins

samedi 10 janvier 2015 à 15:17

Des élèves rendent hommage aux victimes de de la tuerie à Charlie Hebdo en affirmant que eux aussi ont leurs armes pour s'opposer à l'attentat du 7 janvier 2015. Non seulement les dessinateurs amateurs ont pris leurs crayons pour rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo et défendre la liberté d'expression, mais les élèves aussi ont voulu s'exprimer par des dessins pour condamner le terrorisme et transmettre un petit message d'amour, de paix et de tolérance. Les élèves de seconde d'un lycée à Strasbourg se sont impliqués vendredi matin pour s'opposer à ce que le journal hebdomadaire a subi. Ils étaient spontanés et authentiques et ont réagi à leur manière sans chercher à faire beau mais il se sont exprimés tout simplement.

1- Sur cette photo les élèves estiment qu'il ne faut jamais répondre à la violence (illustrée ici par le kalachnikov) par la violence, mais au contraire répondre à la violence par le langage propre à l'homme, par un dessin tout court représenté ici par le crayon. 

un crayon contre une arme Lycée Strasbg

Un crayon contre une arme, dessin de Lycéen à Strasbourg

2- Sur cette photo les élèves adoptent le slogan “Je suis Charlie” pour affirmer qu'ils revendiquent eux-aussi le principe de la liberté d'expression et de pensée sans avoir peur.

7 janv 2015 dessin lycée Strasbg

7 janvier 2015 Je suis Charlie dessin Lycéen

3- Les élèvent dénoncent sur la photo ci-dessous l'acte sanglant commis contre le journal. Pour eux il suffit de prendre un stylo et écrire pour qu'on puisse exprimer ce que l'on pense surtout quand on n'est pas d'accord avec les idées des autres. C'est le discours qu'il faut adopter. 

C'est l'encre qui doit couler dessin lycée Strasbg

C'est l'encre qui doit couler pas le sang Dessin Lycéen Strasbourg

4- Les élèves transmettent ici un message universel en insistant sur quelques valeurs humanistes telles que la liberté et la tolérance.   

Dessiner tolérance liberté dessin lycée Strasbg

Dessiner pour la tolérance et la liberté Dessin Lycéen Strasbourg

5- Un message d'amour qui reflète une vision optimiste du monde :  c'est la langue des plus forts (l'écriture) qui va triompher sur la langue des plus faibles (l'arme), c'est l'amour qui triomphe toujours sur la haine, et c'est le bien qui triomphe éternellement sur le mal.   

sans titre dessin Lycée Strasbourg

Sans titre Dessin Lycéen