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Une comptine traduite dans différentes langues d'Australie

dimanche 3 septembre 2017 à 23:58

Sauf indication contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.

Les langues et cultures peuvent être différentes, mais le son joyeux d'enfants qui chantent reste universel comme le montre la chanson “Marrin Gamu“, créée par des enfants et des enseignants de primaire pour promouvoir la diversité et la beauté des langues aborigènes d'Australie et du Détroit de Torrès.

Son titre mélange les mots utilisés pour dire “corps” dans deux de ces langues. “Marrin” veut dire “corps” en langue wiradjuri de la Nouvelle Galles du Sud [fr], alors que “gamu” signifie “corps” en kalaw lagaw ya du Détroit de de Torrès [fr].

La chanson vient d'une compétition amicale organisée par le First Languages Australia [Langues premières d'Australie] et ABC Splash. Dans un premier temps, les communautés sont invitées à enseigner le texte de la chanson en anglais à leurs enfants.

Verse 1. Eyes and ears, (3 times).
Verse 2. Hand and foot, (3 times).
Verse 3. Leg and arm, (3 times).
Verse 4. Head and belly, (3 times).

1er couplet.  Yeux et oreilles, (3 fois).
2ème couplet.  Main et pied, (3 fois).
3ème couplet.  Jambe et bras, (3 fois).
4ème couplet.  Tête et ventre, (3 fois).

Une fois que les enfants connaissent la comptine, il faut que la communauté traduise le texte de la chanson dans sa langue maternelle. Enfin, la communauté et l'école collaborent pour créer une vidéo à télécharger sur le site web du concours.

Le site web de Marrin Gamu propose un tutoriel pour aider les enseignants et les élèves à se lancer. Il y a aussi plusieurs activités à faire en classe en lien avec le programme scolaire australien et développées autour de ce projet. Pour faciliter les échanges sur leurs langues avec les élèves, on suggère un certain type de questions pour lancer la conversation :

Questions for the class:

  • Are their any similarities between the body words in the languages in the video and your language?
  • Is there any reason the song cannot be directly translated into your language?
  • What might you do to overcome this?

Questions pour la classe :

  • Est-ce qu'il y a des ressemblances entre les mots pour le corps utilisés dans les langues de la vidéo et la vôtre ?
  • Est-ce qu'il y aurait une raison pour laquelle la chanson ne pourrait pas être traduite directement dans votre langue ?
  • Qu'est-ce que vous pourriez faire pour y arriver ?

Le projet s'étale sur les deux prochaines années afin que toutes les écoles aient le temps de développer les activités nécessaires à leur participation. Les organisateurs du concours espèrent entendre chanter “Marrin Gamu” dans quelquesunes des centaines de langues aborigènes australiennes.

“Marrin Gamu” fait partie d'une stratégie élargie pour prévenir la disparition des langues en se tournant vers les écoles et les élèves grâce au travail effectué avec les enseignants locaux. Beaucoup d'enseignants n'ont pas de véritable connaissance de ces langues, ainsi le site web leur met à disposition des programmes interdisciplinaires à utiliser en classe. A terme, l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication et d'internet pourraient donner envie aux élèves de présenter en ligne leurs créations en langue locale.

Screenshot from Guarang language video.

Arrêt sur image de la vidéo en langue gurang.

Dans la première vidéo envoyée, réalisée dans une école du Queensland, les élèves chantent “Marrin Gamu” en langue gurang. Les nouvelles vidéos de la chanson seront partagées ici.

Guatemala : la Cour constitutionnelle prononce que le président ne peut pas expulser le commissaire anticorruption

samedi 2 septembre 2017 à 16:08

«  #JimmyDégage. Le Guatemala sans peur descend dans la rue.  » Illustration faite pour la campagne mexicaine-guatemalèque. Image publiée à l'origine par Prensa Comunitaria et utilisée ici avec autorisation.

Le Guatemala a vécu des jours d'affrontements politiques intenses suite à la tentative du président Jimmy Morales d'expulser Ivan Velázquez, le chef actuel de la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG) soutenu par l'ONU, en le déclarant « persona non grata ».

Mais la Cour constitutionnelle du Guatemala est intervenue en suspendant la décision du président et en déclarant que ce dernier a agi « de manière illégale. »

De nombreux Guatémaltèques ont vu la décision de la Cour comme un pas en avant dans la lutte contre la corruption et une raison de se réjouir en ligne :

Feux d'artifice, applaudissements et discours de joie pour l'avis de la Cour constitutionnelle qui confirme qu'Ivan Velasquez reste [au Guatemala].

