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Les manifestations à Belgrade contre le président serbe Aleksandar Vučić s’étendent à l'ensemble du pays

mercredi 9 janvier 2019 à 19:19
One in five million protest in Belgrade, Serbia, view from above.

Manifestants dans les rues de Belgrade, Serbie, le 29 décembre 2018. auteur anonyme, image largement diffusée sur les réseaux sociaux.

Les manifestations de masse contre les atteintes aux droits humains du gouvernement d'Aleksandar Vučić entrent dans leur cinquième semaine consécutive, avec des milliers de personnes qui les rejoignent dans cinq villes de Serbie en plus de la capitale Belgrade.

Les manifestations ont démarré après que Borko Stefanović, le président du parti politique la Gauche serbe, et créateur de la coalition d'opposition Alliance pour la Serbie, a survécu à une tentative d'assassinat le 23 novembre, quand des voyous brandissant des barres de fer l'ont frappé ainsi que deux autres militants de la Gauche serbe, dans la ville de Kruševac en Serbie centrale.

Le mouvement de protestation s'est amplifié après une autre tentative d'assassinat, contre le journaliste Milan Jovanović le 11 décembre.

Chaque samedi depuis fin novembre, des milliers de personnes bravent le froid glacial pour descendre dans les rues de Belgrade avec le slogan “arrêtez d'ensanglanter les chemises” (#STOPkrvavimkošuljama). Ce slogan est né après la conférence de presse pendant laquelle Sefanović a montré sa chemise tachée de sang à un rassemblement suivant l'agression du 23 novembre. Le 5 janvier, de grandes manifestations se sont tenues pour la première fois à Novi Sad, Niš et Kragujevac, trois grandes villes de Serbie, ainsi qu'à Kuršumlija et Požega, plus petites.

Un autre slogan de manifestation, “un sur cinq millions” (), fait allusion à la récente déclaration de M. Vučić qu'il ne donnera suite à aucune revendication même si cinq millions de personnes devaient rappliquer dans les rues. La Serbie compte environ six millions d'habitants.

Chers amis, ça a commencé à Niš aussi. #1in5million

Au rassemblement de Belgrade ce soir contre le président serbe Aleksandar Vucic, les manifestants ont fait partir des fusées éclairantes, porté des banderoles, et même écrit dans la neige “Vucic voleur”, au son des sifflets.

Une manifestation à Kragujevac en Serbie centrale, en solidarité avec les milliers rassemblés à Belgrade pour crier leur colère au président Vucic – qu'ils accusent d'autoritarisme grandissant – a attiré des milliers de personnes ce soir.

Comme un air d'années 1990

Pour la première fois depuis les années 1990, la contestation unit les opposants de gauche et de droite du gouvernement actuel dans la crainte partagée d'une chute du pouvoir dans la dictature et le fascisme.

La ressemblance des événements avec ceux qui ont fait perdre le pouvoir à Slobodan Milošević (dont Vučić, alors un radical de droite, a été ministre de l'information) en 2000 n'a pas échappé à certains, dont la journaliste Biljana Stepanović, qui a tweeté deux photos côte à côte :

Faut-il en rire ou en pleurer ? Il y a 22 ans de cela, j'ai emmené ma fille à une manifestation contre Milošević. Aujourd'hui, elle est venue à Belgrade et m'a emmenée à une manifestation contre Vučić.

Un autre slogan vu à la fois dans la presse et sur les médias sociaux était “c'est le début” (), un cri d'espoir que les manifestations grossissent en un mouvement dans tout le pays semblable à celui de la fin des années 1990.

Dans les dix dernières années, Aleksandar Vučić s'est donné l'image de marque rénovée d'un centriste modéré en prônant du bout des lèvres l'intégration de la Serbie dans l'Union européenne, ce que ses opposants affirment n'être qu'un camouflage de ses tendances autoritaires croissantes en interne et de sa servilité envers le Kremlin.

Jusqu'à présent, il a fait peu de cas des manifestations. Tandis que les médias gouvernementaux tentent d'en minimiser la dimension et l'importance, Vučić quant à lui a nargué ses opposants en évoquant une élection surprise qui, avec le contrôle quasi total du parti sur l’État, ne peut que lui donner la victoire. Les chefs de l'opposition ont déclaré qu'ils boycotteraient une telle décision.

Dans un entretien avec Balkan Insight, les organisateurs des manifestations ont dit que leur gain principal est d'avoir “réveillé la jeunesse serbe de son apathie” sans faire directement campagne pour que l'opposition prenne la place du gouvernement actuel. L'opposition fait nettement profil bas dans les manifestations, par crainte de s'aliéner les citoyens apolitiques ou les militants de la société civile.

Pendant ce temps, le public a tourné en ridicule la désinformation tentée par les médias gouvernementaux. Avec un accès internet, les gens peuvent voir par eux-mêmes ce qui se passe, grâce aux vidéos et photos prises en direct sur les lieux.

Tweet: Hier le cortège était conduit par les travailleurs de la santé qui refusent de suivre des cours intensifs d'allemand et de passer le prochain Noël au loin. Ils veulent rester ici parce que la Serbie est leur et notre pays.
Vidéo : On se verra au Plato le 12 janvier

Enfin, dans une lettre ouverte adressée à M. Vučić, les protestataires écrivent que ses opérations de dénigrement ne les intimideront pas.

Dobili ste mandat da budete predsednik svih građana, a ne da se obračunavate sa svima koji se usude da misle. Vi želite podanike, a ne građane. Zato danas imate kolone onih koji ne žele da žive u društvu koje stvarate.

