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Et si on se réappropriait Twitter ?

lundi 14 novembre 2016 à 20:10
Screengrab from the We Are Twitter campaign video

Capture d'écran de la vidéo de la  campagne Nous Sommes Twitter

Pour un grand nombre d'entre nous, Twitter est le moyen le plus rapide et le plus aisé de savoir et de partager ce qui se passe autour de nous. Twitter génère des discussions pressantes, diffuse des informations vitales, dynamise les mouvements à travers le monde.

Et pourtant l'entreprise Twitter SA. est sous la sérieuse menace d’être vendue et ses utilisateurs bradés. Wall Street estime que l'entreprise est un échec parce qu'elle n'engrange pas assez de bénéfices pour ses actionnaires. Les sociétés riches qu'on aurait pu penser intéressées par son rachat—Google, Salesforce, Disney, Microsoft—ont décliné.

Cette triste perspective fait grossir un mouvement  mondial exhortant la société Twitter à collaborer avec ses usagers (nous) pour trouver un moyen d’acheter l'entreprise et la transformer en plate-forme coopérative appartenant à ses utilisateurs. Au lieu d'une vente au plus offrant, ce mouvement veut que la société mette son avenir en commun avec ceux dont la participation fait toute sa valeur : ses usagers.

Déclenchée en septembre par un article dans le Guardian de Nathan Schneider, journaliste et universitaire en résidence à l'Université du Colorado à Boulder, une campagne pour cela a commencé. Elle repose sur une pétition multilingue qui, au moment du présent article, compte un peu plus de 2.900 signatures, avec les hashtags #WeAreTwitter [Nous sommes Twitter] et #BuyTwitter [Acheter Twitter]. Il existe aussi un groupe ouvert Loomio où sont prises les décisions pour les prochaines étapes, et un groupe Slack pour les discussions plus approfondies et la coordination de projets ad hoc.

Un outil crucial pour l'actualité

Twitter est le couteau suisse de l'activisme numérique et de la conversation mondiale. Pour les médias indépendants c'est une source d'informations particulièrement importante qui a contribué à de profonds changements dans le traitement de l'actualité à travers le monde — et dans qui contrôle l'information.

Global Voices a été pionnier dans l'utilisation de Twitter pour la collecte de l'information, en y suivant et couvrant les événéménts d'abord mentionnés par les activistes locaux comme, par exemple, pendant les printemps arabes de 2011 (voir aussi ici). Ce qui a donné naissance à un réseau complexe de relations et de connexions entre les utilisateurs qui tweetaient et retweetaient du contenu. La plate-forme est ainsi elle-même devenue un outil efficace de développement communautaire.

Dans le même sens, Andy Carvin—alors le stratège médias sociaux de NPR, la radio publique américaine—a commencé à utiliser Twitter de façon innovante, pas seulement pour la collecte/diffusion de l'info et la vérification des faits, en temps réel, mais aussi pour déterrer les histoires personnelles des personnes qui luttent pour la liberté dans la rue et sur l'internet.

Dans les deux cas, Twitter offrait une voie nouvelle et novatrice pour amener les nouvelles directement depuis le terrain malgré l'absence de correspondants locaux ou face à la censure gouvernementale, un récit qui a été largement—trop dans certains cas—exploité par les médias occidentaux traditionnels.

Le réseau de nouvelles du peuple ?

Autre événement façonné par Twitter en plusieurs sens, l'élection présidentielle américaine qui vient de se conclure. Depuis août dernier, les utilisateurs ont produit plus d'un milliard de tweets, et les comptes des deux candidats ont généré un flux constant de messages, du meilleur au pire, souvent battus en brèche par du fact-checking en temps réel, et d'incidents générateurs de mèmes.

Ce paysage contrasté a donné de la substance à une récente déclaration du PDG de Twitter Jack Dorsey, qui a appelé la plate-forme “le réseau de nouvelles du peuple” ; la campagne pour la propriété coopérative de Twitter cherche à se construire là-dessus. Le manifeste de la campagne interpelle Twitter comme une personne, et demande :

“Et si tu étais vraiment au peuple ? À la place [de la mise sur le marché], pourquoi est-ce qu’on ne trouve pas une façon de t’acheter nous-mêmes ?

Nous voulons être entendus dans les systèmes qui façonnent nos vies et nos communautés. Nous voulons trouver des manières de créer de la valeur ensemble, et nous voulons que cette valeur renforce le bien commun que nous créons, plutôt que d’être vendue aux enchères sur Wall Street.

Nous aimerions conclure une affaire qui assurera que tu continues d’être super. Encore mieux, que les grandes choses que nous accomplissons ensemble soient ta véritable raison d’être, plutôt que de simplement nourrir le portefeuille d’un investisseur quelconque. Nous croyons qu’ensemble, nous pouvons construire une entreprise qui fonctionne, prospère, et innove de façon merveilleuse.