#IvánReste

Le destin du commissaire est incertain, mais le soutien populaire et la confiance qu'il a reçue au Guatemala et internationalement sont essentiels au succès de la mission de la CICIG : enquêter de façon indépendante sur les activités des milices illégales, des structures de sécurité clandestines et des mafias qui sapent la règle de droit.

Qui sont les sympathisants du président ?

Le président Morales fait actuellement l'objet d'une enquête pour avoir reçu des fonds illicites. Il est soutenu par un nombre considérable de parlementaires — dont beaucoup font également objet d'enquêtes — et aussi par des autorités municipales. Il a également reçu le soutien des anciens présidents et du secteur le plus conservateur des Guatémaltèques, formé par les églises néo-pentecôtistes, l'association des anciens combattants de l'armée et des universitaires libertaires. Comme constaté par Raúl Bolaños sur le site de journalisme d'analyse laza Pública :

Sus apoyos se encuentran en un discurso nacionalista, en la amenaza del uso de la fuerza y en la ambigüedad de las élites y de las instituciones religiosas, que no quieren un escenario de incertidumbre. El presidente refinó la confrontación en esta lucha, se apoyó en el conservadurismo religioso y aderezó este con un nacionalismo exacerbado

Les soutiens du président se trouvent dans un discours nationaliste, dans la menace de l'usage de la force et l'ambiguïté des élites et des institutions religieuses qui ne veulent pas un environnement d'incertitude. Le président a peaufiné cette lutte, s'est appuyé sur le conservatisme religieux et a couronné le tout d'un nationalisme exacerbé.

Le ton monte, avec l'allusion par les autorités aux moyens violents qu'elles ont utilisés dans le passé pendant les 36 ans de guerre civile, comme constaté par le journaliste Allan Nairn :

Álvaro Arzú, oligarque & ancien président qui a son service de renseignement privé, fait allusion à un retour à la guerre si le chef de la lutte contre la corruption du Guatemala n'est pas expulsé.

Ceux qui demandent au président de démissionner ont décrit l'alliance d'Arzú avec Morales comme un « pacte des [hommes politiques] corrompus », une description qui est rapidement devenue un hashtag et a inondé les réseaux du Guatemala: #PactoDeCorruptos (Pacte Des Corrompus).

Ceux en faveur du financement illégal, levez la main. #PactoDeCorruptos

Quand on est soutenu par un président en prison, Otto Pérez Molina, et un fugitif qui a perpétré un coup d'État, Serrano Elias. #CriseD'ÉtatGT

Dans les prochains jours, le processus d'obtention de l'autorisation de la Cour suprême pour supprimer l'immunité du président commencera. Alors que les autorités municipales le soutiennent, un nombre croissant de Guatémaltèques retournent sur les places publiques dans différentes villes, lui demandant de démissionner.

Ognen Čemerski, traducteur en macédonien de Moby Dick, linguiste et pédagogue engagé

samedi 2 septembre 2017 à 11:53

Ognen Čemerski avec sa collègue et amie Jasna Koteska pendant la Marche des Étudiants du 14 novembre 2014. Photo  Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.

La mort du linguiste Ognen Čemerski le 25 août, fauché dans la fleur de l'âge à 42 ans par un cancer, laisse les Macédoniens sous le choc. Ses amis, puis un cercle plus large de confrères et admirateurs de son oeuvre ont exprimé sur Facebook leur tristesse et évoqué sa fructueuse carrière de traducteur et universitaire.

Čemerski a été maître de conférence à l'Université des Saints Cyrille et Méthode de Skopje dans la faculté de philologie “Blaze Koneski”, et s'est distingué comme l'un des fondateurs du Plenum des professeurs qui a apporté son soutien aux manifestations étudiantes de 2014 et 2015.

Comme traducteur, Čemerski a laissé un héritage culturel durable en donnant une nouvelle traduction du roman classique américain de Herman Melville Moby Dick, ce que la plupart des médias ont mis à l'honneur dans leurs nécrologies.

Un défi, traduire un roman maritime dans une langue “enclavée”

Čemerski a passé une douzaine d'années à travailler sur la traduction de Moby Dick, un projet commencé pendant ses études de premier cycle à l’‘université Graceland dans l'Iowa, USA. Il l'a menée comme un exercice scientifique, et s'en est servi de base pour son mémoire de maîtrise en linguistique.

“Moby Dick ou la baleine” de Herman Melville, traduit en macédonien par Ognen Čemerski. Photo by GV, CC-BY.