On vous a donné mandat pour être le président de tous les citoyens, et pas pour charger tous ceux qui osent penser avec leur cerveau. Vous voulez des sujets et non des citoyens. C'est pourquoi vous avez maintenant des colonnes [de gens] qui ne veulent pas vivre dans la société de votre création.

Mexique : un atelier photo proposé aux femmes de Oaxaca leur offre un nouveau regard sur la société

mercredi 9 janvier 2019 à 17:45

 

Deborah Klochko workshop

Les participantes de l'atelier “¡Rompe las reglas de la foto!” (Brisez les codes de la photographie !). Photo d'Angie Keller, utilisation autorisée.

Dans l’État d’Oaxaca, situé dans le sud-est du Mexique, sept femmes sur dix vivent sous le seuil de pauvreté. Leur accès à l'éducation est très limité, et notamment pour les femmes d'ethnies indigènes. Ces femmes jouent un rôle primordial au sein du foyer dès leur plus jeune âge, et les coutumes locales, soutenues par les autorités fédérales, poussent par ailleurs les familles à empêcher ces dernières d'aller à l'école.

En réponse à cette situation alarmante, le Museum of Photographic Arts (MOPA), situé en Californie, et le Fondo Guadalupe Musalem, une association mexicaine à but non lucratif, ont décidé d'unir leurs forces. Durant un weekend de novembre 2018, 25 jeunes femmes ont eu l'opportunité de s'initier à la photographie avec des intervenants du MOPA.

Depuis sa création en 1995, le Fondo Guadalupe Musalem organise des ateliers pédagogiques en faveur des jeunes femmes appartenant aux communautés indigènes ou rurales, à qui l'on accorde des bourses d'études.

Global Voices a échangé par email avec Deborah Klochko, directrice générale du MOPA, qui a eu l'amabilité de nous en dire plus à propos de cette initiative :

Global Voices (GV) : Comment est née la collaboration entre le MOPA et le Fondo Guadalupe Musalem ?

Deborah Klochko (DK): Supe del Fondo Guadalupe Musalem a través de su instructora de fotografía Marcela Taboada, a quien conocí en un taller que di en Ciudad de México. Me contó sobre su programa e inmediatamente supe que MOPA tenía que formar parte de él. Supimos que éramos una colaboración destinada, al poder usar la fotografía como parte de su travesía.

Deborah Klochko (DK) : J'ai découvert le Fondo Guadalupe Musalem grâce à leur professeure de photographie, Marcela Taboada, que j'ai rencontrée lors d'un atelier que j'avais animé à Mexico. Elle m'a parlé de son programme et j'ai tout de suite su que le MOPA devait en faire partie. Nous étions destinés à devenir des partenaires, afin de pouvoir placer la photographie au cœur de leur projet pédagogique.

GV : Pourriez-vous en dire plus à propos de l'atelier organisé pour ces jeunes femmes dans le cadre de cette initiative ?

DK: El taller se llama ¡Rompe las reglas de la foto! Haciendo uso de un modelo interactivo, la instructora de MOPA Maria Rios-Mathioudakis y las alumnas del Fondo trabajaron en equipo para identificar las reglas fotográficas para después adrede romperlas. Las alumnas identificaron más de 15 reglas, como por ejemplo, el cuidado que se le da a una foto impresa para no deteriorarla, enmarcar y colgar fotos en una pared para ser mostradas, etcétera.

En equipo o en pares, las alumnas se propusieron a romper las reglas que identificamos, tomando fotos, imprimiéndolas e interviniendo en el proceso. Estas intervenciones se dieron cuando crearon su propio collage (recortando sus imágenes y reconstruyendo una sola imagen con los recortes), creando siluetas, escribiendo sobre las imágenes con plumones (varias hicieron esto es su idioma natal), y creando perfiles de sus compañeras (al estilo de David Hockney [pintor británico] y Joyce Neimanas [fotógrafa estadounidense]). Este estilo juega con su percepción de su espacio ya que presenta una representación compleja del sujeto.

DK : L'atelier s'intitule “Brisez les codes de la photographie !”. En s'inspirant d'un modèle pédagogique participatif, l'intervenante du MOPA, Maria Rios-Mathioudakis, et les étudiantes de l'association mexicaine ont travaillé en équipe à l'identification des codes de la photographie, afin de pouvoir mieux s'en détacher par la suite. Les étudiantes ont identifié plus de 15 règles, telles que le soin donné à une photo pour ne pas l'abîmer, la façon dont sont encadrées puis accrochées des photos sur un mur, etc.

Les étudiantes se sont ensuite attachées, par groupe de deux ou plus, à casser ces codes en prenant des photos, en les imprimant ou en intervenant sur le processus de création. Les étudiantes ont ainsi été amenées à fabriquer leur propre collage (en découpant leurs images et en reconstruisant une seule et même image avec les découpages), en créant des formes, en écrivant sur leurs images à l'aide de marqueurs (certaines dans leur langue maternelle), ou en esquissant la silhouette de leurs camarades (dans le style de David Hockney [peintre britannique] et Joyce Neimanas [photographe américaine]. Ce style joue avec leur perception de l'espace par une représentation complexe du sujet.

GV : Avez-vous une anecdote que vous souhaiteriez partager avec nos lecteurs à propos de ces jeunes femmes ?

DK: Recibimos a un grupo increíble de jóvenes talentosas. El taller comenzó a las 10 a.m. y termino a la 6:30 p.m. A esta hora las alumnas nos pidieron más tiempo para trabajar en sus proyectos. En todos mis años dando clases, me he encontrado con un joven o dos con el mismo tipo de motivación que vi en cada una de nuestras 25 alumnas. Fue un grupo que escarbó profundo y creó muy buen trabajo. Estuvieron presentes, fueron críticas, trabajaron en equipo y rompieron las reglas (de la mejor manera posible).