Voici la situation. Un groupe se forme qui désire organiser une coopérative pour rassembler les usagers Twitter dans l’espoir de pouvoir conclure une affaire. Une affaire juste, une affaire qui récompenserait de manière équitable les gens qui ont aidé à créer le Twitter que nous aimons (même avec ses défauts auxquels remédier, les discours de haine, bots et tapage)”.

Un long chemin, mais…

Est-ce une idée complètement dingue ? Peut-être. Notamment parce que transformer Twitter en coopérative propriété des usagers impliquerait un rachat à ses administrateurs et actionnaires. Donc des décisions difficiles et beaucoup d'argent. Pour l'instant, la discussion porte sur les aspects techniques d'une telle transaction. Plus important, cette “idée dingue” a allumé un débat nouveau sur les modèles alternatifs de propriété pour les entreprises de médias sociaux et d'internet.

La tendance monte pour construire un internet plus participatif et coopératif, dans le cadre du mouvement plus large d'économie sociale et solidaire qui attire individus, entreprises et villes dans le monde entier. Il y a de la place sur le web pour d'autres modes de fonctionnement que ceux de Google ou Facebook. Décentralisation et participation des utilisateurs seraient les traits fondateurs d'un internet du futur – un internet du peuple, par le peuple, pour le peuple.

Les propagandistes de Trump en Macédoine déclinent toute responsabilité dans sa victoire

lundi 14 novembre 2016 à 10:24
A meme from the USA Newsflash Facebook page. USAnewsflash.com is one of the websites registered to a domain user in Macedonia that was recycling fake pro-Trump on the web and social media.

«Si c'est Hillary qui gagne, nous sommes tous perdants». Ce mème a connu une large diffusion depuis la page Facebook USA Newflash. USAnewsflash.com est l'un des web sites tracés comme appartenant à des Macédoniens, qui recycle des «informations» pro-Trump sensationnalistes et mensongères récoltées sur la Toile et les médias sociaux.

Comme le Pdg de Facebook Mark Zuckerberg, les spammeurs politiques de Macédoine à la tête de centaines de très populaires sites d'information et pages Facebook pro-Trump ne pensent pas qu'il aient pu avoir une quelconque influence sur les résultats de l'élection américaine.

En juin, Global Voices a montré comment ses difficultés économiques avaient pu contraindre la ville de Veles à «soutenir Trump». Plusieurs habitants de cette ville auparavant industrielle se sont mis à lancer des sites «d'information» et des pages Facebook pro-Trump pleines de gros titres sensationnalistes, pour faire du clic et des bénéfices grâce à la pub en ligne. Ces «web-entrepreneurs» recyclaient en priorité les articles favorables à Trump et des mensonges sur ses opposants. Ces sites se dotaient de noms de domaine accrocheurs: UsaNewsFlash.com, 365UsaNews.com, WorldNewsPolitics.com [en anglais] ; leurs pages Facebook avaient des centaines de milliers de lecteurs. Les derniers mois, de nombreux médias internationaux ont découvert l'affaire – parmi eux, The Guardian – et fait remarquer que la plupart de ces sites reprenaient la désinformation émanant de sites et blogs conservateurs aux USA.

Après la victoire de Trump à l'élection le 9 novembre, l'agence Meta.mk, qui avait mis au jour cette affaire en avril [angl.], a pris contact avec plusieurs propriétaires de ces sites. Ils ont refusé  de mettre la victoire de Trump à leur crédit:

– Немам никаков коментар за победата на Доналд Трамп на претседателските избори во САД. Не мислам дека имав некакво влијание во победата на републиканскиот кандидат. Со веб-страницата веќе не работам и не знам дали понатаму ќе работам на веб-страници поврзани со политиката во САД – вели еден од младите велешани со кој „Мета“ разговараше и во април годинава.

Со него се согласува и друг велешанец кој вели дека веб-страницата на која тој работел веќе не постои и дека пролетоска последен пат бил објавен напис таму.

«Je ne ferai pas de commentaires sur la victoire de Trump à l'élection présidentielle américaine. Je ne crois pas avoir influé sur la victoire du candidat républicain. Je ne travaille plus sur ce site et je ne sais pas si je vais poursuivre cette activité avec des sites liés à la politique américaine», a déclaré l'un des jeunes gens de Veles avec lesquels l'agence «Мета» était entrée en contact au mois d'avril.

A quoi a acquiescé un autre habitant de Veles travaillant lui aussi pour plusieurs sites web, qui affirme que la page web sur laquelle il travaillait n'existe plus et a publié son dernier article au printemps.

From the Facebook page of another website linked to an owner in Macedonia. World News Politics has more than 860, 000 followers on Facebook.

Tiré de la page Facebook d'un autre site lié au même propriétaire macédonien. World News Politics a plus de 860.000 lecteurs sur Facebook.

Le site macédonien leader sur les nouvelles technologies IT.com.mk a commenté [en macédonien] les paroles de Mark Zuckerberg niant cette «idée assez dingue» que Facebook aurait influé sur l'élection, en faisant un parallèle avec l'industrie macédonienne du spam politique. Zuckerberg affirme que les algorithmes de son réseau social ne placent pas les utilisateurs dans une bulle faisant chambre d'écho, mais favorisent une information diversifiée.