Ce n'était pas la première traduction de Moby Dick en macédonien. Une édition avait été publiée dans les années 1980, traduite du serbo-croate, et passée un peu inaperçue.

La principale difficulté pour traduire un livre de 1851 sur la navigation à voile et la chasse à la baleine était que la langue macédonienne ne possédait pas de terminologie maritime. la majeure  partie de la population d'ethnie macédonienne est restée dépourvue d'accès à la mer ces derniers siècles, avec peu de contacts avec la mer en général et la navigation en particulier. Pour y remédier, Čemerski a dû reconstruire un vocabulaire en recherchant d'abord les origines des termes anglais, avant de partir en quête de leurs équivalents en macédonien ou autres langues slaves.

Comme il l'a souligné dans un podcast publié par une équipe de l'université Graceland en 2016, Čemerski a aussi dû déconstruire les nuances de la langue anglaise utilisée par Melville. Ce qui comprenait les influences d'auteurs antérieurs comme Shakespeare et Milton, et l'usage de dialectes des Quakers – un mouvement religieux actif dans le domaine maritime — qui sonnaient déjà archaïques pour les lecteurs américains du milieu du XIXe siècle. Pour les références littéraires, il s'appuya sur les traductions d'oeuvres anglaises classiques par d'autres traducteurs macédoniens et la langue ancienne trouvée dans les écrits préservés d'auteurs macédoniens de la même époque, ainsi que dans la littérature religieuse en Vieux slave d'Eglise.

De loin la plus grande difficulté qu'a dû surmonter Čemerski a été l'absence de vocabulaire macédonien pour les mots de tous les jours utilisés par les marins américains pour désigner les éléments des bateaux, et entrés dans la langue anglaise courante. En recherchant les origines de ces termes, il a pu trouver leurs équivalents dans les mots macédoniens utilisés dans divers métiers : menuisiers, maçons, agriculteurs, puisque toutes les techniques utilisées dans la marine à voile sont nées sur la terre.

Fishing boat from Ohrid, Macedonia, museum reconstruction.

Reconstitution d'un bateau de pêche à rames traditionnel utilisé par les pêcheurs du lac d'Ohrid Lake jusqu'au début du 20ème siècle, au Musée lapidaire d'Ohrid Photo GV, CC-BY.

Il a aussi exploré le jargon des pêcheurs, né des dialectes en usage chez les Macédoniens habitant autour des trois grands lacs du pays (Ohrid, Prespa et Doïran). Historiquement, ces populations utilisaient divers types de bateaux à rame pour leur activité, et leur terminologie a pu être transposée aux éléments des voiliers. De plus, Čemerski a comparé l'évolution de la terminologie dans les autres langues slaves, notamment celles en usage le long de la côte adriatique.

Principale revue littéraire et artistique macédonienne à comité de lecture, lesok | Shine a publié des bonnes feuilles du chapitre 9 en 2012. Dès avant la parution de la traduction, les utilisateurs macédoniens de Twitter l'anticipaient avec enthousiasme, du fait de la renommée de Čemerski. Ainsi, dans ce fil de 2013, ils évoquaient la manière dont il avait parlé à des pêcheurs d'Ohrid pour trouver les termes les plus appropriés.

Ses efforts ont payé, puisque la traduction qui en a résulté reflète l'époque de la première publication de Moby Dick.

Un homme qui disait à haute voix ses convictions

Čemerski ne se considérait pas comme un militant, même si comme professeur il a participé à des activités revendiquant des réformes comme le rétablissement des libertés académiques et de l'autonomie des universités. Sur les médias sociaux, il parlait des sujets affectant les Macédoniens ordinaires à un moment de grande tension dans le pays.

Le 19 mai 2015, pendant la période d'intenses manifestations anti-corruption se déroulant près de sa maison, il a relaté un incident qui témoigne de ce que c'est que vivre dans un pays dont la cohésion sociale a été dangereusement dégradée par des années de propagande populiste et un gouvernement aux tendances autoritaires :

Вчера, во маало, еден припит комшија, кого го познавам уште од кога бев дете, се обиде да ме денунцира пред специјалци што си купуваа сладолед во маалската пилјара. Не реагираа ама баш ич, но се згрозив кога видов како сосед може да покаже со прст кон тебе и да лаже, во очи да те гледа и да лаже дека си тепал полиција, дека си зборувал на бина, па уште и да вика до небо баш додека полицајците се мачат да се решат кој сладолед да го изберат од богатиот асортиман. Вака, од дистанца, неговиот испад е комично нарушување на слатките изборни маки на полицајците и на мојот мир, ама страшно е кога ќе видиш дека, ако затреба, има комшии што би ти пресудиле со лага. Никаков мирен разговор не помага кога ќе им се вкрват очите.