DK : On a eu affaire à un groupe composé de jeunes femmes très talentueuses. L'atelier débutait à 10h00 et terminait à 18h30. À la fin de la journée, les étudiantes nous ont demandé plus de temps pour pouvoir poursuivre leurs projets. Au cours de ma carrière, je n'ai connu qu'un ou deux jeunes ayant le niveau de motivation de ces 25 jeunes femmes. Elles se sont beaucoup investies et ont fait du très beau travail. Elles ont fait preuve d'initiative, ont su porter un regard critique sur leurs créations, ont travaillé en équipe, et ont osé enfreindre les règles (de la meilleure des manières).

Guadalupe Musalem - Klochko - Oaxaca

Deborah Klochko (à gauche) anime les ateliers dans le cadre de la collaboration avec le Fondo Guadalupe Musalem. Photo d'Angie Keller, utilisation autorisée.

GV : Comment se distingue cette expérience d'enseignement de celles que vous avez pu vivre auparavant ?

DK: El grupo también fue de varias maneras parecido a los que nos encontramos en los Estados Unidos. Son mujeres jóvenes que están muy bien conectadas a las culturas globales que encuentran a través del internet: YouTube, Anime e Instagram en sus smartphones. También están muy abiertas a aprender a utilizar nuevas herramientas, aplicaciones y filtros.

DK : Le groupe était d'une certaine façon comparable à ceux que l'on rencontre aux États-Unis. Il s'agit de jeunes femmes très connectées aux cultures du monde et à internet. Elles ont toutes YouTube, Anime et Instagram sur leur smartphone. Elles semblent également très intéressées de savoir comment utiliser de nouveaux outils, applications et filtres.

GV : Qu'en est-il de Oaxaca ?

DK: Oaxaca es una región que valora la cultura y el arte. No hay por qué tratar de convencer a alguien de que este aspecto en su cultura les es importante. El arte es asombroso, y constantemente están organizando eventos de arte en parques públicos, en la esquina de la calle, en galerías y en museos. Fue encantador poder ser parte de todo.

DK : Oaxaca est une région qui valorise l'art et la culture. Là-bas, il n'est pas nécessaire de tenter de convaincre quiconque que cet aspect de la culture est important pour eux. La scène artistique est fantastique, de nombreux événements sont organisés régulièrement, aussi bien dans les parcs publics, dans la rue que dans les galeries et les musées. Ce fut un plaisir de prendre part à cette effervescence.

GV : Un dernier mot pour la fin ?

DK: La fotografía es un medio universal y es por esto que nuestros programas llevan un impacto global. Estas iniciativas sólo son posibles gracias a la generosidad de nuestros contribuyentes y patrocinadores.

DK : La photographie est universelle et c'est pour cette raison que nos programmes revêtent un caractère mondial. Ces initiatives sont rendues possibles uniquement grâce à la générosité de nos collaborateurs et de nos mécènes.

Comment la préservation de contes et légendes populaires contribue à la sensibilisation à l'environnement le long du Mékong

mardi 8 janvier 2019 à 19:07

Le Bassin du Mékong. Photo provenant du site web du projet ‘The People's Stories’. Utilisée avec leur permission

En 2014, plusieurs communautés autochtones du Mékong ont commencé à enregistrer [en] leurs histoires et leurs légendes avec l'aide d'un groupe de chercheurs qui explorent la manière dont ces récits peuvent aider à exposer l'impact destructeur de projets de grande envergure dans la région.

Le Mékong est l’un des grands réseaux fluviaux d’Asie qui traverse six pays : la Chine, le Myanmar (Birmanie), la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam. Il est riche en biodiversité et constitue un moyen de subsistance vital pour des millions d'agriculteurs et de pêcheurs.

Ces dernières années, plusieurs projets de grande envergure, tels que des barrages [en] hydroélectriques, ont déplacé des habitants tout en menaçant l'écosystème du bassin hydrographique. Malgré les protestations, la construction de barrages s'est poursuivie, notamment au Laos et en Thaïlande.

En partenariat avec Mekong Watch, un groupe basé au Japon prônant le développement durable dans la région, des aînés communautaires du Mékong ont commencé en 2014 à enregistrer certaines de leurs récits et légendes qui gravitent autour de la nature. Mekong Watch estime [en] que ces histoires « ont joué un rôle important dans la protection de la nature en évitant la surexploitation des ressources naturelles ».

Mekong Watch affirme qu'une partie des biens communs qui doivent être protégés ne sont pas seulement des ressources naturelles, mais également des « patrimoines immatériels » qui peuvent être partagés et accessibles par la communauté locale. Toshiyuki Doi, conseiller principal de Mekong Watch, ajoute :

Zones sur le Mékong où les chercheurs conduisent un travail de terrain. 1. Kmhmu’ au nord et au centre du Laos ; 2. Siphandon dans le sud du Laos ; 3. Akha dans le nord de la Thaïlande ; 4. Thai So et Isan dans le nord-est de la Thaïlande ; 5. Bunong dans le nord-est du Cambodge. Utilisé avec permission.

People’s stories should be regarded, recognized, and respected as Mekong’s commons, especially these days when they are losing their place in local communities to more modern media, and are not passed on to next generations.

Les histoires des gens doivent être considérées, reconnues et respectées comme des biens communs du Mékong, en particulier en ces jours où ils perdent leur place dans les communautés locales au profit de médias plus modernes et ne sont pas transmis aux générations suivantes.