Ваквото рационализирање од првиот човек на Facebook доаѓа откако Buzzfeed и другите медиуми директно го обвинија Facebook за ширење дезинформации и ја посочија и Македонија како делумен виновник, но и откако победата на Доналд Трамп за претседател на САД остави многумина во шок, кои пак сега се обидуваат да објаснат што се случи, и во некои случаи и директно бараат виновник за да посочат со прст.

Марк Закерберг не ја адресираше директно Македонија или македонските е-печалбари, но во контекст на таа тема посочи дека работат на подобрување на алгоритмот и спречување на ширење на дезинформации преку платформата.

По интересот за текстот кој го објавивме вчера, сакаме да потенцираме и дека пред да ги обвините овие корисници кои ние ги нарекуваме е-печалбари за срамотење на Македонија и да ги напаѓате за нивните обиди за печалба, треба да ја погледнете и локалната медиумска сцена од друг агол и ќе забележите дека тие само го реплицираат она што го гледаат на локално ниво од многу медиуми кои дневно ги бомбардираат и им ставаат clickbait линкови и спонзорираат секакви текстови на Facebook, без разлика на колку тоа е етички или не… Го земаат истиот метод и го применуваат на глобално ниво, а разликата е во тоа што на глобално ниво функционирa AdSense и пазарот е многу поголем.

Ces rationalisations de la part du Pdg de Facebook ont fait leur apparition après les accusations directes de Buzzfeed et d'autres médias contre Facebook, jugé coupable de propager de la désinformation, et aussi contre la Macédoine, partiellement responsable. La victoire de Donald Trump ayant choqué beaucoup de monde, tout le monde essaie à présent de s'expliquer et, autant que possible, de trouver un bouc émissaire.

Mark Zuckerberg n'a pas fait d'allusion directe à la question des «e-profiteurs» macédoniens, mais il a souligné que Facebook travaillait à améliorer son algorithme pour prévenir la diffusion de désinformation via sa plateforme.

Nous prenons en compte l'intérêt qu'a suscité le texte que nous avons publié hier sur «un apport historique» dans le développement d'internet [en macédonien], et nous voudrions souligner qu'avant d'accuser ces utilisateurs, que nous appellerons les «e-profiteurs» pour humilier la Macédoine et discréditer ses tentatives de faire du profit, vous auriez intérêt à regarder nos médias sous un autre angle. Vous remarquerez qu'ils ne font que répéter ce que l'on trouve à un niveau local dans de nombreux médias, qui les bombardent tous les jours de contenus qui “font du clic”, des médias qui sponsorisent tous types de textes sur Facebook, sans se demander s'ils sont ou non éthiques… Ils ont repris leurs méthodes et les appliquent au niveau local. La seule différence, c'est qu'AdSense [la régie publicitaire de Google] fonctionne à un niveau mondial, où le marché est bien plus important.

Quelques jours avant l'élection américaine, cette production artisanale a de nouveau attiré l'attention des médias internationaux, surtout après que Buzzfeed l'a étudiée dans deux articles détaillés, le premier portant sur la machine de production de fausses nouvelles [angl.] et le deuxième sur l'utilisation par certains groupes de Facebook comme plateforme de spam [angl.]. Le service allemand de radiodiffusion internationale Deutsche Welle [angl.] a suivi le propriétaire de l'un de ces sites, lequel lui a déclaré qu'il ne faisait pas cela parce qu'il était d'accord avec Trump, mais parce que publier des articles sur Trump lui rapportait un revenu mensuel correct de 600 à 1000 euros.

Photo: Trump-Vélès (à l'époque communiste, la ville s'appelait Tito-Vélès en l'honneur du dirigeant de la Yougoslavie Josip Broz Tito).
Tweet: Тrololo (argot internet macédonien pour trollage politique)

Les méthodes de ces éditeurs web sont considérées comme «normales» dans la sphère des médias macédoniens, et ont été perfectionnées durant la dernière décennie par les médias progouvernementaux et les équipes de propagande du parti au pouvoir sous le régime populiste de droite. Des variantes de ces stratégies ont été employées dans d'autres pays de la région [angl.], particulièrement en Serbie.

Le Japon réagit à la victoire de Donald Trump

dimanche 13 novembre 2016 à 20:40
what does donald trump mean for Japan

Les commentaires de Trump sont parvenus jusqu'à Nippon News Network (NNN) à partir du 27 août 2015 : “Nous aurons une très bonne relation avec le Japon. J'adore le Japon.” Capture d'écran de la vidéo téléchargée sur YouTube.

Pendant la campagne présidentielle américaine de 2016, le Japon fut l'un des pays ciblés par Donald Trump, qui s'est plaint des pratiques commerciales soi-disant déloyales du pays asiatique. D'après le New York Times, “les plaintes [de Trump] évoquent une ère révolue, quand l'économie japonaise était prospère et que ses entreprises achetaient des actifs américains comme des  trophées, des studios de cinéma et le Rockefeller Center.” Un article d'opinion du Japan Times d'août 2016 décrivait Trump comme quelqu'un de “coincé dans les années 80 par quelque déformation temporelle.”