Hier, un voisin un peu éméché, que je connais depuis l'enfance, a voulu me dénoncer à des policiers anti-émeute qui s'achetaient des glaces dans l'épicerie du quartier. Ils n'y ont prêté aucune attention, mais j'ai été horrifié de voir qu'un voisin pouvait vous pointer du doigt et mentir, que votre propre voisin pouvait vous regarder dans les yeux et mentir, en disant que vous avez attaqué la police, fait un discours sur le podium, et c'était effrayant de le voir s'époumoner juste au moment où les policiers avaient du mal à choisir leur glace dans le large assortiment. Rétrospectivement, sa gueulante ne paraît autre qu'une perturbation comique de l'embarras du choix sucré des policiers et de ma tranquillité, mais c'est affreux de se dire que, en cas de besoin, il existe des voisins qui se feraient une joie de mentir pour vous faire enfermer. Les raisonner calmement n'empêchera en rien leurs yeux de s'injecter de sang.

En 2016, Čemerski s'est joint aux manifestations contre la décision du président d'amnistier les suspects de corruption de haut niveau. Il publia une lettre ouverte adressée au Président Gjorge Ivanov lui demandant de cesser d'utiliser une salle décorée de mosaïques monumentales réalisées par son père, le célèbre peintre Gligor Čemerski (1940-2016), parce qu'il “crachait sur toutes les valeurs qu'elles représentent”.

Durant toute sa vie, Čemerski a trouvé inspiration dans les diverses luttes passées pour la liberté, locales comme mondiales, en particulier le mouvement antifasciste de la 2ème guerre moniale, et il en a promu les legs. Par exemple, l'affiche sur sa poitrine que l'on voit sur la photo en haut de cet article cite les dernières paroles d'un enseignant pendant le massacre de Kragujevac en 1941, tandis que sa pose rappelle le geste emblématique du héros yougoslave Stjepan Filipović. Il faisait passer certaines de ses préoccupations dans des articles pleins d'esprit sur le processus de traduction et l'interaction entre langue et société.

Čemerski laisse une femme et deux enfants.

Dans le cadre de sa politique anticorruption, le président ouzbèque traite les procureurs de «déchets»

vendredi 1 septembre 2017 à 19:18

Le président ouzbèque Chavkat Mirzioïev. Photo : gouvernement de Russie. Creative Commons Attribution 4.0 International

Le 2 août, le président Chavkat Mirzioïev a déchaîné un flot de mécontentement contre les procureurs ouzbèques, accusés d'être voleurs et corrompus.

M. Mirzioïev est entré en fonctions l'automne dernier, quand Islam Karimov, premier président de l'Ouzbékistan indépendant, s'est éteint après avoir régné d'une main de fer pendant vingt-cinq ans.

La radio subventionnée par les Etats-Unis «Ozodlik» [en russe], qui émet depuis Prague, a dévoilé l'enregistrement intégral [en ouzbèque] de la vidéoconférence de Mirzioïev avec les procureurs au cours de laquelle le chef d'Etat a déclaré :

“Мен ўзи прокурор деган одамни, кечирасизлару, жуда ёмон кўраман. Буни очиқча айтяпман, нимага десангиз мен район ҳокими бўлганман, вилоят ҳокими бўлганман, бу ноинсофларни ғўддайишини ”.

Je suis désolé, mais je n'aime pas les procureurs… En tant que dirigeant de la région, j'ai eu l'occasion d'observer les habitudes de ces gens dénués de principes.»

Avec leur salaire moyen de 100 à 150 dollars, les fonctionnaires d'Etat ont un train de vie relativement luxueux. Selon les données de Transparency International, la corruption fleurit en Asie centrale, imprégnant toutes les sphères de la vie quotidienne et encourageant le personnel des structures dirigeantes à utiliser son pouvoir pour son enrichissement personnel. Ainsi, l'Ouzbékistan occupe la 156e [en anglais] place sur 176 dans l'indice de la perception de la corruption publié par Transparency International :

The government’s response to widespread and systemic corruption has been weak, with extensive emphasis given to anti-corruption training. Legal and institutional reform is needed to ensure meaningful separation of powers and adequate public accountability of government bodies.