Le groupe a pu collecter un total de 102 histoires au Cambodge, au Laos et en Thaïlande. Les histoires ont été enregistrées, transcrites et traduites dans les langues nationales de la Thaïlande, du Laos et du Cambodge avant la production d'une version anglaise. Mekong Watch a publié ces histoires sous forme de brochures imprimées et numériques, et les a utilisées [en] lors d'ateliers sur l'environnement menés dans les communautés.

Since late 2016, we have used people’s stories to provide environmental education to children in rural Laos and Thailand. We have hosted workshops in schools and local communities to guide children, and sometimes adults, to collect stories from elderly people, learn from the stories, and turn them into reading materials.

Depuis fin 2016, nous utilisons les récits de personnes pour dispenser une éducation environnementale aux enfants des zones rurales du Laos et de la Thaïlande. Nous avons organisé des ateliers dans les écoles et les communautés locales pour aider les enfants, et parfois les adultes, à recueillir des histoires des personnes âgées, à en tirer des leçons et à les transformer en matériel de lecture.

Un exemple d’atelier consiste à raconter l’histoire de « La Chouette et le Cerf »[en] du peuple Kmhmu dans le centre et le nord du Laos. L'histoire parle d'un hibou qui a perdu sa capacité de voir pendant la journée après avoir trompé un cerf.

Au cours d'un atelier, on demande [en] aux jeunes participants : « Quels types d'animaux apparaissent dans l'histoire ? », « Pouvez-vous voir ces animaux dans votre village ? », et « S'il y a moins de ces animaux dans votre village qu'auparavant, pourquoi selon vous est-ce arrivé ? ».

Après cela, les participants sont encouragés à relier l'histoire à la dégradation de l'environnement dans leurs communautés.

Dans la province de Champassak, au sud du Laos, la légende du dauphin de l’Irrawaddy [en] et de l’oiseau de Sida, en voie de disparition, est utilisée pour mettre en lumière la façon dont un projet de barrage perturbe [en] la migration saisonnière des pêcheries du Mékong.

Une autre histoire, également du sud du Laos, est instructive sur la valeur de la gestion des ressources :

L'histoire de la Tête de rhinocéros a été enregistrée le 16 novembre 2014, sur la rive du fleuve Songkram dans le nord-est de la Thaïlande. La narratrice était Mun Kimprasert, 68 ans. Photo : Mekong Watch, utilisation autorisée.

Once, a soldier stepped into a spirit forest. He discovered a lot of tobacco leaves there and collected them. However, when trying to leave the forest, he could not find an exit. It was because he took more tobacco leaves than he could possibly consume for himself. No matter how hard he searched, he could not find a way out of the forest. Realizing what might have been the problem, he finally decided to return the tobacco leaves to the forest. The moment he dropped them on the ground, he was able to see an exit in front of him.

Une fois, un soldat entra dans une forêt des esprits. Il y découvrit beaucoup de feuilles de tabac et les ramassa. Cependant, en essayant de quitter la forêt, il ne put trouver de sortie. C'est parce qu'il avait pris plus de feuilles de tabac qu'il ne pourrait en consommer. Il avait beau chercher, il ne parvenait pas à sortir de la forêt. Réalisant ce que pouvait être le problème, il décida finalement de remettre les feuilles de tabac dans la forêt. Au moment où il les laissa tomber sur le sol, il put voir une sortie devant lui.

Dans le nord de la Thaïlande, une histoire du peuple Akha sur l'origine de la balançoire [en] raconte le sacrifice de soi à travers l'épisode héroïque d'un frère et d'une sœur qui ont mis le monde en ordre.

Au nord-est de la Thaïlande, un conte folklorique sur Ta Sorn [en] raconté par Tongsin Tanakanya prône l'unité des voisins d'une communauté agricole. Une autre histoire rappelle comment la chasse au rhinocéros a conduit à la formation du commerce du sel [en] dans cette partie du pays.

À Bunong, dans le nord-est du Cambodge, il existe des récits de rituels destinés à réparer [en] les mauvais mariages et de cérémonies de plantation et de récolte racontés par Khoeuk Keosineam. Il y a aussi la légende de l’éléphant [en] racontée par Chhot Pich, qui révèle comment les villageois qui ont autrefois empoisonné une rivière ont été punis par les dieux et transformés en éléphants. Cela explique pourquoi les éléphants vivaient paisiblement avec les humains ; mais après plusieurs générations, ils ont oublié leurs origines et sont allés vivre dans la forêt.

Hea Phoeun du Village Laoka, Senmonorom, province de Mondulkiri, au Cambodge, partage un rituel villageois qui explique comment réparer un mariage ‘impropre’. Photo de Mekong Watch, utilisée avec leur permission.

Pour Mekong Watch et les communautés menacées de la région, la préservation de ces histoires fait partie intégrante de la campagne de lutte contre les projets qui déplaceraient des milliers de personnes vivant le long du Mékong :

These stories can help form their identity as a community member and identify with the environment. By means of stories, the communities search for ways to accommodate and/or resist changes that are taking place in the Mekong river basin.

Ces histoires peuvent aider à former leur identité en tant que membres de la communauté et à s'identifier à l'environnement. À l'aide d'histoires, les communautés cherchent des moyens de s'adapter et/ou de résister aux changements en cours dans le bassin du Mékong.

Les groupes de défense de la nature crient victoire alors que le Japon quitte la CBI et met fin à la chasse à la baleine en Antarctique

mardi 8 janvier 2019 à 17:27
japan pulls out of iwc

« Apportez la puissance de la baleine à votre table. » Affiche publicitaire pour un distributeur en gros de viande de baleine à Kochi City, Japon. Photo de Nevin Thompson.