Qu'ils soient basés sur la réalité ou non, les commentaires provocateurs de Trump ont touché une corde sensible au Japon. Alors que le Premier ministre Shinzo Abe doit rencontrer Donald Trump à New York le 17 novembre, nul au Japon ne sait ce que l'avenir leur réserve maintenant que Trump a été élu président.

Cet article présente quelques inquiétudes majeures du Japon quant à la présidence de Trump. Il se base sur les tendances sur le Twitter japonais immédiatement après l'annonce du résultat électoral du 9 novembre.

Les marchés

Quand il est devenu clair que Trump serait président, tard le soir aux États-Unis et tôt le matin de l'autre côté du Pacifique, l'indice boursier japonais Nikkei a plongé et le yen est monté en flèche.

Bloomberg News Japan : Turbulences sur les marchés mondiaux suite à la victoire stupéfiante de Trump — yen et or montent en flèche.

Les marchés mondiaux subissent des turbulences le 9 novembre, le candidat républicain Donald Trump ayant battu la candidate démocrate Hillary Clinton.

Le Partenariat trans-Pacifique

Le futur président a également promis de bloquer ou de repousser le Partenariat trans-Pacifique (TPP). La signature du TPP était un objectif clé du Premier ministre Shinzo Abe. Le destin du TPP est désormais incertain.

Le TPP menacé par la victoire de Trump : maintenant que Donald Trump a gagné l'élection américaine, l'adoption de l'accord du TPP se fait plus difficile. La libéralisation des marchés menée par les États-Unis approche un tournant majeur.

L'économie japonaise

Beaucoup craignent que l'opposition ouverte de Trump au TPP ait de sévères conséquences sur l'”Abenomie” (une série d'initiatives, encore en cours, menée par le gouvernement Abe pour relancer la croissance japonaise) et sur l'économie japonaise. La conséquence immédiate de l'élection de Trump fut un endaka (円高), ou montée en flèche du yen, handicapant l'économie japonaise centrée sur les exportations.

Avec la victoire de Trump et les difficultés à ratifier le TPP, l'Abenomie a reçu un coup fatal.

Maintenant que Donald Trump a été élu président des États-Unis, il va être extrêmement difficile de ratifier le Partenariat trans-Pacifique. Le yen est monté en flèche sur les marchés financiers mondiaux.

Les relations militaires avec les USA

Le Japon a des relations militaires étroites, de défense mutuelle, avec les États-Unis depuis 1960. Le Japon accueille et entretient l'armée américaine dans le Pacifique de l'ouest, mais Trump a affirmé que le Japon devrait payer encore davantage.

Interrogé par des journalistes japonais en août 2015, Trump a declaré : “Nous aurons une très bonne relation avec le Japon. J'adore le Japon.” Il a ensuite expliqué aux journalistes qu'il n'avait aucune intention d'altérer le Traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon, connu sous le nom de Anpo (安保) au Japon.

Suite à l'annonce de la victoire de Trump, le ministre de la Défense du Japon a promis de travailler avec le nouveau président. Un utilisateur de Twitter interprète les commentaires du ministre comme une annonce de l'accroissement des forces militaires japonaises.

J'adore le sourire sur le visage de Inada. Il est temps d'accroître les Forces d'auto-défense japonaises !

“Alors que Trump est déclaré président, le ministre de la défense du Japon promet de renforcer l'alliance.”

Les bases américaines d'Okinawa

Environ vingt pour cent d'Okinawa est dédié aux installations militaires, et sa population de 1.4 millions d'habitants compte plus de cent mille Américains. La plupart de ceux-ci sont soit du personnel militaire et leurs familles, soit des employés civils du département de la Défense.

Les bases américaines d'Okinawa se heurtent à une opposition de longue date, et Trump a déclaré qu'il retirerait les forces américaines du Japon.

Trump élu président des USA : que vont devenir les bases d'Okinawa et la politique des USA envers le Japon ? Deux journalistes donnent leur avis.

Maintenant que Trump a été élu président, les prévisions pour le Japon deviennent extrêmement difficiles.

Les Japonais apprennent à connaître Trump

Les Japonais, d'habitude indifférents aux événements quotidiens de la politique américaine, commencent à se familiariser avec le futur président.

NHK, la chaîne nationale publique, s'y est mise aussi et a préparé un mini-site dédié à l'élection de Trump avec des documents vidéos.

Donald Trump élu Président des USA :

Les médias américains appellent la victoire de Trump une “victoire bouleversante”. Ce site web documentaire explique comment c'est arrivé.

Pendant tout ce temps, une victoire courue d'avance ?

Un utilisateur de Twitter a découvert une information de l'AFP de Chine, suggérant que la victoire de Trump sur Hillary Clinton était courue d'avance :

4 novembre : en Chine, un singe prévoit la victoire de Trump.