Les autorités n'ont réagi que faiblement à cette corruption systématique et généralisée, en mettant l'accent sur la formation aux pratiques anticorruption. De plus, le pays a besoin de réformes institutionnelles et législatives pour pouvoir garantir une séparation des pouvoirs et une responsabilisation adéquate des organes du gouvernement.

C'est bien ce que pensent les Ouzbèques qui ont réagi sur Facebook après cette vidéoconférence :

Молодец наш президент! Сказал многое, что народ долгое время замалчивал. Реально человек узнает, какой это карательный орган (хуже, чем НКВД, я отвечаю за свои высказывания и готов обосновать их), только после того, как сталкивается с ним.

Bravo à notre président ! Il a dit beaucoup de choses que les gens taisent depuis longtemps. On ne connaît vraiment cet organe punitif (pire que le NKVD, je pèse mes propos et suis prêt à les étayer) que quand on a eu affaire à lui.

Récemment, ces deux voisins de l'Ouzbékistan (aussi bien par la géographie que par leur rang dans l'index de Transparency International cité plus haut) que sont le Tadjikistan et le Turkménistan ont beaucoup fait parler d'eux avec l'arrestation et l'incarcération de magistrats haut placés. Impliqués dans des affaires de corruption, ils se sont vu confisquer leurs luxueuses villas et autos, ainsi que leur or et leurs liquidités.

L'Ouzbékistan avait déjà connu semblable incident, quand du parquet général est tombée la nouvelle de l'arrestation de Gulnora Karimovaïa, fille de l'ex-président et «princesse» du pays, accusée de corruption à un niveau mettant en jeu des milliards de dollars.

Dans l'enregistrement de cette rencontre, Mirzioïev se félicite des progrès accomplis dans la lutte contre la corruption :

“Мана биз янги Бош прокурор қўйдик, 80 фоиз одамни ўзгартирдик, олдинги қолган ахлатдан, тизимдан, менга бош прокурор қолдирган ўғри тизимидан 20-15 фоиз одамлар юрибди”.

Nous avons déjà nommé un nouveau procureur et nettoyé l'institution de ses déchets en remplaçant 80% du personnel. Il reste encore 15-20% de l'ancien système pourri. Mais nous en viendrons à bout.

Reste à espérer que le pays viendra à bout aussi de la mauvaise situation des droits de l'homme [en anglais]…

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En Ethiopie, les habitants de la région d'Oromia en grève pour la libération de leurs prisonniers politiques

vendredi 1 septembre 2017 à 08:56
Magasins fermés et rues désertes à Bale Robe, une ville d'Ethiopie orientale. Photo provenant de la page Facebook de Jawar Mohammed et largement partagée sur les réseaux sociaux

Magasins fermés et rues désertes à Bale Robe, une ville d'Ethiopie orientale. Photo provenant de la page Facebook de Jawar Mohammed et largement partagée sur les réseaux sociaux

Les Oromos, le groupe ethnique le plus important de l'Ethiopie, ont manifesté contre le régime éthiopien le mercredi 23 août, cette fois en restant à la maison, en grève ou en refusant d'ouvrir leurs commerces.

Les villes d'Oromia, la plus grande région administrative d'Éthiopie, où le peuple Oromo est concentré, sont normalement animées. Mais les photos partagées sur Facebook ont ​​montré que les centres commerciaux et les marchés de plein air étaient généralement calmes mercredi et jeudi.Les routes étaient presque désertes et les services de transport public tels que les autobus étaient à l'arrêt, obligeant les fonctionnaires qui n'avaient aucun autre moyen pour se rendre à leur travail à participer à la manifestation.

Harar et ses environs en grève ; aucune activité de commerce et de transport n'a été observée. Certains véhicules endommagés ont également été repérés.

La grève, qui devrait durer cinq jours, a été lancée par un mystérieux mouvement de la jeunesse Oromo s'appelant “Qeerroo” en référence à leur âge dans la langue oromo.

La principale exigence du groupe militant concerne la libération des prisonniers politiques et de militants emprisonnés, en particulier des personnalités de l'opposition telles que Merera Gudina et Bekele Gerba qui ont été arrêtées au cours des deux dernières années de protestations et accusées de crimes comme par exemple de terrorisme et de promotion du “changement de régime par la force et des menaces”.