Le 26 décembre 2018, le Japon a annoncé qu'il se retirerait de la Commission baleinière internationale (CBI) et reprendrait la pêche commerciale à la baleine en juillet 2019. Bien que cette dernière initiative du Japon fasse de lui l'un des rares pays à s'être officiellement opposés au moratoire de 1982 sur la chasse à la baleine, l'un des plus grands adversaires de l'industrie de la chasse à la baleine japonaise s'est déclaré « ravi » par les dernières nouvelles, qui permettront à la CBI d'adopter une motion établissant le Sanctuaire baleinier de l'Atlantique Sud [en], décision qui va essentiellement interdire et mettre fin à la chasse à la baleine dans les eaux internationales de l'hémisphère sud.

La Commission baleinière internationale, organisme international dont le but premier était de réglementer la chasse à la baleine afin de conserver les stocks, a institué un moratoire sur la chasse à la baleine dans les océans du monde en 1982. Le moratoire excluait la chasse à la baleine autochtone et de subsistance et la capture de certaines espèces plus petites dans les eaux côtières. La « chasse à la baleine scientifique », pratiquée principalement par le Japon dans l'océan Austral autour de l'Antarctique, était également exclue du moratoire.

Dans le cadre de son plus récent plan de recherche [en], le Japon avait pour objectif de capturer 4.000 petits rorquals dans les eaux antarctiques sur une période de 12 ans et en a tué 333 au cours de la saison 2016. Quelque 122 baleines ont été tuées – potentiellement illégalement [en]- en 2018. Bien qu'il n'y ait pratiquement pas de demande de viande au Japon, jusqu'à ce que le Japon se retire de la CBI en décembre 2018, le but de la chasse scientifique était de démontrer la viabilité du redémarrage d’une pêche commerciale à la baleine. Des organisations telles que Sea Shepherd Conservation Society condamnent depuis longtemps les recherches du Japon dans l'océan Austral qu'ils considèrent comme une façade pour capturer des petits rorquals [en].

Maintenant que le Japon s'est engagé à mettre fin à son programme scientifique de chasse à la baleine, il ne sera plus couvert par le permis de recherche spécial de la CBI, reléguant ainsi son projet de chasse commerciale à la baleine dans les eaux côtières de sa zone économique exclusive (ZEE).

Selon un communiqué de presse [en] de Sea Shepherd :

If Japan decides to withdraw from the International Whaling Commission (IWC) it will allow the IWC to pass the motion to establish the South Atlantic Whale Sanctuary thus effectively ending whaling in the Southern Hemisphere. Japan will now join Norway and Iceland as rogue outlaw whaling nations in the North Pacific and the North Atlantic. The Whale Wars (sic) in the Southern Ocean will soon be over. The focus now must be the Northern Hemisphere.

Si le Japon décide de se retirer de la Commission Baleinière Internationale (CBI), ceci permettra à la CBI d'adopter la motion visant à établir le Sanctuaire baleinier de l'Atlantique Sud, mettant ainsi fin à la chasse à la baleine dans l'hémisphère Sud. Le Japon rejoindra maintenant la Norvège et l'Islande en tant que nations hors-la-loi qui chassent la baleine dans le Pacifique Nord et l'Atlantique Nord. La Guerre des Baleines (sic) dans l'océan Austral sera bientôt terminée. L’accent doit maintenant être mis sur l’hémisphère Nord.

Dans le même temps, les gouvernements australien et néo-zélandais se sont opposés [en] à la décision du Japon de se retirer de la CBI, ainsi qu'à son projet de reprise de la chasse commerciale à la baleine.

La chasse commerciale à la baleine dans les eaux côtières japonaises se concentre sur trois espèces

La décision du Japon de se retirer de la CBI a été déclenchée en partie par la “Déclaration de Florianópolis” [en] de septembre 2018, au cours de laquelle les membres de la commission ont voté en faveur du maintien du moratoire sur la chasse à la baleine tout en rejetant la proposition du Japon de relancer une chasse commerciale avec des limites de capture « durables” des petits rorquals relativement abondants dans l'Antarctique.

Après la réunion et les votes de la CBI en septembre, la porte-parole du gouvernement japonais, Suga Yoshihide, a publié un communiqué [en] déclarant que, bien que les « preuves scientifiques » établissent l'abondance de certaines espèces de baleines, les membres de la CBI continuent de se concentrer exclusivement sur la protection des baleines, refusant de prendre des « mesures concrètes » pour faciliter le retour à la « chasse à la baleine durable », objectif initial de l'organisation.

En conséquence, le Japon a décidé de quitter la CBI à la fin de 2018 et de mettre complètement fin à son programme scientifique de chasse à la baleine. Au lieu de cela, le Japon chassera les baleines dans sa zone économique exclusive (ZEE), une vaste étendue de territoires océaniques [en] s'étendant loin au sud des principales îles de l'archipel japonais.

Le gouvernement japonais a annoncé [en] que la chasse ciblerait trois espèces, toutes des cétacés à fanons : le petit rorqual, le rorqual boréal et la baleine de Bryde. La nouvelle chasse continuera à suivre les limites de capture calculées « conformément à la méthode adoptée par la CBI pour éviter tout impact négatif sur les ressources en cétacés ».

De plus petites espèces de baleines, y compris les dauphins et les globicéphales, qui, contrairement aux plus grands cétacés tels que les baleines à fanons, ne sont pas couvertes par les directives de capture de la CBI, continueront à être chassées dans la ZEE du Japon.

