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La fille de l'ancien dictateur élue présidente de la Corée du Sud

jeudi 20 décembre 2012 à 23:41

Park Geun-hye a été élue le 19 décembre présidente [en anglais] de la Corée du Sud. Elle fait partie du parti conservateur Saenuri au pouvoir et est la fille de l'ancien dictateur Park Chung-hee.

Malgré l'exploit de Mme Park d'être la première femme élue à la présidence dans une société restée largement patriarcale, la jeunesse progressiste et militante lui est vigoureusement opposée, à cause de la réputation de corruption de son parti, et de son attitude évasive et dépourvue de remords quant à la dictature de son père [en anglais]. Celui-ci, Park Chung-hee, est un des personnages les plus diviseurs de l'histoire moderne de la Corée du Sud, à cause à la fois de son régime de fer et du développement économique imposant sous son règne.

La compétition serrée et la fracture du pays sur ses problèmes et les affiliations partisanes caractérisent le paysage politique sud-coréen. De fait, les scores ont été très proches et difficiles à prédire [en anglais] même plusieurs heures après les sondages de sortie des urnes.

Park Geun-hye during campaign

Park Geun-hye en campagne, par l'utilisateur de Flickr 박근혜 공식앨범 (CC 2.0 BY-NC-SA)

Les internautes ont été nombreux à reprocher aux médias classiques sud-coréens leur parti-pris depuis plusieurs mois pour Mme Park, et notamment dans leur couverture de la campagne qui n'évoquait que rarement les aspects historiques. Ils ont souligné [en coréen] que les informations internationales mentionnaient toujours le père de Mme Park quand ils la présentaient.  ‏@comeback_mj23 a écrit [en coréen] :

잠들기 전에 우리나라 대선에 관한 외신(BBC, CNN, NYT 등..) 기사를 훑어보고 있는데… 공통적으로 쓰이는 한 문장이 너무 선명하게 보인다. 굳이 언급할 필요가 없는 바로 그 문장… 과연 그 분이 스스로 굴레를 벗어던질 수 있을까?

Avant de me coucher, j'ai parcouru les autres médias étrangers et lu leurs grands titres sur notre élection présidentielle (comme la BBC, CNN, le New York Times etc). Une unique phrase commune à tous ces articles me saute aux yeux. Cette unique phrase si évidente à aborder. Sera-t-elle capable de se libérer de ce titre ? [note : de fille du dictateur]

@aannyeong a évoqué [en coréen] Lee Jung-hee, une candidate qui a écrasé Mme Park à pratiquement chaque question du débat présidentiel, mais n'a pas tardé à abandonner la course.

[…] 이정희는 여태 한국 사회와 언론이 썩혀두면서 아무도 건드릴 생각도 못했던 걸 들춰냈다. 심지어 당사자 앞에서. 더군다나 공중파 대선토론에서. 그걸 보고 듣고도 사람들이 깨달음이 없었다는 게 슬프다.

Lee Jung-hee a réussi à déterrer quelque chose que la société coréenne et les média n'ont même jamais osé toucher– dans un débat présidentiel télévisé sur Network TV. Quelle tristesse que les gens ne saisissent pas la vérité même après avoir suivi ce débat.

@kbsmuckraker d'ajouter [en coréen] :

사실 이번 대선결과는 예정된 것이었다. 지상파와 조중동 등 여론시장을 지배하는 주류매체가 일방적으로 박근혜를 지원하는 상황에서 다른 결과를 이끌어내긴 힘들었다. 이런 수구 권언복합구도를 깨지 않으면 앞으로도 어렵다.

Le résultat de cette élection présidentielle était attendu. Avec les chaînes de Network TV et Cho-Joong-Dong [note : un acronyme populaire pour les trois principaux titres de la presse écrite en Corée du Sud - combinant Chosun, Joongang et Donga] qui dominent le débat public et soutiennent unanimement Park, impossible de pondre un autre résultat. Si nous n'arrivons pas à dénouer ce lien entre pouvoir conservateur et médias, nous resterons confrontés à une situation difficile dans l'avenir.