— Overseas News (@twinews3)

Amérique je t'aimais

dimanche 13 novembre 2016 à 20:14
"Millions around the world treasure the American ideal   that whatever your creed or background, America will welcome you." Mulberry Street, New York City circa.1900. PHOTO: Public Domain by the Library of Congress (via Wikimedia Commons)

“Ils sont des millions dans le monde à chérir l'idéal américain qui vous accueille quel que soit votre origine ou vos croyances.” Mulberry street, multi-ethnique et multiculturelle, New York City, Vers 1900. Photo du domaine public, Bibliothèque du Congrès (via Wikimedia Commons).

Dar es Salaam, Tanzanie —Il y a deux ans j'ai quitté la côte Est de l'Afrique et j'ai atterri à Phoenix, Arizona, bénéficiaire d'une bourse pour étudier le journalisme à l'Ecole de Journalisme Walter Cronkite de l'Université d'Arizona. Depuis 2012, je m'étais rendu aux Etats Unis au moins une fois par an, mais c'était la première fois que j'allais y vivre. Et ce fut pour moi un grand moment.

Mon attachement à l'Amérique est bien ancré. Comme beaucoup de ma génération, j'ai grandi les yeux rivés sur le cinéma américain, j'ai dansé sur sa musique, j'ai lu ses écrivains et j'ai pratiqué ses sports. De fait, le pays a eu un tel impact sur moi que je suis devenu journaliste en grande partie grâce à un film américain. Adolescent de 14 ans, j'ai vu le grand Denzel Washington jouer Gray Grantham, dans “L'affaire Pélican“. C'est l'histoire d'un  journaliste courageux qui, aidé d'une étudiante en droit Julia Roberts, découvre et dévoile les desseins cachés d'un magnat du pétrole qui s'en prend à la Cour Suprême. J'étais accro. Pour plagier Method Man, “Je pensais, c'est là la vérité, oublie tout le reste, voilà ce que je veux faire de ma vie.”

Et mon année passée en Arizona n'a fait que confirmer mon admiration pour les Etats Unis. Je disais à tout le monde, “L'Amérique est le seul pays dans lequel j'ai vécu où la diversité est si grande que l'on peut être ce que l'on est et se faire accepter dans une communauté bienveillante.”  J'ai même écrit une lettre d'amour, des paroles pour vanter sa grandeur.

Et Donald Trump est arrivé.

On a beaucoup écrit sur la xénophobie et le racisme de cet homme. Pour moi, le côté le plus surprenant de son ascension, c'est l'aisance avec laquelle il assume son sectarisme.  Il ne parle pas par messages subliminaux mais dit les choses carrément, comme le formule de façon imagée un ancien collègue, et exprime ouvertement son mépris pour les musulmans, les latinos, les afro-américains et les femmes.

Et pourtant les gens ont répondu à son message en votant pour lui en masse. Il a obtenu 13 million de voix aux primaires républicaines, un record historique pour l'élection d'un candidat de parti.

J'étais stupéfait. Je me suis demandé qui étaient ces Américains qui soutiennent ce fanatique.

Je ne pouvais pas associer Trump et ses supporters aux gens que j'ai rencontrés à Phoenix. Quelqu'un comme mon professeur, le Dr Bill Silcock, directeur d'un programme de journalisme, qui accueille des gens du monde entier, d'une grande finesse d'esprit et avec lequel on peut parler de l'islam et son histoire.

La vision internationale de Trump ne correspond pas non plus à Peter Bhatia, actuellement rédacteur en chef du Cincinnati Enquirer. Bhatia et moi partagions la même passion pour le basket-ball et nous avons passé des heures à regarder jouer les Phoenix Suns.

L'intolérance de Trump est l'inverse de la générosité que j'ai trouvée chez Sandy Bahr — qui milite depuis toujours pour la défense de l'environnement — et son mari Dave, ma famille d'accueil qui m'ont traité comme leur fils. Elle ne correspond pas non plus au dévouement de Kristi Kappes, qui, patiemment et avec gentillesse, nous a aidés mes collègues et moi à mieux nous adapter à la complexité de la vie en Amérique. Et puis il y a Andrew Leckey, Kathryn McManus et Retha Hill, mes mentors, dont les conseils judicieux m'ont permis d'avancer dans ma carrière.

Ces personnes et les valeurs qu'ils incarnent ont approfondi mon amour pour l'Amérique.

Et même quand Trump s'est battu pour parvenir à la candidature républicaine, ils ont été le contrepoint à sa vision étroite de l'Amérique.

Il se trouve qu'ils étaient l'exception et non la règle.

Le 8 novembre 2016, plus de 50 millions d'Américains, blancs pour la plupart, ont donné la présidence à un homme, malgré — ou peut-être à cause de — son mépris pour tous ceux qui ne sont pas blancs.