Le commentateur Michael Cucek a souligné [en] que le nombre de baleines tuées chaque année par le Japon pourrait potentiellement diminuer en raison de la priorité accrue accordée à la chasse à de plus grandes espèces de baleines pouvant répondre à la demande du marché. Cependant, Cucek note également que la pêche côtière japonaise n'a généralement pas respecté les quotas établis, posant la question de savoir si le retrait de la CBI augmentera de manière significative le nombre de baleines capturées (nombre à gauche : quota de 2016, nombre à droite : nombre réel de baleines débarquées) :

3) les captures côtières de baleines ont été largement ambitieuses ces dernières années :
Y2016 Quota débarqué
Pseudorca crassidens 20 0
Berardius bairdii 66 61
Globicephala macrorhynchus 72 5

Note: ‘Pseudorca crassidens’ is commonly known as the false killer whale; ‘Berardius bairdii’ is known as Baird's beaked whale; ‘Globicephala macrorhynchus’ is commonly known as the pilot whale.

Note: Pseudorca crassidens est communément appelé la fausse orque ; Berardius bairdii est connu sous le nom de baleine à bec de Baird ; Globicephala macrorhynchus est communément appelé le dauphin-pilote.

Cucek a également noté [en] que le gouvernement japonais a annoncé que sept collectivités au Japon participeraient au nouveau plan de chasse à la baleine commerciale. Les villes sont situées le long de la côte pacifique du Japon, d'Hokkaido à Honshu. De nombreuses communes, telles que Taiji, qui organise une chasse au dauphin controversée [en], participent déjà dans une certaine mesure à la chasse à la baleine à plus petite échelle. Shimonoseki, une des sept communes incluses dans le nouveau plan, est située à la pointe sud-ouest de Honshu.

Représenté à la Diète japonaise [en] par le Premier ministre Abe Shinzo, Shimonoseki est le siège de la flotte de chasse à la baleine pélagique du Japon et a été la base des opérations des expéditions scientifiques de chasse à la baleine du pays dans les mers autour de l'Antarctique.

Shimonoseki est également le port d'attache du Nisshin Maru [en], le seul navire-usine destiné à la chasse à la baleine au monde. Âgé de plus de trente ans, le Nisshin Maru n'est pas conforme [en] aux normes environnementales internationales relativement récentes adoptées pour les eaux antarctiques et doit être remplacé. Le simple coût du remplacement du navire, associé à l’impasse économique [en] de l'industrie de la chasse à la baleine japonaise, pourrait également avoir incité le Japon à utiliser le retrait de la CBI comme prétexte [en] pour mettre fin de manière pragmatique à la chasse scientifique à la baleine coûteuse et subventionnée dans l'Antarctique.

La pression des défenseurs de l'environnement a rendu trop coûteux pour le Japon le maintien de sa chasse dans l'Antarctique

La Sea Shepherd Conservation Society s’appuie également sur le retrait du Japon de la CBI. Le groupe de la protection de la nature s'oppose activement depuis longtemps aux activités japonaises de recherche sur la baleine dans l'Antarctique et dans les eaux côtières japonaises. Les campagnes annuelles de la société ont donné naissance à Justiciers des mers (Whales Wars), une émission de téléréalité de longue date, et son fondateur et PDG, Paul Watson, est devenu une “personne recherchée sur le plan international” par Interpol en raison de ses activités de lutte contre la chasse à la baleine et de protection de la nature.

Selon Sea Shepherd :

In 2017, the Japanese government began to invest millions of dollars in security efforts to prevent Sea Shepherd from engaging their fleets. These security measures included military-grade real-time surveillance. Although this prevented Sea Shepherd from returning to the Southern Ocean in 2018, it also placed Japan in a position of expending huge resources on continuous security. In other words, the cost of preventing Sea Shepherd intervention became very expensive.

En 2017, le gouvernement japonais a commencé à investir des millions de dollars dans les efforts de sécurité pour empêcher Sea Shepherd d'engager leurs flottes. Ces mesures de sécurité comprenaient une surveillance en temps réel de niveau militaire. Bien que cela ait empêché le retour de Sea Shepherd dans l'océan Austral en 2018, cela a également placé le Japon dans une position de dépense considérable pour la sécurité. En d’autres termes, le coût de l'empêchement d’une intervention de Sea Shepherd est devenu très coûteux.

Alors que Sea Shepherd a remporté la victoire sur la chasse japonaise à la baleine au large de l'Antarctique, ils affirment qu'ils continueront à se battre contre la chasse à la baleine dans les eaux côtières japonaises.

Dans une interview par courrier électronique avec Global Voices, le fondateur de Sea Shepherd, Paul Watson, a promis de poursuivre son travail :

With the whalers worldwide retreating to their own EEZ areas, we no longer need to intervene in pelagic waters. We will continue our opposition against coastal whaling. We presently have a crew in Taiji, Japan. We will continue to urge nations to uphold the IWC moratorium and to embargo products from Japan as stated in their own domestic laws.

Les baleiniers du monde entier se retirant dans leurs propres zones économiques exclusives, nous n'avons plus besoin d'intervenir dans les eaux pélagiques. Nous continuerons notre opposition à la chasse à la baleine côtière. Nous avons actuellement un équipage à Taiji, au Japon. Nous continuerons à exhorter les pays à respecter le moratoire de la CBI et à interdire les produits en provenance du Japon, comme indiqué dans leurs propres lois nationales.

L'armée indonésienne suspectée d'utiliser des armes chimiques contre les séparatistes de Papouasie occidentale, selon un journal australien

mardi 8 janvier 2019 à 16:49

Arrêt sur image d'une vidéo YouTube à propos d'un bombardement allégué dans le district de Nduga en Papouasie occidentale.