@stpstp919 cite [en coréen] à un tweet détaillant les dynasties familiales qui se maintiennent leur emprise sur trois pays d'Asie.

유미리 트위터 “한국대선에서 박근혜가 승리하면,박정희 대통령의 딸과 김일성주석의 손자와 기시 노부스케 총리의 손자가 맞서게 된다.”

Le tweet de Yumiri dit que “si Park remporte l'élection présidentielle de Corée du Sud, on assistera à la rencontre de la fille de Park Chung-hee avec le petit-fils de Kim Il-sung (Corée du Nord) et celui de Nobusuke Kishi (c'est-à-dire Shinzo Abe) sur la scène (internationale).

Moon Jae-In during campaign

Moon Jae-in, le candidat à la présidentelle du principal parti d'opposition, le parti Démocrate Unifié, pendant sa campagne, photo de l'utilisateur de Flickr moonjaein (CC 2.0 BY-NC-ND)

Le scrutin a connu une participation record de 75.8% [en coréen], la plus forte des dix dernières années. @realolol a commenté [en coréen] cet aspect :

한 사이트에서 봤던 인상 깊은 글. “이번 투표율이 높았던건 그만큼 국민들이 깨어 있다는 걸 의미하지만 단기간에 그렇게 올랐다는건 지난 대선과 이번 대선간의 빈 공백의 기간동안 국민들이 불만이 많았거나 살기 어려웠단걸 뜻하지”

J'ai lu cet article impressionnant sur un site “Le fait que la participation à été aussi élevée dans cette élection est une indication que les gens sont politisés. Mais, en même temps, le fait que le taux [de participation] ait fait un tel bond montre que les gens ont eu tellement de plaintes accumulées et ont connu des années difficiles entre la dernière et l'actuelle élection présidentielle.

Nigéria : le Mandarin sera enseigné aux élèves des écoles publiques de Lagos

jeudi 20 décembre 2012 à 19:42

La Commissaire à l’Éducation de l’État de Lagos a annoncé que le Mandarin, langue officielle de la Chine, va être introduit au programme des écoles publiques :

«  La connaissance de la langue chinoise aidera les étudiants à aller poursuivre leurs études en Chine et à mener des recherches dans différents domaines du comportement humain puisque la Chine est devenue un modèle de réussite dans l’économie mondiale » a-t-elle déclaré. Lagos est le premier État nigérian à faire entrer le Chinois au programme des écoles publiques.

Viol et torture des femmes de chambre malgaches au Liban

jeudi 20 décembre 2012 à 19:36

Marie, 14 ans, a été forcée par sa tante de se rendre au Liban pour devenir femme de chambre. Dès son arrivée, son employeur l'a violée régulièrement, et lorsqu'il a apprit qu'elle était enceinte, il l'a chassée de la maison. Après avoir accouché seule, elle a jetté son bébé du huitième étage de l'immeuble.

Assanatou Baldé a enquêté sur le drame des jeunes filles malgaches qui immigrent vers le Liban, fuyant la crise sociale à Madasgar. Ce rapport rassemble d'autres témoignages de torture et de violence physique, en plus des insultes récurrentes, des conditions de travail épouvantables et des rapports sexuels forcés avec des animaux.

Le Président zambien ordonne l'exécution d'introuvables “Rebelles”

jeudi 20 décembre 2012 à 15:55

Ce billet fait partie de notre dossier sur les relations internationales et la sécurité.

President Michael Sata

Le Président Michael Sata, Commandant en Chef de l'Armée Zambienne. Photo avec l'aimable autorisation de Zambian Watchdog.

Il demeure toujours difficile de confirmer l'existence de l'Armée de Libération Barotse [Barotse Liberation Army], la soi-disant branche paramilitaire de divers groupes appelant à la sécession de la Province Occidentale de Zambie. Cependant, si on en croit l'ordre intimé par le Président Michael Sata à l'armée de tuer les activistes rebelles [en anglais], l'organisation est considérée comme une sérieuse menace pour la sécurité nationale de la Zambie.