On en vient à penser que les gens ont voté pour Trump soit parce qu'ils partageaient son racisme et son sectarisme, soit parce qu'ils voulaient ignorer cet aspect. C'est bouleversant.

Il n'est sans doute pas correct de traiter les partisans de Trump de racistes. Un de mes amis me dit qu'étiqueter les gens comme cela mène à ce résultat. C'est désinvolte et méprisant et c'est faire preuve d'une incapacité à comprendre ceux qui pensent et agissent différemment de nous. Cela revient à leur dire que leurs préoccupations et leurs peurs des changements effrénés qui surviennent dans leurs communautés n'ont pas de sens. Cela signifie-t-il que ces électeurs, blancs pour la plupart, ont choisi Trump pour reprendre le contrôle d'un pays qui, selon eux, les laisse à la traîne ? En d'autres termes, était-ce leur manière de dire, on compte encore dans cette nouvelle Amérique ?

Peut-être. Mais on ne peut pas échapper, comme le dit David Remnick, à la cruauté de la décision d'élever un homme qui distille le mépris pour ceux qui ne sont pas comme lui.

Ce “coup de fouet blanc”, comme le dit le grand Van Jones, a tué l'essence même de ce qui fait la grandeur de l'Amérique.

Ils sont des millions dans le monde à chérir l'idéal américain — que ce soit un mythe ou une réalité, cela reste une idée forte — une Amérique qui vous accueille quelque soit votre origine ou vos croyances. Après tout c'est un pays qui a élu président deux fois de suite le fils d'un kenyan, et comme il le dit, nulle part ailleurs dans le monde cela aurait pu se passer. En élisant Donald Trump, pourtant, une grande partie de l'Amérique blanche a abandonné ses promesses et dit au monde: au diable la diversité, la liberté de religion et toute idée de pluralisme. Dans l'Amérique de l'après 11 septembre, le blanc revient au pouvoir.

Avec tout cela, j'ai pensé à Khizr Khan, le père d'un soldat mort en Irak, et à ses paroles la veille de l'élection. Lors d'un meeting d'Hillary Clinton, Mr. Khan s'est lancé dans une séance de question/réponse avec le public.

“Donald Trump, mon fils le Capitaine Humayun Khan aurait-il une place dans votre Amérique ?” demande M. Khan.

Le public lui répond par un “Non !” retentissant.

“Les musulmans auraient-ils une place dans votre Amérique ?”

“Non !” poursuit le public.

“Les Latinos auraient-ils une place dans votre Amérique ?”

“Non!” répondent-ils.

“Les Afro-Américains auraient-ils une place dans votre Amérique ?”

“Non!” répondent-ils de plus en plus fort.

“Quelqu'un qui ne vous ressemble pas aurait-il une place dans votre Amérique ?”

Il obtient un “Non !” unanime retentissant.

Mr Khan conclut en disant “Heureusement, M. Trump ce n'est pas votre Amérique.” 36 heures plus tard, Mr Khan a été éconduit. Le pays pour lequel son fils a donné sa vie lui a envoyé un message. Voilà maintenant le pays de Trump, dit ce message. Et les gens comme M. Khan n'ont plus leur place dans cette nouvelle Amérique.

Cela me brise le coeur.

Omar Mohammed est boursier de l'ICFJ (Internatonal Center For Journalism) et participe à Code for Africa en Tanzanie (initiative à l'échelle du continent africain pour le data journalisme). Il est basé à Dar es Salaam, capitale économique de Tanzanie. On peut le suivre sur Twitter @shurufu.

Des militants russes ‘doxent’ un directeur de camp pénitentiaire qui aurait fait torturer des détenus

dimanche 13 novembre 2016 à 18:38
Photo taken in Shlissel'burg, Leningrad Oblast. Flickr: CC 2.0

Photo prise à Schlüsselburg, oblast de Léningrad. Flickr: CC 2.0

Le militant Ildar Dadine, incarcéré dans dans la colonie de redressement numéro 7 de la ville de Segueja, en Carélie, a fait savoir fin octobre qu'il avait été victime d'actes de torture et de cruauté.

Selon ses dires, Dadine, condamné en décembre dernier à trois ans de détention aux termes d'une nouvelle loi russe qui punit «les infractions répétées à la réglementation des rassemblements en public», a dicté une lettre à son avocat et l'a adressée à sa femme. Cette lettre a été publiée  [avertissement: elle contient des descriptions de scènes de violence] le 1er novembre 2016 par le site d'informations indépendant Meduza.

La lettre décrit les actes de torture et les atteintes à la dignité systématiques que subissent les détenus sous la direction du major Sergueï Kossiev. Lors de sa première semaine dans le camp numéro 7 (où a séjourné l'ancien oligarque Mikhaïl Khodorkovski), raconte Dadine, il a été roué de coups par une douzaine de personnes, suspendu par des menottes pendant une demi-heure, menacé de viol, et on lui a promis la mort s'il en parlait à quiconque à l'extérieur.