Note de la rédaction : L'article d'origine, paru le 30 décembre 2018, a été mis à jour le 2 janvier 2019 à 15:45 GMT, pour attribuer les informations sur l'usage d'armes chimiques par l'armée indonésienne au magazine australien The Saturday Paper. Nous avons aussi retiré certains (mais pas tous) tweets aux images explicites.

Avertissement : Les images incorporées dans cet article risquent de perturber des lecteurs. 

L'hebdomadaire indépendant australien The Saturday Paper a rapporté le 22 décembre 2018 que les frappes aériennes indonésiennes sur des cibles en Papouasie occidentale étaient “suspectées de comporter une arme chimique interdite, le phosphore blanc”.

L'Indonésie a intensifié ses opérations militaires en Papouasie occidentale après le massacre de 31 ouvriers routiers en décembre dans la région de Nduga. L'Armée de libération nationale de Papouasie occidentale (acronyme en anglais TPNPB) a reconnu sa responsabilité tout en affirmant que les ouvriers étaient en réalité des soldats. La TPNPB fait partie de l'organisation de résistance plus vaste Organisation pour une Papouasie libre ou Organisasi Papua Merdeka (OPM).

L'article de The Saturday Paper contient des photos montrant “les chairs paraissant avoir été déchirées ou creusées, les vêtements des victimes fondus ou découpés”.

Une source militaire anonyme qui a parlé à la publication a confirmé l'usage d'armes chimiques :

A military source confirms the weapons “appear to be incendiary or white phosphorus”. The source says “even the smallest specks burn through clothing, skin, down to the bone and keep on bubbling away. I have seen it up close and personal and it’s a horrible weapon.”

Une source militaire confirme que les armes ” paraissent être incendiaires ou du phosphore blanc”. La source indique “que même le moindre grain brûle à travers les habits, la peau, jusqu'à l'os et continue à bouillonner. Je l'ai vu de près et de mes yeux et c'est une arme affreuse.”

Un Australien aborigène a réagi à l'article sur les médias sociaux et a joint à son tweet une photo publiée par l'article du Saturday Paper :

L'Indonésie utilise des armes chimiques interdites sur les civils de Papouasie occidentale. Le silence constant de l'Australie face au génocide se déroulant en ce moment en Papouasie occidentale dit tout d'un gouvernement et d'un pays sans moralité ni compassion ni la moindre décence humaine.

La Papouasie occidentale  est une province de l'Indonésie. C'est aussi le nom utilisé par les séparatistes pour la totalité du territoire de la Papouasie colonisée par les Pays-Bas jusqu'en 1962. La partie qui est devenue l'Irian Jaya a été cédée à l'Indonésie à la suite d'un référendum sur l'indépendance en 1969. Elle a été annexée après ce qu'on a appelé ‘l'Acte de Libre-choix’, rejeté par les mouvements indépendantistes locaux. A l'opposé de la TPNPB, la Campagne pour une Papouasie occidentale libre défend une auto-détermination pacifique.

Au début de 2018, la TPNPB a publié sur son site web une déclaration de guerre à l'Indonésie. En 2015, l'OPM avait déclaré une guerre ouverte contre l'Indonésie, y compris non seulement le gouvernement et l'armée, mais aussi tous les civils et intérêts privés non papous.

Après la mort des ouvriers de chantier, la Chambre des représentants indonésienne (DPR) a rallié le gouvernement pour demander à l'ONU de déclarer l'OPM organisation terroriste.

TPNPB-OPM is the last defense of West Papuan peoples

Arrêt sur image de la vidéo YouTube sur l'attaque dans le district de Nduga en Papouasie occidentale. Publiée le 26 juillet 2018.

Dénégations du gouvernement indonésien

Le ministère indonésien des Affaires étrangères a promptement nié la possession ou l'utilisation d'armes chimiques, tweetant que :

1. L'Indonésie déplore gravement les pratiques de journalisme irresponsable telles que démontrées par un média papier et sur internet basé en Australie, dénommé The Saturday Paper, le 22 décembre 2018, accusant l'Australie d'utiliser des armes chimiques dans ses opérations à Nduga, Papouasie occidentale.

2. L'allégation mise en lumière par ledit média est totalement sans fondement, non-factuelle, et gravement trompeuse. L'Indonésie ne possède pas d'armes chimiques.
3. En tant que membre conforme de l'OIAC, l'Indonésie ne possède aucun des agents chimiques énumérés dans le programme 1 de la Convention sur les armes chimiques.

4. Conformément à cela, l'Indonésie importe, utilise et stocke aussi des agents chimiques des programmes 2 et 3 pour des usages strictement pacifiques à l'appui de son industrie nationale, ce que confirment pas moins de 19 inspections de l'OIAC depuis 2004.
5. L'implication de composante militaire dans l'opération, en l'espèce d'hélicoptères, était strictement en assistance à l'appareil de maintien de l'ordre, et non un déploiement militaire en soi dans des opérations par ailleurs de sécurité intérieure.

Certains utilisateurs de Twitter étaient d'un autre avis :

C'est bien, ministère des Affaires étrangères, mais comprenez que votre bilan en Papouasie occidentale a détruit votre crédibilité. Les crimes et atrocités de vos forces sont déjà très bien documentés.

L'Indonésien B Arifrn a averti que la situation restait dangereuse :

Selon l'équipe d'évacuation dans le district de Nduga : Les gens cherchent toujours refuge.