Le 30 novembre 2012, l'ordre est tombé après que fut diffusée l'information que les rebelles étaient en train d'enrôler d'anciens soldats et  policiers dans l'Armée de Libération Barotse. Dans un discours prononcé lors de la remise de diplômes du Collège de l'Etat-Major de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe [SADC], Sata a dit :

A Lukulu (Province Occidentale), des gens ont formé un groupe appelé Armée de Libération Barotse, et ils recrutent du monde. A ce jour, j'ai connaissance qu'ils ont recruté 276 personnes. Ils recrutent d'anciens officiers de l'armée et de la police, et d'anciens braconniers qu'ils veulent monter contre nous, et nous devons nous préparer. Et vous, le Commandement de l'Armée, je vous ai déjà dit que j'ai besoin d'avions pour lever les troupes, sinon comment pourrais-je transporter les troupes jusqu'à Lukuku ?

Dans une critique à peine voilée du manque de préparation de l'armée et de sa soi-disant tolérance des troubles dans la région, Sata a ajouté :

Nos soldats passent des diplômes mais la plupart ne tireront pas un coup de feu entre leur incorporation et leur retraite… parce que c'est une chose de s'entraîner, c'en est un autre que d'y aller et d'agir. Vous avez besoin d'être bien entraînés pour défendre ce pays.

Sur un groupe Facebook, Zambian Voice, Isikanda Wamulwange a dit l'inquiétude [en anglais] que lui inspire l'appel du Président Sata :

Si on utilise la force militaire contre les soi-disant “rebelles” de la Province Occidentale, cela ne risquerait-il pas de mener à la guerre civile ? N'y a-t-il pas de meilleur moyen pour régler ce prue.

Chileshe Tayali a répondu [en anglais] dans la même discussion :

L'éclat du Président n'est sûrement pas la meilleure manière de résoudre le conflit avec le BRE [Barotse Royal Establishment]. Il déclare la guerre en public. Je trouve ses directives très imprudentes.

Une publication internet locale, the Barotse Post, rapporte [en anglais] que les soldats envoyés dans la zone se sont retirés sans avoir trouvé le moindre rebelle :

Les troupes zambiennes ont commencé à battre honteusement en retraite de Lukulu le dimanche 2 décembre 2012, sans avoir pu trouver les activistes imaginaires de l'Armée de Libération Barotse. On a vu s'envoler quatre hélicoptères avec quelques-unes des forces spéciales qui avaient été envoyées à ce qui s'est avéré une chasse au canard sauvage. Afin de sauver la face, le Ministre de la Défense honteux et confus a mendié auprès des habitants des informations sur l'Armée de Libération Barotse. Cela ne fait qu'illustrer combien le gouvernement zambien peut paniquer quand il s'agit de la question Barotse.

La même publication a accusé le gouvernement zambien de monter de fausses accusations de toutes pièces contre le peuple Barotse:

Il n'y a pas si longtemps, le peuple zambien a dû avaler que le Mouvement pour la Liberté Barotse [Barotseland Freedom Movement] de Kaoma recrutait du personnel militaire à la retraite. Cette allégation a été récemment suivie par une autre bien perverse, à la suite de la démission de Clément Sinyinda de son poste de Ngambela [Premier Ministre] du Barotseland, que quelques Lozi [NdT: les Lozi appartiennent au groupe Barotse] à Senanga et Sesheke l'avaient organisée pour détrôner le Litunga [le roi]..

Les appels à la sécession de la Province Occidentale [en anglais] se sont mis à chauffer dans les dernières années face aux agissements des gouvernements zambiens successifs qui ont ignoré l'Accord du Barotseland de 1964 [en anglais] unissant la région au reste de la Zambie lors de l'indépendance de 1964.

En tant que chef de l'opposition, Sata avait promis la restauration de l'accord [en anglais] dans les 90 jours suivant son investiture, mais, de façon surprenante, il a désormais adopté une posture belliqueuse, et il semblerait qu'aucun dialogue ne pointe à l'horizon.

ISN logo

Ce billet et ses traductions en espagnol, en arabe et en français ont été commandés par l’International Security Network (ISN) dans le cadre d’un partenariat destiné à faire entendre les points de vue de citoyens sur les questions de relations internationales et de sécurité dans le monde entier.  Ce billet a été publié à l’origine sur le blog de l’ISN, d’autres articles peuvent être lus ici.