Il y a deux ans, des milliers d'Éthiopiens, principalement dans les régions d'Oromia et d'Amhara, ont manifesté, exigeant davantage de liberté politique et d'égalité sociale ainsi que la cessation de l'occupation de leurs terres par le gouvernement. En termes de représentation, les Oromos représentent 35% des 100 millions d'Éthiopiens et les Amharas environ 30%. Les Tigréens, en revanche, ne représentent que 6 % de la population, mais ce sont eux qui comptent les agents les plus nombreux qui contrôlent la sécurité de la nation.

La réaction du gouvernement à ces mouvements de protestation a été brutale; des centaines de citoyens de ces deux groupes ethniques ont été tués et des milliers d'autres arrêtés. En octobre 2016, les autorités avaient déclaré un état d'urgence sur tout le territoire national qui a duré neuf mois, soit jusqu'au 4 août 2017.

Avec cette dernière grève, le mouvement Qeerroo veut également mettre fin à ce que les militants de la diaspora considèrent comme une hausse injustifiée de l'impôt. En juillet 2017, le gouvernement a introduit un nouveau régime fiscal pour les opérateurs des petites entreprises à travers le pays qui a suscité une protestation similaire à la fois dans les régions Oromia et Amhara. Cette manifestation qui a eu lieu en juillet a été réprimée sans résultats politiques probants, mais les exigences ont refait surface aujourd'hui.

S'ajoutant à cela, les Oromos ont un conflit frontalier avec leurs voisins de l'État éthiopien somali. En avril 2017, pendant l'état d'urgence, le gouvernement éthiopien avait intimé aux deux régions de se mettre d'accord en traçant leurs frontières selon les résultats d'un référendum  organisé il y a 10 ans, dans lequel l'État d'Oromia avait perdu une partie de son territoire. Le gouvernement a recruté la “Liyou Police”, une police spéciale de la région somalienne comme force armée pour faire respecter les résultats.

Les Oromos ont vu cela comme un complot de l'élite tigréenne pour les affaiblir, et ont accusé la Liyou Police de violations des droits de l'homme. L'exigence de mettre fin aux violations présumées des droits de l'homme est contenue dans les revendications de la manifestation pacifique en cours.

Appel pour la cessation de “l'anarchie de la police Liyu” dans l'Oromia alors que la grève en restant chez eux se répand dans toute la région

‘Cela devrait être mené à l'échelle nationale’

Les Qeerroo atteignent leur audience entièrement via Facebook, un site Web et des réseaux de télévision par satellite de la diaspora. Jawar Mohammed, directeur exécutif d'Oromo Media Network, semble être une source d'information majeure. Sa page Facebook compte plus d'un million d'adhérents, dont la plupart ont été rassemblés au cours des trois dernières années.

Apparemment la page Facebook du militant Oromo Jawar Mohammed basé aux États-Unis est le seul centre d'information majeur axé sur la protestation actuelle.

La mouvement de protestation en cours souligne la montée d'un défi potentiellement dangereux pour le monopole du pouvoir de la part du Front Populaire Révolutionnaire Démocratique Éthiopien (EPRDF) : un mécontentement répandu et la volonté croissante des citoyens de participer à une grève lorsqu'ils y sont invités.

Mais il y a des inquiétudes dues à l'absence d'un seul et unique message de protestation, même de la part des partisans de la cause.

Le message de protestation est écrit clairement en langue oromo, axé principalement sur la mobilisation des habitants de la région. Exhortant ses compatriotes à étendre la protestation dans d'autres régions du pays, Abebe Gellaw a écrit sur Facebook :

Nous ne pouvons pas opposer une résistance civile efficace et durable au niveau régional car le coût serait trop élevé pour les personnes sans atteindre le résultat souhaité. Le coût devrait plutôt retomber sur le régime, pas sur les gensIl devrait être mené à l'échelle nationale de manière à submerger et rendre le régime impuissant.

En outre, le 22 août, au moment de la manifestation, les activistes ont mis en place des communications dirigées contre plusieurs groupes de personnes dans l'État d'Oromia qui ne sont pas disposées à participer et qui pourraient se révéler une source de violence, en particulier contre la minorité ethnique Guraghe qui vit dans les villes et les agglomérations oromo.

Bien que les militants insistent sur le fait que leur message est non-violent et qu'ils ne portent pas de haine aux autres peuples, cela peut constituer une épreuve pour le mouvement Qeerroo et le pousser à trouver la manière d'exprimer sa colère contre l'EPRDF au pouvoir sans incitation à la violence.

Les militants de la diaspora considèrent que l'action a été jusqu'à présent couronnée de succès et exhortent les participants à continuer. Il reste à voir quel impact politique aura ce mouvement.