La journaliste de la BBC Rebecca Henschke rapportait :

Un garçon de 14 ans de la région de Nduga a dit à BBC Indonésie que son père a été tué.
“J'ai vu deux hélicoptères se poser, tout le monde a fui y compris mon père. Puis des policiers et des militaires en sont sortis. Et les militaires ont tiré sur mon père.”

[tweet précédent: Le gouverneur de la Papouasie Lukas Enembe a dit que l'armée devait s'en allait à présent.
“Nous rendons hommage aux victimes passées et présentes, mais ça suffit”, a dit le gouverneur Lukas Enembe.
“Il ne doit plus y avoir d'autres victimes civiles, les civils n'ont pas été évacués.”]
Le président du Parlement de Papouasie Yunus Wonda, a déclaré à la BBC Indonésie :
“Les villageois sont traumatisés et très effrayés. Ils ont fui dans la jungle. Noël devrait être un temps de paix et non de peur.”

La militante locale des droits humains Raga Kogeya a dit que la collectivité devait pouvoir enterrer ses morts en paix.
“Nous ne sommes pas les ennemis de l’État. Nous sommes citoyens d'Indonésie. Il faut que le gouvernement assume la pleine responsabilité pour ceux qui ont été tués”, dit-elle.

Un militant basé à Java Central qui a requis l'anonymat a confirmé que de nombreux habitants de Nduga ont cherché refuge dans les montagnes. Cette personne a déclaré à Global Voices que l'attaque par la TPNPB a été suivie d'une répression des activistes dans de nombreuses villes indonésiennes où se trouvent beaucoup d'étudiants papous. La personne a été obligée d'entrer dans la clandestinité par crainte d'autres répercussions par les autorités.

Une autre source à Jakarta a d'autre part dit à Global Voices que les informations étaient plus rares que jamais, comme si le gouvernement indonésien s'efforçait de cacher quelque chose.

Les voisins réagissent

Si le retentissement a été considérable dans les médias sociaux des pays voisins, une grande partie des médias traditionnels australiens a soit tardé à s'emparer du sujet soit s'est abstenue de le traiter :

Quelque chose a pu m'échapper, mais je ne trouve rien là-dessus du gouvernement australien, de l'opposition, rien de News Corp, Fairfax, Channel 9, 7 ou 10. Ils savaient sans doute tous, mais se taisent. Si aucun de ces médias n'en parlent, je dirais que 95% au moins des Australiens n'en savent rien.

L'Australie a été interpelée par certains pour son inaction perçue :

L'armée indonésienne est suspectée d'avoir utilisé l'arme chimique phosphore blanc lors d'une attaque contre un village en Papouasie occidentale. Le gouvernement australien a-t-il déjà fait une déclaration quelconque ?

La ministre des Affaires étrangères Marise Payne doit faire pression pour des observateurs indépendants et l'accès des médias en Papouasie occidentale. Il faut aussi des garanties pour assurer que notre assistance militaire et policière n'appuient en aucune façon cette brutalité

Maire Leadbeater a examiné les affirmations sur des armes chimiques et leurs répercussions, sur The Daily Blog de Nouvelle-Zélande :

Experts who have seen the images believe it is possible that these wounds resulted from the use of some kind of chemical agent, possibly white phosphorous. Independent verification is impossible in the absence of independent observers or journalists.

Les spécialistes qui ont vu les images croient possible que les blessures résultent de l'usage de quelque type d'agent chimique, possiblement du phosphore blanc. Une vérification indépendante est impossible en l'absence d'observateurs ou journalistes indépendants.

Leadbeater arguait que les liens économiques et militaires ont empêché de nombreux pays occidentaux, dont la Nouvelle-Zélande, d'endosser la cause de la Papouasie occidentale, mais terminait sur une note d'espoir :

Vanuatu is leading the way in promoting a peaceful diplomatic solution for West Papua and plans to take a resolution to the UN General Assembly next year calling for the West Papua to be restored to the UN list of nations still to be decolonised. New Zealand could be a game changer by ending military ties and instead opting to support Vanuatu’s principled diplomacy. There isn’t much time to waste.

Le Vanuatu montre le chemin en promouvant une solution diplomatique pacifique pour la Papouasie occidentale, et prévoit de soumettre une résolution à la prochaine Assemblée Générale de l'ONU, appelant à rétablir la Papouasie occidentale sur la liste de l'ONU des pays restant à décoloniser. La Nouvelle-Zélande pourrait changer la donne en mettant fin aux liens militaires et opter plutôt pour un soutien à la diplomatie des principes du Vanuatu. Il n'y a plus beaucoup de temps à perdre.

La résistance continue

Le 20 décembre, la campagne Papouasie occidentale libre (acronyme anglais FWP) a tweeté sur les arrestations de masse aux rassemblements du 57ème anniversaire de l'annexion par l'Indonésie, et son fondateur Benny Wenda a appelé à des négociations :

Ma nouvelle déclaration : Pour une résolution pacifique du conflit en Papouasie occidentale, le Président indonésien Jokowi doit immédiatement retirer l'armée indonésienne et commencer des discussions sur la mise en œuvre d'un référendum en accord avec notre droit à l'autodétermination.

L'article de The Saturday Paper a été mis sur Reddit, où il a obtenu plus de 800 commentaires en quatre jours. Celui-ci, de beanzamillion21 exprimait une préoccupation largement partagée en ligne sur l'absence d'informations sur la Papouasie occidentale : “Je n'en savais rien. Ça n'est guère traité en Amérique.”

Entre temps, le gouverneur de la Papouasie Occidentale, Lukas Enembe, a appelé à une cessation des hostilités et à demandé au président indonésien Joko Widodo de retirer les troupes de Nduga.