Ces mauvais traitements envers les détenus sont familiers à qui a lu les classiques de la littérature concentrationnaire de l'époque soviétique — dont les plus connus sont «l'Archipel du Goulag» d'Alexandre Soljénitsyne, «les Récits de la Kolymna» de Varlam Chalamov ou «Tout passe» de Vassili Grossman — qui font le récit de la vie dans les camps soviétiques. Si les Soviétiques devaient recourir à des samizdats [publications clandestines] pour lire ces récits, les militants russes disposent aujourd'hui des réseaux sociaux pour diffuser ce type d'informations.

Certains utilisent même les nouvelles technologies pour, d'une certaine façon, se saisir eux-mêmes de cette question. Le militant politique russe Vladislav Zdolnikov, proche de la formation d'opposition «le Parti du Progrès» et de la chaîne Newscaster.TV, a organisé, à l'aide des réseaux sociaux, une attaque visant directement le directeur du camp.

Après la publication de la lettre de Dadine, Zdolnikov s'est mis à diffuser sur Twitter des informations sur le major Kossiev, que Dadine dénonce comme étant l'un de ses tortionnaires. Il dirige également les usagers de Twitter vers la page VKontakte de Kossiev»:

Voilà l'ordure qui dirige les tortures et passages à tabac sur Dadine et d'autres détenus. [tweet 2] Il s'agit bien apparemment de la page VK authentique du directeur de la colonie IK-7
Faisons savoir à ce porc ce qui l'attend dès que le pouvoir aura changé de mains.

Le leader d'opposition Alexeï Navalny a lui aussi partagé le profil VK de Kossiev, en juxtaposant des photos de lui dans des situations de la vie quotidienne — en vacances ou à la plage en famille — et un passage de la lettre de Dadine où il raconte que Kossiev reconnaît pratiquer la torture sur le détenu.

Voici le VK du bourreau Kossiev

Zdolnikov a rendu publiques les identités des membres de la famille de Kossiev, de sa femme et de ses enfants, et met en lien leurs pages sur les réseaux sociaux. Il appelle ses followers à les contacter pour leur raconter quel «porc» est Kossiev.

[En réponse au tweet d'un internaute qui lui demande «s'il se croit meilleur que le bourreau et s'il est prêt à écrire à ses petits-enfants»] Bien sûr que je me crois meilleur. Ecrire à la famille que leur mari ou père est un porc, c'est ça la chose à faire.

Aric Toler de «RuNet Echo» s'est entretenu avec Vladislav Zdolnikov et lui a demandé quels résultats il escompte en diffusant des informations personnelles sur Sergueï Kossiev.

RuNet Echo: Pourquoi avoir décidé d'attirer l'attention sur Kossiev et sa famille via les réseaux sociaux ?

Владислав Здольников: В ситуации, когда речь идёт о массовом насилии над заключенными, которое, очевидно, организовано администрацией колонии, одним из немногих способов повлиять на это, является как можно более широкая огласка происходящего.

Я считаю, что в рамках этой огласки, очень важно донести эту информацию до близких кругов тех, под чьим руководством совершается беззаконие: среди их друзей и родственников. Они должны знать, чем занимается на работе человек, с которым они живут или общаются.

Таким образом, мы переводим то, чем занимаются эти люди, из разряда исключительно рабочего в разряд личного. Я уверен, что этот человек, приходя домой, не говорит: “я сегодня пытал заключенного, подвешивая его наручниками за решетку”, он никогда не скажет своей жене “я сегодня угрожал изнасилованием заключённому”, потому что понимания, очевидно, он не найдёт.

Считаю, что такое моральное давление должно положительно повлиять на ситуацию с Дадиным.

При этом, я должен уточнить, что не считаю, что родные должны отвечать за действия этого человека или как-то от них страдать. Я ни в коем случае не призываю “травить” их, или любым другим способом выражать негатив в их сторону.

Vladislav Zdolnikov: Dans le cas où les violences de masse exercées envers les détenus sont manifestement organisées par l'administration pénitentiaire, l'un des seuls moyens d'action dont on dispose est de faire connaître les faits le plus largement possible.

J'estime que dans ce cadre, il est très important de faire parvenir ces informations aux proches de ceux sous le commandement de qui se commettent des crimes ; à leurs parents et amis. Il faut qu'ils sachent ce que celui avec qui ils vivent et sont en relation fabrique à son travail.

Nous faisons donc remonter ce que l'on sait des activités de ces gens-là de la sphère strictement professionnelle à la sphère privée. Je suis convaincu que cet homme ne dit pas, en arrivant chez lui: «Aujourd'hui, j'ai torturé un détenu en le suspendant à la grille avec des menottes», pas plus qu'il ne dira à sa femme «Aujourd'hui, j'ai menacé un détenu de viol», parce qu'il se doute bien qu'elle ne va pas l'approuver.

Je pense que cette pression morale peut avoir un impact positif sur le sort de Dadine.

Je tiens à préciser aussi que je ne tiens pas la famille pour responsable des actes de cet individu ; ses proches n'ont pas à en souffrir de quelque façon que ce soit. Je n'appelle en aucun cas à leur «pourrir la vie» ou à leur causer du tort d'une manière ou d'une autre.