Cambodge: Les cybercafés interdits aux abords des écoles

jeudi 20 décembre 2012 à 15:47

[Les liens redirigent vers des pages en anglais ou en khmer]

Le Ministre cambodgien des Postes et Télécommunications a émis une circulaire interdisant aux cybercafés d'opérer à moins de 500 mètres d'une école ou de tout bâtiment scolaire. La circulaire interdit aussi aux cybercafés d'accueillir des jeunes de moins de 18 ans, soulignant qu'Internet est source de nombreux dangers tels que le terrorisme, les crimes économiques et la distribution de pornographie, selon le journal Cambodia Daily.

Cette mesure intervient quelques mois après la mise en vigueur par le gouvernement d'une précédente circulaire qui obligeait les cybercafés à placer des caméras de surveillance dans leurs locaux et à tenir un registre des utilisateurs.

Cela avait causé beaucoup d'émoi parmi les blogueurs cambodgiens. Sur le blog de VOA, Tharum Bun prédit l'élimination pure et simple des cybercafés à Phnom Penh sous l'impulsion du nouveau gouvernement.

L'application des zones sans cybercafé amènerait la fermeture de presque tous les cybercafés de Phnom Penh. Cartographie de Licadho

La circulaire (pdf) mentionne aussi dans des termes vagues, que les gens devraient arrêter de jouer aux jeux en ligne.

Tep Sovichet, un blogueur de 17 ans scolarisé à Phnom Penh, pense que cette interdiction n'empêchera pas les étudiants de sécher les cours pour aller jouer au cybercafé. Il est fermement opposé à la circulaire.

Tous les cybercafés ne sont pas des endroits où les étudiants jouent à des jeux en ligne et la cybercriminalité ne passe pas par les cybercafés. Tous les étudiants ne vont pas au cybercafé pour les jeux, ils y vont pour diverses raisons […] par exemple, pour faire leurs devoirs, apprendre des choses et avoir accès à toutes sortes de sources d'information.

Selon la circulaire, on demandera aux propriétaires de cybercafés dans l'ensemble du pays de signer un contrat avec le Ministère.

Khmerbird, un autre blogueur cambodgien, a écrit sur son blog :

Je suis complètement en accord avec les idées qui sous-tendent cette circulaire. Mais je pense que pour réguler les jeux et la pornographie dans les cybercafés, il n'est pas nécessaire de les fermer. De plus, si cette règle est appliquée, presque tous les cybercafés du centre-ville de Phnom Penh vont devoir fermer leurs portes.

La circulaire stipule que si un cybercafé se trouve dans la zone rouge, ou si un délit est commis dans ses locaux, “l'établissement sera fermé, tous les équipements confisqués, et les propriétaires seront arrêtés et poursuivis en justice”.

Faine Greenwood, journaliste indépendante et blogueuse prolifique basée en Asie du sud-est, a évoqué la restriction des cybercafés sur son blog le 18 décembre:

Bien sûr, il reste des points d'interrogation sur le pouvoir réel d'une “circulaire” à changer les choses ici au Cambodge, ou la probabilité que celle-ci devienne un jour une loi. Mais rien que le fait que cela soit avancé est un signe troublant que le gouvernement cambodgien envisage de réguler l'accès à Internet, jusque-là relativement libre, suivant l'exemple très douteux de la Chine, un ami influent du régime Hun Sen.

Urban Voice Cambodia, un projet de cartographie collaborative pour la ville de Phnom Penh, a amorcé une campagne contre la fermeture des cybercafés en demandant aux gens d'ajouter leurs cybercafés de quartier sur la page “Submit Report“. Selon leurs calculs, presque tous les cybercafés de Phnom Penh seraient susceptibles de fermer.

Le groupe de défense des droits humains Licadho s'oppose aussi à la circulaire :

Cette initiative maladroite pour fermer des lieux accessibles et abordables d'accès à Internet au Cambodge est non seulement sans fondement légal, mais c'est aussi une tentative évidente d'empêcher une partie de la population d'accéder aux sources d'information indépendantes sur les sites de presse et les médias sociaux.