RuNet Echo: La lecture de vos tweets et les pages De Kossiev sur les réseaux sociaux, parallèlement à la lettre de Dadine, m'ont fait penser à la «banalité du mal». Quel impact cette analogie peut-elle avoir sur le Russe moyen, sur l'opinion publique et sur la situation dans les colonies pénitentiaires ?

Владислав Здольников: Я думаю, что это безусловно влияет на отношение аудитории к этому человеку. Они осознают, что человек, который пытает людей на работе, может отдыхать рядом с ними на пляже. Это, как минимум, заставляет задуматься.

Соцсети дают возможности для действий в ситуациях, когда, казалось бы, мы сделать нчиего не можем. У нас нет никакой надежды на реальную проверку со стороны прокуратуры с увольнениями и наказанием виновных. Когда испытываешь эмпатию к происходящему, когда очень сильно переживаешь, это заставляет придумывать действия, которые могут как-то помочь человеку. Я знаю Дадина лично, и я особенно остро переживаю всё то, о чём он написал в своём письме. Поэтому приходится придумывать что-то, в результате получилась такая акция, не знаю, как лучше это назвать.

Vladislav Zdolnikov: Je pense que cela aura forcément un effet sur la relation entre cet individu et sa famille. Ses proches apprennent que cet homme qui se fait bronzer à leurs côtés à la plage pratique la torture à son travail. Au minimum, ça fait réfléchir.

Les réseaux sociaux donnent la possibilité d'agir dans des situations où il semble qu'il n'y a rien à faire. Nous n'avons aucun espoir d'une vraie enquête qui aboutirait à révoquer ou châtier les coupables. Quand on ressent de l'empathie envers une victime, quand on compatit fortement à ce qui lui arrive, on est obligé de réfléchir aux façons possibles de l'aider. Je connais Dadine personnellement, et tout ce qu'il raconte dans sa lettre fait que je m'inquiète à son sujet. C'est pourquoi il m'a fallu imaginer quelque chose ; ce fut cette action, je ne sais pas comment l'appeler autrement.

RuNet Echo: L'Occident a pris connaissance des camps soviétiques avec la littérature de cette période. Par contre, on ne sait rien des camps actuels, si ce n'est à travers ce qui est arrivé aux Pussy Riot. Que diriez-vous au public occidental de la situation actuelle dans les colonies pénitentiaires russes, et par quel biais peut-on, en Occident toujours, en savoir plus ?

Владислав Здольников: Ситуация, о которой сегодня узнали из письма Дадина, абсолютно привычна для большинства российских исправительных учреждений. К заключенным не относятся, как к людям, их держат в постоянном страхе, чтобы подчинить и подавить силу воли.

Мы узнали о ситуации с Ильдаром Дадиным только благодаря тому, что он и его жена имеют некую известность в оппозиционных кругах. Это позволило быстро распространить текст письма.

Несложное гугление выдаёт нам сотни подобных историй, как происходит с Ильдаром. Вот, например, письмо заключённого от 2012 года из той же ИК-7.. Там описываются ровно те же пытки, что в письме Ильдара.

Vladislav Zdolnikov: La situation dont nous informe la lettre de Dadine est parfaitement habituelle dans la plupart des établissements pénitentiaires russes. Les détenus ne sont pas traités comme des êtres humains, ils ont maintenus dans un état de peur permanente, pour soumettre et briser leur volonté par la force.

Si nous sommes au courant de la situation d'Ildar Dadine, c'est uniquement parce que sa femme et lui sont un peu connus dans les milieux d'opposition. C'est ce qui a permis de diffuser rapidement le texte de la lettre.

Avec une simple recherche sur Google, vous obtiendrez des centaines d'histoires similaires à celle de Dadine. Voici, par exemple, une lettre de détenu qui date de 2012, dans la même colonie IK-7. Elle décrit exactement les mêmes pratiques de torture que la lettre de Dadine.

Moins de 24 heures après la publication de la lettre d'Ildar Dadine par le site d'informations Meduza, apparaissaient déjà les premiers résultats. Des militants et des manifestants se sont rassemblés à proximité du bâtiment du Service fédéral d'application des peines pour une action de soutien à Dadine et à une réforme des prisons.

Action contre les actes de tortures sur Ildar Dadine à côté du bâtiment du FSIN. (@Romenskiy), le 1er novembre 2016.

Le 1er novembre toujours, la chaîne REN-TV a diffusé une photo de Dadine, soi-disant prise le jour même, qui ne montre aucune trace ou séquelle de violences. Selon la femme de Dadine, Anastasia Zotova, les maltraitances dont son mari a été victime remontent à mi-septembre, ses blessures ont donc eu le temps de guérir.

Le FSIN a promis d'autoriser des «médecins spécialistes indépendants» à accéder au détenu pour confirmer la version du gouvernement selon laquelle il n'a subi aucune forme de violence physique.